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revue des sciences sociales de la france de l'est

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IMMIGRATION ET DISCRIMINATIONS SALARIALES 39<br />

Il ne s'agit pas ici <strong>de</strong> justifier, par un raisonnement sous-jacent à cette hypothèse, <strong>la</strong> pratique<br />

<strong>de</strong> sa<strong>la</strong>ires inférieurs versés aux étrangers par le pseudo-constat que les immigrés, même ceux qui<br />

sont rejoints en France par leur famille, auraient un niveau <strong>de</strong> vie et <strong><strong>de</strong>s</strong> besoins plus bas que<br />

ceux <strong><strong>de</strong>s</strong> Français. Il faudrait pour ce<strong>la</strong> établir au moins que les conditions <strong>de</strong> leur reproduction<br />

leur permettent d'atteindre une espérance <strong>de</strong> vie, un état <strong>de</strong> santé comparables à ceux <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Français, ce qui n'est pas le cas. On ne saurait donc avancer qu'ils ont <strong>de</strong> moindres besoins, mais<br />

plutôt que le système économique qui les emploie n'a pas besoin <strong>de</strong> voir leur niveau <strong>de</strong> vie<br />

s'améliorer ( 4 ).<br />

Dans l'étu<strong>de</strong> concrète exposée ici, il n'a pas été possible <strong>de</strong> distinger les migrants tournants<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> immigrés venus <strong>de</strong> longue date, ou accompagnés <strong>de</strong> leur famille. Cette distinction aurait<br />

cependant été nécessaire pour voir si, et à quel terme, les discriminations sa<strong>la</strong>riales finissent par<br />

s'estomper.<br />

Points <strong>de</strong> métho<strong>de</strong><br />

Une étu<strong>de</strong> comparative sur les sa<strong>la</strong>ires d'ouvriers français et étrangers a été menée dans une<br />

usine <strong>de</strong> fabrication <strong>de</strong> meubles métalliques. Une brève présentation <strong>de</strong> l'organisation <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

production permet <strong>de</strong> préciser les conditions dans lesquelles <strong>la</strong> comparaison a pu être poursuivie.<br />

L.'usine comprend <strong>de</strong>ux principaux ensembles <strong>de</strong> production regroupant chacun quatre ateliers<br />

spécialisés par types d'activités : les presses (coupe, pliage et mise en forme <strong><strong>de</strong>s</strong> tôles),<br />

l'assemb<strong>la</strong>ge (montage par soudure), <strong>la</strong> peinture, et les finitions (montage <strong><strong>de</strong>s</strong> petites pièces,<br />

revêtement, décoration. Ces <strong>de</strong>ux ensembles d'ateliers se distinguent par <strong>la</strong> nature <strong>de</strong> leur<br />

production et par les conditions <strong>de</strong> travail qu'ils présentent : l'automatisation est beaucoup plus<br />

avancée dans le premier ensemble d'ateliers (A. 1.).<br />

D'autres ateliers, qui ont <strong><strong>de</strong>s</strong> activités, non <strong>de</strong> production directe, mais <strong>de</strong> préparation, <strong>de</strong><br />

rég<strong>la</strong>ge, d'entretien ou <strong>de</strong> contrôle n'ont pas été retenus ici ; rassemb<strong>la</strong>nt une main-d'œuvre très<br />

spécialisée, et comptant par ailleurs <strong><strong>de</strong>s</strong> effectifs restreints et irréguliers, ils auraient constitué<br />

une base <strong>de</strong> comparaison moins homogène.<br />

D'autre part, les étrangers embauchés se signalent par un temps <strong>de</strong> présence re<strong>la</strong>tivement<br />

court dans l'entreprise. Aussi les ouvriers qui y sont entrés avant 1965 n'ont pas été pris en<br />

considération<br />

:<br />

il ne reste que fort peu d'étrangers parmi eux au moment où s'effectue l'enquête<br />

(les étrangers embauchés en 1965 ne sont plus que onze, et en 1966, au nombre <strong>de</strong> neuf).<br />

Ainsi, l'enquête porte sur un ensemble <strong>de</strong> 317 ouvriers. Pour chacun d'eux, à partir <strong>de</strong> fiches<br />

individuelles servant à établir les bulletins mensuels <strong>de</strong> sa<strong>la</strong>ires, plusieurs types d'observations<br />

ont pu être faites.<br />

Tout d'abord, le taux <strong>de</strong> sa<strong>la</strong>ire horaire a été relevé. A ce moment, tous les sa<strong>la</strong>ires sont établis<br />

au temps, et non plus aux pièces, et tiennent compte d'un niveau moyen <strong>de</strong> production, contrôlé<br />

chaque mois. Les primes éventuelles ne sont pas comprises. Ce taux a l'avantage <strong>de</strong> permettre<br />

une comparaison <strong><strong>de</strong>s</strong> sa<strong>la</strong>ires qui porte sur <strong>la</strong> nature du travail et non pas sur sa durée.<br />

L'établissement <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sses <strong>de</strong> sa<strong>la</strong>ires d'amplitu<strong>de</strong> variable est rendu nécessaire par l'existence<br />

d'une grille <strong>de</strong> sa<strong>la</strong>ires qui regroupe les taux horaires sur <strong><strong>de</strong>s</strong> valeurs irrégulièrement dispersées.<br />

(4) Cf. Cl. MEILLASSOUX, Femmes, greniers et capitaux, Paris. Maspéro, 1975, p. 174.

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