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Zibeline n° 60 en PDF

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un gratuit qui se lit<br />

N°<strong>60</strong> -<br />

du 13/02/13 au 13/03 /13


Profiter de l’élan<br />

La Capitale culturelle fait son office au-delà des espérances !<br />

Il est réjouissant de voir à quel point le public se mobilise,<br />

son formidable appétit de fête, de cirque, d’expositions !<br />

Marseille Prov<strong>en</strong>ce, territoire culturel, ce n’était donc pas une<br />

galéjade… Le succès populaire du week-<strong>en</strong>d d’ouverture, des<br />

portes ouvertes au Mucem, des concerts à l’Opéra de Marseille<br />

ne tarit pas, et les théâtres, le J1, les musées sont combles.<br />

Un bonheur ? Quelque chose semble <strong>en</strong> route, qui n’abolit<br />

pas les inquiétudes…<br />

Car hors du territoire de Marseille Prov<strong>en</strong>ce les équipem<strong>en</strong>ts<br />

culturels, à Cavaillon ou Gap, sont <strong>en</strong> grande difficulté. À<br />

Marseille même on ne sait ce que devi<strong>en</strong>dra le Gyptis, comm<strong>en</strong>t<br />

seront financés le fonctionnem<strong>en</strong>t de la Friche, de la<br />

Minoterie, de la Criée. Si la baisse des budgets culturels,<br />

Capitale oblige, est moins s<strong>en</strong>sible qu’ailleurs, les compagnies<br />

manqu<strong>en</strong>t dramatiquem<strong>en</strong>t de moy<strong>en</strong>s de productions,<br />

et retard<strong>en</strong>t ou annul<strong>en</strong>t leurs créations. Car la programmation<br />

des nouveaux équipem<strong>en</strong>ts va reposer sur un recours<br />

massif à des <strong>en</strong>treprises privées, qui n’ont aucune raison de<br />

financer la création. La privatisation de l’espace public est<br />

déjà à l’œuvre, et tandis que des boutiques de luxe s’install<strong>en</strong>t<br />

dans le triangle d’or marseillais pour y v<strong>en</strong>dre des sacs<br />

vides et des diamants étincelants, les journaux se meur<strong>en</strong>t,<br />

le livre décline, et les œuvres de l’esprit sont méprisées.<br />

Comm<strong>en</strong>t alors profiter de l’élan ? Si la population est au<br />

r<strong>en</strong>dez-vous, a cette soif de partager, découvrir, r<strong>en</strong>contrer,<br />

il faut l’am<strong>en</strong>er vers des formes plus ambitieuses, non marchandes,<br />

qui donn<strong>en</strong>t à réfléchir, émerveill<strong>en</strong>t mais ouvr<strong>en</strong>t<br />

aussi des portes, ménag<strong>en</strong>t des accès à tous tout <strong>en</strong> préservant<br />

le temps de la recherche, de la composition, de la<br />

création d’œuvres et de concepts.<br />

Le plus gros échec de l’année capitale serait de dévoyer la<br />

notion même de culture. De faire v<strong>en</strong>ir David Guetta au Parc<br />

Borély avec les subsides de la Ville de Marseille, par exemple !<br />

La véritable création musicale, théâtrale, sci<strong>en</strong>tifique, coûte<br />

cher. Et a peu de retombées médiatiques, donc politiques.<br />

Mais là se joue le progrès possible de l’humanité. Son émancipation<br />

intellectuelle, sa vraie richesse, sa révolte et sa<br />

liberté.<br />

AGNÈS FRESCHEL<br />

Politique culturelle<br />

Éducation artistique, Marseille ville jeunesse 4, 5<br />

CAC Musiques actuelles, Point de Bascule 6<br />

Événem<strong>en</strong>ts<br />

Les Hivernales, Greli Grelo 8<br />

Mare Nostrum, Mars <strong>en</strong> baroque 9<br />

Entreti<strong>en</strong> avec Macha Makeïeff, Fotokino 10<br />

Lignes de faille, Made in Friche, Avec le temps 11<br />

Critiques<br />

Théâtre<br />

La Criée, Gymnase, Gyptis 12<br />

Bernardines, L<strong>en</strong>che, Toursky 13<br />

Martigues, Châteauvallon, Toulon, Avignon 14, 15<br />

Jeune Public<br />

Massalia, La Criée, Ouest Prov<strong>en</strong>ce 16<br />

Danse<br />

Aubagne, Silo 17<br />

Musique<br />

KLAP, ABD Gaston Defferre 18<br />

GTP, Musicatreize 19<br />

Opéra Toulon, Marseille, Avignon 20<br />

Cité de la Musique, Poste à Galène 21<br />

Au programme<br />

Théâtre 22 à 26<br />

Jeune public 27<br />

Danse 28, 29<br />

Musique 30 à 37<br />

R<strong>en</strong>contres 38, 39<br />

Livres<br />

R<strong>en</strong>contres 40 à 43<br />

Littérature 44 à 46<br />

Arts 47<br />

Idées 48<br />

CD 49<br />

Cinéma 50 à 53<br />

Arts visuels 54 à 58<br />

Confér<strong>en</strong>ces <strong>60</strong><br />

R<strong>en</strong>contres 61<br />

Histoire 62, 63<br />

Philosophie 64<br />

Sci<strong>en</strong>ces 66<br />

Cahier c<strong>en</strong>tral Marseille-Prov<strong>en</strong>ce 2013<br />

Le Pavillon M<br />

Les expositions<br />

Cirque <strong>en</strong> Capitales<br />

II<br />

IV à VII<br />

VIII à XII<br />

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dans nos pages…


Éducation artistique et cultu<br />

04<br />

P<br />

O<br />

LITI<br />

Q<br />

U<br />

E<br />

C<br />

ULTURELLE<br />

Vinc<strong>en</strong>t Peillon et Aurélie<br />

Filippetti ont <strong>en</strong>fourché un<br />

cheval de bataille commun !<br />

Tandis que l’un veut réformer les rythmes scolaires<br />

et faire <strong>en</strong>trer dans les préoccupations<br />

scolaires et périscolaires la pratique des arts<br />

et l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t de leur histoire, la ministre<br />

de la Culture a organisé une vaste consultation<br />

sur l’éducation artistique et culturelle.<br />

Un rapport <strong>en</strong> est déjà issu i qui pointe la<br />

richesse des expéri<strong>en</strong>ces m<strong>en</strong>ées, mais aussi<br />

l’extrême difficulté d’offrir à tous les <strong>en</strong>fants<br />

un parcours artistique qui lui permette de<br />

fréqu<strong>en</strong>ter et pratiquer les arts… les membres<br />

du comité soulignant avec pertin<strong>en</strong>ce que l’offre<br />

culturelle s’adresse souv<strong>en</strong>t aux mêmes.<br />

D’autres embûches sont soulevées, plus ou<br />

moins explicitem<strong>en</strong>t, dans ce rapport, qui souligne<br />

l’impossibilité d’uniformiser l’expéri<strong>en</strong>ce<br />

artistique, la place mal définie de la culture<br />

sci<strong>en</strong>tifique (savoir ou questionnem<strong>en</strong>t épistémologique<br />

?), et le danger sous-jac<strong>en</strong>t<br />

d’obliger les artistes à ori<strong>en</strong>ter leur travail vers<br />

une transmission qui va parfois à l’<strong>en</strong>contre<br />

des impératifs de la création.<br />

Cette consultation se poursuit actuellem<strong>en</strong>t par<br />

un Tour de France, dont on espère qu’il fera<br />

remonter vers le ministère l’excell<strong>en</strong>ce de<br />

certaines expéri<strong>en</strong>ces m<strong>en</strong>ées <strong>en</strong> région PACA<br />

(voir p 8, 10, 16, 18, 56 et 61 !), et n’aboutira<br />

pas au parachutage d’initiatives uniformisées<br />

obligatoires.<br />

Cep<strong>en</strong>dant, l’ess<strong>en</strong>tiel dans notre territoire n’a<br />

pas besoin d’une consultation pour sauter aux<br />

yeux : les <strong>en</strong>fants manqu<strong>en</strong>t cruellem<strong>en</strong>t de<br />

lieux de pratique, la vie associative est sous<br />

perfusion et les lieux d’éducation populaire<br />

sont mourants. À cause d’un manque de subsides<br />

publics, et d’une répartition catastrophique<br />

des équipem<strong>en</strong>ts sur certains territoires, comme<br />

les quartiers nord marseillais. À cause aussi d’un<br />

abandon progressif par les comités d’<strong>en</strong>treprise<br />

de leurs ambitions culturelles. À cause<br />

surtout d’une l<strong>en</strong>te aliénation des esprits par<br />

les médias audiovisuels qui cass<strong>en</strong>t l’<strong>en</strong>treprise<br />

culturelle de l’école, et dép<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t du<br />

MCC : lorsque les chaînes publiques cesseront<br />

de traiter la culture <strong>en</strong> fin de journal et <strong>en</strong> la<br />

confondant avec le divertissem<strong>en</strong>t et la vie<br />

des stars, le MCC aura fait l’ess<strong>en</strong>tiel du<br />

travail…<br />

Construire avec les <strong>en</strong>seignants<br />

Un autre écueil, de taille, au projet de la ministre<br />

de construire un projet artistique et culturel<br />

pour chaque élève, repose dans l’état actuel<br />

de l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t artistique <strong>en</strong> temps sco-<br />

Transmettre, à tous, sans langue<br />

Lors du 29 e colloque national Éducation<br />

et dev<strong>en</strong>ir, une table ronde abordait<br />

la complexité des problématiques de<br />

transmission de l’art auprès des<br />

populations scolaires<br />

Les interv<strong>en</strong>ants apportai<strong>en</strong>t leur<br />

contribution par des témoignages,<br />

concernant dans un premier<br />

temps les pratiques artistiques<br />

<strong>en</strong> milieu scolaire avec des rapports<br />

d’expéri<strong>en</strong>ce. Dominique<br />

Raybaud pour le Théâtre du C<strong>en</strong>taure<br />

dont la spécificité est de<br />

travailler <strong>en</strong> osmose avec les chevaux,<br />

<strong>en</strong> fabriquant des comédi<strong>en</strong>s<br />

hybrides, prés<strong>en</strong>tait le travail<br />

effectué avec des <strong>en</strong>fants des<br />

Quartiers Nord de Marseille.<br />

Elle expliquait le travail <strong>en</strong> amont<br />

avec les associations, et le<br />

Théâtre du Merlan, pour effectuer<br />

la r<strong>en</strong>contre ; puis les li<strong>en</strong>s<br />

tissés avec les scolaires, le rôle<br />

de passeur des acteurs, et le<br />

principe du surgissem<strong>en</strong>t. Car le<br />

c<strong>en</strong>taure ne cherche pas l’appr<strong>en</strong>tissage<br />

du savoir, mais plutôt un<br />

choc, et parie sur le fait de désarçonner<br />

les élèves pour qu’ils se<br />

reconstruis<strong>en</strong>t <strong>en</strong>suite. Un petit<br />

film bouleversant d’émotion était<br />

alors projeté, 40 jum<strong>en</strong>ts et leurs<br />

poulains au galop dans une cité,<br />

avec les <strong>en</strong>fants qui cour<strong>en</strong>t avec<br />

eux, illuminés de sourires radieux...<br />

Ré<strong>en</strong>chanter le réel, une première<br />

étape, qu’il ne faut pas laisser<br />

<strong>en</strong>suite s’effacer ! Céline Jolivet<br />

pour le Ballet Preljocaj parle de<br />

la s<strong>en</strong>sibilisation des publics,<br />

s’appuyant sur une expéri<strong>en</strong>ce<br />

d’ancrage territorial <strong>en</strong> Pays<br />

d’Aix, et des interv<strong>en</strong>tions de la<br />

maternelle à l’université. Qui<br />

comport<strong>en</strong>t trois axes : la r<strong>en</strong>contre<br />

des artistes et des œuvres, la<br />

pratique artistique (les interv<strong>en</strong>ants<br />

se situ<strong>en</strong>t sur ces deux<br />

axes) et le savoir qui est disp<strong>en</strong>sé<br />

par les <strong>en</strong>seignants. Ainsi le<br />

Groupe d’interv<strong>en</strong>tion dansée<br />

(GUID) prés<strong>en</strong>te des extraits du<br />

répertoire de Ballet, s<strong>en</strong>sibilise,<br />

sort des salles traditionnelles ; le<br />

Pavillon Noir ouvre ses portes à<br />

des visites, à de nombreuses<br />

séances scolaires adaptées,<br />

comm<strong>en</strong>tées, préparées ; et les<br />

danseurs particip<strong>en</strong>t aux <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts<br />

spécialisés <strong>en</strong> Lycée.<br />

Mais Céline Jolivet insiste surtout<br />

sur l’importance des <strong>en</strong>seignants,<br />

interlocuteurs ess<strong>en</strong>tiels, qui seuls<br />

sav<strong>en</strong>t évaluer les impacts, les<br />

appropriations des uns et des autres,<br />

et seuls peuv<strong>en</strong>t les cadrer,<br />

les organiser, r<strong>en</strong>dre effectives<br />

les r<strong>en</strong>contres.<br />

Puis Loïc Bastos pour Les Suds<br />

à Arles explique comm<strong>en</strong>t le<br />

festival s’ancre sur le territoire<br />

avec 40 stages autour du festival :<br />

si ce grand événem<strong>en</strong>t estival<br />

des musiques du monde effectue<br />

un travail considérable avec les<br />

éducateurs sociaux, et se préoccupe<br />

du li<strong>en</strong> intergénérationel, il<br />

intervi<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> milieu<br />

scolaire, avec des projets à l’année,<br />

<strong>en</strong> particulier <strong>en</strong> SEGPA (classes<br />

d’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t adapté pour<br />

élèves <strong>en</strong> difficulté <strong>en</strong> collège).<br />

Il déplore que la réussite des<br />

projets dép<strong>en</strong>de trop souv<strong>en</strong>t du<br />

volontarisme des équipes éducatives,<br />

affirme qu’il est impossible<br />

de produire un bon travail avec<br />

une classe de 30, et déf<strong>en</strong>d aussi<br />

une politique qualitative et non<br />

quantitative.<br />

La culture dans<br />

les territoires<br />

Peut-on alors, puisque cette transmission<br />

ne peut être de masse,<br />

toucher tous les élèves de façon<br />

égalitaire ? Le premier problème<br />

évoqué est celui des équipem<strong>en</strong>ts<br />

culturels, et des transports. Claude<br />

Fiaert, conseiller général des<br />

Alpes de Haute-Prov<strong>en</strong>ce, évoque<br />

la spécificité de son


elle<br />

laire. Disp<strong>en</strong>sé à l’école primaire et maternelle<br />

par des <strong>en</strong>seignants très rarem<strong>en</strong>t épaulés par<br />

des interv<strong>en</strong>ants extérieurs, au collège par des<br />

professeurs très bi<strong>en</strong> formés mais dans des<br />

conditions que chacun sait impossible (on<br />

n’<strong>en</strong>seigne pas l’art à des groupes de 25 à 30<br />

élèves, à moins de vouloir les dégoûter à vie<br />

de la flûte à bec et de l’art contemporain),<br />

l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t artistique disparait au lycée<br />

<strong>en</strong> dehors des sections spécialisées, ou des rares<br />

options proposées aux sections générales.<br />

Pire, les classes qui aurai<strong>en</strong>t le plus besoin<br />

sans doute du contact avec l’art <strong>en</strong> sont exclues<br />

: SEGPA (<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t adapté <strong>en</strong> collège),<br />

lycées professionnels (<strong>en</strong> dehors des lycées<br />

agricoles), lycées technologiques ne bénéfici<strong>en</strong>t<br />

d’aucun <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t artistique, et<br />

d’aucune possibilité de pratiquer un art.<br />

Il est clair d’ailleurs que le peu d’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t<br />

artistique au collège ne vise pas à la<br />

pratique : sans instrum<strong>en</strong>ts, sans matériel,<br />

avec des élèves assis à leur bureau dans le<br />

cadre de salles inadaptées comm<strong>en</strong>t pratiquer<br />

la musique, la danse, le théâtre, comm<strong>en</strong>t<br />

sortir les arts plastiques de l’espace plan de<br />

la feuille pour <strong>en</strong> faire toucher la matière et le<br />

volume ?<br />

Le remède préconisé ces dernières années<br />

dans l’Éducation Nationale est le recours<br />

magique à … l’Histoire des Arts. Nécessitant<br />

beaucoup moins de moy<strong>en</strong>s, praticable <strong>en</strong><br />

classe <strong>en</strong>tière, c’est la panacée ! Sauf que<br />

celui qui aime les arts sait intimem<strong>en</strong>t qu’il y<br />

a accédé <strong>en</strong> jouant, <strong>en</strong> dessinant, <strong>en</strong> dansant<br />

au moins un peu lui-même… ce que le temps<br />

scolaire ne actuellem<strong>en</strong>t donner, que le<br />

périscolaire ne fournira pas sans moy<strong>en</strong> (Le<br />

ministère de l’Éducation nationale veut-il <strong>en</strong><br />

mettre ? ), et que le «hors scolaire» disp<strong>en</strong>se<br />

pour l’heure très inégalitairem<strong>en</strong>t, à ceux qui<br />

<strong>en</strong> ont les moy<strong>en</strong>s, et l’habitude familiale.<br />

De plus, actuellem<strong>en</strong>t, aucun horaire supplém<strong>en</strong>taire<br />

n’est affecté à l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t de<br />

l’Histoire des Arts <strong>en</strong> collège, qui ampute donc<br />

les heures d’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t artistique, d’EPS,<br />

d’histoire ou de lettres selon la bonne volonté<br />

des <strong>en</strong>seignants, <strong>en</strong> plus des programmes…<br />

Les seules classes qui y accèd<strong>en</strong>t sont donc<br />

déjà celles qui n’ont pas de difficultés avec<br />

l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t disciplinaire.<br />

Il serait certainem<strong>en</strong>t plus efficace, pour disp<strong>en</strong>ser<br />

une éducation artistique et culturelle de<br />

qualité, de rep<strong>en</strong>ser d’abord ses modalités d’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong> classe, avec les <strong>en</strong>seignants, <strong>en</strong><br />

écoutant <strong>en</strong>fin le B.A.BA de leurs besoins…<br />

AGNÈS FRESCHEL<br />

1<br />

www.culturecommunication.gouv.fr/Politiquesministerielles/Consultation-education<br />

-artistique-et-culturelle<br />

de bois<br />

départem<strong>en</strong>t de 165 000 habitants, un territoire<br />

diffus qui a une histoire industrielle.<br />

Une politique ambitieuse de développem<strong>en</strong>t<br />

culturel est à l’œuvre, <strong>en</strong> particulier dans la<br />

Communauté de Moy<strong>en</strong>ne Durance qui compte<br />

15 000 habitants. Elle repose avant tout<br />

sur des équipem<strong>en</strong>ts, des lieux où initier les<br />

r<strong>en</strong>contres avec les artistes (Théâtre Durance,<br />

médiathèque, cinéma), des lieux de pratique<br />

artistique (écoles de musique, de danse…),<br />

un souti<strong>en</strong> volontariste au milieu associatif,<br />

et des actions de médiation qui favoris<strong>en</strong>t<br />

l’accès aux spectacles. Ainsi au théâtre Durance<br />

des passionnés développ<strong>en</strong>t des actions<br />

avec les établissem<strong>en</strong>ts scolaires, ménageant<br />

des r<strong>en</strong>contres avec les artistes, des projets<br />

danse, cinéma, des ateliers avec Sonia Chiambretto<br />

<strong>en</strong> résid<strong>en</strong>ce d’écriture…<br />

Claire Antognozza, adjoint au maire de la<br />

ville d’Arles et déléguée à la culture, évoque<br />

une autre situation d’éloignem<strong>en</strong>t de la culture<br />

: la pauvreté. À Arles, comme à Marseille,<br />

52% de la population n’est pas imposable.<br />

Un travail important s’effectue <strong>en</strong>tre la Mairie,<br />

l’éducation nationale, la DRAC, les autres<br />

part<strong>en</strong>aires. La mission de la mairie est de<br />

poser la question de l’égalité dans la répartition<br />

égale, voire volontairem<strong>en</strong>t ciblée <strong>en</strong>vers<br />

les populations éloignées, des propositions<br />

culturelles, qui ont trop t<strong>en</strong>dance à se porter<br />

vers les élèves déjà proches de la culture.<br />

Laur<strong>en</strong>t Lucchini, proviseur du Lycée Victor<br />

Hugo, établissem<strong>en</strong>t dit «prioritaire», insiste<br />

sur la grande pauvreté de l’hyperc<strong>en</strong>tre de<br />

Marseille : sur les 20 000€ alloués par l’État<br />

au Lycée, 14 000€ sont attribués au fond social,<br />

et il reste peu pour financer les actions<br />

culturelles. D’où l’importance des part<strong>en</strong>ariats<br />

passés avec le secteur culturel : la Friche de<br />

la Belle de Mai offre ses salles pour la pratique<br />

artistique, les projets europé<strong>en</strong>s, régionaux,<br />

le dispositif des PAM, les part<strong>en</strong>ariats avec<br />

les associations, les places de concert et de<br />

spectacles offertes par nombre de compagnies<br />

et de lieux permett<strong>en</strong>t seules d’offrir une<br />

véritable vie culturelle aux élèves. Laur<strong>en</strong>t<br />

Lucchini souligne égalem<strong>en</strong>t le rôle des chefs<br />

d’établissem<strong>en</strong>ts, qui est de faciliter la tâche<br />

des <strong>en</strong>seignants, très sollicités, <strong>en</strong> pr<strong>en</strong>ant<br />

<strong>en</strong> considération le temps important qu’ils<br />

consacr<strong>en</strong>t à l’organisation de l’activité culturelle<br />

: ces activités, «chronophages et énergivore<br />

pour les <strong>en</strong>seignants qui ont le courage de<br />

s’investir» «instaur<strong>en</strong>t un climat de confiance<br />

et apport<strong>en</strong>t de vraies bouffées d’oxygène».<br />

Qu’il faudrait pouvoir rémunérer et pr<strong>en</strong>dre<br />

<strong>en</strong> compte dans les horaires de travail des<br />

<strong>en</strong>seignants ? On att<strong>en</strong>dait beaucoup de la<br />

conclusion de Chantal Ohanessian, déléguée<br />

académique à l’éducation artistique et culturelle.<br />

Les problèmes de spécificité de la<br />

transmission artistique, de la pratique, de<br />

l’égalité territoriale, la question du temps de<br />

travail pour les <strong>en</strong>seignants avai<strong>en</strong>t été remarquablem<strong>en</strong>t<br />

évoqués par les interv<strong>en</strong>ants.<br />

Mais la déléguée académique s’est livrée à un<br />

exercice langue de bois remarquable, formulant<br />

un discours abscons qui n’évoquait aucune<br />

des problématiques soulevées, oubliant ce<br />

que signifie le terme colloque, et empêchant<br />

par la longueur de son discours toute discussion<br />

avec la salle… Une attitude qui augure<br />

bi<strong>en</strong> mal de la capacité d’écoute et de<br />

changem<strong>en</strong>t de la hiérarchie de l’Éducation<br />

Nationale !<br />

MARYVONNE COLOMBANI<br />

La table ronde du 19 janvier du colloque Culture(s)<br />

à l’école : un <strong>en</strong>jeu pour l’égalité était animée<br />

par Agnès Freschel


Le monde et l’actuel<br />

06<br />

É<br />

V<br />

É<br />

N<br />

E<br />

M<br />

E<br />

N<br />

TS<br />

Depuis trois ans la Région<br />

PACA édite, avec l’Arcade,<br />

quelque temps avant Babel<br />

Med, une compilation promotionnelle<br />

de musiques<br />

actuelles qui permet de<br />

donner une visibilité aux<br />

groupes aidés par son Conseil<br />

Artistique à la Création<br />

(Cac). Cette année cette<br />

compilation gratuite, distribuée<br />

dans les marchés<br />

nationaux des arts vivants,<br />

rassemble 29 titres de musiques<br />

actuelles, auxquels<br />

Compile CAC 2012<br />

s’ajout<strong>en</strong>t 28 groupes de musique du monde.<br />

Cet outil promotionnel, de qualité, s’ajoute aux<br />

dispositifs converg<strong>en</strong>ts que la Région met <strong>en</strong> place<br />

pour sout<strong>en</strong>ir et professionnaliser ces musiques.<br />

Ainsi Cécile Helle, vice-présid<strong>en</strong>te déléguée à la<br />

culture, soulignait «l’importance d’un réseau prés<strong>en</strong>t<br />

dans tout le territoire, où autour des musiques des<br />

choses se tiss<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre pratique et diffusion, et mutualisation<br />

des équipem<strong>en</strong>ts». En effet la région<br />

PACA souti<strong>en</strong>t à la diffusion 15 structures conv<strong>en</strong>tionnées,<br />

plus quelques lieux nouveaux, subv<strong>en</strong>tionne<br />

une dizaine d’équipem<strong>en</strong>ts de répétition labellisés,<br />

3 c<strong>en</strong>tres de formation professionnelle… Ces aides<br />

s’augm<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t d’un souti<strong>en</strong> massif aux festivals comme<br />

Marsatac ou Babel Med, et <strong>en</strong> 2013 de l’opération Le<br />

Monde est chez vous (voir Zib’58).<br />

Pertin<strong>en</strong>ce et efficacité ?<br />

Cette approche structurée d’un monde artistique qui<br />

l’est peu, et chemine parfois directem<strong>en</strong>t de<br />

l’underground rebelle aux industries culturelles médiatiques,<br />

introduit un critère qualitatif qui facilite<br />

la sortie de l’anonymat et de la précarité économique,<br />

et doit <strong>en</strong> principe s’arrêter lorsque l’<strong>en</strong>treprise<br />

artistique est dev<strong>en</strong>ue médiatique et r<strong>en</strong>table. Mais<br />

le CAC, qui dispose d’une <strong>en</strong>veloppe de 300 000 €<br />

annuels pour 57 groupes aidés, soit une moy<strong>en</strong>ne de<br />

5200 € par groupe, ne peut évidemm<strong>en</strong>t pas suffire<br />

à les produire : cette aide est pourtant dev<strong>en</strong>ue un<br />

apport indisp<strong>en</strong>sable dans un secteur <strong>en</strong> crise où le<br />

disque meurt, et où les artistes bankables t<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t<br />

de moins <strong>en</strong> moins la main aux émerg<strong>en</strong>ts, tout <strong>en</strong><br />

monopolisant les affiches des festivals, des scènes<br />

musicales voire généralistes…<br />

Le rapprochem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre Musiques du monde et Musiques<br />

actuelles est une idée pertin<strong>en</strong>te, puisqu’on<br />

y retrouve les mêmes caractéristiques : une quasi<br />

abs<strong>en</strong>ce de femmes, <strong>en</strong> dehors de quelques-unes qui<br />

chant<strong>en</strong>t, mais ne jou<strong>en</strong>t pas (voir p 64) ; des harmonies<br />

et des rythmes pas très inv<strong>en</strong>tifs, mais des<br />

paroles et des propos qui port<strong>en</strong>t, et des émotions…<br />

On s’étonne toutefois de trouver parmi ces groupes<br />

aidés les mêmes qui devrai<strong>en</strong>t depuis des années<br />

être sortis de ces dispositifs transitoires pour faire<br />

place à la véritable émerg<strong>en</strong>ce : Juan Carmona,<br />

Françoise Atlan, voire Archie Shepp (si si, avec<br />

Raphaël Imbert et Manon Rampal..) devrai<strong>en</strong>t<br />

pouvoir se passer du souti<strong>en</strong> du CAC… mais le contexte<br />

économique amène à retrouver d’année<br />

<strong>en</strong> année Lo Cór de la Plana, la Fanfare<br />

Vagabontu, Paratge, Sam Karpiénia,<br />

Ottilie [B], Ahamada Smis, Christophe<br />

Leloil ou Nicolas Cante. Ce qui<br />

permet une compilation régionale d’une<br />

sacrée qualité ! Avec ce double disque<br />

on <strong>en</strong> découvre d’autres aussi, qui<br />

bi<strong>en</strong>tôt on l’espère n’auront plus besoin<br />

du CD du CAC pour être <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dus !<br />

AGNÈS FRESCHEL<br />

Disparition/ apparition<br />

Il fut question, durant la confér<strong>en</strong>ce de presse, de la fermeture du Gr<strong>en</strong>ier à sons à<br />

Cavaillon, une des 16 structures conv<strong>en</strong>tion-nées Lieu de Développem<strong>en</strong>t de Musiques<br />

Actuelles. Les subv<strong>en</strong>tions auparavant allouées à cette scène, fermée pour cause d’arrêt<br />

brutal de subv<strong>en</strong>tionnem<strong>en</strong>t de la Ville de Cavaillon, sont reportées par la Région, l’État<br />

et le Conseil Général 84 sur une nouvelle scène de musiques actuelles (SMAC) de territoire<br />

qui regroupe La Gare Coustellet, Akwaba à Châteauneuf-de-Gadagne et Freesson. Le<br />

Vaucluse ne perd donc «que» la subv<strong>en</strong>tion de la Ville de Cavaillon, qui coupe aussi les<br />

subsides de la Scène nationale, et décidém<strong>en</strong>t ne mise pas sur la culture pour sortir un<br />

électorat massivem<strong>en</strong>t FN de ses horizons étroits… A.F.<br />

Disparition/structuration<br />

Le Point de Bascule, lieu délicieusem<strong>en</strong>t atypique à Marseille, porté par une équipe de<br />

bénévoles écolos plus gauchistes qu’anars, va mal. Dans cette très belle double salle<br />

voutée qui ne vit que de ses adhésions, les artistes se produis<strong>en</strong>t comme chez eux, les<br />

associations se rassembl<strong>en</strong>t, la marchandise de récup circule comme la parole, et des<br />

mom<strong>en</strong>ts formidables, politiques, se viv<strong>en</strong>t. Mais jusqu’alors le Point de Bascule<br />

n’obéissait pas aux normes des salles, n’acquittait<br />

pas ses droits, ne rémunérait pas les artistes sinon à<br />

la recette… ce que lui reproch<strong>en</strong>t des collectivités<br />

qui ne veul<strong>en</strong>t pas subv<strong>en</strong>tionner une association aux<br />

pratiques libertaires intéressantes, mais peu légales.<br />

Or le Point de Bascule, acculé économiquem<strong>en</strong>t, a<br />

fait aujourd’hui de vrais efforts de structuration : il serait<br />

plus que dommage que ce lieu alternatif bascule hors<br />

de la viabilité… lui qui ne demande pas grand-chose,<br />

sinon de parv<strong>en</strong>ir à payer son loyer ! A.F.<br />

Vous pouvez d’ailleurs sout<strong>en</strong>ir le Point de Bascule ici,<br />

<strong>en</strong> adhérant ! www.lepointdebascule.fr<br />

Francois Pecqueur, responsable du Point de bascule,<br />

lors d'un vrai-faux proces à Monsanto © X-D.R<br />

Apparition/ contestation<br />

Comm<strong>en</strong>t ! La Ville de Marseille a attribué à Adam Concerts 400 000 € pour faire v<strong>en</strong>ir<br />

David Guetta au Parc Borély cet été ? Cette confusion <strong>en</strong>tre culture et événem<strong>en</strong>tiel, et<br />

<strong>en</strong>tre intérêt privé et subsides publics, est emblématique des dérives des industries<br />

culturelles. Les tourneurs qui font v<strong>en</strong>ir des artistes bankables <strong>en</strong> retir<strong>en</strong>t un large<br />

bénéfice économique : 23 000 places, à 50 € de moy<strong>en</strong>ne, sont mises <strong>en</strong> v<strong>en</strong>te, soit 1,15<br />

million d’euros, sans compter l’exclusivité de la v<strong>en</strong>te aux buvettes… Ils n’ont aucune<br />

raison de recevoir de l’arg<strong>en</strong>t public… Si l’été marseillais manque de fête et de concerts,<br />

et si Adam concerts a parfaitem<strong>en</strong>t le droit de faire v<strong>en</strong>ir la star musicale française la<br />

mieux payée du show biz, quel est donc l’intérêt culturel de cette musique pauvre à<br />

pleurer, qui de plus n’a aucun besoin des subsides publics pour générer des bénéfices<br />

indéc<strong>en</strong>ts, au vu des difficultés économiques des vrais artistes ? A.F.


08<br />

É<br />

V<br />

É<br />

N E M E N TS En résistance<br />

La semaine de la danse pr<strong>en</strong>d ses quartiers<br />

d’hiver autour d’Avignon<br />

Pour la 35 e édition des Hivernales,<br />

Anci<strong>en</strong> interprète de Bagouet,<br />

le C<strong>en</strong>tre de Développem<strong>en</strong>t<br />

Chorégraphique relève le défi des<br />

contraintes économiques et ét<strong>en</strong>d<br />

le festival sur le territoire régional.<br />

Face à la baisse des crédits, le<br />

directeur Emmanuel Serafini, <strong>en</strong><br />

Fabrice Ramalingom prés<strong>en</strong>te la<br />

pièce punk jubilatoire My Pogo (27<br />

fév au Thor). Retrouvailles avec<br />

l’américain Jonah Bokaer qui interroge<br />

dans Le Syndrome d’Ulysse<br />

(25 fév à Sorgues) sa double id<strong>en</strong>-<br />

préambule d’un programme axé sur<br />

la Méditerranée, lance un «appel<br />

à résister», inquiet de sa pér<strong>en</strong>nité.<br />

Malgré ce contexte, le festival continue<br />

d’inv<strong>en</strong>ter des formes, invite<br />

par dizaine les danseurs sur les plateaux,<br />

r<strong>en</strong>d des hommages, prés<strong>en</strong>te<br />

4 expositions, crée des part<strong>en</strong>ariats<br />

intellig<strong>en</strong>ts… pour 36 r<strong>en</strong>dez-vous<br />

à la découverte de chorégraphes<br />

de notre région et du bassin méditerrané<strong>en</strong>,<br />

auxquels se rajout<strong>en</strong>t<br />

15 stages, dans des formules plus<br />

flexibles (et moins chères) sur 2,<br />

4, 8 jours. Dont : une classe quotidi<strong>en</strong>ne<br />

de Nina Dipla, la danse<br />

verticale avec Antoine Le Ménestrel,<br />

un atelier m<strong>en</strong>é par Dominique<br />

Dupuy.<br />

Le 23 fév, c’est avec le Marathon<br />

Bagouet que le ton sera donné. Le<br />

Palais des Papes recevra dans trois<br />

de ses sublimes salles danseurs<br />

confirmés et jeune génération pour<br />

interpréter ses pièces (le groupe<br />

Coline, Annabelle Pulcini, l’école<br />

cannoise Rosella Hightower,<br />

l’ENSD de Marseille, Christian<br />

Ubl et Edith Christophe). À la<br />

Chartreuse, Christian Bourigault<br />

repr<strong>en</strong>dra F. et Stein, pièce emblématique,<br />

tandis qu’Angels Margarit<br />

et Thomas Hauert y offriront un<br />

voyage dans From B to B (1 er mars).<br />

Sonnez «greli grelo» au Vélo !<br />

Organisé par le Vélo Théâtre, le festival pour toute<br />

la famille débarque dans les communes du Pays<br />

d’Apt. Neuf jours de théâtre, musique, danse, par<br />

des compagnies d’ici, de France, d’Italie ou de<br />

Belgique, installées dans les quartiers ou sous<br />

chapiteau, à tout petits prix : la belle affaire ! Pour<br />

débuter <strong>en</strong> fanfare cette 6 e édition, un Bal Sucré<br />

Salé avec L’Unité Spéciale des Kamikazes Urbains<br />

Libres : accordéons, clarinettes, violons, cornet à<br />

piston… feront danser petits et grands (1 er mars).<br />

Avec Molin-Molette, les <strong>en</strong>fants vivront une<br />

expéri<strong>en</strong>ce clownesque avec un duo chercheur qui<br />

élève des ressorts et fabrique du sil<strong>en</strong>ce (1 er et 3<br />

mars). Lionel Romieu et Jean-Philippe Barrios<br />

dévoileront leur cuisine interne dans le spectacle<br />

musical Yorg-itsa (4 et 5 mars). Le Teatro de<br />

Festival Greli Grelo<br />

Pays d’Apt<br />

du 1 er au 9 mars<br />

04 90 04 85 25<br />

www.velotheatre.com<br />

tité culturelle, le chorégraphe<br />

catalan Pere Faura qui joue avec<br />

des titres de journaux dans Diari<br />

d’accions (1 er mars à Sorgues) et<br />

Thomas Ferrand pour «une version<br />

hallucinée du Dom Juan de<br />

Molière» dans Mon amour (2 mars<br />

au GiraSole).<br />

Des textes à danser<br />

Dominique Dupuy revi<strong>en</strong>t pour<br />

deux versions d’Acte sans paroles<br />

de Beckett, avec le circassi<strong>en</strong> Tsirihaka<br />

Harrivel (24 fév au Chi<strong>en</strong><br />

qui Fume). Dans le bel écrin de<br />

l’Opéra Hervé Koubi repr<strong>en</strong>d Ce<br />

que le jour doit à la nuit, créé au<br />

Pavillon Noir aixois d’après le roman<br />

de Yasmina Khadra (23 fév).<br />

Nouveaux part<strong>en</strong>ariats avec le<br />

KLAP à Marseille qui accueille<br />

Laur<strong>en</strong>ce Rondoni et Sandrine<br />

Maisonneuve, qui travaill<strong>en</strong>t à<br />

partir des métamorphoses d’Ovide<br />

avec 14 danseurs égypti<strong>en</strong>s (25 fév,<br />

navettes Avignon/Marseille); et<br />

un Focus sur trois chorégraphes<br />

israéli<strong>en</strong>nes au Pavillon Noir d’Aix<br />

et (28 fév, 1 er mars, navettes).<br />

C’est à partir d’Ingres et de la p<strong>en</strong>sée<br />

de Fatima Mernissi, qu’Héla<br />

Fattoumi et Eric Lamoureux questionn<strong>en</strong>t,<br />

dans Masculines, la<br />

féminité d’une rive à l’autre (26<br />

fév à Cavaillon). À Morières danse<br />

et marionnette esquiss<strong>en</strong>t un pas<br />

de deux dans Krafff, à voir <strong>en</strong> famille<br />

(1 er mars). À Avignon, huit<br />

danseurs se succéderont dans Précipitations<br />

(28 fév à B<strong>en</strong>oit XII)<br />

et une création partagée au théâtre<br />

des Doms avec Bloom Studio 1<br />

et 2 (24 et 25 fév).<br />

Au CDC ? Tomeo Vergés se dévoilera<br />

dans Anatomia publica, <strong>en</strong>tre<br />

saccades et interruptions (1 er mars).<br />

Dans John, Ambra S<strong>en</strong>atore approfondit<br />

la gestuelle masculine<br />

(27 fév au CDC). Sans oublier les<br />

productions : Office du Tourisme<br />

par Michaël Allibert (24 et 25<br />

fév), Carnets de route de Samir El<br />

Yamni (le 26), un «tea-time» à La<br />

Mirande par Robin Decourcy et le<br />

Ballet de l’Opéra d’Avignon (26<br />

fév au 2 mars), un solo et un duo<br />

d’Alain Michard et Mustafa Kaplan<br />

(1 er et 2 mars), une «danse<br />

de jubilation orgiaque» avec Mem<strong>en</strong>to<br />

Mori de Pascal Rambert<br />

(24 fév).<br />

L’artiste grecque Patricia Apergi<br />

clôturera la manifestation mêlant<br />

énergie et humour corrosif dans<br />

D.opa (2 mars à B<strong>en</strong>oit XII).<br />

DELPHINE MICHELANGELI<br />

Rondoni Maisonneuve © Nicolas Michel<br />

La Gr<strong>en</strong>ouille... Cie Vélo Théâtre © X-D.R<br />

Les Hivernales, Avignon, Vaucluse,<br />

La Chartreuse, Aix, Marseille<br />

du 23 fev au 2 mars<br />

04 32 76 05 32<br />

www.hivernales-avignon.com<br />

Piccione déposera dans A Pancia in Su sa douce<br />

poésie autour du quotidi<strong>en</strong>, des peurs et des désirs<br />

(4, 5 et 7 mars). Dans C’est aujourd’hui demain, la<br />

Cie bout d’ôm de Charlotte Smither invitera au<br />

dialogue sur la perception du temps <strong>en</strong>tourée de<br />

trois personnages r<strong>en</strong>versants (6 au 8 mars) et dans<br />

I see you, les belges du Kabinet K offriront un<br />

diptyque pour deux <strong>en</strong>fants, deux personnes âgées<br />

et deux chorégraphes (8 et 9 mars). Expéri<strong>en</strong>ce<br />

s<strong>en</strong>sorielle avec La gr<strong>en</strong>ouille au fond du puits croit<br />

que le ciel est rond, nouvelle création maison du<br />

Vélo Théâtre, pour un spectacle-parcours dans les<br />

souv<strong>en</strong>irs de Monsieur Brin d’Avoine (7 au 9 mars)<br />

et du 4 au 9 mars, les <strong>en</strong>fants (dès 2 ans) suivront<br />

les péripéties de Louise/Alice dans C’est dans la<br />

poche. En avant-goût du festival, le 20 fév, le<br />

Cinémovida d’Apt propose un ciné-goûter animé<br />

avec Malin comme un singe, trois films empruntant<br />

à la peinture et au théâtre d’ombres chinoises.<br />

DE.M.


Les formes de la Méditerranée<br />

Interzone, Ext<strong>en</strong>ded © M. Guillerot<br />

Mare Nostrum, temps fort dévolu à des propositions<br />

théâtrales et musicales des pays du<br />

pourtour de la Méditerranée, s’installe durant<br />

tout le mois de mars aux Salins. Pour comm<strong>en</strong>cer,<br />

le 5 mars, après une résid<strong>en</strong>ce à<br />

l’Étang des Aulnes, Interzone crée Ext<strong>en</strong>ded,<br />

un voyage musical qui s’imprègne de la culture<br />

musicale de chacun des membres de la formation<br />

: Serge Teyssot-Gay (guitare) et Khaled Al<br />

Jaramani (oud), créateur du duo originel, Carol<br />

Robinson (clarinette), Ibrahim Maalouf<br />

(trompette) et Keyvan Chemirani (zarb)(et le<br />

15 fev à la scène nationale de Cavaillon). Le<br />

8 mars, Que la noce comm<strong>en</strong>ce, adaptation et<br />

mise <strong>en</strong> scène, par Didier Bezace, du film de<br />

Horatiu Malaele Les noces sil<strong>en</strong>cieuses, invite<br />

à vivre une noce bousculée dans la Roumanie<br />

de 1953 à la mort de Staline… Le 12 mars les<br />

Invisibles de Nasser Djemaï s’inviteront sur<br />

scène, ces Chibanis, travailleurs immigrés dont<br />

la France était dev<strong>en</strong>ue le pays, mais qu’ils<br />

habit<strong>en</strong>t <strong>en</strong> retraités fantômes. Dans la salle<br />

du bout de la nuit, transformée <strong>en</strong> bateau pour<br />

l’occasion, le Groupe Maritime de Théâtre<br />

joue Jeunesse, le récit de l’odyssée de Judée,<br />

de tempêtes <strong>en</strong> catastrophes sur un vieux raffiot,<br />

voyage initiatique de l’adolesc<strong>en</strong>ce vers<br />

l’âge adulte (le 13 mars). Puis Jean-Claude<br />

Berutti, artiste associé au Théâtre cette saison<br />

<strong>en</strong>core, continue son exploration de l’œuvre<br />

d’Etel Adnan : après J<strong>en</strong>ine, lu dans le cadre de<br />

Mare Nostrum l’an passé, il met <strong>en</strong> scène Un<br />

crime d’honneur, récit d’un des souv<strong>en</strong>irs de jeunesse<br />

d’Etel Adnan (le 15 mars). Le l<strong>en</strong>demain,<br />

le contrebassiste catalan R<strong>en</strong>aud Garcia-Fons<br />

<strong>en</strong>traine le public dans son Solo, <strong>en</strong> faisant partager<br />

«une musique sans frontières ni limites<br />

de style, une musique qui érige des ponts <strong>en</strong>tre<br />

le jazz, le classique et les folklores du monde<br />

méditerrané<strong>en</strong>, ori<strong>en</strong>tal et latin». Enfin, <strong>en</strong><br />

clôture le 26 mars, les Ensembles Jacques<br />

Moderne et Concerto Save donn<strong>en</strong>t à <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre<br />

un répertoire d’Histoires Sacrées, avec au<br />

programme des œuvres de Giacomo Carissimi<br />

et Dom<strong>en</strong>ico Mazzocchi, pour clôturer Mars <strong>en</strong><br />

baroque (voir ci-dessous).<br />

DO.M.<br />

Mare Nostrum<br />

du 5 au 26 mars<br />

Théâtre des Salins, Martigues<br />

04 42 49 02 00<br />

www.theatre-des-salins.fr<br />

09<br />

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TS<br />

Voyage baroque<br />

C’est le voyage qui a façonné la musique occid<strong>en</strong>tale,<br />

fait circuler la composition, et fabriqué cet<br />

art unique reposant sur une sci<strong>en</strong>ce neuve de<br />

l’harmonie. Âge d’or ? Il est passionnant <strong>en</strong> tous<br />

les cas de se p<strong>en</strong>cher sur cette circulation d’un<br />

langage qui a sans doute fait naître la première<br />

p<strong>en</strong>sée europé<strong>en</strong>ne, <strong>en</strong> tant que système et<br />

langage communs… sans parler des g<strong>en</strong>res<br />

naissants de l’opéra (Héroïnes de Rome avec<br />

des airs de Scarlatti, Porpora et Ha<strong>en</strong>del le 16<br />

mars aux ABD), de l’oratorio (Histoires sacrées<br />

le 26 mars aux Salins) et de la musique instrum<strong>en</strong>tale<br />

sans voix (K<strong>en</strong>neth Weiss dans les<br />

Variations Goldberg le 17 mars au Temple<br />

Grignan).<br />

Cette circulation musicale et ces naissances de<br />

formes seront au cœur de la 11 e édition de Mars<br />

<strong>en</strong> Baroque, <strong>en</strong> partant de l’Italie. Edition riche,<br />

qui bénéficie du label MP2013 et du mécénat<br />

de la société générale, débute à Saint Victor<br />

avec Sandrine Piau et Concerto Soave, n’oublie<br />

pas de faire une place de choix aux jeunes<br />

instrum<strong>en</strong>tistes, solistes ou <strong>en</strong>sembles, et se<br />

clôture avec les <strong>en</strong>sembles Jacques moderne<br />

et Concerto Soave, la voix inoubliable de<br />

Marià Cristina Kiehr, et Jean-Marc Aymes au<br />

clavecin. Entre temps 13 lieux auront été<br />

visités pour des concerts bi<strong>en</strong> sûr, mais aussi<br />

des films (Le couronnem<strong>en</strong>t de Poppée et Le<br />

Casanova de Fellini les 5 et 6 mars aux Variétés)et<br />

des confér<strong>en</strong>ces (voir p 32), et, pour<br />

mieux compr<strong>en</strong>dre l’origine de la musique<br />

baroque, une r<strong>en</strong>contre <strong>en</strong>tre le luth et son<br />

cousin méditerrané<strong>en</strong> (Saïd Chraïbi, oud, le<br />

22 mars à la Criée, Paul O’Dette, luth, le 23<br />

mars au Temple Grignan), et une plongée dans<br />

la musique polyphonique du XVI e siècle (Lassus<br />

et la polyphonie franco-flamande par l’<strong>en</strong>semble<br />

Vox luminis le 9 mars à Saint Laur<strong>en</strong>t).<br />

Un voyage, on vous dit !<br />

AGNÈS FRESCHEL<br />

Mars <strong>en</strong> Baroque<br />

Du 5 au 26 mars<br />

Marseille, Martigues<br />

04 91 90 93 75<br />

www.mars<strong>en</strong>baroque.com<br />

Sandrine Piau © Antoine Le Grand - naive


Dans le Baba !<br />

10<br />

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TS<br />

Les Mille et une Nuits, indissociables pour<br />

Macha Makeïeff de son rêve marseillais, étai<strong>en</strong>t<br />

dès l’origine au cœur de son projet de Criée.<br />

À un mois de la création, alors que<br />

les répétitions batt<strong>en</strong>t leur plein, elle nous<br />

explique pourquoi Ali Baba…<br />

Macha Makeïeff © France Keyser<br />

<strong>Zibeline</strong> : Pourquoi ce conte d’ailleurs<br />

et d’un autre temps vous<br />

fait-il rêver ?<br />

Macha Makeïeff : Il porte le bruit<br />

du monde d’aujourd’hui, de la<br />

poésie de Marseille, avec sa fantaisie<br />

et son fracas. Ali Baba est<br />

habité d’une sorte d’innoc<strong>en</strong>ce<br />

qui lui ouvre les portes de la métamorphose,<br />

et cet Ori<strong>en</strong>t, tragique<br />

et s<strong>en</strong>suel, me parait pouvoir<br />

répondre à mon désir de théâtre<br />

pour tous.<br />

Cet Ori<strong>en</strong>t-là est pourtant très<br />

littéraire…<br />

Oui, mais il parle à tous, tout le<br />

monde connaît Ali Baba à sa manière,<br />

les <strong>en</strong>fants, les érudits… il<br />

y a une empathie particulière avec<br />

cette histoire. Comme tous les<br />

contes il dégage une puissance<br />

symbolique qui nous rassemble,<br />

mais Ali Baba a aussi des caractéristiques<br />

pasolini<strong>en</strong>nes. Il y a<br />

des mauvais garçons, cela parle<br />

d’un monde qui change, de l’effraction<br />

de la richesse dans une<br />

exist<strong>en</strong>ce de pauvre, des échanges<br />

marchands…<br />

Avez-vous conservé une structure<br />

narrative <strong>en</strong>châssée ?<br />

Oui, le récit est dit par Shéhérazade<br />

comme dans les Mille et<br />

une nuits, puis elle se transforme<br />

<strong>en</strong> Morgiane et mène <strong>en</strong>suite la<br />

danse dans Ali Baba.<br />

Avez-vous théâtralisé le récit, la<br />

narration ?<br />

Tout à fait, je me suis beaucoup<br />

amusée à écrire des dialogues, sur<br />

mesure pour mes acteurs qui ont<br />

des acc<strong>en</strong>ts, des façons de parler<br />

particulières.<br />

Le récit est <strong>en</strong> trois langues,<br />

Arabe, Français et Perse ?<br />

Ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> Français, pour<br />

la lisibilité, mais je voulais que<br />

ces trois langues parl<strong>en</strong>t par<br />

instants.<br />

Quels mondes sont évoqués par<br />

les décors, les costumes ?<br />

Les accessoires sont très réels, le<br />

décor est fabriqué à partir de<br />

fragm<strong>en</strong>ts de la réalité concrète<br />

mais la métamorphose surgit, et<br />

l’étrange folie d’Ali… On pourrait<br />

croire que tout est hallucinatoire,<br />

qu’il rêve tout cela. Aujourd’hui<br />

au théâtre toute la magie est<br />

possible, il y a un vrai bonheur de<br />

la fiction, et on ne s’<strong>en</strong> prive pas !<br />

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR AGNÈS FRESCHEL<br />

Ali Baba<br />

du 13 au 29 mars<br />

La Criée, Marseille<br />

04 91 54 70 54<br />

www.theatre-lacriee.com<br />

du 5 au 7 avril<br />

Théâtre Liberté, Toulon<br />

04 98 00 56 76<br />

www.theatre-liberte.fr<br />

Appr<strong>en</strong>dre la vie<br />

La bibliothèque de l’Alcazar accueillait le 24<br />

janvier une r<strong>en</strong>contre intitulée Le livre et<br />

l’<strong>en</strong>fant, regards sur 40 ans de littérature jeunesse<br />

dans le monde arabe. Autour de<br />

Mathilde Chèvre (éditrice du Port à Jauni,<br />

maison d’édition bilingue), deux auteurs :<br />

Samah Idriss (Beyrouth) et Walid Taher (Le<br />

Caire). La responsable de l’Île aux livres à la<br />

BMVR Anne-Marie Faure le déplore : «dans<br />

les bibliothèques, on méconnaît la littérature<br />

arabe, on se rabat sur des traductions», faute<br />

de diffuseurs comme l’Oiseau Indigo, capable<br />

de donner à voir sa diversité.<br />

Pourtant, se p<strong>en</strong>cher sur son évolution donne<br />

à réfléchir. À la fin des années <strong>60</strong>, on lisait<br />

aux <strong>en</strong>fants arabes des récits de guerre, dans<br />

lesquels le héros miniature triomphait de<br />

l’<strong>en</strong>nemi par la ruse. Comme partout dans le<br />

monde, la jeunesse n’était considérée que<br />

comme «une argile à façonner idéologiquem<strong>en</strong>t».<br />

En France selon les périodes, on trouvait bi<strong>en</strong><br />

dans les manuels scolaires des problèmes<br />

d’arithmétique comptant les «boches», ou les<br />

«dép<strong>en</strong>ses inutiles» des ouvriers, sans même<br />

parler des fillettes promises à un av<strong>en</strong>ir<br />

matrimonial exclusif peuplant les publications<br />

pour <strong>en</strong>fants. Aujourd’hui, on subit des collections<br />

roses pour les filles et bleues pour les<br />

garçons, proposant un cliché comme référ<strong>en</strong>ce<br />

universelle !<br />

De la différ<strong>en</strong>ce très politique <strong>en</strong>tre éducation<br />

et formatage... Plutôt que d’influ<strong>en</strong>cer ces<br />

petits pour <strong>en</strong> faire de futurs adultes normés,<br />

ne pourrait-on leur suggérer des ouvrages qui<br />

développ<strong>en</strong>t l’esprit critique et leur permettront<br />

de pr<strong>en</strong>dre des décisions éclairées ?<br />

Samah Idriss <strong>en</strong> témoigne : «Au Liban, l’école<br />

considère mon travail comme impur car il<br />

mélange la langue littéraire et le dialecte.<br />

Pourtant, mes livres sont les plus v<strong>en</strong>dus dans<br />

le pays, offerts aux <strong>en</strong>fants par une partie de la<br />

population plus ouverte.» Son expéri<strong>en</strong>ce le<br />

démontre : les choix de chacun compt<strong>en</strong>t, <strong>en</strong><br />

matière d’intellig<strong>en</strong>ce collective.<br />

GAËLLE CLOAREC<br />

À v<strong>en</strong>ir<br />

Pour fêter ses 10 ans, Laterna Magica déploie<br />

sa programmation consacrée aux arts de<br />

l’image toute l’année 2013. Jusqu’au 17 fév, le<br />

studio Fotokino accueille une bibliothèque<br />

éphémère consacrée à la littérature jeunesse<br />

dans le monde arabe. Chaque 1 er samedi du<br />

mois de mars à décembre, un «temps festif»<br />

ouvrira d’autres expositions, cartes blanches<br />

à un artiste avec ateliers à la clé. Sans<br />

compter les surprises hors-les-murs, à la<br />

Criée, au Waaw, au Lièvre de Mars ou au J1.<br />

Marseille<br />

09 81 65 26 44<br />

http://fotokino.org


© Pierre Grosbois<br />

mêle petite et grande Histoire, l’intime et le<br />

politique. Et qui remonte aux mythes qui<br />

fond<strong>en</strong>t une histoire familiale, à partir de<br />

cette faille insondable de la deuxième guerre<br />

mondiale.<br />

Sur le plateau nu, une table et quelques chaises<br />

r<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t compte de l’unité de temps, des<br />

maquettes dont le volume illustr<strong>en</strong>t les lieux<br />

de l’action sont manipulées comme des<br />

jouets, des projections vidéos sur le sol imag<strong>en</strong>t<br />

les propos, tandis qu’une bande son<br />

particulièrem<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> ajustée vi<strong>en</strong>t souligner<br />

le récit. Tout dans la mise <strong>en</strong> scène de Catherine<br />

Marnas est juste et pertin<strong>en</strong>t, de la<br />

fluidité de la narration à l’utilisation de<br />

l’espace. Mais ce qui force l’admiration c’est le<br />

jeu des comédi<strong>en</strong>s, si intelligemm<strong>en</strong>t dirigés :<br />

avec une grande maîtrise des dialogues et de<br />

la narration, ils pass<strong>en</strong>t de l’insouciance d’une<br />

vie d’<strong>en</strong>fant à l’inquiétude, d’une bouleversante<br />

prise de consci<strong>en</strong>ce au désespoir ou à<br />

l’angoisse, traversant les personnages et les<br />

âges avec une prodigieuse aisance, et une<br />

force émotionnelle peu commune. Jamais le<br />

temps n’aura paru si court au théâtre…<br />

DOMINIQUE MARÇON<br />

11<br />

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TS<br />

Sans faille aucune<br />

Lignes de faille a été joué<br />

au Théâtre d’Arles les 8 et 9 février<br />

Une passerelle s’est créée <strong>en</strong>tre l’écrit, la<br />

littérature, et le théâtre. Comme une évid<strong>en</strong>ce,<br />

Catherine Marnas a adapté, et mis <strong>en</strong> scène,<br />

le roman fleuve de Nancy Huston, Lignes de<br />

faille, pour <strong>en</strong> faire une œuvre théâtrale <strong>en</strong><br />

tout point remarquable. Elle a respecté et mis<br />

<strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce la construction du roman, le<br />

découpage <strong>en</strong> quatre parties, quatre générations<br />

au sein d’une même famille dont on<br />

remonte l’histoire de 2004 à 1944. Et sa particularité,<br />

l’histoire étant racontée par des<br />

<strong>en</strong>fants de 6 ans. Comme dans le roman, le<br />

trait n’est jamais forcé, et le propos jamais<br />

<strong>en</strong>fantin. Tous déti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t une partie d’une<br />

vérité implacable qui ne sera dévoilée qu’à la<br />

toute fin, après soixante ans d’une saga qui<br />

À v<strong>en</strong>ir<br />

du 5 au 10 mars<br />

La Friche La Belle de Mai, Marseille<br />

04 95 04 95 95<br />

www.lafriche.org<br />

Toujours Ferré<br />

Le Festival Avec le temps, qui se déroulera à Marseille du 16 au<br />

27 mars, r<strong>en</strong>d cette année hommage à Léo Ferré. À la<br />

bibliothèque de l’Alcazar, une exposition de photos d’Hubert<br />

Grooteclaes, véritable biographie <strong>en</strong> images de celui qui fut le<br />

photographe attitré de l’artiste (du 5 au 30 mars), ainsi qu’une<br />

confér<strong>en</strong>ce par Colette Brognard, écrivain, amie et biographe de<br />

