Capacités d'absorption et gestion de crise - inhesj

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n°10
Les crises collectives
au XXIe siècle
Quel constat ? Quelles réponses ?
0
n°10
Catastrophes et accidents collectifs,
la prise en charge des victimes
Claude LIENHARD
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1 2 4
Les catastrophesetlesaccidentscolectifsmarquent
malheureusementlaviedessociétésmodernes. Accidents
aériens, ferroviaires, maritimes, accidentsroutierscolectifs,
accidentsindustrielsouliésàdesinfrastructuresouencore
à desrassemblementsdefoulemalmaîtrisés, lesexemples
de catastrophessontnombreux. Ces événementshétéro-
gènes, parleurfaitgénérateur, parleuroccurrenceégalement,
ont amenélespouvoirspublicsfrançais, depuisprèsde
vingt ans, à réfléchir et à mettre œuvre des dispositifs
de priseenchargedesvictimesetderéparation. Paralè-
lement, danslechampdelarecherche-action, le champ
du droitdescatastrophesaétéexploréetconceptualisé.
Disasters and large-scale accidents, taking care of victims
Disastersandlarge-scaleaccidentsare unfortunatelyafeatureofmodernsociety. Air, sea andrailaccidents,
large-scale road pile-ups, industrial accidents or accidents linked to infrastructures or else crowdmovements
thatgetoutofcontrol – theseareseveralexamplesofdisasters. Whiletheseeventsmaybegeneratedbydifferent
causes, overthelastwentyyearstheiroccurrencehaspromptedtheFrenchauthoritiestosetupmeasuresto
take careofvictimsand provideredress. The articlealsotakesalookatresearchactivities: legalfieldof
disaster lawisexploredandtheconceptofdisaster lawdefined.
Claude Lienhard
Les Borromées,
3 avenue du Stade de France,
93218 Saint-Denis-La-Plaine cedex
Tél. : 01 55 84 53 00
Fax : 01 55 84 54 29
www.inhes.interieur.gouv.fr
Docteur droit, professeur des Universités, il est directeurduJournal des accidents et des crise sur Internet.
Ancienprésidentdel’INAVEM, il a fondéleCentre européen de recherchepourledroit desaccidents co lectifs
et des catastrophes (CERDACC : h tp://www.jac.cerdacc.uha.fr/) qui est aujourd’hui le lieu de référenceetde
convergencedecesréflexions. Il est avocatspécialisteendroitdelaréparationdesdommagescorporelsetde
la responsabilité. Il a publiédenombreuxarticles, notamment « Le droitsaisiparlacatastrophe », en 2008, paru
dans La catastropheAZF, l’apportdescienceshumaines et sociales aux éditions Lavoisier.
Crises sanitaires
De la préparation à la réalité
Danièle ILEF
Après avoir décrit l’organisation de la gestion des alertes
sanitaires, cet article passera en revue les plans et i lustrera
leur mise en œuvre à l’aide de quelques exemples
concrets Puis, toujours à partir de cas réels, il abordera
les vigilances et bons réflexes à développer pour identifier
rapidement les situations non prévues dans un plan Enfin,
cet article décrira quelques outils d’aide à l’anticipation et
à la gestion de situations d’alerte
Public health crises: from preparedness to the real thing
This article starts with a description of public health alert organisation in France. It then reviews the plans and
i lustrates their implementation by means of actual examples. More case histories are then used to treat the
subject of vigilance and the best reflexes to develop for the rapid identification of situations not catered for in
a plan. The last part of the article describe some tools useful for anticipating and managing alerts.
Danièle Ilef
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Responsable depuis trois ans de la ce lule de coordination des alertes à l’Institut de vei le sanitaire (InVS) après
avoir été coordonnatrice de la ce lule inte régionale d’épidémiologie Nord à Li le. E le a exercé auparavant comme
médecin de santé publique dans une direction départementale des A faire sanitaires et sociales et comme
médecin inspecteu régional de santé publique.
8 5
Éditorial . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .5
Retour sur l’actualité
Une histoire de l’entrepreneuriat illicite : des ajustements et des stratégies innovantes
dans les marchés de la drogue en Colombie - Chantal PERRAS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
Dossier
Avant-propos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .16
Les concepts . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .18
Du terrain du risque au terrain de la crise. Fondamentaux à l’usage des organisations
Carole DAUTUN . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
Termes et concepts - Jean-Marc PICARD . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
L’approche systémique des crises. Une vision à travers la crise économique de 2008
Patrice HERNU, Steve OHANA . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
Risques, incidents, accidents et catastrophes. Réflexions sur les transferts notionnels
entre les cindyniques, la sociologie des risques et les études de la sécurité - Tawfik BOURGOU . . . . . . 53
Société de l'Information, aveuglement et décèlement précoce des dangers et menaces
Xavier RAUFER . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
Public et privé face à la crise . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .70
La stratégie de sécurité nationale : définition et objectifs.
Extrait du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale (2008) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .71
Entretien avec Serge MOSTURA directeur du Centre de crise
du ministère des Affaires étrangères et européennes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
Entretien avec Xavier GRAFF sur la mise en place du dispositif de gestion de crise
au sein du groupe ACCOR . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
Crises sanitaires. De la préparation à la réalité - Danièle ILEF . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .85
Quelques « variables » humaines de la crise . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .96
Le facteur humain : le lien manquant de la gestion de crise
Christophe ROUX-DUFORT, Sanjy RAMBOATIANA . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
La gestion du stress chez les opérateurs de 1 ère ligne de l’aérien - Bruno DOAT . . . . . . . . . . . 105
L’incertaine équation médiatique en situation de crise - Didier HEIDERICH . . . . . . . . . . . . 117
Catastrophes et accidents collectifs, la prise en charge des victimes - Claude LIENHARD . . . 124
Le concours des forces de défense à la gestion des crises civiles . . . . . . . . . . . .129
Principes d’emploi des forces armées et rôle du CPCO dans la gestion des crises civiles
sur le territoire national, Thierry ATTAS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 130
Le service de santé des armées et la gestion des crises civiles - Xavier DESRUELLES . . . . . . . 136
Le positionnement de l’OTAN dans la gestion des crises autres que principalement militaires
Giampaolo DI PAOLA . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146
Capitaliser des crises : retours d’expérience, enseignements et réajustements . . . .152
Une analyse des retours d’expérience des crises de sécurité civile contemporaines
Carole DAUTUN . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 153
Suite...

