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492 MANUEL GÉNÉRAL DE L'INSTRUCTION PRIMAIRE<br />
raffermissent les cœurs. Et, sans avoir été vaincus,<br />
car il y eut en tout 500 hommes hors <strong>de</strong> combat, les<br />
Prussiens se retirèrent comme s'ils avaient été vaincus.<br />
Un mois après, ils avaient repassé la frontière.<br />
(Lire Valmy, Gauthier et Deschamps. C. S., p. 199.)<br />
La France <strong>de</strong>bout contre l'étranger. — La ré<br />
quisltion. — Cependant, ces volontaires ne constituaient<br />
pas une armée suffisante pour résister à l'Europe.<br />
La Convention vota l'héroïque décret <strong>de</strong> la<br />
réquisition. Lisons-la ensemble, voulez-vous? « Dès<br />
ce moment, jusqu'à celui où les ennemis auront été<br />
chassés du territoire <strong>de</strong> la République, tous les<br />
Français sont en réquisition pour le service <strong>de</strong>s armées.<br />
Les jeunes gens iront au combat; les hommes<br />
mariés forgeront les armes et transporteront les subsistances;<br />
les femmes feront <strong>de</strong>s tentes,, <strong>de</strong>s habits et<br />
serviront dans les hôpitaux ; les enfants mettront les<br />
vieux linges en charpie ; les vieillards se feront porter<br />
sur les places publiques pour exciter le courage<br />
<strong>de</strong>s guerriers. » La France obéit : elle donna ses<br />
bras, son sang, son cœur. Vous avez lu dans votre,<br />
livre : « La France se leva tout entière... » Le mot<br />
est juste, n'est-ce pas?<br />
Les armées. — L'amalgame. — On eut ainsi<br />
800000 hommes. Mais que valait cette armée? Il y<br />
avait les anciens régiments, formés <strong>de</strong> vieux soldats<br />
exercés, mais trop peu nombreux; et les bataillons<br />
dé volontaires, pleins <strong>de</strong> bonne volonté, mais ne<br />
sachant pas comment être bons soldats. On mêla régiments<br />
et bataillons : les vieux encadraient les<br />
jeunes. Carnot et d'autres anciens officiers organisèrent<br />
<strong>de</strong>s divisions, avec artillerie et cavalerie, qui<br />
furent bientôt copiées par toute l'Europe.<br />
Les soldats. — Mais ce qu'aucune autre nation ne<br />
put copier alors, ce fut l'élan, l'enthousiasme qui emportait<br />
nos armées. Les soldats étrangers marchaient<br />
pour obéir à leurs chefs. Les Français combattaient<br />
pour que la France restât indépendante, pour que les<br />
étrangers fussent chassés hors <strong>de</strong>s frontières, et que<br />
les libertés conquises fussent assurées. Ils luttaient<br />
contre l'invasion et contre la servitu<strong>de</strong>. Ils étaient<br />
résolus à'se battre jusqu'à la mort plutôt que <strong>de</strong> cé<strong>de</strong>r<br />
une province ou <strong>de</strong> perdre les droits qu'ils avaient<br />
proclamés.<br />
Ainsi, les bons Français étaient aux frontières et<br />
faisaient la guerre avec enthousiasme. On recevait les<br />
boulets au cri <strong>de</strong> « Vive la nation! » Les privations<br />
n'arrêtaient pas. En Hollan<strong>de</strong>, au mois <strong>de</strong> décembre<br />
1794, par la neige, sur la glace, sans souliers, déguenillés,<br />
les jambes et les pieds enveloppés <strong>de</strong> paille et<br />
<strong>de</strong> foin, nos soldats, dans l'ordre le plus parfait, défilaient<br />
en chantant <strong>de</strong>vant les populations stupéfaites.<br />
(Lire : Gauthier, cour3 moyen, p. 99 : Les soldats <strong>de</strong><br />