Ferré, Léo Ferré sous un autre regard (le 19 mars à 16h). Le<br />

cinéma Les Variétés programme lui la projection de Léo Ferré –<br />

Sur la scène, film du récital intimiste que donna le chanteur à<br />

l’Olympia <strong>en</strong> 1972, accompagné au piano par Paul Castanier,<br />

compagnon des débuts (le 18 mars à 20h). Et pour compléter ce<br />

tour d’horizon, un concert : l’Espace Juli<strong>en</strong> accueille, <strong>en</strong><br />

part<strong>en</strong>ariat avec Le Cri du Port, Marcel Kanche & I.overdrive trio<br />

pour un bal underground qui se réapproprie les chansons de<br />

Ferré, avec guitares rock saturées, batterie jazz et trompette<br />

<strong>en</strong>tre autres (le 21 mars à 20h30). À noter que vous avez<br />

l’occasion de coupler projection et concert pour un prix très<br />

attractif…<br />

Festival Avec le temps<br />

du 16 au 27 mars<br />

Divers lieux, Marseille<br />

www.festival-avecletemps.com<br />

La Friche <strong>en</strong> folie !<br />

Les Made in Friche, parcours qui<br />

rythmeront l’année capitale une fois<br />

par mois, propos<strong>en</strong>t le temps d’un<br />

week-<strong>en</strong>d confér<strong>en</strong>ces, expositions,<br />

ateliers, concerts et spectacles.<br />

Un programme riche et int<strong>en</strong>se,<br />

qui satisfera tous les goûts et tous<br />

les âges, proposé par les frichistes,<br />

compagnies et associations<br />

résid<strong>en</strong>tes.<br />

Côté arts visuels, l’exposition Lumière<br />

et Sil<strong>en</strong>ce et la confér<strong>en</strong>ce<br />

de l’atelier Ferdinand permettront<br />

de compr<strong>en</strong>dre la complexité d’un<br />

projet d’architecture. L’installation<br />

Aire numérique, pour sa part,<br />

propose de nombreuses projections<br />

captivantes. Des ateliers<br />

Bad Trip seront organisés pour<br />

l’exposition Psykémétal/Psykém<strong>en</strong>tal<br />

?, l’occasion de réaliser un<br />

logo et une pochette de disque<br />

délirante et survoltée !<br />

Dans le cadre de Cirque <strong>en</strong> Capitales,<br />

des représ<strong>en</strong>tations de Carnages,<br />

la dernière création de François<br />

Cervantes, sont au programme<br />

(voir p X). Le réalisateur Jean-<br />

Jacques Jauffret théâtralise son<br />

cinéma avec No signal [?help].<br />

Côté médias, vous pourrez assister<br />

<strong>en</strong> direct aux émissions et<br />

concerts de Radio Gr<strong>en</strong>ouille. Et<br />

pourquoi pas finir par une<br />

agréable balade <strong>en</strong> pousse-pousse<br />

dans la Belle de mai ?<br />

A.-L.R.<br />

Week-<strong>en</strong>d Made in Friche #2<br />

Du 16 au 17 février<br />

La Friche, Marseille<br />

04 95 04 95 95<br />

www.lafriche.org


12<br />

T<br />

H<br />

É<br />

Â<br />

TRE<br />

Transmuter<br />

la souffrance<br />

Danse Delhi d’Ivan Viripaev tourne<br />

et retourne autour de la question<br />

de la souffrance, et de la mort. De<br />

la catharsis aussi, artistique. Comm<strong>en</strong>t<br />

réagir à Delhi face à la misère<br />

absolue ? dans une salle d’att<strong>en</strong>te<br />

d’hôpital quand on vous annonce<br />

la mort de vos par<strong>en</strong>ts, que l’homme<br />

que vous aimez ne vous aime<br />

pas, que celle que vous avez quittée<br />

s’est suicidée, que votre cancer est<br />

rev<strong>en</strong>u ? Hystérie, ins<strong>en</strong>sibilité, déni,<br />

méchanceté, larmes, ce n’est pas<br />

tant l’attitude immédiate, toujours<br />

inatt<strong>en</strong>due, que Danse Delhi expose,<br />

mais ce qu’il faudrait <strong>en</strong> faire,<br />

de cette douleur, de cette mort des<br />

autres. Si la danseuse sait la sublimer<br />

<strong>en</strong> créant une œuvre -<strong>en</strong> se<br />

© Elisabeth Carecchio<br />

servant du malheur pour construire<br />

son bonheur lui reproche sa mère-,<br />

les autres pataug<strong>en</strong>t, <strong>en</strong>tre l’empathie<br />

à laquelle ils ne parvi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t<br />

pas, et la culpabilité qu’ils refus<strong>en</strong>t<br />

d’assumer ou qui les ronge…<br />

Une fois <strong>en</strong>core l’écriture dramatique<br />

de Viripaev épate : il nous fait<br />

toucher du doigt notre rapport à la<br />

mort dans une structure étoilée,<br />

sept variations qui se repr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong> partie et chang<strong>en</strong>t de motifs,<br />

toujours exposés avec une limpidité<br />

jamais morbide, s<strong>en</strong>sible à<br />

tout instant. La mise <strong>en</strong> scène de<br />

Galin Stoev qui pourrait être clinique<br />

dans ce décor blanc d’hôpital<br />

révèle au contraire l’humanité des<br />

personnages, portés par des comédi<strong>en</strong>s<br />

formidables, précis, drôles<br />

par instant, habités toujours jusque<br />

dans leurs répétitions mécaniques.<br />

Le duo russe <strong>en</strong> est à sa 4 e collaboration,<br />

et on se souvi<strong>en</strong>t <strong>en</strong> particulier<br />

d’un Oxygène bouleversant et asphyxiant.<br />

Depuis ces premiers<br />

textes écrits et portés à la scène<br />

leur double écriture théâtrale évolue,<br />

passe du cri rauque et rock<br />

face public à une forme hyper<br />

construite qui joue de cycles, brise<br />

et reconstruit le quatrième mur,<br />

sait naviguer <strong>en</strong>tre les affres du<br />

drame, le frisson de l’instant bouleversant,<br />

et l’éclat de rire… Sur un<br />

thème aussi âpre, c’est un exploit !<br />

AGNÈS FRESCHEL<br />

Danse Delhi a été joué à La Criée,<br />

Marseille, du 5 au 9 février<br />

¡Arriba El Cid !<br />

Le Cid <strong>en</strong> fanfare et caravane congés-payés, ça<br />

décoiffe ! Remis à la sauce franquiste avec<br />

généraux médaillés et bornés, à l’ombre des<br />

remparts du château-fort des Croisades, le<br />

spectacle imaginé et conçu par Philippe Car<br />

et Yves Favrega garde la trame cornéli<strong>en</strong>ne et<br />

les alexandrins, tout <strong>en</strong> jouant sur une piste<br />

circulaire qui évoque un manège <strong>en</strong>fantin. Le<br />

mélange des g<strong>en</strong>res est décapant ! C’est <strong>en</strong><br />

petite voiture et chauffeur que se font les<br />

déplacem<strong>en</strong>ts sur le champ de bataille et<br />

Rodrigue ne manie pas trop bi<strong>en</strong> l’épée.<br />

Cep<strong>en</strong>dant tout y est. Les grands mom<strong>en</strong>ts<br />

att<strong>en</strong>dus de la pièce de Corneille sont donnés et<br />

repris à voix basse dans la salle où les<br />

spectateurs se souvi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t des textes ânonnés<br />

<strong>en</strong> classe : «Percé jusques (z) au fond du<br />

coeur...», «Rodrigue as-tu du coeur... ?», sans<br />

oublier «Nous partîmes cinq c<strong>en</strong>ts... !». L’intrigue<br />

est resserrée, les cinq comédi<strong>en</strong>s nous<br />

réjouiss<strong>en</strong>t, passant d’un rôle à l’autre <strong>en</strong> tours<br />

de passe-passe, chansons et musique avec<br />

Histoire d’un amour de Dalida ! L’atmosphère est<br />

typiquem<strong>en</strong>t espagnole avec Rodrigue <strong>en</strong><br />

© Agnès Mellon<br />

matador, mais la muleta rouge est détournée et<br />

sert de parav<strong>en</strong>t pour le changem<strong>en</strong>t de<br />

costume de Chimène (merveilleuse Valérie<br />

Bournet !). L’art du détournem<strong>en</strong>t fait d’ailleurs<br />

toute la saveur comique d’un spectacle toujours<br />

malicieux, qui rappelle l’unité de temps <strong>en</strong><br />

indiquant l’heure régulièrem<strong>en</strong>t… et la futilité<br />

des règles d’honneur <strong>en</strong> répétant : «Tout ça pour<br />

une gifle !».<br />

CHRIS BOURGUE<br />

El Cid est joué au Gymnase, Marseille,<br />

jusqu’au 16 février<br />

À v<strong>en</strong>ir<br />

du 20 au 23 fév<br />

Le Cratère, Alès<br />

04 66 52 52 64<br />

www.lecratere.fr<br />

du 2 au 6 avril<br />

Théâtre de Grasse<br />

04 93 40 53 00<br />

www.<br />

theatredegrasse.com<br />

le 30 avril<br />

Théâtre de Fos<br />

0810 006 826<br />

www.sc<strong>en</strong>esetcines.fr<br />

et <strong>en</strong> juillet 2013 au Festival Off à Avignon…<br />

Exposition La Caravane du Cid, sur le processus de<br />

création du spectacle, à la Maison de la Région,<br />

Marseille, du 1 er février au 9 mars<br />

www.voyagesimaginaires.fr<br />

Forcer le destin<br />

Pour sa dernière mise <strong>en</strong> scène <strong>en</strong> tant que<br />

directrice du Gyptis, Françoise Chatôt a choisi<br />

de continuer son voyage <strong>en</strong> Shakespeare et de<br />

monter Macbeth, la plus noire de ses tragédies<br />

sans doute, traversée de sang, de folie,<br />

d’errem<strong>en</strong>ts, de «bruit et fureur». Mettre <strong>en</strong><br />

scène ce bijou brut n’est pas aisé, et Françoise<br />

Chatôt a su avec une vraie simplicité se mettre<br />

au service du texte : vidéo au lointain, pas de<br />

décor sinon sonore (travail discret et fin d’Alain<br />

Aubin qui ambiance simplem<strong>en</strong>t la tragédie), le<br />

plateau est nu, découpé à l’avant scène pour<br />

ouvrir sur des profondeurs qui seront sondées,<br />

jusqu’aux tréfonds…<br />

Les rênes sont donc confiées aux comédi<strong>en</strong>s,<br />

qui s’<strong>en</strong> empar<strong>en</strong>t avec une aisance inégale, et<br />

pas tous sur le même ton. Ainsi le couple<br />

Macbeth et sa Lady (Philippe Séjourné et Agnès<br />

Audiffr<strong>en</strong>), dont on connait à la fois le tal<strong>en</strong>t et<br />

la complicité, a du mal à s’harmoniser sur<br />

scène, et on ne sait ce qui les domine. Les<br />

déplacem<strong>en</strong>ts de groupe sont malhabiles et les<br />

trois sorcières, séduisantes et jeunes, ont un<br />

côté héroïc fantasy trop appuyé. Qu’importe, le<br />

destin avance, les subtilités du texte<br />

s’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t, et la grossière erreur de Macbeth<br />

qui croit devoir plier son destin, et oublie de le<br />

lire à l’aune du bi<strong>en</strong> et du mal. Plusieurs<br />

c<strong>en</strong>taines de personnes sont v<strong>en</strong>ues durant ces<br />

trois semaines écouter un texte majeur que la<br />

plupart n’avait jamais <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du, dans un quartier<br />

plus que populaire. Preuve qu’il serait<br />

irresponsable de le fermer après 2013 !<br />

AGNÈS FRESCHEL<br />

Macbeth a été créé au Gyptis, Marseille,<br />

du 22 janvier au 9 février


Myosotis<br />

«Forget me not» (Ne m’oublie pas !),<br />

ce sont les derniers mots que ce<br />

chevalier anglais adressa à sa<br />

bi<strong>en</strong>-aimée, <strong>en</strong>voyant sur le rivage<br />

la fleur pour laquelle galamm<strong>en</strong>t il<br />

se noyait. C’est ainsi que naquit le<br />

myosotis. Philippe G<strong>en</strong>ty donne<br />

cet appel <strong>en</strong> titre de son dernier<br />

spectacle. L’étrangeté se déploie<br />

dès la première image : un personnage<br />

<strong>en</strong>tre sur scène, <strong>en</strong> robe<br />

longue, <strong>en</strong>tame un chant lyrique…<br />

se retourne <strong>en</strong>fin vers les spectateurs,<br />

il s’agit d’une chimpanzé de<br />

taille humaine qui nous regarde.<br />

De son chant naiss<strong>en</strong>t des figures<br />

qui peu à peu s’anim<strong>en</strong>t. Chacune<br />

porte avec elle son double, marionnette<br />

de même taille, au visage<br />

id<strong>en</strong>tique. La danse les unit, laisse<br />

naître le trouble : qui est vivant<br />

dans cet étrange ballet ? Les corps<br />

souples se pli<strong>en</strong>t, s’élanc<strong>en</strong>t, se<br />

mêl<strong>en</strong>t, se sépar<strong>en</strong>t, s’emport<strong>en</strong>t,<br />

s’alanguiss<strong>en</strong>t, virevolt<strong>en</strong>t, hésit<strong>en</strong>t.<br />

Puis une large toile, comme<br />

un sac imm<strong>en</strong>se laisse émerger<br />

nos personnages, se met à tournoyer<br />

avec l<strong>en</strong>teur, remodelant<br />

l’espace, valse mélancolique et<br />

langoureux vertige. La magie se<br />

poursuit <strong>en</strong> un conte d’hiver où<br />

l’imagerie naïve se teinte d’humour.<br />

La troupe danse, patine, chante<br />

avec un <strong>en</strong>thousiasme et une<br />

fraîcheur délicieuse. La force du<br />

spectacle selon Philippe G<strong>en</strong>ty<br />

et Mary Underwood ti<strong>en</strong>t au fait<br />

qu’il s’agit de la transcription dansée<br />

de leurs rêves. À cela s’ajout<strong>en</strong>t<br />

© Pascal Francois<br />

des souv<strong>en</strong>irs, et la réussite du<br />

travail avec la jeune troupe norvégi<strong>en</strong>ne<br />

qui interprète au millimètre<br />

cette belle partition visuelle.<br />

Autre manière de replonger dans<br />

l’univers onirique et s<strong>en</strong>sible de<br />

Philippe G<strong>en</strong>ty, un ouvrage<br />

paraîtra <strong>en</strong> mai 2013 chez Actes<br />

Sud, évoquant les conditions et<br />

les inspirations diverses de ses<br />

œuvres.<br />

MARYVONNE COLOMBANI<br />

Ne m’oublie pas a été joué<br />

les 1 er et 2 février au Théâtre<br />

Toursky, Marseille<br />

13<br />

T<br />

H<br />

É<br />

Â<br />

TRE<br />

Corne de brume<br />

Comm<strong>en</strong>t un petit employé de<br />

«maison de commerce» de Lisbonne<br />

qui regardait la mer sans<br />

trop s’approcher du bord du quai a-<br />

t-il pu composer une Ode Maritime<br />

aussi puissante et singulière dans<br />

son bouillonnem<strong>en</strong>t verbal ? Éternel<br />

mystère de l’homme -au pluriel<br />

pour Fernando Pessoa écrivain<br />

éclaté <strong>en</strong> hétéronymes divers- et<br />

de l’œuvre signée ici Alvaro de<br />

Campos, pseudo ingénieur-mécanici<strong>en</strong><br />

de la marine jeté dans une<br />

houleuse modernité à qui la mer<br />

ouvre les routes de l’esprit. Ivan<br />

Romeuf, pieds nus sur les planches<br />

et droit dans ses jeans relève<br />

tranquillem<strong>en</strong>t le défi sans boire la<br />

tasse ; une scénographie assez<br />

juste (scène et murs comme un<br />

tableau noir sur lequel subsist<strong>en</strong>t<br />

des fragm<strong>en</strong>ts du texte à la craie /<br />

lumière mobile, discrète) offre une<br />

immersion dans le texte que la voix<br />

porte peut-être trop sagem<strong>en</strong>t ;<br />

suivre fidèlem<strong>en</strong>t les fluctuations<br />

des affects turbul<strong>en</strong>ts qui mont<strong>en</strong>t<br />

et démont<strong>en</strong>t le poème permet de<br />

garder l’oreille att<strong>en</strong>tive du public<br />

mais gomme <strong>en</strong> même temps<br />

l’étrangeté sidérante de cette<br />

confession extrême où lyrisme et<br />

masochisme ne sont pas rimes de<br />

hasard. Romeuf n’est pas seul sur<br />

scène ; le saxophoniste Jean-Jacques<br />

Lion, invité à lui t<strong>en</strong>ir compagnie<br />

dans sa grande t<strong>en</strong>ue de dame (?)<br />

noire lusitani<strong>en</strong>ne («corps de femme<br />

qui jadis fut mi<strong>en</strong>») anneau de<br />

pirate à l’oreille, souffle, éructe et<br />

beugle trop souv<strong>en</strong>t dans les paroxysmes<br />

de la voix, écrasante sirène<br />

de bateau qui noie tout. On pati<strong>en</strong>te<br />

alors, confiant, certain que le<br />

sil<strong>en</strong>ce va rev<strong>en</strong>ir et lorsqu’Ivan<br />

Romeuf lit «le ral<strong>en</strong>tissem<strong>en</strong>t du<br />

© X-D.R<br />

volant» assis sur un petit banc, lunettes<br />

sur le nez dans un coin de<br />

la scène, on goûte à nouveau le<br />

spectacle...<br />

MARIE JO DHO<br />

Sur le Quai / Ode Maritime<br />

de Fernando Pessoa mise <strong>en</strong> scène<br />

et <strong>en</strong> jeu par Ivan Romeuf a été créé<br />

du 22 janvier au 2 février au<br />

Théâtre de L<strong>en</strong>che, Marseille<br />

Fantaisie boréale<br />

Ce que l’on voit d’abord c’est la glacière <strong>en</strong> plastique orange vif posée<br />

sur le plateau nu ; c’est elle qui donne le ton et la température ambiante<br />

par suggestion elliptique et subliminale : nous sommes donc dans les<br />

plaines <strong>en</strong>neigées du Grand Nord, voire sur la banquise, quand marseille<br />

objectif DansE et les Bernardines nous convi<strong>en</strong>t à une «prom<strong>en</strong>ade <strong>en</strong><br />

pays proche» !<br />

Un homme seul -mais les oreilles de sa chapka lui donn<strong>en</strong>t déjà une tête<br />

de chi<strong>en</strong>- arp<strong>en</strong>te et dessine l’aire de jeu (volet 1 : Sous nos pas) <strong>en</strong> un<br />

prologue un peu énigmatique où il est question de théâtre puisqu’il est<br />

finem<strong>en</strong>t dit que dans cette comédie apparaîtront «des défunts» ; quelque<br />

peu égaré, que peut-il faire d’autre que raconter des horreurs sanglantes<br />

de cauchemar ou courir jusqu’à épuisem<strong>en</strong>t ? Le guitariste Alexandre<br />

Maillard <strong>en</strong> cowboy-bûcheron électrise brillamm<strong>en</strong>t la course folle<br />

d’Arnaud Saury et c’est le noir...<br />

Réchauffem<strong>en</strong>t avec le volet 2 : Paradise et les fesses fermes de Séverine<br />

Bauvais (le «vrai» chi<strong>en</strong> c’est elle) qui frétill<strong>en</strong>t de dévouem<strong>en</strong>t pour son<br />

maître : burlesque et t<strong>en</strong>dre ; le texte ? on ne sait plus tant les corps<br />

pourtant modestes dans leurs déplacem<strong>en</strong>ts dérisoires (déployer <strong>en</strong> vain<br />

un poster de paysage de neige / se caler l’un contre l’autre) suffis<strong>en</strong>t à<br />

déposer une petite couche d’anxiété sur le rire qui affleure <strong>en</strong> perman<strong>en</strong>ce ;<br />

Séverine Bauvais danse des yeux et ce joli bricolage dit beaucoup sur la<br />

solitude glacée. On se réjouit de savoir qu’il y aura <strong>en</strong>core du travail, une<br />

suite et même un épilogue qui donnera à ces Mémoires du Nord la pointe<br />

de cohér<strong>en</strong>ce qui fait <strong>en</strong>core défaut.<br />

M.J.D.<br />

Mémoires du Nord, projet <strong>en</strong> cours de la Compagnie Mathieu ma fille Foundation,<br />

a été donné au théâtre des Bernardines, Marseille, les 1 er et 2 février


14<br />

T<br />

H<br />

É<br />

Â<br />

TRE<br />

Clôture de l'amour, photo de répétition © Marc Domage<br />

Service<br />

minimum<br />

Tous les ingrédi<strong>en</strong>ts semblai<strong>en</strong>t réunis<br />

pour faire de La maladie de la famille M.<br />

un festin. Le texte et la mise <strong>en</strong> scène<br />

sont du dramaturge, comédi<strong>en</strong>, cinéaste<br />

et traducteur itali<strong>en</strong> Fausto Paravidino,<br />

dont l’œuvre est jouée à La Colline et au<br />

C<strong>en</strong>tquatre à Paris. Et sa pièce a été<br />

plébiscitée <strong>en</strong> 2008 par le bureau des<br />

lecteurs de la Comédie Française qui, à<br />

prés<strong>en</strong>t, la joue <strong>en</strong> tournée. Trop de<br />

dates ? Lassitude ? Le manque d’<strong>en</strong>train<br />

des sept comédi<strong>en</strong>s était perceptible et<br />

donnait à la représ<strong>en</strong>tation au Théâtre<br />

Liberté un faux air de «Au théâtre ce soir»<br />

avec plateau-télé. Pierre-Louis Calixte,<br />

dans le rôle du médecin narrateur, n’est<br />

pas parv<strong>en</strong>u à lier la sauce tandis que<br />

chacun restait crispé dans son jeu,<br />

presque autiste, <strong>en</strong>dossant les tics de son<br />

personnage. Seul le père de famille,<br />

interprété avec justesse par Christian<br />

Blanc, donnait chair à l’amertume du<br />

veuf despotique, démuni face à ses<br />

<strong>en</strong>fants dev<strong>en</strong>us adultes, <strong>en</strong> prise aux<br />

tourbillons de l’amour et aux doutes. Dans<br />

un décor <strong>en</strong> trompe-l’œil juxtaposant<br />

habilem<strong>en</strong>t l’espace intérieur (la salle à<br />

manger) et extérieur (le jardin et son arbre<br />

mort), la mise <strong>en</strong> scène se réduisait à des<br />

chassés-croisés perman<strong>en</strong>ts et à des<br />

mises au noir de la salle. La banalité des<br />

mésav<strong>en</strong>tures s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>tales, servies par<br />

des dialogues et des situations tout aussi<br />

banals, appar<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t cette maladie à un<br />

vaudeville plutôt qu’à une tragédie<br />

shakespeari<strong>en</strong>ne.<br />

M.G.-G.<br />

La maladie de la famille M. a été joué<br />

les 31 janvier et 1 er février<br />

au Théâtre Liberté, Toulon<br />

Je suis<br />

v<strong>en</strong>u te<br />

dire…<br />

Clôture de l’amour ressemble à un long râle<br />

d’amour et de haine. Stan annonce brutalem<strong>en</strong>t<br />

à Audrey qu’il la quitte et que sa décision est<br />

irrévocable. Ri<strong>en</strong> d’exceptionnel jusque-là : les<br />

histoires d’amour finiss<strong>en</strong>t mal <strong>en</strong> général...<br />

Sauf que Pascal Rambert a composé deux<br />

monologues d’une heure chacun lancés au<br />

visage de l’autre comme un uppercut ! Le choc<br />

est fatal, Audrey puis Stan s’écroul<strong>en</strong>t face<br />

contre terre, seconde après seconde, corps<br />

asséchés, recroquevillés, anéantis par la<br />

Dynamique Manga !<br />

Dorian Rossel a souhaité repousser les frontières<br />

du théâtre avec cet ovni qu’est Quartier<br />

lointain. Ce petit bijou est le fruit d’un travail de<br />

recherche int<strong>en</strong>se <strong>en</strong> matière de scénographie :<br />

transposer au théâtre le manga de Jirô Taniguchi,<br />

l’un des plus v<strong>en</strong>dus du monde, relevait du<br />

défi à l’ingéniosité. Le metteur <strong>en</strong> scène y réussit,<br />

avec humour et délicatesse, et retranscrit toute<br />

la complexité du rythme, de l’univers, et des<br />

émotions du dessin japonais.<br />

Prix du meilleur scénario au festival d’Angoulême<br />

<strong>en</strong> 2003, Quartier lointain raconte l’histoire<br />

d’un homme de 48 ans qui se retrouve soudainem<strong>en</strong>t<br />

dans la peau de l’adolesc<strong>en</strong>t de quatorze<br />

ans qu’il était. Tout <strong>en</strong> gardant sa consci<strong>en</strong>ce<br />

d’adulte, Hiroshi est emprisonné dans ce corps<br />

d’<strong>en</strong>fant. Le public est alors plongé dans deux<br />

espaces temps subtilem<strong>en</strong>t délimités. En arrière<br />

plan, l’univers du cocon familial, coloré et<br />

douleur, comme une chambre d’écho au verbe<br />

éructé. À la déflagration des mots. Ri<strong>en</strong> ne<br />

pouvait présager de l’ampleur du tsunami<br />

s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>tal, de la viol<strong>en</strong>ce sourde de la<br />

logorrhée dev<strong>en</strong>ue explosive : «C’est la guerre…<br />

j’ouvre le feu» ! La langue de Pascal Rambert,<br />

saluée par le Grand Prix de littérature<br />

dramatique 2012, invective, viol<strong>en</strong>te, déchire,<br />

ausculte, crucifie ; elle n’oublie ri<strong>en</strong>, n’excuse<br />

ri<strong>en</strong>, ne ti<strong>en</strong>t ri<strong>en</strong> à l’écart. Ni les bassesses de<br />

l´âme ni les souffrances physiques. Stan et<br />

Audrey ne sont pas épargnés. Pour faire<br />

<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre cette musique âpre, toute de fiel et de<br />

miel, il fallait deux acteurs au cœur bi<strong>en</strong><br />

accroché : Stanislas Nordey et Audrey<br />

Bonnet, dépositaires de la pièce écrite pour<br />

eux, sont magnifiques de justesse, capables de<br />

conjuguer un déchainem<strong>en</strong>t inouï de fureur avec<br />

un parfait self-control des nerfs. Dans cette lutte<br />

psychique à l’issue fatale, ils se livr<strong>en</strong>t à une<br />

mise à mort boxée, feign<strong>en</strong>t le dialogue (la<br />

partition du texte est si habile !), dynamit<strong>en</strong>t leur<br />

histoire d’amour. Quand l’un parle, l’autre non ;<br />

ils sont déjà des étrangers.<br />

MARIE GODFRIN-GUIDICELLI<br />

Clôture de l’amour a été joué les 1 er et 2 février<br />

à Châteauvallon, Ollioules<br />

lumineux de l’<strong>en</strong>fance du héros est joué sur une<br />

scène cloisonnée et rectangulaire. On reconnaît<br />

tout de suite la forme de la vignette du manga !<br />

Dorian Rossel n’oublie pas le côté stylisé du<br />

dessin japonais qu’il retrouve grâce aux objets,<br />

à la musique et aux cadrages dynamiques proposant<br />

même des vues plongeantes. Tout comme<br />

dans la succession des vignettes, le rythme est<br />

sout<strong>en</strong>u et la mise <strong>en</strong> scène regorge d’astuces.<br />

Preuve <strong>en</strong> est avec la rapidité des acteurs, qui<br />

altern<strong>en</strong>t sans cesse les rôles sans jamais déstabiliser<br />

le spectateur. Petits et grands peuv<strong>en</strong>t<br />

se laisser guider sans crainte dans l’univers drôle<br />

et fantastique du manga !<br />

ANNE-LYSE RENAUT<br />

Quartier lointain a été joué le 31 janvier<br />

au théâtre des Salins à Martigues<br />

© Mario del Curto


Temps d'arret © De.M<br />

Lumière<br />

sur les créations<br />

maison<br />

Le Fest’hiverdes Scènes d’Avignon<br />

a offert de lumineuses découvertes.<br />

Avec souv<strong>en</strong>t peu de moy<strong>en</strong>s,<br />

de temps, les compagnies régionales<br />

sans lieux fixes ont prouvé<br />

leur vitalité, grâce au souti<strong>en</strong> des<br />

théâtres qui assum<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> les diffusant,<br />

leur rôle de passeurs. La danse<br />

a ouvert le festival au théâtre Golovine<br />

avec Temps d’arrêt. Une pièce<br />

très physique dans laquelle Miguel<br />

Nosibor questionne sa pratique,<br />

s’agite, tremble, ral<strong>en</strong>tit la course<br />

du temps et susp<strong>en</strong>d ses mouvem<strong>en</strong>ts<br />

pour interroger sa mémoire<br />

et son id<strong>en</strong>tité. Très technique et<br />

véloce, le danseur hip hop tout <strong>en</strong><br />

fluidité (et <strong>en</strong> pectoraux) se bat<br />

contre lui-même au rythme des<br />

images projetées, <strong>en</strong>tre le temps<br />

des racines et celui de la société<br />

consumériste. Un solo alliant force<br />

et fragilité qui étourdit par son exécution<br />

syncopée, voire déshumanisée,<br />

et <strong>en</strong>tame de façon hypnotique<br />

cette 5 e édition.<br />

Solo égalem<strong>en</strong>t (ou presque) au<br />

Chêne Noir, avec le formidable<br />

Solal Bouloudnine dirigé par<br />

Alexandra Tobelaim qui réussit<br />

Level 4 no elevator © De.M<br />

dans Italie-Brésil 3 à 2 à nous maint<strong>en</strong>ir <strong>en</strong> apnée autour du récit (singulièrem<strong>en</strong>t)<br />

trucul<strong>en</strong>t du match mythique de 1982. Conteur émérite,<br />

comm<strong>en</strong>tateur passionné ou supporter att<strong>en</strong>drissant : un spectacle<br />

«ballon d’or» !<br />

Moins subtil mais tout aussi bouillonnant, au Balcon, la Cie Miranda a<br />

prés<strong>en</strong>té son Odyssée burlesque. Sous le regard de Zeus et d’un Ulysse<br />

dédoublé (version slip Athéna ou toge plus classique), la troupe plurielle<br />

chante, joue, rit, farfouille à la régie, au décor, tape sur des tambours et<br />

monte le son pour une version cartoon tragi-comique du mythe d’Homère.<br />

Ce sont les femmes, dont une Pénélope redoutable d’énergie et un trio<br />

de filles ultras moulées de simili cuir, qui font tourner <strong>en</strong> show glamour le<br />

monde d’Ulysse, simple mortel. Un cabaret musical-new-burlesque qui<br />

fourmille d’idées, mais oublie parfois de respirer.<br />

Les deux créations de ce festival trop court, après un accueil <strong>en</strong> résid<strong>en</strong>ce,<br />

ont égalem<strong>en</strong>t t<strong>en</strong>u leurs promesses. Dans Level 4 no elevator, aux<br />

Halles, Nicolas Gény réussit le tour de force d’intégrer, sans nous<br />

perdre, trois scénographies complém<strong>en</strong>taires, une commande de texte et<br />

de musique, tout <strong>en</strong> dirigeant la magistrale Sophie Mangin dans un<br />

équilibre parfait. Si les diagonales poétiques de l’auteure Laura Tirandaz<br />

r<strong>en</strong>ferm<strong>en</strong>t quelques redondance et résolution sibyllines, cette traversée<br />

conceptuelle dans la vie nuageuse d’une femme off<strong>en</strong>sée, de l’<strong>en</strong>fermem<strong>en</strong>t<br />

paranoïaque à l’ouverture -douloureuse- au monde, mêle les fils<br />

d’univers visuels inv<strong>en</strong>tifs qui font s<strong>en</strong>s et dépass<strong>en</strong>t les mots. «Tu crois<br />

qu’il suffit de fermer une f<strong>en</strong>être pour que le monde disparaisse ?» questionne<br />

<strong>en</strong> boucle cette femme <strong>en</strong> susp<strong>en</strong>sion…<br />

Étrange correspondance avec le texte de Perec, dans la pièce de la Cie<br />

Hanna R. au Chi<strong>en</strong> qui Fume, portée adroitem<strong>en</strong>t par Régis Royer.<br />

L’Homme qui dort [comm<strong>en</strong>t le réveiller ?] de Linda Blanchet combine<br />

intelligemm<strong>en</strong>t témoignages vidéo de militants <strong>en</strong>gagés au récit, dur et<br />

glacial, d’un jeune adulte qui r<strong>en</strong>once au monde. Mais à l’inverse, ici la<br />

scénographie est inexistante, les lumières <strong>en</strong>core peu exploitées, l’occupation<br />

de l’espace indécise. Seul ce corps qui «coule comme du sable»<br />

progresse vers la transpar<strong>en</strong>ce et l’oubli, hors du système, loin des<br />

«monstres», préférant dev<strong>en</strong>ir «la pièce manquante du puzzle» par peur du<br />

cynisme du monde, jusqu’à ce que... Une audace de croisem<strong>en</strong>t passionnante,<br />

<strong>en</strong>tre r<strong>en</strong>oncem<strong>en</strong>t au monde et <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t citoy<strong>en</strong>, qui mérite<br />

un traitem<strong>en</strong>t plus approfondi.<br />

DELPHINE MICHELANGELI<br />

Le Fest’hiver des Scènes d’Avignon<br />

a eu lieu du 29 janvier au 2 février<br />

15<br />

T<br />

H<br />

É<br />

Â<br />

TRE<br />

RetrouveZ sur notre site ces critiques théâtre et découvreZ les autres !<br />

- Tempête sous un crâne à la Criée<br />

-Soirée transfert à la Criée<br />

-4.48 psychose aux Bernardines<br />

-Karl Marx , le retour au L<strong>en</strong>che<br />

-Le voyage d’Alice <strong>en</strong> Suisse à Rousset<br />

-J’avais un beau ballon rouge au théâtre du Jeu de Paume<br />

- Dans le tourbillon de l’amour à Trets<br />

- La place royale à Nîmes<br />

- La contrebasse à Grians<br />

-Ana Non au Chi<strong>en</strong> qui fume<br />

-My God au théâtre des Carmes<br />

-Roméo et Juliette à Châteauvallon<br />

www.journalzibeline.fr


16<br />

J<br />

E<br />

U<br />

N<br />

E<br />

P<br />

Gulliver<br />

<strong>en</strong>vahit<br />

Lilliput<br />

Swift - Cie Skappa © Gaelle Cloarec<br />

La compagnie Skappa ! et associés a <strong>en</strong>tamé à la Criée sa trilogie sur<br />

le thème du voyage <strong>en</strong> r<strong>en</strong>dant hommage à Jonathan Swift. Les Av<strong>en</strong>tures<br />

de Gulliver, ouvrage original paru <strong>en</strong> 1726, t<strong>en</strong>ait déjà plus du conte<br />

philosophique que du livre pour <strong>en</strong>fants... Aussi la mise <strong>en</strong> scène d’Isabelle<br />

Hervouët, avec Paolo Cardona seul sur le plateau et baragouinant<br />

dans un sabir mâtiné de mots anglais, perd un peu les bambins de 2 ans<br />

v<strong>en</strong>us voir la pièce. Mais pour ceux qui connaiss<strong>en</strong>t déjà l’histoire, et les<br />

adultes qui les accompagn<strong>en</strong>t, c’est un régal. La façon extrêmem<strong>en</strong>t<br />

inv<strong>en</strong>tive dont les vidéos de Christophe Loiseau, les lumières et les<br />

décors s’articul<strong>en</strong>t au conte lui donne une saveur toute particulière : on<br />

aime l’ombre géante de l’acteur escaladée par les Lilliputi<strong>en</strong>s munis<br />

d’échelles, ce cheval -un Houyhnhnms ?- apparaissant sur le panneau de<br />

droite et filant vers celui de gauche <strong>en</strong> foulées élégantes, le v<strong>en</strong>tilateur<br />

soufflant dans les voiles <strong>en</strong> plastique d’un rafiot miniature... On aime<br />

même les monceaux de bouteilles d’eau minérale qui jonch<strong>en</strong>t la scène<br />

et abreuv<strong>en</strong>t le naufragé, car dans chacune on imagine un petit rouleau<br />

de papier, jeté à la mer, chargé d’espérance.<br />

GAËLLE CLOAREC<br />

Swift ! était à l’affiche les 15 et 16 janvier à la Criée, Marseille<br />

À noter les très belles photographies de Paolo Cardona,<br />

Mom<strong>en</strong>ts, miroirs et autres réflexions exposées au même mom<strong>en</strong>t à la Criée.<br />

U<br />

BLIC<br />

Pour grandir ?<br />

Cinq filles, cinq soeurs. La plus<br />

âgée pourrait être la grand-mère<br />

de la plus jeune. Elles jou<strong>en</strong>t dans<br />

ce qui est plus une prison qu’une<br />

habitation. Leurs déplacem<strong>en</strong>ts<br />

sembl<strong>en</strong>t constituer un rituel. L’une<br />

d’elle porte un fusil. Cour<strong>en</strong>t-elles<br />

un vrai danger ? Peu à peu on compr<strong>en</strong>d<br />

qu’elles att<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t leur père.<br />

Existe-t-il seulem<strong>en</strong>t ? Elles l’imagin<strong>en</strong>t<br />

devant elles et répond<strong>en</strong>t à<br />

des questions que l’on n’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>d<br />

pas. Cette image de l’homme est<br />

doublée de l’évocation du Prince<br />

qui pourrait v<strong>en</strong>ir et d’un fiancée<br />

éconduit qui sonne à la porte et<br />

laisse un bouquet. De toute façon,<br />

comme elles dis<strong>en</strong>t : «Y’<strong>en</strong> n’a pas<br />

pour tout le monde des maris !»<br />

Pas de mère, ni de frère non plus,<br />

malgré le titre de la pièce. Étrange<br />

univers donc, né de la volonté des<br />

quatre actrices adultes de jouer<br />

<strong>en</strong>semble. Le texte de Philippe<br />

Dorin est écrit sur mesure et nous<br />

plonge, avec la complicité de la<br />

metteuse <strong>en</strong> scène Sylviane Fortuny,<br />

dans une atmosphère de<br />

rêve et de conte, de comédie aussi.<br />

Car on s’amuse, on joue aux cartes<br />

<strong>en</strong> trichant, on chante, des choses<br />

bêtes où «garçon» rime avec «cornichon»…<br />

on rêve d’amour aussi <strong>en</strong><br />

dansant <strong>en</strong>tre sœurs sur du Polnareff...<br />

Il y a de grands mom<strong>en</strong>ts !<br />

Mais le propos n’est pas clair et la<br />

fin survi<strong>en</strong>t brutalem<strong>en</strong>t, sans<br />

qu’on compr<strong>en</strong>ne où part<strong>en</strong>t les<br />

grandes sœurs alors que la plus<br />

jeune reste seule avec sa poupée.<br />

Dorin et Fortuny avai<strong>en</strong>t habitué à<br />

une poésie plus lisible…<br />

CHRIS BOURGUE<br />

Soeur, je ne sais pas quoi frère a été<br />

joué les 29 et 30 janvier au théâtre<br />

Massalia, Marseille, le 8 février au<br />

Théâtre Liberté, Toulon et le 12<br />

février au Théâtre de Cavaillon<br />

© Chris Bourgue<br />

Correspondances<br />

et élévation<br />

Les Élancées, ce sont 17 spectacles et 48 représ<strong>en</strong>tations d’acrobaties,<br />

de chorégraphies et de magie <strong>en</strong> 10 jours dans les 6 communes de<br />

Ouest Prov<strong>en</strong>ce. Le festival des Arts du Geste est l’occasion pour les<br />

spectateurs de découvrir des spectacles de danse prés<strong>en</strong>tés pour la<br />

première fois <strong>en</strong> France comme Constelaciones. Dans cette création,<br />

la cie Aracalandanza revisite les peintures des surréalistes et les<br />

transforme <strong>en</strong> chorégraphies étincelantes. Les tableaux s’<strong>en</strong>chaîn<strong>en</strong>t<br />

harmonieusem<strong>en</strong>t, comme le peintre qui manie son pinceau, et les danseurs<br />

s’<strong>en</strong>tremêl<strong>en</strong>t et déambul<strong>en</strong>t sur cette toile d’un soir qu’est la<br />

scène du théâtre de l’Olivier. Une ingénieuse connexion se crée alors<br />

<strong>en</strong>tre les pas de danse, les changem<strong>en</strong>ts de costumes et le jeu de<br />

lumière. Pionnier espagnol de la danse pour le jeune public, Enrique<br />

Cabrera <strong>en</strong>chante par l’élégance éclatante de sa mise <strong>en</strong> scène…<br />

Les tout-petits ont pu égalem<strong>en</strong>t s’initier à la danse grâce au spectacle<br />

Bigus l’Alchimiste, au théâtre de Fos. Cet appr<strong>en</strong>ti alchimiste accompagné<br />

de son double explore l’espace, les gestes du quotidi<strong>en</strong> et les<br />

quatre élém<strong>en</strong>ts naturels dans un laboratoire imaginaire. «Relier les<br />

idées aux gestes» grâce à «la mise <strong>en</strong> place de symboles», tel est le message<br />

que veul<strong>en</strong>t transmettre Hervé Maigret et Stéphane Bourgeois.<br />

Appr<strong>en</strong>tissage pour les petits ou redécouverte pour les grands, ce spectacle<br />

révèle à quel point le corps peut être un «moteur d’expression».<br />

Enfin, le public a pu assister, sous un chapiteau à Miramas, à une histoire<br />

d’amour de haute voltige ! Entre désaccords et passions corporelles,<br />

le couple formé par l’impressionnant porteur Victor Cathala et la<br />

magnifique Kati Pikkarain<strong>en</strong> mêl<strong>en</strong>t prodigieusem<strong>en</strong>t performances<br />

acrobatiques, amour et humour. Pour le meilleur et pour le pire raconte<br />

leurs mom<strong>en</strong>ts de t<strong>en</strong>dresse et leurs disputes à travers des portés audacieux<br />

et des chorégraphies virevoltantes aussi sublimes que périlleuses.<br />

Des mises <strong>en</strong> scènes astucieuses, de l’émotion et du tal<strong>en</strong>t, un joyeux<br />

mélange proposé une fois <strong>en</strong>core par le festival des Arts du geste, qui<br />

se poursuivra on l’espère au-delà de 2013, et retrouvera l’esprit av<strong>en</strong>tureux<br />

qui présida à ses premières éditions, sans perdre sa volonté plus<br />

réc<strong>en</strong>te de s’adresser aux tout-petits.<br />

ANNE-LYSE RENAUT<br />

Constelaciones a été joué le 8 février au Théâtre de l’Olivier à Istres<br />

Bigus l’Alchimiste a été joué le 9 février au Théâtre de Fos<br />

Pour le meilleur et pour le pire a été joué du 8 au 10 février sous chapiteau à Miramas<br />

Le festival se poursuit jusqu’au 17 février


L’effet papillon<br />

Les Temps Danse du théâtre Comoedia<br />

se suiv<strong>en</strong>t mais ne se<br />

ressembl<strong>en</strong>t pas. En ouverture, la<br />

compagnie aubagnaise Virevolte<br />

prés<strong>en</strong>ta un pot pourri déconcertant<br />

de ballets classiques interprétés<br />

par des amateurs, <strong>en</strong> alternance<br />

avec un jeune duo du Royal Danish<br />

Ballet dont on reti<strong>en</strong>dra la fraicheur<br />

réjouissante. Heureusem<strong>en</strong>t le<br />

deuxième temps fort permit d’oublier<br />

vite cette déconv<strong>en</strong>ue ! Place<br />

à l’une des révélations du Festival<br />

Off d’Avignon 2011 : la compagnie<br />

CFB 451 et sa Valse <strong>en</strong> trois temps<br />

<strong>en</strong>têtante. La prés<strong>en</strong>ce des frères<br />

Christian et François B<strong>en</strong> Aïm étant<br />

trop rare dans la région, on but<br />

jusqu’à la dernière goutte cette<br />

heure de pur plaisir. On se laissa<br />

emporter par le tourbillon de la<br />

valse qui, dans un ordre jamais<br />

prédéfini, se joua <strong>en</strong> duo puis <strong>en</strong><br />

solo puis <strong>en</strong> trio, <strong>en</strong>trecoupée de<br />

brèves irruptions comiques dans<br />

les travées. Sans décor et <strong>en</strong><br />

costumes de ville, Anne Foucher et<br />

Jaime Flor cherchèr<strong>en</strong>t le corps de<br />

l’autre à force d’esquives, d’arabesques,<br />

d’<strong>en</strong>vols et de tourbillonnem<strong>en</strong>ts<br />

nerveux. Avec cette espèce de maladresse<br />

feinte qui fait de chaque<br />

rapprochem<strong>en</strong>t un instant précieux.<br />

Touchante de grâce et d’aplomb,<br />

Aurélie Berland prit le contrepied<br />

des figures classiques imposées par<br />

Vivaldi et Mozart pour s’abandonner<br />

dans de fébriles déhanchem<strong>en</strong>ts,<br />

oscillations, et vibrations intérieures.<br />

Après un tel séisme, Aurélie<br />

Bertrand, Anne Foucher, François<br />

B<strong>en</strong> Aïm s’<strong>en</strong>gagèr<strong>en</strong>t sans ret<strong>en</strong>ue<br />

dans une vague ondulante,<br />

bondissante comme dans un long<br />

mouvem<strong>en</strong>t ininterrompu.<br />

M.G.-G.<br />

Prochain Temps 2 Danse<br />

du 9 au 13 avril à Aubagne<br />

et La P<strong>en</strong>ne-sur-Huveaune<br />

Valse <strong>en</strong> trois temps © Marc Munari<br />

© Agnès Mellon<br />

Sous l’eau au Silo<br />

Le 8 février marque pour le Ballet d’Europe l’aboutissem<strong>en</strong>t<br />

d’un projet de longue date, d’ampleur et d’importance. H 2 O -<br />

Mémoires de l’eau est <strong>en</strong> gestation depuis plusieurs années,<br />

parce que Jean-Charles Gil travaille sur la fluidité du mouvem<strong>en</strong>t,<br />

et sur le dialogue <strong>en</strong>tre breakdance et danse classique,<br />

depuis longtemps, et que depuis trois ans diverses étapes de travail<br />

ont montré au public un cheminem<strong>en</strong>t qui aboutit aujourd’hui.<br />

Tout y est : un vrai décor, complexe et beau -fait d’une vague, de<br />

lumières, de projections de particules, d’un masque de Victoire<br />

et de vidéos subaquatiques- fait naître une vraie magie, à laquelle<br />

on ne peut reprocher, peut-être, qu’un peu trop de<br />

pénombre ; les costumes coll<strong>en</strong>t parfaitem<strong>en</strong>t aux corps,<br />

laissant voir leurs mouvem<strong>en</strong>ts ; la musique électronique sait<br />

s’emparer de sons concrets glougloutants, mais hélas n’échappe<br />

pas à l’agressivité de certains sons de synthèse et à la<br />

sur-scansion binaire. Malgré cet écueil la pièce s’est affinée et<br />

affirmée depuis l’avant-première lors du Forum de l’eau, où elle<br />

était déjà épatante : les danseurs, toujours aussi virtuoses, sav<strong>en</strong>t<br />

dans la première partie faire groupe anonyme, dans la<br />

seconde laisser surgir leurs individualités. Les breakdancers<br />

<strong>en</strong>tr<strong>en</strong>t superbem<strong>en</strong>t dans les chorégraphies de groupe, auxquelles<br />

leur art les habitue peu, tout <strong>en</strong> laissant pétiller la scène<br />

de leurs sauts périlleux. Et surtout, le propos général de la pièce<br />

s’éclaire : r<strong>en</strong>contre matérielle <strong>en</strong>tre des atomes pour former<br />

molécule d’eau, ou <strong>en</strong>tre des danses de technique différ<strong>en</strong>te qui<br />

fusionn<strong>en</strong>t, la première partie, métaphore de l’intégration qui<br />

n’arase pas, plonge à prés<strong>en</strong>t dans la mémoire commune du<br />

fleuve antique, parle des statues du Rhône retrouvées. Ainsi<br />

SisQo, le Danseur du Rhône, opère une synthèse qui n’oppose<br />

plus les gestuelles, mais retrouve la danse que toutes les rives<br />

de la Méditerranée ont un jour partagées, <strong>en</strong> des temps<br />

hellénistiques…<br />

AGNÈS FRESCHEL<br />

H 2 O a été dansé le 8 février au Silo, Marseille,<br />

et est programmé au GTP, Aix, le 6 mars<br />

et le 4 mai aux Salins, Martigues<br />

17<br />

D<br />

A<br />

N<br />

SE<br />

RetrouveZ sur notre site ces critiques danse et jeune public et découvreZ les autres !<br />

- Lieux Public Sirène «Horizondelles»<br />

- Ucellini au L<strong>en</strong>che<br />

- Imperman<strong>en</strong>ce/les Hivernales à Cavaillon<br />

-Weepers Circus au PôleJeunePublic<br />

- Divine/gloria aux Hivernales<br />

-El Djoudour/Abou Lagraa au GTP<br />

- Les chemins de la danse à Nîmes<br />

www.journalzibeline.fr


18<br />

M<br />

USIQUE<br />

Contemporaine hilare<br />

et soldat d’<strong>en</strong>fer<br />

Depuis près de 20 ans Télémaque r<strong>en</strong>d accessible<br />

des œuvres difficiles d’accès, <strong>en</strong> gommant<br />

les a priori rebutant d’ordinaire des publics qui<br />

ont connu des expéri<strong>en</strong>ces négatives au contact<br />

de la musique contemporaine.<br />

Le 25 janvier, aux ABD Gaston Defferre, le pari<br />

est osé, surtout <strong>en</strong> matinée lorsque les musici<strong>en</strong>s<br />

se prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t devant un public de scolaires<br />

de 8 à 18 ans. Au programme, des œuvres radicales<br />

des années <strong>60</strong>-70. Pas de ces opus<br />

chantants dans lesquels l’auditeur peut se<br />

reposer sur une mélodie suave et des harmonies<br />

consonantes… Non ! La Sequ<strong>en</strong>za III<br />

de Berio expose tout un vocabulaire explorant<br />

les limites de la voix de femme, du grave à<br />

l’aigu, du cri au râle, du souffle au rire… quand<br />

les Récitations d’Aperghis mett<strong>en</strong>t <strong>en</strong> forme<br />

des répétitions, jeux de mots, accumulations<br />

délirantes à la Perec.<br />

Mais d’emblée le public est conquis, malgré<br />

l’atmosphère énigmatique qui se noue <strong>en</strong>tre<br />

les musici<strong>en</strong>s/personnages. Leur tal<strong>en</strong>t et<br />

l’habile mise <strong>en</strong> scène d’Olivier Pauls font une<br />

partie du chemin qui conduit à l’adhésion. Au<br />

demeurant, c’est grâce à la prés<strong>en</strong>ce hardie,<br />

la maîtrise technique, les atouts de comédi<strong>en</strong>ne<br />

de Brigitte Peyré, soprano au sommet de<br />

son art, que l’<strong>en</strong>treprise réussit. Les jeunes ri<strong>en</strong>t,<br />

particip<strong>en</strong>t activem<strong>en</strong>t, suiv<strong>en</strong>t du regard et<br />

de l’oreille les multiples int<strong>en</strong>tions portées aux<br />

textes par la chanteuse, répèt<strong>en</strong>t spontaném<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong> chœur un refrain hallucinant… Et<br />

lorsque les instrum<strong>en</strong>tistes donn<strong>en</strong>t des percussions<br />

(Christian Bini et Gisèle David)<br />

dans RRR de Kagel, quand le souffle cuivré de<br />

Gérard Ocello (trompette) se mêle aux inflexions<br />

de la soprano dans des duos de Max<br />

Lifchitz, l’att<strong>en</strong>tion ne retombe pas. C’est<br />

gagné !<br />

Clou d’un spectacle rare, les jeunes assist<strong>en</strong>t,<br />

<strong>en</strong> première mondiale, à une création de<br />

Thierry Machuel, compositeur au programme<br />

du baccalauréat <strong>en</strong> 2013 : Je resterai debout<br />

dans la lumière. Cet opus connaîtra un prolongem<strong>en</strong>t<br />

pour chœurs, représ<strong>en</strong>té fin mai<br />

dans la nouvelle salle que Télémaque inaugure<br />

à l’Estaque (Pole Instrum<strong>en</strong>tal Contemporain).<br />

Le soir, le même spectacle est joué : ce Corpus<br />

fictif qui inv<strong>en</strong>te sa propre forme. L’atmosphère<br />

y est au départ plus tempérée, pour une<br />

acuité d’adultes… mais Brigitte Peyré et les<br />

musici<strong>en</strong>s sont si déchainés que p<strong>en</strong>dant la<br />

Corpus Fictif © Agnes Mellon<br />

Sequ<strong>en</strong>za des rires irrépressibles fus<strong>en</strong>t, <strong>en</strong>fl<strong>en</strong>t…<br />

et ne cesseront plus ! Le public sage de la musique<br />

contemporaine a fait péter ses verrous<br />

grâce à la loufoquerie retrouvée de partitions<br />

des années 70, irrévér<strong>en</strong>cieuses, mais jouées<br />

aujourd’hui comme des messes grises. Là leur<br />

comique éclate, sans perdre une miette de la<br />

précision musicale, mais <strong>en</strong> retrouvant le<br />

«corpus» et la «fiction» qui <strong>en</strong> font <strong>en</strong>fin une<br />

matière vivante…<br />

Le 26 janvier place à L’histoire du soldat. Télémaque<br />

y revi<strong>en</strong>t après l’avoir souv<strong>en</strong>t intégré<br />

à ses programmes mais sa version 2013 du<br />

conte musical, par sa mise <strong>en</strong> scène intimiste,<br />

r<strong>en</strong>d au chef-d’œuvre du siècle dernier sa<br />

fausse légèreté. Une configuration fidèle à la<br />

version «chambriste» et à la volonté initiale<br />

de Stravinsky et Ramuz, pour un spectacle qui<br />

r<strong>en</strong>oue avec l’esprit du théâtre de tréteaux. La<br />

musique suit et comm<strong>en</strong>te les péripéties de<br />

Joseph, victime malgré lui d’un pacte fausti<strong>en</strong>.<br />

Quand le jeune militaire <strong>en</strong> permission troque<br />

son modeste violon contre un livre magique,<br />

c’est <strong>en</strong> réalité son âme qu’il concède à cet<br />

inconnu aux démoniaques arrière-p<strong>en</strong>sées.<br />

Récitants habités par leurs personnages respectifs<br />

-le soldat, le diable et le narrateur-,<br />

R<strong>en</strong>aud-Marie Leblanc (qui signe égalem<strong>en</strong>t<br />

la mise <strong>en</strong> espace) et Brigitte Peyré donn<strong>en</strong>t<br />

littéralem<strong>en</strong>t vie au texte de Ramuz. Créée au<br />

l<strong>en</strong>demain de la Grande guerre, L’histoire du<br />

soldat, derrière la fable naïve, interroge sur la<br />

notion de bonheur, le s<strong>en</strong>s de la richesse, les<br />

effets du temps et de l’éloignem<strong>en</strong>t. Des questionnem<strong>en</strong>ts<br />

pim<strong>en</strong>tés par une partition<br />

primesautière, rythmiquem<strong>en</strong>t très virtuose et<br />

mélodiquem<strong>en</strong>t colorée, interprétée avec subtilité<br />

et lyrisme, sur des tempi plus que risqués,<br />

qui pass<strong>en</strong>t comme sans effort : Télémaque a<br />

joué cette Histoire plus de 50 fois…<br />

JACQUES FRESCHEL ET THOMAS DALICANTE<br />

Émerg<strong>en</strong>ce de la matière<br />

Pour sa 2 e édition, Reevox, temps hivernal du<br />

GMEM dédié aux expéri<strong>en</strong>ces électroniques, a<br />

offert un terrain d’expression à une génération<br />

héritière des Pierre originels : Schaeffer & H<strong>en</strong>ry.<br />

Cinq «élèves» de la classe de musique électroacoustique<br />

du Conservatoire de Marseille<br />

dirigée par Pascal Gobin sont passés à la<br />

console de mixage, pour diffuser, spatialiser<br />

sur haut-parleurs leur matériel sonore. Si les<br />

trames profondes, vagues ondoyantes et orgue<br />

diffracté de Luci<strong>en</strong> Gaudion évoqu<strong>en</strong>t Les<br />

Poulpes, Abysses de Viviane Riberaiga, polyphonies<br />

de mots devinés, chuchotés, itératifs,<br />

affiche un discours plus <strong>en</strong>gagé sur la cruauté<br />

urbaine. Dans cette pléiade tr<strong>en</strong>t<strong>en</strong>aire, une<br />

jeune artiste n’att<strong>en</strong>d point le nombre des<br />

ans : à 17 ans, Juliette Lay mêle sons concrets<br />

et synthétiques pour une féminine Psychée,<br />

corde vibrante métamorphosée au gré d’impacts<br />

sourds, scratch et ondulations… Le geste<br />

minimaliste de Nicolo Terrasi pénètre la voie<br />

osseuse avec ses infra-graves, avant d’hausser<br />

son continuum ?Verrà la morte e avrà i tuoi<br />

occhi ? (d’après Pavese) vers des fréqu<strong>en</strong>ces<br />

effilées… Peut-être aussi qu’à force d’errem<strong>en</strong>ts,<br />

pas à pas contrôlés, de Loïse Bulot et<br />

son énigmatique Ma’iàn, aurons-nous deviné<br />

une voie scintillante, fugace…<br />

Dans le concert suivant la voie est là : Pôm<br />

Bouvier écrit une Théorie des cordes qui explore<br />

le son de l’intérieur, comme une matière<br />

cellulaire qui <strong>en</strong>fle et évolue, construisant un<br />

discours et ouvrant des mondes, épais et lumineux,<br />

qui s’effondr<strong>en</strong>t et se reconstruis<strong>en</strong>t. On<br />

oublie de chercher d’où provi<strong>en</strong>t le son, son<br />

origine et comm<strong>en</strong>t il se trafique, pour y<br />

plonger…<br />

JACQUES FRESCHEL<br />

Ces deux concerts ont eu lieu au KLAP,<br />

Marseille, le 6 février


Méditerranée<br />

au prés<strong>en</strong>t<br />

Durant cinq jours<br />

de Prés<strong>en</strong>ces, Festival<br />

que Radio France<br />

a déc<strong>en</strong>tralisé à<br />

Aix à l’occasion<br />

de MP2013, le public<br />

a découvert toute<br />

une palette d’œuvres<br />

contemporaines<br />

On ne dira pas que Nubes, la<br />

création de Marco-Antonio Perez-Ramirez,<br />

dédiée à Pierre<br />

Soulages et inspirée de ses monochromes,<br />

est passée inaperçue.<br />

Mais malgré une écriture massique<br />

maîtrisée, beaucoup ne reti<strong>en</strong>dront<br />

que les mots d’Albert Camus, si<br />

douloureux parfois. Car le 24 janv<br />

le concert Camus méditerrané<strong>en</strong><br />

confrontait la création et le répertoire<br />

contemporains à la force<br />

d’une écriture riche de poésie, et<br />

porteuse d’idées.<br />

Sous la conduite d’Ernest Martinez-Izquierdo,<br />

l’Orchestre et le<br />

Chœur de Radio France illuminai<strong>en</strong>t<br />

et colorai<strong>en</strong>t le texte de<br />

Retour à Tipasa sur une musique<br />

d’H<strong>en</strong>ri Tomasi (voir p 49). Dans<br />

La Peste, le timbre de Robin R<strong>en</strong>ucci<br />

a paru cotonneux et flûté<br />

à côté de celui de Stéphane Freiss,<br />

remplaçant au pied levé Michael<br />

Lonsdale. La musique du catalan<br />

Roberto Gerhard, nécessitant un<br />

effectif pléthorique (170 interprètes<br />

!), fut d<strong>en</strong>se, figurative et<br />

pleine d’émotion. Il <strong>en</strong> fallait des<br />

ressources pour épouser le poids<br />

de ces mots ! Éprouvante comme<br />

l’agonie de l’<strong>en</strong>fant jusqu’à son<br />

râle perceptible dans l’orchestre,<br />

l’orchestration de cette œuvre int<strong>en</strong>se<br />

trouvait un écho ingénieux<br />

dans le traitem<strong>en</strong>t des voix.<br />

Chuchotem<strong>en</strong>ts, hauteurs indéterminées,<br />

rythmique libre et textes<br />

Orchestre Philharmonique de Radio France © JF Leclerc<br />

couplés alternai<strong>en</strong>t avec une<br />

choralité rigoureuse et précise.<br />

Un beau mom<strong>en</strong>t d’émotion au<br />

croisem<strong>en</strong>t des musiques, des<br />

mots et des terres !<br />

Ori<strong>en</strong>ts divers<br />

Après la Méditerranée europé<strong>en</strong>ne,<br />

Prés<strong>en</strong>ces se dirigeait vers<br />

L’Ori<strong>en</strong>t de Maalouf & El Malek, le<br />

25 janv. Nul ne songerait à remettre<br />

<strong>en</strong> cause les qualités d’instrum<strong>en</strong>tiste<br />

du saxophoniste de jazz, ni<br />

de l’incontournable Ibrahim Maalouf,<br />

chantre de la trompette à<br />

quart de ton ; <strong>en</strong> atteste l’improvisation<br />

délicieuse proposée <strong>en</strong><br />

guise de bis. Mais quand ces deux<br />

interprètes se mu<strong>en</strong>t <strong>en</strong> compositeurs<br />

le bât blesse ! Quand on a<br />

à disposition des outils tel que le<br />

Philharmonique, la Maîtrise de<br />

Radio France et Musicatreize, il<br />

est indig<strong>en</strong>t de proposer une œuvre,<br />

Les sept fils d’Hanna de El<br />

Malek, d’une telle médiocrité !<br />

Oscillant <strong>en</strong>tre une musique de film<br />

de série B et un avatar de Philip<br />

Glass, cette pièce, interminable,<br />

cumule tous les mauvais clichés<br />

de la musique «classique».<br />

Le concerto pour trompette, Point<br />

33, du musici<strong>en</strong> franco-libanais,<br />

ne s’affirmera pas comme une référ<strong>en</strong>ce<br />

du g<strong>en</strong>re mais s’appar<strong>en</strong>te<br />

à une véritable composition, où<br />

l’on retrouve de vieux gestes de<br />

musique démantibulée de Chostakovitch,<br />

des séqu<strong>en</strong>ces de<br />

musique répétitive assez abouties<br />

Indisp<strong>en</strong>sable collectif !<br />

À l’écoute du concert donné le 8 février par<br />

l’<strong>en</strong>semble Musicatreize dans la salle du même nom,<br />

on se dit que, décidém<strong>en</strong>t, Roland Hayrabedian<br />

dispose d’un magnifique instrum<strong>en</strong>t ! Il joue de ses<br />

douze voix comme un organiste tire ses jeux, un<br />

pianiste manipule son clavier, d’un geste ferme,<br />

souple, précis, libre… Sans son insolite volonté, il<br />

y a un quart de siècle, de créer un «outil» dédié à la<br />

musique vocale contemporaine <strong>en</strong> région, nombre<br />

d’œuvres n’aurai<strong>en</strong>t vu le jour, comme la douce<br />

Duerme (berceuse) d’Edith Canat de Chizy, créée<br />

pour l’occasion, page jolim<strong>en</strong>t <strong>en</strong>luminée de<br />

percussions. Maurice Ohana et son Swan Song,<br />

éclatant d’assurance parce que les chanteurs, depuis<br />

des lustres, ont fait de ce «requiem onirique» un<br />

standard, serai<strong>en</strong>t peut-être restés dans les placards<br />

de l’histoire musicale ?<br />

En 1970, seules quelques voix parisi<strong>en</strong>nes (à<br />

l’O.R.T.F. principalem<strong>en</strong>t) étai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> mesure<br />

d’interpréter la longue Danaë de François Bernard<br />

Mâche, d’assumer la modernité de son langage ;<br />

aujourd’hui Musicatreize <strong>en</strong>sem<strong>en</strong>ce naturellem<strong>en</strong>t<br />

et un véritable travail sur le<br />

temps emblématique de la culture<br />

ori<strong>en</strong>tale. Malheureusem<strong>en</strong>t, le<br />

manque cruel de trame harmonique<br />

laisse l’auditeur sur un<br />

s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t plus que mitigé, malgré<br />

le tal<strong>en</strong>t des musici<strong>en</strong>s, bi<strong>en</strong><br />

peu aidés par la direction pour le<br />

moins singulière de Léo Hussein.<br />

Deux créations sur le thème de<br />

l’Ori<strong>en</strong>t qui ne laisseront pas un<br />

souv<strong>en</strong>ir impérissable !<br />

En clôture de l’événem<strong>en</strong>t, Voix<br />

interdites d’Ahmed Essyad (voir<br />

p 49) a <strong>en</strong>fin célébré un beau<br />

mariage <strong>en</strong>tre Occid<strong>en</strong>t et Ori<strong>en</strong>t,<br />

tradition et modernité (le 26<br />

janv), alors qu’une nouvelle<br />

création de Zad Moultaka a mis<br />

une nouvelle fois à l’honneur un<br />

pionnier de la diffusion des<br />

musiques d’aujourd’hui : Roland<br />

Hayrabedian, à la fête avec<br />

Musicatreize et le Chœur<br />

contemporain (le 27 janv).<br />

FRÉDÉRIC ISOLETTA ET CHRISTOPHE FLOQUET<br />

l’opus quarant<strong>en</strong>aire d’une «pluie d’or» toute de<br />

crépitem<strong>en</strong>ts chuchotés ! Au sein du chœur, de<br />

surcroît, de formidables solistes gard<strong>en</strong>t leur réserve,<br />

jusqu’à ce qu’un soir<br />

l’un deux manifeste<br />

son tal<strong>en</strong>t, sa prés<strong>en</strong>ce,<br />

comme Xavier<br />

de Lignerolle, ténor<br />

tout-terrain qui<br />

a fait du Chant intime<br />

de Zad Moultaka<br />

un lam<strong>en</strong>to à la<br />

force expressive<br />

«frappante» !<br />

JACQUES FRESCHEL<br />

Musicatreize © Guy Vivi<strong>en</strong><br />

19<br />

M<br />

USIQUE


20<br />

M<br />

USIQUE<br />

Décapitées<br />

Pour la nouvelle production des Dialogues des carmélites de Francis<br />

Poul<strong>en</strong>c à l’Opéra de Toulon, les metteurs <strong>en</strong> scène avai<strong>en</strong>t choisi de<br />

situer l’action du drame dans une intemporalité paradoxale. Exit donc<br />

la Terreur : ils ont préféré mettre l’acc<strong>en</strong>t sur la vie spirituelle de ce<br />

groupe de religieuses marquée par l’épure, <strong>en</strong> les faisant évoluer dans<br />

un décor très sobre mais chargé de symboles où dominait le blanc<br />

magnifié par un habile jeu de lumières et de projections de photos. À<br />

la baguette, Serge Baudo, habitué incontesté du répertoire français,<br />

a su mettre <strong>en</strong> valeur les somptueuses orchestrations du compositeur<br />

jusqu’au sublime Salve Regina final au message visuel très explicite.<br />

Dans cette distribution majoritairem<strong>en</strong>t féminine, les hommes tirai<strong>en</strong>t<br />

leur épingle du jeu, <strong>en</strong> particulier les deux ténors titulaires des rôles<br />

du chevalier de la Force et de l’aumônier et surtout l’excell<strong>en</strong>t Laur<strong>en</strong>t<br />