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en page 1 22/10/09 11:36 Page 165
Fayolle pardini.qxp:Mise en page 1 22/10/09 12:10 Page 270
Magistrats en réseaux
contre « la criminalité organisée »
S
Natacha Paris-Ficare li
outon:Mise en page 1 22/10/09 12:15 Page 272
elier.qxp:Mise en page 1 22/10/09 12:16 Page 284
ept magistrats de différentes
principaux activistes d’une cause
nationalités – sui se, espagnole,
européenne de magistrats et les pionniers
de l’européanisation d’une
italienne, belge et française – sont
sortis de leur prétoire en lançant
catégorie professionne le.
l’Appel de Genève, un constat de
Ce te analyse de l’Appel de Genève
l’échec d’investigations menées dans
a fait émerger deux phénomènes fortement
imbriqués : l’européanisation
le domaine de la délinquance internationale.
C’est ce te démarche insolite
et atypique que retrace Natacha
tions judiciaires, que ce soit pour les
des magistrats nationaux et des ques-
Paris-Ficare li dans Magistrats en réseau 2008, Presses universitaires partisans de la solution judiciaire
contre « la criminalité organisée » en décrivant
les di ficultés rencontrées par
Corpus juris, ou du compromis inter-
de Strasbourg, 415 p., 19 € intégrée, c’est-à-dire défenseurs du
des juges en charge d’enquêtes pénales financières et des établi sements bancaires, gouvernemental, soit le projet Eurojust.
ayant des ramifications internationales,
dans des domaines tels que tra-
un paravent. Ce te Europe […] recycle l’Appel de Genève ont renforcé le
où le secret est trop souvent un alibi et Les sept magistrats qui ont lancé
fic de drogue, corruption, traite des l’argent de la drogue, du te rorisme, des discours selon lequel les mesures
êtres humains ou te rorisme. Le point sectes, de la co ruption et des activités relatives à la libre circulation des
commun de ces magistrats est de procéder
à des enquêtes dans de nomdent-ils
« la mis en application e fective auraient profité aux organisations
mafieuses ». Aussi, ces juges deman-
biens, des capitaux et des personnes
breux paradis fiscaux et de se heurter des a cords de Schengen prévoyant la transmi
sion directe des commi sions rogatoires met en lumière deux réseaux d’acteurs
crimine les transnationales. Cet ouvrage
aux mêmes entraves. Les juges, nature
lement enclins à la discrétion, n’ont internationales et du résultat des investigations
entre juges, sans interférences du cheminement d’un discours sur la
qui ont joué un grand rôle dans le
souhaité constituer ni a sociation, ni
secrétariat, ni prévoir de nouve les pouvoir exécutif et sans recours à la voie criminalité organisée : les réseaux
rencontres pour suivre les e fets de diplomatique ».
professionnels et les réseaux institutionnels
européens.
l’Appel de Genève.
Ce te action co lective a de spécificités,
innovante dans sa pratique, Les réseaux professionnels étaient
On peut voir en ce te démarche
l’émergence d’une véritable culture contestataire sur plusieurs registres. constitués de l’ancien journaliste
judiciair européenne. Selon l’auteur, Du point de vue de la sociologie de d’investigation Denis Robert, de
les magistrats italiens auraient servi l’action co lective, l’Appel de Genève l’éditeur militant Laurent Beccaria et
d’exemple dans les années 1990, e le puise dans l’ensemble de la trilogie des sept magistrats nationaux. L’ouvrage
met en évidence que l’hétéro-
insist en soulignant que le prolongement
de l’action isolée de ces quelques à savoir le recours au scandale, le disgénéité
des opérateurs, loin d’être
des registres d’action contemporains,
juges ne pou ra exister que si des instances
politiques décident de leur faci-
du nombre. Le deuxième registr est En e fet, la co lectivisation de leurs
cours d’expertise et la mobilisation une faiblesse, avait été mise à profit.
liter la tâch et de lu ter e fectivement l’envergure européenne laissant apparaître
des mécanismes d’européa-
produire un discours cohérent, cré-
ressources et savoir-faire a permis de
contre la délinquance internationale.
L’Appel de Genève, lancé 1 er nisation de certains segments de dibl et inte ligible sur le développement
de la criminalité organisée et
octobre 1996, dénonce à l’ombre magistratures nationales. Aussi, ils
d’une Europe o ficie le, visibl et respectable,
« une Europe plus discrète, organisée sous une forme transna-
médiatiques et éditoriales perme tant
brandissent la menace crimine le d’actionner les caisses de résonance
moins avouable » écrit Natacha Paris- tionale. Détenteurs et propagateurs d’être entendu dans « l’espace public ».
Ficare li - C’est l’Europe des paradis d’un discours sur la criminalité Soulignons que si les cinq nationalités
représentées et la publicité donnée
fiscaux qui prospèrent sans vergogne grâce organisé et la coopération judiciaire
aux capitaux auxquels e le prête un refuge européenne, ce segments des magistratures
nationales constituent les dimension européenne inédite,
confèrent à ce te action co lective une
complaisant. C’est au si l’Europe des places
l’Appel
270
Compte rendu des XVI e journées
européennes des représentants
territoriaux de l’État
7 - 9 mai 2009 - Stockholm
Avec la participation de :
272
Du terrain du risque au terrain
de la crise
Fondamentaux à l’usage des organisations
Carole DAUTUN
From risk managemen to crisis management:
basic tenets for the use of organisations
n page 1 22/10/09 10:35 Page 19
Depuis plus de trente ans, les crises, qu’e les soient organisationne
les, industrie les, nature les ou environnementales,
sont étudiées sous di férents angles de recherche selon
des approches théoriques et pratiques. L’intérêt que nous
portons sur ces situations n’a jamais été auss important que
ces dernières années. Face à un contexte particulièrement
labile, propice à l’apparition de situations limites et dépassant
les cadres habituels de référence, les États, les organisations
publiques et privées, ainsi que les populations, doivent
réagir promptement. Cet article a pour objectif de clarifier
certains concepts et d’apporter des éléments de réponses
aux diverses questions que se posent les acteurs impliqués
dans la résolution de ce situations.
Researchers- both theorists and practical experts - have been studying a l aspects of crises in organisations,
industries, nature and the manmade environment for more than thirty years. Interest in these situations is now
higher than ever. The present context is particularly sensitive and prone to give rise to situations that may slip
over th edge of the usual frameworks of reference. States, public and private organisations and the general
public have to react quickly. This article aims to clarify some points and propose some answers to the types of
questions raised by people involved in crisis management.
Carole Dautun
Docteur en scienc et génie de l’environnement, chargée d’études et de recherches en gestion de crise au
Département sécurité économique et gestion de crise l’INHES, e le a soutenu une thèse sur la gestion des crises
de grande ampleur ou comment améliorer l’aide à la décision en situation de crise. Ces fondamentaux
théoriques sont issus d’un travail de recherche mené dans le cadre du GIS AGECRIS (Groupement d’intérêt scientifique
d’aide à la gestion des crises) créé en 2004 conjointement par l’INHES, l’École des Mines d’Alès (EMA),
l’Institut national de l'environnement industriel et des risques (INERIS) et l’École nationale des o ficiers de sapeurspompiers
(ENSOSP).
D
Anna AHR EVERTSON, Programme Coordinator, Län styrelsen I Stockholm Län SUÈDE
Hans ANGERER, Regierungspräsident a.D., EASTR honorary member ALLEMAGNE
Thie ry AUMONIER, Administrateur délégué AERTE AERTE
Lars BÄCKSTRÖM, Governor, Vâstra Gôtaland County SUÈDE
Svein BERBU, Deputy Director General, Ministry of Government Administration and Reform NORVÈGE
Roland BERDOZ, Préfet de Vevey – Canton de Vaud SUISSE
Anders BJORK, Governor of Uppsala SUÈDE
Yvan BLOT, Inspecteur général d’administration, IGA – Ministère de l’Intérieur FRANCE
Olivier BRET, Directeur adjoint, Veolia eau Royaume-Uni/Europe du Nord FRANCE
Anne-Christine BRUSENDORFF, Profe sionnal secretary, Helsinki Commi sion FINLANDE
Dominique BUR, Préfet de la région Midi-Pyrénées, Préfet de la Haute-Garonne FRANCE
Marc CABANE, Préfet du Maine-et-Loire FRANCE
Daniel CANEPA, Préfet de la région Ile-de-France, Préfet de Paris, Président de l’ACPHFMI FRANCE
Solange CARMONA, Secrétaire générale AERTE
Maria Gabrie la CASACCIO, Vice prefe to aggiunto – ANFACI – Prefe tura de l’Aquila ITALIE
Andreas CHRISTODOULIDES, District O ficer (Eparkhos) of Paphos CHYPRE
Stéphane CRUSNIERE, Chef de cabinet, Gouvernement provincial de Brabant Wa lon BELGIQUE
Lodewijk DE WITTE, Gouverneur – Provincie Vlaams-Brabant BELGIQUE
Frédéric DOHET, Chargé de mi sion auprès du D G délégué, Réseau de transport d’électricité FRANCE
Claude DURIEUX, Gouverneur, Province de Hainaut BELGIQUE
Anne ENGER, County governor, Fylkesmannen stfold NORVÈGE
Björn ERIKSSON, Governor, Östergötland SUÈDE
Danièle EVEN, Chef du secrétariat permanent, ACPHFMI FRANCE
Michel FORET, Gouverneur, Province de Liège BELGIQUE
Graham GARBUTT GRANDE-BRETAGNE
Anne Cathrine HAGLUND, Former Governor, EASTR honory memb er SUÈDE
Christian HEBRANT, Chef de cabinet du Gouverneur, Province de Namur BELGIQUE
Cathy HILL, Head of Environmental Analysis Section, County Administrative board of StockholmSUÈDE
Barbro HOLMBERG, Governor, Gävleborg County SUÈDE
Jean-Martin JASPERS, Délégation aux a faires internationales et européennes, Ministère de l’Intérieur FRANCE
Sif JOHANSSON, DG Environment, European Commi sion UNION EUROPEENNE
Bo KALLSTRAND, Governor of Västerno rland SUÈDE
Åsa-Bri t KARLSSON, Environment State Secretary SUÈDE
284
Association Européenne de Représentants Territoriaux de l’État
Association sans but lucratif selon la loi belge du 27 Juin 1921
Secrétariat Général des Journées européennes : 8, rue Fa lempin, 75015 Paris – France
Tel: +33(0)1 45 75 14 00 – Fax: +33 (0)1 45 77 69 65
www.journees.europeennes.org
« Risque sismique dans les zones
à sismicité modérée :
de l'aléa à la vulnérabilité –
Qu'a-t-on appris depuis un siècle ?»
Compte rendu du Congrès scientifique « Provence 2009 »
Olivier BELLIER
D
Capacités d’absorption et gestion
de crise : les pratiques d’intelligence
économique des PME
Catherine de LA ROBERTIE, Norbert LEBRUMENT
actions d’influence visant à de servir leurs intérêts. En ce
doivent faire face à des menaces multiples sens, l’inte ligence économique constituerait un ensemble
pouvant engendrer des crises plurie les de pratiques au service de l’anticipation ou de la maîtrise
dont les conséquence sont susceptibles de de crises éventue les. Mais, précisément, que recouvrent
reme tr en cause la pérennité de leur activité: les pratiques d’inte ligence économique au sein des PME ?
substitu technologique invalidant la valeur d’un Que les en sont le spécificités et sur que les conditions
produit ; bouleversements politiques majeurs me tant à organisationne les reposent-e les ? Prenant appui sur une
mal des relations institutionne les de confiance ti sées au étude menée au sein de 25 PME du pôle de compétitivité
fil des années ; nouve le réglementation rendant obsolètes « Images et Réseaux » de la région Bretagne, l’objectif de
certains investissements dans l’outil industriel ; fai lite cet articl est de mieux cerner le spécificités des pratiques
d’un client a surant une large part du chi fre d’a faires d’inte ligence économique au service de la gestion de crise
des PME.
ans une économie mondialisée, les entreprises
projeté… Si la nature des menaces est pluriforme, leurs
e fets peuvent entraîner l’entreprise vers une fin univoque :
la ce sation d’activité précédée, au mieux, d’un plan de
sauvegarde de l'emploi, sinon de licenciements brutaux sans
accompagnement aucun. La rapidité du développement
d’une crise a lant de l’actualisation d’une menace à la
remis en cause de la pérennité d’une activité est d’autant
plus grande au sein des PME que ce les-ci ne po sèdent
pas les re sources financière su fisantes pour se donner
le temps de « gérer » la crise.
ans le cadre des manifestations en commémoration
du séisme de Provence du du séisme de Provenc est apparue comme l’occasion de
témoignent encore de cet événement. La date anniversaire
11 Juin 1909 (http://www.seisme-1909- communiquer fortement sur le risque sismiqu et sur la
provence.fr), un colloque international manière de l’appréhender. Le risque sismique demeure
intitulé « Provence 2009 », organisé du 6 au une des catastrophes nature les les plus destructrices au
8 jui let à Aix-en-Provence, rassembla des experts internationaux
pour échanger autour de la gestion du risque
mond et un des risques majeurs en France.
sismique en zone à sismicité modérée à l’échelle locale,
nationale et internationale.
Le séisme de Provence (ou de « Lambesc ») du 11 juin
1909 est l’événement instrumental le plus important de
l’histoire de France. C’est le dernier séisme destructeur de
Provence, mais c’est aussi le séisme le plus catastrophique Même si, à l’échelle mondiale, la région PACA est caractérisée
par un aléa sismique modéré, e le n’en demeure
qu’ait connu la France métropolitaine durant le dernier
siècle, et l’un des plus importants des deux derniers millénaires.
Il a causé la mort de 46 personnes, détruit ou concernées par le risque sismique. Comm en témoigne
pas moins, à l’éche le nationale, l’une des régions les plus
endommagé plusieurs vi lages dont Rognes, Saint-Cannat, son histoire, sa sismicité historique y est une des plus importantes
du territoire métropolitain, avec depuis le
Lambesc, Vernègues et Pelissanne ainsi que plusieurs
quartiers de Salon-de-Provence. Bien que ce séisme reste XV e siècle plusieurs séismes d'intensité 1 égale ou supérieure
à VIII (Lambesc en 1909, région de Manosqu en
très présent dans la mémoire des Provençaux, cent ans
après son occurrence : ruines, bâtiments endommagés, 1509 et 1708, région de Nice en 1494, 1618, 1644, 1854,
archives familiales ou co lections de cartes postales etc.), impliquant l'existence de fai les actives 2 ayant un
Se fondant sur les résultats d’une étude de terrain menée auprès de PME du pôle de compétitivité « Images &
Réseaux » de la région Bretagne, cet article vise à re saisir les condition sur lesque les repose l’e ficacité des pratiques
d’inte ligence économiqu en matière de gestion de crise. Par-delà la compréhension des conditions organisationne
les des proce sus d’inte ligence économique au fondement de la réactivité d’une entreprise en temps
de crise, l’intérêt de ce te étud est de proposer des recommandations pratiques fondée sur un enquête de terrain.
Menant une analyse conciliant approfondi sements conceptuels et analyses descriptives, notre approche permet
ainsi aux dirigeants de PME d’acquérir une plus grande acuité lorsqu’il s’agit d’accroître l’agilité de leur organisation
au moyen de pratiques d’inte ligence économique, et ce, tout particulièrement en situation de crise.
Dans de te les conditions, le recours aux outils de
l’inte ligence économique est néce saire aux PME en ce
qu’e le leur permet, d’une part, d’identifier les signaux Le premier apport de l’étude qualitative que nous avons
faibles émergeant de leur environnement qui sont autant mené est de constater la sensibilisation des dirigeants de
de menaces potentie les, et, d’autre part, de réagir à des PME interviewés aux enjeux et aux apports de l’inte ligence
S
PACA, une région à sismicité
modérée, mais une des plus
à risque du territoire
(1) Intensité d'un séisme : estimation qualitative de l'énergie libérée par un séisme à partir des e fets ressentis en surface. Les éche les MSK
ou EMS98 généralement utilisées en Europe comprennent 12 degrés (en chi fres romains). Le degré IV caractérise un séisme ressenti
par la population, mais qui ne produit pas de dommage, alors que le séismes d'intensité supérieurs V engendrent des dégâts. Il est
possible d'établir des relations empiriques entre intensité et magnitude, pour une région donnée. Par exemple, une intensité de
V I–VIII peut co respondre à une magnitude de l’ordre de 5.5 dans le sud-est de la France.
(2) Faile : discontinuité ou fracture a fectant la croûte te restre montrant un mouvement relatif des deux bloc séparés par la fai le. Le
déplacement entre les deux bloc s'appe le le rejet. C'est en fonction du type de rejet qu’est établie la classification des fai les. Ainsi,
une faille décrochante est caractérisée par un rejet essentie lement horizontal dans le plan de la faille. Une fai le peut être considérée
comme active si e le a subi au moins une réactivation sismique au cours du Quaternaire (sur les deux derniers mi lions d’années), et
(ou) si e le montre des évidences de déplacemen très récent à actuel.
19
p:Mise en page 1 22/10/09 12:05 Page 253
Polyvalence de la réalité empirique
des pratiques d’intelligence
économique des PME
L’inexistence avérée de démarches
d’intelligence économique formalisées
253
Armes « non létales », « à létalité réduite»,
« de neutralisation momentanée »
Irruption récente dans le débat public d’un
questionnement classique
François Dieu
la faculté d'infliger des destructions massives au moyen
d’armes nucléaires, mais aussi de recourir, le cas échéant,
à une force savamment dosée et graduée à l'encontre de
manifestants qui protestent contre le transport de déchets
nucléaires.
La question de l’usage de la force est au cœur de la
définition de la fonction policière, même si e le est devenue
0/09 12:03 Page 241
i, au plan de la gouvernance, la démocratie, qui une simple péripétie du travail policier, contrairement à
postule la participation effective des citoyens à la ce qu’a pu prétendre le criminologue québécois Jean-Paul
chose publique, s’apprécie à l’aune de sa capacité Brodeur 4 dans sa critique peu convaincante des travaux
à reconnaître un rôle politique aux minorités et précurseurs d'Egon Bi tner 5 . Parce qu'e le incarne une
oppositions ; au plan de la régulation sociale, l’apanage de structur et un symbole d'autorité dont la raison d'êtr est
ce type de régimes réside dans sa propension à s’imposer de perme tre à l'État de conserver son statut de détenteur
une euphémisation tendancielle du recours à la force. exclusif de la menace instituée, la police est nécessairement
Ce te « répression de la répression » est rendue inéluctable une agence sociale de production et de distribution d'une
par les principes libéraux, mais aussi exprime, sur un violence impersonne l et dépassionnée (ce que traduit la
plan plus général, l'a lergie croissante du système social à notion juridique de « force »). La violence revêt pour la
l'égard des formes de violence (physique), significative de police une dimension à la fois fondatrice et fondamentale 6 :
cette « civilisation des mœurs » dépeinte par Norbert fondatrice parce que le souci de rendre effectif le monopole
Elias 1 , qu'il s'agisse des violences privées « colériques » de la contrainte physique est à l'origine de l'émergence
(contestataires et déviantes), mais aussi des manifestations des institutions policières ; fondamentale parce que, de
« instrumentales » (rationne les et légales) de la violence même qu'on ne peut concevoir d'État sans organisation
d'État 2 . Le domaine du maintien de l’ordre – la « police chargée de faire respecter les règles qu'il a édictées, il paraît
des foules » – représente une des formes les plus abouties difficile d'appréhender l'activité policière sans envisager
de l'instrumentalisation et de la sophistication de la la possibilité qui est reconnue à la police d'user en ultime
violence d'État 3 , capable de dissuader des agressions par recours de la violence.
Le souci de recourir à une forc euphémisée a conduit,
avec l’avènement de la démocratie, les forces de sécurité à
se doter progressivement d’arme susceptibles de s’opposer
aux troubles co lectifs et individuel sans pour autant porter
(1) La civilisation des mœurs (1939), trad. française, Presses Pocket, Agora, Paris, 1976.
(2) Pour reprendre la distinction de Philippe Braud, Les jardins des délices démocratiques, Presses de la FNSP, Paris, 1991,
p. 136-156.
(3) Cf. François Dieu, « Manifestations et maintien de l’ordre », in Traité de sécurité intérieure, sous la dir. de Maurice Cusson,
Benoît Dupont et Frédéric Lemieux, Editions Hurtubise HMH, Cahiers du Québec, 2007, p. 152-166.
(4) Jean-Paul Brodeur, « Police et coercition », Revue Française de Sociologie, vol. 35, 1994, p. 457-485.
(5) Pour une synthèse, cf. Egon Bi tner, Aspects of Police Work, Northeastern University Press, Boston, 1990.
(6) Cf. François Dieu, « Éléments pour une approche socio-politique de la violence policière », Dévianc et Société, vol. 19,
1995, p. 35-49.
a teinte de manière irréversible à l’intégrité physique de
citoyens devenus, par la transgression d'une norme juridique,
adversaires (et non ennemis) de l'ordre public.
241
Les Landes, un département dans la tourmente
Étienne GUYOT, Guy GAUJACQ, Sylvaine ASTIC . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 165
Le travail de la Cellule d’Urgence médico-psychologique.
L’exemple de la catastrophe du Concorde en 2000 - Didier CREMNITER . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 174
Des approches encore trop méconnues : réassurance, normalisation
et principe de précaution . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 178
Solvabilité II, la clé de l’avenir de l’assurance - Manuela ZWEIMÜLLER . . . . . . . . . . . . . . . . 179
Principes de précaution, commentaire à partir d’arrêts récents sur les installations
d’antennes relais - Jacqueline DOMENACH . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 184
Les travaux de normalisation dans les domaines de la gestion de crise
et de la continuité des activités - Jean-Marc PICARD . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 194
Réflexions sur la gouvernance ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 201
Étude comparative de l’organisation des pouvoirs publics en temps de crise
dans quelques pays occidentaux - Nacéra AMRAOUI . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 202
Gouvernance et risques émergents : une synthèse des travaux de l’OCDE, SEGC . . . . . . . . . . 215
Le droit de l’État face à la crise - Benjamin PITCHO . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 218
Le traitement des crises en Europe et à l’International . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 225
Protection civile et gestion de crises au niveau européen - Pia BUCELLA . . . . . . . . . . . . . . . 226
La gestion de crise au Japon - Chikao URANAKA . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 232
Repères
Armes « non létales », « à létalité réduite », « de neutralisation momentanée » -
Irruption récente dans le débat public d’un questionnement classique
François DIEU, Pierre THYS, Olivier RAZAC . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 241
Économie
Capacités d’absorption et gestion de crise : les pratiques d’intelligence économique des PME
Catherine DE LA ROBERTIE, Norbert LEBRUMENT . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 253
La lutte contre le blanchiment par « l’approche risque » – Chantal CUTAJAR . . . . . . . . . . . . 262
Notes de lecture
Magistrats en réseau contre « la criminalité organisée » - Corinne FAYOLLE . . . . . . . . . . . . . 270
Ces espions venus d’ailleurs - Gérard PARDINI . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 271
Événements
Di PAOLA:Mise en page 1 22/10/09 11:19 Page 146
Compte rendu des XVI e journées européennes des représentants territoriaux de l’État
Alexandre MOUTON . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 272
Compte rendu de congrès scientifique Provence 2009 : centenaire du séisme de Lanbesc
Olivier BELLIER . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .284
Articles disponibles sur www.cahiersdelasecurite.fr
Le positionnement de l’OTAN
dans la gestion de crises
autres que principalement militaires
Giampaolo Di PAOLA
La gestion de crise partenariale public-privé : de la crise de confiance à la prise de conscience
D. A. DELAVOËT, X. GRAFF, D. GILLARD-CHEVALLIER, G. PARDINI
www.cahiersdelasecurite.fr/cs10/GT-3PGC
Ne pas se tromper de crise - Jean-Louis DESCHANELS
www.cahiersdelasecurite.fr/cs10/deschanels
Prise d’otage de Beslan, et redimensionnement de la réponse contre le terrorisme en France
Denis FAVIER et Philippe FIN
www.cahiersdelasecurite.fr/cs10/favier
146
L’OTAN, qui a 60 ans cette année, n’a cessé de se remettre
en question depuis sa création en 1949. Conçue à l’origine
pour être une alliance militaire de défense co lective de
ses membres dont le fondement repose sur l’article 5 du
traité de Washington 1 , l’OTAN a considérablement évolué
surtout depuis 1994. Ses missions couvrent désormais un
large panel d’interventions a lant du combat de haute
intensité à la stabilisation d’États défai lants ou la formation
des armées étrangères, en passant occasionne lement par
le soutien aux opérations humanitaires.
The NATO’s position in the management of crises that are not who ly military
NATO which has reached its 60th anniversary this year has never ceased to question itself since it was created
in 1949. Origina ly conceived as a military a liance for the co lective defence of its members, with its cornerstone
Article 5 of the Washigton Treaty, NATO has considerably evolved, and particularly so since 1994. Its
missions now cover a broad spectrum of operations which range from high-intensity combat to stabilizing
failing States or training foreign armed forces and occasiona ly providing support to humanitarian operations."
Giampaolo Di Paola
Étienne Guyot
Né en 1944, l'Amiral Giampaolo di Paola intègre la Marine italienne en 1963. Diplômé de l'École Navale en 1966,
il est admis, en 1967 à l'École de sous-marins où il suit la formation navale embarquée. Il a commandé plusieurs
sous-marins conventionnels et bâtiments de surface, le dernier étant le porte-avions "Garibaldi". Il a occupé
différentes fonctions à l'état-major de la Marine et des Armées italiennes, puis au sein du cabinet du ministre de
la Défense, notamment comme chef de Cabinet. En mars 2001, il a été nommé secrétaire général de la
défense-directeur national des armements, et en mars 2004, chef d'état-major des Armées. Depuis le 27 juin
2008, il est président du Comité militaire de l'OTAN. Il est titulaire d'un diplôme en science stratégiques et
militaires et d'un doctorat ad honorem en sciences. Enfin, il a été élevé à la dignité de Grand Croix de l'Ordre du
Mérite de la République Italienne, fait Commandeur dans l'ordre de la Légion d'Honneur Française et a obtenu
la Médai le des Nations unies pour la mi sion de maintien de la paix de l'ONU au Kosovo.
(1) Cet article stipule qu’une attaque contre un des membres sera considérée comme une attaque contre tous les membres qui prendront
toute mesure nécessaire pour a sister la partie attaquée, y compris l’emploi de la force armée.
Les Landes, un département
dans la tourmente
Étienne GUYOT
© Préfecture des Landes. Service communication.
Depuis juin 2009, il est directeur du cabinet du ministre de l’Espace rural et de l’Aménagement du te ritoire, après
avoir été succe sivement préfet du Gers et des Landes. Auparavant, en 2004, il avait été nommé consei ler pour
l'administration te ritoriale et la réforme de l'État au cabinet du ministre de l'Intérieur, de la Sécurité intérieure et des
Libertés locales. Il a également occupé les fonctions de consei ler technique au cabinet du ministre de l'Intérieur,
de la Sécurité intérieure et des Libertés locales de 2002 à 2004 .
165
retour

