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déce<strong>le</strong>r, étudier, former<br />

n°22 - juil<strong>le</strong>t / août 2012<br />

Actualités de l’INHESJ<br />

P. 03 Pô<strong>le</strong> Formation<br />

P. 05 Département justice et droit<br />

P. 06 Département Sécurité économique<br />

P. 07 Pô<strong>le</strong> affaires européennes<br />

et internationa<strong>le</strong><br />

P. 08 ONDRP<br />

Les veil<strong>le</strong>s de l’INHESJ<br />

P. 11 Département Sécurité<br />

P. 15 Département Justice et Droit<br />

P. 22 ONDRP<br />

P. 23 Département Risques et crises<br />

Éditorial<br />

Rien n’est plus hasardeux, mais rien n’est plus nécessaire, que d’établir une hiérarchie des<br />

menaces et des risques qui pèsent sur la sécurité. Car si cela n’était pas fait l’inconvénient<br />

d’uniformiser à l’excès des réalités très distinctes et de manquer la vision du degré de danger<br />

qu’el<strong>le</strong>s portent respectivement serait, d’un point de vue méthodologique, un handicap majeur<br />

pour une saine appréhension des enjeux globaux de la sécurité. La criminalité est un phénomène<br />

polymorphe dont <strong>le</strong>s manifestations se produisent aussi bien à une échel<strong>le</strong> loca<strong>le</strong> extrêmement réduite<br />

qu’à un niveau tota<strong>le</strong>ment mondialisé. La petite délinquance peut ainsi apparaître comme la plus<br />

préoccupante, tout simp<strong>le</strong>ment parce qu’el<strong>le</strong> est immédiatement visib<strong>le</strong> et touche directement de larges<br />

fractions des populations. Pour autant, d’autres phénomènes de délinquance, qui n’ont pas la même<br />

visibilité, mettent gravement en danger ces mêmes populations sans « bénéficier » de la même attention<br />

de la part du public qui y voit des réalités lointaines et inconnues, voire fantasmées. Tel est <strong>le</strong> cas de<br />

la délinquance financière, certes spécifique, mais aucunement margina<strong>le</strong> si l’on prend en compte<br />

<strong>le</strong>s espaces qu’el<strong>le</strong> s’approprie et ses effets, voire <strong>le</strong>s destructions, sur <strong>le</strong>s organisations publiques<br />

et privées qui en sont victimes. Cette délinquance spécifique existe sous deux dimensions distinctes<br />

mais qui peuvent néanmoins s’interpénétrer. D’un côté, il y a ce que <strong>le</strong> crime organisé génère comme<br />

économie propre et la façon dont il infecte la sphère économique et financière licite, avec son cortège<br />

de corruptions et blanchiments en tout genre et de l’autre côté, il y a ce que la sphère économique et<br />

financière produit el<strong>le</strong>-même comme pratiques criminel<strong>le</strong>s en jouant sur l’immense déficit de régulation.<br />

Cette deuxième dimension, qui n’est pas nouvel<strong>le</strong>, a pris une amp<strong>le</strong>ur qui constitue une véritab<strong>le</strong><br />

bombe à retardement pour l’avenir et la sécurité de nos sociétés. La crise financière puis économique<br />

de 2008 a révélé des pratiques spéculatives dont la nature criminel<strong>le</strong> aurait du être prise en considération.<br />

Ces pratiques, pour autant, n’ont pas disparu d’un système financier insuffisamment régulé<br />

et trop peu surveillé. Un rapport du Sénat américain établit, après deux ans d’enquête, la réalité du<br />

poids de la fraude et de l’escroquerie dans <strong>le</strong> processus à l’origine du krach.


Editorial (suite)<br />

L’actualité de cet été 2012 présente un air de déjà vu inquiétant. Les faillites de banques et de maisons<br />

de courtage se succèdent en cascade. Ce ne sont pas moins de 37 établissements qui ont disparu<br />

depuis <strong>le</strong> début de l’année. Parmi ces « disparitions » figurent des faillites clairement fraudu<strong>le</strong>uses.<br />

Le phénomène est loin d’être circonscrit aux États-Unis comme <strong>le</strong> montre la révélation du scanda<strong>le</strong>,<br />

à la City londonienne, de la manipulation des « taux Libor » (taux régissant <strong>le</strong>s prêts interbancaires)<br />

par un certain nombre de banques et non des moindres, tel<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s célèbres Barclays, Citygroup et JP<br />

Morgan. À l’évidence, <strong>le</strong>s <strong>le</strong>çons de l’expérience de 2008 n’ont pas été tirées avec, faut-il <strong>le</strong> dire, la<br />

complicité de gouvernements opposés, contre toute logique, à une régulation et à une surveillance<br />

des établissements bancaires et notamment des banques d’affaires. Mais là où <strong>le</strong> bât b<strong>le</strong>sse vraiment,<br />

et à l’excès, c’est lorsque <strong>le</strong>s mêmes banques d’affaire et d’autres, tel<strong>le</strong>s HSBC, Wachovia, Crédit<br />

suisse, ABN Amro et Lyods sont désignées par la justice américaine comme ayant participé à des<br />

activités de blanchiment d’argent provenant d’activités criminel<strong>le</strong>s. HSBC est même passée aux aveux.<br />

Commentant cette crise, Michel Rocard pouvait déclarer avec d’autres éminents économistes « «Être<br />

gouverné par l’argent organisé est aussi dangereux que par <strong>le</strong> crime organisé», affirmait Roosevelt. Il<br />

avait raison. Nous sommes en train de vivre une crise du capitalisme dérégulé qui peut être suicidaire<br />

pour notre civilisation ».<br />

Mais <strong>le</strong>s choses évoluent rapidement et aujourd’hui argent organisé et crime organisé se confondent<br />

ou, à tout <strong>le</strong> moins, entretiennent un voisinage dangereux.<br />

Personne ne peut imaginer sainement que <strong>le</strong> crime organisé, avec <strong>le</strong>s profits considérab<strong>le</strong>s qu’on lui<br />

connait et qui pourraient lui valoir une place au G8 s’il était un État, ne peut pas «infester» l’économie<br />

licite et tous ses instruments institutionnels que sont <strong>le</strong>s banques. Faire confiance au marché et à<br />

l’éthique du monde financier relève du pari audacieux, voire fou.<br />

Le « risque criminel systémique » dans <strong>le</strong> champ de la finance (mais pas seu<strong>le</strong>ment) existe, nous l’avons<br />

rencontré. Son impact sur la sécurité de tous est considérab<strong>le</strong> et tout aussi nuisib<strong>le</strong> que des criminalités<br />

plus spectaculaires. À dire vrai il est mortel pour nos sociétés.<br />

Une lutte efficace contre lui doit être menée.<br />

André-Michel VENTRE<br />

Directeur de l’Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice<br />

Formation<br />

Ouverture de la 16 ème Session nationa<strong>le</strong> spécialisée<br />

« Protection des entreprises et Intelligence économique » 2012-2013<br />

El<strong>le</strong> forme des experts en protection des entreprises et en intelligence économique auxquels el<strong>le</strong> délivre <strong>le</strong>s<br />

savoir-faire visant à l’identification, l’évaluation et la maîtrise de l’ensemb<strong>le</strong> des risques et des malveillances<br />

susceptib<strong>le</strong>s d’atteindre <strong>le</strong>s entreprises ou entités publiques, parapubliques ou privées ainsi qu’au management<br />

des crises d’un point de vue opérationnel, juridique et médiatique.<br />

L’objectif de la formation est d’amener <strong>le</strong>s auditeurs à maitriser <strong>le</strong>s processus qui <strong>le</strong>ur permettront :<br />

– de mettre en place, en amont du risque, une politique de prévention efficace, adaptée et conforme aux<br />

obligations léga<strong>le</strong>s et aux besoins de la structure ;<br />

– de concevoir et animer, de manière permanente, un dispositif visant à détecter <strong>le</strong>s prémices de tout risque<br />

ou menace susceptib<strong>le</strong> d’affecter la structure et proposer <strong>le</strong>s parades correspondantes ;<br />

– et lorsque l’entreprise est confrontée au risque, de conseil<strong>le</strong>r la direction, gérer la crise et/ou mettre en<br />

oeuvre un plan de continuité d’activité.<br />

Consulter <strong>le</strong> dossier de la session nationa<strong>le</strong> spécialisée :<br />

http://www.<strong>inhesj</strong>.fr/?q=content/session-nationa<strong>le</strong>-sp%C3%A9cialis%C3%A9e-protection-des-entrepriseset-intelligence-%C3%A9conomique<br />

Découvrir <strong>le</strong>s autres cyc<strong>le</strong>s de formation du département Sécurité économique :<br />

http://www.<strong>inhesj</strong>.fr/?q=content/pr%C3%A9sentation-du-d%C3%A9partement-s%C3%A9curit%C3%A9-<br />

%C3%A9conomique


Pô<strong>le</strong> FORMATION<br />

actualités<br />

La 23e session nationa<strong>le</strong> « Sécurité et justice » clôture ses travaux.<br />

L’Institut national des hautes études de la sécurité<br />

et de la justice (INHESJ) a clôturé <strong>le</strong> 6 juin dernier<br />

sa 23e session nationa<strong>le</strong> « Sécurité et Justice ». À<br />

cette occasion <strong>le</strong>s auditeurs se sont vus remettre <strong>le</strong>ur<br />

diplôme lors d’une cérémonie sur <strong>le</strong> site de l’Eco<strong>le</strong><br />

militaire.<br />

Cette session qui s’est déroulée de septembre 2011<br />

à juin 2012 a porté cette année sur <strong>le</strong> thème « Crises<br />

et gouvernance » qui a ainsi été développé au fil<br />

des 9 séminaires qui ont ponctué cette session. Cel<strong>le</strong>ci<br />

avait débuté <strong>le</strong>s 21 et 22 septembre par un séminaire<br />

de rentrée tenu en commun avec la 15ème<br />

session nationa<strong>le</strong> spécialisée en sécurité économique<br />

et dont <strong>le</strong> thème annuel était « Protection des<br />

entreprises et intelligence économique ». Les principaux<br />

responsab<strong>le</strong>s publics sont intervenus devant<br />

<strong>le</strong>s auditeurs pour apporter <strong>le</strong>ur éclairage sur ces<br />

problématiques. Ainsi <strong>le</strong>s enjeux de sécurité ont été<br />

développés par <strong>le</strong> préfet Frédéric PECHENARD et <strong>le</strong><br />

Général Jacques MIGNAUX, respectivement directeur<br />

général de la police nationa<strong>le</strong> et directeur général<br />

de la gendarmerie nationa<strong>le</strong>. Michel MONNE-<br />

RET, représentant la direction généra<strong>le</strong> de la sécurité<br />

civi<strong>le</strong> et de la gestion de crise et Olivier BRAHIC,<br />

représentant la direction généra<strong>le</strong> de la santé ont<br />

évoqué <strong>le</strong> traitement des crises. Enfin <strong>le</strong> ministère de<br />

la justice a présenté son organisation, avec Maryvonne<br />

CAILLEBOTTE pour la direction des affaires<br />

criminel<strong>le</strong>s et des grâces, <strong>le</strong> préfet Henri MASSE,<br />

pour la direction de l’administration pénitentiaire et<br />

Jean-Louis DAUMAS pour la direction de la protection<br />

judiciaire de la jeunesse.<br />

Le 7 octobre s’est déroulé <strong>le</strong> séminaire d’ouverture<br />

des sessions nationa<strong>le</strong>s de l’Institut des hautes études<br />

de défense nationa<strong>le</strong> (IHEDN) et de l’INHESJ sous<br />

<strong>le</strong> parrainage du Premier ministre qui en a prononcé<br />

<strong>le</strong> discours d’ouverture.<br />

Cette rencontre a permis aux auditeurs d’aborder <strong>le</strong>s<br />

enjeux et <strong>le</strong>s défis auxquels notre pays est confronté<br />

dans <strong>le</strong>s domaines complémentaires mais distincts<br />

de la défense, de la politique extérieure, de la sécurité<br />

et de la justice.<br />

Le premier séminaire de la session, en octobre, a<br />

permis de développer <strong>le</strong>s concepts de veil<strong>le</strong> et de<br />

gouvernance notamment à partir d’une tab<strong>le</strong> ronde<br />

réunissant Hugues de Jouvenel, directeur du groupe<br />

Futurib<strong>le</strong>s, Philippe Herzog, président fondateur de<br />

« Confrontations Europe », Emi<strong>le</strong> H.Ma<strong>le</strong>t, ambassadeur<br />

auprès de l’ONU et Guillaume Schlumberger,<br />

directeur des études prospectives de sécurité<br />

au pô<strong>le</strong> défense du CEA.<br />

Le séminaire de novembre était consacré à l’Europe<br />

et a été introduit par Jean-Dominique GIULIANI, président<br />

de la fondation Robert SCHUMAN, <strong>le</strong>quel a<br />

présenté <strong>le</strong>s« enjeux de la politique européenne de<br />

sécurité et de justice » avant que la session ne se<br />

déplace à Bruxel<strong>le</strong>s et que ces enjeux ne lui soient<br />

développés par des représentants de la Commission<br />

européenne .<br />

Face aux incertitudes engendrées par la mondialisation,<br />

la nécessité de mettre en place des dispositifs<br />

d’intelligence économique, visant la maîtrise et la<br />

protection de l’information stratégique uti<strong>le</strong> aux acteurs<br />

économiques, est devenue une évidence pour<br />

préserver la compétitivité des entités économiques<br />

et par conséquent, l’emploi, la croissance et la cohésion<br />

socia<strong>le</strong>. Cette problématique a été au cœur<br />

des débats du séminaire de décembre consacré à la<br />

sécurité économique.<br />

Au mois de janvier, un retour d’expérience sur <strong>le</strong> cas<br />

de la tempête Xynthia et une visite des principaux<br />

dispositifs de pilotage de situation de crise ont permis<br />

aux auditeurs d’ appréhender <strong>le</strong> concept de<br />

crise mais éga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> traitement des risques sanitaires<br />

