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© Carolle B<strong>en</strong>itah<br />
L’Atelier du Large est gratuit<br />
et ouvert 7 jours sur 7<br />
de 12h à 18h<br />
1 er épisode jusqu’au 18 mai,<br />
reprise le 11 octobre<br />
J1, Marseille<br />
04 91 88 25 13<br />
www.mp2013.fr<br />
Pr<strong>en</strong>dre le large<br />
Arriver au J1, c’est déjà pr<strong>en</strong>dre le large : à gauche<br />
comme à droite sont amarrés les plus gros ferries du<br />
port, notamm<strong>en</strong>t le Bonaparte récemm<strong>en</strong>t remis à flots,<br />
et derrière c’est la mer, à perte de vue. L’Atelier du large<br />
a judicieusem<strong>en</strong>t été installé là où les visiteurs de<br />
l’exposition Méditerranées croiseront les convives des<br />
Grandes Tables, dans un espace privilégié, lumineux,<br />
hospitalier, ouvert sur la grande baie de Marseille.<br />
Selon Nathalie Cabrera, Chargée de mission Actions de<br />
participation citoy<strong>en</strong>ne au sein de MP2013, l’objectif<br />
était «le plus de brassage public possible», le pari<br />
«travailler sur le commun : trouver ce qui peut intéresser<br />
tout le monde». Et ils ont été m<strong>en</strong>és à bi<strong>en</strong> : le week<strong>en</strong>d,<br />
on se bouscule aux ateliers de Fotokino, et les trois<br />
galeries d’exposition attir<strong>en</strong>t énormém<strong>en</strong>t de monde.<br />
À l’<strong>en</strong>trée, une cabine de photomaton arg<strong>en</strong>tique est<br />
temporairem<strong>en</strong>t hors d’usage, après avoir été prise<br />
d’assaut : 2 € les quatre photos <strong>en</strong> noir et blanc qualité<br />
supérieure, c’est autre chose qu’un cliché blafard pris au<br />
néon par un appareil numérique ! Juste à côté, la visite<br />
comm<strong>en</strong>ce par les dessins d’<strong>en</strong>fants de la Galerie des<br />
Quais, piochés dans l’énorme fonds d’archive de<br />
l’association Arts et Développem<strong>en</strong>t. Mises <strong>en</strong> valeur<br />
par un remarquable travail d’<strong>en</strong>cadrem<strong>en</strong>t (celui de Guy<br />
Charbonnier, de l’atelier Art 7 à Sète), les oeuvres<br />
ret<strong>en</strong>ues par Vanessa Notley sont surpr<strong>en</strong>antes,<br />
et ne détonnerai<strong>en</strong>t pas dans un salon d’art<br />
contemporain. Le 19 février, elles seront remplacées<br />
par une autre exposition, consacrée au patrimoine gitan,<br />
réalisée <strong>en</strong> part<strong>en</strong>ariat avec le Museon Arlat<strong>en</strong>.<br />
Un peu plus loin, une salle de projection qui diffuse des<br />
vidéos d’archives : Joseph Camusso a filmé Marseille<br />
dans les années 50, et tout l’amour qu’il portait à sa ville<br />
vous saute aujourd’hui aux yeux avec la même fraîcheur.<br />
Mais la part belle est réservée à la photographie,<br />
«la forme artistique la mieux partagée» selon Nathalie<br />
Cabrera. La Galerie des Chercheurs de midi expose<br />
les images collectées depuis avril 2012 sur le site de<br />
MP2013 : pour l’heure, c’est la série Paysages (là où<br />
l’on vit), puis ce sera celle des Usages (comm<strong>en</strong>t on vit),<br />
et <strong>en</strong>fin les Personnages (avec qui l’on vit). <strong>60</strong>00 clichés<br />
ont déjà été réunis, et l’on peut <strong>en</strong>core participer<br />
jusqu’<strong>en</strong> mai <strong>en</strong> <strong>en</strong>voyant ses photographies préférées,<br />
datées, titrées et lég<strong>en</strong>dées. Sur les murs, une<br />
mosaïque colorée, à dominante de bleu : «Un bateau<br />
au bout de la rue… c’est vraim<strong>en</strong>t ce que je ress<strong>en</strong>s de<br />
cette ville. On peut <strong>en</strong>trer dans ce projet de différ<strong>en</strong>tes<br />