a Crise n'est plus un événement depuis longtemps. Elle est, de nos jours, un
état ou une situation qui se répète souvent. Le progrès est lui-même source de
crises, car il crée des frustrations et, à bien des égards, de l'insécurité et du
chaos.
Ainsi la crise est devenue permanente, si l’on en croit l’économiste Daniel Cohen.
Il nous faut vivre avec. Cela signifie que nous devons l'inclure dans nos modes de pensée
et dans nos modes d'action. Les exemples récents, qu'il s'agisse de la crise mondiale qui
affecte les économies de tous les pays du monde ou de la pandémie de la grippe A, le
montrent sans ambiguïté. D’autres pourraient s’ajouter et allonger la liste à l’infini.
D’ailleurs, chaque jour de nouveaux risques sont révélés alors qu'ils étaient hier
encore inconnus ou considérés comme mineurs. Ils sont autant de menaces de crises en
puissance susceptibles de nous affecter dans un futur plus ou moins proche. Ces révélations
alimentent et accroissent la demande en sécurité de nos concitoyens qui exigent
des solutions et des protections. Car ils sont à la fois acteurs et victimes des crises et que
l'information omniprésente les tient dans une inquiétude permanente.
La permanence de la crise est donc un facteur puissant et incontournable qui impacte
la gouvernance de nos sociétés.
Le paradoxe est que le chaos apparent qui accompagne une phase de crise devient
une cause de réaction et donc un facteur d'organisation. Le revers de la médaille est que
le court terme est trop souvent l'échelle de temps qui affecte la réponse humaine et
organisationnelle à la crise. C'est pourquoi une réflexion doit être conduite afin de mieux
conceptualiser cette réalité qui s'est invitée dans notre vie.
Une crise doit faire l’objet de mesures de prévention afin d’atténuer l’effet de surprise
qui peut démultiplier ses conséquences délétères. Ensuite, les organisations publiques
et privées doivent mettre en œuvre des mesures de gestion qui vont permettre de la
contenir et de juguler ses répercussions pour les acteurs les plus exposés. Enfin, la crise
doit être étudiée pour en tirer des enseignements qui permettront d’affronter sa répétition
dans le futur.
Des réponses apportées dans ces différentes phases dépendent la confiance des
hommes dans l’action des organisations et, au-delà, leur survie lorsqu’ils sont directement
exposés.
André-Michel VENTRE
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5

