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16<br />
J<br />
E<br />
U<br />
N<br />
E<br />
P<br />
Gulliver<br />
<strong>en</strong>vahit<br />
Lilliput<br />
Swift - Cie Skappa © Gaelle Cloarec<br />
La compagnie Skappa ! et associés a <strong>en</strong>tamé à la Criée sa trilogie sur<br />
le thème du voyage <strong>en</strong> r<strong>en</strong>dant hommage à Jonathan Swift. Les Av<strong>en</strong>tures<br />
de Gulliver, ouvrage original paru <strong>en</strong> 1726, t<strong>en</strong>ait déjà plus du conte<br />
philosophique que du livre pour <strong>en</strong>fants... Aussi la mise <strong>en</strong> scène d’Isabelle<br />
Hervouët, avec Paolo Cardona seul sur le plateau et baragouinant<br />
dans un sabir mâtiné de mots anglais, perd un peu les bambins de 2 ans<br />
v<strong>en</strong>us voir la pièce. Mais pour ceux qui connaiss<strong>en</strong>t déjà l’histoire, et les<br />
adultes qui les accompagn<strong>en</strong>t, c’est un régal. La façon extrêmem<strong>en</strong>t<br />
inv<strong>en</strong>tive dont les vidéos de Christophe Loiseau, les lumières et les<br />
décors s’articul<strong>en</strong>t au conte lui donne une saveur toute particulière : on<br />
aime l’ombre géante de l’acteur escaladée par les Lilliputi<strong>en</strong>s munis<br />
d’échelles, ce cheval -un Houyhnhnms ?- apparaissant sur le panneau de<br />
droite et filant vers celui de gauche <strong>en</strong> foulées élégantes, le v<strong>en</strong>tilateur<br />
soufflant dans les voiles <strong>en</strong> plastique d’un rafiot miniature... On aime<br />
même les monceaux de bouteilles d’eau minérale qui jonch<strong>en</strong>t la scène<br />
et abreuv<strong>en</strong>t le naufragé, car dans chacune on imagine un petit rouleau<br />
de papier, jeté à la mer, chargé d’espérance.<br />
GAËLLE CLOAREC<br />
Swift ! était à l’affiche les 15 et 16 janvier à la Criée, Marseille<br />
À noter les très belles photographies de Paolo Cardona,<br />
Mom<strong>en</strong>ts, miroirs et autres réflexions exposées au même mom<strong>en</strong>t à la Criée.<br />
U<br />
BLIC<br />
Pour grandir ?<br />
Cinq filles, cinq soeurs. La plus<br />
âgée pourrait être la grand-mère<br />
de la plus jeune. Elles jou<strong>en</strong>t dans<br />
ce qui est plus une prison qu’une<br />
habitation. Leurs déplacem<strong>en</strong>ts<br />
sembl<strong>en</strong>t constituer un rituel. L’une<br />
d’elle porte un fusil. Cour<strong>en</strong>t-elles<br />
un vrai danger ? Peu à peu on compr<strong>en</strong>d<br />
qu’elles att<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t leur père.<br />
Existe-t-il seulem<strong>en</strong>t ? Elles l’imagin<strong>en</strong>t<br />
devant elles et répond<strong>en</strong>t à<br />
des questions que l’on n’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>d<br />
pas. Cette image de l’homme est<br />
doublée de l’évocation du Prince<br />
qui pourrait v<strong>en</strong>ir et d’un fiancée<br />
éconduit qui sonne à la porte et<br />
laisse un bouquet. De toute façon,<br />
comme elles dis<strong>en</strong>t : «Y’<strong>en</strong> n’a pas<br />
pour tout le monde des maris !»<br />
Pas de mère, ni de frère non plus,<br />
malgré le titre de la pièce. Étrange<br />
univers donc, né de la volonté des<br />
quatre actrices adultes de jouer<br />
<strong>en</strong>semble. Le texte de Philippe<br />
Dorin est écrit sur mesure et nous<br />
plonge, avec la complicité de la<br />
metteuse <strong>en</strong> scène Sylviane Fortuny,<br />
dans une atmosphère de<br />
rêve et de conte, de comédie aussi.<br />
Car on s’amuse, on joue aux cartes<br />
<strong>en</strong> trichant, on chante, des choses<br />
bêtes où «garçon» rime avec «cornichon»…<br />
on rêve d’amour aussi <strong>en</strong><br />
dansant <strong>en</strong>tre sœurs sur du Polnareff...<br />
Il y a de grands mom<strong>en</strong>ts !<br />