Alvaro qui donnait beaucoup de profondeur et de dignité au Marquis<br />

de la Force.<br />

Les dames étai<strong>en</strong>t dans l’<strong>en</strong>semble à la hauteur de leurs rôles. Virginie<br />

Pochon incarnait une Constance lumineuse. Angeles Blancas Gulin<br />

donnait tout son s<strong>en</strong>s au rôle de Mme Lidoine, dev<strong>en</strong>ant face aux<br />

épreuves terribles une grande Prieure, prête à tout pour protéger «ses<br />

filles». Belle prestation aussi de Sophie Fournier qui habitait avec<br />

beaucoup d’autorité et de sobriété Mère Marie. Nadine D<strong>en</strong>ize, forte<br />

de sa longue et belle carrière, était quant à elle une fascinante Mme<br />

de Croissy à la fois autoritaire et hautaine mais qui, face à la mort,<br />

perdait toute sa dignité. Seule Ermonela Jaho, belle chanteuse,<br />

semblait vocalem<strong>en</strong>t à contre-emploi avec un timbre sans doute trop<br />

corsé pour incarner la fière mais frêle Blanche de la Force…<br />

ÉMILIEN MOREAU<br />

Dialogues des carmelites © Frederic Stephan<br />

Au nom du père<br />

Dès l’ouverture du rideau ret<strong>en</strong>tit un motif tranchant, deux «brèves»<br />

incisives suivies d’une «longue» fracassante, qu’<strong>en</strong> scansion poétique<br />

dérivée du grec on nomme «anapeste»… C’est le nom d’un père<br />

abs<strong>en</strong>t qu’on <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d-là, tout aussi grec parmi les rescapés de Troie :<br />

«Agamemnon !». Assassiné par l’adultère Clytemnestre et son amant<br />

Egisthe, ce père ainsi nommé est tout <strong>en</strong>tier prés<strong>en</strong>t dans l’esprit,<br />

l’âme et le corps d’Électre, fille vouée à la v<strong>en</strong>geance.<br />

Moins de deux heures plus tard, lorsqu’aux ultimes mesures résonne<br />

ce nom-même, martelé par l’impressionnante masse orchestrale,<br />

après que l’héroïne a succombé d’une crise hystérique, valse fantasmagorique<br />

au bout de sa transe, on chavire avec elle… Seule,<br />

Chrysothémis appelle <strong>en</strong> vain le secours du bras meurtrier : «Oreste !».<br />

Le fatum antique accompli, le frère a sombré dans la folie !<br />

Elektra c’est un chef-d’œuvre qui attrape à la gorge, fouille dans le<br />

v<strong>en</strong>tre d’obscurs tabous que les mots ne suffis<strong>en</strong>t à dire… et que la<br />

musique justem<strong>en</strong>t exprime. Avec quelle force expressive ! Elektra<br />

c’est un choc qu’on pr<strong>en</strong>d <strong>en</strong> pleine face, comme l’Europe <strong>en</strong> 1909<br />

quand, à Vi<strong>en</strong>ne, circul<strong>en</strong>t des idées neuves sur la pulsion de mort,<br />

le s<strong>en</strong>s des rêves et le refoulé, l’hystérie, l’inceste et les complexes…<br />

Si Richard Strauss et Hofmannsthal puis<strong>en</strong>t dans la famille malade<br />

des Atrides, n’est-ce pas (inconsciemm<strong>en</strong>t ?) pour donner corps à ce<br />

qui demeure l’une des découvertes majeures du siècle dernier ?<br />

Il faut aller voir la production de l’Opéra de Marseille, pour la mise<br />

<strong>en</strong> scène intellig<strong>en</strong>te de Charles Roubaud et les décors <strong>en</strong> perspective,<br />

verticale déformée et saisissante d’Emmanuelle Favre, pour la<br />

découverte d’une magnifique soprano, Ricarda Merbeth, portant<br />

l’émotion à son comble, double positif de sa sœur inhumaine, à<br />

l’image du rôle-titre qu’assume brillamm<strong>en</strong>t Jeanne-Michèle Charbonnet…<br />

Pour Marie-Ange Todorovitch, mère tranchante comme<br />

les cris d’horreurs qui zèbr<strong>en</strong>t l’espace lorsque la lame pénètre sa<br />

chair… pour le grave somptueux de Nicolas Cavallier… et la direction<br />

experte de Pinchas Steinberg !<br />

JACQUES FRESCHEL<br />

Elektra<br />

jusqu’au 16 fév<br />

Opéra de Marseille<br />

04 91 55 11 10<br />

http://opera.marseille.fr<br />

Inhumaine condition<br />

Wozzeck (1925) est une œuvre<br />

majeure qui peut surpr<strong>en</strong>dre, aujourd’hui<br />

<strong>en</strong>core, par sa modernité,<br />

son esthétique expressionniste<br />

magnifiée par un langage presque<br />

exclusivem<strong>en</strong>t atonal. Plongeant,<br />

dès l’ouverture, le drame dans une<br />

atmosphère glauque et surréaliste<br />

© Cedric Delestrade-ACM Studio<br />

(un jeune <strong>en</strong>fant armé d’un pistolet,<br />

un champ dévasté, une fourgonnette<br />

J9, un échafaudage…),<br />

Mireille Larroche met <strong>en</strong> scène<br />

l’inhumanité de Wozzeck, soldat/<br />

paria, perdu et désœuvré, rattaché<br />

à la Vie par la prés<strong>en</strong>ce s<strong>en</strong>sible<br />

de Marie, la mère de son <strong>en</strong>fant,<br />

mais aussi par celle de ce gosse,<br />

omniprés<strong>en</strong>t jusqu’au coup de<br />

poignard mortel, la mort de l’antihéros<br />

dans un décor désaffecté et<br />

<strong>en</strong>fumé…<br />

Illustration de l’absurdité du monde<br />

à un tournant de son histoire ?<br />

De l’insupportable pression sociale<br />

et du «vivre fou» au risque de<br />

tuer ? En Avignon, l’opéra de Berg<br />

interrogeait autant le passé de<br />

l’<strong>en</strong>tre-deux-guerres que le prés<strong>en</strong>t<br />

des no man’s land périurbains.<br />

Seule la prés<strong>en</strong>ce poignante de<br />

l’<strong>en</strong>fant (Robin Gornay <strong>en</strong> alternance<br />

avec Pauline Lestrelin),<br />

alignant d’une main joueuse de<br />

vieilles chaussures volées par son<br />

père à des passants, laisse <strong>en</strong>trevoir,<br />

au final, une pâle lueur d’espoir<br />

dans un champ de désolation et<br />

de poubelles fumantes.<br />

Côté musique, si la performance<br />

de Barbara Ducret dans le rôle de<br />

Marie fut indéniable, Andreas<br />

Scheibner dans le rôle-titre, n’a<br />

guère séduit. Dans une salle aux<br />

deux tiers pleine, l’OLRAP dirigé<br />

par Pierre Roullier fut applaudis…<br />

sans rappel… à cause<br />

peut-être (on l’espère !) de<br />

l’impact dramatique et musical du<br />

chef-d’œuvre.<br />

CHRISTINE REY


Marseille et Naples<br />

au chœur<br />

Le Còr de la Plana et Assurd ont uni leurs voix pour une<br />

création dédiée aux deux cités qui leur sont chères<br />

Le Cor de la Plana © X-D.R<br />

Dans le cadre de MP2013, la Cité<br />

de la musique propose Cantates<br />

du monde-Marseille, porte du<br />

Sud. Une série de concerts qui<br />

repositionne Marseille <strong>en</strong> tant<br />

que ville accueillant le monde, et<br />

une invitation forcém<strong>en</strong>t plaisante<br />

pour les cinq Prov<strong>en</strong>çaux<br />

du Còr de la Plana et le quatuor<br />

féminin du sud de l’Italie nommé<br />

Assurd. Réunir Marseille et Naples<br />

le temps d’un spectacle, jouer sur<br />

les caractéristiques communes<br />

aux deux ports méditerrané<strong>en</strong>s<br />

sans verser dans la caricature,<br />

c’est le défi relevé par la création<br />

Ve Zou Via, fusion temporaire de<br />

deux groupes singuliers qui puis<strong>en</strong>t<br />

dans les musiques traditionnelles<br />

pour <strong>en</strong> tirer des sonorités d’aujourd’hui.<br />

Ve Zou Via, c’est aussi<br />

un clin d’œil au Vésuve, à travers<br />

un répertoire explosif, provocateur<br />

et d’insoumission dont une<br />

inoubliable reprise de Bambino<br />

aux effets «stupéfiants».<br />

Percussions <strong>en</strong> tous g<strong>en</strong>res, castagnettes,<br />

accordéon ou guitares<br />

dont la chitarra batt<strong>en</strong>te, typique<br />

de l’Italie méridionale, accompagn<strong>en</strong>t<br />

les prouesses vocales d’une<br />

association complice et turbul<strong>en</strong>te<br />

mais qui n’a ri<strong>en</strong> de mafieux !<br />

De la sérénade à la farandole <strong>en</strong><br />

passant par des chants sacrés, les<br />

ritournelles de Manu Théron, Enza<br />

Pagliara et de leurs comparses<br />

sont le reflet de territoires rugueux<br />

et d’histoires laborieuses. Des<br />

chants de peuples vivants, <strong>en</strong> bouillonnem<strong>en</strong>t<br />

constant, interprétés<br />

avec ce qu’il faut de fraîcheur et<br />

de désinvolture.<br />

THOMAS DALICANTE<br />

La création VeZouVia a été jouée<br />

le 19 janvier à la Cité de<br />

la musique de Marseille<br />

21<br />

M<br />

USIQUE<br />

Virtuoses du sampler<br />

Le duo JukeBox Champions jouait le 1 er février<br />

au Poste à galène, à Marseille. Ce projet<br />

réunit sur scène Blanka et Fade, deux beatmakers<br />

(compositeurs d’instrum<strong>en</strong>tal hip-hop)<br />

qui ne sont sans doute pas étrangers à vos<br />

oreilles. Blanka est un DJ et producteur marseillais<br />

membre du collectif La Fine Equipe.<br />

Fade est le producteur du trio hip hop A State<br />

Of Mind (ASM) qui a <strong>en</strong>flammé plus d’une fois<br />

le public marseillais (récemm<strong>en</strong>t à Marsatac<br />

2012). Littéralem<strong>en</strong>t propulsé par leur EP éponyme<br />

<strong>en</strong> 2012, ils sont choisis cette année par<br />

Adidas pour illustrer une campagne publicitaire….<br />

JukeBox Champions est le fruit de la collaboration<br />

de deux passionnés de funk, de soul<br />

et de hip hop, la réunion de deux accrocs du<br />

bidouillage visuel et sonore. Armés de MPC, de<br />

platines et de nombreuses autres machines,<br />

les deux alchimistes offr<strong>en</strong>t une prestation live<br />

impressionnante ! Ils utilis<strong>en</strong>t leurs samplers<br />

comme des instrum<strong>en</strong>ts, jou<strong>en</strong>t les rythmes et<br />

les mélodies <strong>en</strong> temps réel, <strong>en</strong> synchronisation<br />

avec des vidéos projetées derrière eux.<br />

Une performance millimétrée qui demande du<br />

travail <strong>en</strong> amont : ce set ultra calé laisse peu<br />

de place à l’improvisation. À la spontanéité ?<br />

JukeBox Champions © X-D.R<br />

le spectateur qui aime voir un show unique a<br />

probablem<strong>en</strong>t été déçu...<br />

En revanche, il aura apprécié la mise <strong>en</strong> bouche<br />

haut de gamme d’Hugo Kant qui ouvrait<br />

la soirée.<br />

Le pluri instrum<strong>en</strong>tiste aixois proposait <strong>en</strong><br />

première partie un dj set agrém<strong>en</strong>té de nombreuses<br />

improvisations à la flûte traversière et<br />

aux claviers. Une belle fusion jazz/electro/hip<br />

hop.<br />

KEVIN DERVEAUX<br />

Les JukeBox Champions et Hugo Kant se sont<br />

produits le 1 er février au Poste à galène, Marseille<br />

RetrouveZ sur notre site ces critiques musique et découvreZ les autres !<br />

- Nicolas Kœdinger Trio au Roll’studio<br />

- Patchwork dreamer au Cri du Port<br />

-Korcia joue Tomasi<br />

- L’<strong>en</strong>fant et les sortilèges au Jeu de Paume<br />

-Quatre jours à Paris à l’Odéon<br />

-Ha<strong>en</strong>del/britt<strong>en</strong> François-Xavier Roth au Jeu de Paume<br />

-Quatuor Hag<strong>en</strong>, Duo Rigutto, Nikolaï Lugansky, Sextuor Ophélie Gaillard au GTP<br />

-Alina Pogostkina à l’Opéra de Toulon<br />

- Orchestre du pays d’Aix<br />

- Ahmad Jamal au GTP<br />

- Bach <strong>en</strong> Balles à St-Maximin<br />

www.journalzibeline.fr


22<br />

A<br />

U<br />

P<br />

R<br />

O<br />

GR<br />

A<br />

M<br />

M<br />

E<br />

T<br />

HÉÂTRE<br />

La Chute<br />

Jean-Baptiste Clam<strong>en</strong>ce a laissé une jeune<br />

femme se noyer dans la Seine. Une chute<br />

physique qui provoque <strong>en</strong> lui une prise de<br />

consci<strong>en</strong>ce morale autant qu’une déchéance<br />

sociale. La mise <strong>en</strong> scène de Raymond<br />

Vinciguerra donne à <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre et compr<strong>en</strong>dre<br />

le récit introspectif de Camus, porté par le jeu<br />

brillant de Philippe Séjourné, et les images<br />

projetées représ<strong>en</strong>tant son trajet m<strong>en</strong>tal.<br />

du 12 au 16 mars<br />

Le Gyptis, Marseille<br />

04 91 11 41 50<br />

www.theatregyptis.com<br />

© Francois Mour<strong>en</strong>-Prov<strong>en</strong>sal<br />

Jean la chance<br />

Le «chef de troupe» Jean-Louis Hourdin met<br />

<strong>en</strong> scène la pièce de jeunesse inachevée de<br />

Brecht, dans laquelle Jean, paysan b<strong>en</strong>êt et naïf,<br />

r<strong>en</strong>tre chez sa mère après sept ans de bons et<br />

loyaux services. En chemin il perdra son sac d’or<br />

et parvi<strong>en</strong>dra au terme de son voyage les mains<br />

vides mais heureux, acceptant sans mot dire, et<br />

les excusant, les vil<strong>en</strong>ies subies.<br />

le 15 fév<br />

Le Toursky, Marseille<br />

0 820 300 033<br />

www.toursky.org<br />

No Signal [?Help]<br />

Le metteur <strong>en</strong> scène Hubert Colas, artiste<br />

associé à l’ERAC, et Jean-Jacques Jauffret,<br />

auteur et réalisateur, cré<strong>en</strong>t avec les élèves de<br />

3 e année-<strong>en</strong>semble 20 No Signal [?Help], «une<br />

étrange r<strong>en</strong>contre <strong>en</strong>tre le théâtre et le cinéma».<br />

«L’histoire de No signal [?Help] pr<strong>en</strong>d langue et<br />

image dans les chemins sinueux du désir d’une<br />

jeune génération aux prises avec le monde qui<br />

l’<strong>en</strong>toure. Comm<strong>en</strong>t vivre ce que l’on perçoit du<br />

désir d’autrui s’il ne se tourne pas vers nous ?<br />

Aimer, être aimé. Comm<strong>en</strong>t se saisir de ses<br />

propres désirs, de son plaisir ou de sa peine face<br />

à ce que l’on ne compr<strong>en</strong>d pas <strong>en</strong>core ?»<br />

explique Hubert Colas.<br />

du 13 au 16 fév<br />

La Friche La Belle de Mai, Marseille<br />

04 95 04 95 78<br />

www.lafriche.org<br />

© X-D.R<br />

© X-D.R<br />

Meilleurs souv<strong>en</strong>irs...<br />

Les vacances annuelles durem<strong>en</strong>t obt<strong>en</strong>ues,<br />

passées à Grado, station balnéaire de la côte<br />

adriatique, ne s’avèr<strong>en</strong>t pas être aussi idylliques<br />

que prévues pour Anna et Karl. Difficile de faire<br />

coïncider rêve et réalité, lorsque cette dernière<br />

correspond à une exist<strong>en</strong>ce soumise dans<br />

laquelle le travail a pris le dessus sur les désirs…<br />

Le texte de Franz-Xaver Kroetz est mis <strong>en</strong><br />

scène par Gilles David.<br />

Meilleurs souv<strong>en</strong>irs de Grado<br />

du 26 fév au 12 mars<br />

Le L<strong>en</strong>che, Marseille<br />

04 91 91 52 22<br />

www.theatredel<strong>en</strong>che.info<br />

La Domination....<br />

De la forme très particulière de domination<br />

qu’est la domination masculine selon Pierre<br />

Bourdieu, aux extraits de mythes et de contes<br />

kabyles analysés par Tassadit Yacine-Titouh,<br />

Jeremy Beschon tire un spectacle qui<br />

«expose de manière ludique une domination<br />

que l’on p<strong>en</strong>se d’ordre naturel, alors que celleci<br />

est d’ordre culturel.» (voir p 64).<br />

La domination masculine<br />

le 4 mars<br />

Le L<strong>en</strong>che, Marseille<br />

04 91 91 52 22<br />

www.theatredel<strong>en</strong>che.info<br />

Cooking with...<br />

Il y a la Martine originale, émin<strong>en</strong>te sci<strong>en</strong>tifique,<br />

autodidacte, et son clone, réussi après treize<br />

essais… Entourée de son double et de toute une<br />

communauté de clones ratés, Martine confère<br />

sur la relation de l’homme avec le monde par le<br />

prisme de la nourriture. Clara Le Picard, qui a<br />

écrit et met <strong>en</strong> scène, et Irina Solano mèn<strong>en</strong>t<br />

tambour battant cette confér<strong>en</strong>ce délirante.<br />

Cooking with Martine Schmurpfs<br />

du 20 au 22 fév<br />

Les Bernardines, Marseille<br />

programmation hors les murs de La Minoterie<br />

04 91 90 07 94<br />

www.minoterie.org<br />

Louise Michel<br />

Marie Ruggeri a conçu son spectacle à partir<br />

de la correspondance et des mémoires de la<br />

lég<strong>en</strong>daire Louise Michel ; il met <strong>en</strong> lumière<br />

l’intimité d’une femme face à ses doutes et ses<br />

blessures, pour «montrer ce personnage hors du<br />

commun, cette personnalité complexe, animée<br />

jusqu’à son dernier souffle par la quête d’un<br />

monde meilleur, plus juste, plus équitable,<br />

comme elle ne cessera de le proclamer […]».<br />

Christian Belhomme l’accompagne sur scène<br />

pour la partie musicale.<br />

le 8 mars<br />

Théâtre Comoedia, Aubagne<br />

04 42 18 19 88<br />

www.aubagne.com<br />

Sunderland<br />

Comédie sociale à l’anglaise, Sunderland, écrite<br />

par le français Clém<strong>en</strong>t Koch, et mise <strong>en</strong><br />

scène par Stéphane Hillel, a tout d’un film de<br />

K<strong>en</strong> Loach : cité industrielle noyée de pluie,<br />

l’usine de poulet fermée pour cause de grippe<br />

aviaire, chômage, matchs de foot arrosés de<br />

bière… Pour pouvoir conserver la garde de sa<br />

petite sœur, suite au décès de leur mère, Sally<br />

a besoin d’arg<strong>en</strong>t. Va naitre alors un projet<br />

ins<strong>en</strong>sé…<br />

le 13 mars<br />

Théâtre Comoedia, Aubagne<br />

04 42 18 19 88<br />

www.aubagne.com<br />

© Patrick Berger - ArtComArt


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HÉÂTRE<br />

Entreprise de...<br />

À la mort du père, Frédéric et sa sœur Louise<br />

transform<strong>en</strong>t leur maison de famille pour <strong>en</strong><br />

faire un refuge qui accueille les meurtris de la<br />

vie. Dans les montagnes de leur jeunesse vont<br />

se confronter les idéaux et les possibles,<br />

l’onirique et le réel, la révolte et le raisonnable.<br />

Hugues Chabalier met <strong>en</strong> scène son texte sur<br />

un impossible eldorado.<br />

Entreprise de recueillem<strong>en</strong>t<br />

le 7 mars<br />

Théâtre Vitez, Aix<br />

04 42 59 94 37<br />

www.theatre-vitez.com<br />

La distance...<br />

La compagnie l’Entreprise plonge la mémoire de<br />

ses comédi<strong>en</strong>s dans le passé pour explorer «la<br />

mémoire des corps comme on déchiffrerait un<br />

livre <strong>en</strong> [eux]». Ainsi reviv<strong>en</strong>t des personnages<br />

qui font partie de leur histoire, pour faire se<br />

r<strong>en</strong>contrer tous les lieux et toutes les époques.<br />

La distance qui nous sépare<br />

le 12 mars<br />

Théâtre Vitez, Aix<br />

04 42 59 94 37<br />

www.theatre-vitez.com<br />

Super heureux !<br />

Elle et Lui sont voisins de palier, ne se connaiss<strong>en</strong>t<br />

pas ; ils se r<strong>en</strong>contreront bi<strong>en</strong> sûr -Lui<br />

ayant un besoin urg<strong>en</strong>t de préservatif ira le lui<br />

demander à Elle-, et développeront une relation<br />

basée dans un premier temps sur des petits<br />

m<strong>en</strong>songes et des déclarations fallacieuses.<br />

Une comédie contemporaine mise <strong>en</strong> scène par<br />

Jean-Claude Berutti.<br />

le 8 mars<br />

Salle des fêtes, V<strong>en</strong>elles<br />

04 42 54 93 10<br />

www.v<strong>en</strong>elles.fr<br />

© Christophe Raynaud de Lage<br />

L’écran de fumée<br />

Pour ses 30 ans, le théâtre du Maquis nous offre<br />

un cabaret vidéo-musico-théâtral animé par son<br />

dynamisme, sa folie. Gloire au m<strong>en</strong>songe, qui<br />

permet aux rêves d’exister, loin des réalités<br />

sombres du quotidi<strong>en</strong>. Trêve exigée pour cet<br />

anniversaire, du m<strong>en</strong>songe, de l’illusion, du bonheur,<br />

de la fête, de la comédie musicale, <strong>en</strong>fin !<br />

Avec les saltimbanques du théâtre du Maquis, et<br />

leur vivifiant décalage, qui se rit des codes de<br />

représ<strong>en</strong>tation guindés à la mode…<br />

le 14 fév<br />

Salle Emili<strong>en</strong> V<strong>en</strong>tre, Rousset<br />

04 42 29 82 53<br />

www.rousset-fr.com<br />

le 8 mars<br />

Cinéma 3 Casino, Gardanne<br />

04 42 65 77 00<br />

www.ville-gardanne.fr<br />

Le malade imaginaire<br />

Franck Biagiotti part dans sa mise <strong>en</strong> scène<br />

d’un lit à baldaquin surdim<strong>en</strong>sionné. La scénographie<br />

qui <strong>en</strong> découle laisse au texte de Molière<br />

toute sa saveur, portée avec tal<strong>en</strong>t par les<br />

comédi<strong>en</strong>s de la Cie de l’Esquisse. Les élém<strong>en</strong>ts<br />

chantés et dansés s’inspir<strong>en</strong>t quant à eux<br />

de l’univers de Tim Burton. Le résultat est<br />

remarquable d’allant, de verve. L’ultime pièce<br />

de Molière, ainsi accessible à tous, ne se laisse<br />

pourtant jamais aller aux effets faciles.<br />

le 9 mars<br />

Salle culturelle, Simiane Collongue<br />

04 42 22 62 34<br />

www.simiane-collongue.fr<br />

© Theatre du Maquis © cie de l'esquisse<br />

© Marcel Hartmann<br />

Médée<br />

Paulo Correia innove et propose une nouvelle<br />

création basée sur cette célèbre tragédie qu’est<br />

Médée. Infanticide et exilée, cette héroïne de<br />

l’héritage antique explore les frontières <strong>en</strong>tre<br />

l’humain et l’inhumain. Alliant le théâtre et l’art<br />

numérique, cette adaptation moderne du Collectif<br />

8 met <strong>en</strong> exergue cet être fascinant et<br />

provocant, égaré dans univers surnaturel et<br />

fantastique.<br />

le 5 mars<br />

Théâtre La Colonne, Miramas<br />

04 90 58 37 86<br />

www.sc<strong>en</strong>esetcines.fr<br />

La Locandiera<br />

Dominique Blanc interprète Mirandolina, cette<br />

sulfureuse aubergiste dont tous les hommes<br />

tomb<strong>en</strong>t sous le charme. Sauf un ! Ce Chevalier,<br />

misogyne, qui s’est juré de ne jamais tomber<br />

amoureux, <strong>en</strong>core moins d’une femme de<br />

classe sociale inférieure. Ils se détest<strong>en</strong>t. Fière<br />

et téméraire, la belle hôtesse déploie tous ses<br />

atouts contre cet homme à l’ego surdim<strong>en</strong>sionné.<br />

Avec humour et malice, les personnages<br />

de Goldoni se pièg<strong>en</strong>t puis s’égar<strong>en</strong>t…<br />

le 12 mars<br />

Théâtre de l’Olivier, Istres<br />

04 42 56 48 48<br />

www.sc<strong>en</strong>esetcines.fr<br />

du 25 au 27 mars<br />

Théâtre de Nîmes<br />

04 66 36 65 10<br />

www.theatred<strong>en</strong>imes.com<br />

les 21 et 22 mai<br />

Théâtre de Grasse<br />

04 93 40 53 00<br />

www.théâtredegrasse.com


Blanche, Aurore...<br />

Le jour des meurtres…<br />

Scappa via !<br />

Dans le cadre de ses actions nomades dans les<br />

quartiers, le Sémaphore accueille une petite<br />

forme théâtrale créée par le Dynamo Théâtre et<br />

mise <strong>en</strong> scène par Joëlle Cattino, d’après Une<br />

femme seule de Franca Rame et Dario Fo. Un<br />

monologue drôle et touchant, une confession<br />

décalée sur la condition de la femme.<br />

le 4 mars<br />

C<strong>en</strong>tre social Jacques Brel, Port-de-Bouc<br />

04 42 06 59 85<br />

Sous la houlette d’Alain Timar, la comédi<strong>en</strong>ne<br />

Camille Carraz incarne Blanche, sortie de<br />

l’imagination de Noëlle R<strong>en</strong>aude. Un personnage<br />

insaisissable qui bricole son destin et<br />

raconte, confesse, se trompe et nous trompe<br />

sans doute aussi. Entre lucidité et naïveté,<br />

Blanche ne cesse de brouiller les cartes et offre<br />

au metteur <strong>en</strong> scène scénographe (après les<br />

succès précéd<strong>en</strong>ts : Rhinocéros, Ma Marseillaise,<br />

Bonheur titre provisoire) une nouvelle<br />

création qu’il appréh<strong>en</strong>de avec bonheur.<br />

Blanche, Aurore, Céleste<br />

du 7 au 9 et du 14 au 16 mars<br />

Théâtre des Halles, Avignon<br />

04 32 76 24 51<br />

www.theatredeshalles.com<br />

© N. Vucher<br />

La nouvelle création de la Cie Eclats de Scènes,<br />

<strong>en</strong> co-production avec le théâtre des Carmes<br />

qui accueille la première représ<strong>en</strong>tation, se<br />

plonge dans la dernière des pièces de jeunesse<br />

de Bernard-Marie Koltès. Une langue fulgurante,<br />

des scènes qui s’<strong>en</strong>trechoqu<strong>en</strong>t, des<br />

répliques qui s’invers<strong>en</strong>t pour un drame réduit à<br />

son ess<strong>en</strong>tiel. La tragédie cond<strong>en</strong>sée <strong>en</strong> un jour<br />

se resserre sur les couples Gertrude/Claudius<br />

et Ophélie/Hamlet et explore, <strong>en</strong>tre amour et<br />

politique, les questions de l’id<strong>en</strong>tité, la sexualité,<br />

le pouvoir et les li<strong>en</strong>s familiaux. La condition<br />

humaine !<br />

Le jour des meurtres dans l’histoire d’Hamlet<br />

les 8 et 9 mars<br />

Théâtre des Carmes, Avignon<br />

04 90 82 20 47<br />

www.theatredescarmes.com<br />

Les amours de...<br />

Après la version rap de Timon d’Athènes, Razerba<br />

B<strong>en</strong> Sadia-Lavant réitère avec Les amours<br />

de Desdémone et Othello. La pièce de Shakespeare<br />

devi<strong>en</strong>t explosive. La jalousie destructrice<br />

d’Othello, la combativité de Desdémone, la<br />

fourberie de Iago, autant d’émotions exacerbées<br />

par les rythmes int<strong>en</strong>ses de la musique ori<strong>en</strong>tale<br />

et électrique de la chanteuse Sapho et du<br />

musici<strong>en</strong> Mehdi Haddab prés<strong>en</strong>ts sur scène.<br />

Les amours de Desdémone et Othello<br />

les 12 et 13 mars<br />

Théâtre de Nîmes<br />

04 66 36 65 10<br />

www.theatred<strong>en</strong>imes.com<br />

© X-D.R<br />

© X-D.R<br />

le 5 mars<br />

Médiathèque Boris Vian, Port-de-Bouc<br />

04 42 06 65 54<br />

le 6 mars<br />

C<strong>en</strong>tre social Nelson Mandela, Port-de-Bouc<br />

04 42 40 05 61<br />

www.theatre-semaphore-portdebouc.com<br />

Va jusqu’où...<br />

C’est une écriture à trois voix –la turque Sedef<br />

Ecer, le français Michel Bellier et le belge Stanislas<br />

Cotton-, trois horizons artistiques différ<strong>en</strong>ts,<br />

qui rythm<strong>en</strong>t cette odyssée féminine des rives<br />

de la Turquie jusqu’à la Mer du Nord. Un spectacle<br />

qui interroge «la place de la femme dans<br />

l’immigration d’aujourd’hui. Et donc, à fortiori, sa<br />

place dans nos sociétés», <strong>en</strong> mettant <strong>en</strong> perspective<br />

la notion d’«id<strong>en</strong>tité europé<strong>en</strong>ne».<br />

Va jusqu’où tu pourras<br />

le 8 mars<br />

Théâtre Le Sémaphore, Port-de-Bouc<br />

04 42 06 39 09<br />

www.theatre-semaphore-portdebouc.com<br />

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Lost in the...<br />

Pourquoi Philippe Malone a t-il choisi une<br />

chanson du groupe punk les Clash pour nommer<br />

cette comédie musicale et sociale ? Neuf<br />

caissières rêv<strong>en</strong>t d’une autre vie. Cette société<br />

de consommation que ces bonnes mères de<br />

famille alim<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t tous les jours les dégoute et<br />

les <strong>en</strong>nuie. La révolution est lancée ! Il faut<br />

monter le casse du siècle pour s’évader de ce<br />

quotidi<strong>en</strong> si pesant. Les rythmes effrénés du<br />

rock’n’roll et de la danse vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t sout<strong>en</strong>ir<br />

l’action et l’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t de ces femmes audacieuses<br />

et <strong>en</strong>thousiastes.<br />

Lost in the supermarket<br />

le 8 mars<br />

La Passerelle, Gap<br />

04 92 52 52 52<br />

www.theatre-la-passerelle.eu<br />

Des jours et des...<br />

Cette photographie de Robert Capa représ<strong>en</strong>te<br />

une «fille à soldats» humiliée dans l’une des rues<br />

de Chartres à la fin de l’occupation allemande.<br />

Cette femme tondue porte dans ses bras<br />

l’<strong>en</strong>fant qu’elle a eu avec un allemand. Elle ne<br />

sera pas exécutée mais condamnée. À partir de<br />

faits réels, Daniel B<strong>en</strong>oin a souhaité reconstituer<br />

la vie émouvante de Simone p<strong>en</strong>dant<br />

cette époque dévastée.<br />

Des jours et des nuits à Chartres<br />

les 8 et 9 mars<br />

Théâtre Liberté, Toulon<br />

04 98 00 56 76<br />

www.theatre-liberte.fr<br />

le 12 mars<br />

Le Forum, Fréjus<br />

04 94 17 73 70<br />

www.agglosc<strong>en</strong>es.com<br />

© X-D.R<br />

© Jean-Francois Gaultier<br />

© Pierre Grosbois<br />

© Hugues Lagarde<br />

Le tour complet...<br />

37 pièces de Shakespeare <strong>en</strong> 3 heures, le tout<br />

interprété par un seul homme. C’est le défi que<br />

s’est fixé cet homme aux multiples tal<strong>en</strong>ts : comédi<strong>en</strong>,<br />

magici<strong>en</strong>, musici<strong>en</strong>, et acrobate, Gilles<br />

Cailleau n’a peur de ri<strong>en</strong>. Poésies, illusions et<br />

émotions ne font qu’un lorsque l’artiste s’élance<br />

dans les airs <strong>en</strong> t<strong>en</strong>ue de roi, se transforme <strong>en</strong><br />

cracheur de flamme effrayé par le feu, ou<br />

<strong>en</strong>core <strong>en</strong> magici<strong>en</strong> attristé par ses propres<br />

apparitions. Virtuose, émouvant, et si drôle !<br />

Le tour complet du cœur<br />

du 8 au 16 fev<br />

Parc des Troènes, La Valette-du-Var<br />

04 94 23 62 06<br />

www.lavalette83.fr<br />

Cyrano de Bergerac<br />

Intrépide et courageux, ce Cyrano mis <strong>en</strong> scène<br />

par Dominique Pitoiset. Sa référ<strong>en</strong>ce est l’acte<br />

II, scène 6 : «La tirade des «non, merci !» est une<br />

véritable ode à la gloire de l’indép<strong>en</strong>dance, de<br />

l’autarcie, au risque de la solitude.» C’est Philippe<br />

Torreton qui a la charge de transmettre l’ardeur<br />

d’un Cyrano audacieux, qui s’impose une éthique<br />

sans concession.<br />

le 6 mars<br />

Châteauvallon, Ollioules<br />

04 94 22 02 02<br />

www.chateauvallon.com<br />

La vie est un rêve<br />

C’est l’une des œuvres emblématiques du théâtre<br />

baroque que Jacques Vincey a choisi de<br />

revisiter. Écrite <strong>en</strong> 1635 par Pedro Calderon<br />

de La Barca, cette pièce transporte dans un<br />

monde mouvant habité par des êtres incertains.<br />

La compagnie Sirènes habite l’onirisme froid<br />

habilem<strong>en</strong>t créé par un roi pour sauver son<br />

royaume. Le risque : ne plus distinguer la frontière<br />

<strong>en</strong>tre l’imaginaire et le réel, et voir<br />

disparaître son libre arbitre…<br />

le 5 mars<br />

Théâtre <strong>en</strong> Dracénie, Draguignan<br />

04 94 50 59 59<br />

www.theatres<strong>en</strong>drec<strong>en</strong>ie.com<br />

Qui aime bi<strong>en</strong>...<br />

Enceinte et fiancée, Nanie est aux anges. Seule<br />

ombre au tableau, le cocon familial ne pourra<br />

se construire sans le départ de son colocataire<br />

et meilleur ami, Seb. Comm<strong>en</strong>ce alors une<br />

cascade de quiproquos et de petits m<strong>en</strong>songes<br />

joyeusem<strong>en</strong>t orchestrés par Vinc<strong>en</strong>t Delboy.<br />

Une pièce drôle et conviviale sur le thème de<br />

l’amitié.<br />

Qui aime bi<strong>en</strong> trahit bi<strong>en</strong><br />

le 26 fev<br />

Croisée des arts, Saint-Maximin<br />

04 94 86 18 90<br />

www.st-maximin.fr<br />

La fille à marins<br />

Même sans avoir le pied marin, il est difficile de<br />

ne pas se laisser bercer par les chansons <strong>en</strong>voûtantes<br />

des bords de mer. La douce mélodie de<br />

l’accordéon allié à la voix charmeuse de Nina<br />

Savary est un véritable appel à l’abordage soigneusem<strong>en</strong>t<br />

imaginé par Jérôme Savary. Un<br />

spectacle musical savamm<strong>en</strong>t rythmé par les<br />

tours de magie de Juli<strong>en</strong> Maurel.<br />

le 9 mars<br />

Croisée des arts, Saint-Maximin<br />

04 94 86 18 90<br />

www.st-maximin.fr<br />

Forever Young<br />

C’est une histoire universelle et bouleversante<br />

mise <strong>en</strong> scène par Jean-François Matignon.<br />

La vie, la mort, les r<strong>en</strong>contres, les li<strong>en</strong>s familiaux,<br />

toutes les adversités et les mom<strong>en</strong>ts de joie<br />

sont réunis dans cette pièce bouillonnante<br />

d’émotions. La fluidité et la finesse du jeu des<br />

acteurs de la Compagnie Fraction sont r<strong>en</strong>forcées<br />

par un décor judicieusem<strong>en</strong>t minimaliste.<br />

les 7 et 8 mars<br />

Théâtre de Grasse<br />

04 93 40 53 00<br />

www.theatredegrasse.com<br />

© X-D.R<br />

© Guy Delahaye


Petites sirènes<br />

«Le monde de l’<strong>en</strong>fance nous rejette, celui des<br />

adultes semble compromis, plein d’arrangem<strong>en</strong>ts,<br />

il n’y a qu’une issue : l’absolu.» Cette interprétation<br />

libre inspirée de l’œuvre de Hans Christian<br />

Anders<strong>en</strong>, mise <strong>en</strong> scène par Alexis Moati,<br />

traite de cette période cruelle qu’est l’adolesc<strong>en</strong>ce.<br />

La compagnie Vol Plané interprète cette<br />

petite sirène <strong>en</strong> pleine métamorphose, qui n’a ni<br />

nom, ni id<strong>en</strong>tité, perdue dans ce chemin sinueux<br />

qu’est le passage de l’<strong>en</strong>fance à l’âge adulte.<br />

Une nouvelle création pour une compagnie de<br />

notre région, pleine de tal<strong>en</strong>t, et de la juste irrévér<strong>en</strong>ce<br />

qui permet de revisiter nos histoires…<br />

À partir de 11 ans.<br />

le 8 mars<br />

Théâtre Durance, Château-Arnoux<br />

04 92 64 27 34<br />

www.theatredurance.fr<br />

Le jardin sous la lune<br />

C’est une invitation aux rêves et à la magie que<br />

propose par la cie Praxinoscope. Un voyage à<br />

la découverte d’un monde féérique où la nature<br />

se fait reine et guide de tous les s<strong>en</strong>s. La<br />

végétation répand une odeur mystérieuse, les<br />

mots de Marcelle Delpastre <strong>en</strong>sorcell<strong>en</strong>t ce<br />

petit espace de liberté, quand soudain… des<br />

sculptures fantastiques jailliss<strong>en</strong>t ! Combi<strong>en</strong><br />

d’autres secrets la vie organique pourrait-elle<br />

<strong>en</strong>core cacher ? À partir de deux ans.<br />

du 2 au 6 mars<br />

Le Massalia, Marseille<br />

04 95 04 95 70<br />

www.theatremassalia.com<br />

© X-D.R.<br />

© X-D.R<br />

© X-D.R<br />

© Lucas Durey<br />

Les habits neufs...<br />

Un empereur vaniteux souhaite qu’on lui fabrique<br />

un habit extraordinaire qui lui confère le<br />

pouvoir de n’être vu que par les seuls purs<br />

d’esprit et de cœur. Deux serviteurs décid<strong>en</strong>t<br />

de pr<strong>en</strong>dre l’empereur à son propre jeu et de<br />

ne fabriquer que… du vide ! Symbolisés par de<br />

drôles de carafes <strong>en</strong> cristal, les personnages de<br />

la compagnie Graine de Malice dénonc<strong>en</strong>t<br />

avec humour et originalité l’obéissance aveugle<br />

de ces hypocrites au pouvoir <strong>en</strong> place.<br />

Les habits neufs de l’Empereur<br />

du 19 au 21 fév<br />

PôleJeunePublic, Le Revest<br />

04 94 98 12 10<br />

www.polejeunepublic.com<br />

Dans le v<strong>en</strong>tre...<br />

La paille, le bois ou la brique, chacun des trois<br />

petits cochons a construit sa maison à sa façon.<br />

Les danseuses de la cie Didascalie font de<br />

même : à chacune son style mais aussi sa<br />

faiblesse. C’est alors que le loup apparaît,<br />

chamboule leur quotidi<strong>en</strong>, les déstabilise, les<br />

perturbe. Sous son air féroce et inquiétant, il est<br />

peut-être le seul capable de leur donner un<br />

second souffle, voire une nouvelle force. À partir<br />

de 6 ans.<br />

Dans le v<strong>en</strong>tre du loup<br />

du 12 au 13 mars<br />

PôleJeunePublic, Le Revest<br />

04 94 98 12 10<br />

www.polejeunepublic.com<br />

Le Nez dans...<br />

Quatre personnes viv<strong>en</strong>t dans une armoire.<br />

Elles doiv<strong>en</strong>t organiser leur journée, se divertir<br />

et trouver des mom<strong>en</strong>ts d’intimité. Un spectacle<br />

sans parole, où les gestes pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t de l’importance<br />

dans un petit monde qui s’organise comme<br />

le grand. La cie du Dagor donne vie à cet univers<br />

onirique, dans lequel chacun s’épanouit à<br />

sa manière mais aussi <strong>en</strong>semble grâce l’instauration<br />

de rituels… Mais si l’un d’<strong>en</strong>tre eux v<strong>en</strong>ait<br />

à sortir de l’armoire ?<br />

Le Nez dans la serrure<br />

le 5 mars<br />

Le Rocher, La Garde<br />

04 94 08 99 34<br />

www.ville-lagarde.fr<br />

Les souffleurs...<br />

La voix suave de la conteuse Ambre Oz et les<br />

mélodies <strong>en</strong> arabes, <strong>en</strong> hébreu ou <strong>en</strong> bambara<br />

du musici<strong>en</strong> Christophe Lasnier rythm<strong>en</strong>t<br />

avec légèreté et gaieté le surpr<strong>en</strong>ant voyage<br />

d’Alice. La petite fille s’apprête à partir à l’école<br />

lorsqu’elle perd son parapluie. Une mésav<strong>en</strong>ture<br />

qui se transforme <strong>en</strong> une av<strong>en</strong>ture<br />

étourdissante. Le spectateur est emporté dans<br />

cette épopée ponctuée de r<strong>en</strong>contres des plus<br />

extravagantes ! À partir de 6 ans.<br />

Les souffleurs de rêves<br />

du 11 au 14 mars<br />

La Passerelle, Gap<br />

04 92 52 52 52<br />

www.theatre-la-passerelle.eu<br />

© Auréli<strong>en</strong> Marquot<br />

L’avare<br />

Dans cette adaptation libre de la cie Tabola<br />

Rassa, Harpagon ne recherche plus de l’arg<strong>en</strong>t<br />

mais de l’eau. Une comédie où les acteurs<br />

représ<strong>en</strong>tés par des robinets, tubes, tuyaux…<br />

dénonc<strong>en</strong>t avec humour et ingéniosité un<br />

thème aussi grave que la pénurie de ressources<br />

naturelles. Fort de son succès, ce théâtre<br />

d’objet a été joué plus de 500 fois dans le<br />

monde <strong>en</strong>tier par Olivier B<strong>en</strong>oît et Jean-<br />

Baptiste Fontanarosa.<br />

le 12 mars<br />

Théâtre Durance, Château-Arnoux<br />

04 92 64 27 34<br />

www.theatredurance.fr<br />

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Don Quichotte...<br />

Créée au théâtre de Chaillot, la pièce de José<br />

Montalvo revisite la grande tradition burlesque<br />

et offre une version loufoque de Don Quichotte,<br />

décalant le roman de Cervantès dans un univers<br />

urbain où se mêl<strong>en</strong>t théâtre, danses classique et<br />

contemporaine, flam<strong>en</strong>co et hip hop. Le comédi<strong>en</strong><br />

Patrice Thibaud incarne le chevalier errant<br />

rocambolesque, accompagné par treize danseurs<br />

tal<strong>en</strong>tueux dans une fable chorégraphique,<br />

métissée et surréaliste.<br />

Don Quichotte du Trocadéro<br />

du 14 au 16 fév<br />

La Criée, Marseille<br />

04 91 54 70 54<br />

www.theatre-lacriee.com<br />

les 20 et 21 mars<br />

Théâtre de Nîmes<br />

04 66 36 65 10<br />

www.theatred<strong>en</strong>imes.com<br />

Sad Songs<br />

En collaboration avec Marseille Objectif Danse,<br />

les Bernardines accueill<strong>en</strong>t la nouvelle création<br />

pour deux interprètes de et par Thierry Baë,<br />

qui signe égalem<strong>en</strong>t la musique. Avec Corinne<br />

Garcia, pour faire tomber les masques, il dresse<br />

«l’inv<strong>en</strong>taire de l’homme multiple, chargé de<br />

masculin, féminin, viol<strong>en</strong>ce, douceur…» Car<br />

Thierry Baë sait se cacher pour mieux apparaître,<br />

dans le corps des autres, ou juste derrière<br />

eux…<br />

du 14 au 16 fév<br />

Les Bernardines, Marseille<br />

04 91 21 30 40<br />

www.theatre-bernardines.org<br />

© TNC © Jerome Tisserand<br />

Mr et Mme Rêve<br />

Entre réel et virtuel, danse et théâtre, Marie-<br />

Claude Pietragalla et Juli<strong>en</strong> Derouault<br />

s’inspir<strong>en</strong>t de l’œuvre de Ionesco pour un<br />

étrange voyage dans le quotidi<strong>en</strong> absurde d’un<br />

couple. Utilisant comme part<strong>en</strong>aire de scène un<br />

avatar interactif <strong>en</strong> 3D, ils oppos<strong>en</strong>t au monde<br />

théâtral l’évanesc<strong>en</strong>ce du mouvem<strong>en</strong>t. Un<br />

théâtre de danse au cœur de l’irréalité virtuelle.<br />

les 8 et 9 mars<br />

Le Toursky, Marseille<br />

0 820 300 033<br />

www.toursky.org<br />

Parmi nous<br />

Sortie de résid<strong>en</strong>ce de la compagnie Mémoires<br />

Vives qui poursuit son questionnem<strong>en</strong>t sur<br />

les minorités et opprimés avec une nouvelle<br />

pièce chorégraphique hip hop, sur le parcours<br />

de cinq clandestins <strong>en</strong> France. Un hymne à la<br />

diversité, où le corps utilise le geste comme<br />

verbe.<br />

les 8 et 9 mars<br />

Théâtre de l’Olivier, Istres<br />

04 42 56 48 48<br />

www.sc<strong>en</strong>esetcines.fr<br />

© X-D.R.<br />

Solaire<br />

Habitée par les corps <strong>en</strong> mouvem<strong>en</strong>t de la Cie<br />

L’expéri<strong>en</strong>ce Harmaat, la pièce de Fabrice<br />

Lambert explore l’interaction <strong>en</strong>tre int<strong>en</strong>sité<br />

lumineuse, physique, musicale. La lumière, signée<br />

Philippe Gladieux, prolonge le geste pour un<br />

dialogue complexe dans un «espace scénique<br />

aussi malléable que la chair vivante».<br />

le 8 mars<br />

Théâtre d’Arles<br />

04 90 52 51 51<br />

www.theatre-arles.com<br />

© Alain Juli<strong>en</strong><br />

© Pierre Grosbois<br />

© Angela Sterling<br />

Standards<br />

Huit danseurs hip hop compos<strong>en</strong>t une «population»<br />

et s’empar<strong>en</strong>t de la symbolique patriotique<br />

du drapeau tricolore pour tordre les limites des<br />

«territoires imaginaires dans lesquels le poétique<br />

absorbe le politique». Dessinée par le chorégraphe<br />

<strong>en</strong>gagé Pierre Rigal, la pièce pose avec<br />

intellig<strong>en</strong>ce la question du formatage et de<br />

l’uniformisation.<br />

le 12 mars<br />

Théâtre de Cavaillon<br />

04 90 78 64 64<br />

www.theatredecavaillon.com<br />

La cuisine de Pan<br />

Avec la compagnie Chute Libre, la cuisine devi<strong>en</strong>t<br />

lieu du chahut provoqué par six danseurs<br />

hip hop qui mani<strong>en</strong>t contorsions et performances<br />

physiques, assaisonnées de musiques<br />

électro et classique. Un quotidi<strong>en</strong> revisité<br />

appétissant !<br />

le 5 mars<br />

Théâtre de Briançon<br />

04 92 25 52 42<br />

www.theatre-du-brianconnais.eu<br />

Lac<br />

Lac, épure du titre originel, pour la «recréation»<br />

chorégraphique de Jean-Christophe Maillot,<br />

écrite <strong>en</strong> 2011 <strong>en</strong> collaboration avec l’écrivain<br />

Jean Rouaud, dans les décors d’Ernest Pignon-Ernest,<br />

sur la musique du Lac des cygnes.<br />

Mythique, mais «Comm<strong>en</strong>t garder vivant ce<br />

répertoire ?». Tout <strong>en</strong> gardant l’argum<strong>en</strong>t du<br />

ballet, Lacoffre un spectacle aux codes nouveaux,<br />

d’une grande poésie, portée par les merveilleux<br />

danseurs des Ballets de Monte Carlo.<br />

les 16 et 17 fév<br />

Théâtre Le Forum, salle Gounod, Fréjus<br />

04 94 17 73 70<br />

www.agglosc<strong>en</strong>es.com


Micro<br />

Concert rock ? Opéra microscopique ? Créatures<br />

musicales ? La pièce du chorégraphe<br />

performer Pierre Rigal met <strong>en</strong> espace des<br />

«bêtes de scène», emportées par la transe, qui<br />

compos<strong>en</strong>t un corps à corps charnel avec les<br />

instrum<strong>en</strong>ts. Une expéri<strong>en</strong>ce énergique qui<br />

démontre la poésie du rock. En part<strong>en</strong>ariat avec<br />

le Ballet Preljocaj et les ATP d’Aix.<br />

les 7 et 8 mars<br />

Pavillon Noir, Aix<br />

04 42 26 83 98<br />

les 29 et 30 mars<br />

Théatre de Grasse<br />

04 93 40 53 00<br />

www.theatredegrasse.com<br />

Ex Nihilo<br />

En résid<strong>en</strong>ce au KLAP, la compagnie Ex Nihilo<br />

propose au public une «découverte dansée» d’un<br />

travail <strong>en</strong> cours. Jean-Antoine Bigot, chorégraphe<br />

et plastici<strong>en</strong>, accompagné par le danseur<br />

Rolando Rocha, expérim<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t des pistes de<br />

travail sur la relation danse et peinture.<br />

le 15 mars<br />

KLAP, Marseille<br />

04 96 11 11 20<br />

www.kelem<strong>en</strong>is.fr<br />

Junior Ballets<br />

Organisée par la Ville de Cannes et l’école<br />

supérieure de danse de Cannes Rosella Hightower,<br />

la 5e r<strong>en</strong>contre internationale réunit<br />

le CJB (Cannes Jeune Ballet) et d’autres ballets<br />

juniors (Paris, USA, Allemagne) qui vont partager<br />

leur technique, culture et s<strong>en</strong>sibilité pour<br />

découvrir et compr<strong>en</strong>dre les différ<strong>en</strong>ts univers<br />

artistiques et pédagogiques.<br />

du 20 au 23 février<br />

Théâtre de la Licorne, Cannes<br />

04 97 06 44 90<br />

www.madeincannes.com<br />

© Pierre Grosbois<br />

© N. Sternalski<br />

Wu-Wei<br />

Les Quatre Saisons de Vivaldi sont revisitées<br />

par onze acrobates chinois et huit musici<strong>en</strong>s<br />

du Balkan Baroque Band, sous la direction<br />

de l’acrobate Yoann Bourgeois. La traduction<br />

littérale de Wu-Wei, qui est une notion du<br />

taoïsme, serait la «non-action» ; non pas la<br />

passivité, mais la disponibilité qui permet la<br />

fluidité de l’action <strong>en</strong> harmonie. Pour une<br />

véritable chorégraphie circassi<strong>en</strong>ne <strong>en</strong> relation<br />

avec les saisons, dans leurs jaillissem<strong>en</strong>ts et<br />

leurs att<strong>en</strong>tes.<br />

le 9 mars<br />

Le Carré, Sainte-Maxime<br />

04 94 56 77 77<br />

www.carreleongaumont.com<br />

le 22 juin<br />

Châteauvallon, Ollioules<br />

04 94 22 02 02<br />

www.chateauvallon.com<br />

Un point c’est tout<br />

La culture numérique peut tisser des li<strong>en</strong>s avec<br />

la création vivante. Un point de départ simple,<br />

un fond noir, un point blanc, deux «confér<strong>en</strong>ciers»,<br />

Adri<strong>en</strong> Mondot et Claire Bardainne.<br />

Entre les spécialistes des formes virtuelles, avec<br />

son logiciel eMotion et la plastici<strong>en</strong>ne, se fonde<br />

un véritable show multimédia, où tablettes<br />

numériques et capteurs s<strong>en</strong>soriels construis<strong>en</strong>t<br />

un univers virtuel. De l’art ? sans conteste, qui<br />

se découvre une nouvelle <strong>en</strong>fance, dans ce<br />

jonglage résolum<strong>en</strong>t contemporain.<br />

le 16 fév<br />

Théâtre Liberté, Toulon<br />

04 98 00 56 76<br />

www.theatre-liberte.fr<br />

Sirène<br />

La cie Att<strong>en</strong>tion Fragile, Gilles Cailleau à sa tête,<br />

revisite la vie de Dalida, la faisant naitre «de<br />

l’éclosion d’une caravane, un jour de mars tout<br />

juste après-midi, pour annoncer la fin de l’hiver<br />

et le début des paillettes […]» Pour accompagner<br />

cette naissance une girafe, une petite fille<br />

dresseuse de vieillards, un coiffeur réducteur<br />

de tête…<br />

le 6 mars à 12h<br />

Parvis de l’Opéra, Marseille<br />

04 91 03 81 28<br />

www.lieuxpublics.com<br />

© Cie Yohann Bourgeois


30<br />

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USIQUE<br />

Roux véniti<strong>en</strong><br />

Les Sonates de l’opus 2 de Vivaldi par<br />

l’<strong>en</strong>semble Baroques-Graffiti (dir. Jean-Paul<br />

Serra)<br />

AIX. Le 14 fév à 12h30 et 18h30.<br />

Musée des Tapisseries<br />

06 79 71 56 50 www.baroquesgraffiti.com/<br />

MARSEILLE. Le 15 fév à 18h & 20h30.<br />

Villa Magalone<br />

04 91 39 28 28 www.citemusique-marseille.com<br />

Mille et une nuits<br />

Les mille et une nuits © Nathaniel Baruch<br />

Un long voyage à la découverte de l’ori<strong>en</strong>t<br />

onirique de la belle Shéhérazade… Les<br />

premières traductions françaises de ces contes<br />

remontant au début du XVIII e siècle, Louise<br />

Moaty ancre son spectacle dans un décor<br />

baroque résonant au clavecin, flûtes et violes<br />

de l’<strong>en</strong>semble La Rêveuse et des musiques de<br />

Lully, Marin Marais, Rameau ou Charp<strong>en</strong>tier…<br />

AIX. Les 14 et 15 fév à 19h. Théâtre du Jeu de<br />

Paume<br />

08 2013 2013 www.lestheatres.net<br />

5 e de Mahler<br />

La Symphonie et son fameux Adagietto, magnifié<br />

par les plans de Visconti, est dirigée par<br />

Mikko Franck, l’un des meilleurs jeunes chefs<br />

actuels, <strong>en</strong> remplacem<strong>en</strong>t de Myung Whun<br />

Chung (souffrant) à la tête de l’Orchestre<br />

Philharmonique de Radio-France.<br />

AIX. Le 15 fév à 20h30. Grand Théâtre de Prov<strong>en</strong>ce<br />

08 2013 2013 www.lestheatres.net<br />

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L’Arlési<strong>en</strong>ne<br />