Une histoire de l’entrepreneuriat illicite
Des ajustements et des stratégies innovantes
dans les marchés de la drogue en Colombie
Chantal PERRAS
La plupart des analyses supposent que
l’intervention policière seule va avoir un
impact sur le prix ou sur la pureté des
drogues, à un niveau ou à un autre de
la chaîne de distribution. Pourtant, Kopp
[1997] a démontré que ce n’est pas si simple 1 . Les raisons
des variations dans les marchés sont mal connues, et il
existe peu d’analyses fournissant une explication de ces
transformations. Il est peu probable que le travail policier
ait la capacité à lui seul d’expliquer les variations. C’est
pourquoi il est important d’explorer d’autres facteurs. Les
perceptions mal informées des trafiquants à propos des
risques encourus et les raisons de poursuivre dans cette
voie doivent être considérées. Les capacités d’adaptation
des trafiquants ne doivent pas non plus être négligées.
Morselli [2001] étudie les stratégies gagnantes des leaders
criminels. Pour contrer les actions policières et éviter les
coûts associés, les trafiquants diversifient leurs activités.
Dans cette étude, les indépendants tendent à diversifier
la nature des activités auxquelles ils se consacrent, tandis
que les membres de groupes « organisés » sont davantage
orientés vers la diversification des marchés en termes
géographiques.
La finalité de cet article est de comprendre ce qui fait
changer les trafiquants de produit et/ou de stratégie. On
sait que le travail de la police peut contribuer à faire
changer les routes empruntées de même que la nature du
produit qu’ils trafiquent. Morselli et Petit [2007] font la
démonstration que les groupes criminels sont flexibles
et capables de s’adapter à de nouveaux contextes créés par
la police. Les trafiquants modifient leurs stratégies et la
nature du produit qu’ils offrent à la fois pour répondre
aux pressions de la police, mais aussi aux besoins des
consommateurs. L’action de la police doit être mise en
contexte en explorant les autres facteurs qui sont importants
dans la lutte contre les stupéfiants, comme l’environnement
légal, la situation économique, la stabilité politique et la
corruption, la nature des groupes criminels et leur composition.
Un moyen de comprendre quels facteurs ont
une influence est d’étudier un groupe particulier sur une
longue période et d’observer les changements internes et
externes qu’il expérimente. L’angle d’étude choisi est celui
de l’installation par les trafiquants colombiens du marché
illicite de drogue et son évolution sur une longue période,
de 1920 à 2000. L’analyse révèle essentiellement que l’intervention
policière n’est pas le facteur d’impact unique
des variations dans l’offre de drogue des trafiquants
colombiens. Ce résultat va dans le sens des conclusions
de Kopp [1997]. Elle met en exergue d’autres facteurs dont
la capacité d’ajustement et d’innovation des trafiquants.
La logique prédominante sous-jacente est davantage économique
et proactive que réactive et protectionniste, bien
que cette dernière ait tout de même sa place, dans une
moindre mesure.
Les entrepreneurs illégitimes
La plupart des recherches criminologiques présupposent
qu’il est négatif en soi ou mauvais de poursuivre une
carrière criminelle. La recherche sur les trafiquants de
drogue tend à montrer que ceux-ci sont au contraire très
bien adaptés, et donc que le fait de poursuivre une
carrière criminelle peut être conçu comme étant positif.
Cette différence de vue permet de passer de l’analyse des
motivations à celle des opportunités et des contraintes de
l’environnement social dans lequel les trafiquants évoluent.
(1) En effet, le marché de la drogue répond également à un autre phénomène : l’inélasticité relative de la demande de drogue, qui n’est
pas égale pour tous les types de drogues. Les recherches sur les routes montrent également que, selon le type de drogues, elles vont
être plus ou moins longues et vont comporter plus ou moins d’intermédiaires.
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7

actualité depuis plus de dix ans nous force à constater que nous avons
nous-mêmes engendré un maillage socio-économique d’une telle
ampleur que nous alimentons en permanence la complexité qui
aggrave les risques. Cette situation fait croître et élargir les menaces et
rend les crises de plus en plus difficiles à gérer et à maîtriser. Pour ajouter
encore à cette complexification, nous assistons également à une remise en cause
insidieuse de l’expertise scientifique sous couvert parfois d’une application
pseudo-juridique du principe de précaution.
L’analyse historique ne peut être négligée pour appréhender un tel contexte.
Jared Diamond en 2005 1 a analysé finement les effondrements sociétaux du
passé. Il en ressort un process quasi immuable depuis deux millénaires : la croissance
démographique contraint les populations à produire plus ; l’accroissement de
la production entraîne des pratiques conduisant à des dommages environnementaux
(déforestation, restructuration de l’habitat, érosion, perte de fertilité des sols, gestion
de l’eau, prélèvements excessifs dans le biotope, introduction d’espaces allogènes
parmi les espèces autochtones, croissance démographique et augmentation de
l’impact humain par habitant).
Cette situation a toujours eu pour conséquences des famines, des épidémies
et/ou des guerres. Notre siècle dérogera-t-il à ce cycle ?
Parler des risques et des crises au XXIe siècle, c’est s’interroger sur les
interactions entre la gestion des ressources et la légitimité des gouvernements
ainsi que des élites dirigeantes à traiter la question. La désespérance que nous
palpons dans certaines catégories sociales de nos pays industrialisés est-elle
finalement d’une nature si différente que celle éprouvée dans d’autres pays ?
La situation de notre monde est aujourd’hui encore plus sensible que celle qui
a été constatée lors de la première mondialisation au XIXe siècle. Les changements
climatiques, les émissions de produits toxiques, l’utilisation humaine maximale
des capacités de photosynthèse disponibles sur terre et les pénuries d’énergie
viennent encore ajouter des facteurs à notre grille d’analyse et brouiller notre
prospective. La crise économique, que nous traversons, ne constitue pas une
nouveauté, mais participe également à renforcer cet environnement d’incertitude.
Le lecteur consciencieux de cette revue n’aura pas de réponse sur l’avenir du
monde, ni sur le fait de savoir si les risques évoqués sont manifestement exagérés
ou sous-estimés. Il pourra, en revanche, se forger une opinion sur l’importance
de disposer d’une solide capacité d’analyse, de tirer des leçons des crises passées,
de disposer d’une gouvernance cohérente des différents niveaux qui constituent
(1) Jared Diamond : Collaps: How societies chose to fail or succeed, Viking-Penguin; 2005. Gallimard 2006
pour l’édition française intitulée : Effondrement. Jared Diamond est biologiste, physiologiste et géographe.
Il enseigne actuellement la géographie à l’université de Californie (Los Angeles).
16
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Du terrain du risque au terrain
de la crise
Fondamentaux à l’usage des organisations
Carole DAUTUN
© Fotolia
Depuis plus de trente ans, les crises, qu’elles soient organisationnelles,
industrielles, naturelles ou environnementales,
sont étudiées sous différents angles de recherche selon
des approches théoriques et pratiques. L’intérêt que nous
portons sur ces situations n’a jamais été aussi important que
ces dernières années. Face à un contexte particulièrement
labile, propice à l’apparition de situations limites et dépassant
les cadres habituels de référence, les États, les organisations
publiques et privées, ainsi que les populations, doivent
réagir promptement. Cet article a pour objectif de clarifier
certains concepts et d’apporter des éléments de réponses
aux diverses questions que se posent les acteurs impliqués
dans la résolution de ces situations.
From risk management to crisis management:
basic tenets for the use of organisations
Researchers- both theorists and practical experts - have been studying all aspects of crises in organisations,
industries, nature and the manmade environment for more than thirty years. Interest in these situations is now
higher than ever. The present context is particularly sensitive and prone to give rise to situations that may slip
over the edge of the usual frameworks of reference. States, public and private organisations and the general
public have to react quickly. This article aims to clarify some points and propose some answers to the types of
questions raised by people involved in crisis management.
Carole Dautun
Docteur en science et génie de l’environnement, chargée d’études et de recherches en gestion de crise au
Département sécurité économique et gestion de crise à l’INHES, elle a soutenu une thèse sur la gestion des crises
de grande ampleur ou comment améliorer l’aide à la décision en situation de crise. Ces fondamentaux
théoriques sont issus d’un travail de recherche mené dans le cadre du GIS AGECRIS (Groupement d’intérêt scientifique
d’aide à la gestion des crises) créé en 2004 conjointement par l’INHES, l’École des Mines d’Alès (EMA),
l’Institut national de l'environnement industriel et des risques (INERIS) et l’École nationale des officiers de sapeurspompiers
(ENSOSP).
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19

Cahiers de la sécurité – n°10 – octobre-décembre 2009
Bibliographie (suite)
VAUGHAN (D.), «Theorizing disaster: Analogy, historical ethnography and the Challenger accident», Ethnography, 2004,
Vol.5, N°3, p.315-347.
WEBB (G.R.), CHEVREAU (F.R.), «Planning for improvise: The importance of creativity and flexibility in crisis response»,
International Journal of Emergency Management, Vol. 3, N°1, p. 66-72.
WEICK (K.E.), «The vulnerable system: An analysis of the Tenerife Air Disaster», Journal of Management, 1990, Vol. 16,
N°3, p. 571-593
WEICK (K.E.), «The collapse of sensemaking in organizations: The Mann Glush Disaster», Administrative Science Quarterly,
1993, Vol. 38, N°4, p. 628-652.
WEISAETH (L.), KNUDSEN (O.), «Technological disasters, crisis management and leadership stress», Journal of Hazardous
Materials, 2002, Vol. 93, N°1, p. 33-45.
WYBO (J.L.), «Mastering risks of damage and risks of crisis: The role of organizational learning», International Journal
of Emergency Management, 2004, Vol. 2, N°1-2, p. 22-34.
Termes et concepts
***
Jean-Marc PICARD
Quelques termes font l’objet d’un consensus,
mais le temps d’un vocabulaire unifié est
encore loin.
Crise et urgence
Le distinguo crise et urgence semble partagé. La crise
peut être minime, l’urgence considérable, sachant que la
crise est un état dans lequel les moyens de traitement des
conséquences ou de prévention sont inopérants, inexistants
ou inconnus. Pour certains, l’issue est tout simplement
inconnue. Ainsi, la crise est avant tout différente de
l’urgence par un facteur d’incertitude très important.
C’est le sens de la crise tel qu’il est induit par la loi 2004-
811 sur la sécurité civile, par exemple, ou dans différents
textes réglementaires comme la circulaire du 15 mars
2005 du ministère de l’Écologie et du Développement
durable. Mais ce distinguo n’est pas partout acquis :
Afnor et le référentiel 252 canadien n’en disposent pas
identiquement.
Selon Afnor : « la crise est un événement soudain causant
des pertes et des dommages importants, entraînant une interruption
d’une ou plusieurs activités critiques ou un arrêt de
l’organisme, ayant des impacts à long terme et nécessitant le
recours à la Cellule de Crise et, le cas échéant, à un site alternatif.
Une crise peut avoir des conséquences sur la survie même
de l’entreprise ».
Commentaire judicieux du Club de la continuité d’activité
: « La crise est la conséquence d’un événement plutôt que
l’événement lui-même. On parle de situation de crise.»
Selon le glossaire 252, la crise est une : « situation qui
porte atteinte en quelque sorte aux convenances, aux traditions
ou aux valeurs, à la sécurité ou à la protection du public, ou
encore à l'intégrité du gouvernement. Nota les termes « crise » et
« urgence » ne sont pas interchangeables. Toutefois, une crise peut
devenir une urgence. Ainsi, l'agitation civile résultant d'une
politique gouvernementale impopulaire peut entraîner des
émeutes générales ».
Le terme de crise n’est donc pas défini clairement ni
dans les normes ni dans la réglementation pour l’instant.
Dans la plupart des référentiels d’origine anglo-saxonne
(dont ISO 22399), la crise est associée à l’urgence alors
que l’on insiste surtout sur la notion de désastre (disasters).
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L’approche systémique des crises
Une vision à travers la crise économique de 2008
Patrice HERNU, Steve OHANA
Une partie des éléments qui génèrent une crise provient des relations entretenues entre le noyau de la crise
et le système que constitue son environnement. Quand l’essentiel réside dans cette relation, la crise est dite
« systémique ». En revisitant son déroulement et celui des crises systémiques historiques qui l’ont précédée,
est-il possible de déceler les failles qui transforment les premières vaguelettes en vagues du siècle ? Certains
paradoxes propres au caractère systémique apparaissent : le régulateur du système est conduit à prendre des
mesures qui peuvent amplifier le mécanisme propagateur des crises suivantes. Les crises systémiques étant
dues à une intelligence globale défaillante de certains processus collectifs, leur prévention passera moins par
l’intervention providentielle d’un « super-régulateur » que par une refondation théorique et épistémologique.
The systemic crisis: A vision through the last economic crisis
Some of the elements that create a crisis come from the relationships between the core of the crisis and its
surrounding environment. When the essential understanding key lies in this relationship, the crisis is called
“systemic”. In revisiting the progress of the “subprime” crisis and of the historical systemic crises that preceded
it, is it possible, within a standard prevention approach, to detect flaws that turn ripples into rogue waves? Some
paradoxes appear: the regulator of the system is driven to take actions that may exacerbate the propagator
mechanism of the following crisis. Because systemic crises are related to a lack of understanding of some
collective processes, their prevention will not come from the providential intervention of some “super-regulator”
but instead from a theoretical and epistemological aggiornamento.
Patrice Hernu
Administrateur de l’Insee, il est économiste de formation. Il est diplômé de l'École nationale de la statistique et de
l'administration économique (ENSAE). Il est titulaire d’un doctorat d'économie appliquée, d’un doctorat de
mathématiques appliquées à la gestion des entreprises et d’un diplôme d'expert fiscal (ENI). Il est également,
depuis 2007, conseiller du directeur de l’Inhes sur les questions environnementales. Il travaille actuellement sur
l’économie du carbone et celle des ressources critiques dans le cadre d’un concept de « globalocalité » qu’il a
contribué à développer.
Steve Ohana
Professeur de Finance à l’ESCP Europe, il est le co-fondateur de Riskelia, société de conseil en gestion des risques.
Il est diplômé de l’École polytechnique. Il a rejoint l’ESCP Europe après un post-doc de deux ans à Birkbeck,
University of London, où il continue d’enseigner la finance des matières premières. Ses recherches actuelles portent
sur la prise en compte des événements rares dans la gestion des risques, la modélisation des prix du carbone et
des denrées agricoles, l’analyse des déterminants géologiques et géopolitiques des marchés de l’énergie et l’analyse
des nouvelles tendances d’investissement.
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39