la République et quelques strophes du poème : Les soldats<br />
<strong>de</strong> Van.II.)<br />
Les chefs. — Eux aussi furent admirables : il semblait<br />
que Daguesclin, Bayard, Turenne, Condé, Vauban,<br />
reparaissaient à la fois. Beaucoup <strong>de</strong> ces officiers<br />
étaient très jeunes. Desaix, Murât, nés en 1768;<br />
Bonaparte, Hoche, Marceau, Ney, Lannes, nés en 1769,<br />
tous ces jeunes chefs n'avaient pas trente ans quand<br />
ils combattirent la première coalition.<br />
Officiers et soldats étaient animés d'un même patriotisme<br />
: « Quand la patrie nous <strong>de</strong>man<strong>de</strong> pour sa<br />
défense, nous <strong>de</strong>vons y voler, comme je courrais à un<br />
bon repas, » écrit un petit paysan du Jura. — « Quel<br />
que soit mon sort, que la patrie soit sauvée, et je<br />
<strong>de</strong>meure content, » écrivait Hoche, <strong>de</strong>ux fois emprisonné<br />
pendant la Convention.<br />
Comment se fit la g-uerre. — Cependant, les armées<br />
ennemies étaient admirablement disciplinées et<br />
dressées aux manœuvres savantes qu'on ne pouvait<br />
obtenir <strong>de</strong> nos jeunes soldats. Nos généraux alors<br />
durent inventer une nouvelle science militaire.<br />
Les armes. — Les armes différaient beaucoup <strong>de</strong><br />
celles d'aujourd'hui. L'artillerie <strong>français</strong>e, établie<br />
sous Louis XVI, était la meilleure <strong>de</strong> l'Europe : ses<br />
canons tiraient 2 coups par minute, et ouvraient le<br />
feu entre 600 et 800 mèlres (notre canon 75mm. envoie,<br />
par minute, 24 coups à 8000 m.). Les fusils<br />
tiraient plus lentement encore, environ une balle par<br />
minute, à 250 mètres; (12 balles à 4000 mètres avec le<br />
Lebel; —préciser toutes ces distances : <strong>de</strong> tel point à...)<br />
L'offensive. —• Les combattants se voyaient donc<br />
très bien avant d'engager le combat. Une ou <strong>de</strong>ux minutes<br />
<strong>de</strong> pas <strong>de</strong> course suffisait pour arriver sur l'ennemi.<br />
Nos jeunes généraux, suivant les ordres <strong>de</strong><br />
Carnot qui recommandait l'oftensive : « Soyez attaquants,<br />
toujours attaquants, » lancèrent à la charge<br />
à la baïonnette, en masses profon<strong>de</strong>s, leurs colonnes,<br />
qui, chantant la Marseillaise, pénétraient comme <strong>de</strong>s<br />
boulets humains et trouaient les lignes ennemies.<br />
Ainsi furent remportées nos plus belles victoires.<br />
A voir pendant la semaine : La Convention. — 1.<br />
Histoire intérieure. — Girondins et montagnards.<br />
— Robespierre et la Terreur. — Les coups d'Etat.<br />
— 2. Les guerres <strong>de</strong> la République. — La première<br />
coalition.<br />
E . HERMANN,<br />
institutrice d'école annexe.<br />
GÉOGRAPHIE<br />
La défense militaire <strong>de</strong> la France.<br />
Nos forces <strong>de</strong> terre et <strong>de</strong> mec. — Les forces militaires<br />
<strong>de</strong> la France se divisent en forces militaires<br />
terrestres et forces militaires maritimes. Il lui faut, en<br />
effet, assurer la sécurité <strong>de</strong> ses frontières aussi bien<br />
sur mer que sur terre. Nos forces militaires <strong>de</strong> terre<br />
se composent d'une armée active <strong>de</strong> 600000 hommes,<br />
répartis en 20 corps d'armée sur la surface <strong>de</strong> notre<br />
territoire, et <strong>de</strong>s troupes <strong>de</strong> réserve et <strong>de</strong> territoriale<br />
