Télécharger le pdf - Fugues
Télécharger le pdf - Fugues
Télécharger le pdf - Fugues
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
MADOESTAUBOUTTE... par Mado Lamotte<br />
(des œufs Bénédicte royaux) arrosés de litres de café moka pour digérer <strong>le</strong> tout. «Dis-moi donc, mon beau<br />
François, je sais que c’est pas sur notre chemin mais ça te dérange-tu qu’on arrête deux minutes dans <strong>le</strong> Chinatown,<br />
j’ai besoin de renouve<strong>le</strong>r mon stock d’ampou<strong>le</strong>s de ginseng avant l’hiver. » Évidemment je ne lui dis pas<br />
que c’est juste une excuse pour al<strong>le</strong>r satisfaire ma boulimie de chinoiseries. Car la seu<strong>le</strong> vraie raison pour laquel<strong>le</strong><br />
je me ramasse dans <strong>le</strong> Chinatown: c’est pour dévaliser toutes <strong>le</strong>s boutiques qui vendent des cochonneries d’Hello<br />
Kitty. Que vou<strong>le</strong>z-vous, nul<strong>le</strong> n’est parfaite, et je l’avoue sans honte, je suis une droguée d’Hello Kitty. Alors je<br />
suis repartie de là avec un rideau de douche (cossé m’a faire avec ça, ma douche est encastrée et s’ouvre avec<br />
une porte), une boîte à lunch (me semb<strong>le</strong> que chu <strong>le</strong> genre à emmener mon lunch au cabaret), une sacoche en<br />
peluche rose (j’vas pas me faire regarder de travers chez Home Dépôt) et un gril<strong>le</strong>-pain qui imprime la face de la<br />
p’tite Kitty sur mes toasts (Niaiseux, vous dites? J’ai aussi acheté <strong>le</strong> gaufrier, <strong>le</strong> b<strong>le</strong>nder, la bouilloire et <strong>le</strong> cuiseur à<br />
riz.) Une heure plus tard, avec 450$ en moins dans mes poches (ça coûte cher des bébel<strong>le</strong>s inuti<strong>le</strong>s), on est en<br />
chemin pour la Plaza. «Dis-moi donc, mon beau François, ça te dérange-tu qu’on arrête deux minutes chez<br />
Urban Outfitters, c’est à 3 coins de rue, pis j’irais voir si y’a pas un p’tit cadeau cute pour l’échange de cadeaux du<br />
cabaret.» Bon, y’a pas besoin de savoir que <strong>le</strong> party des employés du cabaret est au mois de janvier et que<br />
j’achète toujours la même chose à chaque année, un Monopoly des Simpsons. Une heure plus tard, je<br />
m’échappe de cette caverne d’Ali Baba <strong>le</strong>s bras chargés de trucs qui ne servent à rien. Un jeu de lumières de Noël<br />
en forme de piments Jalapeno, des mini-dinosaures en éponges qui grossiront au centup<strong>le</strong> dans l’eau de mon<br />
bain, des macaronis en forme de pénis, un tapis en franges de moppe en forme de cœur et un tas de niaiseries<br />
toutes aussi inuti<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s unes que <strong>le</strong>s autres. «Dis-moi donc, mon beau François, ça te dérange-tu qu’on arrête<br />
deux minutes chez Milano dans la Petite Italie, c’est quasiment sur notre chemin, et j’ai besoin de vinaigre balsamique.»<br />
Menteuse, Mado, tu devrais lui dire que c’est pour reluquer <strong>le</strong>s beaux embal<strong>le</strong>urs que tu veux al<strong>le</strong>r<br />
magasiner à La Mecque des Italiens. Que vou<strong>le</strong>z-vous, mes chéris, c’est diffici<strong>le</strong> de renier mes origines italiennes<br />