Risques, incidents, accidents
et catastrophes
Réflexions sur les transferts notionnels
entre les cindyniques, la sociologie des risques
et les études de la sécurité
Tawfik BOURGOU
Le point de départ de cet article est le constat d’une double césure. D’abord, celle intervenue
au début des années 1990 avec l’élargissement de la notion de sécurité aux risques environnementaux,
aux risques sociaux et politiques et à certains objets relevant jusqu’alors de la
criminologie. Ensuite, celle intervenue après le 11 septembre 2001 centrée sur la globalisation
des risques. Cet article propose d’analyser à l’aune de ce double mouvement, les transferts de
notions et de techniques des sciences du danger, de la sociologie du risque vers les études de
sécurité. En sens inverse, il analyse l’intégration des risques sociaux et politiques, des risques
géopolitiques aux problématiques centrales des sciences du danger et à la sociologie des risques.
Enfin, cet article trace les contours d’un bilan du transfert des techniques, inspirées par la gestion
des risques, transférées vers les études de sécurité.
Risks, incidents, accidents and disasters
Thoughts on the transfer of concepts between risk analysis, risk sociology and security studies
This article stems from the observation that there are two distinct turning points. The first was at the beginning
of the 1990s with the growth of security against environmental risks, social and political risks and some
elements which used to be part of criminology. The second came after 9/11/2001, with the globalisation of risk.
This article aims to analyse - against the yardstick of these two distinct changes - the transfers of certain concepts
and techniques from danger studies and risk sociology towards security studies. It also analyses how sociopolitical
and geopolitical risks have been integrated in the opposite direction into the core issues of danger
sciences and risk sociology. Lastly, this article sketches a summary of the techniques transferred from risk
management to security studies.
Tawfik Bourgou
Maître de Conférences en Science politique, faculté de Droit, université Jean Moulin, Lyon 3. Fondateur et
directeur du Centre d’études de la politique et des institutions américaines (CEPIA). Il a coordonné le programme
de recherche : « Crise de l’expertise et nucléaire » et dirigé le programme « Biotechnologies, risques et décision ».
Actuellement, il dirige le programme « Risques Globaux, politique étrangère et politique de défense américaines ».
Il a publié Politiques du risque en 2005(Perspectives Juridiques) et Politologie du risque en septembre 2009.
Il collabore aussi, dans le cadre d’un Master 2 Recherche, avec l’École nationale supérieure de la police (ENSP).
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53

« Société de l'Information »,
aveuglement et décèlement précoce
des dangers et menaces
Xavier RAUFER
« Il y a pire que la cécité, c'est l'aveuglement, qui croit qu'il voit -
et qu'il voit de la seule façon possible - quand c'est pourtant
cette croyance où il est qui lui bouche toute vue » 1
© Fotolia
Dans le monde chaotique présent, alors que les dangers
surgissent de façon parfois fulgurante, l'État souverain ne
peut plus se borner à renvoyer les balles, se servir d'outils
seulement curatifs. Il doit comprendre qu'il existe un futur
intelligible ; qu'on peut optimiser la collecte et l'analyse de
l'information stratégique, les rendre moins coûteuses, plus
efficaces. L'État doit donc concevoir une doctrine de
sécurité fondée, par nécessité physique, sur la vigilance et
le décèlement précoce. D'où l'utilité d'une réflexion
prescriptive (vouée à prescrire), sur l'art de percevoir à
temps les dangers et menaces relevant de ce qu'on
nomme désormais « sécurité globale ».
"The information society”: blind spots and early detection of threats and risks
In today’s chaotic world, danger can crop up at any time. States can no longer limit their actions to returning
volleys, or make use of tools that are only remedial. They have to understand that the future is intelligible. It is
possible to optimise the gathering and analysis of strategic information to make this process less costly and more
efficient. States thus have to design a physical security policy based on vigilance and early detection. For this
reason one should consider the art of perceiving the risks and threats of “global security” in good time.
Xavier Raufer
Chargé de cours à l’Institut de criminologie de Paris à l’université Panthéon-Assas, Paris II, et directeur des études
du Département de recherche sur les menaces criminelles. Il est également chargé de cours à l’École des officiers
de la Gendarmerie nationale, professeur affilié à l’EDHEC, et professeur associé à l’École supérieure de Police
criminelle de Chine. Il est conseiller éditorial aux éditions Odile Jacob et a publié L’énigme Al-Qaida en collaboration
avec Alain Bauer (J.-C. Lattès, 2005) et La Camorra, une mafia urbaine (La Table Ronde, 2005).
(1) Martin Heidegger, Qu'appelle-t-on penser ?, Paris, PUF-Quadrige, 1959.
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65

«
La stratégie de sécurité nationale :
définition et objectifs
Extrait du Livre blanc sur la défense
et la sécurité nationale (2008)
L
a stratégie de sécurité nationale a pour objectif de
parer aux risques ou menaces susceptibles de porter
atteinte à la vie de la nation. » Sa première
finalité est de défendre la population et le
territoire, car il s’agit du devoir et de la
responsabilité de premier rang de l’État. La deuxième est
d’assurer la contribution de la France à la sécurité européenne
et internationale : elle correspond à la fois aux
nécessités de sa sécurité propre, qui se joue aussi à l’extérieur
de ses frontières, et aux responsabilités que la France
assume, dans le cadre des Nations unies et des alliances
et traités auxquels elle a souscrit. La troisième finalité est
de défendre les valeurs du pacte républicain qui lie tous
les Français à l’État : les principes de la démocratie, en
particulier les libertés individuelles et collectives, le respect
de la dignité humaine, la solidarité et la justice. À ces
objectifs concourent :
– la politique de défense, en totalité. Il lui revient
d’assurer la sécurité de la nation face aux risques
d’agression armée, le respect de nos engagements
internationaux en matière de défense, la contribution
de la France au maintien de la paix et de la sécurité
internationales, la participation à la protection de la
population sur le territoire en appui des dispositifs de
sécurité intérieure et de sécurité civile, et à l’étranger ;
– la politique de sécurité intérieure, pour tout ce qui ne
relève pas de la sécurité quotidienne et individuelle
des personnes et des biens, et la politique de sécurité
civile. Au titre de la sécurité nationale, la politique de
sécurité intérieure et la politique de sécurité civile
doivent assurer de façon permanente la protection de
la population, garantir le fonctionnement régulier
des pouvoirs publics et le maintien de la vie normale
du pays en cas de crise, et défendre les intérêts de
sécurité de la nation contre toute menace non militaire
susceptible d’y porter atteinte ;
– d’autres politiques publiques, en premier lieu la
politique étrangère et la politique économique, qui
contribuent directement à la sécurité nationale. La
sécurité de la France peut être mise en péril par l’action
d’États ou de groupes qui se jouent des frontières et
utilisent toutes les ressources de la mondialisation.
Elle peut être touchée par des catastrophes naturelles
ou sanitaires qui appellent des réponses à l’échelle
mondiale.
La sécurité de la France, comme celle de l’Europe, doit
donc être pensée de façon plus globale. La stratégie de
sécurité nationale embrasse aussi bien la sécurité extérieure
que la sécurité intérieure, les moyens militaires comme les
moyens civils, économiques ou diplomatiques. Elle doit
prendre en compte tous les phénomènes, risques et menaces
susceptibles de porter atteinte à la vie de la nation. Une
différence de nature demeure entre les atteintes à la
sécurité résultant d’initiatives hostiles, et celles que ne
sous-tend aucune intention malveillante, comme les
catastrophes naturelles. Mais l’exigence d’anticipation, de
préparation et de rapidité dans la réaction est la même
pour nos concitoyens dans les deux cas. Plusieurs principes
devront dès lors guider la stratégie de sécurité
nationale.
Anticipation-Réactivité
Les incertitudes qui pèsent sur l’évolution de notre
environnement international et son haut degré d’imprévisibilité
obligent à prendre en compte le risque de
surprises ou de ruptures stratégiques.
Les « surprises » stratégiques sont des évolutions ou des
événements inattendus par leur nature ou leur ampleur,
qui modifient ou infléchissent les données de la sécurité
internationale. Certains événements peuvent constituer
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71

Entretien avec Serge MOSTURA *
Directeur du centre de crise du ministère
des Affaires étrangères et européennes (MAEE)
Cahiers de la sécurité : le Centre de crise du
MAEE a été inauguré le 2 juillet 2008. Pourquoi
la mise en place d’une telle structure et quelle
est sa vocation ?
La création du Centre de crise du ministère des Affaires
étrangères et européennes correspond tout d’abord à une
volonté politique exprimée au plus haut niveau de l’État.
Trois étapes marquent la création du centre :
- une lettre de mission, datée du 27 août 2007, adressée
au ministre des Affaires étrangères et européennes par
laquelle le président de la République soulignait la
nécessité de doter le Quai d’Orsay d’une capacité de
gestion des crises lui permettant de remplir son rôle de
coordination de l’action extérieure à travers la création
d’un dispositif de veille et de réaction immédiate ;
- l’inauguration du centre le 2 juillet 2008 par le ministre
des Affaires étrangères et européennes ;
- la formalisation du dispositif par le décret du 16 mars
2009 1 . Le texte fixe les missions du centre de crise.
Celui-ci souligne notamment (article 3, par. IV) que
« le centre est chargé de la veille, de l’anticipation, de l’alerte
et de la gestion des crises se déroulant à l’étranger et nécessitant
soit une réaction à un événement menaçant la sécurité des
ressortissants français à l’étranger, soit une action humanitaire
d’urgence. Il est compétent à l’égard de la sécurité des Français
établis ou de passage à l’étranger. Il traite notamment les
questions relatives aux décès, aux disparitions inquiétantes et
aux prises en otage de Français à l’étranger. Il coordonne
l’action des départements ministériels en matière de sécurité
des Français à l’étranger, ainsi que la réponse de l’État pour
les opérations d’aide humanitaire d’urgence décidées par le
Gouvernement. Dans les domaines de sa compétence, il assure
les relations avec les autres acteurs de l’aide humanitaire
internationale. Il participe à l’élaboration et à la mise en
œuvre de la politique du gouvernement en matière d’action
humanitaire d’urgence ».
La création du Centre de crise illustre la modernisation
de l’outil diplomatique engagée depuis plus d’une dizaine
d’années. Il permet au MAEE de répondre à tout type de
crise survenant à l’étranger, qu’elle intéresse la sécurité
des Français (crises consulaires) ou qu’il s’agisse de crises
humanitaires, et quelle qu’en soit l’origine (politicosécuritaire,
catastrophe naturelle, épidémie, etc.).
Le Centre résulte de la fusion de deux services, la Sousdirection
de la sécurité des personnes et la Délégation à
l’action humanitaire (DAH) créée il y a vingt ans. En
effet, ces services pratiquaient fondamentalement le même
métier, l’un spécialisé dans l’assistance aux Français
vivants à l’étranger, l’autre dans l’aide aux populations
étrangères, avec d’ailleurs dans la réalité de nombreux
recoupements.
Lors de ce rapprochement, un volet supplémentaire a
été ajouté : le centre de situation. Cette structure, disposant
(*) Serge Mostura, directeur du Centre de crise (CDC) du ministère des Affaires étrangères et européennes (MAEE) a bien voulu, le 20
mai 2009, nous accorder un entretien pour apporter un éclairage sur l’organisation du Centre de crise et la spécificité de la gestion
de crise de ce ministère. L’actuel Centre de crise est le fruit d’une volonté constante du ministère des Affaires étrangères et européennes
exprimée depuis le début des années 1990, époque où est apparue, avec la multiplication des crises humanitaires et d’événements
violents sur les communautés expatriées, la nécessité de disposer d’un outil moderne de coordination, mais également
d’anticipation des crises, notamment en ce qui concerne la structuration d’une organisation dédiée dans les postes diplomatiques
et consulaires.
(1)Décret n°2009-291 du 16 mars 2009 portant organisation de l’administration centrale du ministère des Affaires étrangères et
européennes.
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75