et alimentaires par <strong>le</strong>s acteurs institutionnels.<br />

© INHESJ - LA LETTRE DE L’INHESJ - juil<strong>le</strong>t / août 2012 3


Pô<strong>le</strong> FORMATION<br />

actualités<br />

La question urbaine et la prévention ont été au centre<br />

du séminaire de février, durant <strong>le</strong>quel Gil<strong>le</strong>s KEPEL<br />

est venu présenter son dernier ouvrage, « Banlieue<br />

de la République ». L’un des plus éminents spécialistes<br />

des politiques publiques en matière de sociologie<br />

de la vil<strong>le</strong>, Jacques DONZELOT, est venu en<br />

conclusion faire partager aux auditeurs son analyse<br />

sur « 30 ans de politique de la vil<strong>le</strong> ».<br />

La problématique des crises a éga<strong>le</strong>ment été abordée<br />

à l’occasion de conférences communes avec<br />

l’IHEDN, avec tout d’abord un focus sur <strong>le</strong>s révolutions<br />

arabes et <strong>le</strong>urs conséquences politiques présenté<br />

par Patrice PAOLI, diplomate et directeur<br />

d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient au ministère<br />

des affaires étrangères et européennes. Jean-Louis<br />

BOURLANGES, ancien député européen et conseil<strong>le</strong>r<br />

maître à la Cour des Comptes a livré son analyse<br />

des principa<strong>le</strong>s crises auxquel<strong>le</strong>s sont confrontées<br />

actuel<strong>le</strong>ment la France et l’Union européenne.<br />

Pour la deuxième année consécutive, <strong>le</strong> mois de<br />

mars était l’occasion d’associer <strong>le</strong>s auditeurs de<br />

l’Institut avec des magistrats en cyc<strong>le</strong> de formation<br />

supérieure à l’Éco<strong>le</strong> nationa<strong>le</strong> de la magistrature à<br />

Paris. Une réf<strong>le</strong>xion commune a été menée sur la justice<br />

des mineurs et sur la judiciarisation de l’action<br />

militaire. Des retours d’expérience ont été présentés<br />

sur la gestion judiciaire des fêtes de Bayonne et sur<br />

<strong>le</strong> traitement d’une crise en établissement pénitentiaire.<br />

Le maintien de l’ordre et la criminalité organisée<br />

étaient au programme d’avril, <strong>le</strong>s auditeurs ont pu<br />

assister à des démonstrations dynamiques d’un escadron<br />

de gendarmerie mobi<strong>le</strong> et du GIGN sur <strong>le</strong> site<br />

de Satory. Puis <strong>le</strong>s responsab<strong>le</strong>s des services spécialisés<br />

dans la lutte contre la criminalité organisée ont<br />

témoigné de la comp<strong>le</strong>xité du traitement opérationnel<br />

des divers trafics ainsi que du terrorisme. Le sujet avait<br />

été préalab<strong>le</strong>ment introduit et globalisé par Olivier<br />

WEBER, ambassadeur itinérant chargé de la lutte<br />

contre la criminalité organisée.<br />

Le voyage d’études du mois de mai a traditionnel<strong>le</strong>ment<br />

pour objectif de permettre aux auditeurs de<br />

bénéficier d’ une approche comparative de l’organisation<br />

de la sécurité et de la justice à l’étranger.<br />

Cette année <strong>le</strong> déplacement au Royaume des Pays-<br />

Bas a mis en exergue la difficulté pour un pays de<br />

passer d’une police régiona<strong>le</strong> à une police nationa<strong>le</strong>.<br />

Mais il a aussi donné l’occasion aux auditeurs<br />

de découvrir <strong>le</strong>s instances internationa<strong>le</strong>s installées<br />

à La Haye : Europol, Eurojust, <strong>le</strong> Tribunal pénal international<br />

pour l’ex-Yougoslavie, avec l’actualité de<br />

l’ouverture du procès du criminel de guerre serbe<br />

Ratko MLADIC à la Cour péna<strong>le</strong> internationa<strong>le</strong>.<br />

Enfin, avant de se voir remettre <strong>le</strong>s diplômes de fin de<br />

session, <strong>le</strong>s groupes de diagnostic de sécurité (GDS)<br />

ont eu l’occasion de restituer devant l’ensemb<strong>le</strong> de<br />

la promotion et la direction de l’Institut <strong>le</strong>urs travaux<br />

réalisés tout au long de l’année.<br />

Les Groupes de Diagnostic de Sécurité de la 23ème session<br />

GDS 1 - Vers un droit pénal européen<br />

GDS 2 - Création d’un scénario de crise comp<strong>le</strong>xe<br />

GDS 3 - La gestion des crises urbaines : comparaison entre la France et la Grande-Bretagne<br />

GDS 4 - Justice et médias : indépendance et interférences<br />

GDS 5 - Entreprise et terrorisme : quel dispositif de prévention et de protection ?<br />

GDS 6 - L’intégration de la dangerosité dans l’aménagement des longues peines<br />

GDS 7 - Groupe commun IHEDN-INHESJ : La résilience des Etats et des sociétés démocratiques<br />

face aux nouvel<strong>le</strong>s menaces scientifiques et technologiques<br />

Groupe commun INHESJ-CHEM : la judiciarisation de l’action militaire<br />

© INHESJ - LA LETTRE DE L’INHESJ - juil<strong>le</strong>t / août 2012 4


Département justice et droit<br />

actualités<br />

La généralisation des bureaux d’aide aux victimes<br />

Le premier décret relatif à la loi de programmation<br />

relative à l’exécution des peines (du 27 mars 2012)<br />

a été publié au journal officiel du 8 mai dernier et<br />

concerne la possibilité de mise en place de bureaux<br />

d’aide aux victimes (BAV) dans tous <strong>le</strong>s Tribunaux<br />

de Grande Instance, après la période expérimenta<strong>le</strong><br />

débutée en janvier 2009. Cette suggestion était<br />

contenue dans <strong>le</strong> rapport annexé de la loi et destinée<br />

à garantir un égal accès à toutes <strong>le</strong>s victimes<br />

sur l’ensemb<strong>le</strong> du territoire national : el<strong>le</strong> va entraîner<br />

la création de 140 nouveaux bureaux d’aide<br />

aux victimes dont <strong>le</strong> coût annuel moyen est estimé<br />

à 20 000 euros. Ces structures correspondent à<br />

un guichet unique au sein duquel <strong>le</strong>s victimes sont<br />

accueillies, renseignées, accompagnées jusqu’à<br />

la mise à exécution de la décision de justice et en<br />

cas de besoin orientées vers d’autres structures (par<br />

exemp<strong>le</strong> pour une prise en charge médica<strong>le</strong>, ou un<br />

service social pour un logement….). El<strong>le</strong>s peuvent<br />

éga<strong>le</strong>ment aider à la constitution du dossier pour<br />

la saisine du service d’aide au recouvrement des<br />

victimes (SARVI) et de la commission d’indemnisation<br />

des victimes (CIVI). Concrètement, <strong>le</strong>s modalités<br />

d’organisation d’un bureau d’aide aux victimes sont<br />

fixées dans une convention signée par <strong>le</strong> procureur<br />

de la République, <strong>le</strong> Président du tribunal, <strong>le</strong> juge délégué<br />

aux victimes (JUDEVI) et la ou <strong>le</strong>s associations<br />

loca<strong>le</strong>s d’aide aux victimes. Le plus souvent d’autres<br />

partenaires institutionnels y sont associés comme <strong>le</strong><br />

barreau local, <strong>le</strong>s services de police et de gendarmerie,<br />

<strong>le</strong>s huissiers du ressort. Dans ce cadre, la juridiction<br />

met à disposition des locaux et du matériel<br />

et en contrepartie la ou <strong>le</strong>s associations s’engagent<br />

à tenir des permanences régulières, voire à assurer<br />

un service d’urgence pour <strong>le</strong>s comparutions immédiates.<br />

Ce décret instaure un principe de prise en<br />

charge systématique des victimes parties civi<strong>le</strong>s à<br />

l’issue des audiences péna<strong>le</strong>s par <strong>le</strong> bureau d’aide<br />

aux victimes (ce qui suppose l’instauration d’une<br />

permanence <strong>le</strong>s jours d’audience) et non plus par <strong>le</strong><br />

bureau d’exécution des peines ou <strong>le</strong>s greffiers (qui<br />

demeurent compétents uniquement en l’absence de<br />

BAV). Toutes <strong>le</strong>s prérogatives dévolues au BAV sont<br />

détaillées dans <strong>le</strong> nouvel artic<strong>le</strong> D. 47-6-15 du code<br />

de procédure péna<strong>le</strong>.<br />

Enfin, afin de mieux assurer <strong>le</strong>ur mission, <strong>le</strong>s personnes<br />

membres du BAV pourront être destinataires<br />

de certaines informations sur <strong>le</strong>s données contenues<br />

dans la base de traitement automatisé du bureau<br />

d’ordre national « Cassiopée » sous certaines conditions.<br />

Le décret n°680 publié aussi <strong>le</strong> 8 mai dernier,<br />

ouvre des droits d’accès au représentant national<br />

d’Eurojust, à certains personnels de la protection<br />

judiciaire de la jeunesse ; <strong>le</strong>s délégués du procureur<br />

de la République et <strong>le</strong>s réservistes des services judiciaires<br />

auront même la possibilité de mettre à jour <strong>le</strong>s<br />

procédures dont ils sont saisis.<br />

Décret n°2012-681 sur <strong>le</strong> bureau d’aide aux victimes :<br />

http://www.<strong>le</strong>gifrance.gouv.fr/affichTexte.do;jsessionid=1C6C65AF7AE733C10F3284845D7CF7AF.tpdjo05v_3?cidTexte=J<br />

ORFTEXT000025822780&dateTexte=&oldAction=rechJO&categorieLien=id<br />

Décret n°2012-680 relatif au bureau d’ordre national Cassiopée et à l’accès des associations d’aide aux<br />

victimes :<br />

http://www.<strong>le</strong>gifrance.gouv.fr/affichTexte.do;jsessionid=1C6C65AF7AE733C10F3284845D7CF7AF.tpdjo05v_3?cidTexte=J<br />

ORFTEXT000025822751&dateTexte=&oldAction=rechJO&categorieLien=id<br />

© INHESJ - LA LETTRE DE L’INHESJ - juil<strong>le</strong>t / août 2012 5


Département sécurité économique<br />

actualités<br />

Rapport d’information sur l’influence culturel<strong>le</strong> des pays émergents N° 4455,<br />

enregistré à la Présidence de l’Assemblée nationa<strong>le</strong> <strong>le</strong> 6 mars 2012.<br />

Mme Chantal Bourragué et M. Didier Mathus – Co rapporteurs<br />

Ce rapport d’information sur <strong>le</strong>s pays émergents,<br />

présenté par <strong>le</strong>s députés Mme Chantal Bourragué<br />

et M. Didier Mathus, analyse <strong>le</strong>s diverses<br />

pratiques employées en matière d’influence culturel<strong>le</strong><br />

et met en exergue <strong>le</strong>s différentes approches<br />

entre <strong>le</strong>s pays dits « développés » et <strong>le</strong>s pays dits<br />

« émergents ». La mission de recherche rattachée<br />

à la commission des affaires étrangères expose notamment<br />

<strong>le</strong>s stratégies utilisées par <strong>le</strong>s BRICS (Brésil,<br />

Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) et détail<strong>le</strong> <strong>le</strong>s<br />

raisons qui <strong>le</strong>s ont poussés à mettre en place une<br />

véritab<strong>le</strong> politique d’influence culturel<strong>le</strong>. En fonction<br />

de <strong>le</strong>ur environnement, <strong>le</strong>s États construisent une<br />

campagne d’influence culturel<strong>le</strong> en exploitant <strong>le</strong><br />

réseau des services publics ou celui d’organisations<br />

privées. La Chine dispose par exemp<strong>le</strong> de nombreux<br />

services étatiques tels que ses 9 centres culturels et<br />

<strong>le</strong>s instituts Confucius (6 instituts en 2005, 358 en<br />

2010 présents dans 105 pays différents). D’autres<br />

pays tels que l’Inde ont recours au secteur privé ou<br />

à l’industrie dans <strong>le</strong>ur stratégie d’influence. C’est<br />

<strong>le</strong> cas de Bollywood qui participe au rayonnement<br />

culturel de l’Inde à l’étranger (notamment auprès de<br />

sa diaspora). De même, <strong>le</strong> Brésil profite de la popularité<br />

de ses te<strong>le</strong>novelas et la Russie soutient activement<br />

<strong>le</strong> développement des églises orthodoxes à<br />

l’étranger.<br />

Si l’influence culturel<strong>le</strong> s’inscrit parfaitement dans<br />

<strong>le</strong>s doctrines du soft power et rencontre un intérêt<br />

croissant auprès des pays émergents, <strong>le</strong>s pays<br />

développés ne cessent en revanche de restreindre<br />

<strong>le</strong>urs budgets et initiatives en la matière. Si à l’issue<br />

des trente glorieuses la promotion de la culture est<br />

devenue une priorité, <strong>le</strong>s réductions budgétaires<br />

imposées par <strong>le</strong>s nouvel<strong>le</strong>s politiques d’austérité<br />

actuel<strong>le</strong>s ra<strong>le</strong>ntissent <strong>le</strong>s ambitions françaises en<br />

matière de rayonnement par la culture. Cet inversement<br />

des tendances affaiblit ainsi <strong>le</strong>s puissances du<br />

XXème sièc<strong>le</strong> au profit de puissances émergentes.<br />

La France conserve toutefois son attractivité culturel<strong>le</strong><br />

et est régulièrement sollicitée par d’autres pays<br />

pour la création de partenariats bilatéraux avec des<br />

musées et institutions français.<br />

© INHESJ - LA LETTRE DE L’INHESJ - juil<strong>le</strong>t / août 2012 6


actualités<br />

Pô<strong>le</strong> affaires européennes et internationa<strong>le</strong>s<br />