La musique de Bizet, Marche des Rois ou Farandole,<br />

expliquée aux bambins et dirigée par<br />

Frédéric Lodéon au pupitre de l’Orchestre<br />

Philharmonique de Radio-France.<br />

AIX. Le 16 fév à 11h. Grand Théâtre de Prov<strong>en</strong>ce<br />

08 2013 2013 www.lestheatres.net<br />

Cinq voix<br />

Un nouvel <strong>en</strong>semble vocal : Bénédicte Pereira<br />

(soprano), Madeleine Webb (mezzo), Daniel<br />

Marinelli (contre-ténor), Luc Default (ténor)<br />

et Hervé Audoli (basse), accompagnés par<br />

Frédéric Isoletta (continuo) dans de beaux<br />

Madrigaux de Monteverdi et Gesualdo…<br />

Entrée libre… comme la participation aux frais.<br />

MARSEILLE. Le 16 fév à 16h. Temple Grignan<br />

Musique municipale<br />

L’Harmonie municipale d’Aubagne invite<br />

des élèves du Conservatoire à les rejoindre<br />

pour un concert dirigé par Alain Négrel.<br />

AUBAGNE. Le 17 fév à 17h. Théâtre Comoedia<br />

04 42 18 19 88 www.aubagne.fr<br />

Quintettes à v<strong>en</strong>t<br />

7 e édition du Concours H<strong>en</strong>ri Tomasi organisé<br />

par l’Institut des Instrum<strong>en</strong>ts à V<strong>en</strong>t de<br />

Marseille et la Cité de la Musique.<br />

MARSEILLE. Du 18 au 22 fév. Villa Magalone<br />

Remise des prix et concert des lauréats<br />

le 23 fév à 14h30<br />

04 91 39 28 28 www.citemusique-marseille.com<br />

04 91 39 29 02 http://ifiv-marseille.blogspot.fr<br />

Tremplin jeunes<br />

chanteurs<br />

Participation de lauréats des principaux concours<br />

nationaux et internationaux de chant.<br />

AVIGNON. Le 19 fév à 20h30. Opéra<br />

Entrée libre sur réservation au 04 90 82 81 40<br />

www.opera-avignon.fr<br />

De Dowland à Solano<br />

Un trio, musici<strong>en</strong>s issus de l’<strong>en</strong>semble C Barré,<br />

Thomas Keck (guitare), Vinc<strong>en</strong>t Beer-Demander<br />

(mandoline) et Eva Debonne (harpe) travers<strong>en</strong>t<br />

les siècles aux sons de leurs cordes pincées…<br />

MARSEILLE. Le 20 fév à 20h. Salle Musicatreize<br />

04 91 00 91 31 www.musicatreize.org<br />

Roland de Lassus<br />

L’<strong>en</strong>semble Concerto Soave dirigé par Jean-<br />

Marc Aymes interprète Prophéties des Sibylles,<br />

Motets et Chansons du maître de la R<strong>en</strong>aissance.<br />

MARSEILLE. Le 22 fév à 20h. Salle Musicatreize<br />

04 91 00 91 31 www.musicatreize.org<br />

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10 e de Chosta<br />

Après les représ<strong>en</strong>tations d’Elektra (voir p20),<br />

c’est l’Orchestre Philharmonique de<br />

Marseille (dir. Pinchas Steinberg) qui occupe<br />

le plateau de l’Opéra pour la Symphonie n°10<br />

de Chostakovitch, jouée après la mort de<br />

Staline <strong>en</strong> 1953 et dans laquelle d’aucuns<br />

trouv<strong>en</strong>t des allusions figurative à l’oppression<br />

et la fin du dictateur.<br />

MARSEILLE. Le 23 fév à 20h. Opéra<br />

04 91 55 11 10 http://opera.marseille.fr<br />

Un soir de réveillon<br />

Une charmante opérette exhumée du Marseillais<br />

Raoul Moretti, musici<strong>en</strong> qui connut dans<br />

les années 30 une gloire comparable à celle<br />

de Vinc<strong>en</strong>t Scotto.<br />

MARSEILLE. Les 23 et 24 fév à 14h30.<br />

Théâtre de l’Odéon<br />

04 96 12 52 70 www.marseille.fr<br />

R<strong>en</strong>contre à l’Alcazar avec les chanteurs<br />

et les g<strong>en</strong>s de scène<br />

Le 16 fév à 17h. Salle de confér<strong>en</strong>ce<br />

04 91 55 90 00 www.bmvr.marseille.fr<br />

Laur<strong>en</strong>t Naouri<br />

Le baryton français propose un beau programme<br />

autour des mélodies de Ravel et Ibert<br />

dédiées au mythe de Don Quichotte. Avec<br />

aussi Rachmaninov et Poul<strong>en</strong>c (Calligramme).<br />

El<strong>en</strong>a Filonova l’accompagne au piano.<br />

ARLES. Le 3 mars à 11h. Méjan<br />

04 90 49 56 78 www.lemejan.com<br />

Laur<strong>en</strong>t Naouri © X-D.R<br />

Alcazar Memories<br />

Paul Lay (piano), Isabel Sörling (chant) et<br />

Simon Tailleu se souvi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t des belles<br />

heures du musical-hall à Marseille, autour de<br />

répertoires et standards de jazz <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dus à<br />

l’Alcazar, mâtinés de compositions originales.<br />

En part<strong>en</strong>ariat avec Marseille Concerts.<br />

MARSEILLE. Le 5 mars à 20h. La Criée<br />

04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com


32<br />

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E<br />

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USIQUE<br />

Wieder-Atherton<br />

Sonia Wieder-Atherton © Mondino<br />

La grande Sonia propose davantage que des<br />

récitals pour violoncelle ! Si l’artiste mêle, à<br />

fleur de cordes, Aperghis à Bach, Schumann à<br />

Granados ou Krawczyk, c’est pour chanter <strong>en</strong>core<br />

les musiques de la terre et la mer, du v<strong>en</strong>t<br />

et des peuples, leurs croyances, Dieux, cris et<br />

pleurs… Après ses beaux Chants Juifs et Chants<br />

d’Est, elle pose son archet sur la scène aixoise<br />

pour une création Odyssée pour violoncelle et<br />

chœur imaginaire, rehaussée d’une scénographie<br />

(Romain Pellas) toute de sable et de pierres.<br />

Enrobé d’une bande-son (Franck Rossi), son<br />

instrum<strong>en</strong>t, suave et profond, chante la Méditerranée,<br />

matrice chaleureuse et poignante<br />

des refrains égypti<strong>en</strong>, berbère, byzantin, corse,<br />

syri<strong>en</strong>, andalou…<br />

AIX. Du 5 au 7 mars à 20h30. Théâtre du Jeu de Paume<br />

08 2013 2013 www.lestheatres.net<br />

Mars <strong>en</strong> baroque<br />

Un évènem<strong>en</strong>t musical att<strong>en</strong>du au printemps<br />

depuis une douzaine d’années à Marseille !<br />

De beaux concerts (voir p 9), mais aussi des confér<strong>en</strong>ces<br />

très prisées à l’image de celles à<br />

l’Alcazar sur L’Opéra itali<strong>en</strong> par Patrick Barbier<br />

(le 5 mars à 17h. Salle de confér<strong>en</strong>ce) et<br />

sur les Peintres et musici<strong>en</strong>s pré-baroques<br />

par Marie-Paul Vial (le 9 mars à 17h. Salle de<br />

confér<strong>en</strong>ce). En prés<strong>en</strong>ce des musici<strong>en</strong>s de<br />

Concerto Soave et Jean-Marc Aymes aux claviers,<br />

des chanteurs du CNIPAL… Pour joindre<br />

les sons à la parole !<br />

MARSEILLE. Du 5 au 26 mars Concerto Soave<br />

04 91 90 93 75 www.concerto-soave.com<br />

L’Alcazar : 04 91 55 90 00 www.bmvr.marseille.fr<br />

Mozart/Schubert<br />

Laur<strong>en</strong>ce Equilbey dirige son nouvel Insula<br />

Orchestra qui joue sur instrum<strong>en</strong>ts classicoromantiques.<br />

Au programme la 5 e symphonie de<br />

Schubert ou le fameux 23 e concerto mozarti<strong>en</strong><br />

avec Kristian Bezuid<strong>en</strong>hout au pianoforte.<br />

AIX. Le 7 mars à 20h30.<br />

Grand Théâtre de Prov<strong>en</strong>ce<br />

08 2013 2013 www.lestheatres.net<br />

D’une lune à l’autre<br />

L’<strong>en</strong>semble contemporain Yin dans un dialogue<br />

musical et poétique fait de croisem<strong>en</strong>ts<br />

et correspondances qui travers<strong>en</strong>t l’ailleurs et<br />

le temps…<br />

Entrée libre MARSEILLE. Le 7 mars à 20h30.<br />

Auditorium Cité de la Musique<br />

04 91 39 28 28 www.citemusique-marseille.com<br />

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Fantôme<br />

«…un léger roulem<strong>en</strong>t, et sur la peau t<strong>en</strong>due<br />

qu’est notre tympan»… B<strong>en</strong>jamin Dupé visite le<br />

thème littéraire d’Orphée au moy<strong>en</strong> d’une composition<br />

musicale pour sons électroniques. Le<br />

spectateur/auditeur est immergé dans un espace<br />

acoustique mêlant voix et instrum<strong>en</strong>ts<br />

mécaniques, objets sonores <strong>en</strong> mouvem<strong>en</strong>t<br />

dans un cocon de sons et lumières. Comme dans<br />

une boîte à illusions, le sable pr<strong>en</strong>d l’empreinte<br />

des pas, des objets s’<strong>en</strong>cl<strong>en</strong>ch<strong>en</strong>t, et les sons<br />

<strong>en</strong>registrés mêl<strong>en</strong>t leurs sons au trouble des<br />

objets fantômes…<br />

À découvrir dès 12 ans (plusieurs séances par<br />

jour dont scolaires) !<br />

MARSEILLE. Du 7 au 13 mars. Théâtre du Merlan<br />

04 91 11 19 20 www.merlan.org<br />

© Agnès Mellon<br />

Thomas Leleu<br />

L’Orchestre Philharmonique de Marseille a<br />

la chance de posséder <strong>en</strong> ses rangs (on espère<br />

pour longtemps !) un tubiste de génie qui r<strong>en</strong>d<br />

grâce et puissance, swing et fantaisie virtuose<br />

au pachyderme des cuivres. Du haut de ses 25<br />

ans, Thomas Leleu sort du rang (comme il le<br />

fait de plus <strong>en</strong> plus depuis sa «Victoire de la<br />

Musique» <strong>en</strong> 2012) pour une création mondiale,<br />

commande de la Ville de Marseille à<br />

John Galliano : Fables of Tuba. Le tubiste joue<br />

égalem<strong>en</strong>t une pièce concertante pour son<br />

instrum<strong>en</strong>t : Converg<strong>en</strong>ces de Jean-Philippe<br />

Vanbeselaere, dans un programme qui affiche<br />

la 2 e symphonie de Sibelius (dir. Tarcisio Barreto<br />

Ceballos).<br />

MARSEILLE. Le 8 mars à 20h.<br />

Auditorium du Pharo<br />

04 91 55 11 10 http://opera.marseille.fr<br />

R<strong>en</strong>contre à l’Alcazar avec Thomas Leleu<br />

autour des deux œuvres pour tuba de Galliano<br />

et Vanbeselaere. Le 23 fév 2013 à 14h.<br />

Salle de confér<strong>en</strong>ce<br />

04 91 55 90 00 www.bmvr.marseille.fr<br />

Thomas Leleu © X-D.R<br />

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Boquet & Jousselin<br />

Pascale Boquet (luth) et Catherine Jousselin<br />

(soprano) : Du mignard Luth - fantaisies,<br />

chansons et danses françaises et itali<strong>en</strong>nes de<br />

la R<strong>en</strong>aissance.<br />

BAUX-DE-PROVENCE.<br />

Le 24 fév à 16h30. La Citerne<br />

04 95 04 30 28 www.cieh<strong>en</strong>riagnel.com<br />

Follies<br />

Né à 1930 à New York, Steph<strong>en</strong> Sondheim est<br />

une star outre-Atlantique. En France, le<br />

compositeur/l ibrettiste est peu connu, hors<br />

quelques aficionados du g<strong>en</strong>re. Le cinéaste<br />

Alain Resnais est de ceux-là : il fit appel à lui<br />

<strong>en</strong> 1974 pour la B.O. de Stavisky. Les curieux<br />

auront peut-être observé que la majeure partie<br />

des épisodes de Desperate Housewives<br />

emprunt<strong>en</strong>t leur titre à ses chansons… C’est<br />

Oscar Hammerstein (The sound of music) qui<br />

pr<strong>en</strong>d le jeune Steph<strong>en</strong> sous sa protection et<br />

lui ouvre les portes de Broadway. Tout avait<br />

comm<strong>en</strong>cé pour Sondheim par un succès<br />

planétaire, puisqu’il avait signe les «lyrics» de<br />

West Side Story (1957) sur lesquelles Leonard<br />

Bernstein imagina ses mélodies inoubliables...<br />

Les succès s’<strong>en</strong>chaîn<strong>en</strong>t <strong>en</strong>suite, de Gypsy<br />

(1959) à Follies (1971), joyau de la comédie<br />

musicale américaine mettant <strong>en</strong> scène une<br />

troupe de music-hall et ses souv<strong>en</strong>irs lors<br />

d’une dernière soirée dans un théâtre <strong>en</strong><br />

démolition… On y chante, on y danse, on y rit<br />

et pleure : du grand spectacle pour une<br />

création <strong>en</strong> France (mise <strong>en</strong> scène Olivier<br />

Bénézech), à l’image de A little night music<br />

(1973) ou Swe<strong>en</strong>ey todd (1979) joués pour la<br />

première fois à Paris au Châtelet <strong>en</strong>… 2010<br />

et 2012 !<br />

TOULON. Les 8, 9 mars à 20h<br />

et le 10 mars à 14h. Opéra<br />

04 94 92 70 78 www.operadetoulon.fr<br />

Et pour s’initier…<br />

Une compilation (inédite jusqu’<strong>en</strong> 2010) de près de<br />

80 titres de Sondheim est parue chez Sony music<br />

dans un Coffret 4 CD 82796-94255-2<br />

L’Histoire de Babar<br />

Autour de l’œuvre de Poul<strong>en</strong>c et de La Boite à<br />

joujoux de Debussy… pour les chouchous, dès<br />

4 ans ! Avec Laur<strong>en</strong>ce Ferrari (récitante),<br />

R<strong>en</strong>aud Capuçon (violon) et Jérôme Ducros<br />

(piano).<br />

AIX. Le 9 mars à 15h et 19h.<br />

Théâtre du Jeu de Paume<br />

08 2013 2013 www.lestheatres.net<br />

Trio d’anches<br />

Jean-Claude Latil (hautbois), Didier Gueirard<br />

(clarinette) et Frédéric Baron (Basson)<br />

compos<strong>en</strong>t un programme alliant quelques<br />

classiques de Mozart et Beethov<strong>en</strong> à des Trios<br />

d’anches, fleurons de la musique française<br />

signés de Sauguet, Ibert ou le Concert<br />

Champêtre de Tomasi (voir p 49).<br />

MARSEILLE. Le 9 mars à 17h. Foyer Opéra<br />

04 91 55 11 10 http://opera.marseille.fr


34<br />

A<br />

U<br />

P<br />

R<br />

O<br />

GR<br />

A<br />

M<br />

M<br />

E<br />

M<br />

USIQUE<br />

«Apér’Opéra»<br />

Récital des jeunes chanteurs du CNIPAL.<br />

AVIGNON. Le 9 mars à 17h. Foyer Opéra<br />

04 90 82 42 42<br />

www.opera-avignon.fr<br />

Musicatreize<br />

Invité aux Matins sonnants de l’Opéra de<br />

Marseille et du GMEM, le chœur dirigé par<br />

Roland Hayrabedian mixe ses voix à un<br />

dispositif sonore électronique pour des pièces<br />

d’Alexandros Markeas et Zad Moultaka (Cadavres<br />

exquis).<br />

MARSEILLE. Le 10 mars à 11h.<br />

Foyer Opéra<br />

Réservation GMEM 04 96 20 <strong>60</strong> 10<br />

© Guy Vivi<strong>en</strong><br />

L’Heure exquise<br />

Reprise par la Troupe Lyrique Méditerrané<strong>en</strong>ne<br />

de leur florilège «déjanté» d’airs d’opéras<br />

et d’opérettes, imaginé autour de l’histoire de<br />

«trois amis voleurs, mais g<strong>en</strong>tlem<strong>en</strong>» qui s’invit<strong>en</strong>t<br />

chez un marquis pour commettre leurs<br />

larcins… et séduire des belles !<br />

EGUIERES. Le 10 mars à 15h.<br />

Théâtre Gr<strong>en</strong>ier de l’Alcazar<br />

06 <strong>60</strong> 36 99 09<br />

www.troupe-lyrique.com<br />

Le pianiste<br />

aux 50 doigts<br />

Les moy<strong>en</strong>s pianistiques de Georges Cziffra<br />

étai<strong>en</strong>t exceptionnels ; «paranormaux» disai<strong>en</strong>t<br />

certains… Et la vie de ce Hongrois est un véritable<br />

roman qui témoigne d’une histoire à la<br />

fois intime et générale du XX e siècle. Pascal<br />

Amoyel, fleuron du piano français, lui r<strong>en</strong>d<br />

hommage et se souvi<strong>en</strong>t de l’homme et artiste<br />

qu’il connut adolesc<strong>en</strong>t dans un spectacle, où<br />

il mêle récit et musique, mis <strong>en</strong> scène de<br />

Christian Fromont.<br />

AUBAGNE. Le 10 mars à 17h.<br />

Théâtre Comoedia<br />

04 42 18 19 88<br />

www.aubagne.fr<br />

Orgue<br />

B<strong>en</strong>oit Dumon joue Bach et ses prédécesseurs.<br />

CASSSIS. Le 10 mars à 17h30. Eglise St-Michel<br />

06 09 24 16 52<br />

//////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////<br />

Quatuor Parisii<br />

Les fameuses cordes françaises interprèt<strong>en</strong>t<br />

les Quatuors de Debussy et Franck ainsi que<br />

celui du Marseillais Georges Bœuf.<br />

MARSEILLE. Le 12 mars à 20h.<br />

Auditorium de la faculté de médecine<br />

www.musiquedechambremarseille.org<br />

Espace Culture<br />

04 96 11 04 <strong>60</strong><br />

Bernard d’Ascoli<br />

Séance de rattrapage pour ceux qui ont<br />

manqué le beau programme du pianiste à la<br />

SMCM, autour du thème de l’eau (Debussy,<br />

Ravel, Schubert, Liszt, Chopin). Un formidable<br />

musici<strong>en</strong> issu de notre région !<br />

CARRY. Le 12 mars à 20h30.<br />

Espace Fernandel<br />

04 42 44 64 01<br />

www.mom<strong>en</strong>ts-musicaux-de-carry.fr<br />

Mozart à Paris<br />

Baroques-Graffiti : Sharman Plesner<br />

(violon), Anne-Garance Fabre dit Garrus<br />

(violoncelle) et Jean-Paul Serra (clavecin)<br />

pour des Sonates parisi<strong>en</strong>nes.<br />

MARSEILLE. Le 13 mars à 15h<br />

(<strong>en</strong>fants sur réservation dgac-jeunessealcazarbmvr@mairie-marseille.fr)<br />

et 17h (adultes)<br />

L’Alcazar. Entrée libre.<br />

04 91 55 90 00 www.bmvr.marseille.fr<br />

AIX. Le 14 mars à 12h30 et 18h30.<br />

Musée des Tapisseries<br />

06 79 71 56 50<br />

www.baroquesgraffiti.com/<br />

MARSEILLE. Le 15 mars à 18h & 20h30.<br />

Villa Magalone<br />

04 91 39 28 28<br />

www.citemusique-marseille.com<br />

Baroques-Graffiti © X-D.R<br />

Alexandros Markeas<br />

L’<strong>en</strong>semble Musicatreize dirigé par Roland<br />

Hayrabedian prés<strong>en</strong>te un programme vocal<br />

autour du compositeur.<br />

MARSEILLE. Le 13 mars à 20h.<br />

Salle Musicatreize<br />

04 91 00 91 31<br />

www.musicatreize.org<br />

//////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////<br />

Bertrand Chamayou<br />

Le pianiste français joue le Concerto<br />

«L’Empereur» de Beethov<strong>en</strong> <strong>en</strong> compagnie de<br />

l’Orchestre Symphonique de l’Opéra de<br />

Toulon (dir. Giuliano Carella) qui interprète<br />

égalem<strong>en</strong>t Fauré (Suite Masques et<br />

Bergamasques) et Hindemith (Symphonie<br />

«Mathis le Peintre»).<br />

TOULON. Le 14 mars à 20h30. Opéra<br />

04 94 92 70 78<br />

www.operadetoulon.fr<br />

L’heure du Thé<br />

Récital des jeunes chanteurs du CNIPAL.<br />

MARSEILLE. Les 14 et 15 mars à 17h15.<br />

Foyer Opéra<br />

Entrée libre dans la limite des places disponibles.<br />

Réservation au 04 91 18 43 18<br />

La trahison orale<br />

© Pierre Gondard<br />

Une pièce mythique de théâtre musical,<br />

signée Mauricio Kagel, d’après les Evangiles du<br />

Diable (fables, prières, formules magiques,<br />

contes populaires recueillis par Claude<br />

Seignolle), une scénographie d’Hubert Colas,<br />

Bernard Bloch (récitant) et des musici<strong>en</strong>s<br />

emm<strong>en</strong>és par Jean-Marc Montera et ses<br />

infernales cordes pincées…<br />

MARSEILLE. Les 14 et 15 mars à 20h30.<br />

Théâtre du Gymnase<br />

08 2013 2013<br />

www.lestheatres.net<br />

04 91 04 69 59<br />

www.grim-marseille.com<br />

L’Ospedale<br />

immaginario<br />

Ce «concert privé» donné par l’<strong>en</strong>semble<br />

baroque Les Bijoux Indiscrets (dir. Claire<br />

Bodin) nous transporte à V<strong>en</strong>ise au temps où<br />

les établissem<strong>en</strong>ts, hospices pour jeunes filles,<br />

résonnai<strong>en</strong>t aux musiques de Porpora,<br />

Vivaldi… Un voyage au cœur d’une histoire<br />

fantasmée avec la comédi<strong>en</strong>ne Véronique<br />

Dimicoli, dans le cadre du festival Prés<strong>en</strong>ces<br />

Féminines.<br />

TOULON. Le 15 mars à 20h30.<br />

Théâtre Liberté<br />

04 98 00 56 76<br />

www.theatre-liberte.fr


Les ecrans du Pavillon M © Chris Bourgue<br />

Pavillon M<br />

tous les jours de 10h à 19h<br />

accès libre<br />

www.pavillon-m.com<br />

Le Pavillon ? On M !<br />

Sur la place Bargemon, le Pavillon M se prés<strong>en</strong>te<br />

comme la vitrine de la Ville de Marseille et de la<br />

programmation de Marseille Prov<strong>en</strong>ce 2013. Un grand<br />

«M» l’annonce, <strong>en</strong>touré de cette forme hexagonale<br />

typique des tomettes de terre rouge chères aux<br />

Marseillais. Armature <strong>en</strong> bois et parois transpar<strong>en</strong>tes,<br />

la structure scénographiée par Philippe Malta valorise<br />

les 3000 m 2 du bâtim<strong>en</strong>t, qui dessine comme une<br />

vague éphémère.<br />

À l’intérieur, on est accueilli par les rideaux de perles de<br />

bois pare-mouches astucieusem<strong>en</strong>t peints par Natalia<br />

Bikir, puis images et vidéos anim<strong>en</strong>t l’espace. Tout<br />

d’abord un mur d’eau de 30m de long sur le thème des<br />

7 merveilles de Marseille. Le visiteur peut décl<strong>en</strong>cher<br />

à chaque étape des petits films sur le territoire. Belle<br />

<strong>en</strong>trée <strong>en</strong> matière pour d’autres découvertes au niveau<br />

inférieur. D’abord une fresque <strong>en</strong> mapping vidéo<br />

prés<strong>en</strong>te <strong>en</strong> 12 étapes les mutations de la ville de 2<strong>60</strong>0<br />

avant J-C à 2016 ! Puis dans l’hémicycle un écran<br />

<strong>en</strong> triptyque de 120 m 2 propose un parcours dans<br />

les transformations urbaines de Marseille sur la musique<br />

conquérante de la Symphonie du Nouveau monde de<br />

Dvorak. À la sortie un chemin, construit par les œuvres<br />

Entre-mer, <strong>en</strong>tre-terre de l’artiste Chantal Viroulaud et<br />

les caissons lumineux de Jean-Christophe Lett, guide<br />

les amateurs de cuisine pour lesquels des anonymes<br />

livr<strong>en</strong>t sous forme d’hologrammes plusieurs recettes<br />

traditionnelles locales. Plus loin, touristes et marseillais<br />

s’intéress<strong>en</strong>t aux vidéos des archives de l’INA sur le<br />

patrimoine historique et culturel de la ville ;<br />

on peut y voir, <strong>en</strong>tre autres, la destruction définitive<br />

du Pont Transbordeur <strong>en</strong> 1945. L’accès est ouvert<br />

à tous puisqu’un système vidéo pour malvoyants<br />

et mal<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dants a été mis <strong>en</strong> place, et qu’un<br />

asc<strong>en</strong>seur relie les deux niveaux.<br />

Encore un cliché participatif ? Des opératrices pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t<br />

des photos des volontaires de profil, pour que Talma<br />

Rideau de perles de bois peint par Natalia Bikir © Chris Bourgue<br />

les reproduise <strong>en</strong> une fresque d’acier Tous 2013 qui<br />

sera installée le 31 décembre. Les têtes de tout<br />

un chacun s’affich<strong>en</strong>t <strong>en</strong> guise de propos…<br />

Faites plutôt un tour dans l’espace réservé aux différ<strong>en</strong>ts<br />

Musées de Marseille, qui changeront régulièrem<strong>en</strong>t<br />

les pièces exposées, de même que de nouveaux<br />

artistes occuperont les cimaises tous les mois. À ne<br />

rater sous aucun prétexte : les quatre cabines olfactives<br />

de Stéphan Muntaner dans lesquelles, installé sur un<br />

grand fauteuil, on peut <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre les cris des goélands,<br />

les bruits de la ville, et respirer ses parfums de pastis<br />

ou de lavande.<br />

À prolonger et partager !<br />

À l’étage supérieur la salle Grand‘Rue a accueilli <strong>en</strong><br />

janvier le Conseil régional ; <strong>en</strong> février c’est le tour de<br />

la Chambre de commerce ; suivront les villes d’Arles et<br />

Aubagne, le Conseil général, MPM... Chaque collectivité<br />

mettra <strong>en</strong> avant ses atouts et ses projets. L’Office du<br />

Tourisme y r<strong>en</strong>seigne aussi le public, proposant conseils<br />

et réservations. Durant toute l’année des r<strong>en</strong>contres<br />

avec les artistes, les organisateurs des manifestations<br />

artistiques, des mini-spectacles et des animations sur<br />

la place ponctueront les journées. Un aspect de<br />

médiation et de facilitation souligné par Olivier Gineste<br />

(directeur de la Communication de la Ville) qui lors du<br />

lancem<strong>en</strong>t a insisté sur le rôle moteur de ce pavillon.<br />

On déplore d’autant plus son aspect éphémère !<br />

le Pavillon M ne désemplit pas ! Les touristes et les<br />

marseillais s’y press<strong>en</strong>t, s’attard<strong>en</strong>t pour s’inscrire aux<br />

expositions et aux spectacles de Cirque <strong>en</strong> capitales,<br />

littéralem<strong>en</strong>t pris d’assaut ! La demande débordante<br />

risque de faire beaucoup de déçus, qui resteront à la<br />

porte. Une solution ? prolonger la vie du Pavillon M<br />

et de MP2013… ou multiplier <strong>en</strong>core les propositions !<br />

CHRIS BOURGUE ET ANNE-LYSE RENAUT<br />

II


© Carolle B<strong>en</strong>itah<br />

L’Atelier du Large est gratuit<br />

et ouvert 7 jours sur 7<br />

de 12h à 18h<br />

1 er épisode jusqu’au 18 mai,<br />

reprise le 11 octobre<br />

J1, Marseille<br />

04 91 88 25 13<br />

www.mp2013.fr<br />

Pr<strong>en</strong>dre le large<br />

Arriver au J1, c’est déjà pr<strong>en</strong>dre le large : à gauche<br />

comme à droite sont amarrés les plus gros ferries du<br />

port, notamm<strong>en</strong>t le Bonaparte récemm<strong>en</strong>t remis à flots,<br />

et derrière c’est la mer, à perte de vue. L’Atelier du large<br />

a judicieusem<strong>en</strong>t été installé là où les visiteurs de<br />

l’exposition Méditerranées croiseront les convives des<br />

Grandes Tables, dans un espace privilégié, lumineux,<br />

hospitalier, ouvert sur la grande baie de Marseille.<br />

Selon Nathalie Cabrera, Chargée de mission Actions de<br />

participation citoy<strong>en</strong>ne au sein de MP2013, l’objectif<br />

était «le plus de brassage public possible», le pari<br />

«travailler sur le commun : trouver ce qui peut intéresser<br />

tout le monde». Et ils ont été m<strong>en</strong>és à bi<strong>en</strong> : le week<strong>en</strong>d,<br />

on se bouscule aux ateliers de Fotokino, et les trois<br />

galeries d’exposition attir<strong>en</strong>t énormém<strong>en</strong>t de monde.<br />

À l’<strong>en</strong>trée, une cabine de photomaton arg<strong>en</strong>tique est<br />

temporairem<strong>en</strong>t hors d’usage, après avoir été prise<br />

d’assaut : 2 € les quatre photos <strong>en</strong> noir et blanc qualité<br />

supérieure, c’est autre chose qu’un cliché blafard pris au<br />

néon par un appareil numérique ! Juste à côté, la visite<br />

comm<strong>en</strong>ce par les dessins d’<strong>en</strong>fants de la Galerie des<br />

Quais, piochés dans l’énorme fonds d’archive de<br />

l’association Arts et Développem<strong>en</strong>t. Mises <strong>en</strong> valeur<br />

par un remarquable travail d’<strong>en</strong>cadrem<strong>en</strong>t (celui de Guy<br />

Charbonnier, de l’atelier Art 7 à Sète), les oeuvres<br />

ret<strong>en</strong>ues par Vanessa Notley sont surpr<strong>en</strong>antes,<br />

et ne détonnerai<strong>en</strong>t pas dans un salon d’art<br />

contemporain. Le 19 février, elles seront remplacées<br />

par une autre exposition, consacrée au patrimoine gitan,<br />

réalisée <strong>en</strong> part<strong>en</strong>ariat avec le Museon Arlat<strong>en</strong>.<br />

Un peu plus loin, une salle de projection qui diffuse des<br />

vidéos d’archives : Joseph Camusso a filmé Marseille<br />

dans les années 50, et tout l’amour qu’il portait à sa ville<br />

vous saute aujourd’hui aux yeux avec la même fraîcheur.<br />

Mais la part belle est réservée à la photographie,<br />

«la forme artistique la mieux partagée» selon Nathalie<br />

Cabrera. La Galerie des Chercheurs de midi expose<br />

les images collectées depuis avril 2012 sur le site de<br />

MP2013 : pour l’heure, c’est la série Paysages (là où<br />

l’on vit), puis ce sera celle des Usages (comm<strong>en</strong>t on vit),<br />

et <strong>en</strong>fin les Personnages (avec qui l’on vit). <strong>60</strong>00 clichés<br />

ont déjà été réunis, et l’on peut <strong>en</strong>core participer<br />

jusqu’<strong>en</strong> mai <strong>en</strong> <strong>en</strong>voyant ses photographies préférées,<br />

datées, titrées et lég<strong>en</strong>dées. Sur les murs, une<br />

mosaïque colorée, à dominante de bleu : «Un bateau<br />

au bout de la rue… c’est vraim<strong>en</strong>t ce que je ress<strong>en</strong>s de<br />

cette ville. On peut <strong>en</strong>trer dans ce projet de différ<strong>en</strong>tes<br />

manières, sans hiérarchie. Il y a des aspects presque<br />

savants (le travail sur la série par exemple), et d’autres<br />

très familiers, comme le mur de couchers de soleil,<br />

ou le fait de pouvoir repérer l’<strong>en</strong>droit où l’on habite<br />

sur une imm<strong>en</strong>se fresque urbaine.»<br />

En toute fin de parcours, 5 plastici<strong>en</strong>s ont étudié<br />

la photographie de famille jusqu’à <strong>en</strong> extraire le meilleur<br />

et le pire des li<strong>en</strong>s du sang. C’est l’exposition Se/ce<br />

souv<strong>en</strong>ir de la Galerie La Jetée, où se côtoi<strong>en</strong>t les destins<br />

factices de Sylvie Meunier, et les troublantes broderies<br />

rouges sur tirage sépia de Carolle B<strong>en</strong>itah.<br />

Voilà bi<strong>en</strong> notre Méditerranée, dont la lumière est<br />

soulignée par la part d’ombre.<br />

GAËLLE CLOAREC<br />

Cadavres exquis, Suite<br />

méditerrané<strong>en</strong>ne<br />

jusqu’au 13 avril<br />

Musée Granet, Aix-<strong>en</strong>-Prov<strong>en</strong>ce<br />

04 42 52 88 32<br />

www.museegranetaix<strong>en</strong>prov<strong>en</strong>ce.fr<br />

Le paradis perdu de la Méditerranée<br />

Chaque artiste invité au musée Granet a apporté un peu<br />

de sa culture, de son vécu et de son histoire, et la petite<br />

musique de la Suite méditerrané<strong>en</strong>ne n’<strong>en</strong> finit pas de<br />

trotter dans la tête. Il faut dire que la partition a été<br />

composée par 15 artistes de 14 pays de<br />

l’euroméditerranée et qu’elle a des airs de Cadavres<br />

exquis…<br />

L’exposition aixoise réussit à instaurer un dialogue<br />

collectif tout <strong>en</strong> révélant des id<strong>en</strong>tités uniques. Chaque<br />

œuvre est le reflet du vivre <strong>en</strong>semble dans une<br />

Méditerranée convulsive. La plus déstabilisante est sans<br />

doute celle composée par Sigalit Landau (Israël) : dans<br />

sa vidéo de la cueillette des olives, conçue comme une<br />

sorte d«’intifada d’olives» ou de «guerre ess<strong>en</strong>tielle», elle<br />

fait passer le chant pastoral pour un bombardem<strong>en</strong>t !<br />

L’agitation des arbres secoués par les gaules, les fruits<br />

tombant au sol, le moteur des machines agricoles, les<br />

gestes répétitifs des hommes ; le rythme de l’image<br />

s’accélère, le bruit devi<strong>en</strong>t clameur assourdissante.<br />

C’est Apocalypse now !<br />

La sculpture de Diana Al-Hadid (Syrie) fait trembler les<br />

murs de la tour de Babel <strong>en</strong> creusant ses parois comme<br />

une ruche, la forme évoquant une vision apocalyptique<br />

de l’Arche de Noé. À moins qu’il ne s’agisse de<br />

l’annonce «d’une chute funeste pour le destin humain» ?<br />

Pour dire la viol<strong>en</strong>ce historique, Ilias Poulos (Ouzbekistan)<br />

a choisi la monum<strong>en</strong>talité de la fresque photographique<br />

et la fragm<strong>en</strong>tation des visages des belligérants de la<br />

guerre civile grecque au l<strong>en</strong>demain de la deuxième<br />

Guerre mondiale. Juxtaposition d’images éclatées <strong>en</strong><br />

mille morceaux qui, comme une mise <strong>en</strong> pièces de la<br />

réalité, signifi<strong>en</strong>t que tout peut arriver…<br />

L’installation-vidéo de Lia Lapithi (Chypre) est d’une autre<br />

tonalité, légère et s<strong>en</strong>suelle, c’est un tableau vivant placé<br />

sous le signe d’Aphrodite. Au cours d’un banquetperformance<br />

filmé et reconstitué in situ, 17 femmes sont<br />

assemblées autour de l’artiste pour évoquer, <strong>en</strong>tre deux<br />

mets, les délices de l’amour et de la jouissance. L’amour<br />

IV


Murmures des murs...<br />

C’est un champ de ruines. Elles jonch<strong>en</strong>t le sol du<br />

C<strong>en</strong>tre de la Vieille Charité dans un ordonnancem<strong>en</strong>t<br />

strict : ce sont les vestiges de l’histoire grecque et<br />

romaine photographiés <strong>en</strong>tre 1991 et 2012 par Josef<br />

Koudelka, Prix Robert Capa <strong>en</strong> 1969 pour ses photos du<br />

Printemps de Prague. Après Exils, La mission<br />

photographique de la Datar, La mission Transmanche,<br />

le Triangle noir sur les mines de Charbon <strong>en</strong> Europe<br />

c<strong>en</strong>trale, le photographe tchèque s’est lancé dans<br />

une exploration des paysages sans commune mesure,<br />

sillonnant 19 pays du pourtour méditerrané<strong>en</strong> et plus de<br />

100 sites archéologiques. Syracuse, Pétra, Delphes,<br />

Athènes, Pompéi, Volubilis pour les plus connus...<br />

une «épopée» physique (Josef Koudelka arp<strong>en</strong>te<br />

les sites déserts de l’aube à la tombée du jour),<br />

géographique et historique dont les traces<br />

photographiques sont exemplaires. Transc<strong>en</strong>dés par<br />

son viseur, les pierres ont une âme, les arêtes érodées<br />

ont une histoire, le souffle de la vie disparue glisse <strong>en</strong>tre<br />

les colonnes disjointes et les chapiteaux écornés.<br />

Les ruines devi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t une stupéfiante scène de théâtre<br />

à ciel ouvert où les ombres et les lumières jou<strong>en</strong>t<br />

à cache-cache. «C’est une transfiguration des<br />

décombres <strong>en</strong> espérances» pour Bernard Latarjet,<br />

commissaire de l’exposition. En aucun cas archéologue,<br />

Koudelka se déf<strong>en</strong>d de faire des photos d’architecture,<br />

d’archéologie ou des photos docum<strong>en</strong>taires.<br />

Car son travail est ailleurs, dans la quête du paysage,<br />

de son histoire, dans la captation d’une disparition<br />

de l’homme inexorable…<br />

La sobriété de la muséographie colle parfaitem<strong>en</strong>t avec<br />

la monum<strong>en</strong>talité majestueuse des ruines, avec<br />

les formats des photographies souv<strong>en</strong>t étirées<br />

à l´horizontale comme pour pousser les limites du cadre<br />

et nous donner à imaginer l’invisible. Une impression<br />

redoublée lorsque l’on découvre le très bel ouvrage écrit<br />

par Koudelka et Erri De Luca, Théâtre du temps, déplié<br />

comme un accordéon sans fin.<br />

MARIE GODFRIN-GUIDICELLI<br />

Delphes, Grece, 1991<br />

© Josef Koudelka,<br />

Magnum Photos<br />

Vestiges 1991-2012<br />

Koudelka<br />

<strong>en</strong> écho à l’exposition Le<br />

trésor des Marseillais<br />

Jusqu’au 15 avril<br />

La Vieille Charité, Marseille<br />

04 91 14 59 18<br />

www.culture.marseille.fr<br />

Sigalit Landau, Soil Nursing, 2012 © Sigalit Landau<br />

ici fait li<strong>en</strong> <strong>en</strong>tre les générations et les cultures.<br />

Le phrasé musical de Fabrizio Corneli (Italie) emprunte au<br />

clapotis aquatique sa couleur bleue pour nous faire<br />

franchir une frontière invisible ; scénographie allégorique<br />

faite d’ombres spectrales instables, monde<br />

dématérialisé et muet avec lequel nous devrons<br />

composer…<br />

Avec Bouchra Ouizgu<strong>en</strong> (Maroc), c’est la musique du<br />

corps qui se fait lancinante. Déjà plébiscitée pour<br />

Madame Plaza, la chorégraphe apparait cette fois «dure<br />

comme la pierre du désert» dans lequel elle s’est laissé<br />

filmer. Sa performance place le spectateur au cœur de<br />

son <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t créatif : «là où s’origine le geste».<br />

Ainsi va l’exposition qui, note après note, fait <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre<br />

tous les points de vue, tandis que le catalogue fait<br />

circuler la parole des écrivains, poètes, philosophes,<br />

ethnologues, chercheurs et psychanalystes pour que<br />

le jeu du Cadavres exquis se poursuive.<br />

MARIE GODFRIN-GUIDICELLI<br />

V


© Claude Lorin-<strong>Zibeline</strong><br />

Les Bouches-du-Rhône.<br />

Agnès Varda<br />

jusqu’au 17 mars<br />

Galerie d’art du conseil général,<br />

Aix<br />

www.mp2013.fr<br />

www.cg13.fr<br />

VI<br />

Agnès par hasard<br />

«C’est la vie de patachon !»<br />

C’est sur ces mots qu’Agnès Varda nous a quittés,<br />

s’embarquant dans un vélo-taxi pour suivre le parcours<br />

d’art contemporain. Après deux heures de conversation<br />

à bâtons rompus p<strong>en</strong>dant lesquelles elle a parlé <strong>en</strong> toute<br />

simplicité de son travail, de ses choix artistiques, du rôle<br />

du hasard et de la r<strong>en</strong>contre.<br />

«J’aime cette galerie du cours Mirabeau : les expositions<br />

y sont gratuites. C’est sympathique de p<strong>en</strong>ser qu’on<br />

peut y rev<strong>en</strong>ir, revoir une œuvre qu’on aime. Il y a eu<br />

7000 visiteurs <strong>en</strong> 10 jours !»<br />

Dès les premiers pas dans l’exposition on <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d La<br />

Marche des rois mages de Bizet et on voit, projetées,<br />

des images aéri<strong>en</strong>nes du Rhône sur lesquelles<br />

apparaiss<strong>en</strong>t puis s’évanouiss<strong>en</strong>t des bouches roses,<br />

telles des pétales flottant au fil de l’eau, qui chant<strong>en</strong>t.<br />

«Ce ne sont pas que des bouches féminines, précise<br />

Agnès Varda, 50 % sont des bouches d’hommes, dont<br />

deux de mes petits-fils ; je voulais des bouches bi<strong>en</strong><br />

dessinées, pas comme les mi<strong>en</strong>nes qui ne sont qu’un<br />

trait… Au mom<strong>en</strong>t où Véronique (Traquandi,<br />

commissaire de l’exposition ndlr) m’a proposé<br />

d’exposer les Bouches-du-Rhône, je me suis dit qu’il<br />

n’y avait qu’à mettre des bouches dans le Rhône.»<br />

Derrière cette littéralité, d’appar<strong>en</strong>ce simpliste, se<br />

cach<strong>en</strong>t les principes mêmes du travail d’Agnès Varda : la<br />

r<strong>en</strong>contre, le temps, le souv<strong>en</strong>ir, le hasard, les chaînes<br />

analogiques qu’ils constitu<strong>en</strong>t <strong>en</strong>semble. Ainsi La<br />

Marche des Rois qui vi<strong>en</strong>t de son aïeule marseillaise est<br />

interprétée par une chorale de La Ciotat où elle a aussi<br />

photographié un groupe de g<strong>en</strong>s sur le quai de la gare,<br />

clin d’œil bi<strong>en</strong> sûr au film de Louis Lumière. Ses choix de<br />

lieux de photo procèd<strong>en</strong>t du même principe de plaisir.<br />

«À Paris, j’ai acheté une dizaine de cartes de Marseille et<br />

avec mon crayon j’ai <strong>en</strong>touré les noms qui me plaisai<strong>en</strong>t,<br />

La Rose, La Pomme, Le Cabot, Le Panier… Des noms<br />

rigolos non ? Je me suis r<strong>en</strong>due sur place avec des<br />

roses, des pommes. Je trouvais des g<strong>en</strong>s à qui je<br />

proposais d’<strong>en</strong>trer dans mon projet. Regardez, ces<br />

jeunes au métro La Rose, ils reflèt<strong>en</strong>t la diversité de<br />

Marseille. Ils sont beaux. C’est un groupe éphémère,<br />

juste les g<strong>en</strong>s qui se trouvai<strong>en</strong>t là à ce mom<strong>en</strong>t précis<br />

mais tout ce qui rassemble, regroupe, est intéressant.»<br />

Dans le triptyque Amélie et les majorettes une photo<br />

arg<strong>en</strong>tique <strong>en</strong> noir et blanc est <strong>en</strong>cadrée de 2mn30<br />

d’images <strong>en</strong> couleur, un portrait à volets vidéo repr<strong>en</strong>ant<br />

le dispositif <strong>en</strong>trepris à Sète <strong>en</strong> 2011. Le spectateur est<br />

placé dans un <strong>en</strong>tre-deux image fixe/image mobile,<br />

cinéma/photographie, où toute image devi<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>ir,<br />

tout souv<strong>en</strong>ir se fixe, dans des temporalités différ<strong>en</strong>tes,<br />

introduisant du passé partout, démultipliant les niveaux<br />

de narration. Un deuxième triptyque, Achille et Paris du<br />

Cirque Phocé<strong>en</strong>, est le fruit du hasard.<br />

«Je suis tombée sur ce cirque à Plan de campagne et<br />

j’ai été très touchée par le travail de ces jeunes, qui<br />

s’appliquai<strong>en</strong>t. Ils font partie du spectacle et ont<br />

consci<strong>en</strong>ce qu’ils le font bi<strong>en</strong>.»<br />

C’est aussi le hasard qui avait am<strong>en</strong>é Agnès Varda, <strong>en</strong><br />

reportage <strong>en</strong> 1956 à la Cité radieuse, à capter l’instant<br />

décisif cher à Cartier-Bresson sur la terrasse du<br />

Corbusier.<br />

«C’était comme si les g<strong>en</strong>s se mettai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> place. Ces<br />

personnages m’intriguai<strong>en</strong>t. Je me suis souv<strong>en</strong>t<br />

demandée qui étai<strong>en</strong>t ces g<strong>en</strong>s et ce qui s’était passé<br />

avant et après.»<br />

Ce questionnem<strong>en</strong>t donne naissance <strong>en</strong> 2007 à un petit<br />

film : dans un décor ressemblant à celui de la photo, les<br />

six personnages d’autrefois agiss<strong>en</strong>t. «Mais ri<strong>en</strong> n’est<br />

certain. On pourrait imaginer d’autres sc<strong>en</strong>arios Ce qui<br />

est important, c’est de savoir que c’est l’imagination qui<br />

gouverne, pour celui qui regarde aussi.»<br />

Elle est retournée au Corbusier <strong>en</strong> 2012, y a r<strong>en</strong>contré<br />

par hasard des femmes qui pr<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t un café sur la<br />

terrasse ; leur a proposé de se rassembler et les a<br />

photographiées.<br />

«…plantées comme des santons, citoy<strong>en</strong>nes radieuses<br />

sur la terrasse de la Cité radieuse.»<br />

56 ans plus tard il s’agit toujours pour la cinéasteplastici<strong>en</strong>ne<br />

d’aller à la r<strong>en</strong>contre des autres, faire <strong>en</strong><br />

sorte que la vie quotidi<strong>en</strong>ne devi<strong>en</strong>ne tout à tour<br />

théâtrale, poétique, merveilleuse, amusante… <strong>en</strong> toute<br />

simplicité, sur les plages du temps.<br />

ANNIE GAVA ET CLAUDE LORIN<br />

© Annie Gava


L’odyssée de Nicolas Rubinstein<br />

Le Projet Télémachus de Nicolas Rubinstein est la<br />

première escale varoise de l’itinéraire d’art contemporain<br />

Ulysses conçu par le Frac Paca. Une figure odyssé<strong>en</strong>ne<br />

qui l’a <strong>en</strong>thousiasmé mais dont il a préféré le fils,<br />

Télémaque, resté dans l’ombre du héros, ce père<br />

abs<strong>en</strong>t... «Je me s<strong>en</strong>s très proche de Télémaque»<br />

confesse l’artiste qui a imaginé un projet grandiose <strong>en</strong><br />

trois temps et trois salles comme pour symboliser les<br />

âges de la vie, les passages à l’état adulte. «Il faut que<br />

Télémaque abandonne l’histoire de ses par<strong>en</strong>ts pour<br />

démarrer la si<strong>en</strong>ne, il faut qu’il quitte sa mère et Ithaque»<br />

explique Nicolas Rubinstein dont la proposition plastique<br />

dépasse l’illustration du thème d’Ulysse pour opérer des<br />

questionnem<strong>en</strong>ts contemporains sur l’hérédité, la<br />

mémoire, la transmission du malheur, la construction de<br />

soi, l’appr<strong>en</strong>tissage. Et l’abs<strong>en</strong>ce du père. Des thèmes<br />

déjà prégnants dans son œuvre qui pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t ici la forme<br />

d’une scénographie spectaculaire, burlesque et<br />

inquiétante.<br />

Le parcours est initiatique, métaphorique et<br />

autobiographique ; il débute par une série de dessins de<br />

cerveaux ailés et de têtes de mort, dont un sur son<br />

installation avec l’inscription : «Y’a pas Ulysse, hélas !<br />

C’est là qu’est l’os...». Le plafond de la deuxième salle<br />

est prisonnier d’une structure <strong>en</strong> résille rouge, toile<br />

d’araignée géante d’où s’échapp<strong>en</strong>t des cerveaux<br />

susp<strong>en</strong>dus à un fil. Tandis qu’une horde de cerveaux à<br />

queue de souris se répand sur le sol, certains év<strong>en</strong>trant<br />

de vieilles valises et un piano à queue. Dans la dernière<br />

salle, <strong>en</strong>cerclant quatre colonnes, la résille rouge<br />

emprisonne un cerveau géant et deux mâchoires de<br />

requin, seuls «vestiges» d’une matière qu’il affectionne<br />

particulièrem<strong>en</strong>t, l’os, «choisi comme symbole de vie et<br />

de mémoire», longtemps la base de son vocabulaire. À<br />

chaque fois la sculpture dévore l’espace, la première par<br />

fragm<strong>en</strong>tation, la seconde par obstruction, et impose<br />

au visiteur un déplacem<strong>en</strong>t, un contournem<strong>en</strong>t : il lui<br />

faut lever les yeux au ciel, faire att<strong>en</strong>tion où poser ses<br />

pas, différ<strong>en</strong>cier ses points de vue.<br />

Bref, vivre son propre voyage.<br />

MARIE GODFRIN-GUIDICELLI<br />

Nicolas Rubinstein,<br />

Le projet Telemachus, 2012<br />

© Nicolas Rubinstein<br />

jusqu’au 14 avril<br />

C<strong>en</strong>tre d’art Sébasti<strong>en</strong>,<br />

St-Cyr-sur-Mer<br />

04 94 26 19 20<br />

www.saintcyrsurmer.fr/sebasti<strong>en</strong><br />

Politique de la chaise vide<br />

L’installation de Barthélémy Toguo, dont l’œuvre<br />

est reconnue pour la dénonciation des<br />

atteintes faites aux migrants, constitue une des<br />

étapes du projet Ulysses conçu par le FRAC<br />

PACA. L’artiste propose dans la continuité de<br />

Road to exil ou Climbing down, une version<br />

remaniée et augm<strong>en</strong>tée de Redemption<br />

(Manchester, 2012) pour la chapelle arlési<strong>en</strong>ne.<br />

Nous retrouvons deux grandes chaises<br />

géantes (<strong>en</strong> bois exotique), des accumulations<br />

de baluchons, des tampons de bois brut<br />

surdim<strong>en</strong>sionnés (gravés <strong>en</strong> creux et à<br />

l’<strong>en</strong>vers) auxquels s’ajout<strong>en</strong>t une bonne<br />

c<strong>en</strong>taine de chaises et des tables <strong>en</strong> pin<br />

naturel made in Ikéa (Sainte Anne est patronne<br />

des m<strong>en</strong>uisiers). Une multitude d’impressions<br />

issues de ces tampons sur papier blanc<br />

recouvrant les murs des bas-côtés délivr<strong>en</strong>t<br />

différ<strong>en</strong>ts messages ou formules<br />

administratives. Dominant, le duo de chaises<br />

inaccessibles pour le commun inflige une<br />

hiérarchisation avec le parterre labyrinthique.<br />

Le dispositif suggère un trio symbolique sur les<br />

<strong>en</strong>jeux <strong>en</strong>tre pouvoir, sacré et fonction sociale :<br />

chaises(foule) / chaires(prêtre) / trônes(roi) mais<br />

peuplé de criantes abs<strong>en</strong>ces. Vide d’âmes,<br />

l’église au culte désaffecté semble éluder son<br />

rôle de refuge aux déshérités.<br />

Si on attribue volontiers une portée universelle<br />

à l’œuvre de Toguo, on se demande<br />

finalem<strong>en</strong>t qui est dépossédé dans cette<br />

chapelle réaffectée désormais à la culture.<br />

Le migrant ou le visiteur ? Un indice peut-être :<br />

l’unique tampon lisible à l’<strong>en</strong>droit est dédié<br />

la figure artistique locale considérée comme<br />

ins<strong>en</strong>sée, exclue de la communauté de<br />

l’époque, mutilée par désespoir et aujourd’hui<br />

aubaine de l’industrie culturelle. Van Gogh’s<br />

ear has be<strong>en</strong> found out révèle Toguo<br />

cyniquem<strong>en</strong>t. Bonne nouvelle <strong>en</strong>vers l’émigré<br />

à la recherche d’un refuge artistique idéal ?<br />

On peut trouver une réponse dans Des<br />

hommes viv<strong>en</strong>t ici (voir p 46), peut être.<br />

CLAUDE LORIN<br />

Dérive(s)<br />

jusqu’au 10 mars<br />

Chapelle Sainte Anne, Arles<br />

04 90 49 39 85<br />

www.fracpaca.org<br />

Barthélémy Toguo, Dérive(s), installation,<br />

châpelle Sainte Anne, Arles, projet Ulysses<br />

FRAC PACA 2013. Vue partielle.<br />

© photo C. Lorin-<strong>Zibeline</strong><br />

VII


Dans tout le territoire le premier temps fort spectaculaire<br />

de MP2013 remporte un succès dépassant les att<strong>en</strong>tes :<br />

Cirque <strong>en</strong> capitales surpr<strong>en</strong>d et séduit<br />

Tricot suédois<br />

Le 26 janvier, lors de la dernière représ<strong>en</strong>tation<br />

de knitting peace, une création de la<br />

compagnie suédoise Cirkus Cirkör, le CREAC<br />

affiche complet.<br />

P<strong>en</strong>dant que le public s’installe, une jeune fille<br />

mi-elfe, mi-page, toute de blanc vêtue, tricote<br />

avec ses bras, du coton. Les mailles se<br />

form<strong>en</strong>t, la pelote se dévide jusqu’au bout.<br />

Puis d’un geste rapide, son travail fini, la<br />

tricoteuse tire un fil, dénouant le maillage qui<br />

coule sur le sol. La lumière a baissé. Le rideau<br />

se lève. Le spectacle comm<strong>en</strong>ce.<br />

Époustouflant !<br />

P<strong>en</strong>dant une heure et demie, les corps des<br />

acrobates vont s’inscrire dans un dispositif qui<br />

se fait et se défait, sans jamais lâcher le fil<br />

d’une métaphore visuelle se déclinant avec<br />

virtuosité. Cordon ombilical qu’on sort du<br />

v<strong>en</strong>tre des poupées de laine, fils qui se<br />

crois<strong>en</strong>t, se nou<strong>en</strong>t, se tord<strong>en</strong>t, fil de<br />

funambule dev<strong>en</strong>ant archet de violon, résillesréseaux,<br />

boucles qui se d<strong>en</strong>sifi<strong>en</strong>t dans des<br />

drapés-jungles où se susp<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t les<br />

trapézistes, cocons géants qui les<br />

accouch<strong>en</strong>t. Pelotes-mondes qui roul<strong>en</strong>t sous<br />

le pas dansant des félins équilibristes ou se<br />

font nids-carapaces. Corde frémissante de<br />

l’échelle dont les nœuds se dénou<strong>en</strong>t au fur et<br />

à mesure que l’acrobate la gravit. Chaque<br />

tableau inv<strong>en</strong>te une écriture nouvelle de mailles<br />

et de lignes qui s’effac<strong>en</strong>t ou se combin<strong>en</strong>t.<br />

Fragilité, force du li<strong>en</strong>. À l’arrière de la scène,<br />

au milieu des voilages et des tombés de laine,<br />

une tour noire, du haut de laquelle un barde<br />

mène la danse frottant, grattant les cordes de<br />

ses instrum<strong>en</strong>ts, frappant les touches d’un<br />

xylophone. Rock celtique qui emballe la<br />

chorégraphie ou chant profond pénétrant<br />

toutes les fibres des tricots. Quelques taches<br />

de rouge dans la douceur du camaïeu de<br />

blancs apparaiss<strong>en</strong>t dans la dernière partie du<br />

spectacle. Incarnation ? En voix off on <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d<br />

les réponses de g<strong>en</strong>s interrogés sur leurs<br />

aspirations. Tricoter la paix <strong>en</strong>semble et<br />

donner le meilleur d’eux-mêmes sembl<strong>en</strong>t être<br />

parmi celles majeures de ces artistes qui à la<br />

fin de la représ<strong>en</strong>tation lanc<strong>en</strong>t aux<br />

spectateurs une longue écharpe, hommage<br />

de laine à la paix, au pati<strong>en</strong>t ouvrage qui ti<strong>en</strong>t<br />

chaud et r<strong>en</strong>d heureux<br />

ELISE PADOVANI<br />

cie cirkus cirkor kintting peace © Johan Stomberg<br />

Prés<strong>en</strong>té du 24 au 27 janvier<br />

à l’Espace chapiteau<br />

des Sablettes, La Seyne,<br />

Le bal des intouchables<br />

sera joué du 9 au 23 février<br />

au Parc Chanot, Marseille,<br />

dans le cadre<br />

de la programmation<br />

du Gymnase<br />

Dernières nouvelles des Colporteurs<br />

Au bal des intouchables, seuls les artistes dans<strong>en</strong>t. On<br />

reste au bord du tapis avec des fourmis plein les jambes…<br />

Le propos est sincère et la technique saisissante ! Mais la<br />

succession de mini performances poétiques, qui<br />

<strong>en</strong>trecrois<strong>en</strong>t habilem<strong>en</strong>t cirque, théâtre et musique, reste<br />

à l’état de puzzle, et le spectacle, à la première, laissait<br />

<strong>en</strong>trevoir sa fragilité. Est-ce sa dim<strong>en</strong>sion trop personnelle<br />

qui plaque Icare au sol et nous empêche de voler avec lui ?<br />

Immobilisé dans un fauteuil roulant depuis un accid<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />

2000, Antoine Rigot, co-fondateur de la compagnie Les<br />

Colporteurs avec Agathe Olivier, convoque ici la peinture de<br />

Bacon (la beauté et la force des corps aux visages mutilés)<br />

et le roman de Beckett (Le Dépeupleur) pour questionner<br />

le handicap, la marche, l’exclusion. Au cœur de l’arène,<br />

seul au milieu des corps <strong>en</strong> mouvem<strong>en</strong>t, quelle place<br />

reste-t-il à l’humain rejeté à la marge ? Marionnette ou<br />

pantin, il lui faut réappr<strong>en</strong>dre à lever les pieds, à se mettre<br />

debout quand il ne sait plus que danser avec sa chaise...<br />

Heureusem<strong>en</strong>t l’humour dédramatise la situation, comme<br />

les échappées belles de la jeune troupe de fildeféristes,<br />

danseurs-acrobates, trapézistes et musici<strong>en</strong>s-funambules<br />

qui l’accompagn<strong>en</strong>t dans son appr<strong>en</strong>tissage, sous les<br />

Le bal des intouchables, Les Colporteurs © JP Estournet<br />

moqueries parfois. Dans le chapiteau aux allures de cage<br />

aux oiseaux, les voltigeurs-colporteurs parvi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t à nous<br />

faire décoller, dans les derniers tableaux vivants<br />

qui serr<strong>en</strong>t le cœur et brouill<strong>en</strong>t les yeux.<br />