Entretien avec Xavier GRAFF *
Mise en place du dispositif de gestion de crise
au sein du groupe ACCOR
Force est de constater que ces dernières années, la gestion de crise est devenue un sujet primordial pour les
pouvoirs publics comme pour les entreprises. Ces dernières ont pris conscience que pour répondre efficacement
à des situations menaçant leur activité et leur réputation, leur réponse ne pouvait être improvisée, mais structurée
et intégrée dans les pratiques managériales quotidiennes. De plus en plus d’entreprises créent des manuels
de gestion de crise, investissent dans des formations et des exercices dans l’objectif de se doter d’un dispositif de
gestion leur permettant de réagir promptement et efficacement à une situation d’urgence.
Accor, leader européen de l’hôtellerie (Sofitel, Pullman, Novotel, Ibis, Formule 1, etc.) et leader mondial dans
les services (Ticket restaurant, CESU, etc.), ainsi que chez Lenôtre, la Compagnie des wagons-lits, est présent
dans plus de cent pays. L’entreprise regroupe 150 000 collaborateurs à travers le monde, 4 000 hôtels soit environ
480 000 chambres et 30 millions d’utilisateurs de services. De par l’ampleur de son implantation, le groupe
Accor est soumis à une grande variété de risques tels que le risque terroriste, les risques de catastrophes naturelles,
les risques sanitaires, les risques politiques… Pour répondre à ces crises de plus en plus complexes, le Groupe
Accor, en 2006, à la suite du tsunami en Asie en 2004, a mis en place une politique et un dispositif de gestion
de crise. Xavier Graff, directeur de la gestion des risques a bien voulu nous exposer la démarche adoptée par le
groupe.
Cahiers de la sécurité : quelles sont, selon vous,
les conditions préalables à la mise en place
d’un dispositif de gestion de crise et comment
avez-vous procédé au sein du groupe Accor ?
La mise en place d’un dispositif de gestion de crise,
qui plus est, à l’ensemble d’un groupe, est une démarche
assez complexe. Il faut préalablement écouter les attentes
des managers, les convaincre d’adhérer au dispositif, les
rassurer, créer des outils pragmatiques, les déployer, et
enfin expliquer notre démarche aux collaborateurs. Deux
conditions à la mise en place d’un dispositif sont également
nécessaires. La première, incontournable, est d’aboutir
à une adhésion collective de la part des employés à la
politique de gestion de crise du groupe. Pour ce faire, la
démarche requiert d’être impulsée par le président du
groupe et le comité exécutif, l’exemple devant provenir
du haut de la pyramide et donc du corporate. La deuxième
condition consiste à disposer d’une équipe et d’un budget
adaptés à la taille du groupe. Puis viennent les phases de
rencontre et de sensibilisation des managers.
L’étape primordiale et incontournable est d’aller à la
rencontre des principaux acteurs de terrains que sont les
directeurs généraux des différents pays et leurs managers.
Nous devons les connaître, comprendre leur environnement,
les rassurer et leur présenter le dispositif afin de les
convaincre d’y adhérer.
(*) Directeur de la gestion des risques du Groupe Accor, il est, notamment à ce titre, responsable des plans de préparation à la gestion
de crise. Xavier Graff exerçait précédemment la fonction de directeur Sécurité, Hygiène et Santé du Club Méditerranée et pilotait le
dispositif de gestion de crise du Groupe. Il a été amené dans ce cadre à gérer un certain nombre de crises (tsunami, accidents, cyclones,
tempête, séquestration de clients, mouvements sociaux, coup d'état, etc.). Xavier GRAFF assure la présidence de la commission
« Gestion de crise » du Club des directeurs sécurité des entreprises (CDSE) et est intervenant en gestion des risques et des crises à
l'Institut d'étude et de recherche pour la sécurité des entreprises (IERSE). Il est coauteur d'un guide sur « La Sûreté en Entreprise »
réalisé par l'IERSE (éditions Dalian). Il vient également de présider le sous-groupe « Entreprises » au sein du Groupe de travail partenarial
Public-Privé sur la gestion de crise (GT-3PGC) placé sous l’autorité du Haut responsable à l’Intelligence économique.
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Crises sanitaires
De la préparation à la réalité
Danièle ILEF
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Après avoir décrit l’organisation de la gestion des alertes
sanitaires, cet article passera en revue les plans et illustrera
leur mise en œuvre à l’aide de quelques exemples
concrets. Puis, toujours à partir de cas réels, il abordera
les vigilances et bons réflexes à développer pour identifier
rapidement les situations non prévues dans un plan. Enfin,
cet article décrira quelques outils d’aide à l’anticipation et
à la gestion des situations d’alerte.
Public health crises: from preparedness to the real thing
This article starts with a description of public health alert organisation in France. It then reviews the plans and
illustrates their implementation by means of actual examples. More case histories are then used to treat the
subject of vigilance and the best reflexes to develop for the rapid identification of situations not catered for in
a plan. The last part of the article describes some tools useful for anticipating and managing alerts.
Danièle Ilef
Responsable depuis trois ans de la cellule de coordination des alertes à l’Institut de veille sanitaire (InVS) après
avoir été coordonnatrice de la cellule interrégionale d’épidémiologie Nord à Lille. Elle a exercé auparavant comme
médecin de santé publique dans une direction départementale des Affaires sanitaires et sociales et comme
médecin inspecteur régional de santé publique.
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Le facteur humain :
le lien manquant de la gestion de crise
Christophe ROUX-DUFORT, Sanjy RAMBOATIANA
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Qui sommes-nous en situation de crise ? Dans quelle
mesure le facteur humain interfère-t-il dans les dispositifs
de gestion et de communication de crise ? En quoi le comportement
des hommes vient-il pacifier ou amplifier les
situations de crise ? Telles sont les principales questions
qui animent la réflexion de cet article. Après avoir passé
ces dix dernières années à accompagner et observer des
organisations dans le développement de leurs dispositifs
de crise, il nous est apparu que malgré tout l’appareillage
que nous pouvions mettre en œuvre avec les entreprises,
le résultat des exercices ou même de la gestion de situations
de crise réelles était souvent en décalage avec ce que les
dispositifs permettaient d’en attendre. À force d’observations
nous sommes parvenus à décrypter des formes de comportement
typiques qui se manifestent lors de ces événements.
Cet article en fait un bilan et présente quelques solutions.
The human factor: the missing link in crisis management
What happens to us in crisis situations? How much does the human factor interfere in the mechanisms of crisis
management and communication? How does human behaviour calm or increase crisis situations? These are
the main questions posed by this article. After ten years’ work with organisations, accompanying and observing
them as they develop their crisis management plans, it is evident that - regardless of all the equipment that can
be set up in companies - the results of training exercises and even the management of genuine crisis situations
often fall short of expectations. An analysis of the observations collected indicates typical forms of behaviour exhibited
during crisis situations. This article takes stock and presents some solutions.
Christophe Roux-Dufort
Professeur de management à l’EM Lyon et consultant spécialisé en management des crises et du
changement. Il est l’auteur, notamment, de Gérer et décider en situation de crise (Dunod, 2003) et
coauteur avec Nicole Aubert du Culte de l’urgence (Flammarion, 2003).
Sanjy Ramboatiana
Dirige un cabinet de conseil en ressources humaines et organisation. Il enseigne le management
dans plusieurs écoles de formation.
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97

La gestion du stress chez
les opérateurs de première ligne
de l'aérien
Bruno DOAT
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Cet article se penche essentiellement sur l'amélioration de
la fiabilité humaine du secteur aérien. Le stress, que les
opérateurs de première ligne rencontrent durant leur mission,
est souvent un des facteurs contributifs aux accidents.
La fiabilité des opérateurs dépend de la formation qu'ils
reçoivent sur les parades contre le stress provoqué par les
événements exogènes et endogènes comme les erreurs
qu'ils ne peuvent éviter de faire. L'évolution de la perception
de l'erreur humaine est à l'origine des formations « Facteur
humain » qui ont largement contribué à l'amélioration du
niveau d'aptitude des opérateurs à détecter et à récupérer
des erreurs. Cette aptitude caractérise la fiabilité de la
composante humaine du secteur.
Managing stress in airline pilots
This article focuses on improving the reliability of the human factor in flying. Airline pilots undergo stress during
their work. This stress is often one of the factors that contribute to accidents. The reliability of pilots depends
on the training that they receive on ways of countering stress, whether is generated by external events or internal
factors like their own unavoidable errors. The Human Factor training programme is based on a new perception
of human error. The training programme has significantly raised the level of pilots’ aptitudes to detect and
remedy errors. The reliability of the human component of flying depends on these aptitudes.
Bruno Doat
Pilote de ligne à Air France de 1973 à 2006, il a occupé le poste de commandant de bord sur les Boeing 737, Airbus
A-320, Boeing 747, Boeing 777. De 1989 à 1992, il fut commandant de bord instructeur Airbus A-320. De 1992 à
2006, il a été responsable du recrutement des pilotes Air France. En 2007, il est devenu consultant en recrutement,
formation et prévention des risques et également membre du conseil d'administration de l'Aéroclub de France.
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105

L’incertaine équation médiatique
en situation de crise
Didier HEIDERICH
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Cet article traite de la difficulté de communiquer en
situation de crise face aux médias. Il met en perspective
les contingences de la presse et la prégnance des images,
l’imagination des crises, les attentes du public, ceci afin de
donner les limites des méthodes utilisées pour préparer
les organisations à l’exercice médiatique.
Communicating via the media in crisis situations
The purpose of this article is to explain the difficulty of communicating via the media in crisis situations. Newspaper
deadlines, the need for a “telling” image, how crises are imagined, what the general public expects: all
these factors are considered in order to indicate the limitations of the methods used to prepare people in
organisations who deal with the media.
Didier Heiderich
Consultant et formateur, depuis dix ans, il conseille et prépare les grandes entreprises et administrations à
communiquer en situation de crise et sensible en France et à l’étranger. Enseignant en 3e cycle dans plusieurs
grandes écoles et universités, il préside l’Observatoire international des crises qui édite le Magazine de la
Communication de Crise et Sensible.
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117