L’INHESJ et la Fédération de Russie.<br />

Colloque sur <strong>le</strong> crime économique et financier à Moscou.<br />

Une délégation de l’INHESJ a participé à Moscou,<br />

<strong>le</strong>s 13 et 14 juin 2012, à un colloque coorganisé<br />

avec <strong>le</strong> Comité d’enquête de la Fédération<br />

de Russie. Cette rencontre avait pour thème général<br />

« l’élucidation des crimes économiques et financiers<br />

commis par <strong>le</strong>s grands criminels organisés ». El<strong>le</strong><br />

s’inscrivait dans <strong>le</strong> cadre de la convention bilatéra<strong>le</strong><br />

de novembre 2011 liant <strong>le</strong>s deux parties.<br />

La délégation de l’INHESJ, conduite par son Directeur,<br />

M. André-Michel VENTRE, assisté de son Conseil<strong>le</strong>r<br />

diplomatique, M. Lionel MAJESTÉ-LARROUY, était<br />

composée de M. Jacques DALLEST, Procureur de la<br />

République de Marseil<strong>le</strong>, M. Jean-Baptiste CARPEN-<br />

TIER, directeur de TRACFIN, du Contrô<strong>le</strong>ur général<br />

de la Police nationa<strong>le</strong>, M. Gil<strong>le</strong>s AUBRY et du Lieutenant-colonel<br />

de la Gendarmerie nationa<strong>le</strong> M. François<br />

DESPRES, directeur adjoint de l’Office central de<br />

lutte contre la délinquance itinérante.<br />

Cette rencontre bilatéra<strong>le</strong> s’est déroulée sous <strong>le</strong>s<br />

meil<strong>le</strong>urs auspices : par la qualité remarquab<strong>le</strong><br />

des interventions, marquées par l’originalité de<br />

l’approche opérationnel<strong>le</strong> reflétant l’ensemb<strong>le</strong> des<br />

acteurs de la chaîne péna<strong>le</strong> ; par l’intérêt spécifique<br />

exprimé par la partie russe, rehaussée par<br />

la présence du Général A<strong>le</strong>xandre BASTRYKINE,<br />

Conseil<strong>le</strong>r du Président Poutine; enfin, par la volonté<br />

affichée du Comité d’enquête de renforcer sa coopération<br />

avec ses homologues français.<br />

A cet égard, des propositions d’actions communes<br />

et d’échanges opérationnels en matière de sécurité<br />

et de justice pour l’avenir ont été agréées. Ainsi,<br />

l’INHESJ organisera à Paris en octobre prochain un<br />

colloque franco-russe sur <strong>le</strong>s problématiques de la<br />

criminalité organisée dans la grande Europe.<br />

Séminaire sur <strong>le</strong> Rô<strong>le</strong> du Procureur Général, Paris, 16-17 juil<strong>le</strong>t 2012.<br />

Rencontre avec une délégation de l’Université Nayef de Ryad (Arabie Saoudite)<br />

Dans <strong>le</strong> cadre du partenariat que l’INHESJ a noué<br />

avec l’Université Nayef de Ryad (Arabie Saoudite)<br />

<strong>le</strong> 19 octobre 2000, l’Institut a organisé, <strong>le</strong>s 16 et<br />

17 juil<strong>le</strong>t 2012, un séminaire sur <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> du Procureur<br />

Général en France destiné à une délégation de 15<br />

magistrats et policiers saoudiens, dont quatre « docteurs<br />

de la loi » conduite par <strong>le</strong> Dr Ahsan TALEB,<br />

doyen des études de l’université Nayef des sciences<br />

de la sécurité.<br />

Le 16 juil<strong>le</strong>t, M. François FALLETTI, Procureur Général<br />

près la Cour d’Appel de Paris, intervenait sur<br />

<strong>le</strong> Parquet Général et Eurojust et Mme Frédérique<br />

DUBOST, chef du pô<strong>le</strong> Justice et Droit de l’INHESJ,<br />

présentait la Justice en France, ses principaux acteurs<br />

et <strong>le</strong>s trois degrés de juridiction.<br />

Le 17 juil<strong>le</strong>t, <strong>le</strong> commissaire David CHANTREUX<br />

de l’IGPN intervenait sur <strong>le</strong>s contrô<strong>le</strong>s externe et<br />

interne des forces de sécurité et Mme Marie-Luce<br />

MARIANI, Professeur de Droit à l’Université de Paris<br />

2 Panthéon-Sorbonne définissait la fonction et <strong>le</strong><br />

statut du Procureur de la République terminant par<br />

une approche comparative des différents systèmes<br />

européens et l’évocation d’un futur Parquet européen.<br />

La délégation saoudienne s’est déclarée très satisfaite<br />

de cette visite. El<strong>le</strong> a exprimé <strong>le</strong> souhait de<br />

revenir en France pour une plus amp<strong>le</strong> formation.<br />

Les hauts magistrats saoudiens ont, dans cette perspective,<br />

proposé un nouveau séminaire portant sur<br />

une comparaison des droits saoudien et français.<br />

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ondrp<br />

actualités<br />

Participation de l’ONDRP à la 1ère conférence internationa<strong>le</strong> sur <strong>le</strong>s statistiques<br />

criminel<strong>le</strong>s (Aguascalientes, Mexique)<br />

Du 22 au 24 mai 2012, l’ONDRP est intervenu à<br />

une conférence internationa<strong>le</strong> consacrée aux différents<br />

aspects des statistiques de la délinquance<br />

à Aguascalientes (Mexique), à l’invitation du<br />

l’UNODC, de l’Instituto Nacional de Estadística y<br />

Geografía (INEGI) et de <strong>le</strong>ur structure commune, <strong>le</strong><br />

Centre d’excel<strong>le</strong>nce statistique sur la gouvernance,<br />

la sécurité publique, la victimation et la justice.<br />

Sous l’impulsion des Nations Unies, au Mexique<br />

et en Amérique Centra<strong>le</strong>, mais aussi dans d’autres<br />

pays confrontés à une forte criminalité vio<strong>le</strong>nte<br />

(homicides, extorsions, enlèvements ou vols à main<br />

armée), comme en Afrique du Sud, <strong>le</strong> développement<br />

d’un système statistique performant et<br />

indépendant, incluant notamment <strong>le</strong>s enquêtes<br />

de victimation, est aujourd’hui considéré comme<br />

une des dimensions incontournab<strong>le</strong>s de la lutte<br />

contre <strong>le</strong> crime.<br />

Ainsi, au cours des dernières années, de nombreux<br />

projets de col<strong>le</strong>cte d’informations statistiques sur<br />

la criminalité et la délinquance, sous la forme de<br />

recensements administratifs ou d’enquêtes de victimation,<br />

ont été lancés dans ces États.<br />

La conférence internationa<strong>le</strong> d’Aguascalientes<br />

a été l’occasion d’en présenter <strong>le</strong>s premiers<br />

résultats et de <strong>le</strong>s confronter à ceux des États-<br />

Unis, du Canada, de l’Australie et de plusieurs<br />

États d’Europe, dont la France. El<strong>le</strong> a été un point<br />

de rencontre et d’échanges entre des pays ayant<br />

des niveaux d’avancement et d’expérience variés<br />

en matière de statistiques de la délinquance, des<br />

États-Unis avec <strong>le</strong>ur enquête de victimation qui remonte<br />

aux années 1970 aux « nouveaux venus »<br />

dont la première enquête de victimation date d’il y<br />

a un ou deux ans. Il s’agit notamment du Mexique<br />

et de l’Afrique du Sud.<br />

En terme organisationnel, <strong>le</strong>s « nouveaux venus »<br />

ont su bénéficier de l’expérience acquise précédemment.<br />

C’est ainsi que l’existence d’une enquête<br />

nationa<strong>le</strong> de victimation au sein du système statistique<br />

public est devenue ce qu’on peut appe<strong>le</strong>r un<br />

« standard international », autrement dit <strong>le</strong> minimum<br />

pour pouvoir apparaître crédib<strong>le</strong>. D’ail<strong>le</strong>urs,<br />

tous <strong>le</strong>s pays occidentaux représentés parmi <strong>le</strong>s orateurs<br />

ont en commun d’avoir une tel<strong>le</strong> enquête : <strong>le</strong>s<br />

États-Unis dont l’enquête est menée par <strong>le</strong> Bureau<br />

of Census pour <strong>le</strong> Bureau of Justice Statistics, <strong>le</strong><br />

Canada (Statistics Canada), <strong>le</strong>s Pays-Bas (Statistics<br />

Netherlands), l’Italie (Instituto naziona<strong>le</strong> di statistica),<br />

l’Australie (Australian Bureau of Statistics) et la<br />

France (partenariat INSEE-ONDRP).<br />

Lors de ses deux interventions, l’ONDRP a présenté<br />

<strong>le</strong>s derniers résultats disponib<strong>le</strong>s pour la France. Il<br />

<strong>le</strong>s a mis en perspective en insistant sur <strong>le</strong>s qualités<br />

mais aussi <strong>le</strong>s limites du dispositif français,<br />

considérant que pour être uti<strong>le</strong> l’expérience<br />

française devait apparaître sous tous ses aspects.<br />

L’ONDRP a notamment montré comment sa méthodologie<br />

était encore assez peu entrée en pratique<br />

au sein du ministère de l’Intérieur. Certes, il analyse<br />

<strong>le</strong>s statistiques sur <strong>le</strong>s faits constatés, <strong>le</strong>s faits élucidés<br />

ou <strong>le</strong>s personnes mises en cause par la police et<br />

la gendarmerie selon ses propres principes (pas de<br />

chiffre unique et comparaisons des tendances avec<br />

la victimation), mais cela ne signifie pas qu’ils sont<br />

toujours pris en compte dans l’espace public.<br />

On peut dire que l’expérience française a suscité<br />

de l’intérêt en prenant comme révélateurs, d’une<br />

part <strong>le</strong>s contacts bilatéraux noués avec <strong>le</strong>s homologues<br />

du Mexique, des États-Unis, du Canada ou<br />

de l’Australie notamment, et d’autre part <strong>le</strong>s reprises<br />

d’éléments des présentations de l’ONDRP lors de<br />

plusieurs interventions du 24 mai, dernier jour de la<br />

conférence.<br />

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ondrp<br />

actualités<br />

Flash sur …<br />

La première enquête nationa<strong>le</strong> de victimation au sein des collèges public<br />

Dans <strong>le</strong> dernier rapport annuel de l’ONDRP figure<br />

un artic<strong>le</strong> sur la première enquête nationa<strong>le</strong> de<br />

victimation au sein des collèges publics, qui<br />

s’est déroulée au printemps 2011. Rédigé par<br />

Laëtitia EVRARD, de la Direction de l’évaluation, de<br />

la prospective et de la performance au ministère de<br />

l’Éducation nationa<strong>le</strong>, l’artic<strong>le</strong> présente <strong>le</strong>s résultats<br />

de cette enquête, menée auprès de 18 000 élèves<br />

répartis dans un échantillon représentatif de 300<br />

collèges publics de France métropolitaine.<br />

Le questionnaire portait sur <strong>le</strong> climat scolaire et<br />

<strong>le</strong>s atteintes dont <strong>le</strong>s élèves interrogés ont pu être<br />

victimes. Il ressort que 93 % d’entre eux se disent<br />

satisfaits du climat scolaire de <strong>le</strong>ur établissement.<br />

Les insultes, <strong>le</strong>s vols de fournitures scolaires et <strong>le</strong>s<br />

moqueries sont <strong>le</strong>s atteintes déclarées <strong>le</strong>s plus courantes<br />

: très peu d’élèves déclarent des faits de vio<strong>le</strong>nces<br />

graves tel<strong>le</strong>s que <strong>le</strong>s menaces ou <strong>le</strong>s b<strong>le</strong>ssures<br />

par armes.<br />

De façon globa<strong>le</strong>, 6 % des élèves déclarent un<br />

nombre de victimations qui pourrait indiquer une<br />

situation de harcè<strong>le</strong>ment. Cette multivictimation est<br />

plus fréquente pour <strong>le</strong>s élèves de sixième que pour<br />

ceux de troisième. El<strong>le</strong> concerne plus souvent <strong>le</strong>s<br />

garçons que <strong>le</strong>s fil<strong>le</strong>s. En revanche, l’écart est faib<strong>le</strong><br />

entre <strong>le</strong>s élèves des collèges des réseaux ambition<br />

réussite et <strong>le</strong>s autres, même si <strong>le</strong>s premiers remontent<br />

plus de faits de vio<strong>le</strong>nces graves que <strong>le</strong>s autres collégiens<br />

et ont une opinion sur <strong>le</strong> climat scolaire un<br />

peu moins favorab<strong>le</strong>.<br />

La criminalité en France, rapport 2011 de l’ONDRP, dossier Victimation, p. 197<br />

http://www.<strong>inhesj</strong>.fr/fichiers/ondrp/rapport_annuel/ra2011/Dossier%20I%20-%20Victimation/010%20D%20I%20-%20<br />