et de résister à tous ces beaux machos qui me font des clins d’œil en se lichant <strong>le</strong>s babines. Une autre heure plus<br />
tard, avec huit sacs d’épicerie p<strong>le</strong>ins, nous voilà fina<strong>le</strong>ment en route pour la chic Plaza. «Dis-moi donc, mon<br />
beau François, ça te dérange-tu qu’on arrête deux minutes au Cosco du Marché Central, c’est presqu’à côté et<br />
tandis que je suis en char, j’en profiterais pour acheter une nouvel<strong>le</strong> balayeuse.»<br />
Bon, là si ça continue, il va se rendre compte que je <strong>le</strong> niaise ben raide, parce que j’ai pas besoin de balayeuse<br />
pantoute et que la seu<strong>le</strong> raison pour laquel<strong>le</strong> je vais au Cosco <strong>le</strong> dimanche, c’est parce que y’a p<strong>le</strong>in de comptoirs<br />
de bouffe gratuite, et moi, <strong>le</strong> magasinage, ça me donne faim! Une toute petite heure plus tard, <strong>le</strong> ventre bien<br />
p<strong>le</strong>in, je quitte <strong>le</strong> Cosco avec un sac de 20 livres de raviolis congelés, une meu<strong>le</strong> de Brie, deux douzaines de<br />
muffins au chocolat, une caisse de pamp<strong>le</strong>mousses, un 10 litres de Mayonnaise, 56 rou<strong>le</strong>aux de papier de toi<strong>le</strong>tte<br />
et une machine à faire du pop-corn (oussé que j’vas<br />
stocker tout ça, j’habite un loft qu’y’a un seul garde-<br />
910097<br />
Joyeuses<br />
Fêtes!<br />
LES MARDIS<br />
20h à 3h<br />
TRAVESTIS<br />
Où chacun peut<br />
224 déc. 2009 fugues.com<br />
vivre son «trip!»<br />
NATURISTES<br />
NOUVEAU<br />
LES VENDREDIS LIBÉRÉS!<br />
VOIR NOTRE<br />
SITE WEB<br />
www.saunasthubert.com<br />
robe de rangement, pis j’viens déjà d’y entreposer<br />
mon ventilateur, mon vélo et mon BBQ!). «Dis-moi<br />
donc, mon beau François, ça te dérange-tu si on arrête<br />
deux minutes aux Ga<strong>le</strong>ries d’Anjou, y’a une<br />
vente d’un jour chez Sears et j’en profiterais pour<br />
changer mon four micro-ondes qui marche pus.»<br />
À ce stade-ci de mon histoire, vous vous doutez sûrement<br />
que mon micro-ondes fonctionne parfaitement<br />
et que <strong>le</strong>s raisons qui me motivent sont tout autres.<br />
En rentrant chez Sears, je fais une razzia dans <strong>le</strong> rayon<br />
des bas (chu une fétichiste des bas rayés) et, tant qu’à<br />
être sur place, j’en profite pour essayer <strong>le</strong> département<br />
de La Petite au grand comp<strong>le</strong>t sous <strong>le</strong> regard<br />
dévastateur de la boulotte de vendeuse qui ne digère<br />
pas que je crie à p<strong>le</strong>in poumons que <strong>le</strong> 29 de tail<strong>le</strong> est<br />
trop grand pour moi. «Dis-moi donc, mon beau<br />
François…» «Je t’arrête tout de suite Mado, on va pus<br />
nul<strong>le</strong> part: y’est 5 heures moins 5 pis la Plaza Saint-<br />
Hubert est à une demi-heure de char, ça fait que ça<br />
sera pour une autre fois.» Quoi! Mais ça se peut pas!<br />
Ça fait à peine une heure qu’on est partis pis j’ai rien<br />
acheté pantoute. Pas de nouveaux souliers, pas de<br />
colliers, pas de bouc<strong>le</strong>s d’oreil<strong>le</strong>s, pas de robes à<br />
pail<strong>le</strong>ttes! Au secours, cossé j’vas mettre à Noël? Ben<br />
coudon, on va être obligés de revenir la semaine<br />
prochaine!