Catastrophes et accidents collectifs,
la prise en charge des victimes
Claude LIENHARD
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Les catastrophes et les accidents collectifs marquent
malheureusement la vie des sociétés modernes. Accidents
aériens, ferroviaires, maritimes, accidents routiers collectifs,
accidents industriels ou liés à des infrastructures ou encore
à des rassemblements de foule mal maîtrisés, les exemples
de catastrophes sont nombreux. Ces événements hétérogènes,
par leur fait générateur, par leur occurrence également,
ont amené les pouvoirs publics français, depuis près de
vingt ans, à réfléchir et à mettre en œuvre des dispositifs
de prise en charge des victimes et de réparation. Parallèlement,
dans le champ de la recherche-action, le champ
du droit des catastrophes a été exploré et conceptualisé.
Disasters and large-scale accidents, taking care of victims
Disasters and large-scale accidents are unfortunately a feature of modern society. Air, sea and rail accidents,
large-scale road pile-ups, industrial accidents or accidents linked to infrastructures or else crowd movements
that get out of control – these are several examples of disasters. While these events may be generated by different
causes, over the last twenty years their occurrence has prompted the French authorities to set up measures to
take care of victims and provide redress. The article also takes a look at research activities: the legal field of
disaster law is explored and the concept of disaster law defined.
Claude Lienhard
Docteur en droit, professeur des Universités, il est directeur du Journal des accidents et des crises sur Internet.
Ancien président de l’INAVEM, il a fondé le Centre européen de recherche pour le droit des accidents collectifs
et des catastrophes (CERDACC : http://www.jac.cerdacc.uha.fr/) qui est aujourd’hui le lieu de référence et de
convergence de ces réflexions. Il est avocat spécialiste en droit de la réparation des dommages corporels et de
la responsabilité. Il a publié de nombreux articles, notamment « Le droit saisi par la catastrophe », en 2008, paru
dans La catastrophe AZF, l’apport des sciences humaines et sociales aux éditions Lavoisier.
124
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Principes d’emploi des forces armées
et rôle du CPCO dans la gestion
des crises civiles sur le territoire national
Thierry ATTAS
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À titre préventif ou en réaction dans le cadre d’une gestion
solidaire des crises avec les acteurs civils, conjoncturellement
pour renforcer l’action des pouvoirs publics dans la lutte
contre les trafics de tous ordres, ou en permanence pour
la surveillance et la protection des espaces maritimes, aériens
et terrestres nationaux, l’engagement des armées pour la
protection de nos concitoyens sur le territoire national est
quotidien et s’adosse à un processus continu d’adaptation
aux nouveaux enjeux du Livre blanc sur la défense et la
sécurité nationale
The armed forces’ basic doctrine and the role of the Central Planning
and Operations Centre in the management of civilian crises in France
The armed forces are committed to protect French people on their home territory. They prevent or react to
crises, sharing management with civilian players in the framework of solidarity. They proved a temporary
reinforcement of public authorities’ actions to counter illicit trades of all kinds. They also permanently monitor
and protect national sea, and air and land spaces. The French armed forces are undergoing a continuous
process of adaptation to the new stakes outlined in the White paper on defence and national security.
Thierry Attas
Saint-Cyrien, ingénieur civil des Mines, diplômé du Collège interarmées de défense (CID), auditeur de l’Institut
national des hautes études de sécurité (INHES) en 2004-2005, chargé d’Anticipation opérationnelle et Synthèse
pour les engagements des armées sur le territoire national, en métropole et outre-mer (CAS TN), au Centre de
planification et de conduite des opérations (CPCO) de l’état-major des armées.
130
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Le service de santé des armées
et la gestion des crises civiles
Aspect d’une mission duale
Xavier DESRUELLES
© DCSSA
Le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale a renforcé
la mission stratégique de protection et l’a replacée
dans un continuum sécurité intérieure − sécurité extérieure.
Dans ce domaine, le Service de santé des armées répond
à une mission duale. Intervenant tant dans la protection
des populations que dans celle des institutions, le service
de santé des armées joue un rôle particulier, de par les
compétences spécifiques, voire exclusives qu’il détient. En
matière de gestion des crises sanitaires, c’est l’un des
acteurs clés du dispositif national de défense sanitaire,
un partenaire reconnu sur le territoire national.
The armed service medical corps and civilian crisis management
Aspect of a dual mission
The White paper on defence and national security has reinforced the mission of protection in France's strategy
and replaced it in a continuum of internal/external security. In this domain the armed service medical corps
occupies a special position because it has a dual mission. In protecting both the State institutions and the
general public, it plays a special role thanks to its particular or even exclusive skills. For the management of
public health crises, the armed services medical corps is a key partner in the national mechanism for the defence
of public health, one that is well known throughout France.
Xavier Desruelles
Docteur en médecine et breveté de l’enseignement militaire supérieur, médecin principal, il est praticien confirmé
des armées en techniques d’état-major. Il est actuellement adjoint au chef du bureau Opérations de la direction
centrale du Service de santé des armées.
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Le positionnement de l’OTAN
dans la gestion de crises
autres que principalement militaires
Giampaolo Di PAOLA
© Fotolia
L’OTAN, qui a 60 ans cette année, n’a cessé de se remettre
en question depuis sa création en 1949. Conçue à l’origine
pour être une alliance militaire de défense collective de
ses membres dont le fondement repose sur l’article 5 du
traité de Washington 1 , l’OTAN a considérablement évolué
surtout depuis 1994. Ses missions couvrent désormais un
large panel d’interventions allant du combat de haute
intensité à la stabilisation d’États défaillants ou la formation
des armées étrangères, en passant occasionnellement par
le soutien aux opérations humanitaires.
The NATO’s position in the management of crises that are not wholly military
NATO which has reached its 60th anniversary this year has never ceased to question itself since it was created
in 1949. Originally conceived as a military alliance for the collective defence of its members, with its cornerstone
Article 5 of the Washigton Treaty, NATO has considerably evolved, and particularly so since 1994. Its
missions now cover a broad spectrum of operations which range from high-intensity combat to stabilizing
failing States or training foreign armed forces and occasionally providing support to humanitarian operations."
Giampaolo Di Paola
Né en 1944, l'Amiral Giampaolo di Paola intègre la Marine italienne en 1963. Diplômé de l'École Navale en 1966,
il est admis, en 1967 à l'École des sous-marins où il suit la formation navale embarquée. Il a commandé plusieurs
sous-marins conventionnels et bâtiments de surface, le dernier étant le porte-avions "Garibaldi". Il a occupé
différentes fonctions à l'état-major de la Marine et des Armées italiennes, puis au sein du cabinet du ministre de
la Défense, notamment comme chef de Cabinet. En mars 2001, il a été nommé secrétaire général de la
défense-directeur national des armements, et en mars 2004, chef d'état-major des Armées. Depuis le 27 juin
2008, il est président du Comité militaire de l'OTAN. Il est titulaire d'un diplôme en sciences stratégiques et
militaires et d'un doctorat ad honorem en sciences. Enfin, il a été élevé à la dignité de Grand Croix de l'Ordre du
Mérite de la République Italienne, fait Commandeur dans l'ordre de la Légion d'Honneur Française et a obtenu
la Médaille des Nations unies pour la mission de maintien de la paix de l'ONU au Kosovo.
(1) Cet article stipule qu’une attaque contre un des membres sera considérée comme une attaque contre tous les membres qui prendront
toute mesure nécessaire pour assister la partie attaquée, y compris l’emploi de la force armée.
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Une analyse des retours
d’expérience des crises
de sécurité civile contemporaines
Carole DAUTUN
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L’amélioration continue des pratiques de gestion et d’évitement
des crises des organisations peut s’appuyer sur la
pratique du retour d’expérience (RETEX). En s’appuyant sur
l’analyse de treize RETEX, cet article a pour objectif de mettre
en exergue, d’une part, les facteurs contingents liés à
l’événement déclencheur et les conséquences au niveau
des communautés conditionnant l’ampleur et la gravité de
la crise, et, d’autre part, les problématiques organisationnelles
avec lesquelles les acteurs doivent composer pour
maîtriser ces situations.
An analysis of feedback from contemporary civil security crises
The practice of feedback ensures that organisations continually improve techniques for managing and preventing
disasters. This article uses an analysis of feedback from thirteen events to highlight two features: firstly, the contingent
factors linked to the trigger event and the consequences for communities depending on the magnitude and
the gravity of the disaster and secondly, the organisation issues that rescue operators have to bring into play in
order to gain control of these situations.
Carole Dautun
Docteur en science et génie de l’environnement, chargée d’études et de recherches en gestion de crise au
Département sécurité économique et gestion de crise à l’INHES, elle a soutenu une thèse sur la gestion des crises
de grande ampleur ou comment améliorer l’aide à la décision en situation de crise. Ces fondamentaux
théoriques sont issus d’un travail de recherche mené dans le cadre du GIS AGECRIS (Groupement d’intérêt scientifique
d’aide à la gestion des crises) créé en 2004 conjointement par l’INHES, l’École des Mines d’Alès (EMA),
l’Institut national de l'environnement industriel et des risques (INERIS) et l’École nationale des officiers de sapeurspompiers
(ENSOSP). Jérôme Tixier et Gilles Dusserre de L’EMA et François Fontaine de l’INERIS ont participé à
ces travaux.
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153

