14.02.2014 Views

LE LANGAGE EST-IL UN INSTINCT ? UNE CRITIQUE DU ... - Texto

LE LANGAGE EST-IL UN INSTINCT ? UNE CRITIQUE DU ... - Texto

LE LANGAGE EST-IL UN INSTINCT ? UNE CRITIQUE DU ... - Texto

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

<strong>Texto</strong>! octobre 2008, vol. XIII, n°4<br />

En une occurrence, il est vrai, Chomsky semble sous-entendre que le rejet de l'explication<br />

fonctionnelle est justifié dans le cadre de son approche, mais laisse échapper des aspects de la<br />

connaissance de la faculté de langage (1985 : 217). Mais cette retraite inattendue vient de ce qu'il<br />

est pris alors dans une comparaison boiteuse avec les recherches sur le système visuel: il est<br />

impossible d'affirmer, en effet, que la fonction de l'œil et l'importance de cette fonction du point de<br />

vue phylogénétique ne concernent en rien sa structure.<br />

Le même rejet de l'explication fonctionnelle est d'ailleurs une des raisons pour lesquelles Chomsky<br />

(contrairement à Pinker) a toujours été rétif à toute théorie évolutionniste de l'émergence du<br />

langage (Hauser et al. 2002).<br />

A.4 Le langage comme compétence: la Grammaire Universelle<br />

Chomsky pense que la linguistique s'occupe essentiellement de la compétence. Par là, elle<br />

échappe au projet à la fois mal défini (la “théorie de tout”; cf. 2000 : 69, qui vise Davidson et sa<br />

théorie holiste de l'interprétation) et théoriquement mal engagé (car exprimé en termes<br />

behavioristes ou fonctionnels, c'est-à-dire pragmatiques) d'expliquer les causes non des capacités<br />

verbales mais du comportement verbal.<br />

Étudiant une faculté modulaire, la théorie de la GU n'a pas à se confronter aux systèmes externes<br />

à la grammaire et qui interagissent avec elle. Parmi ces systèmes, certains pourraient aussi avoir<br />

un centre modulaire et inné, voire être intégrés à la grammaire (c'est le cas du composant<br />

pragmatique ; 1985 : 159-60 et 211).<br />

La GU n'est donc pas tout le langage (la notion de I-language renvoie ainsi au langage<br />

chimiquement pur) :<br />

“un langage réel ne peut résulter que de l'interaction de plusieurs facultés mentales, dont l'une est la<br />

faculté de langage. Il n'y a pas d'exemples concrets dont on pourrait dire qu'ils sont uniquement le<br />

produit de la faculté de langage.” (1981 : 58)<br />

Et encore :<br />

“le fait est que ce qu'on appelle couramment “langage” ou “langue” ne se confond manifestement pas<br />

avec ce que nous nommerions ainsi en vertu de notre idéalisation, à cause, bien sûr, de la nonhomogénéité<br />

des communautés linguistiques, mais aussi, peut-être, par suite de la présence<br />

d'“impuretés”, éléments dus à des facultés autres que celle de langage, qui provoqueraient donc<br />

certaines déviations par rapport aux principes de la grammaire universelle.” (1985 : 30)<br />

Il se pourrait aussi que les connexions sémantiques entre items lexicaux soient partiellement<br />

analysables comme une sorte de “grammaire logique” des significations[13], que les relations<br />

thématiques, en particulier, soient redevables d'un “calcul”. Néanmoins, ces considérations nous<br />

font entrer dans le champ indéfini des relations sémantiques, où l'encyclopédique se distingue mal<br />

du linguistique. Chomsky se limite donc à la compétence syntaxique et à la sémantique dans la<br />

mesure où elle affecte la syntaxe.[14]<br />

L'hypothèse générale est<br />

“que la grammaire universelle est cette partie du génotype qui spécifie un aspect de l'état initial de<br />

l'esprit humain, et que la faculté de langage acquiert les caractères d'une grammaire particulière sous<br />

l'effet déclencheur et spécifiant de l'expérience, grammaire particulière qui consiste à son tour en un<br />

système de règles et de principes qui déterminent un certain appariement de son et de sens. (…) De<br />

mon point de vue, la grammaire universelle et la grammaire de l'état stationnaire [c-à-d final] sont<br />

réelles. On s'attend à les trouver physiquement représentées dans le code génétique et le cerveau<br />

adulte respectivement, avec les propriétés mises au jour par notre théorie de l'esprit. Mais la langue<br />

est un épiphénomène ; son statut ontologique est celui d'un ensemble de rimes — qui peut d'ailleurs<br />

8

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!