qui, en cas <strong>de</strong> guerre, porteraient notre effectif militaire<br />
à 4 millions d'hommes. La France a, en outre,<br />
une armée coloniale <strong>de</strong> 30 000 hommes qui rési<strong>de</strong><br />
partie en France, partie aux colonies. Ses manufactures<br />
d'armes sont à Saint-Etienne, à Tulle et à Châtellerault<br />
; ses fon<strong>de</strong>ries <strong>de</strong> canons,, à Bourges et à<br />
Ruelle (Charente). Nos forces militaires maritimes ont<br />
pour but <strong>de</strong> défendre nos côtes et notre empire colonial.<br />
Jusqu'à ces <strong>de</strong>rniers temps, notre marine militaire<br />
venait immédiatement après celle <strong>de</strong> l'empire<br />
britannique ; la marine militaire alleman<strong>de</strong> nous a<br />
fait reculer au troisième rang. Notre flotte se compose<br />
<strong>de</strong> 400 vaisseaux <strong>de</strong> guerre qui stationnent soit à proximité<br />
<strong>de</strong> nos côtes, soit dans les parages <strong>de</strong> nos colonies.<br />
Elle comprend trois escadres : Manche, Méditerranée,<br />
Extrême-Orient, et trois divisions navales : océan Indien,<br />
Pacifique, océan Atlantique. Notre littoral<br />
forme cinq arrondissements maritimes qui ont pour<br />
chefs-lieux nos ports militaires. Chaque port possè<strong>de</strong><br />
un arsenal maritime pour la construction et la réparation<br />
<strong>de</strong>s vaisseaux <strong>de</strong> guerre. La marine militaire a,<br />
en outre, <strong>de</strong>s établissements- spéciaux, comme les ateliers<br />
d'Indret, près <strong>de</strong> Nantes, pour la construction<br />
<strong>de</strong>s machines, la fon<strong>de</strong>rie <strong>de</strong> canons <strong>de</strong> Ruelle, les<br />
forges <strong>de</strong> la Chaussa<strong>de</strong>, à Guérigny (Nièvre), où l'on<br />
fabrique les ancres, les chaînes, câbles, etc.<br />
Nos frontières. — Aucune <strong>de</strong> nos frontières terrestres<br />
n'est absolument infranchissable ; il faut donc<br />
les protéger toutes en tout temps, mais il est bien<br />
évi<strong>de</strong>nt qu'elles ne <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt pas toutes une semblable<br />
accumulation <strong>de</strong> forces militaires. Il y a un<br />
contraste absolu, par exemple, entre notre frontière<br />
du Nord-Est, qu'aucun acci<strong>de</strong>nt naturel ne protège,<br />
et notre frontière <strong>de</strong>s Pyrénées. Enfin, pour comprendre<br />
entièrement la défense d'une frontière, il faut<br />
songer à la manière dont elle est plus ou moins menacée<br />
par la puissance voisine. C'est ainsi que notre<br />
frontière du Jura est à l'abri <strong>de</strong>s opérations militaires,<br />
en raison <strong>de</strong> la neutralité <strong>de</strong> la Suisse ; seul,<br />
un grave conflit général <strong>de</strong> l'Europe nous mettrait en<br />
péril <strong>de</strong> ce côté.<br />
La frontière du Nord et du Nord-Est. — Elle<br />
s'étend <strong>de</strong> Dunkerque à Belfort, en pays plat, sans<br />
autre obstacle naturel que la partie <strong>de</strong>s Vosges restée<br />
<strong>français</strong>e. Elle est protégée à l'une <strong>de</strong> ses extrémités<br />
par la neutralité <strong>de</strong> la Belgique et du Luxembourg ; à<br />
GÉOGRAPHIE : LEMONNIER, SCHRADER et GALLOUEDEC, Cours élément., <strong>de</strong> Géograph" entS 1 • 10