Les Landes, un département
dans la tourmente
Étienne GUYOT
© Préfecture des Landes. Service communication.
Étienne Guyot
Depuis juin 2009, il est directeur du cabinet du ministre de l’Espace rural et de l’Aménagement du territoire, après
avoir été successivement préfet du Gers et des Landes. Auparavant, en 2004, il avait été nommé conseiller pour
l'administration territoriale et la réforme de l'État au cabinet du ministre de l'Intérieur, de la Sécurité intérieure et des
Libertés locales. Il a également occupé les fonctions de conseiller technique au cabinet du ministre de l'Intérieur,
de la Sécurité intérieure et des Libertés locales de 2002 à 2004..
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Le travail de la Cellule d’urgence
médico-psychologique
L’exemple de la catastrophe du Concorde en 2000
Didier CREMNITER
© AFP
Suite aux interventions effectuées par la Cellule d’urgence
médico-psychologique (CUMP), nous avons accès à une
somme d’informations concernant les réactions collectives
dans les suites immédiates, à court et moyen terme après
un événement critique. Il peut s’agir d’un accident collectif,
d’une catastrophe naturelle ou d’un événement lié au
terrorisme ou à la guerre. Cet article témoigne de l’enseignement
tiré de ces situations en évoquant le stress vécu
de façon collective, couplé à l’effondrement des valeurs et
des supports qui font tenir un groupe. À partir de cette
reconnaissance, l’expérience montre l’importance d’apporter
un soutien à ceux sur qui reposent les premières décisions
à prendre. Les réactions de stress parfois dépassé chez ces
derniers nécessitent un soutien immédiat et adapté.
Crisis management: lessons to be learnt from the work
of the medico-psychological emergency unit
The medico-psychological emergency unit has worked to document collective reactions following critical events:
immediately afterwards, in the short and middle term. The types of events documented are large-scale accidents,
natural disasters or events caused by acts of terrorism or acts of war. This article draws on the body of information
accumulated and outlines the lessons to be learnt from these situations, where stress is experienced by a group
of people and the values that shore up the group have collapsed. From the knowledge gained, experience
shows how important it is to give support to those who have to take the first decisions. These people are
sometimes subjected to excessive stress – they need immediate and appropriate support.
Didier Cremniter
Praticien des hôpitaux de Paris, référent de la Cellule d’urgence médico-psychologique (CUMP) de Paris, SAMU
de Paris.
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Solvabilité II,
la clé de l’avenir de l’assurance
Manuela ZWEIMÜLLER
La crise financière a montré que l’on ne peut faire disparaître artificiellement les risques. Plus que
jamais, se fait jour la nécessité de disposer de règles strictement orientées en fonction des risques et
fondées sur des principes normés. Si la directive Solvabilité II n’avait pas été conçue à son origine
comme un système moderne de contrôle pour l’industrie européenne des assurances, la conjoncture
actuelle aurait contraint à le faire.
Solvency II – The key to the future of insurance
The financial crisis has shown that risks cannot be made to go away artificially. Now, more than ever, there is a
growing understanding of the need for rules organised to counter the risks. Rules that are based on yardstick
principles. If the Solvency II directive had not been designed from the beginning as a modern control system for
the European insurance sector, the current crisis would have forced it to do so.
La réassurance est indissociable des risques et de leur gestion. Les stratégies de réassurance ont bien évidemment des
répercussions sur le niveau de couverture d’une économie à l’impact des risques catastrophes pour ne citer que les plus
évidents cas d’application. La directive européenne Solvabilité II (Solvency II) impose aux assureurs des exigences accrues
sur le capital de couverture qui permet une meilleure protection, mais, en contrepartie, devrait engendrer une mobilisation
de fonds propres plus importante. En France, la référence était jusqu'à présent la tempête Lothar de 1999 dont le cycle de
survenance est le demi-siècle. Désormais, la norme devrait plutôt être la survenance d’événements à cycle bicentenaire. Cette
nouvelle approche prudentielle va très vite générer des incidences sur la vie économique. Il est fort probable que les « stress
tests », familiers des banquiers avec la crise actuelle, se multiplient. La conséquence en sera vraisemblablement une exigence
de couverture en capital complémentaire… à un moment ou la masse de crédits disponibles sur les marchés internationaux
se contracte. Ce risque vient d’être pointé par les assureurs britanniques qui craignent une baisse de rentabilité du secteur et
de la compétitivité des industriels… Autre conséquence probable : une augmentation des tarifs, car la crise financière réduit
les capacités et augmente la demande de couverture. Les résultats financiers de la quasi-totalité des grands réassureurs
européens sont à la baisse depuis le premier trimestre 2009, ce qui corrobore cette tendance haussière.
Nous avons sollicité le point de vue de Munich Ré, l’un des quatre plus grands réassureurs européens pour
présenter les grandes évolutions d’un marché méconnu, mais dont la gestion intéresse directement au final notre
appréhension des risques.
Gérard PARDINI
Coordinateur du dossier
Manuela Zweimüller
Directrice générale de Munich Ré * France depuis avril 2008 (http://www.munichre.com/en/ts/solvency_ii/publications/default.aspx
). Elle a travaillé auparavant au sein de la division Integrated Risk Management de ce même
groupe pendant presque quatre ans. En 2007, elle a présidé l’Initiative des risques émergents lors du forum CRO (The
Chief Risk Officer Forum). Durant cette période, le groupe a publié sous sa responsabilité deux rapports : l’un sur les
pandémies, l’autre sur le terrorisme. Elle est titulaire d’un doctorat de biochimie de l’Institut de biochimie Max Planck.
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Principe de précaution,
commentaire à partir d’arrêts récents
sur les installations d’antennes relais
Jacqueline MONTAIN-DOMENACH
© Fotolia
La reconnaissance du principe de précaution au niveau
législatif, puis au niveau constitutionnel bouleverse largement
les réponses juridiques relatives à la prise en compte
des risques et du droit des particuliers à la protection de la
santé. Le droit soumis à l’expertise scientifique, à la pression
d’associations et aux revendications des administrés, à
l’incertitude des conséquences du progrès apporte des
réponses qui ne peuvent qu’être incertaines et polémiques.
Est-il possible, dans une telle situation, de trouver
des réponses aux revendications contradictoires et
irrationnelles ? Le droit peut-il apporter des solutions dans
un contexte de flou des notions juridiques ?
The principle of precaution: remarks on recent court rulings
on cellular radio towers
The principle of precaution has been recognised in legislation and in the constitution. This completely changes
court rulings on taking account of risk and on the rights of individuals to the protection of their health. If the
courts are dominated by scientific expertise, by pressure groups, by local protesters and the uncertainty of the
consequences of progress, they will hand down rulings that are bound to be hazardous and contentious. In
such a situation can answers be given to contradictory and irrational claims? Can the courts provide solutions
when the legal concepts are vague?
Jacqueline Montain-Domenach
Professeur de droit public à l’université Paris Ouest-Nanterre-La Défense, elle enseigne le droit administratif et le
droit des libertés publiques. Elle est l’auteur d’ouvrages et d’articles sur le droit de la responsabilité, du droit des
collectivités territoriales et du droit de la sécurité intérieure en Europe.
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Les travaux de normalisation dans
les domaines de la gestion de crise
et de la continuité des activités
Jean-Marc PICARD
Gestion de crise et continuité d’activité font l’objet de nombreuses définitions et concepts. La
tenue du symposium de l’ISO TC 223 a permis de cerner les positions des différents acteurs. Réunis
du 25 au 29 mai dernier à Paris, 120 délégués représentant une trentaine de pays ont participé à
l’élaboration de nouvelles normes sur la sécurité sociétale. Outre la vidéo-surveillance, les
systèmes de commandement C3i/C4i ou la gestion des pandémies, une grande partie des travaux
a été consacrée à fixer des concepts de gestion de crise, de résilience et de continuité d’activité.
Cet article présente un aperçu des concepts et normes sur ces derniers sujets.
Working towards a common standard in the fields of crisis management
and business continuity
Crisis management and business continuity have been defined and described in many different scenarios. The
TC 233 symposium held by the ISO brought into focus the positions of the different players. At the symposium
in Paris on 25-29 May 2009, 120 delegates representing some thirty countries took part in designing new
standards on societal security. Subjects presented ranged from video surveillance, new IT command systems
evolving from “Command, Control, Communication” to “Command, Control, Coordination and Cooperation”
and pandemic management. However the major part of the symposium focussed on establishing the concepts
of crisis management, resilience and business continuity. This article presents an overview of these concepts.
Jean-Marc Picard
Jean-Marc Picard, enseignant-chercheur à l’université de technologie de Compiègne (UTC), a été dix-huit ans
dans l’industrie dont dix comme directeur marketing, qualité et sécurité d’un grand groupe d’ingénierie et de
services informatiques. Auditeur IHESI, il a été vice-président de l’Association nationale des auditeurs IHESI/INHES
et vice-président du groupe d’impulsion stratégique sur la sécurité et la protection du citoyen à l’Afnor. Auditeur
qualité international, ancien vice-président de l’Institut pour la maitrise des risques et la sûreté de fonctionnement
(IMDR SDF), il est expert auprès de nombreuses industries et institutions. Il est actuellement conseiller de défense
auprès du ministre de l’Intérieur, président du forum sur la sécurité à l’Afnor et président de la commission de
normalisation sur la sécurité sociétale.
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Étude comparative de l’organisation
des pouvoirs publics en temps de crise
dans quelques pays occidentaux
Fondamentaux et grandes tendances
Nacéra AMRAOUI
©Fotolia
La présente étude comparative, propose une description
des diverses traditions d’organisation de crise des autorités
publiques de quelques États occidentaux, parmi lesquels
figurent la France, l’Allemagne, l’Autriche, la Belgique,
l’Espagne, l’Italie, la Suède, les États-Unis et le Québec.
Cette comparaison, loin d’être exhaustive, s’attache à
présenter une vision de l’organisation des pouvoirs publics
lors de la survenance d’un événement, d’ampleur locale
ou du degré d’une catastrophe majeure. Elle révèle des
différences fondamentales héritées des traditions politiques,
mais également un tronc commun de pratiques
entre les États.
Public authorities’ organisation in times of crisis – a comparative study of some
western countries – key points and trends
This article is a comparative study: it describes the various traditions of crisis organisation by public authorities
in some western states, like France, Germany, Belgium Spain, Italy, Sweden, the United States and Quebec. The
purpose of this study, which is by no means exhaustive, is to give an overview of public authority organisation
when an incident happens, a local one or a major disaster. The study reveals some fundamental differences
inherited from political traditions, and also a range of practices common to all States.
Nacéra Amraoui
Nacéra Amraoui est chargée de mission à l’Institut national des hautes études de sécurité. Rédactrice de la Lettre
d’information sur les risques et les crises – la LIREC, elle pilote la veille opérationnelle de l’Institut sur ces problématiques
en France et à l’international.
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Gouvernance et risques émergents :
une synthèse des travaux de l’OCDE
Gérard PARDINI
L ’
Organisation de coopération et de développement
économique (OCDE) a créé,
en 1990, le Programme sur l’avenir, placé
sous l’autorité directe du secrétaire général
de l’Organisation. Cet exercice de prospective
pluridisciplinaire s’est construit autour de l’organisation
de conférences et de projets internationaux
associant gouvernements, entreprises et représentants de
la société civile. L’un des rapports issu de ce programme
porte sur les risques majeurs. Publié en 2003, ce document
de référence traite des perspectives d’évolution à long
terme et analyse au regard des technologies du XXI e siècle
un large éventail d’évolutions futures.
L’OCDE s’intéresse plus particulièrement à la question
de la vulnérabilité des grands systèmes. En effet, les services
de santé, les transports, l’énergie, l’approvisionnement en
alimentation et en eau, l’information et les télécommunications
sont autant de secteurs dont les systèmes vitaux
peuvent être gravement endommagés par un événement
ou une chaîne d’événements catastrophiques. Le rapport
de 2003 a été suivi de toute une série de travaux touchant
à la gouvernance. L’INHES a porté une attention toute
particulière à ces travaux 1 dont une synthèse est livrée au
lecteur des Cahiers de la sécurité. Le contenu de cet article
provient exclusivement des travaux de l’OCDE.
L’OCDE est partie du constat de la survenance, à travers
le monde, d’un nombre de plus en plus important de
catastrophes de nature différente : tempêtes et inondations
dévastatrices en Europe, en Asie et en Amérique du Nord ;
apparition de maladies nouvelles touchant les hommes
(sida, virus Ébola) et les animaux (ESB) ; virus mutants de
la grippe ; attentats terroristes comme ceux du 11 septembre
2001 aux États-Unis et celui au gaz sarin perpétré au
Japon ; perturbations majeures subies par certaines infrastructures
critiques sous l’effet de virus informatiques ou
simplement de défaillances techniques entraînant des
conséquences extrêmement dommageables et coûteuses
pour nos sociétés. Cinq grandes catégories de risques ont
ainsi été identifiées : catastrophes naturelles, accidents
technologiques, maladies infectieuses, terrorisme et sécurité
des aliments.
À travers cette typologie et les événements pouvant y
être associés, ce n’est pas seulement la nature des risques
majeurs qui paraît évoluer, mais aussi le contexte dans
lequel ils apparaissent et la capacité des sociétés à les gérer.
Les forces qui façonnent ces mutations sont nombreuses
et diverses, comme par exemple les conditions climatiques
qui semblent devenir de plus en plus extrêmes. Parallèlement,
on assiste à une hausse de la densité de population
dans les grandes agglomérations et à une concentration
accrue des activités économiques dans certaines régions,
ce qui ne fait qu’accentuer la vulnérabilité de ces zones.
La mondialisation progresse rapidement dans toutes ses
dimensions – économique, technologique, culturelle et
environnementale – et amplifie l’interdépendance, facilitant
du même coup la propagation des agents pathogènes
dangereux, des polluants et des effets des défaillances
techniques.
(1) Les travaux du rapport ont été pilotés par la direction du Programme de l’OCDE sur l’avenir. Pierre-Alain Schieb a été le promoteur et
le coordinateur du projet ; Barrie Stevens a dirigé l’élaboration du rapport ; Reza Lahidji en est l’auteur principal et a coordonné les
contributions des experts extérieurs et de l’équipe interne de l’OCDE composée de Patrick Love, Marieke Cloutier, Federica Marzo
et Stefanie Kage.
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Le droit de l’État face à la crise
Benjamin PITCHO
Les situations de crises permettent l’extension des pouvoirs de l’administration. Cette extension
demeure toutefois conforme au principe de légalité, fondement de la démocratie, et respectueuse
du droit des personnes. La typologie des crises possibles a donc rendu nécessaire la construction légale,
réglementaire et prétorienne de régimes juridiques spécifiques. Si une pandémie quelconque
devait surgir, et malgré la persistance de certaines interrogations, le juge aurait alors une place
essentielle dans la sauvegarde des droits de chacun, en demeurant conscient des nécessités de
protection de l’ordre public.
States of emergency, the State and the Law
When there is a state of emergency, the powers of the authorities can be extended. These extended powers
however always conform to the principles of law, the basis of democracy, and respect human rights. The wide
range of crises that can give rise to a state of emergency has therefore required the elaboration of special
juridical structures by means of laws, regulations and jurisprudence. Regardless of some contrary opinions that
still persist, in the event of a pandemic the courts - mindful of the need to protect public order - would have a
crucial role in protecting people’s rights.
Benjamin Pitcho
Il a étudié le Droit des affaires à l’ESSEC avant d’écrire une thèse consacrée au « Statut juridique du patient ». Il
est Maître de conférences à l’Université où il enseigne le droit de la santé, la responsabilité médicale et le droit
de l’organisation hospitalière. Il participe à la plate-forme de réflexion consacrée à la Pandémie grippale auprès
de l’Espace éthique de l’AP-HP de Paris. Il est par ailleurs Avocat à la Cour.
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Protection civile et gestion de crises
au niveau européen
Pia BUCELLA
© Commission européenne
Depuis la création du mécanisme communautaire de protection
civile en 2001, la protection civile s'est fortement
développée à l'échelle européenne. Pour répondre aux
nouveaux défis posés par la prévention, la préparation, et
la réponse aux catastrophes, la Commission travaille sur
le renforcement de la capacité européenne de réponse et
sur une stratégie européenne de prévention. Un des défis
pour le Mécanisme communautaire de protection civile est
la coordination en dehors de l'Europe avec les instruments
et acteurs de l'aide humanitaire.
EU civil protection and crisis management
Since the creation of the Community civil protection mechanism in 2001, civil protection on a European scale
has developed considerably. To respond to the new challenges posed by prevention, preparation and disaster
response, the Commission is working on boosting European response capacity and developing a European
prevention strategy. One of the challenges facing the Community civil protection mechanism is coordinating with
the tools and the people that deal with humanitarian aid outside Europe.
Pia Bucella
Directrice responsable des Affaires juridiques et de la Protection civile à la direction générale de l'Environnement
de la Commission européenne. Elle a rejoint la Commission en 1979. Dans sa mission actuelle, elle est en charge
de gérer l'équipe des spécialistes juridiques qui assurent la mise en place des lois environnementales communautaires
dans tous les États membres. Une autre tâche essentielle réside dans la communication aux parties
intéressées et aux citoyens, des politiques et actions environnementales.
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La gestion de crise au Japon
Chikao URANAKA
© AFP
Au Japon, la question de la gestion de crise a été surtout
liée, au cours du dernier demi-siècle, aux risques fréquents
de catastrophes naturelles, moins à ceux d’origine humaine.
Elle a aussi été en rapport avec les conséquences des
réformes politiques et institutionnelles imposées par
l’occupation américaine après 1945, qui ont entraîné un
affaiblissement du pouvoir central et une décentralisation
accentuée de l’organisation politique et administrative.
L’évolution intervenue en matière de gestion de crise a,
depuis, porté sur la coordination des divers organismes
susceptibles d’intervenir en matière de sécurité et de
sécurité civile, sur l’articulation des responsabilités entre
responsables politiques locaux, sur le renforcement du
leadership politico-administratif du Premier ministre.
Crisis management in Japan
In Japan over the last fifty years, crisis management has above all been associated with risks of frequent natural
disasters, less so with manmade disasters. This tendency is also due to the political and institutional reforms
imposed by the American occupation after 1945. Central power was diminished. Political and administrative
organisation was radically remodelled on decentralisation. Changes in crisis management since then have
tended to coordinate the entities liable to intervene in matters of security and civil protection, spread out the
responsibilities between local political officers and reinforce the political and administrative leadership of the
Prime Minister.
Chikao URANAKA
Docteur en Science politique, il est chercheur associé au Centre d’études et de recherches sur la police (CERP)
de l’université de Toulouse I Capitole. Il est membre de l’Association d’étude des sciences de la sécurité au Japon
(Association for the Study of Security in Japan). Il a participé à l’ouvrage collectif : « Questions de sécurité, sociétalisation
des réponses, globalisation des menaces », Dieu F. (dir.), 2006, Paris, L’Harmattan.
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