5%20Victimation%20col<strong>le</strong>ge%20public.pdf<br />

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ondrp<br />

actualités<br />

FLASH SUR…<br />

Les vols de métaux en France métropolitaine en 2010…<br />

L’observatoire national de la délinquance et des<br />

réponses péna<strong>le</strong>s (ONDRP) aborde, dans son numéro<br />

7 de la col<strong>le</strong>ction intitulée « Focus », un phénomène<br />

criminel en expansion, <strong>le</strong>s vols de métaux. En<br />

2010, la gendarmerie nationa<strong>le</strong> a enregistré plus de<br />

10 000 sur <strong>le</strong> territoire métropolitain dans sa seu<strong>le</strong><br />

zone de compétence quand el<strong>le</strong> en avait recensé<br />

moins de 7 000 en 2006.<br />

Les métaux sont volés qu’ils soient à l’état brut ou<br />

transformés en portails, robinets, batteries, pieds de<br />

vignes, etc. sous toutes <strong>le</strong>urs formes.<br />

Le métal principa<strong>le</strong>ment volé est <strong>le</strong> cuivre, et ce,<br />

chaque année. En 2010, il a représenté 58 % des<br />

10 854 « pièces 1 » de métal recensées dans <strong>le</strong>s<br />

10 181 faits recensés. Près de 16 % étaient des<br />

pièces de plomb/étain et 10,3 % de l’acier. Il est à<br />

noter que <strong>le</strong>s faits commis en zone de compétence<br />

de la police nationa<strong>le</strong> et portés à la connaissance<br />

de l’OCLDI font éga<strong>le</strong>ment état d’une majorité de<br />

vols de cuivre. 64 % des 10 181 faits recensés par<br />

l’OCLDI et enregistrés en zone gendarmerie ont<br />

été commis par effraction en 2010. Et ce sont <strong>le</strong>s<br />

entreprises qui ont été la première cib<strong>le</strong> des vo<strong>le</strong>urs<br />

de métaux (plus de 31 %), suivies des domaines de<br />

l’État (22,4 %).<br />

Les métaux sont au centre d’un marché illicite au sein<br />

duquel évoluent des délinquants occasionnels mais<br />

aussi et surtout des bandes organisées et famil<strong>le</strong>s<br />

non sédentarisées qui se sont spécialisées dans cette<br />

catégorie de délits.<br />

L’OCLDI a établi cinq catégories de mis en cause:<br />

<strong>le</strong>s « locaux », qu’ils soient français ou étrangers résidant<br />

à proximité du lieu de commission des faits, <strong>le</strong>s<br />

itinérants français, <strong>le</strong>s employés et <strong>le</strong>s étrangers. En<br />

2010, 1 538 personnes ont été mises en cause en<br />

zone gendarmerie dont plus de 45 % se sont avérés<br />

être des malfaiteurs locaux, des individus vivant<br />

dans <strong>le</strong>s environs plus ou moins proches des lieux de<br />

commission des faits.<br />

Pour l’étude complète :<br />

http://www.<strong>inhesj</strong>.fr/fichiers/ondrp/focus/Focus_7_CR.pdf<br />

Mais au-delà de la commission du fait et de ce qu’il<br />

peut rapporter à son auteur, ce qui caractérise <strong>le</strong>s<br />

vols de métaux ce sont <strong>le</strong>s préjudices et <strong>le</strong>s conséquences<br />

qui en décou<strong>le</strong>nt. En effet, <strong>le</strong>s victimes sont<br />

souvent financièrement plus impactées par <strong>le</strong>s dommages<br />

qui résultent des vols que par la va<strong>le</strong>ur des<br />

métaux volés. Quant aux conséquences, el<strong>le</strong>s dépassent<br />

parfois <strong>le</strong>s vols perpétrés : retards de train,<br />

coupures d’é<strong>le</strong>ctricité… Aussi, l’ONDRP a souhaité<br />

mettre en parallè<strong>le</strong> <strong>le</strong>s faits enregistrés qui donnent<br />

des éléments de mesure et <strong>le</strong>s préjudices occasionnés<br />

par <strong>le</strong> biais de la collaboration de grandes entreprises,<br />

à savoir la SNCF et Réseau de Transport<br />

d’É<strong>le</strong>ctricité RTE et É<strong>le</strong>ctricité Réseau Distribution<br />

France (ERDF).<br />

Ainsi, en 2010, 3 353 vols de métaux et tentatives<br />

recensés par la SNCF ont occasionné à cette entreprise<br />

un préjudice de 30 millions d’euros. Ce<br />

nombre de faits n’avait jamais été atteint auparavant;<br />

c’est une hausse de 181,5 % par rapport à<br />

2009 (+ 2 162 faits). De 2005 à 2010, ce sont près<br />

de 13 000 vols de métaux et tentatives qui ont été<br />

comptabilisés. Les trois quarts des vols de métaux et<br />

tentatives se sont produits sur <strong>le</strong>s lignes de circulation<br />

des trains et ce sont 48 % des câb<strong>le</strong>s é<strong>le</strong>ctriques<br />

qui ont été concernés.<br />

É<strong>le</strong>ctricité de France (EDF) est la principa<strong>le</strong> entreprise<br />

de production et de fourniture d’é<strong>le</strong>ctricité en<br />

France et s’articu<strong>le</strong> autour deux grandes divisions:<br />

<strong>le</strong> transport de l’é<strong>le</strong>ctricité de haute et très haute<br />

tension géré par Réseau de Transport d’É<strong>le</strong>ctricité<br />

(RTE); la distribution de l’é<strong>le</strong>ctricité de moyenne et<br />

basse tension assurée par É<strong>le</strong>ctricité Réseau Distribution<br />

France (ERDF). Ce sont ces deux filia<strong>le</strong>s qui<br />

sont directement concernées par <strong>le</strong>s vols de métaux.<br />

En 2010, environ 800 faits de vols et tentatives de<br />

vols de métaux et intrusions sur <strong>le</strong>s sites de RTE et<br />

ERDF ont causé un préjudice évalué à au moins 15<br />

millions d’euros.<br />

(1) : l’ONDRP a choisi l’appellation « pièces de métal » pour désigner tous <strong>le</strong>s matériaux, tous <strong>le</strong>s matériels, tous <strong>le</strong>s équipements<br />

dérobés qui apparaissent dans une procédure, sachant que <strong>le</strong> butin des vo<strong>le</strong>urs peut être constitué de plusieurs pièces dans<br />

des métaux différents. Il s’agit, en l’occurrence, de mesurer l’attrait suscité par tel ou tel métal. L’OCLDI a retenu trois métaux<br />

maximum par procédure (l’analyse des procédures requiert une charge de travail importante et il y a assez peu de procédures<br />

faisant état du vol de plus de trois métaux différents).<br />

© INHESJ - LA LETTRE DE L’INHESJ - juil<strong>le</strong>t / août 2012 10


Département sécurité<br />

Veil<strong>le</strong><br />

I. POLITIQUES DE SÉCURITÉ PUBLIQUES ET PRIVÉES<br />

•Recouvrement des contraventions : <strong>le</strong> Défenseur des droits propose de réformer <strong>le</strong>ur traitement<br />

Dans un document de 16 pages rendu public <strong>le</strong> 13 juin dernier, <strong>le</strong> Défenseur des droits, Dominique Baudis, a proposé<br />

au gouvernement plusieurs mesures destinées à remédier aux dysfonctionnements constatés dans <strong>le</strong> traitement des<br />

contraventions et faciliter <strong>le</strong>ur contestation par <strong>le</strong>s automobilistes. Ainsi, la comp<strong>le</strong>xité et la dématérialisation croissante<br />

du traitement des contraventions ne permettraient pas de garantir aux usagers l’effectivité de <strong>le</strong>urs droits. De fait, en<br />

2011, son institution avait enregistré 552 contestations concernant la route, contre 391 en 2010 (soit une augmentation<br />

de 41%), dont environ 40% concernaient des infractions re<strong>le</strong>vées après cession du véhicu<strong>le</strong> notamment par <strong>le</strong><br />

biais d’usurpation de plaques minéralogiques.<br />

Le Défenseur rappelait par ail<strong>le</strong>urs que la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) avait condamné la France<br />

en sanctionnant l’absence d’une possibilité effective de recours contre <strong>le</strong>s décisions de rejet des requêtes en exonération<br />

de l’amende forfaitaire par <strong>le</strong>s officiers du ministère public. Pour faciliter et rendre incontestab<strong>le</strong> <strong>le</strong> paiement, il<br />

proposait l’installation de points de télépaiement des amendes sur <strong>le</strong> territoire, par exemp<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s tabacs, et d’harmoniser<br />

<strong>le</strong> délai de paiement de toutes <strong>le</strong>s amendes à 15 jours.<br />

Il demandait aussi la refonte des formulaires de requête en exonération et de réclamation motivée afin de permettre<br />

aux usagers de disposer d’une information claire sur <strong>le</strong>s modalités et <strong>le</strong>s conséquences de la contestation, notamment<br />

en termes de recours et d’expiration des délais de règ<strong>le</strong>ment. En effet, beaucoup de contestations ont été rejetées pour<br />

irrecevabilité par <strong>le</strong> traitement automatisé, faute pour <strong>le</strong>s personnes intéressées d’avoir coché toutes <strong>le</strong>s cases requises<br />

en raison d’une présentation des dits formulaires susceptib<strong>le</strong> de <strong>le</strong>s induire en erreur.<br />

•À Los Ange<strong>le</strong>s, un algorithme sert à prévenir <strong>le</strong>s infractions<br />

Après des premiers tests concluants en Californie, d’autres policiers américains vont travail<strong>le</strong>r avec des logiciels permettant<br />

de prédire la commission d’une infraction.<br />

À Los Ange<strong>le</strong>s, certains policiers prennent directement <strong>le</strong>urs ordres d’un logiciel qui, après un savant calcul, <strong>le</strong>ur<br />

indique à quel<strong>le</strong> heure et dans quel<strong>le</strong> zone patrouil<strong>le</strong>r. Concrètement, ils reçoivent avant chaque patrouil<strong>le</strong> une carte<br />

imprimée dans laquel<strong>le</strong> sont représentés des « hot spots » d’environ 150 m², représentant <strong>le</strong>s zones dans <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s<br />

risquent de survenir des infractions.<br />

Fruit de recherches anthropologiques et informatiques menées par <strong>le</strong>s universités de Santa Clara et de Californie, ce<br />

logiciel est basé sur un algorithme quasi équiva<strong>le</strong>nt à celui permettant de prévoir <strong>le</strong>s répliques d’un tremb<strong>le</strong>ment de<br />

terre. Il prend en particulier en compte <strong>le</strong>s données relatives à la localisation, aux nombres et aux types d’infractions<br />

commises (cambriolages, vols de voitures, etc.) sur une zone donnée. Pour prédire où et quand de nouvel<strong>le</strong>s infractions<br />

pourraient survenir.<br />

À la différence de ce qu’a pu imaginer la science-fiction, <strong>le</strong> logiciel ne vise pas à arrêter <strong>le</strong> malfaiteur sur <strong>le</strong> fait.<br />

L’objectif ici est plutôt de prévenir, en dépêchant une patrouil<strong>le</strong> dans un endroit où la probabilité qu’une infraction<br />

soit commise est la plus forte, la simp<strong>le</strong> présence des forces de l’ordre étant bien souvent assez dissuasive. Comme<br />

<strong>le</strong> fait remarquer <strong>le</strong> directeur de la police de Los Ange<strong>le</strong>s, interrogé par CBS, «La vraie mesure n’est pas combien de<br />

personnes vous attrapez, mais combien d’infraction vous empêchez.»<br />

Proposée par l’entreprise privée PredPol, cette nouvel<strong>le</strong> méthode a été testée dans divers quartiers de Los Ange<strong>le</strong>s<br />

ainsi qu’à Santa Cruz. Et selon la police, <strong>le</strong>s progrès sont radicaux: « Nous avons empêché que des centaines et des<br />

centaines de personnes rentrent chez el<strong>le</strong>s et découvrent que <strong>le</strong>ur maison a été cambriolée », a par exemp<strong>le</strong> déclaré<br />

<strong>le</strong> capitaine de police Sean Malinowski à Associated Press. Selon Predpol, <strong>le</strong>s cambriolages ont diminué de 27% par<br />

rapport à l’année précédente à Santa Cruz. Entre novembre 2011 et avril 2012, la baisse serait de l’ordre de 25%<br />

dans <strong>le</strong>s quartiers de Los Ange<strong>le</strong>s concernés par ce dispositif, comme <strong>le</strong> rapporte Technology Review.<br />

Ce dispositif a d’ores et déjà été étendu à de nouveaux quartiers de Los Ange<strong>le</strong>s, et est en train de se développer<br />

dans d’autres vil<strong>le</strong>s indique Technology Review. En 2011, <strong>le</strong> magazine Time avait classé cette initiative parmi <strong>le</strong>s 50<br />

meil<strong>le</strong>ures inventions de l’année. Reste à savoir si, sur <strong>le</strong> long terme, <strong>le</strong>s cambrio<strong>le</strong>urs et autres vo<strong>le</strong>urs ne s’adapteront<br />

pas à cette nouvel<strong>le</strong> pratique, par <strong>le</strong> piratage des localisations fournies à la police par exemp<strong>le</strong>.<br />

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Département sécurité<br />

Veil<strong>le</strong><br />

•Fausse monnaie : la plus grande fabrique de faux bil<strong>le</strong>ts démantelée par la police nationa<strong>le</strong><br />

Les 12 et 13 juin dernier, l’Office central pour la répression du faux monnayage (OCRFM, de la Direction centra<strong>le</strong><br />

de la police judiciaire) a démantelé dans <strong>le</strong> site industriel d’un petit village discret de Seine-et-Marne, entre Meaux<br />

et Chel<strong>le</strong>s, la plus grande fabrique de France de faux bil<strong>le</strong>ts (et la deuxième d’Europe). Plus de 9 millions d’euros<br />

en 350 000 faux bil<strong>le</strong>ts de 20 et de 50 euros ont été saisis. L’OCRFM et la Juridiction interrégiona<strong>le</strong> spécialisée<br />

