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DIAGNOSTIC DU SECTEUR éNERGIE - Septembre 2012<br />
Face à l’évolution de la demande future, une réflexion s’impose sur les expériences et le<br />
contexte de ces 30 dernières années en vue de tirer des leçons pour répondre durablement à la<br />
satisfaction des besoins en énergie électrique futurs.<br />
75. Madagascar dispose d’un potentiel hydroélectrique considérable. De très nombreux sites pour la production<br />
d’énergie électrique ont été identifiés et ces sites qui sont très diversifiés par leur taille (depuis la microhydraulique<br />
aux sites de plusieurs centaines de MW) sont répartis sur l’île.<br />
76. Selon la note de la Banque Mondiale sur le secteur Electricité, il existe un consensus entre les acteurs du secteur<br />
sur le fait que le développement à moindre coût du secteur doit reposer en priorité sur le développement de la<br />
production hydroélectrique.<br />
77. Or le pays n’exploite actuellement que 127 MW sur les 7 800 MW des ressources hydroélectriques théoriquement<br />
disponibles.<br />
L’importance du facteur temps<br />
78. Les unités de production d’énergie électrique doivent logiquement être installées avant que n’arrive la demande.<br />
Mais la non effectivité de la demande future peut alors compromettre la rentabilité de ces investissements<br />
déjà réalisés. En effet, un plan d’installation d’unités de production, de transport et de distribution d’énergie<br />
électrique est censé anticiper une demande future.<br />
Contraintes temps sur le plan technique<br />
• Les cycles d’investissements en hydroélectricité sont longs. Chaque projet exige des études techniques<br />
préalables et spécifiques à chaque site (études de faisabilité financières, environnementales,<br />
hydrologiques, géologiques,…) assez longues.<br />
• Il est important de souligner aussi que la prise de décision d’investir, la durée de réalisation des travaux<br />
des ouvrages et le moment de mise en service mettent un certain temps (à l’exception des sites de très<br />
petite taille).<br />
Contraintes temps sur le plan financier<br />
• Les investissements en hydroélectricité sont lourds car ils exigent une mobilisation financière assez<br />
conséquente.<br />
• Le remboursement de la dette lié aux investissements s’effectue sur le long terme et est aggravé par les<br />
pertes de changes à cause des dévaluations successives de notre monnaie.<br />
L’importance de la politique économique du pays dans la viabilité des investissements dans le<br />
sous-secteur électricité<br />
79. Le sous-secteur Electricité établit régulièrement un plan relatif à l’augmentation du parc de production, de<br />
distribution en fonction de la demande. Un plan appelé PEMC reflète l’orientation donnée à l’exploitation des<br />
sites hydroélectriques à Madagascar.<br />
80. L’absence d’une politique de développement claire et bien définie dans les autres secteurs (les Ministères<br />
en charge de l’Aménagement du Territoire, en charge de la Décentralisation, en charge de l’Economie et de<br />
l’Industrie, de l’Eau, de l’Environnement et des Forêts, de l’Agriculture) handicape l’établissement de plan de<br />
développement de l’électricité. En effet, le secteur énergie est censé soutenir les efforts de développement des<br />
autres secteurs comme l’urbanisme, l’industrie, le tourisme, l’agriculture. La connaissance des projets dans ces<br />
secteurs permet à la JIRAMA, à ADER et ORE de mieux orienter leur plan.<br />
81. Par exemple, lors du démarrage des activités de l’Economic Development Board of Madagascar (EDBM) qui a<br />
pour rôle de promouvoir les investissements à Madagascar, la JIRAMA avait un représentant qui est resté en<br />
contact avec cette institution pour prendre connaissance des opportunités et suivre l’évolution de ces projets<br />
d’investissement afin de les intégrer dans son plan.<br />
L’importance du contexte économique du pays dans la viabilité des investissements<br />
82. La dégradation de l’économie en général marquée par des années d’instabilité de la monnaie nationale, la faiblesse<br />
du pouvoir d’achat des ménages constituent pour les investisseurs potentiels pour les sites hydroélectriques<br />
ainsi que leurs bailleurs, un risque non négligeable étant donné le montant des investissements, la durée des<br />
