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Octobre 2010 - La Scena Musicale

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Holmboe: The Complete String Quartets<br />

The Kontra Quartet<br />

Dacapo 8.207001 (7 CD : 472 min 25 s)<br />

★★★★★✩<br />

<strong>La</strong> musique de Vagn<br />

Holmboe (1909-1996)<br />

est enracinée dans la<br />

nature nordique, ses<br />

espaces vastes et glaciaux,<br />

sa rusticité et son<br />

folklore. Son corpus de<br />

quatuors à cordes est<br />

l’un des plus solides (musicalement et<br />

artistiquement parlant) qui soient, à la hauteur<br />

de celui de Chostakovitch, même s’il ne<br />

fait malheureusement pas encore partie du<br />

répertoire courant. Même si Holmboe a<br />

attendu assez tard (43 ans) avant d’écrire son<br />

premier opus pour cette formation, une fois<br />

lancé, il n’arrêta plus d’en composer jusqu’à<br />

quelques années avant sa mort. Résultat : une<br />

vingtaine d’œuvres aux accents sombres et<br />

graves, imprégnés de couleurs bartokiennes,<br />

de grisaille émotionnelle, mais aussi d’espoir<br />

et de rédemption. Un condensé du siècle dernier<br />

quoi. Au prix de 2 CD pour un total de<br />

7, on serait fou de s’en passer. FC<br />

Impressions on Chopin: Keep Swingin’ Chopin<br />

Leszek Mozdzer, arrangements & piano<br />

Naive V5229 (65 min 20 s)<br />

★★★★★✩<br />

Leszek Mozdzer est un<br />

pianiste jazz de formation<br />

classique. Polonais<br />

de naissance, il est facile<br />

de comprendre pourquoi<br />

la musique de<br />

Chopin exerce sur lui<br />

un attrait puissant.<br />

Depuis déjà une bonne quinzaine d’année, il<br />

revisite, à la fois sur disque et en concert, le<br />

répertoire du compositeur. Ce disque Naïve<br />

est en fait une réédition d’un disque paru à la<br />

fin des années 1990. <strong>La</strong> science et l’art de<br />

Mozdzer sont en tout point fort originaux. Il<br />

ne faut pas s’attendre ici à des «variations<br />

jazzistiques» à la Peterson ou Jacques Loussier.<br />

Les lectures de Mozdzer sont littéralement des<br />

réécritures de la trame narrative et de la syntaxe<br />

chopiniennes, avec un brin d’exotisme<br />

harmonique orientalisant (il transforme ici tel<br />

nocturne ou une mazurka en improvisation de<br />

type impressionniste et modal). Loin d’être<br />

des exercices futiles ou gratuits, encore moins<br />

mercantilistes ou racoleurs, les réflexions (car<br />

ses lectures sont pleinement « réfléchies ») de<br />

Mozdzer font ressortir la modernité et l’atemporalité,<br />

ainsi que l’universalité, de Chopin.<br />

On découvre dans sa musique l’annonce de<br />

Satie et du jazz, et une ouverture au monde<br />

bien plus sincère et fondamentale qu’une certaine<br />

musique du monde actuelle. FC<br />

Mendelssohn :Œuvres pour violoncelle et piano<br />

Daniel Müller-Schott, violoncelle; Jonathan Gilad, piano<br />

Orfeo C 750 101 A (72 min 28 s)<br />

★★★★★✩<br />

L’œuvre pour violoncelle<br />

et piano de Mendelssohn<br />

n’est pas considérée<br />

généralement comme<br />

une partie majeure de sa<br />

production, en comparaison<br />

des symphonies ou<br />

des quatuors par exem -<br />

ple. Il n’en reste pas moins que la seconde<br />

Sonate (1843), bien supérieure à son aînée de<br />

l’opus 45 (1838), toutes deux gravées sur le présent<br />

CD, est une sorte de chef-d’œuvre.<br />

L’adagio se révèle être une page subtilement<br />

écrite et empreinte d’un lyrisme à la fois assagi<br />

et émouvant, tandis que les mouvements<br />

extrêmes puisent aux mêmes sources que les<br />

célèbres trios. C’est la pièce de résistance d’un<br />

programme homogène où l’on trouve aussi des<br />

Variations concertantes (1829), huit au total,<br />

gracieuses, certes, mais sans réelle originalité,<br />

ainsi que quatre œuvres brèves qu’on pourrait<br />

tenir pour des pièces de salon, transcriptions de<br />

lieder du compositeur et feuilles d’album dont<br />

l’époque était friande. Toutes ces œuvres<br />

quelque peu négligées par la discographie sont<br />

très bien servies ici par deux musiciens dont la<br />

complicité, indispensable à ce genre de réperwww.scena.org<br />

Konge af Danmark: l’Europe musicale à la cour de<br />

Christian IV<br />

Les Witches (Odile Edouard, violon; Claire Michon, flûtes;<br />

Sylvie Moquet, dessus et basse de viole; Pascale Boquet,<br />

luth et théorbe; Freddy Eichelberger, orgue)<br />

Alpha 163 (68 min 30s)<br />

