Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
48<br />
Premier XX e<br />
Difficile de réunir au sein d’un même ouvrage la<br />
totalité d’un vingtième siècle musical plus que<br />
pléthorique ? Guillaume Kosmicki et les<br />
éditions Le Mot et le Reste s’<strong>en</strong> sont chargés. En<br />
att<strong>en</strong>dant le second volume qui couvrira les années<br />
soixante à nos jours, Musiques Savantes, de<br />
Debussy au mur de Berlin (1882-1962), offre de<br />
multiples portes d’<strong>en</strong>trées à tous les amateurs<br />
curieux et mélomanes soucieux de parfaire leurs<br />
connaissances. Articulé <strong>en</strong> cinq grandes parties<br />
introduites par un préambule historique, l’ouvrage<br />
fonctionne par <strong>en</strong>trées prés<strong>en</strong>tant œuvres<br />
remarquables, emblématiques ou indisp<strong>en</strong>sables<br />
à la compréh<strong>en</strong>sion d’une époque, d’un courant<br />
artistique. Avec ce type de lecture ludique et<br />
ingénieuse, la multiplicité des musiques dites<br />
savantes ne s’impose pas comme un kaléidoscope<br />
complexe mais comme un puzzle sonore facile à<br />
composer et à compr<strong>en</strong>dre. Une belle réussite.<br />
FRÉDÉRIC ISOLETTA<br />
Musiques savantes<br />
Guillaume Kosmicki<br />
Le Mot et le Reste, 23 €<br />
L<br />
I<br />
V<br />
R<br />
ES<br />
Le danger des liaisons<br />
Pierre-Ambroise Choderlos de Laclos a publié<br />
Les Liaisons Dangereuses <strong>en</strong> 1782. Militaire de<br />
carrière et homme d’un seul livre (mais un chefd’œuvre),<br />
il a marqué la littérature par ce roman<br />
épistolaire de stratégie amoureuse. Dans son<br />
étude, Biancamaria Fontana aborde sa façon<br />
unique de traiter la complexité tragique des<br />
motivations s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>tales. Cep<strong>en</strong>dant l’ess<strong>en</strong>tiel<br />
de son propos porte sur la dim<strong>en</strong>sion politique et<br />
idéologique de l’ouvrage : il est question de<br />
liberté, de sujétion, de morale et de religion.<br />
Probablem<strong>en</strong>t athée, Laclos semble considérer la<br />
foi comme une crédulité malsaine. Il est aussi<br />
att<strong>en</strong>tif à la condition féminine : un an après la<br />
publication de son roman, il exposait clairem<strong>en</strong>t<br />
dans un essai que l’éducation ne suffirait pas à<br />
changer le sort des femmes, qu’il leur faudrait<br />
une révolution... Le personnage de la Marquise<br />
de Merteuil est particulièrem<strong>en</strong>t intéressant, et à<br />
plusieurs niveaux : elle a dû se battre pour atteindre<br />
une relative indép<strong>en</strong>dance, pourtant lorsqu’elle<br />
domine, elle aussi veut régner sur des esclaves.<br />
Reste à méditer la conclusion de Laclos : «Notre<br />
raison, déjà si insuffisante pour prév<strong>en</strong>ir nos<br />
malheurs, l’est <strong>en</strong>core davantage pour nous <strong>en</strong><br />
consoler.»<br />
GAËLLE CLOAREC<br />
Du boudoir à la Révolution.<br />
Laclos et les Liaisons dangereuses dans leur siècle<br />
Biancamaria Fontana<br />
Agone, 20 €<br />
Cerner la viol<strong>en</strong>ce<br />
La collection Savoirs à l’œuvre repr<strong>en</strong>d les cycles<br />
de confér<strong>en</strong>ces Échange et diffusion des savoirs<br />
à l’Hôtel du Départem<strong>en</strong>t 13, rassemblant <strong>en</strong><br />
un volume la thématique d’une année. Dans ce<br />
recueil, c’est la période 2008-2009 : Emprises de<br />
la viol<strong>en</strong>ce, regards sur la civilisation contemporaine<br />
qui nous est prés<strong>en</strong>tée. Le plaisir de retrouver sur<br />
papier le texte des interv<strong>en</strong>tions passées n’<strong>en</strong>lève<br />
ri<strong>en</strong> à celui d’assister <strong>en</strong> direct au cycle <strong>en</strong> cours ; au<br />
contraire, les deux sont complém<strong>en</strong>taires, et<br />
stimul<strong>en</strong>t l’<strong>en</strong>vie d’aller plus avant dans la<br />
réflexion, de se procurer certains des ouvrages<br />
cités <strong>en</strong> bibliographie.<br />
On peut voir ce «florilège» de confér<strong>en</strong>ces<br />
comme on ti<strong>en</strong>drait un paquet de cartes <strong>en</strong><br />
mains, pour mieux compr<strong>en</strong>dre la brutalité de<br />
l’hyperconsommation (avec Jean-Pierre Lebrun<br />
ou Dany-Robert Dufour), la mise <strong>en</strong> place<br />
insidieuse d’un appareil de surveillance (Jacques<br />
Donzelot) ou les conséqu<strong>en</strong>ces terribles de<br />
l’appauvrissem<strong>en</strong>t du langage.<br />
Lorsque le linguiste Alain B<strong>en</strong>tolila nous dit<br />
l’importance de la grammaire «libératrice,<br />
subversive» pour articuler ses p<strong>en</strong>sées et «ne pas se<br />
faire avoir», quand Bernard Stiegler nous livre le<br />
mot de Kant sapere aude (ose savoir), tandis que<br />
Marcel Gauchet conclut <strong>en</strong> suggérant que «ri<strong>en</strong><br />
de ce qui est facile n’est intéressant», ils aiguis<strong>en</strong>t<br />
notre <strong>en</strong>vie de les suivre sur les chemins du<br />
savoir…<br />
G.C.<br />
Emprises de la viol<strong>en</strong>ce<br />
Par<strong>en</strong>thèses, 18 €