MARIE GODFRIN-GUIDICELLI<br />

VIII


Point de susp<strong>en</strong>sion<br />

Charmant ce circus tour in the city dans les traces de<br />

l’éléphant rose du Merlan ! Trois lieux élus pour la<br />

sol<strong>en</strong>nité de leur portique dorique et leur poids<br />

d’imaginaire social marseillais : de l’amphithéâtre des<br />

Sci<strong>en</strong>ces Naturelles de la Fac Saint Charles (1911) à la<br />

Société Marseillaise de Crédit (1865) <strong>en</strong> passant par le<br />

Temple de la rue Grignan (1825), le cirque va se nicher<br />

loin des tremblants chapiteaux ! Être assis dos bi<strong>en</strong> droit<br />

sur les banquettes dures de l’université r<strong>en</strong>d plus<br />

int<strong>en</strong>ses les révélations sur la «jubilation» promises par la<br />

confér<strong>en</strong>ce-empêchée (g<strong>en</strong>re plaisant fondé sur la<br />

déception !) conçue et m<strong>en</strong>ée par Camille Boitel qui<br />

réinv<strong>en</strong>te le duo de clowns pour l’occasion avec<br />

comparse muet et vampirisé. Bi<strong>en</strong> sûr on rit : parodique,<br />

satirique et surtout boulimique tant le plaisir semble être<br />

du côté de ceux qui font rire !<br />

Cap sur l’Eglise Réformée et la soupe de l<strong>en</strong>tilles,<br />

réconfort des av<strong>en</strong>turiers desc<strong>en</strong>dus depuis la gare :<br />

devant le grand crucifix blanc qui se détache du mur,<br />

Chloé Moglia prés<strong>en</strong>te son corps découvert (ceci est<br />

mon...) susp<strong>en</strong>du par la t<strong>en</strong>sion <strong>en</strong> force de ses<br />

muscles, t<strong>en</strong>dons et autres parties nerveuses dans des<br />

postures ins<strong>en</strong>sées : écorchée <strong>en</strong>core vive, temps<br />

arrêté, à la limite du déboîtem<strong>en</strong>t comme les omoplates<br />

que l’on surveille avec anxiété, sil<strong>en</strong>ce troué de sons<br />

métalliques, espace m<strong>en</strong>tal <strong>en</strong> cours d’élaboration...<br />

extrêmem<strong>en</strong>t troublant d’autant que le visage paisible et<br />

même rayonnant nie toute souffrance ! Chloé Moglia<br />

inv<strong>en</strong>terait-elle le Saint-Supplici<strong>en</strong> ?<br />

Dernière station : la majestueuse verrière de la SMC<br />

dont la hauteur donne la mesure du portique qui y est<br />

dressé. Ce qui se passe au ras du sol n’est pas visible<br />

au delà du 3 e rang et donc il n’<strong>en</strong> sera pas r<strong>en</strong>du<br />

compte ! Ils sont deux (au diable l’embryon d’histoire et<br />

l’illustration musicale de Nevcheherlian) et c’est lorsqu’ils<br />

font simplem<strong>en</strong>t duo que le spectaculaire se double<br />

vraim<strong>en</strong>t d’émotion : la prouesse physique des artistes<br />

coupe le souffle littéralem<strong>en</strong>t au trapèze utilisé comme<br />

piste d’<strong>en</strong>vol, au mât arp<strong>en</strong>té avec l’assurance de<br />

l’horizontalité ou dans la roue Cyr où les corps gliss<strong>en</strong>t,<br />

se pli<strong>en</strong>t et emport<strong>en</strong>t l’espace avec eux... Ils s’appell<strong>en</strong>t<br />

Le Flaouter et Maillot ; leur compagnie est basée à La<br />

Réunion et ils sont très beaux.<br />

Le Merlan proposait aussi <strong>en</strong> sa salle de revoir<br />

L’Immédiat, spectacle créé <strong>en</strong> ses murs par la bande à<br />

Boitel, qui depuis a fait le tour des scènes europé<strong>en</strong>nes<br />

et a donné son nom à la compagnie. Tout s’y écroule<br />

toujours avec autant d’incroyable frénésie, chaque appui<br />

s’effondrant dès qu’on y touche, les corps échappant à<br />

la pesanteur et les objets se dérobant. Hilarant,<br />

inquiétant aussi… La pénombre et l’incroyable foutoir<br />

qui <strong>en</strong>vahit la scène appar<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t la bande de clowns<br />

acrobates à des marginaux célestes. Quelques<br />

numéros, qui ne cherch<strong>en</strong>t pas à se faire applaudir,<br />

rest<strong>en</strong>t hallucinants… d’autres ont un peu perdu <strong>en</strong><br />

rythme. Qu’importe, une nouvelle forme est là,<br />

indéniablem<strong>en</strong>t.<br />

MARIE JO DHO ET AGNÈS FRESCHEL<br />

© Pierre Thep<strong>en</strong>ier<br />

L’Immédiat s’est joué<br />

du 29 au 31 janvier,<br />

Circus Tour in the City<br />

a été proposé du 1 er<br />

au 3 février par Le Merlan,<br />

Marseille<br />

Drôle d’Eros<br />

La démarche de Cahin-caha est intéressante, et réussie par<br />

<strong>en</strong>droits : Rose veut «oser l’Eros» et emprunte très largem<strong>en</strong>t<br />

ses numéros au cabaret de même couleur, cherchant une forme<br />

hybride qui revigore le numéro de cirque ; ainsi Gulko transforme<br />

Monsieur Loyal <strong>en</strong> m<strong>en</strong>eur de revue, qui sait cep<strong>en</strong>dant jouer<br />

du fouet comme un jongleur ; Pierre Glottin exécute de brillants<br />

exercices d’équilibre, masochistes, au-dessus d’une planche<br />

à clou ; et les deux cordélistes, Fanny Austry et Manuelle Haeringer,<br />

jou<strong>en</strong>t de leur nudité sans abandonner la virtuosité de leur art :<br />

leurs numéros de corde gémellaire, de corde volante, de tissu<br />

aéri<strong>en</strong>, sont épatants. Mais érotiques ? Le strip-tease sur un<br />

trapèze ballant donne le frisson du risque quand elle lâche la<br />

corde pour faire passer les manches… mais demeure fort peu<br />

s<strong>en</strong>suel ! Les corps de cirque dans l’effort, transpirants,<br />

musculeux et souffrants, ne font pas frissonner de désir…<br />

Du coup l’Eros ici n’est que l’évocation de la sexualité, plus<br />

ou moins zoophile, exhibitionniste ou sadique, et non l’éveil<br />

du plaisir. Peut-être des lumières, une musique, des décors<br />

et costumes plus soignés permettrai<strong>en</strong>t-ils l’esthétisation<br />

nécessaire au propos ? Tel quel, Rose relève de la pochade,<br />

tal<strong>en</strong>tueuse et inatt<strong>en</strong>due, mais n’inv<strong>en</strong>te pas tout à fait<br />

un cirque érotique.<br />

AGNÈS FRESCHEL<br />

Rose a été créé au CREAC,<br />

Marseille du 7 au 11 février<br />

Rose,<br />

cie Cahin Cahan<br />

© JP Estournet<br />

IX


Le sil<strong>en</strong>ce du monde, installation magique,<br />

compagnie Monstre(s) © Eti<strong>en</strong>ne Saglio<br />

Installer la magie<br />

Dans Le soir des Monstres, Eti<strong>en</strong>ne Saglio<br />

s’était intéressé aux li<strong>en</strong>s <strong>en</strong>tre le cirque et la<br />

magie. Avec Le Sil<strong>en</strong>ce du monde, il réitère et<br />

bouleverse les codes de la magie grâce à une<br />

installation fascinante et surpr<strong>en</strong>ante.<br />

Comm<strong>en</strong>t ? En faisant tout simplem<strong>en</strong>t<br />

disparaître le magici<strong>en</strong> ! Entre magie et arts<br />

plastiques, le jongleur-manipulateur a réussi à<br />

supprimer non seulem<strong>en</strong>t le prés<strong>en</strong>tateur, mais<br />

aussi la scène, les sièges et les coulisses ! La<br />

durée du tour de magie n’apparti<strong>en</strong>t qu’au<br />

spectateur. Dès l’<strong>en</strong>trée dans cette salle<br />

obscure, toutes les barrières <strong>en</strong>tre le réel et la<br />

magie tomb<strong>en</strong>t. Les seuls repères possibles<br />

sont ses petits modules poétiques. Le public<br />

est plongé dans cet univers rempli d’objets<br />

mystérieux, hors du temps et du réel. Sous le<br />

halo de lumière, une cloche de verre<br />

emprisonne une petite forme cotonneuse<br />

jouant avec son ombre, des petites figurines<br />

<strong>en</strong> papier dans<strong>en</strong>t un tango interminable et<br />

des cordes étranges s’<strong>en</strong>trelac<strong>en</strong>t infinim<strong>en</strong>t<br />

tels des serp<strong>en</strong>ts. Le spectateur voyage à son<br />

rythme et <strong>en</strong> toute liberté au milieu de ses<br />

objets ludiques, immobiles ou mobiles, à<br />

l’allure parfois très rapide et parfois très l<strong>en</strong>te.<br />

Le Sil<strong>en</strong>ce du monde invite petits et grands à<br />

vivre une expéri<strong>en</strong>ce unique <strong>en</strong> dans un tout<br />

autre rapport au temps, à l’espace et aux<br />

objets. Magique !<br />

ANNE-LYSE RENAUT<br />

Nouveau souffle<br />

Ils nous cueill<strong>en</strong>t d’<strong>en</strong>trée de jeu, délicatem<strong>en</strong>t,<br />

à l’image de ces ampoules progressivem<strong>en</strong>t<br />

allumées par deux Augustes mystérieux et<br />

sil<strong>en</strong>cieux, qui s’<strong>en</strong> vont délimiter la piste, une<br />

arène pour tout dire, au cœur de laquelle<br />

cirque et théâtre forain vont se confronter.<br />

En scène des artistes hors pair : Titoune,<br />

Bonav<strong>en</strong>ture et Mads du Cirque Trottola et<br />

Nigloo et Branlotin du Petit Théâtre Baraque,<br />

unis par une amitié de longue date et l’<strong>en</strong>vie<br />

de réunir leur univers, burlesque et<br />

expressionniste. Tout dans Matamore<br />

surpr<strong>en</strong>d, de la mise <strong>en</strong> scène des numéros -<br />

portés, clowns, voltige, jonglage- à leur<br />

cont<strong>en</strong>u. Car la complém<strong>en</strong>tarité des artistes<br />

permet une liberté de ton qu’ils déploi<strong>en</strong>t sans<br />

ret<strong>en</strong>ue dans leur tour de piste singulier et<br />

minimaliste : des déclamations incessantes<br />

d’un monsieur Loyal <strong>en</strong>glué dans ses prises<br />

de consci<strong>en</strong>ce peu compréh<strong>en</strong>sibles mais<br />

irrésistibles aux numéros d’équilibre<br />

vertigineux, <strong>en</strong> passant par le jonglage d’un<br />

cow-boy avec ses pistolets, la voltige<br />

maitrisée, toujours gracieuse, de Titoune au<br />

bout des bras de Bonav<strong>en</strong>ture, la scène<br />

drôlissime de clowns grincheux et vieillissants<br />

(ah ! Boudu !)… et des numéros d’une poésie<br />

r<strong>en</strong>versante, comme celui qui fait faire à un<br />

pantin plus vrai que nature des figures sur une<br />

barre fixe manipulée à vue. Enfin, Bonav<strong>en</strong>ture,<br />

Matamore fier et indétrônable, redesc<strong>en</strong>d sur<br />

terre. Et nous avec.<br />

DOMINIQUE MARÇON<br />

Matamore © Yves Glorian<br />

Carnages © J. Hierholzer - C. Raynaud de Lage<br />

X<br />

Pour un nez<br />

Soir après soir, les spectacles de François<br />

Cervantes empliss<strong>en</strong>t la Cartonnerie de la<br />

Friche. Avant d’accéder à la salle, un petit<br />

crochet vers l’armoire ouverte sur la<br />

gauche, bi<strong>en</strong> fournie de docum<strong>en</strong>tation<br />

sur ses précéd<strong>en</strong>tes œuvres, achève de<br />

nous r<strong>en</strong>seigner sur sa popularité. Pour<br />

préparer Le Prince Séquestré, il a travaillé<br />

avec Hassan El Geretly et Boutros Raouf<br />

Boutros-Galhi, tous deux hommes de<br />

théâtre égypti<strong>en</strong>s. Sur scène, une<br />

palissade, un lampadaire, et un plot <strong>en</strong><br />

béton. Se noue <strong>en</strong>tre les acteurs un<br />

dialogue mystérieux c<strong>en</strong>tré sur un 3 e<br />

personnage, et habité par la peur «du<br />

dehors», où l’on <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d de vagues<br />

rumeurs de guerre civile. Avoir une<br />

maison, un abri, un ami, telle est la<br />

grande affaire de ces inadaptés au grand<br />

nez, clowns sans domicile fixe. Entre<br />

fantasme et dures réalités, ri<strong>en</strong> n’est<br />

tranché à la fin de la représ<strong>en</strong>tation. Ce grand dadais à<br />

la voix molle qui <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>t des relations conflictuelles<br />

mais très affectives avec son geôlier figure-t-il un Prince<br />

Séquestré <strong>en</strong> chacun de nous ?<br />

L’appréh<strong>en</strong>sion face au monde extérieur est aussi au<br />

cœur de Carnages, où un théâtre désaffecté accueille<br />

une troupe dépareillée de clowns affreusem<strong>en</strong>t grimés.<br />

Les deux personnages emblématiques de la cie<br />

l’Entreprise sont arrivés là au gré de leurs divagations :<br />

on pr<strong>en</strong>d plaisir à retrouver Arletty (Catherine Germain), sa<br />

démarche inimitable de bambin, et sa façon cavalière de<br />

dominer le pauvre Zig (Dominique Chevallier). Ils font peu<br />

à peu connaissance avec les occupants du lieu,<br />

occasion de scènes jouissives, poursuites et<br />

couinem<strong>en</strong>ts compris, flingue au clair et humour<br />

décapant. Clou de l’action, un chi<strong>en</strong> passe de l’état de<br />

serpillière à celui de bestiole bi<strong>en</strong> vivante, et si la<br />

prestation ne connaissait pas quelques passages un<br />

peu verbeux, on passerait une heure du tonnerre, <strong>en</strong>tre<br />

grincem<strong>en</strong>ts de d<strong>en</strong>ts et franche rigolade.<br />

GAËLLE CLOAREC


Le Sil<strong>en</strong>ce du monde<br />

a été joué du 26 janvier<br />

au 3 février au Théâtre d’Arles<br />

et sera joué du 20 au 23 février<br />

à La Criée, Marseille<br />

Matamore a été joué au<br />

Théâtre d’Arles du 16 au 30<br />

janvier, et s’installe au Théâtre<br />

Massalia, à Marseille, du 9 au<br />

20 février<br />

Carnages est joué jusqu’au<br />

23 février à La Friche, Marseille,<br />

Le Prince séquestré a été joué<br />

du 5 au 10 février à La Friche<br />

Dada<br />

Iconoclaste au possible, la Cie Camille Boitel unie aux<br />

musici<strong>en</strong>s du Surnatural Orchestra, nous <strong>en</strong>traîne dans<br />

un univers déjanté, loufoque, fragile aussi, où la futilité<br />

devi<strong>en</strong>t l’ess<strong>en</strong>tiel. La Machinajouer s’appuie sur un<br />

décor simple, un long parav<strong>en</strong>t jaune, mur sur lequel<br />

sont ménagées portes et trappes placées <strong>en</strong> hauteur ou<br />

au ras du sol comme de larges chatières. Deux<br />

spectateurs sont aux commandes, l’un dirige les<br />

acteurs, l’autre les musici<strong>en</strong>s. Quelques mots simples<br />

anim<strong>en</strong>t les comédi<strong>en</strong>s, «<strong>en</strong>trée», «plus d<strong>en</strong>se»,<br />

«beauté», «sommeil»… la liste est longue ! le résultat<br />

souv<strong>en</strong>t désopilant est toujours original.<br />

Dans un esprit tout aussi<br />

irrévér<strong>en</strong>cieux, le Cabaret<br />

Calamiteux : «Ne v<strong>en</strong>ez<br />

pas, par pitié ne v<strong>en</strong>ez<br />

pas !» lance la lettre<br />

d’introduction. On<br />

repr<strong>en</strong>d les mêmes<br />

joyeux lurons, déguisés<br />

cette fois <strong>en</strong> femmes<br />

fatales, du tailleur rose à<br />

la robe longue cramoisie.<br />

Les spectateurs sont<br />

installés au comptegoutte<br />

autour de tables,<br />

sur des coussins, dans<br />

un lit, tandis qu’un piano<br />

Étude du mouvem<strong>en</strong>t<br />

À Bas bruit de Mathurin Bolze met <strong>en</strong> scène trois artistes<br />

(Mitia Fedot<strong>en</strong>ko, Elise Legros, Cyrille Musy) v<strong>en</strong>us<br />

d’histoires différ<strong>en</strong>tes et qui, chacun, ont contribué à<br />

construire le spectacle à partir de récits de marcheurs,<br />

de films… particulièrem<strong>en</strong>t Jaguar de Jean Rouch qui<br />

évoque la marche de trois personnages du Niger au<br />

Ghana. Initiatique, À Bas bruit est fait de fragm<strong>en</strong>ts de<br />

scènes, dans une esthétique du surgissem<strong>en</strong>t qui vise à<br />

l’appréh<strong>en</strong>sion d’une totalité. Les acrobaties, malgré leur<br />

grande difficulté, ne cherch<strong>en</strong>t pas le spectaculaire : une<br />

roue de hamster à taille humaine, un tapis roulant,<br />

abrit<strong>en</strong>t la marche, celle du prom<strong>en</strong>eur, celle des g<strong>en</strong>s<br />

pressés, ou mieux <strong>en</strong>core des flâneurs… marche<br />

immobile, sautillante, disloquée jusque dans la chute,<br />

marche de la danse, de la p<strong>en</strong>sée qui se construit,<br />

s’articule, se dessine, s’analyse. On se r<strong>en</strong>contre, se<br />

séduit, se chahute, on se dispute, on s’étreint. Marche<br />

de la condition humaine.<br />

Les travaux sur le mouvem<strong>en</strong>t de Marey ou de<br />

Muybridge au XIX e ne sont pas loin. Les différ<strong>en</strong>ts<br />

niveaux de l’espace scénique sont habités par la<br />

projection d’extraits de films ou d’images diffractées.<br />

Elles éclos<strong>en</strong>t au gré des supports que les comédi<strong>en</strong>s<br />

leur offr<strong>en</strong>t, comme si elles leur préexistai<strong>en</strong>t. Mathurin<br />

Bolze préfère «laisser l’interprétation libre», «les images<br />

parl<strong>en</strong>t, je n’aime pas beaucoup les expliquer, elles<br />

perdrai<strong>en</strong>t il me semble leur mystère poétique». La<br />

magie qui habite ce spectacle n’apparti<strong>en</strong>t à aucun<br />

g<strong>en</strong>re, et dessine les contours d’une expression nouvelle<br />

qui sait transporter le public.<br />

MARYVONNE COLOMBANI<br />

joue. On vous sert de minuscules verres d’eau, des<br />

assiettes douteuses… les numéros s’<strong>en</strong>chaîn<strong>en</strong>t,<br />

chaotiques, le prés<strong>en</strong>tateur demande à être lynché à<br />

coups d’écorces d’orange, la chanteuse réaliste perd<br />

ses faux ongles, les acrobates s’emmêl<strong>en</strong>t, un<br />

tromboniste <strong>en</strong> chaussures de ski joue <strong>en</strong> dépit du bon<br />

s<strong>en</strong>s, le rideau de scène se coince…On rit beaucoup, le<br />

«spectacle» s’achève <strong>en</strong> fanfare, un concert-bal suit, les<br />

musici<strong>en</strong>s s’<strong>en</strong> donn<strong>en</strong>t à cœur joie, les g<strong>en</strong>s dans<strong>en</strong>t,<br />

cour<strong>en</strong>t, se retrouv<strong>en</strong>t dans la «boite» construite à partir<br />

du décor de la Machinajouer. Du bonheur !<br />

MARYVONNE COLOMBANI<br />

Cabaret Calamiteux © l'immediat<br />

À bas bruit - Cie Mpta -<br />

Mathurin Bolze<br />

© Christophe Raynaud De Lage<br />

La Machinajouer a été<br />

programmée les 2 et 3 février<br />

par Le Merlan, Marseille,<br />

les 8 et 9 février au Bois de<br />

l’Aune, Aix, sera joué<br />

le 14 février au Bois de l’Aune,<br />

Aix, et le 15 février<br />

à La Galerie, Fuveau<br />

le Cabaret Calamiteux a été<br />

joué les 8 et 9 février<br />

au Bois de l’Aune, Aix,<br />

et est programmé le 14 février<br />

au Domaine de Fontblanche,<br />

Vitrolles et le 15 février<br />

à La Galerie, Fuveau<br />

A bas bruit a été joué<br />

du 1 er au 3 février<br />

au Bois de l’Aune, Aix,<br />

et les 6 et 7 février<br />

salle Emili<strong>en</strong> V<strong>en</strong>tre, Rousset<br />

XI


Le collectif AOC a donné sa<br />

toute dernière représ<strong>en</strong>tation<br />

de Autochtone le 1 er février à<br />

Port-de-Bouc<br />

Soirée de gala a été joué<br />

les 8 et 9 février<br />

au Théâtre des Salins,<br />

Martigues<br />

C’est le grand soir !<br />

Ils vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t du nord et n’ont pas froid aux yeux !<br />

L’équipe du Prato de Lille m<strong>en</strong>ée par le fantasque Gilles<br />

Defacque a charmé le public de Martigues par ses<br />

sketchs et ses acrobaties fulgurantes. Cirque, théâtre ou<br />

<strong>en</strong>core music-hall construis<strong>en</strong>t <strong>en</strong>semble un mom<strong>en</strong>t<br />

Soiré e de gala © Bruno Dewaele<br />

Autochtone © Rhaissa Montera<br />

État d’urg<strong>en</strong>ce<br />

La réalité du monde n’est qu’ombre, viol<strong>en</strong>ce,<br />

soumission, consommation à tout-va et besoins<br />

mercantiles… Si par extraordinaire vous n’<strong>en</strong><br />

aviez pas consci<strong>en</strong>ce, le collectif AOC est là<br />

pour vous remettre <strong>en</strong> mémoire, <strong>en</strong> sons et <strong>en</strong><br />

images ce qui ne saura plus vous échapper. Le<br />

trait est certes appuyé, mais le propos frappe,<br />

d’autant plus fort qu’il est appuyé par un rock<br />

joué <strong>en</strong> direct par l’américain Jules Beckman,<br />

Monsieur Loyal des plus original, grand<br />

ordonnateur d’un monde chaotique qui n’<strong>en</strong> finit<br />

plus de se déliter. Car sur la piste,<br />

chorégraphiés par Karin Vyncke, des êtres sont<br />

jetés sur le sol, balancés au milieu d’objets de<br />

récup hétéroclites, des personnages sont<br />

guidés par leur nez <strong>en</strong> carotte, une travailleuse à<br />

la chaine débite du chou rouge de façon<br />

hystérique, quand d’autres, <strong>en</strong> costume de ville,<br />

se crois<strong>en</strong>t sans but, tels des pantins<br />

désarticulés… Tout est prétexte à des<br />

prouesses physiques époustouflantes, au mat<br />

chinois, sur le trampoline, à la corde ou au<br />

trapèze, seul ou à plusieurs. Les numéros<br />

s’<strong>en</strong>chain<strong>en</strong>t, toujours portés par une musique<br />

pertin<strong>en</strong>te, une partition rythmique qui fait se<br />

mouvoir les corps plus ou moins violemm<strong>en</strong>t.<br />

Et au milieu de cet état d’urg<strong>en</strong>ce des instants<br />

de grâce survi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t, tel le numéro de femmechrysalide<br />

le long de sa corde, ou la<br />

femme-accordéon susp<strong>en</strong>due dans les airs qui<br />

accompagne la voltige d’un trapéziste solitaire.<br />

De quoi apaiser la fureur de ce monde<br />

déliquesc<strong>en</strong>t.<br />

DOMINIQUE MARÇON<br />

familial et vraim<strong>en</strong>t convivial. Car dès le début, le public<br />

est invité à participer à cette Soirée de gala et à <strong>en</strong>trer<br />

dans la fiction : la scène se passe <strong>en</strong> pleine guerre, et<br />

l’association qui dirige ce music-hall veut remonter le<br />

moral des habitants. C’est aussi l’occasion de prés<strong>en</strong>ter<br />

les derniers v<strong>en</strong>us dans la troupe et leurs nouveaux<br />

numéros. Une secrétaire délurée et son brave directeur<br />

t<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t de m<strong>en</strong>er de front leur spectacle, et leur scénario<br />

se construit tant bi<strong>en</strong> que mal autour du tournage d’une<br />

scène de crime pour un film muet : l’<strong>en</strong>quête d’un<br />

commissaire empoté puis sa reconstitution <strong>en</strong> direct.<br />

On admire l’art de jouer la scène dans la scène, on rit de<br />

voir chacun de ces rescapés de guerre vouloir<br />

absolum<strong>en</strong>t montrer son tal<strong>en</strong>t au détrim<strong>en</strong>t de la<br />

représ<strong>en</strong>tation… C’est alors qu’apparaît un pilote de<br />

chasse blessé volant par la seule force de ses bras, puis<br />

une femme <strong>en</strong>ceinte déambulant majestueusem<strong>en</strong>t sur<br />

une corde ou <strong>en</strong>core une aveugle habile sur une barre<br />

acrobatique ! La troupe aussi tal<strong>en</strong>tueuse qu’illuminée<br />

de joie est sout<strong>en</strong>ue par l’orchestre du Tire-Laine et ses<br />

rythmes effrénés. L’univers burlesque de Gilles Defacque<br />

reste atypique, empreint de clown et de théâtralité,<br />

ouvrant sur des acrobaties célestes…<br />

ANNE-LYSE RENAUT<br />

XII


36<br />

A<br />

U<br />

P<br />

R<br />

O<br />

GR<br />

A<br />

M<br />

M<br />

E<br />

M<br />

USIQUE<br />

AIX<br />

Jeu de Paume : Leçon de jazz d’Antoine<br />

Hervé – Keith Jarrett (8/3)<br />

04 42 99 12 00<br />

www.lestheatres.fnet<br />

Pasino : Kaas chante Piaf (13/2),<br />

Voca people (7/3)<br />

04 42 59 69 00<br />

www.casinoaix.com<br />

Seconde Nature : Claro Intelecto<br />

live + Jack de Marseille Dj (15/2),<br />

Guillaume & The Coutu Dumonts +<br />

Anticlimax & L’Amateur (22/2)<br />

04 42 64 61 01<br />

www.second<strong>en</strong>ature.org<br />

Théâtre et Chansons : Et toi, tu<br />

marcheras dans le soleil… (8 au 10/3)<br />

04 42 27 37 39<br />

www.theatre-et-chansons.com<br />

ARLES<br />

Cargo de nuit : Hyph<strong>en</strong> Hyph<strong>en</strong><br />

(15/2), Les Décaféinés (19/2), Dj<br />

Click Band (22/2), Arnaud Cosson<br />

(7/2), Les Doigts de l’homme (8/3)<br />

04 90 49 55 99<br />

www.cargod<strong>en</strong>uit.com<br />

AUBAGNE<br />

Comoedia : Bidule jazz band (6/3),<br />

le Pianiste aux 50 doigts (10/3)<br />

04 42 18 19 88<br />

www.aubagne.fr<br />

L’Escale : Cathy Heiting & Jonathan<br />

Soucasse (21/2), Dubmood (1/3),<br />

Bionic Man Sound + Gappy Ranks +<br />

Redd Man + Kabba Massa Gana (2/3),<br />

Liz Cherhal + Zoo Animal Quar-tet +<br />

Oda la Lune (8/3), KSR +Demi-portion<br />

+ Crevards de la Plaine (9/3)<br />

04 42 18 17 18<br />

www.mjcaubagne.fr<br />

AVIGNON<br />

Hauts Plateaux-La Manut<strong>en</strong>tion :<br />

«But what about the noise of… John<br />

Cage ?» par Loïc Guénin et Lê Quan<br />

Ninh (16/2)<br />

09 51 52 27 48<br />

www.collectif-inoui.org<br />

AJMI : Jam Session #5 (21/2), Edward<br />

Perraud & Synaesthetic trip<br />

(22/2), Confér<strong>en</strong>ce avec Alan Douglas-Le<br />

producteur (28/1), Rémi<br />

Charmasson 5tet (1/3), Film Les<br />

Mains Bleues (7/3), Bruno Tocanne<br />

trio (8/3), Film Les Fils du v<strong>en</strong>t<br />

(10/3), Jam Session #6 (14/3), Trio<br />

Cook Lab (15/3)<br />

04 90 8<strong>60</strong> 861<br />

www.jazzalajmi.com<br />

Passagers du Zinc : Atypic festival<br />

avec Deluxe + Les Tritons Maltés +<br />

The Electric Fingers (15/2), Carte<br />

blanche à l’Atelier Coopératif Artistique<br />

avec Ubikar + Futur + L.O.B<br />

(22/2), Yaniss Odua + Métisson<br />

//////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////<br />

(1/3), Mathieu Boogaerts + Maissiat<br />

(8/3), Mai Lan + Emilie Gassin (9/3)<br />

04 90 89 45 49<br />

www.passagersduzinc.com<br />

Théâtre du Bourg-Neuf : Raphaël<br />

Larie (16/2)<br />

04 90 85 17 90<br />

www.bourg-neuf.com<br />

BEAUMONT de PERTUIS<br />

Salle Codonel : V.I eilles P.ies (15/3)<br />

www.arc<strong>en</strong>solasso.fr<br />

BERRE L’ETANG<br />

Forum de Berre : Big Daddy Wilson<br />

Isaya (15/2)<br />

04 42 10 23 <strong>60</strong><br />

www.forumdeberre.com<br />

BRIANÇON<br />

Théâtre du Briançonnais : Fatoumata<br />

Diawara (15/2), Boubacar<br />

Traoré (8/3)<br />

04 92 25 52 42<br />

www.theatre-du-brianconnais.eu<br />

CAVAILLON<br />

Scène Nationale : Interzone Ext<strong>en</strong>ded<br />

avec Serge Teyssot-Gay et Khaled<br />

Aljaramani (15/2), Rodolphe Burger<br />

dans Le cantique des cantiques (8/3)<br />

04 90 78 64 64<br />

www.theatredecavaillon.com<br />

CHÂTEAU-ARNOUX<br />

Théâtre Durance : Devin Seddiki<br />

trio (9/3)<br />

04 92 64 27 34<br />

www.theatredurance.fr<br />

CHÂTEAUNEUF-DE-GADAGNE<br />

Akwaba : B<strong>en</strong> Pearce + Dimm + Boris<br />

Ange + Odeon (16/2), Kas Product +<br />

Phyltre (23/2), Class’Eurock 2013<br />

sélections du Vaucluse (5/3), The<br />

Hillbilly moon explosion + Pasteur Guy<br />

+ Juliette Dragon et ses élèves (8/3)<br />

04 90 22 55 54<br />

www.akwaba.coop<br />

DRAGUIGNAN<br />

Théâtres <strong>en</strong> Dracénie : Interzone<br />

Ext<strong>en</strong>ded avec Serge Teyssot-Gay et<br />

Khaled Aljaramani (8/3)<br />

04 94 50 59 59<br />

www.theatres<strong>en</strong>drac<strong>en</strong>ie.com<br />

Le Bucéphale : The Host (22/2)<br />

04 94 70 89 78<br />

www.bucephale-cafe-cultures.fr<br />

GARDANNE<br />

Maison du Peuple : The Hyènes +<br />

Soma (2/3)<br />

04 42 65 77 00<br />

www.ville-gardanne.fr<br />

ISTRES<br />

L’Usine : Cali (14/2), Tremplin découverte<br />

métal (22/2), rock (23/2)<br />

et chanson (1/3), Parabellum +<br />

Présid<strong>en</strong>t Kingkong (2/3), Black<br />

//////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////<br />

rebel motorcycle club (13/3)<br />

04 42 56 02 21<br />

www.sc<strong>en</strong>esetcines.fr<br />

LA CIOTAT<br />

Atelier Jazz Converg<strong>en</strong>ces : Bœuf<br />

Jazz (23/2)<br />

04 42 71 81 25<br />

www.jazzconverg<strong>en</strong>ces.com<br />

LA GARDE<br />

Théâtre du Rocher : Big Daddy<br />

Wilson (14/2)<br />

04 94 08 99 34<br />

www.ville-lagarde.fr<br />

LA SEYNE SUR MER<br />

Fort Napoléon – ArtBop : Marc<br />

Campo 4tet (15/2)<br />

04 94 09 47 18<br />

www.ot-la-seyne-sur-mer.fr<br />

LE THOR<br />

Auditorium de Vaucluse : Trio<br />

Joubran (8/3), Grupo Compay<br />

Segundo (14/3)<br />

04 90 33 97 32<br />

www.auditoriumjeanmoulin.com<br />

Sonograf’ : Carvin Jones (21 et<br />

22/2), Neal Black & The Healers<br />

(9/3)<br />

04 90 02 13 30<br />

www.lesonograf.fr<br />

MARSEILLE<br />

Cabaret Aléatoire : Dj Premier + La<br />

Méthode (14/2), K<strong>en</strong>drick Lamar<br />

(18/2), Big Sean (25/2), Kid Koala<br />

(10/3)<br />

04 95 04 95 09<br />

www.cabaret-aleatoire.com<br />

Cité de la Musique : D’une lune à<br />

l’autre avec l’<strong>en</strong>semble<br />

contemporain Yin (7/3), Radio Babel<br />

(8/3), Jazz & Gospel (11/3)<br />

04 91 39 28 <strong>60</strong><br />

www.citemusique-marseille.com<br />

Creuset des Arts : Magikadémie<br />

(16/2), Roi de la Tchatche (10/3)<br />

04 91 06 57 02<br />

www.creusetdesarts.com<br />

Cri du Port : Laur<strong>en</strong>t Mignard<br />

Pocket 4tet (14/2), Christian Brazier<br />

4tet Nouvelle Vague (7/3), Sylvain<br />

Riflet (14/3)<br />

04 91 50 51 41<br />

www.criduport.fr<br />

Dan Racing : Acid Clouds + Killboy<br />

powerhead (15/2), Papa Rooster +<br />

The Depools (16/2), Not That Crazy<br />

+ Slave’s Sound + Forteetoo (22/2),<br />

The Waddles (23/2), GB3 + DaBF<br />

(1/3), Der Tod + El<strong>en</strong>yah + The<br />

Cluster one (2/3), Jbam (8/3), Ram3<br />

(9/3)<br />

06 09 17 04 07<br />

http://guitarjacky.free.fr<br />

//////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////<br />

Dock des Suds : Vitalic (16/2),<br />

Marseille Dub Station 22 (2/3), We<br />

are together (9/3)<br />

04 91 99 00 00<br />

www.dock-des-suds.org/<br />

Equitable Café : Conjunto Mazj<br />

(2/3), Balèti 4 violons (8/3), Swing<br />

Café jam session (16/3)<br />

04 91 47 34 48<br />

www.equitablecafe.org<br />

Espace Juli<strong>en</strong> : Trio Charrier Rossi<br />

Tamisier invite Frédéric Bargeon-Briet<br />

(15/2), Les Massiliades avec Danger<br />

+ Scarecrow + Azad Lab + So?Mash!<br />

(16/2), Lianne la Havas (24/2), Longchamp<br />

Blaster (28/2), BB Brunes<br />

(5/3)<br />

04 91 24 34 10<br />

www.espace-juli<strong>en</strong>.com<br />

Espace Musical Culturel des<br />

Accates : Scène ouverte (15/2), Nadine<br />

Coh<strong>en</strong> 4tet (21/2), André<br />

Toboso (23/2), Roy Jazz (9/3),<br />

Jacques Arg<strong>en</strong>ti (10/3), Andy Thus<br />

Machine & Lizzy Gayle (14/3), Scène<br />

ouverte (15/3)<br />

04 91 44 92 41<br />

www.espace-musical.net<br />

Grim : Oh ! Tiger Mountain +<br />

Ww.Lowman & Thousand (22/2)<br />

04 91 04 69 59<br />

www.grim-marseille.com<br />

Inga des Riaux : Alert’o Jazz (15/2),<br />

Phocea Trio (22/2), M&M’s (28/2),<br />

Beattitude Trio (1/3), Juste un Swing<br />

(8/3), Rémi Abram 4tet (15/3)<br />

06 07 57 55 58<br />

www.inga-des-riaux.fr/music.html<br />

Kawawateï : Chansons d’Amour de<br />

Bagdad à Gr<strong>en</strong>ade (15/2), Nova Zora<br />

(16/2), Les Av<strong>en</strong>tures de Slim<br />

(22/2)<br />

06 <strong>60</strong> 13 15 84<br />

www.mains-libres.org<br />

Latté : Kalliroï Raouzeou & JM Dos<br />

Santos (14/2), Karine Bonnafous-<br />

F<strong>en</strong>ichel-Flor<strong>en</strong>s trio (15/2), Le Hot<br />

du Panier & Mady Rougey-Alcaz<br />

(16/2), Mathieu Pirro chansons (21/2),<br />

Bebop & Beyond LéoTrio (22/2)<br />

09 82 33 19 20<br />

www.lattemarseille.com<br />

Nomad Café : Breakestra (17/2),<br />

RPZ (9/3)<br />

04 91 62 49 77<br />

www.l<strong>en</strong>omad.com<br />

La Machine à Coudre : Arun Tazieff<br />

+ Black Relics (14/2), Farouche Zoé<br />

+ Canebière pression (15/2), Shaddy<br />

and the vemps + Last gun shot<br />

(16/2), Berline 033 + Drive with a<br />

dead girl (18/2), Antonio Negro et<br />

ses invités (21/2 et 7/3), Keith<br />

Richards Od + Accelerator (22/2),


Ori<strong>en</strong>tal Fusion (23/2), Commodore + Calva<br />

(27/2), Cosmonauts (1/3), Nicolas Dick et Virgile<br />

Abela + L’Oeillere (8/3)<br />

04 91 55 62 65<br />

www.lamachineacoudre.com<br />

La Meson : Carte blanche à Sam Karpi<strong>en</strong>ia (15 au<br />

17/2), Atelier chansons françaises avec Mathieu<br />

Ravera (22 et 23/2), Sylvie Paz & Diego Lubrano<br />

(8/3), Tablao Flam<strong>en</strong>co avec Juan Aguirre (9/3)<br />

04 91 50 11 61<br />

www.lameson.com<br />

Le Bicok : Cesar Swing (1/3), Begue Fall (2/3), Two<br />

step (8/3), Maria (9/3), Be Kind rewind (10/3)<br />

04 91 94 50 48<br />

www.lebicok.com<br />

Le Dôme : The Jacksons (13/3), Michel Sardou<br />

(6/3), Stars 80 la tournée (7/3), Lil Wayne (11/3),<br />

Kook & the Gang (14/3)<br />

04 91 12 21 21<br />

Le Gymnase : Andy Emler MegaOctet (6/3)<br />

08 2013 2013<br />

www.lestheatres.net<br />

Le Moulin : Macadam Bazar + Ric (15/2),<br />

Tremplin Class’Eurock (20/2), Les trois accords<br />

(23/2), Wax Tailor (14/3)<br />

04 91 06 33 94<br />

www.lemoulin.org<br />

Le Poste à Galène : Savage Republic (13/2),<br />

Blazing war machine + The Omega (15/2),<br />

Revolution urbaine (22/2), Colorful (1/3), Mai Lan<br />

(7/3), The lost fingers (8/3), Biga Ranx (9/3)<br />

04 91 47 57 99<br />

www.leposteagal<strong>en</strong>e.com<br />

Le Silo : Le Quatuor (14/2), Voca People (6/3)<br />

04 91 90 00 00<br />

www.silo-marseille.fr<br />

L’Embobineuse : Lunatic Toys + Hoax Hoax<br />

(16/2), Corpus Diavolis + Udyr + Malepeste (1/3),<br />

H.O.Z. + Chateau Brutal (2/3), La Colonie de<br />

vacances + Sound of Mars (9/3)<br />

04 91 50 66 09<br />

www.lembobineuse.biz<br />

Rouge : H<strong>en</strong>ri voit Rouge : Jazz Oratorio (24/1), La<br />

Y Ka 4tet (14/2), Ori<strong>en</strong>tal Fusion (21/2), William<br />

Galison 5tet (22/2), Duo Catherine Vinc<strong>en</strong>t<br />

(28/2), JP Trotobas Trio (7/3), Isabelle Castaldi<br />

4tet (14/3)<br />

04 91 07 00 87<br />

www.jazzaurouge.musikmars.com<br />

Roll’ Studio : L.Rom Jazz fusion (9/2), Afrika<br />

Express (16/2), Chollus Trio (23/2), Trio Alamel<br />

(2/3), Nafas (9/3)<br />

04 91 64 43 15 ou 06 86 72 83 96<br />

www.rollstudio.fr<br />

Station Alexandre : Compagnie Arteco (22/3)<br />

04 91 00 90 04<br />

www.station-alexandre.org<br />

Toursky : Opéra Molotov (6/3)<br />

0 820 300 033<br />

www.toursky.org<br />

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MARTIGUES<br />

Théâtre des Salins : Interzone Ext<strong>en</strong>ded<br />

avec Serge Teyssot-Gay et Khaled Aljaramani<br />

(5/3)<br />

04 42 49 02 00<br />

www.theatre-des-salins.fr<br />

MAUBEC<br />

La Gare : Fatoumata Diawara (22/2), Dupain<br />

(9/3), The Red Rum Orchestra + Hugh<br />

Coltman (14/3)<br />

04 90 76 84 38<br />

www.aveclagare.org<br />

MIRAMAS<br />

Théâtre la Colonne : Camille (8/3)<br />

04 90 50 05 26<br />

www.sc<strong>en</strong>esetcines.fr<br />

NIMES<br />

Paloma : Cali (15/2), Bionic Orchestra<br />

(20/2), Petite Noir + Mykki Blanco + Mekanik<br />

Kantatik + Bionic Orchestra (21/2), Freak Out<br />

Riot Tour (23/2), Mono (26/2), Local Heroes<br />

#5 (1/3), Ornette + Woh Lab Dj’s (2/3), La<br />

colonie de vacances (8/3), Peter Doherty<br />

(9/3)<br />

04 11 94 00 10<br />

www.paloma-nimes.fr<br />

SAINTE-MAXIME<br />

Le Carré : Que<strong>en</strong>s of V<strong>en</strong>us Madday (1/3)<br />

04 94 56 77 77<br />

www.carreleongaumont.com<br />

SALON-DE-PROVENCE<br />

Portail Coucou : The H.O.S.T + The Hy<strong>en</strong>es<br />

(1/3), Carrém<strong>en</strong>t blues (7/3), Tremplin<br />

Class’Eurock (9/3)<br />

04 90 56 27 99<br />

www.portail-coucou.com<br />

SETE<br />

Scène Nationale : Surnatural Orchestra (15/2)<br />

04 67 74 66 97<br />

www.theatredesete.com<br />

TOULON<br />

Oméga Live : Gallon Drunk + Hound Mouth<br />

+ Molly G<strong>en</strong>e (15/2), Tremplin Class’Eurock<br />

(16/2), Slam poésie (8/3), Guillaume Perret<br />

& the Electric Epic (15/3)<br />

04 98 070 070<br />

www.tandem83.com<br />

VENELLES<br />

Salle des fêtes : Pauvre Martin (9/3)<br />

04 42 54 93 10<br />

www.v<strong>en</strong>elles.fr/culture<br />

VITROLLES<br />

Moulin à Jazz : Gebhart Ullmann’s<br />

Basem<strong>en</strong>t Research (16/2), Pierrick Pedron<br />

Kubick’s Monk (2/3)<br />

04 42 79 63 <strong>60</strong><br />

www.charliefree.com<br />

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38<br />

A<br />

U<br />

P<br />

R<br />

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GR<br />

A<br />

M<br />

M<br />

E<br />

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ENCONTRES<br />

Libraires du sud /Libraires à Marseille<br />

- 04 96 12 43 42<br />

R<strong>en</strong>contres : avec Perrine Griselin, <strong>en</strong> part<strong>en</strong>ariat<br />

avec la cie Jeux de mains jeux de vilains<br />

et le théâtre Isle 80 le 13 fév à 19h à la<br />

librairie Mémoire du monde (Avignon)<br />

avec Patrick Mouton pour Marseille, 1720 la<br />

Grande Peste <strong>en</strong> 12 Questions (Gauss<strong>en</strong>) le 14<br />

fév à 18h30 à la librairie Apostille (Marseille)<br />

avec Elisabeth Martinez-Bruncher pour son<br />

livre La Petite cuisine (L’Harmattan) le 14 fév<br />

à 18h30 à la librairie La Carline (Forcalquier)<br />

avec Olivier Decosse le 15 fév de 14h à 16h<br />

à la librairie Prado Paradis (Marseille)<br />

avec Jean Maltese pour son livre Itinéraire ;<br />

du Souk à la télévision (Editions Persée) le 16<br />

fév de 10h à 12h30 à la librairie Charlemagne<br />

(Fréjus)<br />

avec Minna Sif autour de son roman Massalia<br />

blues (Alma édituer) le 16 fév dès 11h à la<br />

librairie Maupetit (Marseille)<br />

avec François Hulbert pour son livre En finir<br />

avec l’organisation c<strong>en</strong>tralisée du territoire : 40<br />

ans d’exception, ça suffit ! (L’Harmattan) le 16<br />

fév dès 16h à la librairie Maupetit (Marseille)<br />

avec Thierry Galibert autour de son livre Le<br />

mépris du peuple : Critique de la raison d’État<br />

(Sullivre) le 23 fév dès 16h à la librairie Maupetit<br />

(Marseille)<br />

Itinérances littéraires : avec Jeanne B<strong>en</strong>ameur<br />

autour de son roman Profanes (Actes<br />

Sud) le 12 fév à 19h à la librairie Actes Sud<br />

(Arles), le 14 fév à 19h à la librairie l’Orange<br />

bleue (Orange)<br />

avec Thomas Vinau pour son ouvrage Bric à<br />

brac hopperi<strong>en</strong> (Alma) le 24 fév à 11h à la<br />

librairie Le Carré des mots (Toulon), le 14 mars<br />

à 19h à la librairie Histoire de l’œil (Marseille)<br />

avec Yassaman Montazani autour de son<br />

roman Le meilleur des jours (Sabine Wespieser<br />

éditeur) le 7 mars à 19h au Forum Harmonia<br />

Mundi (Aix) et le 8 mars à 18h à la librairie<br />

Masséna (Nice)<br />

Escales <strong>en</strong> librairies : avec Catherine Cusset<br />

autour de son dernier livre Indigo (Gallimard)<br />

le 14 mars à 18h à la librairie Voyage Au Bout<br />

de la nuit (Saint-Rémy) et le 15 mars à 17h30<br />

à la librairie Prado Paradis (Marseille)<br />

AIX<br />

Fondation Saint-John Perse – 04 42 91 98 85<br />

Apollinaire et la Méditerranée : exposition qui<br />

fête le c<strong>en</strong>t<strong>en</strong>aire d’Alcools, jusqu’au 23 mars.<br />

Librairie Goulard – 04 42 27 66 47<br />

R<strong>en</strong>contre avec Robert Vigouroux et Serge<br />

Scotto autour de leur livre Les Sil<strong>en</strong>ces rompus<br />

(La Part Buissonière) le 13 fév à 18h.<br />

R<strong>en</strong>contre avec Pierre-Emmanuel Danan<br />

pour son livre Une histoire de l’allumette<br />

(Ref.2C.) le 15 fév à 17h30.<br />

R<strong>en</strong>contre avec Boris Cyrulnik pour son<br />

ouvrage autobiographique Sauve-toi, la vie<br />

t’appelle (Odile Jacob) le 22 fév à 18h.<br />

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GUDGI Galeries d’Aix – www.gudgi.org<br />

Inauguration de PAPer’ART PROJECT : confér<strong>en</strong>ce<br />

par François Ch<strong>en</strong>g, de l’Académie<br />

Française, sur L’av<strong>en</strong>ir du papier dans le monde<br />

<strong>en</strong> dev<strong>en</strong>ir, le 19 fév à 18h à La Cité du Livre.<br />

Confér<strong>en</strong>ce par Anne Mailloux sur Les papiers<br />

et les <strong>en</strong>cres dans les docum<strong>en</strong>ts d’archives<br />

médiévales, le 13 fév à 18h30 aux Archives<br />

Départem<strong>en</strong>tales.<br />

3bisf – 04 42 16 17 75<br />

Atelier Objet-action animé par Caroline Le<br />

Mehauté, tous les jeudis de 13h30 à 16h30.<br />

Atelier Urbanité Idiotopique (construction<br />

d’une ville imaginaire où se croiseront tous les<br />

fantasmes de chacun) animé par B<strong>en</strong>jamin<br />

Marianne, tous les mardis de 14h à 16h30.<br />

ALLAUCH<br />

Musée – 04 91 10 49 00<br />

Exposition Figures du mythe, Kachina et tissus<br />

précolombi<strong>en</strong>s : collection et créations de<br />

l’artiste perpignanais Claude Par<strong>en</strong>t-Saura.<br />

Jusqu’au 25 mai.<br />

ARLES<br />

Atelier Archipel – 06 21 29 11 92<br />

Exposition des œuvres d’Amandine Artaud,<br />

Chutes, jusqu’au 10 mars.<br />

Association du Méjan – 04 90 49 56 78<br />

Hommage à H<strong>en</strong>ry Bauchau : exposition H<strong>en</strong>ry<br />

Bauchau et Lionel, parcours de création, du 1 er<br />

au 24 mars ; r<strong>en</strong>contre-lecture avec Myriam Wathee-Delmotte<br />

pour son essai H<strong>en</strong>ry Bauchau,<br />

sous l’éclat de la Sibylle (Actes Sud), le 1 er mars<br />

à 18h30 ; lecture, par Frédéric Duss<strong>en</strong>ne, de<br />

Boulevard périphérique, le 1 er mars à 20h30.<br />

BARJOLS<br />

Zone d’Intérêt poétique – 04 94 72 54 81<br />

5 e édition de Un max’ de poésies : exposition,<br />

lectures, atelier de poésie, résid<strong>en</strong>ce d’écrivains…<br />

Du 24 fév au 2 mars à Saint-Maximin-la-<br />

Sainte-Beaume.<br />

BRIGNOLES<br />

Le Bazar du Lézard – 04 94 86 01 63<br />

Exposition des dessins et peintures de<br />

Jérémie Eyraud, et des sculptures d’Ivan<br />

Mathis, du 13 fév au 1 er avril.<br />

CABRIES<br />

Avant Cap – www.plan-de-campagne.com<br />

Exposition des œuvres de Pascal Marcel,<br />

jusqu’au 28 fév.<br />

CAVAILLON<br />

Médiathèque La Durance – 04 90 76 21 48<br />

2 e édition de Esprit Bulle, manifestation sur la<br />

bande dessinée avec exposition, dédicaces et<br />

stands, concert… jusqu’au 2 mars.<br />

ESPARRON<br />

Mairie – 04 94 80 47 83<br />

2 e édition du Salon du livre sur le thème Du<br />

texte à l’image : r<strong>en</strong>contres avec les auteurs,<br />

concours, remise des prix de la nouvelle<br />

2012… Le 24 fév.<br />

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HYÈRES<br />

Médiathèque municipale – 04 94 00 11 30<br />

Confér<strong>en</strong>ce par Daniel Aranjo, professeur à<br />

l’Université du Sud Toulon-Var, Prix de la<br />

critique de l’Académie française 2003, sur<br />

Saint-John Perse et ses musici<strong>en</strong>s, le 19 fév à<br />

17h30.<br />

LA VALETTE<br />

Espace d’art Le Moulin – 04 94 23 36 49<br />

Exposition Cadere / la barre de bois rond et ses<br />

avatars, conçue par Hervé Bize, du 15 fév au<br />

27 avril.<br />

MANE<br />

Salagon, musée et jardins – 04 92 75 70 50<br />

Exposition Un loisir érudit. Le Marquis François<br />

de Ripert-Monclar, photographe amateur<br />

(1844-1921), du 16 fév au 30 juin.<br />

MANOSQUE<br />

C<strong>en</strong>tre Jean Giono - 04 92 70 54 54<br />

Exposition littéraire et artistique C<strong>en</strong>tre Jean<br />

Giono, 20 ans de création : rétrospective qui<br />

r<strong>en</strong>d hommage aux artistes contemporains qui<br />

ont su faire approcher les territoires intérieurs<br />

de l’écrivain aux visiteurs. Jusqu’au 31 mars.<br />

MARSEILLE<br />

ABD Gaston Defferre - 04 13 31 82 00<br />

Exposition César et les secrets du Rhône,<br />

jusqu’au 24 mars. Autour de l’exposition :<br />

lecture jeune public par Louiza B<strong>en</strong>toumi et<br />

Stéphanie Louit sur La Naissance d’Aphrodite,<br />

le 13 fév à 14h et Protis m’a dit / Arion et les<br />

dauphins le 20 fév ; lecture jeune public par<br />

Jean-Marc Fort de Le navire Argo / Ulysse et<br />

les périls de la mer le 27 fév à 14h ; confér<strong>en</strong>ce<br />

par Jean-Luc Martinez, directeur du départem<strong>en</strong>t<br />

des antiquités grecques, étrusques et<br />

romaines, musée du Louvre, César ou pas<br />

César ? L’art du portrait dans l’Antiquité romaine,<br />

le 5 mars à 18h30.<br />

Hors cadre, les coulisses du musée : exposition<br />

de photos de Gilles Rondeau, jusqu’au 24 mars.<br />

Réfugiées à Marseille p<strong>en</strong>dant la seconde<br />

guerre mondiale, lecture d’archives et d’extraits<br />

du roman Transit d’Anna Seghers par<br />

Clém<strong>en</strong>tine Célarié, le 11 mars à 18h30.<br />

Confér<strong>en</strong>ce par Yvan Gastaut, maître de<br />

confér<strong>en</strong>ces à l’Université de Nice Sophia<br />

Antipolis, sur Histoire et représ<strong>en</strong>tations des<br />

immigrés <strong>en</strong> Prov<strong>en</strong>ce au XX e siècle le 12 mars<br />

à 18h30.<br />

Espaceculture – 04 96 11 04 86<br />

Expositions : Marseille et ses voiles de Robert<br />

Tomassian, photographies sur bâche, jusqu’au<br />

23 fév ; Les sonnettes marseillaises, photographies<br />

d’Eric Breitbart, jusqu’au 23 fév.<br />

R<strong>en</strong>contres : Cocteau et Desbordes, La voix du<br />

sang, prés<strong>en</strong>tée par Pierre-Marie Jonquière<br />

et Robert Badani, le 21 fév à 17h ; La mémoire<br />

de l’exil – Approches artistiques avec<br />

Ulrich Fuchs, dir. artistique de MP2013,<br />

Olivier Moulai, réalisateur audiovisuel, Elise<br />

Olmedo géographe, et Fredo Valla, docum<strong>en</strong>tariste,<br />

le 22 fév à 17h30 ; La mémoire de<br />

l’exil – Approches artistiques II, dans le cadre


de l’Atelier europé<strong>en</strong> de Grundtvig, le 23 fév à<br />

15h.<br />

La Marelle – 04 91 05 84 72<br />

Dans le cadre de Cirque <strong>en</strong> capitales, cycle de<br />

r<strong>en</strong>contres À l’air livre : r<strong>en</strong>contre avec<br />

François Cervantes, auteur, metteur <strong>en</strong> scène<br />

et directeur de la cie L’Entreprise, prés<strong>en</strong>tée<br />

par Pascal Jourdana : François Cervantes<br />

interroge la place du corps dans l’écriture, le<br />

rapport de l’auteur au collectif, la relation au<br />

réel, l’articulation de l’écrit avec les autres<br />

disciplines artistiques… Le 17 fév à 11h aux<br />

Grandes Tables de La Friche.<br />

Échange et diffusion des savoirs<br />

- 04 96 11 24 50<br />

Confér<strong>en</strong>ces à 18h45 à l’Hôtel du départem<strong>en</strong>t :<br />

-Ni rêve, ni cauchemar, la mondialisation comme<br />

dev<strong>en</strong>ir par Jacques Lévy, géographe :<br />

«afin d’appréh<strong>en</strong>der ce phénomène de<br />

mondialisation, il convi<strong>en</strong>t donc d’abord de la<br />

banaliser pour le r<strong>en</strong>dre comparable et donc<br />

p<strong>en</strong>sable.» Le 14 fév.<br />

-L’av<strong>en</strong>ir de la justice internationale par<br />

Tzvetan Todorov, histori<strong>en</strong> et essayiste :<br />

«quelle justice peut contraindre les Etats, et<br />

notamm<strong>en</strong>t les plus puissants parmi eux ?» le<br />

7 mars.<br />

Tzvetan Todorov © E. Fougere - VIP Images Corbis<br />

J1 - 04 91 88 25 13<br />

Spectacle Chacal, la fable de l’exil par la cie<br />

Manifeste Ri<strong>en</strong>, dans le cadre de MP2013, suivi<br />

d’une r<strong>en</strong>contre avec Tassadit Yacine-Titouh,<br />

anthropologue, <strong>en</strong> li<strong>en</strong> avec l’exposition Méditerranée.<br />

Le 16 fév à 15h30.<br />

À la gitane : exposition du Muséon Arlat<strong>en</strong><br />

hors les murs sur le quotidi<strong>en</strong> des gitans<br />

arlési<strong>en</strong>s, du 19 fév au 17 mars.<br />

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ESADMM – 04 91 82 83 10<br />

Journées portes ouvertes : visites des ateliers,<br />

performances, r<strong>en</strong>contres, projections,<br />

concerts… Les 9 et 10 mars.<br />

Les épreuves du concours d’<strong>en</strong>trée auront lieu<br />

les 13, 14 et 15 mai, la date limite d’<strong>en</strong>voi des<br />

dossiers est fixée au 5 avril.<br />

FAI AR – 04 91 69 74 67<br />

Panorama des chantiers qui clôture les 18 mois<br />

de cursus de la 4 e promotion de la formation<br />

supérieure : prés<strong>en</strong>tation publique des<br />

recherches artistiques de 14 chantiers, du 12<br />

au 16 mars.<br />

Planète Emerg<strong>en</strong>ces – planetemerg<strong>en</strong>ces.org<br />

Femmes de Marseille : racontez-moi votre<br />

histoire : exposition photographique et sonore<br />

orchestrée par Bernard Pesce, du 7 mars au 6<br />

avril aux loges de la Bastide St Joseph<br />

(Marseille, mairie du 13/14).<br />

Couleurs Cactus – 09 54 20 15 85<br />

Atelier d’écriture mis <strong>en</strong> place par la mairie du<br />

1 er secteur intitulé Vu d’ici, ouvert à tous à<br />

partir de 16 ans. Ce sera l’occasion de déambuler<br />

dans les quartiers Dugommier, St Charles,<br />

Belsunce mais aussi sur la Corniche ou vers les<br />

Catalans. La restitution finale aura lieu<br />

p<strong>en</strong>dant le 5 e festival du Livre de la Canebière.<br />

Le 23 fév à 10h30 au C<strong>en</strong>tre Dugommier.<br />

Road Art Gallery – 04 91 52 32 56<br />

Exposition La Vie géométrique par Claverie X<br />

Zorg, jusqu’au 10 mars.<br />

Maison de v<strong>en</strong>te aux <strong>en</strong>chères Leclere<br />

– 04 91 50 00 00<br />

Confér<strong>en</strong>ces prés<strong>en</strong>tées par Jean-Noël Bret, à<br />