★★★★★✩<br />

Ce disque est une incursion<br />

dans l’univers<br />

méconnu de la musique<br />

à la cour du Danemark<br />

du roi Christian IV dans<br />

la première moitié du<br />

XVII e siècle. On y fait<br />

des rencontres surprenantes<br />

de qualité (étant donné leur obscurité).<br />

Les noms de Pederson, Vierdanck, Maercker<br />

et Gitsou n’ont pas traversé les siècles, c’est le<br />

moins que l’on puisse dire. D’autres sont plus<br />

familiers : Scheidt, Tobias Hume, Thomas<br />

Simpson. Cela illustre l’ouverture sur le reste<br />

de l’Europe dont faisait preuve cette petite<br />

cour et son souverain, ainsi que sa volonté de<br />

recruter des esprits artistiques de haut niveau.<br />

On remarque également un lien assez étroit<br />

avec l’Angleterre (Hume, Simpson, Maynard,<br />

Robinson), ce qui n’est guère surprenant étant<br />

donné les croisements nombreux entre les<br />

deux familles royales. <strong>La</strong> production Alpha est<br />

encore une fois impeccable. Livret illustré de<br />

grande qualité, notes informatives et<br />

intelligentes, prise de son claire et équilibrée,<br />

interprétations irréprochables de l’ensemble<br />

Les Witches. <strong>La</strong> crème de la crème. FC<br />

Corigliano – Rota – Korngold: Œuvres pour piano<br />

Jimmy Brière, piano<br />

Analekta AN 2 9973<br />

★★★★★✩<br />

Dans ce disque brillant<br />

consacré aux œuvres de<br />

compositeurs primés de<br />

musique de film, Jimmy<br />

Brière, pianiste mont -<br />

réalais à la technique<br />

irréprochable, s’illustre<br />

clairement comme un<br />

artiste de la trempe de Schnabel. L’interprète,<br />

dans chacune des œuvres, livre une prestation si<br />

variée, si riche en subtilités et en surprises<br />

qu’elle confère à merveille tout son pouvoir<br />

évocateur, voire programmatique, à un tel type<br />

de musique. Somme toute, le goût du risque de<br />

Brière le sert extrêmement bien; le disque<br />

entier est un rare monument de lyrisme, tantôt<br />

radieux, tantôt effrayant, rendant bien la<br />

richesse des œuvres, particulièrement du<br />

Corigliano. L’épreuve de son premier mouvement,<br />

extrait noir consacré exclusivement à la<br />

main gauche, est parfaitement réussie!<br />

<strong>La</strong> grande expressivité chez Brière l’entraîne<br />

néanmoins à de légers excès, celui-ci sacrifiant<br />

parfois la cohérence des mouvements plus<br />

rapides et joyeux à son imagination qui<br />

évoque un peu trop l’imagerie cinémotographique,<br />

particulièrement dans Korngold. On<br />

en regrette presque l’absence d’un support<br />

visuel ! Brière n’en est pas pour autant<br />

maniéré; lesdits mouvements sont merveilleusement<br />

pétillants, légers. Ils expriment tout le<br />

charme et la magie du chef-d’œuvre d’enfance<br />

d’un compositeur de génie.<br />

JB<br />

Liszt: 12 Études d’exécution transcendante<br />

Maurizio Baglini, piano<br />

Decca 476 3882 (79 min 25 s)<br />

★★★✩✩✩<br />

Depuis sa victoire aux<br />

Masters de piano de<br />

Monte-Carlo en 1999,<br />

Maurizio Baglini fait<br />

figure de vedette pour<br />

certains, mais ce que l’on<br />

entend sur ce CD, son<br />

second chez Decca,<br />

suscite bien des réserves. <strong>La</strong> virtuosité indispensable<br />

n’y trouve pas son compte et l’instabilité<br />

rythmique y semble généralisée, par excès de<br />

précaution ou pour sacrifier aux coquetteries<br />

d’un rubato artificiel. Ainsi, dans Mazeppa,<br />

l’imperceptible hésitation dans les redoutables<br />

sauts entre octaves et tierces d’accompagnement<br />

partagées entre les deux mains suffit pour<br />

nuire à l’élan d’une course qu’on imagine<br />

effrénée. De plus, le respect des notes staccato<br />

et lourées, nécessaire pour distinguer les voix et<br />

faire ressortir la structure de la pièce, n’est pas<br />

observé. Des négligences similaires peuvent être<br />

relevées ailleurs, entre autres dans Wilde Jagd et<br />

Chasse-neige. Les pièces plus lentes du recueil,<br />

d’une atmosphère délicate difficile à rendre,<br />

paraissent plutôt longuettes, la poésie n’étant<br />

pas de la partie. Le programme est complété par<br />

deux pièces des 12 Grandes Études de 1837<br />

dont la virtuosité envahissante et gratuite<br />

justifie les remaniements de Liszt en vue d’une<br />

exécution simplement… «transcendante»! AL<br />

34 OCTOBRE <strong>2010</strong> OCTOBER

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