0 0 - Institut français de l'éducation

voulons ne peut pas être imposée, elle doit être basée
sur la tolérance à l'égard des opinions, le respect
des croyances et la liberté. Nous- demandons à la
science les résultats de ses recherches qu'elle nous
révèle l'un après l'autre. .Nous n'enseignons ainsi que
tout ce qui peut être vérifié. Pour le surplus nous
ne savons pas...
Cette réserve que nous gardons dans les questions
sur lesquelles nous n'avons pas de certitudes, ce
scrupule qui nous interdit d'affirmer ou de nier quand
nous ne savons pas, c'est la caractéristique même de
la neutralité scolaire. Notre silence est la plus belle
preuve de tolérance que l'on puisse donner; et c'est
peut-être à cause de cette tolérance que les instituteurs
sont attaqués! Mais l'école laïque prévaudra,
car la vérité prévaut toujours...
Eh bien oui, il faut que l'école laïque puisse un
jour contenir tous les enfants de France. Elle y parviendra
grâce à la laïcité, grâce à la neutralité scolaire,
grâce aussi à la largeur d'esprit, à la dignité
d'attitude de tous les membres du corps enseignant.
PARTIE GÉNÉRALE 371
sent par an près de deux millions d'hectolitres de spiritueux
et sous l'action continue de l'intoxication
alcoolique, la folie, la tuberculose et la criminalité
impulsive ont à peu près doublé depuis un quart de
siècle. La limitation du nombre des débits, l'interdiction
légale d'ouvrir de nouveaux débits est donc l'une
des premières mesures qui s'imposent. Cette limitation
a pu être déjà appliquée, en vertu même de la
loi de 1880, dans un certain nombre de grandes villes
où elle a produit les plus heureux résultats.
Votre ancien, et je l'espère bien, votre futur député,
M. Augagneur, en avait fait l'expérience à Lyon. Il
s'agit de transformer cette limitation municipale facultative
en une limitation nationale obligatoire. C'est
ce qu'ont fait les pays Scandinaves qui étaient, il y a
cinquante ans, les pays les plus alcoolisés du globe,
ceux où la progression du crime et de la folie était la
plus forte, et qui sont aujourd'hui les pays les moins
alcoolisés de l'Europe, ceux où l'étiage de la folie et
du crime est le moins élevé.
La lutte contre l'alcoolisme.
La lauta du législateur. — Ce qui a été fait. — Ce
qui reste à faire.
M. Joseph. Reinach a fait à Lyon, à la réunion
annuelle de l'Union fraternelle des employés du
commerce etde l'industrie, une conférence contre
l'alcoolisme, dont le Temps a publié un compte
rendu.
Le député des Basses-Alpes a tout d'abord indiqué
où sont les responsabilités du mal. Le
véritable coupable, c'est l'Etat lui-même et le
Parlement.
Le législateur a péché d'abord par inadvertance,
par imprévoyance, quand il ne croyait pas encore à
1a réalité du péril, quand il votait, pour dés motifs de
pure politique, la loi néfaste sur la liberté illimitée
du commerce des boissons, mais dont la faute est devenue
beaucoup plus grave par la suite, quand ce fut
la peur, la peur la plus funeste qui puisse sévir dans
un régime de démocratie, la peur électorale qui, tantôt,
le fifagir, tantôt l'empêcha d'agir ; c'est ainsi qu'il
a maintenu, malgré l'évidence des conséquences, la
loi de 1880 ; c'est ainsi qu'il a rétabli le privilège des
bouilleurs de cru et n'a pas encore osé, à l'exemple
de nos voisins suisses, interdire la fabrication et la
vente de l'absinthe.
Ce n'est pas que les assemblées politiques ne se
soient point préoccupées du problème de l'alcoolisme,
et que le gouvernement ne s'en soit point saisi. Il y
aurait une criante injustice k ne pas reconnaître l'inlassable
propagande des groupes antialcooliques de la
Chambre et du Sénat, l'importance considérable des
travaux parlementaires dont la question de l'alcoolisme
a été l'objet depuis vingt ans, ou celle des enquêtes
qu'ont poursuivies à deux reprises les grandes
commissions extraparlementaires qui furent constituées
pour l'élucider. Mais cet hommage une fois
rendu à d'honorables efforts, il n'en reste pas moins
que les gouvernements, que les ministres des finances
qui se sont succédé n'ont considéré le plus souvent la
question alcoolique que du point de vue fiscal, et que
les Chambres l'ont considéré surtout du point de vue
économique qui s'est confondu assez souvent pour
elles avec le point de vue électoral.
Quels remèdes à l'alcoolisme? M. Joseph Reinach
recommande la limitation des débits. Si la
proposition en ce sens avait été votée en 1895, il
y aurait aujourd'hui en France 60 000 débits de
moins et il ne s'ouvrirait pas chaque jour 6 nouveaux
débits.
La progression de l'alcoolisme est proportionnelle à
celle du nombre des débits. Nos 577 000 débits dé-ver-
L'hygiène à l'école.
A propos du projet de loi sur l'inspection médicale
des écoles.
M. Lucien Descaves se montre sceptique
quant aux bons effets qu'il faut attendre du
projet de loi sur l'inspection médicale :
Je ne doute pas, écrit-il dans le Journal, que l'inspecteur
désigné ne remplisse son devoir et ne signale
à qui. de droit les défectuosités qu'il relèvera. J'ai
peur seulement que ses rapports n'aillent rejoindre
dans les cartons ou même au panier quantité d'autres
rapports. Si vous saviez ce que deviennent, la plupart
du temps, ceux de l'instituteur, relatifs à la non
fréquentation scolaire, par exemple, vous partageriez
mes craintes. Découragé, l'instituteur finit par- ne
plus signaler aucune absence. Il en sera de même du
médecin-inspecteur dans son domaine. Car enfin, on
ne l'a pas attendu, en maints endroits, pour s'apercevoir
que les locaux scolaires et leur mobilier sont
insuffisants, malsains, honteux. Tout le monde dans
le pays est fixé là-dessus. Le nouvel explorateur qui
fera cette découverte excitera une douce gaieté.
Oh 1 il l'établira, le bon docteur, la fiche sanitaire
de chaque enfant, mais il en sera de cette feuille
comme de celles qu'emporte le vent.
Aussi bien, voulez-vous parier que cet examen individuel
approfondi ne finira pas même où il devrait
commencer : par la bouche de l'enfant?
Et cependant le tableau des ravages que peut
amener dans l'organisme la carie des -dents,
faute de soins, ce tableau devrait, dans toutes
les écoles de France, faire pendant aux images
destinées à propager l'horreur de l'alcoolisme.
Pourquoi ne veut-on rien savoir? Pourquoi l'hygiène
buccale est-elle, à ce point négligée chez l'enfant
que, sur cent élèves,' quatre-vingt-dix, vous entendez
bien, quatre-vingt-dix, présentent des caries
multiples ! Les écoles maternelles sont pleines de
bambins qui, sur leurs vingt dents de lait, en ont dix
— au moins — de gâtées! Qu'arrive-t-il? Ce que les
mères, en général, ne savent pas, parce que nul ne
le leur a dit : que les quatre molaires de six ans,
dents permanentes, bases indispensables à la mastication,
vont contracter elles-mêmes, en poussant, le
germe de l'infection qui les détruira bientôt, après
quelles souffrances!