18h : La Prov<strong>en</strong>ce des rois de France. 1481 –<br />

1789, par Régis Bertrand, histori<strong>en</strong>, le 25<br />

fév ; 2013. La r<strong>en</strong>aissance des musées de<br />

Marseille par Christine Poullain, directrice des<br />

Musées de Marseille, le 11 mars.<br />

MARTIGUES<br />

Musée Ziem – 04 42 41 39 <strong>60</strong><br />

Exposition Résonnances, jusqu’au 21 avril.<br />

SAINT-CHAMAS<br />

Office de tourisme – 04 90 50 90 54<br />

Exposition de Fabrice Nesta, Figures abstraites,<br />

du 8 mars au 28 avril.<br />

TOULON<br />

Théâtre Liberté – 04 98 00 56 76<br />

Dans le cadre du Théma #8 Frères et sœurs, le<br />

hall du théâtre accueille l’exposition de<br />

photos de Gilles Favier, jusqu’au 30 mars.<br />

Maison de la photographie – 04 94 93 07 59<br />

Exposition L’Opéra <strong>en</strong> coulisses, photo<br />

d’Olivier Pastor, du 16 fév au 13 avril.<br />

TRETS<br />

Maison de la culture et du tourisme<br />

– 04 42 61 23 78<br />

19 e édition de la Journée des écrivains de<br />

Prov<strong>en</strong>ce : r<strong>en</strong>contres et dédicaces avec Gilles<br />

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Ascaride, Frédérique Banzet, Charles<br />

Bottarelli, Jean-Pierre Cassely, Jean Darrig,<br />

Marie-Françoise Delarozière, Raphaële<br />

Frier, Christian Maria, Pierre Mér<strong>en</strong>dol,<br />

Robert Monetti, Martine Pilate, Sophie<br />

Rigal-Goulard, Serge Scotto... Le 10 mars.<br />

VITROLLES<br />

Cinéma Les Lumières – 04 42 77 90 77<br />

Festival pluridisciplinaire Polar <strong>en</strong> lumières :<br />

projections-r<strong>en</strong>contres avec Massimo<br />

Carlotto, écrivain et scénariste, et Marco<br />

Tullio Giordana, réalisateur, concert de Gari<br />

Greu, théâtre avec Don FaccioMacco de Gilles<br />

Azzopardi… Jusqu’au 17 fév.<br />

CONCOURS<br />

Dans le cadre de la manifestation Lire<br />

Ensemble, la Communauté d’agglomération<br />

Agglopole Prov<strong>en</strong>ce lance un concours de<br />

nouvelles ouvert aux adultes sur le thème<br />

G<strong>en</strong>s d’ici et d’ailleurs. La date limite d’<strong>en</strong>voi<br />

des manuscrits est fixée au 1 er mars<br />

(Agglopole Prov<strong>en</strong>ce – Service culture,<br />

Concours Lire Ensemble adulte, 281 Bd<br />

Maréchal Foch – BP 274, 13666 Salon-de-<br />

Prov<strong>en</strong>ce).<br />

Dans le cadre du 29 e r<strong>en</strong>dez-vous des jeunes<br />

plastici<strong>en</strong>s, du 17 mai au 8 juin, l’association<br />

Elstir – Passerelle pour l’art lance un appel<br />

à candidature ouvert aux artistes plastici<strong>en</strong>s<br />

de toutes disciplines, sans limite d’âge et<br />

ayant moins de 10 ans de pratique. Le dossier<br />

de candidature, téléchargeable sur<br />

www.elstir.fr et www.saint-raphael.fr, est à<br />

adresser au Service culturel – pôle exposition<br />

– Sophie Bergeron – Hôtel de ville 83700<br />

Saint-Raphaël avant le 30 mars.<br />

Le CAUE13 lance un appel à candidature pour<br />

le Grand Prix départem<strong>en</strong>tal de l’architecture,<br />

de l’urbanisme et du paysage : peuv<strong>en</strong>t être<br />

prés<strong>en</strong>tées toutes opérations réalisées dans<br />

les Bouches-du-Rhône depuis moins de 3 ans<br />

pour l’architecture et moins de 6 ans pour le<br />

paysage et l’urbanisme. Les inscriptions et<br />

l’<strong>en</strong>voi des docum<strong>en</strong>ts peuv<strong>en</strong>t se faire sur<br />

www.caue13.fr, par la poste ou sur<br />

grandprix1.13@caue13.fr avant le 18 mars.<br />

Le recrutem<strong>en</strong>t de la 5 e promotion de la<br />

formation supérieure de La Cité des Arts de<br />

la rue FAI AR est ouvert, la date limite de<br />

dépôt des candidatures est fixée au 31 mars.<br />

Téléchargeable sur www.faiar.org<br />

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ENCONTRES


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Depuis le 12 janvier deux nouvelles librairies ont<br />

ouvert à Marseille. La Salle des machines s’est<br />

installée à l’<strong>en</strong>trée de La Friche. Cette librairie<br />

pér<strong>en</strong>ne offre un large choix d’ouvrages <strong>en</strong> li<strong>en</strong><br />

avec les expositions prés<strong>en</strong>tées dans ce lieu de<br />

création contemporaine et avec les artistes qui y<br />

résid<strong>en</strong>t ; une sélection plus généraliste y est<br />

égalem<strong>en</strong>t proposée. La deuxième s’est ancrée<br />

dans le bel espace du J1 ; cette librairie boutique<br />

accompagnera la programmation du lieu durant<br />

toute l’année 2013. On doit ces deux nouvelles<br />

machines à lire aux trois libraires qui se lancés<br />

dans cette av<strong>en</strong>ture unique : Roland Alberto<br />

(l’Odeur du temps), Dami<strong>en</strong> Bouticourt (Maupetit)<br />

et Nadia Champesme (Histoire de l’Œil).<br />

<strong>Zibeline</strong> a r<strong>en</strong>contré deux d’<strong>en</strong>tre eux.<br />

Salle des machines La Friche © Damaris B<strong>en</strong>tz<br />

Machines à lire<br />

<strong>Zibeline</strong> : Comm<strong>en</strong>t l’idée de créer <strong>en</strong>semble ces<br />

deux librairies est-elle v<strong>en</strong>ue ?<br />

Dami<strong>en</strong> Bouticourt : L’équipe de MP2013 avait<br />

fait appel à l’association Libraires à Marseille<br />

(dont les trois libraires font partie, ndlr) afin d’organiser<br />

la v<strong>en</strong>te des catalogues des expositions<br />

qui aurai<strong>en</strong>t lieu dans le cadre de l’année capitale.<br />

Très vite il a été question d’ouvrir les deux librairies<br />

; et très vite le nombre des libraires intéressés<br />

s’est réduit à trois, nous. Nous avons alors décidé<br />

de créer une <strong>en</strong>tité commune, qui permet de<br />

dépasser l’idée de concurr<strong>en</strong>ce, et nous situe<br />

quelque part <strong>en</strong>tre le commercial et l’associatif.<br />

Nadia Champesme : À La Friche, il y avait depuis<br />

longtemps un projet de librairie sur le site.<br />

Le nouveau directeur, Alain Arnaudet, y t<strong>en</strong>ait<br />

aussi. Comme Histoire de l’Œil collabore très<br />

régulièrem<strong>en</strong>t avec les structures résid<strong>en</strong>tes, je l’ai<br />

contacté et on a décidé de créer une librairie qui<br />

ressemblerait au lieu. On espère qu’on pourra la<br />

financer grâce aux subsides recueillis au J1.<br />

Quels sont vos objectifs ? Quel est votre intérêt ?<br />

DB et NC (<strong>en</strong> chœur et <strong>en</strong> riant) : L’av<strong>en</strong>ture humaine<br />

!<br />

NC : Plus sérieusem<strong>en</strong>t, nous nous sommes associés<br />

dans ce projet assez unique, mais nous<br />

sommes tous les trois différ<strong>en</strong>ts dans nos structures,<br />

nos choix, nos ori<strong>en</strong>tations. C’est cette<br />

mise <strong>en</strong> commun de nos savoir-faire, de nos<br />

expéri<strong>en</strong>ces singulières qui est passionnante.<br />

DB : Être à trois permet aussi d’être plus forts<br />

face aux distributeurs : Maupetit apportant sa<br />

caution de «grosse» librairie, la «petite» librairie<br />

est mieux prise <strong>en</strong> considération.<br />

Trois semaines après l’ouverture, quel est votre<br />

premier bilan ?<br />

DB : Pour l’instant, c’est une fréqu<strong>en</strong>tation ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t<br />

marseillaise. Au J1, il y a beaucoup<br />

plus de monde qu’à La Friche, particulièrem<strong>en</strong>t<br />

le week-<strong>en</strong>d. Et on v<strong>en</strong>d surtout des livres, sur<br />

Marseille, la région, beaucoup de livres de photographie<br />

aussi. La librairie du J1 permet d’ailleurs<br />

la mise <strong>en</strong> avant massive d’éditeurs locaux comme<br />

Par<strong>en</strong>thèses, Le bec <strong>en</strong> l’air, Jeanne Laffitte…<br />

qui ont ici l’occasion de prés<strong>en</strong>ter et de v<strong>en</strong>dre<br />

leur fond. Cela modifie nos relations commerciales<br />

avec ces éditeurs et crée une véritable<br />

synergie <strong>en</strong>tre eux et nous.<br />

NC : La Salle des machines de La Friche connaît<br />

une fréqu<strong>en</strong>tation tout à fait honorable pour une<br />

ouverture. La librairie est idéalem<strong>en</strong>t située, tout<br />

près de la billetterie. On v<strong>en</strong>d surtout des ouvrages<br />

pointus <strong>en</strong> architecture et <strong>en</strong> art. La<br />

jeunesse et le street art se v<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> aussi.<br />

Comm<strong>en</strong>t vous organisez-vous pour gérer à la<br />

fois vos librairies et les deux nouvelles ?<br />

DB : On a créé huit emplois à temps partiel,<br />

trois à La friche, cinq au J1, et on y va finalem<strong>en</strong>t<br />

assez peu nous-mêmes.<br />

Avez-vous des projets de manifestations dans ces<br />

librairies, comme dans les vôtres ?<br />

NC : Bi<strong>en</strong> sûr ! Dans le cadre du wee-k<strong>en</strong>d Made<br />

in Friche des 16 et 17 février prochains, la Salle<br />

des machines proposera un atelier pour les<br />

<strong>en</strong>fants, à partir d’images projetées de Bruno<br />

Munari. Et <strong>en</strong> mars, elle accueillera Arno Bertina<br />

à propos de son nouveau livre à paraître dans la<br />

collection Collatéral du Bec <strong>en</strong> l’air.<br />

Dami<strong>en</strong> Bouticourt, vous avez aussi un autre<br />

gros chantier <strong>en</strong> cours…<br />

DB : Effectivem<strong>en</strong>t. J’ai obt<strong>en</strong>u début janvier la<br />

concession de la librairie boutique du MuCEM.<br />

Un espace de 330 m 2 , une dizaine d’employés et<br />

une sélection de 20 000 titres <strong>en</strong> li<strong>en</strong> avec la<br />

Méditerranée que j’ai confiée à Molly Fournel<br />

(de feue la librairie Regards, de la Vieille Charité<br />

ndlr) car c’est son rayon. Plus que quatre mois<br />

pour tout faire, jusqu’à la ligne de papeterie et<br />

aux produits dérivés…<br />

PROPOS RECUEILLIS PAR FRED ROBERT<br />

J1 © Dami<strong>en</strong> Bouticourt<br />

La librairie de La Friche est ouverte du mardi<br />

au dimanche de 11 à 19h ;<br />

celle du J1 tous les jours de 12 à 18h<br />

Made in Friche<br />

les 16 et 17 février


La mer, l’OM et les lycé<strong>en</strong>s<br />

«Madame, quand vous serez morte, vous p<strong>en</strong>sez<br />

qu’on vous lira <strong>en</strong>core ?» «Madame, sans être<br />

impolie, s’il n’y a pas de message dans vos livres, à<br />

quoi ça sert de les lire ?» «Vous avez déjà sauté de la<br />

corniche dans la mer ?» Dominant les petits rires<br />

étouffés Maylis de Kérangal répond méthodiquem<strong>en</strong>t<br />

et avec doigté aux mots parfois maladroits<br />

des élèves, nés d’une curiosité spontanée, et<br />

aborde <strong>en</strong> douceur des notions comme la postérité<br />

de l’œuvre ou les subtilités du réalisme... Un<br />

Prix Médicis dans la classe «c’est classe» jubile<br />

Simon <strong>en</strong> essayant avec d’autres d’obt<strong>en</strong>ir une<br />

dédicace pour son Corniche K<strong>en</strong>nedy, malgré les<br />

rétic<strong>en</strong>ces éclairantes et g<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t pédagogiques<br />

de l’auteure !<br />

Quittant le bord de mer «à peine arp<strong>en</strong>té mais<br />

un si beau théâtre à ciel ouvert» pour le 12 e arrondissem<strong>en</strong>t,<br />

Maylis de Kérangal avec une tranquille<br />

assurance fait à plein ce week-<strong>en</strong>d là son métier<br />

d’écrivain à Marseille : r<strong>en</strong>contrer de jeunes lecteurs<br />

au lycée de La Fourragère, de plus vieux au<br />

J1, puis aller au Stade Vélodrome, semble relever<br />

du même mouvem<strong>en</strong>t tout comme écrire des<br />

romans, appart<strong>en</strong>ir au comité de rédaction de la<br />

revue Inculte et r<strong>en</strong>dre sa copie hebdomadaire au<br />

journal La Marseillaise dans le cadre des Mystères<br />

de la Capitale, série de feuilletons initiés par<br />

MP2013 !<br />

Après sa résid<strong>en</strong>ce d’écriture à la Commanderie,<br />

Maylis de Kérangal avoue malicieusem<strong>en</strong>t au<br />

journaliste Pascal Jourdana être «une intermitt<strong>en</strong>te<br />

du foot» s<strong>en</strong>sible à l’empreinte imaginaire<br />

de ce sport dont elle s’étonne qu’il n’ait pas plus<br />

de place <strong>en</strong> littérature. Et le titre donné aux 4<br />

épisodes <strong>en</strong> cours de parution, loin de refroidir<br />

les curiosités, témoigne de ce déplacem<strong>en</strong>t du<br />

regard qui sans nier le mythe le distille et le transforme<br />

; ces Ferv<strong>en</strong>ts qui vont se croiser dans le<br />

temps et l’espace éphémères du roman-feuilleton<br />

n’honor<strong>en</strong>t ni les mêmes dieux ni les mêmes<br />

lieux : Agnieska la novice polonaise (pas Anelka<br />

n’est-ce pas ?) débarque au couv<strong>en</strong>t de la Serviane<br />

Maylis de Kerangal © X-D.R.<br />

(ses Filles du Cœur de Jésus, son jardinier anarchiste-assassin<br />

et ses querelles de voisinage avec<br />

l’OM) tandis que Cosmo campe littéralem<strong>en</strong>t<br />

sur les bords de la pelouse sacrée... C’est avec<br />

plaisir et aisance, semble-t-il, que la commande<br />

est honorée : l’écriture fractionnée à l’intérieur<br />

de la continuité, l’espace restreint du feuillet<br />

invit<strong>en</strong>t à une certaine «réforme» de l’écriture et<br />

<strong>en</strong> tout cas à une évolution de la langue au fil des<br />

épisodes, vitalité et remises <strong>en</strong> question qui ne<br />

lui sont pas étrangères.<br />

À la fin de la r<strong>en</strong>contre dans le territoire flottant<br />

du J1, après avoir évoqué la nécessité de se<br />

«déboiter» et de «lever ses propres mythographies»,<br />

l’auteure toujours souriante affirme modestem<strong>en</strong>t<br />

que «la fiction est le moy<strong>en</strong> de se construire<br />

soi-même à partir de l’altérité», et se prête sans<br />

rétic<strong>en</strong>ce appar<strong>en</strong>te cette fois à une nouvelle<br />

séance de dédicaces... Belle connaissance du<br />

terrain, madame !<br />

MARIE-JO DHO<br />

La lecture-r<strong>en</strong>contre avec Maylis de Kérangal<br />

animée par Pascal Jourdana a eu lieu le 19 janvier<br />

dans le cadre de MP2013 <strong>en</strong> part<strong>en</strong>ariat<br />

avec La Marseillaise et Libraires du Sud<br />

Le roman-feuilleton est lisible sur l’édition<br />

internet de La Marseillaise<br />

www.lamarseillaise.fr<br />

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Quand l’Arche fait<br />

escale au Lièvre<br />

Pierre S<strong>en</strong>ges était tout récemm<strong>en</strong>t<br />

l’invité des Escales <strong>en</strong> Librairies ; à<br />

Marseille, la r<strong>en</strong>contre eut lieu au<br />

Lièvre de mars, ce qui était tout<br />

indiqué pour évoquer son dernier<br />

opus, Zoophile contant fleurette, qui<br />

revisite de façon jubilatoire l’histoire<br />

de l’Arche de Noé (le brave patriarche<br />

dev<strong>en</strong>ant ici le zoophile dont il<br />

est question dans le titre). Cet écrivain<br />

fort peu académique, auteur<br />

d’une quinzaine de livres qui mêl<strong>en</strong>t<br />

allègrem<strong>en</strong>t les g<strong>en</strong>res et distill<strong>en</strong>t<br />

une érudition décalée, a t<strong>en</strong>u tout<br />

d’abord à r<strong>en</strong>dre hommage à<br />

l’éditrice de Cadex ; c’est elle qui lui<br />

a proposé d’<strong>en</strong>trer dans sa collection<br />

«texte au carré», consacrée à<br />

des textes courts dont les auteurs<br />

choisiss<strong>en</strong>t eux-mêmes le préfacier<br />

et l’illustrateur. Dans le cas prés<strong>en</strong>t,<br />

Stéphane Audeguy, qui donne un<br />

plaisant avant-goût du livre, et<br />

Sergio Aquindo, dont le trait n’est<br />

pas sans évoquer les planches des<br />

<strong>en</strong>cyclopédies anci<strong>en</strong>nes. Le texte<br />

s’est construit à partir d’un extrait<br />

que S<strong>en</strong>ges offre <strong>en</strong> prélude et qu’il<br />

attribue à Giordano Bruno. Si les<br />

questions concernant le nombre<br />

d’animaux que pouvait abriter l’Arche<br />

ont été de vraies questions, que<br />

des g<strong>en</strong>s très sérieux se sont posées<br />

autrefois, la réponse que le prélude<br />

apporte est tout aussi blasphématoire<br />

que les écrits de son auteur<br />

prét<strong>en</strong>du. De cette hypothèse loufoque<br />

(et zoophile) S<strong>en</strong>ges s’empare<br />

pour une de ces variations qu’il affectionne,<br />

autour de «quatre-vingtdix-neuf<br />

espèces classées dans le plus<br />

beau désordre». Où l’on découvre<br />

comm<strong>en</strong>t Noé fit l’amour avec la<br />

baleine, le lièvre (ti<strong>en</strong>s donc) et<br />

même la mangue ! Quatre-vingtdix-neuf<br />

fragm<strong>en</strong>ts, dont chacun<br />

joue avec ceux qui précèd<strong>en</strong>t ou qui<br />

suiv<strong>en</strong>t, créant des effets de contrastes<br />

ou d’échos. Un texte <strong>en</strong> forme<br />

de liste, dans l’esprit des bestiaires.<br />

Pierre S<strong>en</strong>ges au Lievre de Mars © L.P.<br />

Avec à l’habitude des sources sci<strong>en</strong>tifiques<br />

sérieuses, que la fiction vi<strong>en</strong>t<br />

décaler, comme un jeu nécessaire<br />

pour éviter les livres «gravés dans le<br />

marbre». Deux temps de lecture par<br />

l’auteur ont permis de savourer<br />

l’humour et la subtilité de ces petits<br />

textes «animaliers».<br />

FRED ROBERT<br />

Pierre S<strong>en</strong>ges était au Lièvre de mars<br />

(Marseille) le 29 janvier et au forum<br />

Harmonia Mundi (Aix) le 30 janvier<br />

À lire<br />

Zoophile contant fleurette (éditions<br />

Cadex, 12 €) mais égalem<strong>en</strong>t<br />

La réfutation majeure, disponible<br />

<strong>en</strong> poche (Folio)


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Deux mamans<br />

Elles n’eur<strong>en</strong>t pas tant d’<strong>en</strong>fants que ça…<br />

mais fur<strong>en</strong>t quand même très heureuses<br />

Myriam Blanc croit aux vertus de<br />

l’exemple. C’est sans doute ce qui<br />

l’a poussée, <strong>en</strong> 2005, à écrire Elles<br />

eur<strong>en</strong>t beaucoup d’<strong>en</strong>fants… histoire<br />

d’une famille homopar<strong>en</strong>tale, un des<br />

premiers témoignages sur le sujet.<br />

Qui évoque <strong>en</strong>tre autres le choix de<br />

l’Insémination Artificielle avec Donneur,<br />

peu fréqu<strong>en</strong>t car la procédure<br />

est compliquée et onéreuse. Qui<br />

pose aussi toutes les autres questions<br />

des homos qui devi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t<br />

par<strong>en</strong>ts. Un récit alerte, s<strong>en</strong>sible,<br />

drôle, comme <strong>en</strong> témoigne la «petite<br />

chronologie lesbi<strong>en</strong>ne, homopar<strong>en</strong>tale<br />

et subjective» qui clôt l’ouvrage. Au<br />

mom<strong>en</strong>t où la loi sur le mariage<br />

pour tous est discutée à l’assemblée,<br />

© Assia Blanc-Boekholt, Elles eur<strong>en</strong>t beaucoup d'<strong>en</strong>fants… et se marier<strong>en</strong>t, Le Bec <strong>en</strong> l'air<br />

le livre vi<strong>en</strong>t d’être réédité sous le<br />

titreElles eur<strong>en</strong>t beaucoup d’<strong>en</strong>fants…<br />

et se marièr<strong>en</strong>t. Dans une introduction<br />

d’une tr<strong>en</strong>taine de pages<br />

qu’elle a ajoutée au texte originel,<br />

Myriam Blanc dresse le bilan de<br />

sept années de bonheur familial<br />

avec Astrid «sa chérie» et leurs deux<br />

filles, Augustine et Assia, âgées aujourd’hui<br />

de 12 et 11 ans. Que les<br />

cassandres se rassur<strong>en</strong>t, ces presque<br />

adolesc<strong>en</strong>tes élevées par deux mères<br />

ont l’air d’aller très bi<strong>en</strong> ! Une famille<br />

heureuse, donc. Et qui le serait<br />

plus <strong>en</strong>core si elle était <strong>en</strong>fin «reconnue<br />

comme une vraie famille». Car<br />

là est la question ess<strong>en</strong>tielle, sur laquelle<br />

l’auteure est rev<strong>en</strong>ue lors de<br />

la r<strong>en</strong>contre organisée à la librairie<br />

L’Histoire de l’œil. Interrogée par<br />

son éditrice Fabi<strong>en</strong>ne Pavia, elle a<br />

redit son att<strong>en</strong>te d’une nouvelle loi<br />

sur la famille, qui ti<strong>en</strong>ne davantage<br />

compte des réalités. Celle qu’elles<br />

ont fondée, Astrid et elle, repose «sur<br />

l’amour exclusivem<strong>en</strong>t et non sur la<br />

génétique». Le donneur, dont elle<br />

souligne la générosité, n’est pas un<br />

père ; il n’y a pas de place pour lui<br />

dans la cellule familiale. De fait<br />

celle-ci ne s’est pas construite sur<br />

une abs<strong>en</strong>ce, les filles connaiss<strong>en</strong>t<br />

depuis toujours l’origine de leur naissance<br />

et viv<strong>en</strong>t très naturellem<strong>en</strong>t<br />

avec leurs deux mamans. Être une<br />

famille homopar<strong>en</strong>tale, «nous n’y<br />

p<strong>en</strong>sons pas à chaque minute de notre<br />

vie», répète Myriam Blanc. Quant à<br />

se marier, elle reconnaît <strong>en</strong> riant<br />

qu’il est «curieux d’être obligée d’<strong>en</strong><br />

passer par là» mais «pourquoi pas<br />

nous ?». Et puis surtout, le mariage,<br />

un symbole fort pour les <strong>en</strong>fants,<br />

leur permettra d’adopter leurs filles.<br />

À l’image de son livre, cette femme<br />

généreuse figure l’homopar<strong>en</strong>talité<br />

heureuse, et n’érige pas son expéri<strong>en</strong>ce<br />

<strong>en</strong> modèle : elle veut juste la<br />

faire partager. Pour que cess<strong>en</strong>t<br />

l’ignorance et la peur qui <strong>en</strong>g<strong>en</strong>dr<strong>en</strong>t<br />

une haine dont elle a souffert<br />

ces derniers temps...<br />

FRED ROBERT<br />

Elles eur<strong>en</strong>t beaucoup d’<strong>en</strong>fants…<br />

et se marièr<strong>en</strong>t<br />

Myriam Blanc<br />

Le Bec <strong>en</strong> l’air, 14 €<br />

Voix <strong>en</strong> miroir<br />

Comm<strong>en</strong>t les écrivains <strong>en</strong>tr<strong>en</strong>t-ils <strong>en</strong> amitié ?<br />

Question intéressante à laquelle les Écrivains <strong>en</strong><br />

dialogue donn<strong>en</strong>t quelques réponses. Cette fois<br />

c’est Laur<strong>en</strong>ce Tardieu qui a eu un coup de<br />

cœur pour l’écriture de Camille Laur<strong>en</strong>s.<br />

Pourquoi ? «Son œuvre me percute, sa langue<br />

m’atteint», dit-elle. Elle avoue s’être trouvée dans<br />

une sorte d’hébétude à la lecture de Philippe, le<br />

premier livre totalem<strong>en</strong>t autobiographique et<br />

terriblem<strong>en</strong>t douloureux où Camille Laur<strong>en</strong>s <strong>en</strong><br />

1995, racontait la perte de son <strong>en</strong>fant. Elle y a<br />

ress<strong>en</strong>ti l’expéri<strong>en</strong>ce du deuil et trouvé les mots<br />

pour compr<strong>en</strong>dre sa propre douleur, la mort de<br />

sa mère et le sil<strong>en</strong>ce de son père. C’est ainsi que<br />

le désir d’écrire La confusion des peines (voir p. 45)<br />

s’est peu à peu imposé, celui d’aller au plus près<br />

de la vérité, au plus près de la chair des mots.<br />

Chacune retrouve dans l’autre la solitude,<br />

l’impuissance, la douleur. Toutes deux affirm<strong>en</strong>t<br />

ne plus pouvoir ni vouloir «raconter des<br />

histoires». Camille Laur<strong>en</strong>s préfère parler<br />

d’«écriture de soi» plutôt que d’autofiction. Pour<br />

autant ni l’une ni l’autre ne tombe dans la<br />

déploration ou le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>talisme fade. Elles<br />

sav<strong>en</strong>t garder une fermeté et même un certain<br />

humour, surtout Camille Laur<strong>en</strong>s qui manie le<br />

Laur<strong>en</strong>ce Tardieu © Francesca Mantovani<br />

calembour avec délectation. Chacune a une<br />

dynamique personnelle, une voix. Laur<strong>en</strong>ce<br />

Tardieu raconte d’ailleurs que dans son <strong>en</strong>fance<br />

elle avait l’impression de ne pas sortir sa voix ;<br />

c’est par l’écriture qu’elle l’a trouvée : <strong>en</strong><br />

regardant son père dans les yeux et <strong>en</strong> lui offrant<br />

Camille Laur<strong>en</strong>s © Helie Gallimard<br />

son livre. Toutes deux rev<strong>en</strong>diqu<strong>en</strong>t la portée<br />

universelle de leurs écrits, évoqu<strong>en</strong>t Proust qui<br />

affirmait que l’intime t<strong>en</strong>d à l’universel, que c’est<br />

là qu’il pr<strong>en</strong>d tout son s<strong>en</strong>s. Chacune nous<br />

propose des extraits de ses romans. Leurs voix<br />

sonn<strong>en</strong>t juste et se rejoign<strong>en</strong>t. Et résonn<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />

nous.<br />

CHRIS BOURGUE<br />

Cette r<strong>en</strong>contre a eu lieu le 18 janvier<br />

aux ABD Gaston Defferre, Marseille.<br />

Modérateur : Pascal Jourdana de l’association<br />

La Marelle


L’Est<br />

le vrai<br />

L’universitaire Robert Lefort qui l’interrogeait ce jour-là l’a très justem<strong>en</strong>t<br />

défini comme un écrivain voyageur. De fait, Christian Garcin n’<strong>en</strong> finit<br />

pas de parcourir la planète. Avec une prédilection pour les «bouts du<br />

monde». Tout juste rev<strong>en</strong>u de Patagonie, il a déjà d’autres destinations <strong>en</strong><br />

tête, d’où il rapportera sans doute carnets, notes et personnages, <strong>en</strong> vue<br />

d’un prochain roman. Mais les lieux qui, pour lui, ont le plus «appelé la<br />

fiction», ce sont les imm<strong>en</strong>sités de l’est et du sud de la Russie. Ces confins<br />

désertiques russes, proches de la Mongolie et de la Chine, on les retrouve<br />

dans le récit qu’il a écrit avec Eric Faye (En desc<strong>en</strong>dant les fleuves-Carnets de<br />

l’Extrême-Ori<strong>en</strong>t russe, Stock), mais égalem<strong>en</strong>t dans ses trois derniers<br />

romans, La piste mongole, Des femmes disparaiss<strong>en</strong>t et Les nuits de Vladivostok<br />

(voir p. 46). Celui-ci, tout récemm<strong>en</strong>t paru, lui a été inspiré par un voyage<br />

Christian Garcin © Herve Thouroude<br />

<strong>en</strong> Sibérie. On y r<strong>en</strong>contre à<br />

nouveau Zuo Luo (version<br />

chinoise de Zorro), un<br />

détective du Sichuan qui vi<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong> aide aux jeunes filles<br />

v<strong>en</strong>dues par leurs familles. Un<br />

personnage «int<strong>en</strong>sém<strong>en</strong>t romanesque»<br />

quoique issu de la<br />

réalité, comme beaucoup<br />

d’autres chez Garcin, tel Oleg,<br />

qui a traversé la Russie à pied<br />

(9 000 kms <strong>en</strong> deux ans ! prénom<br />

fictif mais auth<strong>en</strong>tique<br />

fait divers), ou les chamanes<br />

de l’île d’Olkhon-sur-Baïkal…<br />

Cela fait du monde dans ce<br />

roman, qui convoque égalem<strong>en</strong>t<br />

Balzac, Cervantès,<br />

Dostoïevsky et bi<strong>en</strong> d’autres<br />

<strong>en</strong>core. Garcin est friand de<br />

cette prolifération, ainsi que<br />

du mélange des g<strong>en</strong>res et des<br />

récits <strong>en</strong>châssés. Il rev<strong>en</strong>dique<br />

«la dissémination comme principe<br />

de construction», et un<br />

traitem<strong>en</strong>t particulier du temps,<br />

que l’on remonte, un temps<br />

cyclique, plié comme celui des<br />

chamans, car ce sont «tous les<br />

temps qui se mêl<strong>en</strong>t <strong>en</strong> nous<br />

lorsque nous écrivons».<br />

Lors de cette passionnante<br />

r<strong>en</strong>contre, l’écrivain a aussi<br />

insisté sur la notion de «mécanique<br />

de la fiction», qui se<br />

met <strong>en</strong> œuvre et dépasse le<br />

romancier, comme l’écrivait<br />

déjà Blanchot. Ce «mécanisme<br />

de l’écriture qui parfois <strong>en</strong> sait<br />

plus que l’écrivain lui-même»<br />

n’a pourtant ri<strong>en</strong> à voir avec<br />

une quelconque écriture automatique.<br />

Garcin se montre<br />

très soucieux de l’architecture<br />

de ses textes, comme de la<br />

langue dont il veille à suivre la<br />

logique rythmique et poétique,<br />

au point de choisir certains<br />

noms de personnages <strong>en</strong><br />

fonction de leur insertion sonore<br />

dans la phrase ! Un guide<br />

de choix pour un voyage au<br />

bout des mots.<br />

FRED ROBERT<br />

Christian Garcin était invité<br />

à la librairie Maupetit<br />

le 26 janvier<br />

L’un,<br />

sans l’autre<br />

J.B Pontalis © Hélie Gallimard<br />

Dans Borges, de loin, Christian Garcin<br />

livre des pages lumineuses sur<br />

l’œuvre de l’écrivain arg<strong>en</strong>tin, mais<br />

cherche aussi dans les labyrinthes<br />

borgési<strong>en</strong>s l’indéfinissable familiarité,<br />

conniv<strong>en</strong>ce pourrait-on dire, qui<br />

le relie à la fois à Borges et à sa propre<br />

écriture. Il r<strong>en</strong>ouait ainsi <strong>en</strong> 2012<br />

avec la collection L’un et l’autre, où<br />

avait été publié son premier manuscrit<br />

Vidas, et recevait, son éditeur<br />

J.-B. Pontalis à ses côtés, le prix<br />

Roger Caillois.<br />

J.-B. Pontalis est mort le 15 janvier<br />

dernier. Figure emblématique des<br />

éditions Gallimard, romancier et<br />

psychanalyste illustre, le fondateur<br />

de la remarquable Nouvelle Revue de<br />

Psychanalyse, était un passeur formidable<br />

: <strong>en</strong>tre les auteurs qu’il éditait,<br />

autant qu’<strong>en</strong>tre les frontières perméables<br />

et fécondes de la littérature<br />

et de la psychanalyse, de la fiction et<br />

de l’inconsci<strong>en</strong>t. Et c’est bi<strong>en</strong> cette<br />

circulation, d’un auteur à l’autre, d’un<br />

éditeur à un auteur, d’un lecteur à<br />

un auteur, qui fait la vraie vie littéraire,<br />

ou pour repr<strong>en</strong>dre une métaphore<br />

borgési<strong>en</strong>ne, le cercle littéraire. Non<br />

pas tant la sociabilité des prix et des<br />

r<strong>en</strong>contres, que la continuité souterraine<br />

<strong>en</strong>tre des œuvres, l’intimité<br />

profonde qui fait qu’on reconnaît<br />

des œuvres et qu’on s’y reconnaît,<br />

les filiations mystérieuses et les<br />

«souv<strong>en</strong>irs circulaires» <strong>en</strong>tre des<br />

hommes et des livres.<br />

AUDE FANLO<br />

Borges, de loin<br />

Christian Garcin<br />

L’un et l’autre, Gallimard, 20 €<br />

43<br />

L<br />

ITTÉ<br />

R<br />

A<br />

T<br />

U<br />

RE<br />

RetrouveZ sur notre site ces critiques r<strong>en</strong>contres et découvreZ les autres !<br />

www.journalzibeline.fr<br />

- Brahim Hadj Slimane à la librairie Transit, Marseille<br />

- Serge Halimi aux ABD, Marseille<br />

- Mauvignier/preljocaj à la Cité du Livre, Aix


44<br />

L<br />

I<br />

V<br />

R<br />

ES<br />

De corps <strong>en</strong> corps<br />

Comme ses contemporains, au mom<strong>en</strong>t de mourir,<br />

Ramiro Olivares a eu le choix. Après l’état dit<br />

«de flottem<strong>en</strong>t» qui mainti<strong>en</strong>t l’activité cérébrale<br />

au sein d’un modèle informatique et permet de<br />

préserver les «<strong>en</strong>tités individuelles», certains continu<strong>en</strong>t<br />

de flotter sur internet (on peut facilem<strong>en</strong>t<br />

communiquer avec eux), d’autres conserv<strong>en</strong>t leurs<br />

corps originel (ils sont considérés comme malades),<br />

d’autres <strong>en</strong>core refus<strong>en</strong>t la procédure (ceux-là<br />

n’<strong>en</strong>tr<strong>en</strong>t même pas dans les statistiques). Mais la<br />

plupart des morts préfèr<strong>en</strong>t migrer vers un nouveau<br />

support; on appelle cette opération «brûler»<br />

un corps. Ramiro, un des premiers de sa génération,<br />

l’a fait: il avait <strong>en</strong>core un certain nombre de<br />

choses à régler sur Terre. C’est ainsi qu’au début<br />

du récit, le narrateur se retrouve dans le corps rebondi<br />

d’une femme (ce ne sera d’ailleurs pas sa<br />

dernière migration). Ramiro/Rama cohabite donc<br />

désormais avec ses petits-<strong>en</strong>fants, dont il devi<strong>en</strong>t<br />

le confid<strong>en</strong>t ; son fils Théo, bi<strong>en</strong> plus âgé que lui et<br />

sénile, le pr<strong>en</strong>d pour sa grand-mère ; il dialogue<br />

souv<strong>en</strong>t avec Véra, sa fille morte restée <strong>en</strong> flottem<strong>en</strong>t…<br />

On l’aura compris, Les corps de l’été,<br />

du jeune Arg<strong>en</strong>tin Martin Felipe Castagnet, est<br />

un roman d’anticipation. Composé de douze<br />

chapitres courts, eux-mêmes subdivisés <strong>en</strong> paragraphes<br />

numérotés, comme autant d’élém<strong>en</strong>ts d’un<br />

puzzle que le lecteur recompose au fil du texte, le<br />

récit est rapide, quasi factuel, ce qui <strong>en</strong> acc<strong>en</strong>tue<br />

le caractère fantastique. Cette fiction un brin<br />

délirante interroge avec pertin<strong>en</strong>ce la condition<br />

humaine actuelle -c’est le rôle de toute bonne<br />

littérature d’anticipation-, et <strong>en</strong> particulier les<br />

notions de g<strong>en</strong>re et de famille. Pour ce bref<br />

roman qui secoue énergiquem<strong>en</strong>t le cocotier<br />

généalogique et met la mort au tapis, l’auteur a<br />

reçu le Prix de la Jeune Littérature Latinoaméricaine<br />

2012. La prés<strong>en</strong>te édition, bilingue,<br />

permet de le lire <strong>en</strong> VO.<br />

FRED ROBERT<br />

Plongée <strong>en</strong> eaux sombres<br />

Mémoire externe<br />

Le dernier ouvrage d’Anne-Marie Garat, Programme<br />

s<strong>en</strong>sible, nous fait <strong>en</strong>trer dans la consci<strong>en</strong>ce<br />

d’un personnage nourri de mythes, anci<strong>en</strong> interprète<br />

international, dev<strong>en</strong>u traducteur professionnel.<br />

Son nom déjà convie à la quête, Jason. Divorcé,<br />

il a quitté le bel appartem<strong>en</strong>t de Vinc<strong>en</strong>nes pour<br />

un deux pièces de la banlieue parisi<strong>en</strong>ne. Cet<br />

espace étroit lui ouvre paradoxalem<strong>en</strong>t d’autres<br />

univers : il est att<strong>en</strong>tif au monde qui l’<strong>en</strong>toure, ses<br />

voisins, la plupart sans-papiers à la merci de rafles,<br />

mais surtout, depuis que sa fille, Alix, lui a installé<br />

Google Earth, il parcourt le monde (inter-argonaute<br />

?), se faisant «l’effet de l’astronaute <strong>en</strong> orbite<br />

dans la stratosphère»…Il survole la planète, retrou-ve<br />

les lieux de son passé, abusant des travellings<br />

optiques, avec la t<strong>en</strong>tation de Big Brother qui «<strong>en</strong><br />

chaque internaute, sommeille». Itinéraire qui par<br />

ses aléas le replonge dans son <strong>en</strong>fance oubliée, <strong>en</strong><br />

Estonie, bi<strong>en</strong> avant la chute du mur de Berlin, au<br />

Xavier-Marie Bonnot se plaît à faire voyager ses<br />

lecteurs. Le pays oublié du temps (2011) les conduisait<br />

jusqu’<strong>en</strong> Papouasie par le biais d’une<br />

intrigue très ethnographique avec meurtres rituels<br />

sur fond de trafic d’objets d’arts premiers et<br />

d’anci<strong>en</strong>nes histoires de famille. Un voyage dans<br />

le temps autant que dans l’espace finalem<strong>en</strong>t.<br />

Car Bonnot est passionné d’histoire (et même<br />

titulaire d’un doctorat), ce qui explique sans<br />

doute pourquoi chacune des <strong>en</strong>quêtes de son flic<br />

récurr<strong>en</strong>t, Michel de Palma, est une plongée dans<br />

le temps, et l’occasion pour le lecteur de découvrir<br />

des époques et des civilisations lointaines.<br />

Avec Premier homme, on retrouve avec plaisir<br />

l’érudition de l’auteur ainsi que le personnage<br />

attachant du Baron. On plonge avec délices et<br />

frissons à la poursuite d’un meurtrier psychopathe<br />

jusqu’aux âges premiers de l’humanité,<br />

lorsque les chamanes du paléolithique dessinai<strong>en</strong>t<br />

sur les parois des grottes aujourd’hui immergées.<br />

Une histoire de préhistoire, de crimes et de folie<br />

donc. Qui se teinte de nostalgie : pour le Baron,<br />

à quelques semaines de la retraite, cette ultime<br />

<strong>en</strong>quête est une façon de «boucler la boucle».<br />

L’affaire comm<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> effet par un étrange accid<strong>en</strong>t<br />

de plongée dans la grotte sous-marine Le<br />

Gu<strong>en</strong> ; à l’<strong>en</strong>droit même où le Baron a failli être<br />

tué par Paul Autran (alias Premier Homme) dans<br />

Première empreinte, premier roman de Bonnot<br />

(2002) et première apparition du flic mélomane.<br />

Dix ans plus tard, de Palma se retrouve confronté<br />

à cet adversaire à la fois terrifiant et attachant, à<br />

ses démons personnels aussi. À l’issue d’une<br />

traque éprouvante, il est temps pour lui de tirer<br />

cœur des révoltes paysannes et de la mort des<br />

proches. Seule Dee, sa vieille tante, pourrait évoquer<br />

ce passé, mais, sénile, sa mémoire est fragm<strong>en</strong>taire,<br />

incertaine. Entre ces souv<strong>en</strong>irs, l’actualité<br />

tragique, Fukushima, le réchauffem<strong>en</strong>t climatique,<br />

son divorce, de vieux films, il arp<strong>en</strong>te les<br />

divers degrés de la réalité, où l’inconsci<strong>en</strong>t se<br />

mêle. Dans ce «vertige métaphysique» l’imagination<br />

devi<strong>en</strong>t l’objet même du roman. L’ordinateur<br />

dépasse le statut d’objet, de médiateur même,<br />

pour dev<strong>en</strong>ir un personnage grâce à sa «plasticité<br />

synaptique», et sa capacité de récupération dont<br />

nul humain ne dispose : sa «mémoire externe» !<br />

L’écriture romanesque s’adapte à l’hétéroclisme<br />

des sources évoquées, varie son vocabulaire,<br />

l’image de styles divers, et les temps, les lieux, les<br />

s<strong>en</strong>sations, les émotions se catapult<strong>en</strong>t à plaisir.<br />

Un <strong>en</strong>trelacs qui place cette œuvre à la frontière<br />

des g<strong>en</strong>res poétique et romanesque, construisant<br />

Les corps de l’été<br />

Martin Felipe Castagnet<br />

Éditions de la MEET<br />

(Maison des Écrivains<br />

Etrangers et des Traducteurs),<br />

collection Les bilingues, 15 €<br />

M.F. Castagnet est <strong>en</strong> résid<strong>en</strong>ce à La Marelle<br />

Villa des auteurs jusqu’au 25 février.<br />

En prélude au festival CoLibris, qui se ti<strong>en</strong>dra<br />

cette année du 24 au 30 avril, il sera prés<strong>en</strong>t<br />

le 12 février à la r<strong>en</strong>contre organisée au studio<br />

AKDmia à partir de 19h, autour des fictions<br />

de l’imaginaire <strong>en</strong> Arg<strong>en</strong>tine.<br />

www.villa-lamarelle.fr<br />

sa révér<strong>en</strong>ce. Signe que Bonnot veut changer de<br />

héros ?<br />

F.R.<br />

Premier homme<br />

Xavier-Marie Bonnot<br />

Actes Noirs chez Actes<br />

Sud, 22 €<br />

une mythologie contemporaine à bord de<br />

nouveaux vaisseaux.<br />

MARYVONNE COLOMBANI<br />

Programme s<strong>en</strong>sible<br />

Anne-Marie Garat<br />

Actes Sud, 19,50 €


Sauver sa peau<br />

Le livre de Laur<strong>en</strong>ce Tardieu retrace un cheminem<strong>en</strong>t<br />

qui va de la sidération à la libération.<br />

Histoire aussi d’une réconciliation : d’une fille<br />

avec son père, mais aussi d’une jeune fille avec<br />

son <strong>en</strong>fance et ses désirs de femme. Tout cela<br />

passe par la nécessité absolue dans laquelle elle se<br />

trouve de compr<strong>en</strong>dre et de briser le sil<strong>en</strong>ce, au<br />

s<strong>en</strong>s littéral, à savoir celui de mettre <strong>en</strong>fin des<br />

mots sur les situations et les s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts. Le récit<br />

autobiographique dévoile peu à peu, avec des<br />

allers-retours du prés<strong>en</strong>t au passé, la particularité<br />

de la relation de Laur<strong>en</strong>ce et son père, dans le<br />

respect et l’affection, mais aussi dans l’inexprimé.<br />

À la mort à la vie<br />

Pour ses quatre-vingt-dix ans, Octave Lassalle<br />

s’offre un drôle de cadeau : «une équipe pour la<br />

vie» car «pas question qu’on me colle n’importe qui<br />

pour s’occuper de ma carcasse quand il sera trop tard<br />

pour choisir.» L’anci<strong>en</strong> chef de service cardiologie,<br />

qui est aussi un anci<strong>en</strong> chasseur, a toujours su<br />

anticiper et organiser. Alors, pour accompagner<br />

sa fin de vie, il a sélectionné sur annonce quatre<br />

personnes, trois femmes et un homme. Ils se<br />

relaieront auprès de lui dans la grande demeure,<br />

chacun à des horaires précis, et disposeront d’une<br />

clé de la maison et d’une chambre. La réunion de<br />

ces quatre personnes très différ<strong>en</strong>tes est la dernière<br />

av<strong>en</strong>ture de la vie d’Octave. Une façon<br />

pour lui d’att<strong>en</strong>dre la mort <strong>en</strong> vie. Car, de fait,<br />

son exist<strong>en</strong>ce change, portée par l’énergie de «ces<br />

quatre-là». Grâce à eux, le vieillard va <strong>en</strong>fin pouvoir<br />

tirer un trait sur son passé douloureux. Grâce<br />

à lui, les quatre autres vont repr<strong>en</strong>dre, chacun à<br />

sa manière, le fil de la vie. La maison elle-même<br />

va r<strong>en</strong>aître de cette étrange cohabitation. Le<br />

nouveau roman de Jeanne B<strong>en</strong>ameur, tout <strong>en</strong><br />

s<strong>en</strong>sibilité et jamais mièvre, est un hymne au<br />

désir sous toutes ses formes. Il est aussi action de<br />

Fauviste<br />

Une t<strong>en</strong>tation d’écriture crue <strong>en</strong> larges aplats,<br />

viol<strong>en</strong>te, semble animer Minna Sif dans<br />

Massalia Blues. La parole des personnages hauts<br />

<strong>en</strong> couleur issus du lump<strong>en</strong> même plus<br />

prolétari<strong>en</strong> est rapportée par la narratrice,<br />

écrivain public aux abords de la Poste Colbert à<br />

Marseille. Défil<strong>en</strong>t les misères, les destins<br />

écorchés, les vieillards abandonnés dans leur pus,<br />

les prostitué(e)s, les petits dealers, les marchands<br />

de sommeil. Émerge Brahim, «clochard céleste»<br />

qui pousse son caddie dans les bas quartiers, et<br />

refuse de se r<strong>en</strong>dre à la préfecture pour demander<br />

ses papiers. Il se raconte, évoque son <strong>en</strong>fance de<br />

l’autre côté de la Méditerranée, nous fait croiser<br />

son père qui a perdu son pied à la guerre, sa mère,<br />

qui insulte le feu qui ne veut pas pr<strong>en</strong>dre, Leïla,<br />

la putain aux canines d’or…<br />

Note bleue, idées noires d’une musique faite<br />

pour chanter les douleurs de la vie, ce Blues tisse<br />

des mots sur ces trajectoires humaines. Le style<br />

travaillé au corps cherche à r<strong>en</strong>dre par un<br />

Car ce père brillant s’est trouvé condamné <strong>en</strong><br />

1996 pour corruption, au bout de quinze années<br />

à un poste important de la Générale des Eaux.<br />

Au même mom<strong>en</strong>t sa femme est atteinte d’un<br />

cancer. Soudain l’univers de la famille se craquelle,<br />

mais ri<strong>en</strong> ne sera dit. Laur<strong>en</strong>ce évoque<br />

cette «matière lourde, poisseuse» qui l’étouffe, ce<br />

monstre qui l’<strong>en</strong>traîne dans un trou. Des années<br />

plus tard elle décide de briser le sil<strong>en</strong>ce par l’écriture<br />

de ce livre <strong>en</strong> train de se faire sous nos yeux,<br />

bravant l’interdiction de son père d’étaler leur<br />

histoire. Dans les dernières pages Laur<strong>en</strong>ce et son<br />

père sont fictivem<strong>en</strong>t face à face ; elles sont écrites<br />

grâces : à la beauté de la nature, à l’art, à l’homme<br />

surtout. Dans cette espèce de paradis retrouvé,<br />

<strong>en</strong>tre ess<strong>en</strong>ces rares, haïkus et portraits du<br />

Fayoum, c’est la vie qu’il s’agit de sauver. Malgré<br />

le doute, malgré la mort. Les cinq «profanes»<br />

embarqués dans cette histoire s’emploi<strong>en</strong>t de<br />

toutes leurs forces à faire palpiter «le sacré, le vif<br />

de la vie», sans recourir à un dieu quelconque.<br />

«Ri<strong>en</strong> que des hommes et des femmes.» Une<br />

émouvante profession de foi… <strong>en</strong> l’humanité.<br />

FRED ROBERT.<br />

Profanes<br />

Jeanne B<strong>en</strong>ameur<br />

Actes Sud, 20 €<br />

vocabulaire riche, émaillé d’expressions, de<br />

trucul<strong>en</strong>ce, ce monde déshérité. Mais on n’y<br />

croit pas, les personnages parl<strong>en</strong>t une langue trop<br />

littéraire, les images fortes s’épuis<strong>en</strong>t dans leur<br />

<strong>en</strong>chaînem<strong>en</strong>t systématique. On a l’impression<br />

de ne pas progresser dans ce roman qui sans<br />

doute aurait gagné à être allégé, à ne pas chercher<br />

des trouvailles de style, mais à raconter plus<br />

simplem<strong>en</strong>t une histoire forte, hélas plus<br />

vraisemblable que la langue qui la rapporte.<br />

MARYVONNE COLOMBANI<br />

Massalia Blues<br />

Minna Sif<br />

Alma Éditeur, 18€<br />

dans un flux large et pr<strong>en</strong>ant de phrases amples,<br />

juxtaposées, allant jusqu’au bout du souffle, pour<br />

effacer la honte et trouver le goût de la vie.<br />

CHRIS BOURGUE<br />

La confusion des peines<br />

Laur<strong>en</strong>ce Tardieu<br />

Stock, 16 €<br />

Stèles<br />

Laur<strong>en</strong>ce Tardieu<br />

était aux ABD avec<br />

Camille Laur<strong>en</strong>s pour<br />

Écrivains <strong>en</strong> dialogue<br />

(voir p. 42)<br />

D’abord un chiffre, inaugural, obsédant, glissé partout,<br />

sous toutes ses formes comme une note<br />

insistante dans une sonate pour piano : le 29 qui<br />

accompagne chacune des «visions dans l’exil» du<br />

titre, ouvre et ferme chaque chant, le scande et<br />

sans doute le fonde dans la terreur des «29 trépassés»<br />

«29 victimes» «cataclysme des 29» ou<br />

«sacrifice des 29». Le poète algéri<strong>en</strong> Brahim Hadj<br />

Slimane semble fixer un nombre et l’arrêter<br />

comme l’allégorie définitive du malheur, de la<br />

déc<strong>en</strong>nie noire et de la litanie arithmétique des<br />

morts. 29 corps se confond<strong>en</strong>t avec l’écriture et la<br />

typographie du poème tout <strong>en</strong> colonnes de mots<br />

dressés.<br />

Dans sa préface, véritable guide de lecture, Bernard<br />

Noël évoque un «Hermès verbal» : borne<br />

placée aux carrefours et surmontée de la tête du<br />

messager des dieux, constituée au départ d’un<br />

empilem<strong>en</strong>t de pierres déposées par les passants.<br />

Le lecteur reconnaît là sa nécessaire contribution<br />

à l’élaboration d’une «vision» (davantage du côté<br />

de l’instantané et de la saisie du réel que du soufisme<br />

visionnaire) qui ne pr<strong>en</strong>d forme que dans<br />

le ressassem<strong>en</strong>t, le va-et-vi<strong>en</strong>t de la navette qui<br />

trame une figure qui apparaît doucem<strong>en</strong>t ou<br />

reste sous-jac<strong>en</strong>te. Le matériau s’accumule :<br />

référ<strong>en</strong>ces, noms de personnes et de personnages<br />

(au milieu de tant d’autres Jean Sénac et Scipion<br />

l’Africain), mythe, lég<strong>en</strong>de, histoire, la Bakhta de<br />

Cheb Khaled, le raï ou les feuilletons oranais. Et<br />

cela s’élabore <strong>en</strong> vers libres souv<strong>en</strong>t courts, ciselés<br />

et elliptiques, qui laiss<strong>en</strong>t le lecteur dans l’exil et<br />

le conduis<strong>en</strong>t à ne se saisir que ce qui fait s<strong>en</strong>s,<br />

c’est-à-dire l’éternel algéri<strong>en</strong> : mer, soleil, sang,<br />

sacrifice et couteau... Appauvrissem<strong>en</strong>t immérité<br />

sans doute, mais comm<strong>en</strong>t faire pour <strong>en</strong>trer dans<br />

un lyrisme si lacunaire ?<br />

MARIE JO DHO<br />

Vingt-neuf visions dans l’exil<br />

Brahim Hadj Slimane /<br />

dessins d’Abdellaziz Zodmi<br />

La courte échelle / éditions<br />

transit, 9 €<br />

45<br />

L<br />

I<br />

V<br />

R<br />

ES


46<br />

L<br />

I<br />

V<br />

R<br />

ES<br />

Zorro est de retour !<br />

«Le monde est plié comme peut l’être un<br />

tissu : les points les plus éloignés d’une<br />

nappe, d’une pâte feuilletée ou d’un drap<br />

pliés peuv<strong>en</strong>t être directem<strong>en</strong>t voisins <strong>en</strong><br />

franchissant l’épaisseur de la coupe.»<br />

«Zuo Luo», Zorro chinois, traque un malfrat au<br />

compte des mafias chinoises et russes, <strong>en</strong> compagnie<br />

de son auteur -un jeune chinois qui a écrit<br />

un livre sur lui à son insu dans un précéd<strong>en</strong>t<br />

roman de Christian Garcin- et de l’un de ses<br />

lecteurs français, r<strong>en</strong>contré à la suite d’une succession<br />

de méprises. Ils sont aidés par un russe<br />

solitaire qui a parcouru 9 000 kilomètres à pieds,<br />

un anci<strong>en</strong> figurant de nanars ninja et une ravissante<br />

prostituée coré<strong>en</strong>ne. Mais dans cette intrigue<br />

policière subtile et maîtrisée à l’humour impeccable,<br />

la logique minutieuse du scénario relève<br />

Un de Manosque<br />

L’Association des Amis de Jean Giono vi<strong>en</strong>t de<br />

sortir le n° 6 de sa revue qui clôture l’année 2012,<br />

année gioni<strong>en</strong>ne (voir Zib’56). Une revue annuelle<br />

qui s’attache à publier des textes rares et<br />

inédits de l’auteur, mais aussi des témoignages,<br />

docum<strong>en</strong>ts iconographiques, correspondances,<br />

articles critiques autour de son oeuvre gigantesque...<br />

Ce dernier numéro réserve bi<strong>en</strong> des<br />

surprises ! Ainsi on lira une prés<strong>en</strong>tation et des<br />

comm<strong>en</strong>taires de La flûte <strong>en</strong>chantée pour le<br />

Festival d’Aix de 1958 ; Giono, comme le rythme<br />

de sa prose l’indique mais pas forcém<strong>en</strong>t ses<br />

thématiques, écoutait des flots de musique, surtout<br />

Mozart. Un inv<strong>en</strong>taire de sa discothèque<br />

montre son omniprés<strong>en</strong>ce et l’abs<strong>en</strong>ce des Romantiques,<br />

des Modernes et de la musique<br />

française. Giono aimait à dire que la musique<br />

Le chant des livres<br />

Pour Francine Zubeil, chaque livre se concrétise<br />

«après un long travail de maturation». Philadelphie<br />

Philadelphia, conçu lors d’une résid<strong>en</strong>ce à<br />

la Maison Dora Maar à Ménerbes <strong>en</strong> avril<br />

2010, est sorti de presse <strong>en</strong> novembre 2012. Gris<br />

pâle, couverture plastifiée, papier tramé, il ressemble<br />

à un long travelling d’images et de mots :<br />

«J’ai écrit dans le train au retour de Philadelphie<br />

vers NY après avoir vu la Mariée mise à nue… de<br />

Marcel Duchamp. Ce sont les impressions de ce que<br />

j’ai vu dans et à travers les f<strong>en</strong>êtres du train.» On<br />

le feuillette indifféremm<strong>en</strong>t de gauche à droite<br />

ou de droite à gauche car l’alternance de pages<br />

blanches, d’images floutées et de phrases sibyllines<br />

écrites <strong>en</strong> rouge et gris est propice au<br />

vagabondage. D’autant que l’incision du texte<br />

laisse apparaître comme une cicatrice au dos de<br />

la feuille, mince comme du papier à cigarettes.<br />

L’œil fait donc une pause, se saisit de ces «hiéroglyphes»<br />

avant de poursuivre son exploration…<br />

moins des mobiles et des preuves que de la mécanique<br />

mystérieuse des coïncid<strong>en</strong>ces et des<br />

simili-tudes, dans «les mondes pliés de la fiction et<br />

de la réalité» (voir p 43)... Elle nous emmène<br />

dans des <strong>en</strong>tre-mondes vides et pleins, qui sont<br />

les points de converg<strong>en</strong>ce de niveaux de réalités<br />

qui s’imbriqu<strong>en</strong>t et se superpos<strong>en</strong>t : Vladivostok,<br />

<strong>en</strong>tre Russie, Chine et Corée, où cohabit<strong>en</strong>t les<br />

traces des guerres sino-russes et le langage<br />

standardisé des serveuses -<strong>en</strong>joy your drink!- ; une île<br />

au trésor, dont les morts <strong>en</strong>sevelis tiss<strong>en</strong>t un li<strong>en</strong><br />

mystérieux <strong>en</strong>tre les personnages ; l’année 1937,<br />

point commun incongru <strong>en</strong>tre une vieille chamane<br />

d’Irkoutsk, un mafieux lettré, Blanche-neige<br />

et quelques autres catastrophes historiques tragiquem<strong>en</strong>t<br />

banales. Autant de mondes dilatés dans<br />

des échelles de temps et d’espaces différ<strong>en</strong>tes, et<br />

qui sont des points de passages que le lecteur,<br />

l’aidait à trouver «inconsciemm<strong>en</strong>t des architectures<br />

littéraires». Elle occupe une place particulière,<br />

directe, dans Un de Beaumugnes : c’est grâce à<br />

son harmonica qu’Albin libère Angèle de sa<br />

prison et de son sil<strong>en</strong>ce au cours de trois nuits de<br />

musique (communication d’Andrée Lotey).<br />

Des peintures retrac<strong>en</strong>t quelques épisodes de<br />

l’amitié de Giono et du peintre Eugène Martel<br />

dont le neveu, Charles, photographe, a immortalisé<br />

les prom<strong>en</strong>ades sur le plateau d’Albion. On<br />

appréciera les dessins que Paul Lemagny pour la<br />

réédition de Regain <strong>en</strong> 1947 et on lira aussi avec<br />

émotion les souv<strong>en</strong>irs d’Élise, l’épouse. On le<br />

compr<strong>en</strong>d, les amis de Giono sont <strong>en</strong>core loin<br />

d’avoir épuisé les docum<strong>en</strong>ts inédits du Paraïs, la<br />

maison de Giono !<br />

CHRIS BOURGUE<br />

Semblable à un cahier de dessins et de broderies<br />

(la tranche est réellem<strong>en</strong>t cousue), Mythologie intime<br />

est le prolongem<strong>en</strong>t de l’exposition de<br />

Christine Millerin à l’Atelier Archipel (Arles)<br />

<strong>en</strong> juin 2012. L’artiste y dévoile ses recherches<br />

autour du textile, dessins au crayon, pastels : un<br />

vrai canevas, de fil <strong>en</strong> aiguille. Certaines pages<br />

sont saturées, presque noircies, d’images, de lignes,<br />

de photos, de traces, de matières ; d’autres respir<strong>en</strong>t<br />

à pleins poumons, à peine «<strong>en</strong>tachées» de<br />

brisures de lignes grises. Mythologie intime est<br />

vierge de toutes informations qui pourrai<strong>en</strong>t parasiter<br />

notre immersion dans l’œuvre : pas une<br />

ligne sur l’artiste ou sur son travail, pas de texte<br />

critique ni d’index bibliographique. Seules quelques<br />

phrases écrites à la première personne serv<strong>en</strong>t<br />

de fil rouge : «Ils écriv<strong>en</strong>t et tiss<strong>en</strong>t une mémoire<br />

s<strong>en</strong>sible, une mythologie intime, celle d’un monde<br />

retrouvé…»<br />

MARIE GODFRIN-GUIDICELLI<br />

éconduit par le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t d’une totalité qui lui<br />

