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Zibeline n° 60 en PDF

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L’an passé, les R<strong>en</strong>contres Déconnomiques 1 ère<br />

édition taquinai<strong>en</strong>t g<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t la traditionnelle<br />

réunion juillettiste du Cercle des Economistes à<br />

Aix-<strong>en</strong>-Prov<strong>en</strong>ce. Il faut dire que lorsque ces<br />

derniers quitt<strong>en</strong>t leur Faubourg Saint-Honoré,<br />

ils le font avec un aplomb irritant d’experts <strong>en</strong><br />

terrain conquis. Que leur reproch<strong>en</strong>t les Déconnomistes<br />

? Principalem<strong>en</strong>t d’aveugler les citoy<strong>en</strong>s<br />

par un discours répercuté inlassablem<strong>en</strong>t au<br />

service de l’oligarchie financière, laquelle les<br />

rétribue grassem<strong>en</strong>t pour leurs services.<br />

Ce 16 janvier, le Théâtre Toursky réunissait<br />

donc une ribambelle de Déconnomistes <strong>en</strong> nez<br />

de clown, prêts à <strong>en</strong> découdre pour «vider leurs<br />

salles au profit des nôtres» lors de l’édition prochaine,<br />

qui aura lieu cette année du 4 au 7 juillet.<br />

Après la projection du docum<strong>en</strong>taire de Vinc<strong>en</strong>t<br />

Lucas sur les précéd<strong>en</strong>tes R<strong>en</strong>contres, comme<br />

une mise <strong>en</strong> bouche au son des cigales, c’est le<br />

film de Gérard Mordillat, Le grand retournem<strong>en</strong>t,<br />

qui était programmé. Une avant-première<br />

idéale pour cette soirée de lancem<strong>en</strong>t, <strong>en</strong><br />

prés<strong>en</strong>ce du réalisateur et de Frédéric Lordon<br />

(auteur de la pièce dont le scénario est adapté).<br />

Le long métrage faisant rejouer <strong>en</strong> alexandrins la<br />

crise de 2008 par une galerie d’acteurs magnifiques<br />

(Jacques Weber, François Morel, Edouard<br />

Baer…) a <strong>en</strong>thousiasmé le public marseillais,<br />

non moins que l’intellig<strong>en</strong>ce avec laquelle ces<br />

deux hommes justifi<strong>en</strong>t leurs choix artistiques et<br />

politiques. Car s’il est bon d’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre dire<br />

Ce système périt<br />

sous trop de déshonneur<br />

clairem<strong>en</strong>t que nous vivons tous prisonniers du<br />

discours néo-libéral, il est meilleur <strong>en</strong>core de<br />

l’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> vers : «Utiliser la langue aristocratique<br />

met <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce le ridicule de ce que l’on veut<br />

nous imposer. L’alexandrin a cette vertu insoupçonnable<br />

d’affûter notre capacité d’écoute et au-delà<br />

notre esprit critique, car il est compréh<strong>en</strong>sible par<br />

tous, mais demande de l’att<strong>en</strong>tion.»<br />

GAËLLE CLOAREC<br />

Le grand retournem<strong>en</strong>t, sorti le 23 janvier,<br />

n’est pas diffusé à Marseille.<br />

Il reste la possibilité de le voir à Aix,<br />

au cinéma Mazarin.<br />

Équipe des R<strong>en</strong>contres Déconnomiques<br />

avec Frederic Lordon et Gérard Mordillat<br />

© Gaëlle Cloarec<br />

61<br />

R<br />

E<br />

N<br />

C<br />

O<br />

N<br />

TRES<br />

Les ados ont l’espoir au coeur !<br />

Le Théâtre Liberté de Toulon a<br />

accueilli le dernier Forum des lycé<strong>en</strong>s<br />

et des appr<strong>en</strong>tis de la<br />

Région PACA pour cette année<br />

scolaire. Toujours nombreux et <strong>en</strong>thousiastes<br />

les élèves ont posé des<br />

questions pertin<strong>en</strong>tes qui étonn<strong>en</strong>t<br />

parfois les auteurs... Cette fois<br />

étai<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>ts trois auteurs de BD<br />