travaux. Pour le cas de la JIRAMA, les dévaluations de la monnaie nationale (FMG, MGA) qui se sont succédé<br />
depuis 1986, ont amplifié la difficulté financière de la JIRAMA car le remboursement de sa dette s’effectue en<br />
devise.<br />
De bonnes initiatives entamées dans les années 1980 pour valoriser les potentiels<br />
hydroélectriques<br />
83. La centrale hydroélectrique Andekaleka a été installée durant les années 80 et disposait d’une puissance de<br />
58 MW en prévision de la mise en place de plusieurs usines : papeterie, aciérie. Malheureusement, ces unités<br />
industrielles n’ont pas vu le jour et la centrale hydroélectrique d’Andekaleka a été en surcapacité pendant<br />
plusieurs années.<br />
84. Ceci a compromis la rentabilité de la centrale et la situation financière de la JIRAMA avec le remboursement<br />
de la dette. Cette situation marque le début de la difficulté financière de la JIRAMA qui exploite cette centrale,<br />
qui malgré tout a été obligé de rembourser la dette et les frais financiers alors que la recette escomptée n’était<br />
pas au rendez-vous.<br />
Mais aussi des rendez-vous manqués avec de gros clients<br />
85. Malheureusement, certaines occasions ont été ratées comme le cas de QMM et Ambatovy qui auraient pu devenir<br />
de gros clients de la JIRAMA. Le rendez-vous manqué de la centrale d’Andekaleka avec les unités industrielles<br />
promises à cette époque est encore resté dans les mémoires. Le site hydroélectrique de Volobe Amont d’une<br />
puissance de 90MW aurait bien pu servir la société Ambatovy qui a une demande en puissance de 70MW.<br />
86. Ceci démontre le niveau de risque que le sous-secteur Electricité prend lorsqu’il effectue de gros investissement<br />
tel qu’une centrale hydroélectrique de grande capacité sur la base d’une prévision de développement des autres<br />
secteurs économiques qu’il est censé supporter ou accompagner. L’expérience malheureuse de la JIRAMA avec la<br />
centrale hydroélectrique Andekaleka en est une illustration et a marqué le début de ses problèmes financiers.<br />
La réforme apportée par la Loi 98-032 du 22 janvier 1999 a surtout le mérite de jeter la base pour<br />
un développement du sous-secteur. En effet, les dispositifs et les mécanismes devant permettre<br />
le développement du sous secteur et de permettre au secteur privé d’investir et de sécuriser<br />
leur investissement sont mis en place : organisme de régulation, agence de développement de<br />
l’électrification rurale, le Fonds National de l’Electricité, le mécanisme d’ajustement de tarif 5 , la<br />
procédure d’octroi des contrats. Mais leur mise en œuvre est fastidieuse<br />
87. La marge de manœuvre de la société JIRAMA à travailler en tant qu’opérateur comme tel est faible par rapport<br />
à son obligation de remplir sa mission de service public. Sa position, en étant propriété de l’Etat, la met dans<br />
une position délicate à chaque prise de décision nécessaire pour sa survie mais également pouvant avoir une<br />
portée politique et sociale:<br />
• Les révisions tarifaires ont été irrégulières et leurs applications ont été différées, suivi d’une fixation d’un<br />
taux inférieur à ce qui aurait dû l’être. Depuis la mise en application de la réforme, 5 hausses de tarif ont<br />
été enregistrées et se sont passées entre 2005 et 2008<br />
• La situation financière de la société JIRAMA a été fragilisée par l’augmentation des impayés de<br />
l’Administration Publique.<br />
88. Plusieurs plans ont été établis comme le cas de la JIRAMA avec EDF en 2000, de l’ORE et HQU en 2005 afin<br />
de prévoir la demande future. Mais ces plans prévoyant l’exploitation des sites hydroélectriques n’ont pas pu se<br />
concrétiser faute de financement dû au niveau de risque à prendre :<br />
• la JIRAMA et l’Etat n’avaient pas le fonds nécessaire,<br />
• les bailleurs de fonds ont interrompu leur financement à cause des événements politiques, ou suite à des<br />
décisions des autorités politiques qui ne respectent pas leurs conditionnalités (gestion privé de la JIRAMA<br />
non poursuivie),<br />
5 Ajustement tarifaire : mécanisme autorisé par la réglementation permettant aux opérateurs d’ajuster automatiquement leur<br />
tarif en cas de variation des paramètres économiques : prix du gasoil, taux de change, taux d’inflation<br />
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