L'influence de la forme urbaine sur la mobilité quotidienne. Une ...

L’interaction entre usage du sol et comportements de mobilité
significativité du coefficient de corrélation de Pearson. Cette technique ne résoud pas
cependant le problème de la causalité.
3. Le problème de la causalité
Au point de vue méthodologique, le problème posé est celui de la causalité. Il semble
en effet difficile d’isoler clairement les déterminants des comportements de mobilité, dans la
mesure où l’on est en droit de supposer que les deux types de facteurs de la mobilité ne sont
pas séparés distinctement, mais en interaction réciproque. L’existence d’un troisième lien
entre forme urbaine et caractéristiques socio-économiques et démographiques, qui viendrait
compléter le schéma de L. S. Frank et G. Pivo, n’est pas improbable. D’après R. Dunphy et K.
Fischer, « the patterns [of higher levels of transit use and lower automobile travel in higher
density communities] is not as clear cut because of the intervening relationship between
density and the demographic characteristics of certain households » (cité in Boarnett &
Crane, 2001, 824-825).
On est cette fois confronté à un problème de corrélations entre variables des deux blocs
de variables expliquées. Il paraît pertinent de considérer que les comportements de mobilité,
l’usage du sol et les caractéristiques individuelles interagissent entre elles. Dans ce cadre, on
est confronté à une indétermination logique et les techniques quantitatives habituellement
utilisées ne permettent pas de dégager des liens causaux clairs et univoques (Pouyanne,
2004b). Les études sur le lien entre forme urbaine et comportements de déplacement « reveal
correlations between the built environment and travel behaviour but do not prove causality »
(Handy, 2002, 15).
Fréquemment, le problème des interactions entre variables socio-démographiques et
variables de forme urbaine n’est qu’évoqué. Or, il est essentiel pour assurer la robustesse des
interprétations avancées. Le « saut » d’une corrélation constatée empiriquement à une
interprétation de nature causale doit être effectué avec toutes les précautions possibles. Il est
notamment nécessaire de vérifier qu’il n’existe pas d’autre interprétation possible, qui
passerait par un tiers facteur s’interposant entre les deux termes de la corrélation constatée.
C’est pourquoi la possibilité d’un lien entre forme urbaine et caractéristiques sociodémographiques
est si important dans la détermination des facteurs de la mobilité.
Ce lien peut prendre la forme d’une causalité directe ou indirecte, que nous expliciterons
en les illustrant par un exemple tiré de l’analyse des comportements de mobilité dans l’aire
urbaine de Bordeaux, et qui justifient l’adoption d’un cadre conceptuel alternatif,
« l’interaction triangulaire ».
3.1. La causalité directe entre caractéristiques socio-démographiques et forme urbaine
La démonstration des deux types de causalité appelle une illustration empirique. Les
données utilisées dans cet article sont issues de l’enquête-ménages-déplacements (E.M.D),
menée en 1998 par la Direction Régionale Aquitaine de l’INSEE. Cette enquête a concerné
les habitudes de déplacements des 801.309 habitants de l’aire urbaine de Bordeaux, à travers
un échantillon de 4329 ménages. L’aire d’enquête a été divisée en 66 zones de différentes
tailles, pour lesquelles aux données de mobilité on a adjoint des données sociodémographiques
et d’usage du sol.
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