Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
Le monde et l’actuel<br />
06<br />
É<br />
V<br />
É<br />
N<br />
E<br />
M<br />
E<br />
N<br />
TS<br />
Depuis trois ans la Région<br />
PACA édite, avec l’Arcade,<br />
quelque temps avant Babel<br />
Med, une compilation promotionnelle<br />
de musiques<br />
actuelles qui permet de<br />
donner une visibilité aux<br />
groupes aidés par son Conseil<br />
Artistique à la Création<br />
(Cac). Cette année cette<br />
compilation gratuite, distribuée<br />
dans les marchés<br />
nationaux des arts vivants,<br />
rassemble 29 titres de musiques<br />
actuelles, auxquels<br />
Compile CAC 2012<br />
s’ajout<strong>en</strong>t 28 groupes de musique du monde.<br />
Cet outil promotionnel, de qualité, s’ajoute aux<br />
dispositifs converg<strong>en</strong>ts que la Région met <strong>en</strong> place<br />
pour sout<strong>en</strong>ir et professionnaliser ces musiques.<br />
Ainsi Cécile Helle, vice-présid<strong>en</strong>te déléguée à la<br />
culture, soulignait «l’importance d’un réseau prés<strong>en</strong>t<br />
dans tout le territoire, où autour des musiques des<br />
choses se tiss<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre pratique et diffusion, et mutualisation<br />
des équipem<strong>en</strong>ts». En effet la région<br />
PACA souti<strong>en</strong>t à la diffusion 15 structures conv<strong>en</strong>tionnées,<br />
plus quelques lieux nouveaux, subv<strong>en</strong>tionne<br />
une dizaine d’équipem<strong>en</strong>ts de répétition labellisés,<br />
3 c<strong>en</strong>tres de formation professionnelle… Ces aides<br />
s’augm<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t d’un souti<strong>en</strong> massif aux festivals comme<br />
Marsatac ou Babel Med, et <strong>en</strong> 2013 de l’opération Le<br />
Monde est chez vous (voir Zib’58).<br />
Pertin<strong>en</strong>ce et efficacité ?<br />
Cette approche structurée d’un monde artistique qui<br />
l’est peu, et chemine parfois directem<strong>en</strong>t de<br />
l’underground rebelle aux industries culturelles médiatiques,<br />
introduit un critère qualitatif qui facilite<br />
la sortie de l’anonymat et de la précarité économique,<br />
et doit <strong>en</strong> principe s’arrêter lorsque l’<strong>en</strong>treprise<br />
artistique est dev<strong>en</strong>ue médiatique et r<strong>en</strong>table. Mais<br />
le CAC, qui dispose d’une <strong>en</strong>veloppe de 300 000 €<br />
annuels pour 57 groupes aidés, soit une moy<strong>en</strong>ne de<br />
5200 € par groupe, ne peut évidemm<strong>en</strong>t pas suffire<br />
à les produire : cette aide est pourtant dev<strong>en</strong>ue un<br />
apport indisp<strong>en</strong>sable dans un secteur <strong>en</strong> crise où le<br />
disque meurt, et où les artistes bankables t<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t<br />
de moins <strong>en</strong> moins la main aux émerg<strong>en</strong>ts, tout <strong>en</strong><br />
monopolisant les affiches des festivals, des scènes<br />
musicales voire généralistes…<br />
Le rapprochem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre Musiques du monde et Musiques<br />
actuelles est une idée pertin<strong>en</strong>te, puisqu’on<br />
y retrouve les mêmes caractéristiques : une quasi<br />
abs<strong>en</strong>ce de femmes, <strong>en</strong> dehors de quelques-unes qui<br />
chant<strong>en</strong>t, mais ne jou<strong>en</strong>t pas (voir p 64) ; des harmonies<br />
et des rythmes pas très inv<strong>en</strong>tifs, mais des<br />
paroles et des propos qui port<strong>en</strong>t, et des émotions…<br />
On s’étonne toutefois de trouver parmi ces groupes<br />
aidés les mêmes qui devrai<strong>en</strong>t depuis des années<br />
être sortis de ces dispositifs transitoires pour faire<br />
place à la véritable émerg<strong>en</strong>ce : Juan Carmona,<br />
Françoise Atlan, voire Archie Shepp (si si, avec<br />
Raphaël Imbert et Manon Rampal..) devrai<strong>en</strong>t<br />
pouvoir se passer du souti<strong>en</strong> du CAC… mais le contexte<br />
économique amène à retrouver d’année<br />
<strong>en</strong> année Lo Cór de la Plana, la Fanfare<br />