(Jirs) de Paris, avaient travaillé sur cette affaire depuis que <strong>le</strong>s contrefaçons, référencées au niveau européen « EUA-<br />

0020C00045 » et « EUA-0050C00067 », étaient apparues dans <strong>le</strong> circuit fiduciaire en 2007.<br />

Ces fausses coupures de 20 et 50 euros « de bonne facture » avaient été réalisées non en offset, comme <strong>le</strong> plus souvent,<br />

mais à partir d’une chaîne graphique numérique. El<strong>le</strong>s étaient émises à 90 % sur <strong>le</strong> territoire français, <strong>le</strong> reste dans <strong>le</strong>s<br />

zones frontalières des pays riverains, et distribuées par des membres de la communauté des gens du voyage. Au fil<br />

du temps, plusieurs dizaines de personnes de cette communauté qui constituaient <strong>le</strong> réseau d’écou<strong>le</strong>ment avaient été<br />

interpellées en région parisienne et dans des zones de moyennes agglomérations en province. La difficulté à remonter<br />

<strong>le</strong>s filières dans ces milieux a retardé l’interpellation du contrefacteur, un homme d’une cinquantaine d’années, déjà<br />

connu des services de police et condamné pour fausse monnaie.<br />

•Contrefaçon : <strong>le</strong>s saisies de produits contrefaits ont augmenté de plus de 42 % en France en 2011<br />

Le 7 juin dernier, Christian Peugeot, <strong>le</strong> président de l’Unifab (Union des fabricants pour la protection internationa<strong>le</strong> de<br />

la propriété intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>), a déclaré qu’en 2011, près de 9 millions de produits de contrefaçon avaient été saisis par<br />

<strong>le</strong>s douanes, soit une progression de plus de 42 % par rapport à l’année précédente.<br />

Il s’est ainsi félicité que ces chiffres traduisaient la mobilisation accrue des services opérationnels de la douane dans<br />

la lutte contre la contrefaçon et démontraient l’amp<strong>le</strong>ur du développement de cette activité illicite et dangereuse. Entre<br />

5 % et 10 % des échanges internationaux seraient ainsi <strong>le</strong> fait de la contrefaçon. 70 % de saisies provenaient d’Asie,<br />

qui demeure la première région de production de faux. Avec 16 % des saisies, l’Europe occupe la seconde place,<br />

passant devant l’Afrique.<br />

(source AEF Info)<br />

II. FORCES DE SÉCURITÉ<br />

•Sécurité privée : <strong>le</strong> gouvernement décide de renforcer la sécurité des convoyeurs de fonds<br />

Le 12 juin dernier, <strong>le</strong>s représentants des convoyeurs de fonds se sont déclarés « satisfaits », des mesures prises pour<br />

renforcer la sécurité de la profession, à l’issue d’une rencontre qui a duré plus de deux heures avec Jean Daubigny,<br />

directeur du cabinet du ministre de l’Intérieur, Manuel Valls. La profession réclamait une sécurisation accrue après <strong>le</strong><br />

braquage à la kalachnikov, <strong>le</strong> 4 juin, d’un véhicu<strong>le</strong> de la TAS à Aubervilliers ( <strong>le</strong> troisième en seu<strong>le</strong>ment deux mois<br />

contre cette même société de transport ) qui avait fait un b<strong>le</strong>ssé grave parmi <strong>le</strong>s convoyeurs.<br />

Pascal Quiroga, coordinateur national du transport de fonds, a annoncé que <strong>le</strong> ministre avait signé <strong>le</strong>s décrets portant<br />

sur la sécurité des transports de fonds. Dorénavant, il y aura une limitation à trois al<strong>le</strong>rs-retours pour <strong>le</strong>s convoyeurs<br />

entre <strong>le</strong> camion et <strong>le</strong>s lieux de desserte. L’utilisation d’une valise sécurisée pour transporter <strong>le</strong>s bil<strong>le</strong>ts sera éga<strong>le</strong>ment<br />

généralisée, alors qu’actuel<strong>le</strong>ment, ces fonds sont parfois mis dans de simp<strong>le</strong>s sacs.<br />

Par ail<strong>le</strong>urs, des « zones criminogènes » vont être déterminées. Dans ces sites, <strong>le</strong> dabiste sera embarqué dans un fourgon<br />

blindé et ne sera donc plus seul pour réalimenter <strong>le</strong>s distributeurs. Enfin, <strong>le</strong>s contrô<strong>le</strong>s seront renforcés sur toutes<br />

<strong>le</strong>s sociétés de transports de fonds, mesure que la profession demandait depuis des années. Les premiers contrô<strong>le</strong>s<br />

devraient avoir lieu dès <strong>le</strong> début de l’été.<br />

•Vio<strong>le</strong>nces scolaires : Vincent Peillon a annoncé la création avant la fin de l’année de postes d’assistant de prévention<br />

et de sécurité<br />

Le 8 juin dernier, <strong>le</strong> ministre de l’Éducation nationa<strong>le</strong>, Vincent Peillon, a annoncé la création dans <strong>le</strong>s établissements <strong>le</strong>s<br />

plus diffici<strong>le</strong>s et avant la fin de l’année, de postes d’assistant de prévention et de sécurité, sorte de médiateur chargé<br />

de lutter contre <strong>le</strong>s vio<strong>le</strong>nces scolaires et d’assurer l’ordre. Ces personnels spécialisés et affectés en permanence dans<br />

<strong>le</strong>s établissements seront de l’ordre de 500 personnes et débuteront sur <strong>le</strong> terrain à la Toussaint ou à Noël, <strong>le</strong> temps de<br />

<strong>le</strong>s recruter et de <strong>le</strong>s former. Ces postes de médiateur sont d’ores et déjà inscrits dans <strong>le</strong> col<strong>le</strong>ctif budgétaire qui sera<br />

discuté en juil<strong>le</strong>t. Ce nouveau métier, que réclamaient <strong>le</strong>s chefs d’établissement depuis quelques années, ne démantè<strong>le</strong>ra<br />

pas pour autant <strong>le</strong>s équipes mobi<strong>le</strong>s de sécurité (EMS), que <strong>le</strong> gouvernement précédent avait mises en place.<br />

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Département sécurité<br />

Veil<strong>le</strong><br />

Suite à l’intrusion musclée au printemps, dans un lycée professionnel de Gagny (Seine-Saint-Denis), d’une vingtaine<br />

de personnes cagoulées et armées de barres de fer, bâtons et couteaux, l’ancien ministre de l’Éducation Luc Chatel<br />

et l’ancien ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux avaient mis en place à la rentrée 2009 la première équipe mobi<strong>le</strong><br />

de sécurité (composée de personnels de l’Éducation nationa<strong>le</strong> et de policiers ou gendarmes) au lycée Jean-Zay<br />

d’Aulnay-sous-Bois (Val-de-Marne). À la rentrée 2010, MM. Chatel et Hortefeux avaient installé <strong>le</strong> premier « policier<br />

référent » dans un lycée de Moissy-Cramayel (Seine-et-Marne), portant son arme de service à la ceinture. Le dispositif<br />

avait alors été mal accueilli par des chefs d’établissement, des enseignants et des parents.<br />

Pendant la campagne présidentiel<strong>le</strong>, François Hollande avait présenté plusieurs propositions destinées à lutter contre<br />

la vio<strong>le</strong>nce scolaire qui augmentait. Il avait rappelé que sur <strong>le</strong>s deux dernières années, <strong>le</strong> nombre d’incidents avait<br />

progressé de 20 % et que 5 % des établissements concentraient à eux seuls un tiers des incidents. Il avait plaidé pour<br />

un travail de coproduction et pour qu’il y ait compréhension de la situation et intervention commune.<br />

•Bolivie : la police a organisé une mutinerie dans <strong>le</strong>s grandes vil<strong>le</strong>s du pays<br />

Du 22 au 27 juin, <strong>le</strong>s policiers boliviens se sont vio<strong>le</strong>mment mutinés pour réclamer de meil<strong>le</strong>urs salaires (un minimum<br />

de 210 euros mensuels, soit une augmentation de 70 %), de meil<strong>le</strong>urs équipements et une retraite plus conséquente.<br />

Afin de se faire entendre, ils se sont, dans plusieurs vil<strong>le</strong>s du pays, enfermés dans <strong>le</strong>urs casernes, refusant de patrouil<strong>le</strong>r<br />

ou ont défilé dans la capita<strong>le</strong> La Paz (un millier de policiers <strong>le</strong> 25 juin). Des dizaines de policiers ont été b<strong>le</strong>ssés et<br />

quelques postes de police ont été détruits au cours des affrontements avec des partisans du gouvernement.<br />

Face aux vio<strong>le</strong>nces, ce dernier a fina<strong>le</strong>ment signé un accord avec <strong>le</strong>s mutins, augmentant <strong>le</strong> salaire minimum des<br />

quelque 32 000 policiers boliviens à l’équiva<strong>le</strong>nt de 240 euros mensuels, et suspendant l’application de nouvel<strong>le</strong>s<br />

rég<strong>le</strong>mentations disciplinaires, jugées trop sévères, tant qu’un accord ne sera pas trouvé avec la base.<br />

Le Président socialiste Evo Mora<strong>le</strong>s, au pouvoir depuis 6 ans, a accusé ses adversaires politiques de droite d’être à<br />

l’origine de la rébellion et de fomenter un complot destiné à <strong>le</strong> renverser. Il a toutefois refusé de faire appel à l’armée,<br />

par crainte d’une répétition des événements de 2003, lorsqu’une grève des policiers avait été réprimée par <strong>le</strong>s soldats,<br />

faisant plusieurs dizaines de morts.<br />

•Royaume-Uni : <strong>le</strong> transfert des activités de police à des entreprises privées se poursuit<br />

D’après un artic<strong>le</strong> du quotidien « The Gardian » publié <strong>le</strong> 20 juin dernier, <strong>le</strong>s polices des comtés de Cambridgeshire,<br />

Bedfordshire et Hertfordshire ont annoncé qu’el<strong>le</strong>s envisageaient de privatiser certains services, suite aux coupes<br />

budgétaires du gouvernement. Par ail<strong>le</strong>urs, <strong>le</strong>s forces de Thames Val<strong>le</strong>y, West Mercia, Warwickshire, Staffordshire,<br />

Gloucestershire, Wiltshire et du New Hampshire ont commencé un processus d’appel d’offres pour externaliser la<br />

gestion de 30 cellu<strong>le</strong>s de garde à vue et de 600 cellu<strong>le</strong>s d’emprisonnement.<br />

L’implication croissance des entreprises privées suscite des craintes. En mai, plus de 20 000 policiers avaient manifesté<br />

pour exposer <strong>le</strong>urs peurs au sujet de <strong>le</strong>ur rémunération et de la privatisation de la police. Le syndicat Unite a décrit<br />

la croissance de la participation du privé comme « une perspective effrayante » puisqu’el<strong>le</strong> ne concernait pas <strong>le</strong>s services<br />

administratifs, mais <strong>le</strong> cœur des missions, comme <strong>le</strong>s enquêtes, la médecine léga<strong>le</strong>, <strong>le</strong> traitement des appels au<br />

999 (numéro d’urgence), la détention et un large éventail de services de police. À l’inverse, un porte-paro<strong>le</strong> du Home<br />

Office a déclaré que la police n’était pas en cours de privatisation. Les fonctions de police de base devraient continuer<br />

d’être délivrées par des agents assermentés et aucun pouvoir de police ne serait donné à des entrepreneurs privés<br />

au-delà des pouvoirs limités et accordés par <strong>le</strong> gouvernement précédent. Il a néanmoins évoqué un potentiel pour un<br />

plus grand rô<strong>le</strong> des entreprises privées à l’avenir.<br />

David Taylor-Smith, qui dirige G4S pour <strong>le</strong> Royaume-Uni et l’Afrique, s’attend à ce que <strong>le</strong>s forces de police britanniques<br />

signent des accords similaires à ceux envisagés dans <strong>le</strong>s comtés de West Midlands et de Surrey. De tels partenariats<br />

pourraient conduire des entreprises privées à assumer des fonctions allant de l’enquête au transport des suspects.<br />

G4S, qui assure la sécurité pour <strong>le</strong>s Jeux olympiques, emploie 657 000 salariés répartis dans plus de 125 pays.<br />

L’entreprise gère déjà six prisons au Royaume-Uni et a commencé en avril 2012 à travail<strong>le</strong>r sur un contrat de police<br />

dans <strong>le</strong> Lincolnshire. El<strong>le</strong> va concevoir, construire et gérer une station de police. El<strong>le</strong> est aussi en lice pour remporter <strong>le</strong><br />

contrat de 1,5 milliard de livres (environ 1,8 milliard d’euros) dans <strong>le</strong>s comtés de West Midlands et de Surrey. La mise<br />

en œuvre de cette délégation de service public, retardée par rapport au ca<strong>le</strong>ndrier initial, pourrait intervenir après<br />

novembre 2012 et des consultations publiques. Pour David Taylor-Smith, il est parfaitement clair, depuis un certain<br />

nombre d’années, que la configuration de la police au Royaume-Uni n’est pas aussi efficace qu’el<strong>le</strong> pourrait l’être.<br />

(source AEF Info)<br />

© INHESJ - LA LETTRE DE L’INHESJ - juil<strong>le</strong>t / août 2012 13


Veil<strong>le</strong><br />

III.SOCIÉTÉ<br />

Département sécurité<br />

•Gangs de motards : la police souligne l’expansion des Hell’s Angels en France<br />

Une note rédigée récemment par <strong>le</strong> Service d’information, de renseignement et d’analyses stratégique sur la criminalité<br />

organisée (Sirasco) de la direction centra<strong>le</strong> de la police judiciaire estime que l’implantation en France des Hell’s<br />