(dont deux couples scénariste/dessinateur)<br />

et trois auteurs de fiction<br />

dont deux romancières. Apparemm<strong>en</strong>t<br />

pas de li<strong>en</strong> particulier <strong>en</strong>tre<br />

leurs oeuvres. Mais à y regarder de<br />

près les lycé<strong>en</strong>s y ont vu des<br />

par<strong>en</strong>tés. Tout d’abord, ils se sont<br />

montrés intéressés par le processus<br />

de création des oeuvres, ce qu’ils appel<strong>en</strong>t<br />

«inspiration». Pour certains<br />

il y a de toute évid<strong>en</strong>ce l’impact de<br />

l’Histoire et de la politique comme<br />

L’art de voler qui retrace la vie d’un<br />

jeune paysan espagnol au sein de la<br />

guerre civile et du franquisme, et<br />

Zahra’s paradise qui plonge le lecteur<br />

au sein de la répression sanglante à<br />

Téhéran <strong>en</strong> 2009. Si Antonio Altarriba<br />

déclare qu’il avait un devoir<br />

de mémoire <strong>en</strong>vers son père, Amir<br />

rev<strong>en</strong>dique son appart<strong>en</strong>ance au<br />

peuple irani<strong>en</strong>.<br />

La BD de Gilles Rochier est davantage<br />

c<strong>en</strong>trée sur le quotidi<strong>en</strong><br />

puisqu’il y évoque les désoeuvrem<strong>en</strong>t<br />

et dérapages de son adolesc<strong>en</strong>ce<br />

dans les années 80, <strong>en</strong> banlieue<br />

parisi<strong>en</strong>ne. Laur<strong>en</strong>t Mauvignier<br />

déclare qu’il faut avoir un s<strong>en</strong>s aigu<br />

de l’observation pour capter certains<br />

détails ; son récit glacial vi<strong>en</strong>t<br />

d’un fait divers parmi tant d’autres.<br />

L’irlandaise Claire Keegan évoque<br />

la colonisation anglaise et le poids<br />

du catholicisme qui ont asphyxié les<br />

couches pauvres de la société tandis<br />

qu’Anne Percin dénonce les conv<strong>en</strong>tions<br />

et les fractures sociales<br />

dans la France rurale des mêmes<br />

années. On le voit, les récits des unes<br />

et des autres pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t racine dans<br />

le vécu plus ou moins proche, et à<br />

des degrés divers.<br />

Les lycé<strong>en</strong>s ont aussi questionné les<br />

auteurs sur l’exist<strong>en</strong>ce ou non d’un<br />

message dans leurs productions. Si<br />

Laur<strong>en</strong>t Mauvignier a catégoriquem<strong>en</strong>t<br />

répondu que «s’il y <strong>en</strong> a un<br />

c’est à (son) corps déf<strong>en</strong>dant», les autres<br />

se sont montrés plus nuancés,<br />

désirant responsabiliser le lecteur <strong>en</strong><br />

Prix litteraire lyce<strong>en</strong>s © C.B.<br />

lui ouvrant les yeux, lutter contre<br />

l’indiffér<strong>en</strong>ce. La question de l’espoir<br />

interpelle les ados ? C’est<br />

ras-surant... et on leur emboîte<br />

volontiers le pas !<br />

CHRIS BOURGUE<br />

L’art de voler<br />

Antonio Altarriba (scén.)<br />

& Kim (dessin)<br />

D<strong>en</strong>oël Graphic, 23,50 €<br />

Zohra’s paradise<br />

Amir (scén.) & Khalil (dessin)<br />

Casterman<br />

TMLP-Ta mère la pute<br />

Gilles Rochier<br />

6 pieds sous terre, 16 €<br />

Les trois lumières (voir Zib’57)<br />

Claire Keegan<br />

Sabine Wespieser<br />

Le premier été (voir sur le site)<br />

Anne Percin<br />

Le Rouergue, 16 €<br />

Ce que j’appelle oubli<br />

(voir Zib 57 & p. 41)<br />

Laur<strong>en</strong>t Mauvignier<br />

Éd. de Minuit, 7 €

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