Vagabontu, Paratge, Sam Karpiénia,<br />
Ottilie [B], Ahamada Smis, Christophe<br />
Leloil ou Nicolas Cante. Ce qui<br />
permet une compilation régionale d’une<br />
sacrée qualité ! Avec ce double disque<br />
on <strong>en</strong> découvre d’autres aussi, qui<br />
bi<strong>en</strong>tôt on l’espère n’auront plus besoin<br />
du CD du CAC pour être <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dus !<br />
AGNÈS FRESCHEL<br />
Disparition/ apparition<br />
Il fut question, durant la confér<strong>en</strong>ce de presse, de la fermeture du Gr<strong>en</strong>ier à sons à<br />
Cavaillon, une des 16 structures conv<strong>en</strong>tion-nées Lieu de Développem<strong>en</strong>t de Musiques<br />
Actuelles. Les subv<strong>en</strong>tions auparavant allouées à cette scène, fermée pour cause d’arrêt<br />
brutal de subv<strong>en</strong>tionnem<strong>en</strong>t de la Ville de Cavaillon, sont reportées par la Région, l’État<br />
et le Conseil Général 84 sur une nouvelle scène de musiques actuelles (SMAC) de territoire<br />
qui regroupe La Gare Coustellet, Akwaba à Châteauneuf-de-Gadagne et Freesson. Le<br />
Vaucluse ne perd donc «que» la subv<strong>en</strong>tion de la Ville de Cavaillon, qui coupe aussi les<br />
subsides de la Scène nationale, et décidém<strong>en</strong>t ne mise pas sur la culture pour sortir un<br />
électorat massivem<strong>en</strong>t FN de ses horizons étroits… A.F.<br />
Disparition/structuration<br />
Le Point de Bascule, lieu délicieusem<strong>en</strong>t atypique à Marseille, porté par une équipe de<br />
bénévoles écolos plus gauchistes qu’anars, va mal. Dans cette très belle double salle<br />
voutée qui ne vit que de ses adhésions, les artistes se produis<strong>en</strong>t comme chez eux, les<br />
associations se rassembl<strong>en</strong>t, la marchandise de récup circule comme la parole, et des<br />
mom<strong>en</strong>ts formidables, politiques, se viv<strong>en</strong>t. Mais jusqu’alors le Point de Bascule<br />
n’obéissait pas aux normes des salles, n’acquittait<br />
pas ses droits, ne rémunérait pas les artistes sinon à<br />
la recette… ce que lui reproch<strong>en</strong>t des collectivités<br />
qui ne veul<strong>en</strong>t pas subv<strong>en</strong>tionner une association aux<br />
pratiques libertaires intéressantes, mais peu légales.<br />
Or le Point de Bascule, acculé économiquem<strong>en</strong>t, a<br />
fait aujourd’hui de vrais efforts de structuration : il serait<br />
plus que dommage que ce lieu alternatif bascule hors<br />
de la viabilité… lui qui ne demande pas grand-chose,<br />
sinon de parv<strong>en</strong>ir à payer son loyer ! A.F.<br />
Vous pouvez d’ailleurs sout<strong>en</strong>ir le Point de Bascule ici,<br />
<strong>en</strong> adhérant ! www.lepointdebascule.fr<br />
Francois Pecqueur, responsable du Point de bascule,<br />
lors d'un vrai-faux proces à Monsanto © X-D.R<br />
Apparition/ contestation<br />
Comm<strong>en</strong>t ! La Ville de Marseille a attribué à Adam Concerts 400 000 € pour faire v<strong>en</strong>ir<br />
David Guetta au Parc Borély cet été ? Cette confusion <strong>en</strong>tre culture et événem<strong>en</strong>tiel, et<br />
<strong>en</strong>tre intérêt privé et subsides publics, est emblématique des dérives des industries<br />
culturelles. Les tourneurs qui font v<strong>en</strong>ir des artistes bankables <strong>en</strong> retir<strong>en</strong>t un large<br />
bénéfice économique : 23 000 places, à 50 € de moy<strong>en</strong>ne, sont mises <strong>en</strong> v<strong>en</strong>te, soit 1,15<br />
million d’euros, sans compter l’exclusivité de la v<strong>en</strong>te aux buvettes… Ils n’ont aucune<br />
raison de recevoir de l’arg<strong>en</strong>t public… Si l’été marseillais manque de fête et de concerts,<br />
et si Adam concerts a parfaitem<strong>en</strong>t le droit de faire v<strong>en</strong>ir la star musicale française la<br />
mieux payée du show biz, quel est donc l’intérêt culturel de cette musique pauvre à<br />
pleurer, qui de plus n’a aucun besoin des subsides publics pour générer des bénéfices<br />
indéc<strong>en</strong>ts, au vu des difficultés économiques des vrais artistes ? A.F.