Angels, que la police regroupe sous <strong>le</strong> label « gang de motards criminalisés », est de plus en plus réel<strong>le</strong>. La note<br />

détail<strong>le</strong> sur deux pages <strong>le</strong>s différentes tactiques d’expansion des Hell’s matérialisée par la création d’un nouveau<br />

« chapitre » (club) <strong>le</strong> 21 avril dernier en Normandie. Cette stratégie vise la maîtrise des territoires qui permettront <strong>le</strong><br />

développement d’activités criminel<strong>le</strong>s : extorsions, trafics de véhicu<strong>le</strong>s ou trafics de stupéfiants.<br />

À l’appui de sa démonstration, <strong>le</strong> Sirasco évoque la création d’une fédération des Bikers de France discrètement<br />

contrôlée par <strong>le</strong>s Hell’s Angels, mais surtout des vio<strong>le</strong>nces perpétrées à l’encontre des clubs rivaux, tels <strong>le</strong>s deux incendies<br />

criminels de locaux d’associations de motards à Roquefort (Lot-et-Garonne) en mars 2011 et plus récemment à<br />

Mont-de-Marsan (Landes) <strong>le</strong> 2 février. Le 8 septembre 2011, c’est un tatoueur de la région nantaise qui a été agressé<br />

à coups de marteau parce qu’il était proche des Bandidos. Toujours dans l’ouest de la France, une série d’agressions<br />

a eu lieu à Quimper (Morbihan) avec des tirs d’armes à feu entre des Hell’s Angels et des Outlaws. Bien loin de constituer<br />

des faits isolés ces évènements sont la conséquence de l’intronisation officiel<strong>le</strong> en 2011 du chapitre Bretagne qui<br />

s’inscrivait dans une logique de conquête et d’implantation régiona<strong>le</strong> des Hell’s Angels sur <strong>le</strong> territoire des Outlaws.<br />

Par ail<strong>le</strong>urs, un procès doit se tenir dans quelques mois devant <strong>le</strong>s assises de la Drôme où quatre motards avaient été<br />

exécutés dans ce département et dans celui voisin de l’Ardèche dans une série de règ<strong>le</strong>ments de compte.<br />

La note d’a<strong>le</strong>rte des policiers français rappel<strong>le</strong> enfin que <strong>le</strong>s gangs de motards et plus spécia<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s Hell’s voient<br />

<strong>le</strong>ur « dynamique agressive » se développer aussi dans d’autres pays européens, notamment scandinaves, d’Europe<br />

de l’Est et des Balkans. En Al<strong>le</strong>magne éga<strong>le</strong>ment plusieurs affrontements très vio<strong>le</strong>nts ont eu lieu depuis <strong>le</strong> début de<br />

l’année et la note du Sirasco précise que des opérations d’envergure dirigées contre <strong>le</strong>s organisations de motards<br />

Hell’s Angels et Bandidos y sont actuel<strong>le</strong>ment en cours.<br />

•Une nouvel<strong>le</strong> forme de destructions « festives » : <strong>le</strong>s soirées « Projet X »<br />

Le 25 juin dernier, après <strong>le</strong>s raves-parties et <strong>le</strong>s apéros géants, la justice française s’est trouvée confrontée pour la<br />

première fois à une soirée « Projet X ». Suite à un appel lancé sur Facebook, un millier de jeunes de 16 à 20 ans, <strong>le</strong><br />

19 mai, investi puis saccagé une villa inoccupée de Roquebrune-sur-Argens (Var). Les propriétaires des lieux, deux<br />

coup<strong>le</strong>s de Hollandais, ont retrouvé <strong>le</strong>s vitres brisées, <strong>le</strong>s sanitaires descellés, <strong>le</strong>s canalisations arrachées et <strong>le</strong> mobilier<br />

jeté dans la piscine. Les dégâts ont été évalués à quelque 80 000 euros.<br />

Les organisateurs de la fête, Allan Brooks et A<strong>le</strong>xandre F<strong>le</strong>ury, 21 ans, ont reconnu s’être inspirés du film américain<br />

« Projet X ». Cette fiction raconte l’histoire de trois lycéens qui préparent la plus grande soirée jamais organisée à<br />

coups de drogue, de vio<strong>le</strong>nce et de sexe. Depuis sa sortie <strong>le</strong> 14 mars, des ado<strong>le</strong>scents en ont reproduit <strong>le</strong> scénario,<br />

causant d’importants dégâts dans des maisons inoccupées. Un jeune en est même mort aux Etats - Unis. À Roquebune,<br />

<strong>le</strong>s organisateurs avaient soumis l’entrée des participants à une seu<strong>le</strong> obligation : emmener une bouteil<strong>le</strong> d’alcool par<br />

personne. La plupart venaient des environs, mais d’autres avaient fait <strong>le</strong> déplacement depuis Marseil<strong>le</strong>, Nice, Lyon<br />

et même Paris. Ce sont fina<strong>le</strong>ment des riverains, excédés par <strong>le</strong> bruit et inquiets pour <strong>le</strong>ur sécurité, qui ont a<strong>le</strong>rté <strong>le</strong>s<br />

gendarmes.<br />

Le tribunal correctionnel de Draguignan (Var) a fina<strong>le</strong>ment opté pour la sévérité, en condamnant <strong>le</strong>s deux organisateurs<br />

pour « complicité de destruction » à un an de prison, dont six mois fermes. Ils devront en outre indemniser <strong>le</strong>s<br />

victimes à hauteur de 20 000 euros, une somme qui sera réévaluée lors d’une nouvel<strong>le</strong> audience en décembre.<br />

© INHESJ - LA LETTRE DE L’INHESJ - juil<strong>le</strong>t / août 2012 14


Département justice et droit<br />

Veil<strong>le</strong><br />

I. la veil<strong>le</strong> pénitentiaire<br />

•Les statistiques du mois<br />

1. Un nombre record et historique de personnes incarcérées au sein des prisons françaises.<br />

La population péna<strong>le</strong> française connait un effectif record au 1er juil<strong>le</strong>t 2012. L’effectif total (personnes écrouées non<br />

détenues et personnes écrouées détenues) s’élève à 78.262 personnes qui se répartissent de la manière suivante:<br />

- 10.889 personnes sont écrouées mais non détenues soit une augmentation annuel<strong>le</strong> de 26,7%<br />

- 67.373 personnes sont incarcérées soit une augmentation annuel<strong>le</strong> de 4,1%<br />

Les effectifs confiés à l’institution pénitentiaire soit 78.262 représentent un accroissement de 6,7% par rapport à juil<strong>le</strong>t<br />

2011.<br />

2. Des données chiffrées qui démontrent avec acuité la nécessité d’aménager <strong>le</strong>s peines.<br />

• la situation au sein des structures pénitentiaires.<br />

Si la capacité opérationnel<strong>le</strong> s’accroit en juil<strong>le</strong>t 2012 avec 57.408 places opérationnel<strong>le</strong>s, soit 2,37% de hausse, il n’en<br />

demeure pas moins que <strong>le</strong>s conditions de détention ne peuvent pas significativement s’améliorer avec la hausse constatée<br />

des incarcérations. Il est à craindre, pour l’État français, que de nouvel<strong>le</strong>s condamnations, pour non-respect de la<br />

dignité humaine, soient prononcées.<br />

Les personnes détenues en attente de jugement sont en hausse; <strong>le</strong>ur nombre a augmenté de 2,07% en un an. L’administration<br />

pénitentiaire comptabilise en un mois + 382 personnes prévenues.<br />

Au mois de Juil<strong>le</strong>t 2012, <strong>le</strong> nombre de personnes condamnées en placement extérieur hébergé connait une chute de<br />

- 17,3%. Cette baisse significative est inquiétante car el<strong>le</strong> pourrait signifier soit un désengagement progressif du secteur<br />

associatif, soit par manque de ressources ou soit par une insuffisance de moyens financiers conséquence directe de la<br />

crise que traverse notre pays.<br />

La part des personnes condamnées ne bénéficiant pas d’aménagements de peines est toujours en progression. Dans ce<br />

contexte diffici<strong>le</strong> la semi-liberté reste la clé de voute d’un système qui s’essouff<strong>le</strong> avec un accroissement annuel de 6,4%.<br />

La<br />

•<br />

densité<br />

une politique<br />

carcéra<strong>le</strong> au<br />

d’aménagement<br />

1 er juil<strong>le</strong>t 2012 représente<br />

de peines<br />

à el<strong>le</strong><br />

qui<br />

seu<strong>le</strong><br />

a<br />

<br />

toute<br />

un signe<br />

sa<br />

fort<br />

place.<br />

pour a<strong>le</strong>rter <strong>le</strong>s pouvoirs <br />

La publics densité sur la carcéra<strong>le</strong> situation au au sein 1er des juil<strong>le</strong>t établissements 2012 représente pénitentiaires. à el<strong>le</strong> El<strong>le</strong> peut seu<strong>le</strong> devenir un signe un thème fort pour de a<strong>le</strong>rter <strong>le</strong>s pouvoirs publics sur la situation<br />

politique au sein nationa<strong>le</strong> des lorsque établissements l'on compare pénitentiaires. <strong>le</strong> taux d'occupation El<strong>le</strong> peut des établissements devenir un thème sur un an. de politique nationa<strong>le</strong> lorsque l’on compare <strong>le</strong><br />

taux d’occupation des établissements sur un an.<br />

Evolution annuel<strong>le</strong> de la densité carcéra<strong>le</strong>. <br />

Évolution annuel<strong>le</strong> de la densité carcéra<strong>le</strong>.<br />

Période 01/07/11 01/07/12 <br />

Densité carcéra<strong>le</strong> >ou = à 200% 5 sur 240 établissements. 12 sur 244 établissements. <br />

Densité carcéra<strong>le</strong> >ou = à 150% et <br />

< à 200% <br />

32 sur 240 établissements. 31 sur 244 établissements <br />

Densité carcéra<strong>le</strong> > ou = à 120% et <br />

< à 150% <br />

51 sur 240 établissements. 55 sur 244 établissements <br />

Denisté carcéra<strong>le</strong> > ou éga<strong>le</strong> à <br />

100% et < à 120% <br />

39 sur 240 établissements. 27 sur 244 établissements <br />

Densité carcéra<strong>le</strong> < à 100% 113 sur 240 établissements. 119 sur 244 établissements. <br />

La réalité des conditions de détention (12 établissements avec un taux d'occupation supérieur à <br />

200%) qu'indiquent ces données, qui émanent de l'administration pénitentiaire, plaide, bien <br />

évidemment, en faveur, lorsque <strong>le</strong>s conditions léga<strong>le</strong>s sont respectées, d'une nouvel<strong>le</strong> réf<strong>le</strong>xion à <br />

mener autour des aménagements de peines. <br />

© INHESJ - LA LETTRE DE L’INHESJ - juil<strong>le</strong>t / août 2012 15<br />

Ces derniers sont certes toujours é<strong>le</strong>vés et en progression comme en témoigne <strong>le</strong>s tab<strong>le</strong>aux joints en


Département justice et droit<br />

Veil<strong>le</strong><br />

La réalité des conditions de détention (12 établissements avec un taux d’occupation supérieur à 200%) qu’indiquent<br />

ces données, qui émanent de l’administration pénitentiaire, plaide, bien évidemment, en faveur, lorsque <strong>le</strong>s conditions<br />

léga<strong>le</strong>s sont respectées, d’une nouvel<strong>le</strong> réf<strong>le</strong>xion à mener autour des aménagements de peines.<br />

Ces derniers sont certes toujours é<strong>le</strong>vés et en progression comme en témoigne <strong>le</strong>s tab<strong>le</strong>aux joints en annexe néanmoins<br />

des réformes visant à développer <strong>le</strong>s alternatives à l’incarcération vont devenir un enjeu majeur pour maintenir l’équilibre<br />

des structures et ne pas accentuer d’avantage la récidive notamment pour <strong>le</strong>s courtes peines.<br />

3. Les moyens pour faire face à cette surpopulation carcéra<strong>le</strong>.<br />

Madame Taubira, Garde des Sceaux, Ministre de la Justice, a déclaré dernièrement [...] «vouloir une justice qui ne<br />

fasse plus de la prison la seu<strong>le</strong> réponse, la seu<strong>le</strong> peine, la seu<strong>le</strong> référence «<br />

En conséquence, la ministre de la justice ne souhaite pas maintenir la construction des 8000 places supplémentaires. Les<br />

projets d’ores et déjà prévus seront conservés et verront <strong>le</strong> jour comme initia<strong>le</strong>ment prévu fin 2013.<br />

La garde des Sceaux envisage de développer prioritairement <strong>le</strong>s aménagements de peines. Une circulaire en cours de<br />

préparation, devrait permettre avant la fin du mois de juil<strong>le</strong>t, d’accroître <strong>le</strong>ur nombre.<br />