échappe, empruntera avec délectation, pour peu<br />

qu’il se prête à l’art consommé des visions<br />

chamaniques, du tao, ou des fictions ironiques…<br />

AUDE FANLO<br />

Les nuits de Vladivostok<br />

Christian Garcin<br />

Stock, 20,50 €<br />

Revue Giono n° 6,<br />

2012-2013<br />

Association<br />

des Amis de<br />

Jean Giono<br />

04 92 87 73 03<br />

Philadelphie,<br />

Philadelphia<br />

Francine Zubeil<br />

Mythologie intime<br />

Christine<br />

Millerin<br />

Livres d’artistes<br />

publiés par<br />

La Fabrique<br />

s<strong>en</strong>sible, Arles


Non-lois dans la jungle<br />

Calais. Sangatte. Migrants. Demandeurs d’asile.<br />

Chasse aux sans papiers. Répression des humanitaires.<br />

Squat, Jungle… La presse s’<strong>en</strong> fit l’écho.<br />

2002 : «fermeture» de Sangatte, ratiboisé. Dix<br />

ans après ? Les problèmes rest<strong>en</strong>t d’une criante<br />

actualité.<br />

À partir de 2009 Marion Osmont s’est r<strong>en</strong>due<br />

de nombreuses fois à Calais. Sa maîtrise de l’amharique<br />

(langue sémitique usitée <strong>en</strong> Ethiopie) et les<br />

contacts noués sur place et avec ce pays lui ont<br />

permis de partager le sort de plusieurs de ces<br />

indésirables. En 2010, à son retour d’Ethiopie et<br />

du Soudan, elle propose à deux migrants r<strong>en</strong>contrés<br />

à Calais de raconter leur parcours. L’ouvrage<br />

s’organise sans marquer la différ<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> deux<br />

parties principales. D’une part deux histoires<br />

individuelles, d’Ammanuel restituée principalem<strong>en</strong>t<br />

à travers son propre récit et d’Haroon dont<br />

témoigne une importante série de photographies<br />

prises à Calais. À ces témoignages effroyables<br />

succèd<strong>en</strong>t les contributions apportées par des<br />

acteurs sociaux et humanitaires. Des représ<strong>en</strong>tants<br />

du GISTI, Migreurop, Salam, Elus Hospitaliers,<br />

Médecins du Monde, Amnesty International<br />

permett<strong>en</strong>t de compr<strong>en</strong>dre le parcours de ces<br />

hommes vivant dans les jungles calaisi<strong>en</strong>nes et<br />

ouvr<strong>en</strong>t plus largem<strong>en</strong>t sur les questions de<br />

migration, de politique et droits nationaux, eu<br />

ropé<strong>en</strong>s et internationaux, démontr<strong>en</strong>t l’inanité<br />

de dispositifs comme les accords de Dublin II ou<br />

l’Eurodac. Des Hommes viv<strong>en</strong>t ici se lit dans la<br />

perspective abordée par Europa inch’allah de S.<br />

Le roman-photo d’une vie<br />

Surréaliste invisible<br />

L’histoire de l’art s’écrit aussi par les femmes ! Au<br />

côté des figures emblématiques d’André Breton,<br />

Max Ernst ou Marcel Duchamp les éditions<br />

TFV-Aube poursuiv<strong>en</strong>t avec la collection Phares<br />

la découverte d’artistes moins illustres ayant<br />

travaillé pourtant dans l’aura du groupe surréaliste.<br />

Encore moins connue que Leonora Carrington<br />

(voir Zib’47) mais comme cette dernière et nombre<br />

d’artistes europé<strong>en</strong>s, dont les surréalistes,<br />

Alice Paal<strong>en</strong>, puis Rahon, (1904-1987) a constamm<strong>en</strong>t<br />

m<strong>en</strong>é de front création poétique et<br />

peinture. Celle qu’Éluard avait baptisée l’abeille<br />

noire avait trouvé refuge au Mexique à la fin des<br />

années tr<strong>en</strong>te, et a construit son œuvre dans un<br />

City Life<br />

François Grether, Grand Prix de l’Urbanisme<br />

2012 s’impose comme un lauréat s<strong>en</strong>sible aux<br />

conv<strong>en</strong>ances urbaines de l’humain in situ, loin<br />

d’une standardisation monotone et impersonnelle.<br />

Agrém<strong>en</strong>té de nombreuses illustrations<br />

couleurs, l’ouvrage, sous la direction d’Ariella<br />

Masboungi, s’articule autour des réalisations et<br />

projets de l’architecte-urbaniste (ZAC Lyon<br />

Conflu<strong>en</strong>ce, Berges de la Maine à Angers, ZAC<br />

Pierre-Jean Amar n’<strong>en</strong> est pas à son premier<br />

recueil de photographies ou traité de l’histoire de<br />

la photographie. Mais La nature, le corps et<br />

l’ombre est unique car il retrace 50 ans de sa vie.<br />

Moins riche iconographiquem<strong>en</strong>t que l’exposition<br />

(voir p. 58) à la Cité du livre à Aix -120<br />

reproductions contre 230 tirages exposés-, l’opus<br />

s’accompagne d’un texte de Jacques Terrasa,<br />

professeur d’arts visuels hispaniques à l’université<br />

d’Aix-Marseille. En 2001, son regard critique<br />

accompagnait déjà le livre Auréli<strong>en</strong> (éd. Filigranes)<br />

consacré aux vingt premières années du fils<br />

de Pierre-Jean Amar. Ici l’auteur évoque la<br />

gestation de l’œuvre, les techniques de laboratoire,<br />

l’isolem<strong>en</strong>t du photographe, son itinéraire<br />

personnel à l’ombre d’une mère dépressive (voir<br />

Zib’25), sa révélation à l’art de l’arg<strong>en</strong>tique qui<br />

le poussa vers la création, mais égalem<strong>en</strong>t vers<br />

l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t et l’étude… Il éclaire la transformation<br />

«d’un être touché par la photographie»<br />

qui fréqu<strong>en</strong>ta Willy Ronis, le plastici<strong>en</strong> Louis<br />

Pons ou <strong>en</strong>core le psychothérapeute Noël Salathé<br />

dont il fit de saisissants portraits. Ce sont 50 ans<br />

de travaux personnels, de recherches formelles,<br />

de commandes, d’inv<strong>en</strong>taire du paysage et des<br />

natures mortes. Et 50 ans de contemplation. À<br />

l’instar de ces gargouilles à tête d’oiseau et de<br />

singe photographiés à Notre-Dame de Paris <strong>en</strong><br />

syncrétisme d’univers mythiques ou merveilleux<br />

puisés dans le magique régional (Franche-Comté,<br />

Bretagne), les mythologies des grandes civilisations<br />

(Inde, Mexique, Indi<strong>en</strong>s d’Amérique du<br />

nord), la préhistoire (Altamira), le conte (par<br />

conniv<strong>en</strong>ce avec l’héroïne de Lewis Carroll).<br />

«L’invisible nous parle et le monde qu’il dépeint pr<strong>en</strong>d<br />

la forme d’apparitions ; il éveille <strong>en</strong> chacun de nous<br />

la soif du merveilleux et nous montre le chemin<br />

pour y retourner, celui de la grande conquête de l’<strong>en</strong>fance<br />

qui se perd lorsqu’on nous impose un système<br />

d’éducation rationnel.»<br />

C.L.<br />

de Clichy Batignolles…), successeur du paysagiste<br />

Michel Desvigne. L’hommage r<strong>en</strong>du au<br />

géographe iconoclaste Marcel Roncayolo vi<strong>en</strong>t<br />

corroborer la ville sur mesure, slogan sous forme<br />

de p<strong>en</strong>sée unique mais applicable à chaque projet,<br />

du mom<strong>en</strong>t qu’il épouse les contraintes et organisations<br />

du site. Une publication explicite !<br />

FRED ISOLETTA<br />

Mangriotis, à propos des migrants installés dans<br />

le port grec de Patras, chez le même éditeur (Zib’<br />

45). L’histoire continue, insupportable.<br />

CLAUDE LORIN<br />

Des hommes viv<strong>en</strong>t ici<br />

Marion Osmont<br />

Images Plurielles, 25 €<br />

1962 qui, <strong>en</strong> ouverture du portfolio, fix<strong>en</strong>t d’un<br />

œil perplexe les toits de la capitale.<br />

MARIE GODFRIN-GUIDICELLI<br />

La nature, le corps<br />

et l’ombre<br />

Pierre-Jean Amar<br />

Le Bec <strong>en</strong> l’air, 35 €<br />

Alice Rahon,<br />

L’abeille noire<br />

Dominique<br />

et Juli<strong>en</strong> Ferrandou<br />

Édition TFV-Aube<br />

Elléouët-Breton, DVD<br />

La ville sur mesure<br />

François Grether<br />

Par<strong>en</strong>thèses, 14 €<br />

47<br />

L<br />

I<br />

V<br />

R<br />

ES


48<br />

Premier XX e<br />

Difficile de réunir au sein d’un même ouvrage la<br />

totalité d’un vingtième siècle musical plus que<br />

pléthorique ? Guillaume Kosmicki et les<br />

éditions Le Mot et le Reste s’<strong>en</strong> sont chargés. En<br />

att<strong>en</strong>dant le second volume qui couvrira les années<br />

soixante à nos jours, Musiques Savantes, de<br />

Debussy au mur de Berlin (1882-1962), offre de<br />

multiples portes d’<strong>en</strong>trées à tous les amateurs<br />

curieux et mélomanes soucieux de parfaire leurs<br />

connaissances. Articulé <strong>en</strong> cinq grandes parties<br />

introduites par un préambule historique, l’ouvrage<br />

fonctionne par <strong>en</strong>trées prés<strong>en</strong>tant œuvres<br />

remarquables, emblématiques ou indisp<strong>en</strong>sables<br />

à la compréh<strong>en</strong>sion d’une époque, d’un courant<br />

artistique. Avec ce type de lecture ludique et<br />

ingénieuse, la multiplicité des musiques dites<br />

savantes ne s’impose pas comme un kaléidoscope<br />

complexe mais comme un puzzle sonore facile à<br />

composer et à compr<strong>en</strong>dre. Une belle réussite.<br />

FRÉDÉRIC ISOLETTA<br />

Musiques savantes<br />

Guillaume Kosmicki<br />

Le Mot et le Reste, 23 €<br />

L<br />

I<br />

V<br />

R<br />

ES<br />

Le danger des liaisons<br />

Pierre-Ambroise Choderlos de Laclos a publié<br />

Les Liaisons Dangereuses <strong>en</strong> 1782. Militaire de<br />

carrière et homme d’un seul livre (mais un chefd’œuvre),<br />

il a marqué la littérature par ce roman<br />

épistolaire de stratégie amoureuse. Dans son<br />

étude, Biancamaria Fontana aborde sa façon<br />

unique de traiter la complexité tragique des<br />

motivations s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>tales. Cep<strong>en</strong>dant l’ess<strong>en</strong>tiel<br />

de son propos porte sur la dim<strong>en</strong>sion politique et<br />

idéologique de l’ouvrage : il est question de<br />

liberté, de sujétion, de morale et de religion.<br />

Probablem<strong>en</strong>t athée, Laclos semble considérer la<br />

foi comme une crédulité malsaine. Il est aussi<br />

att<strong>en</strong>tif à la condition féminine : un an après la<br />

publication de son roman, il exposait clairem<strong>en</strong>t<br />

dans un essai que l’éducation ne suffirait pas à<br />

changer le sort des femmes, qu’il leur faudrait<br />

une révolution... Le personnage de la Marquise<br />

de Merteuil est particulièrem<strong>en</strong>t intéressant, et à<br />

plusieurs niveaux : elle a dû se battre pour atteindre<br />

une relative indép<strong>en</strong>dance, pourtant lorsqu’elle<br />

domine, elle aussi veut régner sur des esclaves.<br />

Reste à méditer la conclusion de Laclos : «Notre<br />

raison, déjà si insuffisante pour prév<strong>en</strong>ir nos<br />

malheurs, l’est <strong>en</strong>core davantage pour nous <strong>en</strong><br />

consoler.»<br />

GAËLLE CLOAREC<br />

Du boudoir à la Révolution.<br />

Laclos et les Liaisons dangereuses dans leur siècle<br />

Biancamaria Fontana<br />

Agone, 20 €<br />

Cerner la viol<strong>en</strong>ce<br />

La collection Savoirs à l’œuvre repr<strong>en</strong>d les cycles<br />

de confér<strong>en</strong>ces Échange et diffusion des savoirs<br />

à l’Hôtel du Départem<strong>en</strong>t 13, rassemblant <strong>en</strong><br />

un volume la thématique d’une année. Dans ce<br />

recueil, c’est la période 2008-2009 : Emprises de<br />

la viol<strong>en</strong>ce, regards sur la civilisation contemporaine<br />

qui nous est prés<strong>en</strong>tée. Le plaisir de retrouver sur<br />

papier le texte des interv<strong>en</strong>tions passées n’<strong>en</strong>lève<br />

ri<strong>en</strong> à celui d’assister <strong>en</strong> direct au cycle <strong>en</strong> cours ; au<br />

contraire, les deux sont complém<strong>en</strong>taires, et<br />

stimul<strong>en</strong>t l’<strong>en</strong>vie d’aller plus avant dans la<br />

réflexion, de se procurer certains des ouvrages<br />

cités <strong>en</strong> bibliographie.<br />

On peut voir ce «florilège» de confér<strong>en</strong>ces<br />

comme on ti<strong>en</strong>drait un paquet de cartes <strong>en</strong><br />

mains, pour mieux compr<strong>en</strong>dre la brutalité de<br />

l’hyperconsommation (avec Jean-Pierre Lebrun<br />

ou Dany-Robert Dufour), la mise <strong>en</strong> place<br />

insidieuse d’un appareil de surveillance (Jacques<br />

Donzelot) ou les conséqu<strong>en</strong>ces terribles de<br />

l’appauvrissem<strong>en</strong>t du langage.<br />

Lorsque le linguiste Alain B<strong>en</strong>tolila nous dit<br />

l’importance de la grammaire «libératrice,<br />

subversive» pour articuler ses p<strong>en</strong>sées et «ne pas se<br />

faire avoir», quand Bernard Stiegler nous livre le<br />

mot de Kant sapere aude (ose savoir), tandis que<br />

Marcel Gauchet conclut <strong>en</strong> suggérant que «ri<strong>en</strong><br />

de ce qui est facile n’est intéressant», ils aiguis<strong>en</strong>t<br />

notre <strong>en</strong>vie de les suivre sur les chemins du<br />

savoir…<br />

G.C.<br />

Emprises de la viol<strong>en</strong>ce<br />

Par<strong>en</strong>thèses, 18 €


Tomasi reconnu ?<br />

H<strong>en</strong>ri Tomasi (1901-1971) a longtemps souffert<br />

d’une réputation de «musici<strong>en</strong> du passé», lui qui,<br />

chef d’orchestre, connaisseur de l’équilibre et des<br />

timbres instrum<strong>en</strong>taux, n’a pas abandonné la<br />

préémin<strong>en</strong>ce de la mélodie. Il <strong>en</strong> fallait moins<br />

pour être mis au ban dans la France des Tr<strong>en</strong>te<br />

Glorieuses ! Son importante production, diverse,<br />

connait depuis quelques années (grâce au combat<br />

que mène Claude Tomasi, son fils, pour sa redécouverte)<br />

un intérêt grandissant. Les <strong>en</strong>registrem<strong>en</strong>ts<br />

qui fleuriss<strong>en</strong>t <strong>en</strong> sont la preuve. Ce sont les pièces<br />

concertantes qui sont les plus connues, à l’image<br />

de son Concerto pour violon joué récemm<strong>en</strong>t au<br />

Silo par Laur<strong>en</strong>t Korciaet l’Orchestre Philharmonique<br />

de Marseille (voir www.journalzibeline.fr).<br />

Un nouveau disque du label Indés<strong>en</strong>s, fidèle souti<strong>en</strong><br />

du compositeur corse né à Marseille, prés<strong>en</strong>te<br />

ses Concertos pour trompette & trombone datant<br />

de 1949 et 1957. On y <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d deux excell<strong>en</strong>ts solistes<br />

Eric Aubier (trompette) et Fabrice Millischer<br />

(trombone) secondés par l’Orchestre d’Harmonie<br />

de la Garde Républicaine. Au fur et à mesure<br />

de son évolution, Tomasi, d’un tempéram<strong>en</strong>t<br />

profondém<strong>en</strong>t libre, «anarchiste de cœur» et plutôt<br />

marxiste, a «rejoint son temps» <strong>en</strong> écrivant des<br />

pièces <strong>en</strong>gagées qui témoign<strong>en</strong>t des événem<strong>en</strong>ts<br />

du siècle. On <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d aussi Noces de C<strong>en</strong>dres, dénonciation<br />

<strong>en</strong> forme de ballet (1952) de l’absurdité<br />

de la guerre.<br />

Chez Ad Vitam Records on s’attache à des opus<br />

qui attest<strong>en</strong>t de son <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t humaniste et de<br />

son li<strong>en</strong> avec des auteurs contemporains : Le<br />

Sil<strong>en</strong>ce de la mer, drame lyrique sur les mots de<br />

Vercors (1959), Symphonie du Tiers monde inspiré<br />

d’Aimé Césaire (1967) et Retour à Tipasa,<br />

cantate avec récitant sur le texte d’Albert Camus<br />

(1966) : une œuvre lumineuse qui vi<strong>en</strong>t d’être représ<strong>en</strong>tée<br />

au Festival Prés<strong>en</strong>ces de Radio France<br />

au Grand Théâtre de Prov<strong>en</strong>ce (voir p. 19).<br />

JACQUES FRESCHEL<br />

CDs H<strong>en</strong>ri Tomasi<br />

Indés<strong>en</strong>s INDE050<br />

www.indes<strong>en</strong>s.fr<br />

Ad Vitam Records AV<br />

121115<br />

www.advitamrecords.com<br />

49<br />

C<br />

D<br />

Correspondances<br />

Sobrem<strong>en</strong>t intitulé Tina, le nouvel album du<br />

duo marseillais Catherine Vinc<strong>en</strong>t est né <strong>en</strong><br />

hommage à la militante révolutionnaire et<br />

photographe Tina Modotti, pour un voyage à la<br />

fois musical, épistolaire et poétique. Les chansons<br />

de Catherine Estrade (à la basse, l’harmonium<br />

indi<strong>en</strong>, les percussions et surtout au timbre de<br />

voix clair, suave et soyeux) et Vinc<strong>en</strong>t<br />

Commaret (guitares acoustique et électrique,<br />

voix) laiss<strong>en</strong>t la part belle à la correspondance de<br />

la photographe. Chantés <strong>en</strong> français, anglais,<br />

espagnol et itali<strong>en</strong>, ils font écho à ceux d’un autre<br />

photographe à travers son journal mexicain,<br />

Edward Weston. Balades et chansons à textes<br />

nous plong<strong>en</strong>t dans un univers intimiste, tantôt<br />

mélancolique et/ou rock’n’roll, mais toujours<br />

pulsé et soucieux de mettre <strong>en</strong> valeur les<br />

correspondances qui uniss<strong>en</strong>t ce très bel opus aux<br />

voyages, aux combats et à l’itinérance de la muse<br />

militante.<br />

FRED ISOLETTA<br />

Tina<br />

Catherine Vinc<strong>en</strong>t<br />

Musicast distribution<br />

L’alto voyageur<br />

Ferv<strong>en</strong>t déf<strong>en</strong>seur de la musique improvisée, le<br />

label marseillais émouvance prés<strong>en</strong>te le nouvel<br />

opus solo de l’altiste Guillaume Roy. From<br />

scratch est un album brillant, capture d’instants<br />

de création <strong>en</strong>registrés sur deux séances à un an<br />

d’intervalle. Onze titres où Guillaume Roy<br />

sublime la poésie qui l’habite, fait naître onze<br />

s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts différ<strong>en</strong>ts de son alto parfois rageur<br />

et incisif, parfois mélancolique ou langoureux.<br />

Le musici<strong>en</strong> explore son instrum<strong>en</strong>t qui frotte<br />

ou sonne, à contremploi ou dans le son, pour<br />

«saisir l’éphémère, juste un état particulier, trouver<br />

l’état… être libre».<br />

KEVIN DERVEAUX<br />

From scratch<br />

Guillaume Roy<br />

www.emouvance.com<br />

/////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////<br />

L’Étranger<br />

Voilà une merveille qui ravira les amateurs<br />

d’opéras français oubliés ! C’est à Montpellier, au<br />

Festival de Radio France <strong>en</strong> 2010, qu’on a<br />

représ<strong>en</strong>té cet Étranger, composé par Vinc<strong>en</strong>t<br />

d’Indy d’après Ibs<strong>en</strong>, opus contemporain de<br />

Pelléas, proposant à sa manière une alternative au<br />

wagnérisme t<strong>en</strong>taculaire. L’histoire de ce pêcheur<br />

étranger, récoltant plus de poissons que ses<br />

congénères, suscitant leur jalousie malgré sa<br />

générosité, aimé de Vita qui sera emportée avec<br />

lui par une déferlante, est chanté par un<br />

formidable couple lyrique, et marseillais :<br />

Cassandre Berthon et Ludovic Tézier. Le tout<br />

dirigé par celui qui est dev<strong>en</strong>u, depuis, le<br />

directeur musical à l’Opéra de Marseille :<br />

Lawr<strong>en</strong>ce Foster !<br />

J.F.<br />

2 CD Accord -<br />

Universal 481 0078<br />

/////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////<br />

Mystérieuse fusion<br />

Voix interdites est un opus d’Ahmed Essyad créé<br />

<strong>en</strong> 2005. À l’occasion de sa réc<strong>en</strong>te reprise au<br />

Festival Prés<strong>en</strong>ces à Aix au GTP (voir p. 19), le<br />

label L’empreinte digitale propose un<br />

<strong>en</strong>registrem<strong>en</strong>t de ce cycle pour voix et musique<br />

de chambre. C’est l’<strong>en</strong>semble Accroche Note<br />

qui grave trois poèmes soufis d’Hussein Mansour<br />

Al-Hallaj (857-922). La soprano Françoise<br />

Kubler interprète des textes qui accompliss<strong>en</strong>t<br />

une fusion spirituelle <strong>en</strong>tre le corps et l’âme,<br />

trait<strong>en</strong>t de l’effacem<strong>en</strong>t du moi et du<br />

détachem<strong>en</strong>t… Une large place est laissée au<br />

septuor instrum<strong>en</strong>tal qui alterne des musiques<br />

arabes, des inflexions «jazz», des solos<br />

instrum<strong>en</strong>taux de facture contemporaine,<br />

cherchant une symbiose <strong>en</strong>tre ori<strong>en</strong>t et occid<strong>en</strong>t,<br />

tradition et modernité.J.F.<br />

CD L’empreinte digitale<br />

ED13234<br />

www.empreintedigitalelabel.fr


50<br />

C<br />

I<br />

N<br />

É<br />

M<br />

A<br />

Le complexe de Jo(caste)<br />

«Poussez, poussez, tout va bi<strong>en</strong> se passer !». Le film comm<strong>en</strong>ce <strong>en</strong><br />

voix off sur ces paroles rassurantes d’un gynécologue et le<br />

halètem<strong>en</strong>t canin d’une parturi<strong>en</strong>te. Suit l’image de quatre angelots<br />

sur fond bleu. Et par une brutale ellipse, on se retrouve 40 ans plus<br />

tard, à Milos dans les Cyclades. La matriarche Jo (Nicole Garcia) la<br />

soixantaine dynamique et épanouie débarque sur l’île pour organiser<br />

son festival de théâtre annuel. Prétexte pour réunir sur le sol grec<br />

toute sa tribu : sa mère, ses quatre angelots dev<strong>en</strong>us hommes, ses<br />

brus et ses petits-<strong>en</strong>fants. Las ! Crise oblige, ledit «festival» a été<br />

annulé et la maigre subv<strong>en</strong>tion de Culture France <strong>en</strong>gloutie dans<br />

l’installation d’un tout à l’égout. Jo n’étant pas du g<strong>en</strong>re à se<br />

Tu honoreras ta mère de Birgitte Rouan © Stéphane Sartorious-Ad Vitam<br />

soumettre à un destin contraire à son désir, met tout son monde à<br />

contribution pour créer un nouveau spectacle. Ce ne sera plus<br />

vraim<strong>en</strong>t Oedipe-roi mais une fête dionysiaque. Et il faut voir pour le<br />

croire l’exquise Emmanuelle Riva, une granny-pythie aux sombres<br />

prophéties, peindre <strong>en</strong> bleu et rose des phallus géants de carton tout<br />

<strong>en</strong> chantant l’Internationale et téléphoner aux Dieux de l’Olympe sur<br />

son portable ! Pour explorer les rapports mère-fils, Brigitte Roüan<br />

s’amuse avec la mythologie grecque, caricature, décline, répète de<br />

façon trop appuyée parfois, les motifs de l’inceste, du fratricide, du<br />

matricide, passant d’une génération à l’autre (NTM comme<br />

injonction œdipi<strong>en</strong>ne par excell<strong>en</strong>ce !). Jo (caste), hortator de galère,<br />

aurige céleste, gardi<strong>en</strong>ne de mirador, tragédi<strong>en</strong>ne imprécatrice au<br />

haut de la terrasse-rempart de la villa squattée, mère caressante,<br />

poule et louve, dévouée et casse-pied (Oedipe n’a-t-il pas les pieds<br />

<strong>en</strong>flés ?) reste la figure c<strong>en</strong>trale du film, à honorer deux fois selon le<br />

commandem<strong>en</strong>t du titre, Laïos le père ayant depuis longtemps été<br />

éliminé. Mais le scénario sait pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> compte chaque personnage<br />

avec s<strong>en</strong>sibilité et justesse. Les ados, fils des fils qui secou<strong>en</strong>t pour<br />

la première fois le cordon t<strong>en</strong>u par leurs génitrices et les quatre fils<br />

de Jo tous différ<strong>en</strong>ts. Le «premier de cordon» aîné responsable (Eric<br />

Caracava), le puîné sarcastique et flambeur (Patrick Mille), le<br />

troisième de la série, nounours roux qui ne cesse de chuter (Michaël<br />

Abiteboul) et le b<strong>en</strong>jamin solaire, séduisant comme une icône<br />

Chanel (Gaspard Ulliel). Casting et direction d’acteurs impeccables<br />

pour cette comédie sympathique, à aller voir <strong>en</strong> famille car chacun<br />

y reconnaîtra quelque chose de soi ou des si<strong>en</strong>s.<br />

ÉLISE PADOVANI<br />

Le film Tu honoreras ta mère et... ta mère de Brigitte Roüan<br />

est sorti <strong>en</strong> salles le 6 février<br />

Femme fatale<br />

Une femme, veste longue ouverte sur son<br />

corps nu, fume et manipule de l’arg<strong>en</strong>t dans<br />

une chambre puis donne r<strong>en</strong>dez-vous à un<br />

homme à l’hôtel Kon Tiki. On ne saura que<br />

plus tard les raisons de ce r<strong>en</strong>dez-vous. En<br />

effet, Good Bye Moroccco, le dernier film de<br />

Nadir Moknèche ne suit pas une narration<br />

linéaire et le spectateur est longtemps <strong>en</strong><br />

interrogation sur les motivations et relations<br />

des personnages, <strong>en</strong> particulier celles de<br />

Dounia Abdallah (Loubna Azabal). Divorcée,<br />

ayant perdu la garde de son <strong>en</strong>fant, elle vit<br />

avec un architecte serbe (Rasha Bukvic) à<br />

Tanger et dirige un chantier immobilier, où<br />

sont découvertes des tombes chréti<strong>en</strong>nes du<br />

IV e siècle, ornées de fresques dont une orante,<br />

une femme <strong>en</strong> prière. Une aubaine pour<br />

elle qui, voulant faire quitter le pays à son<br />

fils, va se lancer dans un trafic de pièces archéologiques.<br />

La disparition d’un ouvrier<br />

clandestin nigérian, Gabriel (Ralph Amoussou),<br />

qui a des rapports avec le directeur du<br />

cinéma de Tanger (Grégory Gadebois) va tout<br />

bouleverser, y compris ses rapports avec Ali,<br />

son chauffeur, ami d’<strong>en</strong>fance (Faouzi B<strong>en</strong>saïdi).<br />

Dans ce film noir, le passé resurgit sans cesse<br />

dans le prés<strong>en</strong>t : la fresque, la photo de<br />

l’<strong>en</strong>fance de Dounia et Ali <strong>en</strong>fants, l’ex-mari,<br />

le corps de Gabriel, mettant les personnages<br />

sous le poids de la fatalité tragique. À travers<br />

le personnage de Dounia, la «femme fatale»,<br />

Nadir Moknèche amène le spectateur à s’interroger<br />

sur le statut de la femme, sur les<br />

rapports de classe, sur les tabous autour du<br />

mariage interreligieux, tout naturellem<strong>en</strong>t,<br />

sans didactisme.<br />

La photographie d’Hélène Louvart restitue<br />

à merveille l’atmosphère du film noir : la<br />

moiteur, le brouillard, et la lumière blanche<br />

de Tanger. Un film réussi.<br />

ANNIE GAVA<br />

Le film a été prés<strong>en</strong>té <strong>en</strong> avant-première<br />

au cinéma Les Variétés le 1 er février,<br />

<strong>en</strong> collaboration avec AFLAM, suivi d’un débat<br />

animé par Tahar Chikhaoui, critique de<br />

cinéma. En salles depuis le 13 février.<br />

Les Variétés<br />

09 75 83 53 19<br />

www.cinemetroart.com<br />

Goodbye Morocco de Nadir Mokneche


L’exil et le royaume<br />

Frêle, flottant dans un vêtem<strong>en</strong>t trop grand, se balançant d’un pied<br />

sur l’autre comme pour chercher un appui, les phrases tout aussi<br />

susp<strong>en</strong>dues que le corps, Kiye Simon Luang est v<strong>en</strong>u prés<strong>en</strong>ter <strong>en</strong><br />

avant-première à l’Alhambra, ce 24 janvier, son dernier film Tuk tuk,<br />

un moy<strong>en</strong>-métrage distribué par la désormais «frichiste» Shellac<br />

sud/Film flamme et produit par Thomas Ordonneau. Né au Laos<br />

<strong>en</strong> 1966, accueilli à 10 ans par une famille française, le réalisateur<br />

n’est retourné dans son pays que 17 ans plus tard et n’<strong>en</strong> finit pas de<br />

dire, film après film, avec pudeur et délicatesse, l’exil et le retour. Ce<br />

dernier opus pr<strong>en</strong>d la forme d’un road movie. Hèk (interprété par<br />

Kiyé lui-même), rev<strong>en</strong>u au pays natal après 35 années passées <strong>en</strong><br />

France, <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>d avec son frère de transporter les c<strong>en</strong>dres de leur<br />

père jusqu’au village natal de ce dernier. Moy<strong>en</strong> de locomotion prisé<br />

<strong>en</strong> Asie, le tuk tuk, emblème des laoti<strong>en</strong>s selon Kiyé, pour la<br />

souplesse de conduite qu’il exige sur des routes-pistes défoncées et<br />

le détachem<strong>en</strong>t z<strong>en</strong> qu’il nécessite pour souffrir son inconfort,<br />

devi<strong>en</strong>t une allégorie du film. Modeste et ambitieux (jamais un voyage<br />

dans les montagnes ne serait possible avec cet <strong>en</strong>gin !), jouant sur<br />

le concret du docum<strong>en</strong>taire et la liberté d’une fiction, allant son train<br />

par sauts successifs le long d’un trajet-trajectoire parfois elliptique,<br />

Tuk tuk <strong>en</strong>traîne les spectateurs dans un Laos intime, pays d’origine<br />

universel. Un «quelque part» auquel tous aspir<strong>en</strong>t. La silhouette de<br />

Hèk <strong>en</strong> costume noir, improbable dans ce contexte, voulu «comme<br />

un coup de pinceau dans l’image», la caresse de la mère sur les<br />

cheveux de son fils, les corps des frères <strong>en</strong>dormis, le rire de l’ivresse,<br />

le partage des repas. Peu d’informations sur ces personnages définis<br />

comme «la mère», «le petit frère», une française de hasard croisée<br />

à l’aéroport, qui s’affirm<strong>en</strong>t par l’évid<strong>en</strong>ce seule de leur prés<strong>en</strong>ce<br />

dans le champ, sans bavardages. Le cinéma comme royaume fictif<br />

«où chacun peut apporter son histoire» a conclu Kjié Simon Luang,<br />

avant d’<strong>en</strong>gager le public à aller goûter dans le hall, le plat national<br />

du Laos, un laap géant.<br />

ÉLISE PADOVANI<br />

Tuk tuk de Kiye Simon Luang<br />

Movies qui<br />

mouv<strong>en</strong>t<br />

Le groupe artistique Les Pas perdus, «association<br />

nomade adepte des jeux de mots et des couleurs<br />

vives» proposait le 29 janvier aux Variétés une<br />

«soirée mouvem<strong>en</strong>tée», relevée au jus de gingembre<br />

offert <strong>en</strong> fin de projection. Mouvem<strong>en</strong>tée, la<br />

soirée ne le fut -et c’est heureux- qu’au travers des<br />

trois «movies» proposés. Tous trois témoignant<br />

d’une belle énergie créative pour faire «bouger» le<br />

monde et, sous des dehors farfelus, d’un sacré<br />

travail ! La balle au bond, réalisé par le plastici<strong>en</strong><br />

Guy-André Lagesse dans le cadre du projet Footsak,<br />

<strong>en</strong>chaîne dix micro-fictions nées des échanges<br />

autour du ballon rond avec des africains r<strong>en</strong>contrés<br />

p<strong>en</strong>dant la préparation de la Coupe du monde de<br />

2010, <strong>en</strong> Afrique du sud. D’Alger à Durban, d’un<br />

shoot sahraoui impossible devant des poteaux <strong>en</strong><br />

perpétuel mouvem<strong>en</strong>t, se transformant <strong>en</strong> tir à<br />

balles réelles à la fabrication d’un ballon froufroutant<br />

créé à partir de sacs plastique glanés dans<br />

les buissons, <strong>en</strong> passant par les extravagants maquillages<br />

et costumes des supporters, se dessine<br />

une Afrique effervesc<strong>en</strong>te, inspirée, inv<strong>en</strong>tive. Là où<br />

les ancêtres mèn<strong>en</strong>t la danse, un film «plus ou<br />

moins» de l’architecte Doung Answaaar Jahangeer<br />

et du même Lagesse, se définit comme un «walk<br />

movie». Marche des deux réalisateurs <strong>en</strong>tre les<br />

squats de Cato Manor et le c<strong>en</strong>tre de Durban. Entre<br />

passé ségrégationniste et prés<strong>en</strong>t post apartheid,<br />

des écrans s’ouvr<strong>en</strong>t dans les murs, les ancêtres<br />

apparaiss<strong>en</strong>t, disparaiss<strong>en</strong>t dans le ciel ou le<br />

caniveau. Subtilité des impressions croisées, des<br />

superpositions, dynamisme de la ville <strong>en</strong>tre visible<br />

et invisible. La prom<strong>en</strong>ade du jardin des souhaits<br />

bricolés de Catherine Terrier et de Lagesse, autodocum<strong>en</strong>taire<br />

sur l’expéri<strong>en</strong>ce du groupe dans<br />

l’anci<strong>en</strong>ne cité minière de Bruay-La-Buissière, se<br />

dit «une œuvre de presque ri<strong>en</strong> et de pratiquem<strong>en</strong>t<br />

tout». Accoucher les habitants de la région dev<strong>en</strong>us<br />

«des occasionnels de l’art» de réalisations plastiques<br />

visuelles et sonores abouties, libérer les regards<br />

sur ce lieu traversé de souv<strong>en</strong>irs, faire surgir dans le<br />

paysage un art brut qui transforme, bouleverse,<br />

étonne jusqu’aux auteurs eux-mêmes des projets,<br />

orchestrer avec humour, bonhomie, respect, les<br />

idées de chacun, créer un jardin commun cultivé de<br />

désirs, d’histoires, d’émotions. Un parti-pris poétique<br />

drôle, émouvant, optimiste et jubilatoire !<br />

E.P.<br />

Cette soirée a marqué le lancem<strong>en</strong>t<br />

des réalisations du groupe artistique<br />

Les Pas Perdus dans le cadre de MP2013.<br />

À suivre sur www.lespasperdus.com<br />

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RetrouveZ sur notre site ces critiques cinéma et découvreZ les autres !<br />

www.journalzibeline.fr<br />

- ÉCRANS VOYAGEURS À MARTIGUES<br />

- RENCONTRES DE MANOSQUE<br />

- POLAR ET LUMIÈRES À VITROLLES


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INÉMA<br />

Écrans Voyageurs 3<br />

Une fois que tu es né de Marco Tullio Giordana<br />

Du 12 au 17 fév au Cinéma Les Lumières, 3 e<br />

escale des Écrans Voyageurs, <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce<br />

de Marco Tullio Giordana. Seront prés<strong>en</strong>tés<br />

plusieurs films du réalisateur itali<strong>en</strong> : Pasolini,<br />

mort d’un poète, Une Fois que tu es né,<br />

Les C<strong>en</strong>t pas, Une Histoire itali<strong>en</strong>ne, Nos<br />

meilleures années ainsi que son dernier<br />

opus, Piazza Fontana.<br />

Le 16 fév à 18h15, discussion avec Jean Gili,<br />

rédacteur de Positif et Marco Tullio Giordana<br />

qui prés<strong>en</strong>tera sa Carte Blanche, La<br />

Règle du jeu de Jean R<strong>en</strong>oir.<br />

Les Lumières, Vitrolles<br />

04 42 77 90 77<br />

www.cinemaleslumieres.fr<br />

www.ecransvoyageurs.fr<br />

Les Écrans d’Aflam<br />

Le 14 fév à 14h et 19h à la Maison de la Région,<br />

Les Écrans d’Aflam propos<strong>en</strong>t Nous<br />

sommes ici, un docum<strong>en</strong>taire d’Abdallah<br />

Yahya. Après la révolution du 14 janvier, un<br />

groupe de jeunes chanteurs de rap Tunisi<strong>en</strong>s<br />

essaye de faire <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre sa voix à partir des<br />

chansons qui exprim<strong>en</strong>t la souffrance quotidi<strong>en</strong>ne<br />

des g<strong>en</strong>s. En parallèle, des lycé<strong>en</strong>s<br />

cherch<strong>en</strong>t à atténuer cette souffrance, <strong>en</strong><br />

pr<strong>en</strong>ant une initiative qui dépasse leur <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t<br />

étroit, et leur permet de prouver<br />

leurs exist<strong>en</strong>ces comme acteurs positifs de<br />

la société. Entrée libre.<br />

Aflam, Marseille<br />

04 91 47 73 94<br />

www.aflam.fr<br />

Musique [s], on tourne !<br />

Le 16 fév à 18h au Polygone Étoilé, dans le<br />

cadre de Musique [s], on tourne !, Peuple et<br />

culture, <strong>en</strong> part<strong>en</strong>ariat avec l’Association<br />

Française des Anthropologues, propose<br />

d’explorer la Mégapole avec deux films : We<br />

don’t Care About Music Anyway de Cédric<br />

Dupire et Gaspard Ku<strong>en</strong>tz, vision kaléidoscopique<br />

de Tokyo, confrontant musique et<br />

bruit, sons et images, représ<strong>en</strong>tation et réalité,<br />

fiction et docum<strong>en</strong>taire ; puis Saudade<br />

do Futuro de Marie Clém<strong>en</strong>ce et César Paes,<br />

le São Paulo des rep<strong>en</strong>tistas nordestins.<br />

Peuple et Culture, Marseille<br />

04 91 24 89 71<br />

www.peuple-culture-marseille.org<br />

We don’t Care About Music Anyway de Cedric Dupire et Gaspard Ku<strong>en</strong>tz<br />

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Afrique et émancipations<br />

Le 19 fév à 14h au Cinéma du Merlan, dans<br />

le cadre du cycle Afrique et émancipations,<br />

Aflam propose 3 courts métrages algéri<strong>en</strong>s :<br />

Goulili de Sabrina Draoui, Cousines de Lyes<br />

Salem et Garagouz d’Abd<strong>en</strong>our Zahzah.<br />

Aflam, Marseille<br />

04 91 47 73 94<br />

www.aflam.fr<br />

Garagouz d’Abd<strong>en</strong>our Zahzah<br />

Cinémathèque<br />

Les Mardis de la Cinémathèque propos<strong>en</strong>t à<br />

19h le 19 fév, à l’Espace Cézanne du CRDP,<br />

Baby Doll d’Elia Kazan avec Carroll Baker,<br />

le 26 ce sera Carm<strong>en</strong> Jones le film musical<br />

d’Otto Preminger avec Dorothy Dandridge,<br />

Harry Belafonte, Pearl Bailey. Le 5 mars,<br />

Casque d’or de Jacques Becker avec<br />

Simone Signoret, Serge Reggiani, Claude<br />

Dauphin, Raymond Bussières ; <strong>en</strong>fin le 12<br />

mars, Le Cheval d’orgueil de Claude Chabrol,<br />

adapté du récit de Pierre Jakez Hélias.<br />

Cinémathèque de Marseille<br />

04 91 50 64 48<br />

www.cinemathequedemarseille.fr<br />

Les minots, au Château<br />

V<strong>en</strong>t de folie à la ferme d’Abdollah Alimorad, Ahmad Arabani et Aviz Mirfakhrai<br />

Du 20 fév au 2 mars à 14h30 et à 16h, La Buzine<br />

propose une programmation dédiée aux<br />

<strong>en</strong>fants. Le Gruffalo, dessin animé de Jacob<br />

Schuh et Max Lang, Le Kid et Le Cirque de<br />

Charlie Chaplin, V<strong>en</strong>t de folie à la ferme<br />

d’Abdollah Alimorad, Ahmad Arabani et<br />

Aviz Mirfakhraï, Le petit monde de Bahador<br />

d’Abdollah Alimorad, Ali Asghar-zadeh et<br />

Behzad Farahat, Le défi de Bianca Li.<br />

La Buzine, Marseille<br />

04 91 45 27 <strong>60</strong><br />

www.chateaudelabuzine.com<br />

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Si puo fare<br />

Le 26 fév à 18h, à l’Institut Culturel Itali<strong>en</strong>,<br />

projection de Si puo fare de Giulio Manfredonia,<br />

avec Claudio Bisio, Anita Caprioli,<br />

Giuseppe Battiston… Nello, homme d’affaires<br />

milanais qui vi<strong>en</strong>t de perdre son travail,<br />

se retrouve à la tête d’une coopérative d’anci<strong>en</strong>s<br />

malades m<strong>en</strong>taux transférés après<br />

que l’État itali<strong>en</strong> a clos les hôpitaux psychiatriques<br />

du pays <strong>en</strong> application de la Loi Basaglia.<br />

En ferv<strong>en</strong>t partisan de la dignité dans le<br />

monde du travail, Nello <strong>en</strong>courage les<br />

membres de la coopérative à appr<strong>en</strong>dre un<br />

métier et inv<strong>en</strong>te pour chacun d’eux un rôle<br />

remarquablem<strong>en</strong>t adapté à leurs capacités.<br />

ICI, Marseille<br />

04 91 48 51 94<br />

www.iicmarsiglia.esteri.it<br />

Kino Fada Kabaret<br />

Le 28 fév à 20h au cinéma Les Variétés,<br />

séance spéciale Kino Fada Kabaret, programmée<br />

dans le cadre de Marseille 2013<br />

Off : projection de films écrits, tournés et<br />

montés durant le Kino Kabaret du 16 au 22<br />

février.<br />

Les Variétés, Marseille<br />

www.kino-fada.fr/kino-fada-kabaret-2013<br />

L’Odyssée du cinéma grec<br />

Du 6 au 26 mars, dans le cadre d’Escales<br />

d’Ulysses, l’Institut de l’image propose<br />

L’Odyssée du cinéma grec avec les films de<br />

Théo Angelopoulos, Le Voyage des comédi<strong>en</strong>s,<br />

L’Apiculteur, Le Pas susp<strong>en</strong>du de la<br />

cigogne, Le Regard d’Ulysse… ainsi que Stella<br />

femme libre de Cacoyannis, Canine de<br />

Yórgos Lánthimos, Att<strong>en</strong>berg d’Athina<br />

Rachel Tsangari.<br />

Institut de l’Image, Aix<br />

04 42 26 81 82<br />

www.institut-image.org<br />

Bus 678<br />

Le 8 mars, à l’occasion de la Journée<br />

Internationale des Femmes, Art et Essai<br />

Lumière propose, au cinéma Lumière, Les<br />

femmes du bus 678 de Mohamed Diab. Le<br />

film sera prés<strong>en</strong>té par Jeanne Baumberger,<br />

responsable de programmation de Sous le<br />

Signe d’Averroès et sera suivi d’un débat.<br />

Trois femmes aux vies totalem<strong>en</strong>t<br />

différ<strong>en</strong>tes, s’uniss<strong>en</strong>t pour combattre le<br />

machisme et les attouchem<strong>en</strong>ts impunis qui<br />

séviss<strong>en</strong>t au Caire dans les rues, dans les<br />

bus et dans leurs maisons…<br />

Art et Essai Lumière, La Ciotat<br />

04 42 83 20 57.<br />

www.artetessailumiere.fr/<br />

Les femmes du bus 678 de Mohamed Diab


Écrans Voyageurs 4<br />

Les 9 et 10 mars au cinéma Le Méliès, Escale 4 des Écrans<br />

Voyageurs <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce de Rabah Ameur-Zaïmeche, accompagné<br />

d’Elise Dom<strong>en</strong>ach, rédactrice de Positif. 4 longs métrages du<br />

réalisateur né à B<strong>en</strong>i Zid (Algérie)<br />

Bled Number On de Rabah Ameur-Zaimeche<br />

seront prés<strong>en</strong>tés : Wesh wesh,<br />

qu’est-ce qui se passe ; Bled<br />

Number One ; Dernier maquis ;<br />

Les Chants de Mandrin.<br />

Le Méliès, Port de Bouc<br />

04 42 06 29 77<br />

www.cinemeliesportdebouc.fr<br />

www.ecransvoyageurs.fr<br />

Classe de neige<br />

Le 14 mars à 20h Cinépage, <strong>en</strong> part<strong>en</strong>ariat avec le Cinéma Pathé<br />

Madeleine, propose La Classe de neige de Claude Miller, adaptée du<br />

roman d’Emmanuel Carrère, Prix spécial du jury au festival de<br />

Cannes 1998. Dans une classe de neige, Nicolas, un <strong>en</strong>fant grave,<br />

fragile et perturbé, est assailli de souv<strong>en</strong>irs douloureux et de<br />

fantasmes parfois terrifiants. Il <strong>en</strong>traîne peu à peu son ami Hodkann<br />

dans sa dérive m<strong>en</strong>tale <strong>en</strong> lui racontant de terribles histoires…<br />

Cinépage, Marseille<br />

04 91 85 07 17<br />

www.cinepage.com<br />

Nous sommes ici<br />

Le 14 mars à 14h et le 15 mars à 19h30, dans le cadre du cycle<br />

Afrique et émancipations, Aflam propose Nous sommes ici, un<br />

docum<strong>en</strong>taire du réalisateur tunisi<strong>en</strong> Abdallah Yahya.<br />

Aflam, Marseille<br />

04 91 47 73 94<br />

www.aflam.fr<br />

Sud-américain<br />

Du 15 au 23 mars se<br />

ti<strong>en</strong>dront à La Friche<br />

les 15 e R<strong>en</strong>contres de<br />

cinéma sud-américain,<br />

autour du thème<br />

Errances et racines :<br />

45 films inédits dont 9<br />

longs métrages et 12<br />

courts <strong>en</strong> compétition. Invité d’honneur, le réalisateur mexicain<br />

Jorge Fons qui prés<strong>en</strong>tera son film El callejón de los milagros<br />

adapté du roman de l’écrivain égypti<strong>en</strong> Naguib Mahfouz. Une<br />

rétrospective sera consacrée à Juan Pablo Zamarella, réalisateur<br />

arg<strong>en</strong>tin.<br />

ASPAS, Marseille<br />

04 91 48 78 51<br />

http://aspas-marseille.org<br />

Léo Ferré<br />

Le 18 mars à 20h au cinéma Les<br />

Variétés, à l’occasion du Festival<br />

Avec le temps (voir p. 11) projection<br />

du Récital Leo Ferré, Sur<br />

la Scène... Olympia 1972 : chansons<br />

connues (Avec le Temps,<br />

Pépée, Vingt ans, Les Poètes...),<br />

chansons méconnues ou rares<br />

(Les Souv<strong>en</strong>irs, Rotterdam, Les<br />

Étrangers, La Fleur de l’Âge,<br />

Vitrines).<br />

Les Variétés, Marseille<br />

09 75 83 53 19<br />

www.cinemetroart.com<br />

El callejon de los milagros de Jorge Fons<br />

Récital Léo Ferré, Sur la Sc<strong>en</strong>e


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Femme <strong>en</strong> noir, <strong>en</strong>cre de chine sur toile de jute, 102 x 175cm, Sophie Degano © Sophie Degano<br />

Hélène et Rachel Theret<br />

D’énigmatiques paysages, des silhouettes d’arbres vaporeuses<br />

dans les photographies de Rachel ; des textures raffinées, des<br />

matières organiques dans celles d’Hélène. Les sœurs Theret,<br />

connues pour leurs portraits depuis le début des années 70,<br />

transc<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t leurs photographies <strong>en</strong> visions poétiques<br />

saupoudrées de lumière. Des paysages et des objets, leurs<br />

regards ne reti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t que l’ess<strong>en</strong>tiel. M.G.-G.<br />

Nomade avec son aigle, 1932 © Ella Maillart<br />

jusqu’au 30 mars<br />

Les Chantiers de la lune, La Seyne<br />

04 94 06 49 26<br />

www.leschantiersdelalune.com<br />

Femmes <strong>en</strong> noir<br />

Les <strong>en</strong>cres sur toile de jute de Sophie Degano expos<strong>en</strong>t<br />

les souffrances des femmes, leur courage face aux guerres,<br />

déportations, viols, exils… Hommage à toutes ces femmes du<br />

Rwanda, du Kosovo, de Sierra Leone ou de Syrie, son travail<br />

graphique et pictural met <strong>en</strong> lambeaux leurs corps meurtris<br />

et déchire l’espace de la feuille. Mais son «expressionnisme» n’est<br />

jamais désespéré. M.G.-G.<br />

Sophie Degano<br />

jusqu’au 23 février<br />

Galerie Françoise Estran, Marseille 6 e<br />

04 88 04 59 38<br />

www.galeriefrancoiseestran.com<br />

Sans titre © Hel<strong>en</strong>e et Rachel Theret<br />

Photographes voyageurs<br />

Ella Maillart et Nicolas Bouvier avai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> commun l’amour des<br />

voyages initiatiques, une curiosité du monde, le goût des<br />

expéri<strong>en</strong>ces nomades. Tous deux, décédés, sont les témoins d’un<br />

monde disparu mais jamais oublié grâce à leurs œuvres<br />

photographiques et littéraires. Avec eux, la galerie du Théâtre<br />

inaugure une collaboration avec le Musée de l’Élysée à Lausanne<br />

qui déti<strong>en</strong>t les fonds photographiques de ces deux artistes et<br />

amis. M.G.-G.<br />

Le Monde pour horizon<br />

Ella Maillart<br />

jusqu’au 2 mars<br />

L’œil du voyageur<br />

Nicolas Bouvier<br />

du 12 mars au 4 mai<br />

Théâtre La Passerelle, Gap<br />

04 92 52 50 20<br />

www.theatre-la-passerelle.eu<br />

© Cyril Hatt et Eve Maillot<br />

180 degrés<br />

L’illusion est totale ! Cyril Hatt et Ève Maillot ont investi Territoires<br />

partagés d’une manière singulière : l’un, sculpteur-photographe,<br />

<strong>en</strong> reconstituant à l’échelle 1 une cuisine et ses objets ; l’autre <strong>en</strong><br />

emprisonnant les matières ou les déchets (bananes, feuilles de<br />

salade, torchon, serviette jetable…). Un premier temps fort qui<br />

annonce un cycle très prometteur autour de la cuisine dans l’art<br />

contemporain. M.G.-G.<br />

Cyril Hatt & Ève Maillot<br />

jusqu’au 30 mars<br />

Galerie Territoires partagés, Marseille 6 e<br />

09 51 21 61 85


L’Âge noir<br />

Avec cette série, Pierre Pellizon poursuit son travail singulier où la terre cuite prête forme<br />

à la tragédie humaine : «L’Âge noir est un travail sur les charniers et le li<strong>en</strong> qui nous unis,<br />

celui de la mort. Aucun corps n’est seul, ils sont tous emmêlés comme un ultime acte<br />

d‘amour..!» L’<strong>en</strong>semble prés<strong>en</strong>té est constitué d’une tr<strong>en</strong>taine d’œuvres réc<strong>en</strong>tes<br />

complété de plusieurs pièces <strong>en</strong> bronze de la galerie. C.L.<br />

Pierre Pellizon, sculptures<br />

jusqu’au 16 mars<br />

Galerie Sordini, Marseille<br />

04 91 55 59 99<br />

www.galerie-sordini.com<br />

Pierre Pellizon, L'Âge noir © Christophe Iliou<br />

SIAC<br />

Amateurs éclairés ou néophytes, passionnés et collectionneurs de toutes t<strong>en</strong>dances,<br />

la 13 e édition du Salon International d’Art Contemporain prés<strong>en</strong>tera comme<br />

à l’accoutumée les multiples modes d’expression artistiques à travers près<br />

de c<strong>en</strong>t cinquante exposants dont les lauréats du Prix Public 2012 Yann Letestu<br />

dans la catégorie peinture et Vinc<strong>en</strong>t Magni pour la sculpture.<br />

Inauguration le 8 mars à 10h, vernissage à 18h. C.L.<br />

du 8 au 11 mars<br />

Parc Chanot, Marseille<br />

www.siac-marseille.com<br />

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ISUELS<br />

Miami Face of Geisha 2013 © MILA<br />

Femmes !<br />

Pour la Journée Internationale de la Femme, Reg’Art s’<strong>en</strong>gage<br />

auprès d’Amnesty International et <strong>en</strong> profite pour s’ouvrir au<br />

regard des hommes bi<strong>en</strong>veillants pour une exposition commune.<br />

Vernissage le 8 mars à 18h, visites guidées les 9 et 10 à 16h.<br />

Débat La viol<strong>en</strong>ce faite aux femmes, le 9 à 17h.<br />

Pour le droit des femmes et contre l’ignominie partout<br />

dans le monde et à Aubagne : mobilisation ! C.L<br />

Marius Millo pour Reg'Art 2013 © Marius Millo<br />

Reg’Art sur les viol<strong>en</strong>ces faites aux femmes<br />

les 8, 9 et 10 mars<br />

Salle du Bras d’Or, Aubagne<br />

04 42 18 17 17<br />

http://regart-aubagne-8mars.over-blog.com<br />

Rifle, Arroyo Grande 2012 © Caroline Chevalier<br />

V<strong>en</strong>t d’Hiver<br />

Bi<strong>en</strong> qu’installés dans un modeste estanco, les Comptoirs<br />

Arlési<strong>en</strong>s de la Photographie propos<strong>en</strong>t depuis 2011 une<br />

programmation d’auteurs remarquable. À découvrir <strong>en</strong> ce début<br />

2013, deux séries inédites de Caroline Chevalier, Wild Horse/CA<br />

2012 et celle que Sophie Zénon vi<strong>en</strong>t de réaliser <strong>en</strong> Italie. Quant à<br />

Faustine Ferhmin elle prés<strong>en</strong>te une sélection de son travail très<br />

remarqué sur le Marais Poitevin. C.L.<br />

jusqu’au 21 mars<br />

CAP, Arles<br />

06 07 78 94 71<br />

www.comptoirsarlesi<strong>en</strong>s.com


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ISUELS<br />

Point final<br />

«Arp<strong>en</strong>ter un espace numérique luxuriant,<br />

toucher du doigt des algorithmes, éprouver<br />

la matière de la lumière», tel est le projet de<br />

XYZT, Les paysages abstraits qui emprunte<br />

son titre aux mathématiques. X Horizontalité,<br />

Y Verticalité, Z Profondeur, T Temps :<br />

quatre lettres qui serv<strong>en</strong>t à positionner un<br />

point dans l’espace. L’argum<strong>en</strong>taire de<br />

Claire Bardainne et Adri<strong>en</strong> Mondot est<br />

parfaitem<strong>en</strong>t huilé et leurs dispositifs interactifs<br />

ou immersifs, au design graphique<br />

minimaliste, sont accessibles à tous : «Tout<br />

est à vue, on n’est pas des magici<strong>en</strong>s.» Mais<br />

quelle déception quand on les expérim<strong>en</strong>te !<br />

XYZT, Champ de vecteurs © Laur<strong>en</strong>ce Fragnol<br />

On est très loin des effets visuels et sonores<br />

produits par l’Electronic Show de Naziha<br />

Mestaoui et Yacine Aït 1 qui réalisait la fusion<br />

<strong>en</strong>tre la matière et l’immatériel, ou de<br />

l’installation Méditations Méditerranée du<br />

Studio Azzurro 2 qui proposait un voyage<br />

s<strong>en</strong>sible à travers cinq paysages instables…<br />

Issu du spectacle vivant, le duo d’artistes<br />

déf<strong>en</strong>d l’idée du «numérique vivant» dans<br />

cette exposition conçue «comme la<br />

traversée d’une nature revisitée». Avec des<br />

haltes, des horizons, et plusieurs territoires.<br />

Là <strong>en</strong>core, Nicole et Robert Corsino avai<strong>en</strong>t<br />

montré la voie lors d’une expositionmanifeste<br />

au [Mac] de Marseille… <strong>en</strong> 2001 !<br />

Dans leurs spectacles, leur démarche, id<strong>en</strong>tique,<br />

mêle étroitem<strong>en</strong>t interprètes munis<br />

de capteurs électroniques, images numériques,<br />

création sonore. Resté sur votre faim,<br />

vous pourrez <strong>en</strong> t<strong>en</strong>ter l’expéri<strong>en</strong>ce le 16 fév<br />

au Théâtre Liberté avec Un point c’est tout,<br />

«show multimédia poétique exploitant les<br />

imm<strong>en</strong>ses possibilités des univers virtuels».<br />

MARIE GODFRIN-GUIDICELLI<br />

1<br />

Exposition Futuréalismes au musée Granet <strong>en</strong><br />

2010 (voir Zib’36)<br />

2<br />

Exposition au C<strong>en</strong>tre de la Vieille Charité <strong>en</strong> 2003<br />