manières, sans hiérarchie. Il y a des aspects presque<br />
savants (le travail sur la série par exemple), et d’autres<br />
très familiers, comme le mur de couchers de soleil,<br />
ou le fait de pouvoir repérer l’<strong>en</strong>droit où l’on habite<br />
sur une imm<strong>en</strong>se fresque urbaine.»<br />
En toute fin de parcours, 5 plastici<strong>en</strong>s ont étudié<br />
la photographie de famille jusqu’à <strong>en</strong> extraire le meilleur<br />
et le pire des li<strong>en</strong>s du sang. C’est l’exposition Se/ce<br />
souv<strong>en</strong>ir de la Galerie La Jetée, où se côtoi<strong>en</strong>t les destins<br />
factices de Sylvie Meunier, et les troublantes broderies<br />
rouges sur tirage sépia de Carolle B<strong>en</strong>itah.<br />
Voilà bi<strong>en</strong> notre Méditerranée, dont la lumière est<br />
soulignée par la part d’ombre.<br />
GAËLLE CLOAREC<br />
Cadavres exquis, Suite<br />
méditerrané<strong>en</strong>ne<br />
jusqu’au 13 avril<br />
Musée Granet, Aix-<strong>en</strong>-Prov<strong>en</strong>ce<br />
04 42 52 88 32<br />
www.museegranetaix<strong>en</strong>prov<strong>en</strong>ce.fr<br />
Le paradis perdu de la Méditerranée<br />
Chaque artiste invité au musée Granet a apporté un peu<br />
de sa culture, de son vécu et de son histoire, et la petite<br />
musique de la Suite méditerrané<strong>en</strong>ne n’<strong>en</strong> finit pas de<br />
trotter dans la tête. Il faut dire que la partition a été<br />
composée par 15 artistes de 14 pays de<br />
l’euroméditerranée et qu’elle a des airs de Cadavres<br />
exquis…<br />
L’exposition aixoise réussit à instaurer un dialogue<br />
collectif tout <strong>en</strong> révélant des id<strong>en</strong>tités uniques. Chaque<br />
œuvre est le reflet du vivre <strong>en</strong>semble dans une<br />
Méditerranée convulsive. La plus déstabilisante est sans<br />
doute celle composée par Sigalit Landau (Israël) : dans<br />
sa vidéo de la cueillette des olives, conçue comme une<br />
sorte d«’intifada d’olives» ou de «guerre ess<strong>en</strong>tielle», elle<br />
fait passer le chant pastoral pour un bombardem<strong>en</strong>t !<br />
L’agitation des arbres secoués par les gaules, les fruits<br />
tombant au sol, le moteur des machines agricoles, les<br />
gestes répétitifs des hommes ; le rythme de l’image<br />
s’accélère, le bruit devi<strong>en</strong>t clameur assourdissante.<br />
C’est Apocalypse now !<br />
La sculpture de Diana Al-Hadid (Syrie) fait trembler les<br />
murs de la tour de Babel <strong>en</strong> creusant ses parois comme<br />
une ruche, la forme évoquant une vision apocalyptique<br />
de l’Arche de Noé. À moins qu’il ne s’agisse de<br />
l’annonce «d’une chute funeste pour le destin humain» ?<br />
Pour dire la viol<strong>en</strong>ce historique, Ilias Poulos (Ouzbekistan)<br />
a choisi la monum<strong>en</strong>talité de la fresque photographique<br />
et la fragm<strong>en</strong>tation des visages des belligérants de la<br />
guerre civile grecque au l<strong>en</strong>demain de la deuxième<br />
Guerre mondiale. Juxtaposition d’images éclatées <strong>en</strong><br />
mille morceaux qui, comme une mise <strong>en</strong> pièces de la<br />
réalité, signifi<strong>en</strong>t que tout peut arriver…<br />
L’installation-vidéo de Lia Lapithi (Chypre) est d’une autre<br />
tonalité, légère et s<strong>en</strong>suelle, c’est un tableau vivant placé<br />
sous le signe d’Aphrodite. Au cours d’un banquetperformance<br />
filmé et reconstitué in situ, 17 femmes sont<br />
assemblées autour de l’artiste pour évoquer, <strong>en</strong>tre deux<br />
mets, les délices de l’amour et de la jouissance. L’amour<br />
IV