A titre d’exemp<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s personnes, qui ont moins de 6 mois à purger, pourraient prétendre à un aménagement de <strong>le</strong>ur<br />

peine.<br />

D’autres pistes possib<strong>le</strong>s, visant à faire diminuer la surpopulation, ne sont pas à exclure comme par exemp<strong>le</strong> un recours<br />

plus fort au travail d’intérêt général, au brace<strong>le</strong>t é<strong>le</strong>ctronique ou à la peine amende. L’objectif est certes de jugu<strong>le</strong>r <strong>le</strong><br />

nombre de personnes détenues mais aussi de protéger <strong>le</strong>s personnes condamnées à de courtes peines de l’incarcération<br />

qui s’avère très souvent inadaptée et de surcroit destructrice<br />

• 57260 Les graphiques<br />

57240 <br />

57220 57260 <br />

57200 57240 <br />

57180 57220 <br />

57160 57200 <br />

57140 57180 <br />

57120 57160 <br />

57100 57140 <br />

57080 57120 <br />

57060 57100 <br />

57080 <br />

57060 <br />

57243 <br />

57236 <br />

57213 57213 <br />

57243 <br />

57236 <br />

57213 57213 <br />

57170 <br />

57170 <br />

57127 <br />

57127 <br />

Janvier 2012 Février 2012 Mars 2012 Avril 2012 Mai 2012 Juin 2012 <br />

Janvier 2012 Février 2012 Mars 2012 Avril 2012 Mai 2012 Juin 2012 <br />

Capacité opéra>onnel<strong>le</strong> <br />

Capacité opéra>onnel<strong>le</strong> <br />

17200 <br />

17000 <br />

17200 <br />

16800 <br />

17000 <br />

16600 <br />

16800 <br />

16400 <br />

16600 <br />

16200 <br />

16400 <br />

16000 <br />

16200 <br />

15800 <br />

16000 <br />

17027 <br />

17027 <br />

16773 16756 <br />

16463 <br />

16512 <br />

16773 16756 <br />

16279 <br />

16512 <br />

16463 <br />

16279 <br />

Janvier 2012 Février 2012 Mars 2012 Avril 2012 Mai 2012 Juin 2012 <br />

Prévenus <br />

Prévenus <br />

15800 <br />

Janvier 2012 Février 2012 Mars 2012 Avril 2012 Mai 2012 Juin 2012 <br />

© INHESJ - LA LETTRE DE L’INHESJ - juil<strong>le</strong>t / août 2012 16


2100 <br />

2050 <br />

2000 <br />

Département justice et droit<br />

2036 <br />

2020 <br />

2064 2060 <br />

Veil<strong>le</strong><br />

1950 <br />

2100 <br />

1900 <br />

2050 <br />

1850 <br />

2000 <br />

1800 <br />

1950 <br />

1750 <br />

1900 <br />

1850 <br />

1954 <br />

2064 2060 <br />

2036 <br />

1857 <br />

2020 <br />

1954 <br />

Janvier 2012 Février 2012 Mars 2012 Avril 2012 Mai 2012 Juin 2012 <br />

1857 <br />

Condamnés en semi liberté <br />

Condamnés en semi liberté <br />

1800<br />

67500<br />

<br />

<br />

67000 <br />

1750 <br />

66500 <br />

67161 <br />

67073 <br />

66915 <br />

Janvier 2012 Février 2012 Mars 2012 <br />

66445 <br />

Avril 2012 Mai 2012 Juin 2012 <br />

66000 <br />

65699 <br />

450 65500 <br />

400<br />

65000<br />

<br />

<br />

371 <br />

376 <br />

350 <br />

64787 <br />

337 <br />

64500 <br />

300 <br />

401 405 413 <br />

Nombre de personnes écrouées détenues <br />

250 64000 <br />

450 200<br />

63500<br />

<br />

<br />

400 150 Janvier 2012 Février 2012 Mars 2012 Avril 401 2012 Mai 2012 405 <br />

Condamnés en placement extérieur hébergés <br />

413 <br />

Juin 2012 <br />

350 100 <br />

371 <br />

337 <br />

376 <br />

30050 <br />

67500 <br />

250 0 <br />

20067000 <br />

Janvier 2012 Février 2012 Mars 2012 Avril 2012 67161 Mai 2012 67073 Juin 2012 <br />

Condamnés en placement 66915 extérieur hébergés <br />

150 <br />

66500 <br />

66445 <br />

100 10000 <br />

66000 <br />

50 <br />

9500 <br />

65699 <br />

9467 9506 <br />

065500 <br />

9208 <br />

9000 Janvier 2012 Février 2012 Mars 2012 Avril 2012 Mai 2012 Juin Nombre 2012 de personnes écrouées détenues <br />

65000 <br />

8856 <br />

64787 <br />

8500 <br />

64500 <br />

8424 <br />

8000 <br />

64000 <br />

7899 <br />

Placement sous surveillance é<strong>le</strong>ctronique <br />

7500 <br />

63500 <br />

7000 Janvier 2012 Février 2012 Mars 2012 Avril 2012 Mai 2012 Juin 2012 <br />

6500 <br />

6000 <br />

Janvier 2012 Février 2012 Mars 2012 Avril 2012 Mai 2012 Juin 2012 <br />

10000 <br />

9500 <br />

9000 <br />

8856 <br />

9208 <br />

9467 9506 <br />

8500 <br />

8424 <br />

8000 <br />

7500 <br />

7000 <br />

6500 <br />

7899 <br />

Placement sous surveillance é<strong>le</strong>ctronique <br />

6000 <br />

Janvier 2012 Février 2012 Mars 2012 Avril 2012 Mai 2012 Juin 2012 <br />

© INHESJ - LA LETTRE DE L’INHESJ - juil<strong>le</strong>t / août 2012 17


660 <br />

640 <br />

Département sécurité<br />

justice et droit<br />

653 <br />

643 <br />

648 <br />

Veil<strong>le</strong><br />

620 <br />

660 <br />

600 <br />

640 <br />

580 <br />

620 <br />

560 <br />

600 <br />

540 <br />

580 <br />

520 <br />

560 <br />

613 <br />

653 <br />

599 <br />

643 <br />

648 <br />

Placement extérieur non hébergé <br />

576 <br />

613 <br />

599 <br />

Placement extérieur non hébergé <br />

576 <br />

Janvier 2012 Février 2012 Mars 2012 Avril 2012 Mai 2012 Juin 2012 <br />

540 <br />

520 <br />

Janvier 2012 Février 2012 Mars 2012 Avril 2012 Mai 2012 Juin 2012 <br />

700 <br />

600 <br />

700 500 <br />

528 <br />

500 <br />

514 <br />

566 569 <br />

605 <br />

600 400 <br />

500 300 <br />

528 <br />

500 <br />

514 <br />

566 569 <br />

605 <br />

SEFIP <br />

400 200 <br />

300 100 <br />

SEFIP <br />

200 0 <br />

100 <br />

90000 <br />

0 <br />

80000 <br />

70000 <br />

Janvier 2012 Février 2012 Mars 2012 Avril 2012 Mai 2012 Juin 2012 <br />

Janvier 2012 Février 2012 Mars 2012 Avril 2012 Mai 2012 Juin 2012 <br />

77588 77752 77674 <br />

76428 <br />

75222 <br />

73780 <br />

60000 <br />

50000 <br />

40000 <br />

30000 <br />

Nombre de personnes écrouées non détenues <br />

Nombre total de personnes confiées à l'Administra>on <br />

péniten>aire <br />

20000 <br />

10000 <br />

8993 9523 9983 10427 10679 10756 <br />

0 <br />

Janvier 2012 Février 2012 Mars 2012 Avril 2012 Mai 2012 Juin 2012 <br />

© INHESJ - LA LETTRE DE L’INHESJ - juil<strong>le</strong>t / août 2012 18


Département justice et droit<br />

Veil<strong>le</strong><br />

II. Publication du rapport du Sénat sur l’application de la loi pénitentiaire du 24 novembre<br />

2009.<br />

Ce rapport de plus de 90 pages dresse un bilan de l’application de la loi pénitentiaire après plus de deux ans d’application.<br />

Cette réforme, qui faisait suite à l’état des lieux dressé par <strong>le</strong>s par<strong>le</strong>mentaires en 1999 et 2000, avait aussi<br />

pour objectif d’intégrer <strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>s pénitentiaires européennes définies en 2006. Force est de constater aujourd’hui que<br />

la mise en œuvre de ses dispositions se heurte à des obstac<strong>le</strong>s qui ne sont pas franchis à ce jour. Les premiers décrets<br />

d’application n’ont été publiés que fin 2010 et deux sont toujours attendus : ils concernent la mise en place d’une évaluation<br />

statistique de la récidive dans <strong>le</strong>s établissements pour peines et l’élaboration d’un modè<strong>le</strong> de règ<strong>le</strong>ment intérieur<br />

pour chaque catégorie d’établissement. Les moyens humains nécessaires au développement des aménagements des<br />

peines de prison demeurent insuffisants (seuls environ 300 postes de conseil<strong>le</strong>rs ont été créés sur <strong>le</strong>s 1000 prévus) et la<br />

dynamique partenaria<strong>le</strong> n’a pas suivi (peut-être est-ce lié ?). Pendant cette période, <strong>le</strong> nombre de personnes détenues<br />

a fortement augmenté et la surpopulation carcéra<strong>le</strong> n’est pas propice à l’accélération du processus engagé. Ainsi, <strong>le</strong>s<br />

sénateurs ont décidé de de formu<strong>le</strong>r 18 recommandations destinées à améliorer l’application de cette loi mais aussi à<br />

la compléter. Outre la publication des décrets d’application manquants, ils souhaitent que soient respectés un salaire<br />

minimum en faveur des détenus qui travail<strong>le</strong>nt, <strong>le</strong>ur droit à l’image ainsi que la présence de l’assesseur extérieur au<br />

personnel de l’établissement lors des commissions de discipline. Ils préconisent diverses mesures destinées à pallier <strong>le</strong>s<br />

inconvénients de certaines dispositions législatives tel<strong>le</strong>s que l’interdiction des fouil<strong>le</strong>s corporel<strong>le</strong>s, et <strong>le</strong> placement en<br />

quartier disciplinaire immédiat en cas d’urgence. Sont éga<strong>le</strong>ment évoqués l’installation d’un bureau de vote à l’intérieur<br />

des établissements, la prise en charge forfaitaire des frais de transport pour <strong>le</strong>s famil<strong>le</strong>s éloignées du lieu de détention, la<br />

libération conditionnel<strong>le</strong> automatique pour <strong>le</strong>s personnes détenues âgées de plus de 70 ans, la suspension de détention<br />

provisoire en cas de motifs médical grave : autant de suggestions pour <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s nos concitoyens ne sont manifestement<br />

pas prêts.<br />

Pour consulter l’intégralité du rapport et notamment <strong>le</strong> bilan très exhaustif de l’application de la loi :<br />

http://www.senat.fr/notice-rapport/2011/r11-629-notice.html<br />

III. Les actualités judiciaires<br />

• Quel<strong>le</strong> est la nature de la saisie des avoirs (sommes créditrices) d’un compte bancaire ?<br />

La loi du 9 juil<strong>le</strong>t 2010, sur la saisie et la confiscation des avoirs criminels, a instauré <strong>le</strong> principe que tout ce qui peut<br />

être confisqué par une juridiction péna<strong>le</strong> en application de l’artic<strong>le</strong> 131-21 du Code pénal peut être saisi, et a même<br />

étendu dans certains cas la possibilité de saisie de biens dont l’origine ne peut être établie. El<strong>le</strong> prévoit cependant des<br />

procédures différentes, selon la nature du bien concerné :<br />

- Les biens et droits incorporels relèvent de la procédure de l’artic<strong>le</strong> 706-153 et du code de procédure péna<strong>le</strong>, ils sont<br />

saisis dans <strong>le</strong> cadre de l’enquête suite à l’autorisation du juge des libertés et de la détention statuant sur requête du<br />

procureur de la République. Le juge d’instruction peut aussi procéder à cette saisie mais <strong>le</strong> texte ne prévoit pas d’avis<br />

préalab<strong>le</strong> du ministère public avant la décision du magistrat instructeur.<br />

- Le patrimoine peut aussi être saisi en vue de sa confiscation sur <strong>le</strong> fondement de l’artic<strong>le</strong> 706-148 du code de procédure<br />

péna<strong>le</strong> selon la même procédure que l’artic<strong>le</strong> 706-48 (requête préalab<strong>le</strong> du procureur au juge des libertés<br />

et de la détention) ; mais si <strong>le</strong> juge d’instruction y procède de sa propre initiative dans <strong>le</strong> cadre de son dossier, il doit<br />

recueillir l’avis préalab<strong>le</strong> du ministère public.<br />

Qu’en est-il des avoirs des comptes bancaires ? Quel texte doit être appliqué ? La chambre criminel<strong>le</strong>, dans un arrêt en<br />

date du 11 juil<strong>le</strong>t 2012, a considéré que la procédure de l’artic<strong>le</strong> 706-148 du Code de procédure péna<strong>le</strong>, qui prévoit<br />

un avis préalab<strong>le</strong> du procureur de la République devait être appliquée puisqu’il s’agit du patrimoine des mis en cause.<br />

En l’espèce, <strong>le</strong> juge d’instruction avait confirmé dans une ordonnance la saisie qui avait été opérée par <strong>le</strong>s officiers de<br />

police judiciaire dans <strong>le</strong> cadre de l’enquête initia<strong>le</strong>, sans recueillir l’avis préalab<strong>le</strong> du procureur, conformément à l’artic<strong>le</strong><br />

706-153. Cette décision peut semb<strong>le</strong>r contraire aux dispositions législatives de la loi de 2010, qui a expressément prévu<br />

une procédure particulière pour la saisie des avoirs ( artic<strong>le</strong> 706-153), puisque la chambre criminel<strong>le</strong> rejette l’application<br />

e ce texte et considère qu’il s’agissait d’une partie du patrimoine des mise en examen, concluant ainsi à l’application de<br />

l’artic<strong>le</strong> 706-148 et à la nécessité de l’avis préalab<strong>le</strong> du ministère public. S’agit-il d’une décision de principe, destinée<br />

à re<strong>le</strong>ver l’incohérence du législateur qui prévoit des procédures différentes pour des saisies qui relèvent d’un même<br />

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Département justice et droit<br />

Veil<strong>le</strong><br />

objectif, appréhender <strong>le</strong>s profits issus des activités de délinquance ? Ou bien doit-on y voir la consécration plus généra<strong>le</strong><br />

du respect du contradictoire, en associant à chaque décision du juge d’instruction, l’avis préalab<strong>le</strong> du procureur de la<br />

