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Le rôle des <strong>en</strong>quêtes de victimation<br />
dans la mesure de la délinquance<br />
L’apport des premiers résultats de l’<strong>en</strong>quête<br />
de victimation INSEE/INHES-OND de 2007<br />
Christophe SOULLEZ, Cyril RIZK<br />
La mise <strong>en</strong> place progressive depuis quatre<br />
ans d’un dispositif d’<strong>en</strong>quête annuelle de<br />
victimation constitue un bouleversem<strong>en</strong>t<br />
des moy<strong>en</strong>s de mesure de la délinquance<br />
<strong>en</strong> France. En cette matière, l’abs<strong>en</strong>ce de<br />
données collectées grâce ce type d’<strong>en</strong>quête<br />
directe auprès d’un échantillon de victimes<br />
contraint à ne s’appuyer que sur les statistiques<br />
<strong>en</strong>registrées par la police et la g<strong>en</strong>darmerie or, elles<br />
ne suffis<strong>en</strong>t pas à déterminer les t<strong>en</strong>dances d’évolution de<br />
la délinquance commise. Pour remédier à ces limites, les<br />
États-Unis dans les années 1970 puis l’Angleterre et le<br />
Pays de Galles dans les années 1980 ont institué un système<br />
de mesure fondé à la fois sur les données d’<strong>en</strong>quête de<br />
victimation et sur les statistiques de la police. L’une<br />
des principales missions de l’Observatoire national de la<br />
délinquance (OND) dont le conseil d’ori<strong>en</strong>tation a été<br />
installé <strong>en</strong> novembre 2003 a été de doter la France d’une<br />
grande <strong>en</strong>quête annuelle de victimation. Fruit d’un part<strong>en</strong>ariat<br />
avec l’INSEE, cette <strong>en</strong>quête intitulée « cadre de<br />
vie et sécurité » s’est déroulée dans une forme complète<br />
comparable à l’<strong>en</strong>quête British crime survey (BCS) du Home<br />
Office britannique pour la première fois <strong>en</strong>tre janvier et<br />
mars 2007. Le rapport annuel de l’OND r<strong>en</strong>du public le<br />
12 novembre 2007 a permis d’<strong>en</strong> diffuser les premiers<br />
résultats. C’est l’occasion d’illustrer l’apport de cet outil de<br />
connaissance à la mesure des phénomènes de délinquance.<br />
Qu’est-ce qu’une<br />
<strong>en</strong>quête de victimation ?<br />
L’expression « <strong>en</strong>quête de victimation » emploie un<br />
terme qui peut être trompeur, « <strong>en</strong>quête », et un néologisme,<br />
« victimation ». Par « <strong>en</strong>quête », on désigne un type<br />
de sondage qui se distingue très fortem<strong>en</strong>t du sondage<br />
électoral téléphonique auquel on assimile aujourd’hui<br />
tous les sondages. Pour éviter les confusions, les sondages<br />
que l’INSEE conduit <strong>en</strong> face-à-face auprès d’un échantillon<br />
de ménages sont appelés des <strong>en</strong>quêtes. Dans le<br />
contexte pénal qui est celui de la mesure de la délinquance,<br />
c’est-à-dire des infractions pénales, l’<strong>en</strong>quête de victimation<br />
ne doit donc pas être confondue avec l’<strong>en</strong>quête policière.<br />
Les <strong>en</strong>quêteurs de l’INSEE pos<strong>en</strong>t un questionnaire<br />
id<strong>en</strong>tique à un échantillon de ménages et d’individus,<br />
<strong>en</strong> se r<strong>en</strong>dant à leur domicile. Ce travail, qui respecte<br />
l’anonymat des personnes interrogées, n’a aucun point<br />
commun avec l’<strong>en</strong>quête policière, si ce n’est le principe<br />
d’un échange de questions et de réponses qu’on retrouverait<br />
dans l’interrogatoire d’un suspect, d’une victime ou<br />
d’un témoin.<br />
L’<strong>en</strong>quête de victimation la plus anci<strong>en</strong>ne, la National<br />
crime victimization survey (NCVS) du départem<strong>en</strong>t de la<br />
Justice des États-Unis fait apparaître le terme « victimization ».<br />
Il n’<strong>en</strong> existe pas de traduction littérale <strong>en</strong> français, au<br />
mieux on peut le définir comme « le fait d’être victime<br />
de ». L’objet d’une <strong>en</strong>quête de victimation est précisém<strong>en</strong>t<br />
de demander aux <strong>en</strong>quêtés s’ils ont été victimes d’infrac -<br />
tions au cours d’une période de temps réc<strong>en</strong>te. L’institut<br />
« statistique Canada » emploie le terme francisé de<br />
« victimisation » pour désigner l’<strong>en</strong>quête quinqu<strong>en</strong>nale<br />
qu’il mène sur les atteintes dont on pu être victimes les<br />
Canadi<strong>en</strong>s. En France, on a préféré à cet anglicisme, le<br />
néologisme « victimation » pour désigner ces <strong>en</strong>quêtes.<br />
Une <strong>en</strong>quête de victimation compr<strong>en</strong>d nécessairem<strong>en</strong>t<br />
des questions construites sur le modèle suivant : « En<br />
2005 ou 2006, avez-vous été victime d’un vol ou d’une<br />
t<strong>en</strong>tative de vol de votre voiture ? ». La période citée est appelé<br />
période de référ<strong>en</strong>ce, elle peut varier d’une <strong>en</strong>quête de<br />
victimation à l’autre. La liste des infractions pouvant<br />
figurer dans ce type d’<strong>en</strong>quête s’adressant à toute la<br />
population, est limitée pour deux raisons : d’une part, il<br />
faut que l’infraction vise le ménage ou la personne <strong>en</strong>quêtée,<br />
ce qui exclut par définition toute infraction sans victime,<br />
Reproduction interdite © INHES 2008<br />
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