Mais le propos n’est pas clair et la<br />
fin survi<strong>en</strong>t brutalem<strong>en</strong>t, sans<br />
qu’on compr<strong>en</strong>ne où part<strong>en</strong>t les<br />
grandes sœurs alors que la plus<br />
jeune reste seule avec sa poupée.<br />
Dorin et Fortuny avai<strong>en</strong>t habitué à<br />
une poésie plus lisible…<br />
CHRIS BOURGUE<br />
Soeur, je ne sais pas quoi frère a été<br />
joué les 29 et 30 janvier au théâtre<br />
Massalia, Marseille, le 8 février au<br />
Théâtre Liberté, Toulon et le 12<br />
février au Théâtre de Cavaillon<br />
© Chris Bourgue<br />
Correspondances<br />
et élévation<br />
Les Élancées, ce sont 17 spectacles et 48 représ<strong>en</strong>tations d’acrobaties,<br />
de chorégraphies et de magie <strong>en</strong> 10 jours dans les 6 communes de<br />
Ouest Prov<strong>en</strong>ce. Le festival des Arts du Geste est l’occasion pour les<br />
spectateurs de découvrir des spectacles de danse prés<strong>en</strong>tés pour la<br />
première fois <strong>en</strong> France comme Constelaciones. Dans cette création,<br />
la cie Aracalandanza revisite les peintures des surréalistes et les<br />
transforme <strong>en</strong> chorégraphies étincelantes. Les tableaux s’<strong>en</strong>chaîn<strong>en</strong>t<br />
harmonieusem<strong>en</strong>t, comme le peintre qui manie son pinceau, et les danseurs<br />
s’<strong>en</strong>tremêl<strong>en</strong>t et déambul<strong>en</strong>t sur cette toile d’un soir qu’est la<br />
scène du théâtre de l’Olivier. Une ingénieuse connexion se crée alors<br />
<strong>en</strong>tre les pas de danse, les changem<strong>en</strong>ts de costumes et le jeu de<br />
lumière. Pionnier espagnol de la danse pour le jeune public, Enrique<br />
Cabrera <strong>en</strong>chante par l’élégance éclatante de sa mise <strong>en</strong> scène…<br />
Les tout-petits ont pu égalem<strong>en</strong>t s’initier à la danse grâce au spectacle<br />
Bigus l’Alchimiste, au théâtre de Fos. Cet appr<strong>en</strong>ti alchimiste accompagné<br />
de son double explore l’espace, les gestes du quotidi<strong>en</strong> et les<br />
quatre élém<strong>en</strong>ts naturels dans un laboratoire imaginaire. «Relier les<br />
idées aux gestes» grâce à «la mise <strong>en</strong> place de symboles», tel est le message<br />
que veul<strong>en</strong>t transmettre Hervé Maigret et Stéphane Bourgeois.<br />
Appr<strong>en</strong>tissage pour les petits ou redécouverte pour les grands, ce spectacle<br />
révèle à quel point le corps peut être un «moteur d’expression».<br />
Enfin, le public a pu assister, sous un chapiteau à Miramas, à une histoire<br />
d’amour de haute voltige ! Entre désaccords et passions corporelles,<br />
le couple formé par l’impressionnant porteur Victor Cathala et la<br />
magnifique Kati Pikkarain<strong>en</strong> mêl<strong>en</strong>t prodigieusem<strong>en</strong>t performances<br />
acrobatiques, amour et humour. Pour le meilleur et pour le pire raconte<br />
leurs mom<strong>en</strong>ts de t<strong>en</strong>dresse et leurs disputes à travers des portés audacieux<br />
et des chorégraphies virevoltantes aussi sublimes que périlleuses.<br />
Des mises <strong>en</strong> scènes astucieuses, de l’émotion et du tal<strong>en</strong>t, un joyeux<br />
mélange proposé une fois <strong>en</strong>core par le festival des Arts du geste, qui<br />
se poursuivra on l’espère au-delà de 2013, et retrouvera l’esprit av<strong>en</strong>tureux<br />
qui présida à ses premières éditions, sans perdre sa volonté plus<br />
réc<strong>en</strong>te de s’adresser aux tout-petits.<br />
ANNE-LYSE RENAUT<br />
Constelaciones a été joué le 8 février au Théâtre de l’Olivier à Istres<br />
Bigus l’Alchimiste a été joué le 9 février au Théâtre de Fos<br />
Pour le meilleur et pour le pire a été joué du 8 au 10 février sous chapiteau à Miramas<br />
Le festival se poursuit jusqu’au 17 février