République ? Dorénavant, afin d’éviter tout risque d’annulation de <strong>le</strong>ur procédure, <strong>le</strong>s juges d’instruction devront systématiquement<br />

solliciter l’avis préalab<strong>le</strong> du ministère public. L’inflation législative des dernières années nécessite une mise<br />

à plat de toute la procédure péna<strong>le</strong>, devenue incohérente.<br />

Voir l’arrêt :<br />

http://www.<strong>le</strong>gifrance.gouv.fr/affichJuriJudi.do?oldAction=rechJuriJudi&idTexte=JURITEXT000026180982&fastReqId=1207709222&fastP<br />

os=1<br />

IV. Le rapport d’information du groupe de travail sur la réforme de la carte judiciaire<br />

Publié <strong>le</strong> 11 juil<strong>le</strong>t dernier par <strong>le</strong> Sénat, ce document de plus de 150 pages dresse un bilan contrasté de la réforme qui<br />

avait été engagée en juin 2007 dans un souci de renforcer la qualité et assurer une bonne administration de la justice<br />

(en rationnalisant <strong>le</strong>s implantations judiciaires avec des juridictions de « tail<strong>le</strong> suffisante »). Si sa nécessité faisait l’unanimité<br />

depuis plus de 10 ans, <strong>le</strong>s méthodes utilisées pour la mener à bien sont dénoncées par <strong>le</strong>s sénateurs : précipitation,<br />

absence de concertation (sauf au sein des cours d’appel) ou à tout <strong>le</strong> moins de dialogue (<strong>le</strong> comité de consultatif de<br />

la carte judiciaire ne s’est réuni qu’une fois, <strong>le</strong> jour de son installation), imperfection (omission de l’organisation des<br />

services judiciaire et de la réforme des contentieux), approche technocratique ou théorique (primauté de la qualité et<br />

de la bonne administration de la justice aux détriments d’une justice de proximité), absence de coordination avec la<br />

carte administrative ( discordances entre ressort de cours d’appel et régions administratives), manque d’intégration des<br />

réformes judiciaires votées ou en cours ( collégialité de l’instruction, contentieux des incapab<strong>le</strong>s majeurs). Les rédacteurs<br />

du rapport soulignent une certaine déshumanisation de la justice par l’utilisation des nouvel<strong>le</strong>s technologies de l’information<br />

et de la communication par des non professionnels (visioconférence, points contacts Visio-justice). Le souci de bonne<br />

administration de la justice, notamment l’optimisation de l’utilisation des effectifs et la réalisation d’économies, n’a pas<br />

pu être évalué faute d’étude d’impact menée lors de la conception de la réforme. Il est cependant souligné la primauté<br />

du critère de l’activité de la juridiction, critère quantitatif et non qualitatif, sur celui de l’aménagement du territoire, ce qui<br />

a conduit à des suppressions de tribunaux plutôt qu’à des reconfigurations des ressorts.<br />

La réforme de la carte judiciaire a entrainé la suppression de presqu’un tiers des juridictions françaises en moins<br />

de trois ans, et la création de 14 juridictions. Malgré <strong>le</strong>s difficultés et l’accélération de sa mise en œuvre, <strong>le</strong>s personnels<br />

judiciaires ont fait face à cette révolution en garantissant <strong>le</strong> bon fonctionnement de la justice pendant cette période. Ces<br />

suppressions devaient être compensées par <strong>le</strong> renforcement des Maisons de Justice et du Droit « nouvel<strong>le</strong> génération » 1 ,<br />

or à ce jour el<strong>le</strong>s ne représentent que 10% de l’ensemb<strong>le</strong> de ces structures. De même, <strong>le</strong> développement des audiences<br />

foraines 2 n’a pas connu l’essor qui était envisagé, en raison de l’absence de lieux adaptés (sans matériel informatique<br />

ni mesure de sécurité, voire sans sal<strong>le</strong> adaptée à l’accueil du public) et du temps de trajet consacré à ces déplacements.<br />

Le bilan immobilier de cette réforme est évoqué dans ce rapport mais fera l’objet de travaux spécifiques dans <strong>le</strong> cadre<br />

du programme des contrô<strong>le</strong>s budgétaires de la commission des finances du Sénat pour 2012. Les personnels judiciaires<br />

ainsi que des auxiliaires de justice ont bénéficié d’un accompagnement social. L’engagement des fonctionnaires et<br />

magistrats et <strong>le</strong>ur dévouement, malgré <strong>le</strong>s nombreuses difficultés rencontrées, est soulignée de manière unanime.<br />

Les rapporteurs soulignent l’impact de cette réforme sur <strong>le</strong> fonctionnement et l’organisation de la justice en raison des<br />

autres réformes qui ont aussi été mises en œuvre pendant cette période : collégialité de l’instruction, tutel<strong>le</strong>s, suppression<br />

de la juridiction de proximité, nouvel<strong>le</strong> répartition des contentieux, dématérialisation des procédures, réforme de<br />

la garde à vue et de l’hospitalisation sous contrainte, introduction de jurés populaires en correctionnel<strong>le</strong>. Ils expliquent<br />

que la chancel<strong>le</strong>rie en a profité pour redéployer des postes grâce au gisement d’emplois nouveaux issus de la fermeture<br />

de certains sites, déplorant que la logique comptab<strong>le</strong> ait prévalu sans prise en compte des besoins issus des nouvel<strong>le</strong>s<br />

réformes en cours : au total 80 postes de magistrats et 428 postes de fonctionnaires ont été supprimés soit une baisse<br />

respectif de 6,9% et 9,1%. Ils constatent non seu<strong>le</strong>ment une désertification judiciaire, qui a accentué <strong>le</strong>s déséquilibres<br />

(1) Créées par <strong>le</strong> ministre de la Justice, ces structures reposent sur des conventions multi partenaria<strong>le</strong>s associant <strong>le</strong> préfet, <strong>le</strong> maire, des associations,<br />

<strong>le</strong> barreau, <strong>le</strong>s directions départementa<strong>le</strong>s ; un partie importante de <strong>le</strong>urs moyens de fonctionnement dépend des col<strong>le</strong>ctivités loca<strong>le</strong>s.<br />

(2) Organisation d’audiences en dehors de la commune où siège la juridiction, nécessitant une procédure de la compétence des chefs de<br />

cour.<br />

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Département Justice et droit<br />

Veil<strong>le</strong><br />

territoriaux en raison d’un manque de coordination des politiques d’aménagement du territoire avec <strong>le</strong>s autres administrations,<br />

mais aussi une baisse de la qualité de la justice, avec un allongement des délais de décision du fait de l’encombrement<br />

des juridictions maintenues. Cependant, cette réforme a permis une plus grande spécialisation des magistrats<br />

et une certaine unification des pratiques sur des territoires plus vastes.<br />

En conclusion, <strong>le</strong>s sénateurs manifestent <strong>le</strong>ur intention d’être associés à toute nouvel<strong>le</strong> réforme, souhaitent que soit engagée<br />

une réf<strong>le</strong>xion visant à remédier aux défauts constatés, notamment en consacrant <strong>le</strong> principe d’audiences foraines<br />

destinées à garantir l’accès à la justice dans <strong>le</strong>s territoires <strong>le</strong>s plus éloignés, en créant ou conservant de structures d’accès<br />

au droit, judiciaires ou non. Est aussi évoquée, à titre exceptionnel, la réimplantation de juridictions, ou la création de<br />

chambres détachées. Enfin, une réforme des cours d’appel est suggérée, ainsi qu’une nouvel<strong>le</strong> organisation judiciaire<br />

(répartition des contentieux, guichet unique de greffe…).<br />

Pour lire l’intégralité du rapport :<br />

http://www.senat.fr/notice-rapport/2011/r11-662-notice.html<br />

v. Informations diverses<br />

• Le rapport annuel du Service Central de Prévention de la Corruption<br />

Créé en 1993, <strong>le</strong> SCPC est un service interministériel, dirigé par François BADIE, magistrat, dont la mission est la prévention,<br />

mais aussi l’analyse des phénomènes de corruption avérés.<br />

La lutte contre la corruption, tant en ce qui concerne la vie politique que <strong>le</strong>s relations commercia<strong>le</strong>s, est depuis plus d’une<br />

dizaine d’années une préoccupation affichée par de nombreux pays, sous la pression d’organisations internationa<strong>le</strong>s,<br />

d’ONG mais aussi des populations, sensib<strong>le</strong>s aux quelques faits divers très médiatisés. Des études révè<strong>le</strong>nt l’amp<strong>le</strong>ur du<br />

phénomène, estimé à 5% du PIB par la banque mondia<strong>le</strong>, et 1% du PIB dans <strong>le</strong>s Etats de l’Union selon la Commission<br />

européenne, ainsi que ses liens avec la criminalité organisée plus classique ( par exemp<strong>le</strong> en Italie). Parmi <strong>le</strong>s dernières<br />

initiatives internationa<strong>le</strong>s dans ce domaine, ont peut citer <strong>le</strong> groupe de travail anticorruption du G20 créé en 2010 et <strong>le</strong><br />

plan anticorruption de l’Union Européenne présenté en juin 2011. L’année passée, la France a fait l’objet d’une évaluation<br />

de la mise en œuvre des recommandations du GAFI mais aussi de la conformité de notre législation nationa<strong>le</strong> à la<br />

convention péna<strong>le</strong> sur la corruption du Conseil de l’Europe. Cette année, notre pays est éga<strong>le</strong>ment évalué sur la mise en<br />

œuvre de la Convention de l’OCDE sur la lutte contre la corruption des agents étrangers dans <strong>le</strong> cadre des transactions<br />

commercia<strong>le</strong>s internationa<strong>le</strong>s.<br />

Il est bien diffici<strong>le</strong> de résumer en quelques lignes un rapport de 250 pages. Ce rapport annuel d’activité est l’occasion<br />

de dresser un état des lieux de la situation française , de développer des recommandations ou préconisations en vue<br />

d’améliorer tant la prévention que la lutte contre la corruption ( avec <strong>le</strong> dispositif du « whist<strong>le</strong>blowing ») et aussi de présenter<br />

un service étranger dans une approche comparative ; ces thématiques réparties en 6 chapitres différents<br />

• La centralisation des informations relatives à la lutte et à la prévention de la corruption<br />

• Les atteintes à la probité : définitions et jurisprudence récente<br />

• Les activités du SCPC dans <strong>le</strong>s cadres national et international<br />

• L’évaluation par <strong>le</strong>s organisations internationa<strong>le</strong>s du dispositif français anticorruption.<br />

• Les dispositifs d’a<strong>le</strong>rte<br />

• Un exemp<strong>le</strong> étranger d’agence anticorruption: l’instance centra<strong>le</strong> de prévention de la corruption marocaine<br />

Ce rapport est publié par la documentation française.<br />

© INHESJ - LA LETTRE DE L’INHESJ - juil<strong>le</strong>t / août 2012 21


Veil<strong>le</strong><br />

ondrp<br />

II. Informations.<br />

1- Vers une abrogation de la loi de programmation relative à l’exécution des peines ?<br />

Une proposition de loi, visant à abroger la loi n° 2012 du 27 mars 2012 de programmation relative à l’exécution des<br />

peines, est enregistrée à la présidence du Sénat <strong>le</strong> 6 juin 2012.Les motifs invoqués pour souhaiter l’abrogation de cette<br />

loi sont <strong>le</strong>s suivants:<br />

- la construction de nouveaux établissements en partenariat public-privé est contestée pour son impact négatif sur <strong>le</strong><br />

budget de l’état.<br />

- <strong>le</strong> programme de construction qui prévoyait 80000 places d’ici 2017 est considéré comme contradictoire avec la loi<br />

pénitentiaire qui prévoit un recours important à l’aménagement des peines.<br />

- la capacité des établissements de ce nouveau programme de construction ne tient pas compte des analyses réalisées<br />

autour du programme 13 200 dont la tail<strong>le</strong> des établissements a été considérée comme trop importante.<br />

- <strong>le</strong>s recommandations du contrô<strong>le</strong>ur général des lieux privatifs de liberté qui milite pour des établissements de petite<br />

tail<strong>le</strong> ne sont pas respectées<br />

- la construction d’établissements pour courtes peines est contraire à la loi du 24 novembre 2009.<br />

Pour l’ensemb<strong>le</strong> des ces motifs il est demandé l’abrogation de la loi de programmation relative à l’exécution des peines.<br />

Voir <strong>le</strong> texte déposé :<br />

http://www.senat.fr/<strong>le</strong>g/ppl11-584.pdf<br />

2- La probation en question.<br />

La ministre de la Justice Christine Taubira évoque à l’Agence France Presse la mise en place d’une « nouvel<strong>le</strong> peine<br />

alternative à la prison : la probation ».<br />

Évoquant <strong>le</strong>s différentes expériences mises en œuvre dans des pays proches de la France la Garde des Sceaux estime<br />

qu’en la matière notre pays doit évoluer.<br />

Une conférence de consensus est prévue avec tous <strong>le</strong>s acteurs dès <strong>le</strong> mois de novembre 2012.<br />

3- Les vio<strong>le</strong>nces faites aux femmes.<br />

Une thématique prise très au sérieux par <strong>le</strong> législateur.<br />

Quelques chiffres.<br />

Une enquête « cadre de vie et sécurité » menée en 2007 par l’INSEE démontrait que <strong>le</strong>s femmes étaient autant exposées<br />

à la vio<strong>le</strong>nce dans <strong>le</strong>ur ménage qu’en dehors.L’observatoire national de la délinquance et des réponses péna<strong>le</strong>s<br />

a dénombré en 2009 654 000 femmes ayant déclaré avoir subi des vio<strong>le</strong>nces physiques ou sexuel<strong>le</strong>s, soit plus de<br />

20000 cas supplémentaires qu’en 2008.Pour la moitié des ces agressions l’ONDRP estime qu’el<strong>le</strong>s ont eu lieu au sein<br />

Département risques et crises<br />

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