XYZT, Les paysages abstraits<br />

jusqu’au 3 mars<br />

Hôtel des arts, Toulon<br />

04 94 91 69 18<br />

www.hdatoulon.fr<br />

Effeuillons au Panier<br />

Le Préau des Accoules s’est transformé <strong>en</strong><br />

musée-jardin. Des fleurs s’y épanouiss<strong>en</strong>t<br />

sur des vêtem<strong>en</strong>ts, des céramiques, des<br />

peintures ou se faufil<strong>en</strong>t sur les murs. Dès<br />

l’<strong>en</strong>trée dans la superbe salle d’architecture<br />

néo-classique, les <strong>en</strong>fants sont accueillis<br />

par des fleurs géantes dont ils démonteront<br />

avec délice pétales, coeur ou étamines.<br />

Partout des motifs fleuris, sur des vases, des<br />

chaussures, des vêtem<strong>en</strong>ts ; on apprécie la<br />

par<strong>en</strong>té <strong>en</strong>tre un caraco prov<strong>en</strong>çal du XVIII e<br />

siècle et une veste de Christian Lacroix, on<br />

s’amuse d’une t<strong>en</strong>ue balnéaire des années<br />

<strong>60</strong> comme d’un bonnet chinois brodé qui<br />

protège le bébé des mauvais sorts. L’<strong>en</strong>fant<br />

découvre les variétés et les couleurs des<br />

fleurs, les cycles de la vie, du bouton à la<br />

flétrissure, et appr<strong>en</strong>d la notion de symbole.<br />

Il s’initie aussi à la décoration <strong>en</strong> composant<br />

des frises à l’aide de magnets, et appr<strong>en</strong>d à<br />

reconnaître les parfums grâce à des<br />

ess<strong>en</strong>ces naturelles cachées dans des<br />

arrosoirs. Sur un livret illustré qu’il gardera,<br />

il pourra dessiner un bouquet, compléter<br />

une liste d’expressions dans lesquelles les<br />

fleurs ont le premier rôle, s’amuser du pot<br />

aux roses ou rougir comme une pivoine !<br />

Ludiques et pédagogiques, les expositions<br />

Exposition, Un peu, beaucoup, passionnem<strong>en</strong>t © Francois Moura<br />

du Préau sont préparées minutieusem<strong>en</strong>t<br />

par une équipe soucieuse d’exploiter, pour<br />

les <strong>en</strong>fants, les richesses des Musées de<br />

Marseille. Promesse t<strong>en</strong>ue !<br />

CHRIS BOURGUE<br />

Un peu, beaucoup, passionném<strong>en</strong>t…<br />

jusqu’au 26 mai<br />

Le Préau des Accoules, Marseille<br />

04 91 91 52 06<br />

www.marseille.fr


Karim Ghelloussi, Sans titre (Au desert j'ai du me r<strong>en</strong>dre), 2012 2013 © X-D.R.<br />

Ondes de chocs<br />

Deux générations, quatre pratiques,<br />

des origines multiples : un<br />

quatuor improbable est dev<strong>en</strong>u<br />

réalité grâce à la galerie Martagon<br />

à Malaucène et la galerie<br />

du Château de Servières à<br />

Marseille qui ont œuvré <strong>en</strong>semble.<br />

Étrangem<strong>en</strong>t les voix des<br />

artistes résonn<strong>en</strong>t dissonantes<br />

et euphoniques à la fois car chaque<br />

salle, conçue comme une<br />

mini-exposition personnelle,<br />

laisse <strong>en</strong>trevoir une échappée<br />

belle vers l’autre. Il <strong>en</strong> résulte<br />

une fluidité qui nous fait circuler<br />

comme un aimant <strong>en</strong>tre les<br />

œuvres.<br />

Entre chi<strong>en</strong> et loup comm<strong>en</strong>ce<br />

avec les inv<strong>en</strong>taires et les objets<br />

d’Akram Lee saupoudrés dans<br />

l’espace avec délicatesse, subtil<br />

travail qui pourrait faire l’effet<br />

d’une bombe ! Dans 100 ml, l’alignem<strong>en</strong>t<br />

de flacons transpar<strong>en</strong>ts,<br />

à priori inoff<strong>en</strong>sifs, est accompagné<br />

d’une liste des possibles<br />

cont<strong>en</strong>us interdits par l’aviation<br />

civile à tout le moins explosifs…<br />

Oubliant la métaphore, Akram<br />

Lee pose discrètem<strong>en</strong>t dans les<br />

recoins de petites bombes à retardem<strong>en</strong>t,<br />

comme d’une main<br />

de fer dans un gant de velours.<br />

En écho, d’appar<strong>en</strong>ce tout aussi<br />

fragile, le dessin mural réalisé<br />

par Jérémie Delhome dévoile<br />

une autre facette de son tal<strong>en</strong>t<br />

de coloriste : les impressions<br />

tamponnées compos<strong>en</strong>t une<br />

mer bleue froissée, volatile. Bel<br />

aperçu d’une série d’empreintes<br />

exposées plus loin, où l’on<br />

retrouve les formes compactes<br />

habituellem<strong>en</strong>t peintes, ici<br />

légères comme des plumes.<br />

Comme lui, le néo-zélandais Bill<br />

Culbert offre une installation in<br />

situ, à la luminesc<strong>en</strong>ce «brutale»,<br />

née du contraste <strong>en</strong>tre 10<br />

néons et 10 vieux guéridons servant<br />

de support. Une fois cette<br />

allée sculptée traversée et le<br />

passage par les coulisses, on<br />

tombe nez à nez avec le groupe<br />

sculpté de Karim Ghelousssi<br />

(Au désert j’ai dû me r<strong>en</strong>dre) :<br />

assis, <strong>en</strong> marche, visages muets,<br />

corps lourds, les boat-people ne<br />

sont pas prêts de disparaître.<br />

C’est un coup de massue <strong>en</strong><br />

pleine face : le temps est souv<strong>en</strong>t<br />

incertain <strong>en</strong>tre chi<strong>en</strong> et loup.<br />

MARIE GODFRIN-GUIDICELLI<br />

Entre chi<strong>en</strong> et loup<br />

jusqu’au 23 mars<br />

Galerie du Château de Servières,<br />

Marseille 4 e<br />

04 91 85 42 78<br />

www.chateaudeservieres.org


Nicolas Clauss, Ilots, installation 2012,<br />

version pour casques et 3 écrans,<br />

composition musicale Uriel Barthelemi.<br />

© C. Lorin/<strong>Zibeline</strong><br />

58<br />

A<br />

U<br />

P<br />

R<br />

O<br />

GR<br />

A<br />

M<br />

M<br />

E<br />

A<br />

RTS<br />

V<br />

ISUELS<br />

Dans la suite de Nam June Paik<br />

et avec l’avènem<strong>en</strong>t du numérique<br />

nombre d’artistes de tous<br />

bords retravaill<strong>en</strong>t à l’<strong>en</strong>vi images<br />

et son. Sans r<strong>en</strong>ier ses fondem<strong>en</strong>ts<br />

de plastici<strong>en</strong> c’est ce à<br />

quoi s’emploie depuis plusieurs<br />

années Nicolas Clauss avec la<br />

complicité du musici<strong>en</strong> Uriel<br />

Barthélémi, avec prolongem<strong>en</strong>ts<br />

improvisés et performances participatives.<br />

On avait pu voir Ilôts<br />

et Fès lors des précéd<strong>en</strong>ts Instants<br />

Vidéo. Tandis que Fès cond<strong>en</strong>se<br />

une scène quotidi<strong>en</strong>ne <strong>en</strong> de<br />

multiples micros évènem<strong>en</strong>ts<br />

Vertiges<br />

Chez Seconde Nature quatre installations de<br />

Nicolas Clauss se jou<strong>en</strong>t de la déconstruction, du<br />

hasard et de la narration. Plasticité, samples visuels<br />

et sonores, algorithmes : vertiges !<br />

répétitifs incitant à scruter faits<br />

et gestes individualisés dans<br />

une foule, à l’autre bout, les trois<br />

écrans d’Ilôts nous plong<strong>en</strong>t<br />

dans un maelström plastique et<br />

sonore, revisitant le g<strong>en</strong>re du<br />

paysage et de l’errance jusqu’à<br />

des abstractions fulgurantes<br />

sans cesse r<strong>en</strong>ouvelées. Deux<br />

créations vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t tempérer la<br />

s<strong>en</strong>sation de vertige bi<strong>en</strong> que<br />

leur dispositif impose des volteface<br />

fréqu<strong>en</strong>tes. In Amarcord,<br />

inspiré du film de Fellini, dédouble<br />

une séqu<strong>en</strong>ce pour extraire<br />

la plasticité, des détails, une<br />

narration r<strong>en</strong>ouvelée très esthétique.<br />

Avec Entraves, l’écriture<br />

aléatoire répétitive sur de grands<br />

formats <strong>en</strong> vis-à-vis soulign<strong>en</strong>t<br />

une étrange proximité avec le<br />

corps de deux danseurs et leur<br />

id<strong>en</strong>tité r<strong>en</strong>due inquiétante.<br />

Soirée performance/improvisation<br />

le 12 à 20h.<br />

CLAUDE LORIN<br />

Nicolas Clauss, photogramme extrait d' Entraves, dyptique video, 2013 © Nicolas Clauss<br />

Nicolas Clauss/Vidéographies<br />

jusqu’au 15 mars<br />

Seconde Nature, Aix<br />

04 42 64 61 01<br />

http://second<strong>en</strong>ature.org<br />

De l’arg<strong>en</strong>tique à l’i-phone<br />

«Toutes les photos sont d’époque, que du<br />

vintage, mais je suis aussi pour la modernité !»<br />

s’exclame Pierre-Jean Amar à propos de sa<br />

rétrospective qui inclut des tirages numériques.<br />

Pour ses 50 ans de création, le photographe<br />

a extrait de ses archives quelques beaux<br />

spécim<strong>en</strong>s : micro-pays, pays et paysages<br />

des années <strong>60</strong> à 80 (c’est la vision rapprochée<br />

des choses et non pas le panoramique<br />

qui l’intéresse), portraits graphiques d’artistes<br />

et d’amis (dont celui, impressionnant, de<br />

François Nourrissier), nus féminins à partir<br />

des années 80, époque marquée par la<br />

naissance de son fils qui le poussera vers la<br />

voie de la photographie familiale et intime.<br />

Une autre série rarem<strong>en</strong>t exposée, consacrée<br />

aux commandes de photographies<br />

d’architecture et de patrimoine, démontre la<br />

perfection des cadrages qui ne doiv<strong>en</strong>t ri<strong>en</strong><br />

au hasard. Aujourd’hui commissaire de son<br />

exposition, Pierre-Jean Amar s’offre la liberté<br />

d’introduire son récit par une proposition<br />

composée d’autoportraits <strong>en</strong>fant, jeune, <strong>en</strong><br />

La Déesse Mère, 1979 © Pierre-Jean Amar<br />

famille, avant d’ouvrir sur de plus vastes<br />

horizons. Comme ces Inondations marquées<br />

par les intempéries, photos sauvées des<br />

eaux mais maculées de moisissures et de<br />

bactéries ; ces rares photos <strong>en</strong> couleurs<br />

d’affiches de métro déchirées, clins d’œil à<br />

Villeglé. Et, tout aussi inatt<strong>en</strong>dus, ces tirages<br />

noir et blanc colorisés au mom<strong>en</strong>t du tirage<br />

à l’image irréelle. Ouvrages et vidéo complèt<strong>en</strong>t<br />

ce parcours dont on admire l’éclectisme<br />

des sujets et l’unité formelle : toutes les<br />

photographies sont traversées par une<br />

lumière solaire qui irradie les objets, les<br />

paysages, les corps et les visages.<br />

MARIE GODFRIN-GUIDICELLI<br />

La nature, le corps et l’ombre<br />

(titre d’un ouvrage publié aux éditions<br />

le Bec <strong>en</strong> l’air)<br />

jusqu’au 2 mars<br />

Cité du livre, Aix<br />

04 42 91 98 88<br />

www.citedulivre-aix.com


<strong>60</strong><br />

R<br />

E<br />

N<br />

C<br />

O<br />

N<br />

TRES<br />

Optimisme désespéré<br />

Jean-François Bayart l’annonce d’<strong>en</strong>trée de jeu :<br />

«J’ai une position critique vis-à-vis de l’interprétation<br />

néo-libérale de la globalisation, mais je ne me<br />

fais pas que des amis chez les alter-mondialistes, car<br />

je dis que ce n’est pas une simple aliénation : on y<br />

participe tous.» Puis il réclame de la nuance : tout<br />

le monde n’est pas mondialisé de la même manière,<br />

selon qu’on vit à la Déf<strong>en</strong>se ou <strong>en</strong> Ardèche,<br />

à Pékin ou <strong>en</strong> Arizona. Il récuse l’idée que l’État<br />

est la victime des marchés : selon lui, l’État-Nation<br />

est le produit de la globalisation, tout comme<br />

les «id<strong>en</strong>tités», et le communautarisme. Un exemple<br />

irrévér<strong>en</strong>cieux ? Le terroir gastronomique :<br />

«Le camembert n’est pas issu de la «normanditude»<br />

comme aurait dit Ségolène Royal, mais de la possibilité<br />

de le v<strong>en</strong>dre massivem<strong>en</strong>t aux Halles de Paris.»<br />

Une illusion s’écroule, là où l’on p<strong>en</strong>sait avoir<br />

connu le pire <strong>en</strong> découvrant une publicité<br />

McDonalds pour le hamburger au foie gras.<br />

De la nourriture, il passe au poil : «Politiquem<strong>en</strong>t<br />

très intéressant. Les islamistes ont une vision très<br />

précise de ce que doit être la pilosité.» Puis aux att<strong>en</strong>tats<br />

suicides, «une technique du corps inv<strong>en</strong>tée par<br />

les Tamouls, qui s’est globalisée.» Et à la lutte<br />

contre les narcotiques : «L’herbe devrait coûter<br />

moins cher que les radis, on aurait moins intérêt<br />

à la cultiver.» Charmant orateur, déployant son<br />

humour avec générosité, ce qui ne l’empêche<br />

pas de prés<strong>en</strong>ter une vision lucide de la situation.<br />

À la question du public, «Êtes-vous optimiste<br />

ou pessimiste ?», il répond avec un sourire «Un<br />

ami graphologue m’a dit que je suis un optimiste<br />

désespéré, comme Louis XVI. Les choses vont vraim<strong>en</strong>t<br />

très mal. Ce qui est désespérant, c’est notre<br />

bêtise collective.» Selon lui, le rôle des sci<strong>en</strong>ces<br />

sociales est de dissiper quelques idées reçues. Par<br />

exemple celle-ci : la mondialisation est c<strong>en</strong>sée<br />

uniformiser, alors qu’<strong>en</strong> réalité elle clive.<br />

GAËLLE CLOAREC<br />

La confér<strong>en</strong>ce Globalisation, culture matérielle<br />

et individu a eu lieu le 24 janvier à l’Hôtel du<br />

Départem<strong>en</strong>t 13 dans le cadre d’Échange et<br />

diffusion des savoirs<br />

Jean-Francois Bayart © X-D.R.<br />

La Liberté guide nos pas<br />

À l’invitation d’Approches, Cultures &<br />

Territoires, le Lycée Saint-Exupéry accueillait le<br />

7 février l’histori<strong>en</strong> Michel Vovelle pour une<br />

confér<strong>en</strong>ce intitulée L’an II des Révolutions : France<br />

1793, Monde arabe 2013. Remonter jusqu’à ce<br />

XVIII e siècle où l’on est passé de la monarchie à<br />

la République, et faire <strong>en</strong>trer <strong>en</strong> résonance cette<br />

période avec les printemps arabes du XXI e siècle,<br />

voilà qui promettait d’être passionnant. Cep<strong>en</strong>dant<br />

d’<strong>en</strong>trée de jeu, l’orateur a prév<strong>en</strong>u des<br />

«avantages, ruses, et risques» de l’analogie. La<br />

Révolution Française est «la 1 ère dans le temps<br />

d’ambition et de portée universelle, ce qui est positif<br />

pour les uns et lui a été reproché par les autres. En<br />

tous cas elle proposait un modèle élaboré de rupture,<br />

de subversion viol<strong>en</strong>te, politique, économique, sociale<br />

et culturelle». Depuis, les mouvem<strong>en</strong>ts populaires<br />

d’insurrection partout dans le monde ont quelque<br />

chose à voir avec les droits de l’homme tels<br />

qu’ils ont alors été formulés. Que ce soit lors des<br />

insurrections arabes, ou lorsque la contestation<br />

«fait un retour sur la rive europé<strong>en</strong>ne, dans le contexte<br />

des crises qui taraud<strong>en</strong>t l’Europe méridionale».<br />

En bon p<strong>en</strong>seur familier de la grille d’interprétation<br />

marxiste, Michel Vovelle reproche aux<br />

Indignés leur manque de cadre conceptuel, leurs<br />

mots d’ordre flous : «Ils veul<strong>en</strong>t juste «changer le<br />

monde».» Et revi<strong>en</strong>t inlassablem<strong>en</strong>t à l’importance<br />

des rapports de force <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce, soit dans<br />

les pays arabes le poids de l’armée et l’influ<strong>en</strong>ce<br />

des Frères Musulmans. En insistant sur l’imprédictibilité<br />

des phénomènes révolutionnaires.<br />

Lorsqu’un membre du public lui demande<br />

«Qu’est-ce que la Révolution Française <strong>en</strong> juillet<br />

1791, 25 mois après le début ?», il répond : «Nous<br />

sommes alors au cœur de ce que François Furet<br />

appelle «l’année heureuse»... Oui,<br />

sous réserve d’inv<strong>en</strong>taire ! Car ça<br />

bouillonne depuis les provinces,<br />

tout le Sud Ouest est <strong>en</strong> feu, il y a<br />

des affrontem<strong>en</strong>ts ouverts <strong>en</strong>tre les<br />

deux confessions, c’est une poudrière.<br />

Alors on peut dire qu’<strong>en</strong> 91<br />

la Révolution est terminée, mais...»<br />

Mais le sort des révolutions ne se<br />

joue pas <strong>en</strong> deux ans, et nul ne<br />

peut prédire à quoi aboutira l’histoire<br />

qui se construit aujourd’hui<br />

<strong>en</strong> Tunisie et <strong>en</strong> Égypte.<br />

GAËLLE CLOREC<br />

Eug<strong>en</strong>e Delacroix,<br />

La liberte guidant le peuple<br />

Derrière<br />

l’ordinateur<br />

Elle était mal partie, cette confér<strong>en</strong>ce du 29<br />

janvier : l’interv<strong>en</strong>ante principale, malade,<br />

a annulé sa v<strong>en</strong>ue. De plus, prévue initialem<strong>en</strong>t<br />

dans une salle de l’IEP d’Aix-<strong>en</strong>-Prov<strong>en</strong>ce<br />

réquisitionnée au dernier mom<strong>en</strong>t par le<br />

débat Maryse Joissains/Patrick M<strong>en</strong>nucci<br />

sur la Métropole, elle a dû se replier dans<br />

une partie des bâtim<strong>en</strong>ts où il n’était pas<br />

possible de diffuser les élém<strong>en</strong>ts multimédias<br />

prévus. Elle y a aussi certainem<strong>en</strong>t perdu<br />

une bonne partie de son public, attiré par<br />

le spectacle de ces deux «bêtes» politiques.<br />

Tout cela n’aurait cep<strong>en</strong>dant pas été rédhibitoire,<br />

si les membres du collectif organisateur<br />

Technologos, une fédération nationale créée<br />

l’an dernier, n’avai<strong>en</strong>t pas eu recours pour<br />

remplacer Hélène Tordjman à Christian<br />

Araud, maîtrisant manifestem<strong>en</strong>t mal son<br />

sujet : Défier l’algorithme, repr<strong>en</strong>dre le contrôle<br />

de la cité. À tel point que finalem<strong>en</strong>t, on<br />

se demande s’il ne valait pas mieux que peu<br />

de monde assiste au débat, dans la mesure<br />

où cette thématique cruciale mérite d’être<br />

approchée autrem<strong>en</strong>t qu’à la va-vite.<br />

C’est dommage car leur cycle de confér<strong>en</strong>ces<br />

(les prochaines portant sur la crise de la<br />

gouvernance et celle des valeurs) semblait<br />

prometteur. C’est dommage surtout parce<br />

que leur objectif : pr<strong>en</strong>dre du recul par<br />

rapport à la technique, et derrière elle, la<br />

sci<strong>en</strong>ce, est on ne peut plus pertin<strong>en</strong>t. Il est<br />

à espérer que les interv<strong>en</strong>tions à v<strong>en</strong>ir se<br />

feront dans de meilleures conditions.<br />

GAËLLE CLOAREC<br />

www.sci<strong>en</strong>cespo-aix.fr


L’an passé, les R<strong>en</strong>contres Déconnomiques 1 ère<br />

édition taquinai<strong>en</strong>t g<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t la traditionnelle<br />

réunion juillettiste du Cercle des Economistes à<br />

Aix-<strong>en</strong>-Prov<strong>en</strong>ce. Il faut dire que lorsque ces<br />

derniers quitt<strong>en</strong>t leur Faubourg Saint-Honoré,<br />

ils le font avec un aplomb irritant d’experts <strong>en</strong><br />

terrain conquis. Que leur reproch<strong>en</strong>t les Déconnomistes<br />

? Principalem<strong>en</strong>t d’aveugler les citoy<strong>en</strong>s<br />

par un discours répercuté inlassablem<strong>en</strong>t au<br />

service de l’oligarchie financière, laquelle les<br />

rétribue grassem<strong>en</strong>t pour leurs services.<br />

Ce 16 janvier, le Théâtre Toursky réunissait<br />

donc une ribambelle de Déconnomistes <strong>en</strong> nez<br />

de clown, prêts à <strong>en</strong> découdre pour «vider leurs<br />

salles au profit des nôtres» lors de l’édition prochaine,<br />

qui aura lieu cette année du 4 au 7 juillet.<br />

Après la projection du docum<strong>en</strong>taire de Vinc<strong>en</strong>t<br />

Lucas sur les précéd<strong>en</strong>tes R<strong>en</strong>contres, comme<br />

une mise <strong>en</strong> bouche au son des cigales, c’est le<br />

film de Gérard Mordillat, Le grand retournem<strong>en</strong>t,<br />

qui était programmé. Une avant-première<br />

idéale pour cette soirée de lancem<strong>en</strong>t, <strong>en</strong><br />

prés<strong>en</strong>ce du réalisateur et de Frédéric Lordon<br />

(auteur de la pièce dont le scénario est adapté).<br />

Le long métrage faisant rejouer <strong>en</strong> alexandrins la<br />

crise de 2008 par une galerie d’acteurs magnifiques<br />

(Jacques Weber, François Morel, Edouard<br />

Baer…) a <strong>en</strong>thousiasmé le public marseillais,<br />

non moins que l’intellig<strong>en</strong>ce avec laquelle ces<br />

deux hommes justifi<strong>en</strong>t leurs choix artistiques et<br />

politiques. Car s’il est bon d’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre dire<br />

Ce système périt<br />

sous trop de déshonneur<br />

clairem<strong>en</strong>t que nous vivons tous prisonniers du<br />

discours néo-libéral, il est meilleur <strong>en</strong>core de<br />

l’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> vers : «Utiliser la langue aristocratique<br />

met <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce le ridicule de ce que l’on veut<br />

nous imposer. L’alexandrin a cette vertu insoupçonnable<br />

d’affûter notre capacité d’écoute et au-delà<br />

notre esprit critique, car il est compréh<strong>en</strong>sible par<br />

tous, mais demande de l’att<strong>en</strong>tion.»<br />

GAËLLE CLOAREC<br />

Le grand retournem<strong>en</strong>t, sorti le 23 janvier,<br />

n’est pas diffusé à Marseille.<br />

Il reste la possibilité de le voir à Aix,<br />

au cinéma Mazarin.<br />

Équipe des R<strong>en</strong>contres Déconnomiques<br />

avec Frederic Lordon et Gérard Mordillat<br />

© Gaëlle Cloarec<br />

61<br />

R<br />

E<br />

N<br />

C<br />

O<br />

N<br />

TRES<br />

Les ados ont l’espoir au coeur !<br />

Le Théâtre Liberté de Toulon a<br />

accueilli le dernier Forum des lycé<strong>en</strong>s<br />

et des appr<strong>en</strong>tis de la<br />

Région PACA pour cette année<br />

scolaire. Toujours nombreux et <strong>en</strong>thousiastes<br />

les élèves ont posé des<br />

questions pertin<strong>en</strong>tes qui étonn<strong>en</strong>t<br />

parfois les auteurs... Cette fois<br />

étai<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>ts trois auteurs de BD<br />

(dont deux couples scénariste/dessinateur)<br />

et trois auteurs de fiction<br />

dont deux romancières. Apparemm<strong>en</strong>t<br />

pas de li<strong>en</strong> particulier <strong>en</strong>tre<br />

leurs oeuvres. Mais à y regarder de<br />

près les lycé<strong>en</strong>s y ont vu des<br />

par<strong>en</strong>tés. Tout d’abord, ils se sont<br />

montrés intéressés par le processus<br />

de création des oeuvres, ce qu’ils appel<strong>en</strong>t<br />

«inspiration». Pour certains<br />

il y a de toute évid<strong>en</strong>ce l’impact de<br />

l’Histoire et de la politique comme<br />

L’art de voler qui retrace la vie d’un<br />

jeune paysan espagnol au sein de la<br />

guerre civile et du franquisme, et<br />

Zahra’s paradise qui plonge le lecteur<br />

au sein de la répression sanglante à<br />

Téhéran <strong>en</strong> 2009. Si Antonio Altarriba<br />

déclare qu’il avait un devoir<br />

de mémoire <strong>en</strong>vers son père, Amir<br />

rev<strong>en</strong>dique son appart<strong>en</strong>ance au<br />

peuple irani<strong>en</strong>.<br />

La BD de Gilles Rochier est davantage<br />

c<strong>en</strong>trée sur le quotidi<strong>en</strong><br />

puisqu’il y évoque les désoeuvrem<strong>en</strong>t<br />

et dérapages de son adolesc<strong>en</strong>ce<br />

dans les années 80, <strong>en</strong> banlieue<br />

parisi<strong>en</strong>ne. Laur<strong>en</strong>t Mauvignier<br />

déclare qu’il faut avoir un s<strong>en</strong>s aigu<br />

de l’observation pour capter certains<br />

détails ; son récit glacial vi<strong>en</strong>t<br />

d’un fait divers parmi tant d’autres.<br />

L’irlandaise Claire Keegan évoque<br />

la colonisation anglaise et le poids<br />

du catholicisme qui ont asphyxié les<br />

couches pauvres de la société tandis<br />

qu’Anne Percin dénonce les conv<strong>en</strong>tions<br />

et les fractures sociales<br />

dans la France rurale des mêmes<br />

années. On le voit, les récits des unes<br />

et des autres pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t racine dans<br />

le vécu plus ou moins proche, et à<br />

des degrés divers.<br />

Les lycé<strong>en</strong>s ont aussi questionné les<br />

auteurs sur l’exist<strong>en</strong>ce ou non d’un<br />

message dans leurs productions. Si<br />

Laur<strong>en</strong>t Mauvignier a catégoriquem<strong>en</strong>t<br />

répondu que «s’il y <strong>en</strong> a un<br />

c’est à (son) corps déf<strong>en</strong>dant», les autres<br />

se sont montrés plus nuancés,<br />

désirant responsabiliser le lecteur <strong>en</strong><br />

Prix litteraire lyce<strong>en</strong>s © C.B.<br />

lui ouvrant les yeux, lutter contre<br />

l’indiffér<strong>en</strong>ce. La question de l’espoir<br />

interpelle les ados ? C’est<br />

ras-surant... et on leur emboîte<br />

volontiers le pas !<br />

CHRIS BOURGUE<br />

L’art de voler<br />

Antonio Altarriba (scén.)<br />

& Kim (dessin)<br />

D<strong>en</strong>oël Graphic, 23,50 €<br />

Zohra’s paradise<br />

Amir (scén.) & Khalil (dessin)<br />

Casterman<br />

TMLP-Ta mère la pute<br />

Gilles Rochier<br />

6 pieds sous terre, 16 €<br />

Les trois lumières (voir Zib’57)<br />

Claire Keegan<br />

Sabine Wespieser<br />

Le premier été (voir sur le site)<br />

Anne Percin<br />

Le Rouergue, 16 €<br />

Ce que j’appelle oubli<br />

(voir Zib 57 & p. 41)<br />

Laur<strong>en</strong>t Mauvignier<br />

Éd. de Minuit, 7 €


Les métamorphoses de Lascaux est un ouvrage passionnant, et tout à fait<br />

abordable ! <strong>Zibeline</strong> a demandé à son auteur, Pedro Lima, de lui parler des<br />

habitants de Lascaux, et Cosquer…<br />

Il y a 20 000 ans…<br />

62<br />

H<br />

ISTOIRE<br />

Les hommes du<br />

paléolithique ont<br />

tout inv<strong>en</strong>té des<br />

techniques picturales<br />

actuelles. Mieux : ils<br />

fur<strong>en</strong>t aussi<br />

chimistes,<br />

astronomes et<br />

même… soucieux<br />

d’écologie avant<br />

l’heure ! L’oubli de<br />

ces génies,<br />

inv<strong>en</strong>teurs de la<br />

première culture<br />

europé<strong>en</strong>ne, dans les<br />

célébrations de<br />

MP2013, est<br />

regrettable !<br />

Il y a 20 000 ans, des tribus d’Homo sapi<strong>en</strong>s, installées<br />

dans des abris sous-roches situés au pied des<br />

falaises qui bord<strong>en</strong>t la rivière Vézère, dans l’actuelle<br />

Dordogne, ont orné de magnifiques peintures les<br />

parois d’une caverne aux dim<strong>en</strong>sions harmonieuses,<br />

baptisée Lascaux lors de sa redécouverte <strong>en</strong> 1940 par<br />

quatre adolesc<strong>en</strong>ts périgourdins, <strong>en</strong> pleine tourm<strong>en</strong>te<br />

mondiale. Depuis 70 ans, les sci<strong>en</strong>tifiques ne cess<strong>en</strong>t<br />

de s’émerveiller, et avec eux tous ceux qui ont eu<br />

accès à la cavité ou l’admir<strong>en</strong>t à travers ses reproductions<br />

(photographies, films, fac-similés), face au<br />

génie de ces maîtres de la préhistoire, lors de la<br />

période appelée Solutréo-magdaléni<strong>en</strong>. Gravure,<br />

peinture, représ<strong>en</strong>tation du mouvem<strong>en</strong>t et de la<br />

perspective, ces peintres et dessinateurs avai<strong>en</strong>t tout<br />

inv<strong>en</strong>té des techniques picturales qui sont, aujourd’hui<br />

<strong>en</strong>core, <strong>en</strong>seignées dans les écoles des beaux-arts.<br />

Un savoir-faire magistral, qu’ils ont égalem<strong>en</strong>t<br />

appliqué dans la grotte Cosquer décorée il y a 27 000<br />

ans. Pour exemple les membres de certains animaux,<br />

aurochs ou chevaux, sont représ<strong>en</strong>tés <strong>en</strong> exploitant<br />

la technique de l’anamorphose, volontairem<strong>en</strong>t déformés<br />

lorsqu’ils sont vus de face pour retrouver<br />

leurs justes proportions lorsqu’on les regarde du c<strong>en</strong>tre<br />

de la salle. Autre «truc» employé à Lascaux par<br />

les créateurs préhistoriques : l’emploi du flou pour<br />

figurer l’arrière-plan d’un animal peint, alors que les<br />

parties du corps situées, dans la réalité, plus près<br />

de l’observateur, conserv<strong>en</strong>t leur netteté… Le peintre<br />

paléolithique savait donc retranscrire ce que son<br />

œil percevait… comme le mimera égalem<strong>en</strong>t, 20 000<br />

Diverticule Axial Lascaux II © Philippe Psaila<br />

ans plus tard, le support photographique. Quant à la<br />

stupéfiante représ<strong>en</strong>tation du mouvem<strong>en</strong>t animal<br />

sur les parois par juxtaposition ou superposition<br />

d’images successives (membres, têtes, cous dans des<br />

positions différ<strong>en</strong>tes), elle a fait l’objet d’une théorie<br />

remarquable, et un ouvrage préfacé par Bertrand<br />

Tavernier, qui réconcilie artistes contemporains et<br />

pré-cinéastes de l’âge de pierre… qui avai<strong>en</strong>t même<br />

inv<strong>en</strong>té un ancêtre de la caméra, sous la forme d’un<br />

disque de pierre sculpté sur ses deux faces générant<br />

l’illusion du mouvem<strong>en</strong>t grâce au phénomène neurobiologique<br />

de persistance rétini<strong>en</strong>ne.<br />

Ce savoir-faire, permettant aux artistes de représ<strong>en</strong>ter<br />

magistralem<strong>en</strong>t des animaux comme bondissant<br />

sur la paroi, nous apparait d’autant plus extraordinaire<br />

que le support sur lequel ils travaillai<strong>en</strong>t, une<br />

paroi rocheuse, était la plupart du temps sinueuse,<br />

aux reliefs très tourm<strong>en</strong>tés... et mal éclairée. «Nous<br />

n’avons ri<strong>en</strong> inv<strong>en</strong>té», a ainsi pu déclarer le maître<br />

andalou Pablo Picasso lors de sa visite, dans les<br />

années 1940, dans le sanctuaire paléolithique périgourdin.<br />

Les chefs-d’œuvres de Lascaux, aujourd’hui<br />

protégés derrière une lourde porte de bronze, sont<br />

transmis au grand public grâce à des versions successives,<br />

et de plus <strong>en</strong> plus perfectionnées, de<br />

fac-similés faisant appel à la s<strong>en</strong>sibilité d’artistes<br />

contemporains aidés de techniques de pointe (3D,<br />

fraisage numérique…). La réc<strong>en</strong>te exposition Lascaux,<br />

prés<strong>en</strong>tée à Bordeaux, a ainsi attiré plus de<br />

100 000 visiteurs <strong>en</strong> trois mois. De quoi raviver les<br />

regrets face à l’abs<strong>en</strong>ce, sur le territoire marseillais<br />

à l’occasion de la Capitale europé<strong>en</strong>ne de la Culture,<br />

d’une restitution de la grotte sous-marine Cosquer,<br />

m<strong>en</strong>acée, de plus, par la l<strong>en</strong>te montée des eaux. Ce<br />

qui aurait constitué un hommage mérité à ces hommes,<br />

inv<strong>en</strong>teurs de la première culture europé<strong>en</strong>ne.<br />

Résolum<strong>en</strong>t modernes !<br />

En réalité, les Paléolithiques fur<strong>en</strong>t les premiers modernes.<br />

Ainsi, les tribus de chasseurs-cueilleurs qui<br />

ont occupé le contin<strong>en</strong>t europé<strong>en</strong> au cours de longues<br />

migrations, de l‘Oural à l’Atlantique, <strong>en</strong>tre -40 000 et<br />

-10 000 ans, fur<strong>en</strong>t certainem<strong>en</strong>t les premiers hommes<br />

à posséder une connaissance intime de leur<br />

milieu naturel, fait de toundras sèches et froides, au<br />

point d’y puiser les ressources nécessaires à leur<br />

survie et à la perman<strong>en</strong>ce de pratiques sociales élaborées,<br />

avec un mode d’exploitation que l’on<br />

pourrait qualifier de raisonné.<br />

Exemple avec le prélèvem<strong>en</strong>t de faune, ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t<br />

du r<strong>en</strong>ne et des mammifères herbivores,<br />

qui a conduit les tribus d’Homo sapi<strong>en</strong>s, desc<strong>en</strong>dantes<br />

de nomades v<strong>en</strong>us de l’est de l’Europe et<br />

précédemm<strong>en</strong>t d’Afrique, à suivre le gibier au cours


de ses migrations saisonnières. Cette chasse<br />

itinérante obligeait les hommes à disposer de<br />

systèmes de mesure du temps, leur permettant<br />

d’anticiper les changem<strong>en</strong>ts de saisons annonciateurs<br />

des déplacem<strong>en</strong>ts animaux, fonction<br />

vraisemblablem<strong>en</strong>t remplie par des plaquettes<br />

de taille réduite, gravées et sculptées de nombreuses<br />

<strong>en</strong>coches et cupules, certainem<strong>en</strong>t<br />

marqueurs de phases lunaires et de décomptes<br />

diurnes, correspondant à nos cal<strong>en</strong>driers<br />

modernes.<br />

Une fois l’animal chassé, l’<strong>en</strong>semble de son<br />

anatomie était exploitée, pour des utilisations<br />

très variées : viande bi<strong>en</strong> sûr, mais aussi cordages<br />

(t<strong>en</strong>dons), vêtem<strong>en</strong>ts (peaux), instrum<strong>en</strong>ts de<br />

musique (os), parures (d<strong>en</strong>ts et vertèbres),<br />

éclairage et liant pictural (graisse), pinceaux<br />

(poils)... Quant aux artistes, ils avai<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t<br />

inv<strong>en</strong>té les premiers rudim<strong>en</strong>ts de la<br />

chimie minéralogique, puisqu’ils étai<strong>en</strong>t capables,<br />

par une cuisson contrôlée des pigm<strong>en</strong>ts<br />

d’ocre prélevés au sol, d’<strong>en</strong> faire virer la teinte<br />

originale, obt<strong>en</strong>ant par exemple des violets ou<br />

des rouges à partir de jaunes, comme le font<br />

<strong>en</strong>core aujourd’hui les ocriers prov<strong>en</strong>çaux dans<br />

leurs fours.<br />

Inv<strong>en</strong>teurs d’une culture homogène millénaire,<br />

qui fut la première à tout l’échelon europé<strong>en</strong>,<br />

parfaitem<strong>en</strong>t adaptés à un milieu dont ils<br />

connaissai<strong>en</strong>t la moindre ressource, les nomades<br />

du paléolithique supérieur nous rappell<strong>en</strong>t<br />

que l’humanité actuelle s’est construite sur la<br />

base de migrations incessantes et complexes.<br />

Une leçon brûlante, alors que des frontières<br />

ne cess<strong>en</strong>t de s’ériger, sur les terres et dans<br />

les esprits.<br />

PEDRO LIMA<br />

À lire<br />

Les métamorphoses<br />

de Lascaux l’atelier<br />

des artistes de<br />

la préhistoire<br />

à nos jours<br />

Pedro Lima (textes)<br />

et Philippe Psaïla<br />

(photographies)<br />

Synops, 27,90 €<br />

www.synopseditions.fr<br />

L’Europe de la culture est née il y a 36 000 ans<br />

Pedro Lima<br />

La revue des deux mondes, avril 2012<br />

La préhistoire du cinéma, Origines paléolithiques de<br />

la narration graphique et du cinématographe<br />

Marc Azéma, préface de Bertrand Tavernier<br />

Errances, 2011<br />

//////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////<br />

Des yeux au<br />

bout des doigts<br />

Nouvelle av<strong>en</strong>ture<br />

du Musée de Quinson<br />

<strong>en</strong> part<strong>en</strong>ariat avec le<br />

Préhistosite de Ramioul<br />

<strong>en</strong> Belgique !<br />

Après Neandertal l’Europé<strong>en</strong> de l’an<br />

dernier, l’exposition proposée depuis<br />

le 1 er février propose des savoirs<br />

savants concernant la vie quotidi<strong>en</strong>ne<br />

des hommes du mésolithique<br />

(des chasseurs de 9 000 à 5 300<br />

ans av. J.-C. Mais aussi une approche<br />

radicalem<strong>en</strong>t différ<strong>en</strong>te, voire<br />

déconcertante : Ferme les yeux pour<br />

voir la Préhistoire. Le musée est le<br />

lieu où l’on ne touche pas, ici, les<br />

mains guid<strong>en</strong>t cette «visite» où<br />

l’on ne voit pas ! Après avoir lu<br />

les panneaux d’introduction, on<br />

pose un bandeau sur les yeux, un<br />

casque audio sur la tête, un boitier<br />

<strong>en</strong> collier, et l’on suit la rampe<br />

composée de tubes pvc. À intervalles<br />

réguliers une balle de t<strong>en</strong>nis<br />

nous arrête, et l’on <strong>en</strong>voie nos<br />

mains <strong>en</strong> face de nous. Elles découvr<strong>en</strong>t<br />

les objets, les explor<strong>en</strong>t.<br />

Les matières, les s<strong>en</strong>sations qu’elles<br />

produis<strong>en</strong>t, accompagnées par les<br />

sons décl<strong>en</strong>chés dans les boitiers,<br />

nous invit<strong>en</strong>t à une reconstitution<br />

m<strong>en</strong>tale que vi<strong>en</strong>t corroborer ou<br />

rectifier le comm<strong>en</strong>taire explicatif.<br />

On devine par les formes le<br />

porte-bébé, la botte de cuir, la<br />

Ferme les Yeux pour voir © Prehistosite de Ramioul<br />

«table de cuisson», le harpon,<br />

l’arc et sa flèche, la nasse, les bois<br />

de cerf ou… un appareil photo <strong>en</strong><br />

fin de parcours ! et un texte écrit<br />

<strong>en</strong> Braille. On vous appr<strong>en</strong>d succinctem<strong>en</strong>t<br />

à reconnaître les<br />

groupes capables de cont<strong>en</strong>ir<br />

jusqu’à six points, base de<br />

l’alphabet.<br />

L’exposition est ouverte aux<br />

scolaires (à partir de 8 ans, il est<br />

nécessaire de mesurer une certaine<br />

taille pour tout atteindre !) le<br />

matin, à tous les publics l’aprèsmidi.<br />

Les <strong>en</strong>fants manifest<strong>en</strong>t<br />

parfois une certaine appréh<strong>en</strong>sion,<br />

ils n’ont pas l’habitude de découvrir<br />

avec leurs mains, ont un<br />

peu peur. Ils sont invités <strong>en</strong> fin<br />

de parcours à découvrir les photographies<br />

des objets puis à un<br />

retour sur l’exposition avec leurs<br />

yeux pour un comm<strong>en</strong>taire plus<br />

précis, un partage des s<strong>en</strong>sations<br />

et des connaissances. Pédagogique<br />

à plus d’un niveau, celui de la<br />

connaissance, de la conc<strong>en</strong>tration,<br />

de la construction m<strong>en</strong>tale, de la<br />

découverte du handicap, cet itinéraire<br />

atypique incite à être<br />

att<strong>en</strong>tif aux autres ; le travail sur<br />

les s<strong>en</strong>s pousse à l’empathie.<br />

La mise <strong>en</strong> place d’une telle exposition<br />

demande une réflexion<br />

approfondie non seulem<strong>en</strong>t sur<br />

les savoirs, mais la manière de les<br />

transmettre <strong>en</strong> t<strong>en</strong>ant compte du<br />

handicap particulier de la vue.<br />

Cette expéri<strong>en</strong>ce devrait dev<strong>en</strong>ir<br />

norme et s’ét<strong>en</strong>dre au parcours<br />

muséal dans son <strong>en</strong>semble explique<br />

Caroline Luzi, l’archéologue<br />

médiatrice de l’exposition. «Le<br />

Musée est un petit laboratoire de<br />

la vie <strong>en</strong> société, s’y crois<strong>en</strong>t toutes<br />

les contraintes, toutes les postures.<br />

Il est impératif de pr<strong>en</strong>dre consci<strong>en</strong>ce<br />

du rôle sociétal important<br />

des musées, ils établiss<strong>en</strong>t un li<strong>en</strong><br />

<strong>en</strong>tre sci<strong>en</strong>tifiques et grand public.<br />

La collectivité r<strong>en</strong>d au citoy<strong>en</strong> ce<br />

qu’il lui donne. Le musée a une<br />

utilité sociale, politique, citoy<strong>en</strong>ne,<br />

il est un li<strong>en</strong> privilégié d’expression.»<br />

Une spl<strong>en</strong>dide mission !<br />

MARYVONNE COLOMBANI<br />

Ferme les yeux pour voir la Préhistoire<br />

jusqu’au 12 mai<br />

Musée de la Préhistoire, Quinson<br />

04 92 74 09 59<br />

www.museeprehistoire.com<br />

63<br />

H<br />

ISTOIRE


64<br />

P<br />

H<br />

ILOSOP<br />

H<br />

IE<br />

À l’heure<br />

où le cinéma et le<br />

théâtre choisiss<strong>en</strong>t<br />

la domination masculine<br />

comme thème<br />

et titre, une mise au<br />

point s’impose<br />

On n’a pas att<strong>en</strong>du Pierre Bourdieu pour analyser la<br />

domination. «Comme la force est toujours du côté des gouvernés,<br />

les gouvernants n’ont ri<strong>en</strong> pour les sout<strong>en</strong>ir que<br />

l’opinion» constatait David Hume <strong>en</strong> 1752 dans son<br />

Essai sur les premiers principes du gouvernem<strong>en</strong>t. Il suffit de<br />

remplacer gouvernants et gouvernés par domi-nants et<br />

dominées pour que la modernité de Hume saute aux yeux.<br />

En revanche l’implacable sexisme des plus grands peseurs<br />

est un invariant dans l’histoire, Olympes de Gouges<br />

exceptée évidemm<strong>en</strong>t ! Les préjugés sexistes et aussi<br />

racistes sont les plus imprégnés dans les m<strong>en</strong>talités, parce<br />

que véhiculés depuis des millénaires comme des vérités.<br />

En revanche les inégalités sociales et la croyance <strong>en</strong><br />

dieu(x) ont souv<strong>en</strong>t été attaquées, analysées, depuis la<br />

condamnation de Socrate par exemple.<br />

V<strong>en</strong>ons-<strong>en</strong> aux femmes. En nous demandant d’abord,<br />

puisqu’elles sont assez grandes et nombreuses pour se<br />

déf<strong>en</strong>dre, pourquoi un homme (andros 1 ) s’intéresse à<br />

leur domination. Tout comme le combat pour le mariage<br />

gay il est des causes aux appar<strong>en</strong>ces particulières qui<br />

<strong>en</strong> fait dégag<strong>en</strong>t des possibilités d’émancipation pour<br />

l’humanité <strong>en</strong>tière : le combat pour l’égalité n’est pas<br />

seulem<strong>en</strong>t un combat de principe, il ouvre la voie à des<br />

formes de vie meilleures. Que serait une société où tous<br />

pourrai<strong>en</strong>t théoriquem<strong>en</strong>t se marier ? Une société où la<br />

femme serait l’égale de l’homme ? Une société où la<br />

bêtise et les truismes, prét<strong>en</strong>dues vérités d’évid<strong>en</strong>ce, reculerai<strong>en</strong>t.<br />

Plus de sexe faible, plus de «un papa une<br />

maman»…<br />

Car qu’est-ce que la domination masculine telle que les<br />

hommes (anthropos) la viv<strong>en</strong>t ? C’est l’androc<strong>en</strong>trisme,<br />

les principes masculins posés comme base sociale. Soit la<br />

dévolution à la femme de tâches familiales supplém<strong>en</strong>taires<br />

et ingrates. Soit <strong>en</strong>core le plafond de verre pour les<br />

diplômées et le plancher collant pour les sans diplômes,<br />

qui font qu’elles n’accèd<strong>en</strong>t jamais aux directions et<br />

occup<strong>en</strong>t massivem<strong>en</strong>t les emplois les moins payés.<br />

L’androc<strong>en</strong>trisme c’est aussi att<strong>en</strong>dre des femmes qu’elles<br />

parl<strong>en</strong>t moins et moins fort, qu’elles n’interromp<strong>en</strong>t pas,<br />

qu’elles s’intéress<strong>en</strong>t à la santé et l’éducation mais pas à<br />

la politique et aux idées, à moins de r<strong>en</strong>oncer à leur<br />

féminité…<br />

Mais il s’agit là des structures visibles ; l’apport de Bourdieu<br />

dans la sociologie est l’insistance sur le symbolique :<br />

tout comme dans la reproduction des classes sociales ce<br />

n’est pas tant la richesse transmise qui cause la reproduction<br />

des inégalités, mais l’invisible, à savoir le capital<br />

culturel : c’est la manière dont les par<strong>en</strong>ts parl<strong>en</strong>t à la<br />

maison, et dont les représ<strong>en</strong>tations sociales prolong<strong>en</strong>t<br />

les clichés qu’elle véhicule, qui détermine la position des<br />

<strong>en</strong>fants.<br />

L’ordre symbolique<br />

Dans l’ordre de la domination masculine, la véritable<br />

viol<strong>en</strong>ce symbolique est son intériorisation par les dominants,<br />

c’est-à-dire par les hommes qui ne peuv<strong>en</strong>t vivre<br />

Rosie la riveteuse, 1943, J. Howard Miller<br />

Andros,<br />

ça c’est fort de...<br />

autrem<strong>en</strong>t leur relation aux femmes, et par les dominées,<br />

c’est-à-dire les femmes, de l’ordre androc<strong>en</strong>trique hérité<br />

depuis des millénaires : Andros va jouer à la pétanque et<br />

sa femme débarrasse. Normal, se dit-il, elle n’aime pas la<br />

pétanque ; normal se dit-elle, je nettoie mieux que mon<br />

andros, c’est naturel.<br />

Comme dans le combat contre l’homophobie, l’<strong>en</strong>nemi<br />

principal est toujours l’illusion que la Nature existe. Ri<strong>en</strong><br />

n’est moins naturel aux hommes (anthropos) que le naturel.<br />

C’est une grille de référ<strong>en</strong>ce produite par les hommes<br />

(andros ?). On y a mis des valeurs, le fort-le faible, et Spinoza<br />

a très vite vu qu’on l’avait personnifiée : Deus sive<br />

natura, la nature ou dieu, c’est la même chose.<br />

Ainsi le corps des femmes sert de support à des procédés<br />

de légitimation de la viol<strong>en</strong>ce symbolique. Le regard<br />

croit voir dans le corps féminin des élém<strong>en</strong>ts objectifs<br />

comme l’intériorité, l’abs<strong>en</strong>ce (de pénis), la pénétration,<br />

la fragilité… Les descriptions médicales du Moy<strong>en</strong> Âge,<br />

des tapisseries, décriv<strong>en</strong>t le vagin comme un phallus<br />

inversé ; le corps ainsi construit devi<strong>en</strong>t une légitimation<br />

de comportem<strong>en</strong>ts «naturels», des positions sociales, protectrices,<br />

sexuelles. La viol<strong>en</strong>ce symbolique est alors cette<br />

relation de causalité circulaire : visiblem<strong>en</strong>t, le dominant<br />

est dominé par sa domination, ne peut <strong>en</strong> sortir, et la<br />

domination n’est possible qu’avec la complicité de la<br />

dominée.<br />

Pourquoi <strong>en</strong> est-on là ? Par la déshistoricisation : mot<br />

barbare qui exprime le rejet de l’histoire pour la transformation<br />

de l’arbitraire social <strong>en</strong> naturel prét<strong>en</strong>du. La<br />

domination masculine ne va pas de<br />

soi ; par delà le très subjectif droit du<br />

plus fort démonté par Rousseau,<br />

objectivem<strong>en</strong>t, il semble que ce soit<br />

la femme qui ait le pouvoir suprême :<br />

celui de mettre au monde l’humanité.<br />

D’où cette viol<strong>en</strong>ce des hommes<br />

à leur égard, pour masquer ce privilège<br />

ou le faire passer pour une tare.<br />

Ainsi depuis des siècles cet ordre de<br />

domination doit se reproduire artificiellem<strong>en</strong>t<br />

; comme le disait Hume<br />

pour les gouvernants, l’androc<strong>en</strong>trisme<br />

s’appuie sur les institutions,<br />

l’opinion, l’État, l’École pour se recomm<strong>en</strong>cer<br />

sans cesse.<br />

«Ce sont ces forces, et non l’unité domestique<br />

à laquelle s’attaque un certain<br />

féminisme, qu’il faut neutraliser pour<br />

libérer les forces de changem<strong>en</strong>t» expliquait<br />

Bourdieu. L’égalité doit se<br />

poursuivre par la loi, et dans les<br />

institutions.<br />

RÉGIS VLACHOS<br />

1<br />

Le mot homme <strong>en</strong> français, trop<br />

ambigu, confond le mâle et le g<strong>en</strong>re<br />

humain ; on emploiera donc ici<br />

andros et anthropos


66<br />

S<br />

C<br />

IE<br />

N<br />

C<br />

ES<br />

Les chercheurs<br />

médiateurs publics ?<br />

La maison de la Région accueillait les 31 janvier et 1 er février un<br />

colloque organisé par l’IRD : les sci<strong>en</strong>ces sociales et la diffusion des<br />

savoirs dans l’espace public. La première matinée était consacrée aux<br />

formes de diffusion du savoir (ouvrages, muséographie) puis aux <strong>en</strong>jeux<br />

politiques de la communication sci<strong>en</strong>tifique. Les retours d’expéri<strong>en</strong>ces<br />

très divers des interv<strong>en</strong>ants -anthropologues, géographes- ont permis<br />

de faire émerger des questionnem<strong>en</strong>ts communs sur la médiation<br />

sci<strong>en</strong>tifique dans l’espace public. Les sci<strong>en</strong>tifiques ont aujourd’hui une<br />

responsabilité sociale et politique et dispos<strong>en</strong>t d’une image d’experts<br />

leur permettant de constituer des lobbies très efficaces. Ils sembl<strong>en</strong>t<br />

investis d’une nouvelle fonction d’interface et de vulgarisation qui se<br />

traduit par le souci d’associer les bénéficiaires de la recherche à la<br />

définition même des problématiques de recherche.<br />

Cep<strong>en</strong>dant, quel que soit l’utilisateur final des connaissances produites<br />

par la communauté sci<strong>en</strong>tifique, une communication efficace est<br />

indisp<strong>en</strong>sable pour r<strong>en</strong>dre ces informations compréh<strong>en</strong>sibles et<br />

accessibles. Dès lors, une série de questions émerge : certains registres<br />

de la sci<strong>en</strong>ce échapp<strong>en</strong>t-ils à la possibilité de vulgarisation ? Y a-t-il<br />

une utilité à diffuser auprès d’un large public tous les résultats de la<br />

recherche, même appliquée ? Le sci<strong>en</strong>tifique lui-même peut-il jouer ce<br />

rôle de médiateur ? Cette mission est-elle reconnue par l’institution ?<br />

Des organisations de transfert de technologies (publiques ou privées)<br />

doiv<strong>en</strong>t-elles exister, dotées de médiateurs capables d’interpréter, de<br />

transcrire et de transmettre ces informations ?<br />

Tous ne se s<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t pas l’âme de passeur de «réalité complexe», de<br />

démystificateur s’adressant au profane ou aux décideurs et tout reste<br />

à inv<strong>en</strong>ter <strong>en</strong> la matière… Car il ne s’agit pas de résumer mais de<br />

réécrire. Le message doit être clair, validé, disponible et réutilisable par<br />

des non-spécialistes. Il eût d’ailleurs été intéressant d’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre sur le<br />

sujet, <strong>en</strong> plus des sci<strong>en</strong>tifiques, des professionnels de la médiation<br />

sci<strong>en</strong>tifique, voire de la médiation culturelle…<br />

La tâche est ardue mais c’est justem<strong>en</strong>t le défi que s’est lancé<br />

l’association Les Petits Débrouillards, associée à des organismes de<br />

recherche publique, qui propose des Bars des sci<strong>en</strong>ces chaque<br />

deuxième mardi du mois jusqu’<strong>en</strong> mai : petits débats critiques autour<br />

d’un verre au Point de Bascule (voir p. 6). Ce projet est né d’une<br />

volonté de susciter le débat autour des fondam<strong>en</strong>taux de la sci<strong>en</strong>ce, de<br />

dénouer la complexité des sci<strong>en</strong>ces et des technologies, et de replacer<br />

le citoy<strong>en</strong> au c<strong>en</strong>tre des choix de société. Prochains r<strong>en</strong>dez-vous le 12<br />

février : Médecine(s) : des alternatives? et le 12 mars : En marche vers<br />

les changem<strong>en</strong>ts (globaux).<br />

CHRISTINE MONTIXI<br />

Les Bars des sci<strong>en</strong>ces sont organisés par Les Petits Débrouillards PACA, le collectif<br />

CorteX, l’IDEP (CNRS, EHESS, AMU) et l’Institut Pythéas (CNRS, AMU, IRD), au Point<br />

de Bascule à Marseille, de 18h30 à 20h30 les 2 e mardis du mois<br />

AGENDA<br />

AIX-EN-PROVENCE<br />

P<strong>en</strong>dant les vacances, du 18<br />

février au 1 er mars, séances de<br />

planétarium tous les soirs à<br />

18h, suivies d’observations de<br />

la Lune et de Jupiter.<br />

Planétarium<br />

www.aix-planetarium.fr<br />

ARLES<br />

Le 14 février à 20h30, Café des<br />

sci<strong>en</strong>ces Les secrets de la grotte<br />

Cosquer avec Luc Vanrell,<br />

responsable sci<strong>en</strong>tifique de la<br />

Grotte.<br />

Café Malarte, 2 bd des Lices<br />

AVIGNON<br />

Le 13 février à 20h30 En amour<br />

sommes-nous des bêtes ? La<br />

biochimie de l’amour, avec<br />

Moustafa B<strong>en</strong>safi, chargé de<br />

recherche au Laboratoire de<br />

neurosci<strong>en</strong>ces s<strong>en</strong>sorielles de<br />

l’université Lyon 1, et Pierre<br />

Clém<strong>en</strong>t, universitaire retraité.<br />

Restaurant Françoise,<br />

6 rue Général Leclerc<br />

BORMES-LES-MIMOSAS<br />

Exposition Les inv<strong>en</strong>tions de<br />

l’évolution, jusqu’au 24 février,<br />

par l’association de diffusion<br />

de la culture sci<strong>en</strong>tifique Mer<br />

Nature et le Muséum d’Histoire<br />

naturelle de Toulon et<br />

du Var.<br />

Musée Arts et histoire,<br />

Vieux Village<br />

CAVAILLON<br />

Le 13 mars, dans le cadre du<br />

festival Sci<strong>en</strong>ces et Fictions,<br />

l’association Pesco Luno propose<br />

une après midi astronomique<br />

avec observation du soleil et<br />

balade à la découverte d’une<br />

comète.<br />

Office du tourisme<br />

04 90 71 32 01<br />

www.pescoluno.phpnet.org<br />

MARSEILLE<br />

Compr<strong>en</strong>dre la Matière noire et<br />

l’énergie noire dans l’univers -<br />

Cycle Les r<strong>en</strong>contres de l’université<br />

: confér<strong>en</strong>ce le 19<br />

février à 17h30, par Arnaud<br />

Chapon, chercheur <strong>en</strong> postdoc<br />

au CPPM.<br />

Jean-Louis Pons, l’aimant des<br />

comètes, dans le cadre du cycle<br />

Si Marseille m’était contée :<br />

confér<strong>en</strong>ce le 22 février à 17h.<br />

Né <strong>en</strong> 1761, et embauché<br />

comme Anci<strong>en</strong> concierge de<br />

l’Observatoire, Jean-Louis Pons<br />

s’est intéressé au travail des<br />

astronomes ; il a construit sa<br />

propre lunette, et a ainsi<br />

découvert... 37 comètes ! Par<br />

Michel Marcellin, chercheur<br />

au Laboratoire d’Astrophysique<br />

de Marseille.<br />

BMVR Alcazar<br />

www.bmvr.marseille.fr<br />

Le plan cancer, 10 ans déjà,<br />

confér<strong>en</strong>ce le 12 mars à 18h15<br />

<strong>en</strong> part<strong>en</strong>ariat avec le Cancéropôle<br />

PACA. Interv<strong>en</strong>ants :<br />

Dominique Maraninchi, directeur<br />

général de l’Ag<strong>en</strong>ce<br />

nationale de sécurité du<br />

médicam<strong>en</strong>t et des produits de<br />

santé, et Catherine Cerisey,<br />

blogueuse.<br />

Maison de la Région<br />

61, La Canebière<br />

SAINT-MICHEL<br />

L’OBSERVATOIRE<br />

Le 15 février à 21 h, observation<br />

de l’univers lointain. À<br />

partir de 12 ans, durée 3h.<br />

Tarif : 29 €, sur réservation au<br />

04 92 76 69 69<br />

C<strong>en</strong>tre d’astronomie<br />

www.c<strong>en</strong>tre-astro.fr<br />

M<strong>en</strong>suel gratuit paraissant<br />

le deuxième mercredi du mois<br />

Edité à 32 000 exemplaires<br />

imprimés sur papier recyclé<br />

Edité par <strong>Zibeline</strong> SARL<br />

76 av<strong>en</strong>ue de la Panouse | n°11<br />

13009 Marseille<br />

Dépôt légal : janvier 2008<br />

Directrice de publication<br />

Rédactrice <strong>en</strong> chef<br />

Agnès Freschel<br />

agnes.freschel@wanadoo.fr<br />

06 09 08 30 34<br />

Imprimé par Rotimpress<br />

17181 Aiguaviva (Esp.)<br />

photo couverture<br />

El Cid de Philippe Car<br />

Agnès Mellon<br />

095 095 61 70<br />

photographeagnesmellon.blogspot.com<br />

RetrouveZ <strong>Zibeline</strong> et vos invitations sur notre site<br />

www.journalzibeline.fr<br />

Secrétaires de rédaction<br />

Dominique Marçon<br />

journal.zibeline@gmail.com<br />

06 23 00 65 42<br />

Delphine Michelangeli<br />

d.michelangeli@free.fr<br />

06 65 79 81 10<br />

Arts Visuels<br />

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Livres<br />

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Musique et disques<br />

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Philosophie<br />

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La Régie<br />

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06 22 17 07 56<br />

Collaborateurs réguliers :<br />

Yves Bergé, Émili<strong>en</strong> Moreau,<br />

Christophe Floquet, Thomas<br />

Dalicante, Pierre-Alain<br />

Hoyet, Clarisse Guichard,<br />

Christine Montixi,<br />

Anne-Lyse R<strong>en</strong>aut

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