L'influence de la forme urbaine sur la mobilité quotidienne. Une ...

L’interaction entre usage du sol et comportements de mobilité
composition familiale détermine un type de localisation, qui par suite influe sur les
comportements de mobilité.
On constate en effet une forte représentation des ménages de grande taille dans les
parties périphériques et peu denses de l’agglomération. Inversement, la taille du ménage est
nettement plus faible dans les parties centrales et denses. Il est donc plausible de supposer la
prégnance d’un « effet localisation » sur les comportements de mobilité des ménages. La
figure 3 montre bien la corrélation positive entre taille du ménage et motorisation
individuelle, et comment la densité humaine 9 interfère dans ce lien en tant que tiers facteur.
Figure 3. Motorisation individuelle et taille du ménage (la surface des bulles est
proportionnelle à la densité humaine)
Motorisation individuelle
0,9
0,8
0,7
0,6
0,5
0,4
0,3
0,2
1,2 1,7 2,2 2,7 3,2
Taille du ménage
Source : EMD Bordeaux, 1998 (I.N.S.E.E, DR Aquitaine), traitement de l’auteur
Nous voyons à cet « effet localisation » deux interprétations causales possibles, qui ne
sont pas exclusives l’une de l’autre :
• Une interprétation en termes d’aménités :
On peut supposer un phénomène de « fuite du centre » lorsque la taille du ménage
s’accroît, dans le but de protéger ses enfants des externalités négatives du centre – pollution
ou insécurité – et au contraire de leur faire profiter des aménités positives de la périphérie –
par exemple la présence de nature. Plus généralement, l’avancée dans le cycle de vie
correspond à la possibilité d’émigrer du centre vers la périphérie 10 .
• Une interprétation en termes de disponibilité foncière :
L’abondance de logements de petite taille dans les parties centrales de l’agglomération
est un phénomène assez largement documenté. R.F. Muth (1969) l’explique par une
dissociation entre le gradient de rente et le gradient de densité 11 : alors que la rente augmente
continûment et à des taux souvent élevés, l’augmentation de la densité qui doit en résulter est
9 Somme des densités résidentielles et d’emploi, qui mesure l’intensité de l’occupation du sol par les activités
humaines.
10 Ce qui suppose de poser une structure de préférences particulière, qui valorise l’habitat périphérique. Si cette
hypothèse est habituellement posée pour expliquer la suburbanisation aux Etats-Unis (e.g. Mills & Lubuele,
1997), elle est sujette à débat ici en Europe où la préférence pour le centre est plus répandue (Camagni, 1996, pp.
164-166 sur la discussion des théorèmes de Wheaton).
11 Rappelons l’équivalence théorique entre variation de la rente et variation de la densité. La démonstration
repose sur la formulation d’une fonction de production de logements (Muth, 1969, chap. 5).
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