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NOZIÈRE (Violette, 1915-1966) parricide, égérie des surréalistes.<br />
Lettre autographe signée “Violette Nozière”, [Haguenau] 27 octobre 1935, à sa mère.<br />
2 pages in-8 très remplies d’une écriture serrée sur papier imprimé réglementaire de la prison, sur<br />
lequel elle a cousu une fleur séchée.<br />
Très rare lettre, pendant son incarcération à la Maison centrale de Haguenau en Alsace,<br />
après sa condamnation à mort commuée en travaux forcés à perpétuité.<br />
Les lettres de sa mère, qui lui donnaient des nouvelles de ses proches, lui ont fait énormément plaisir.<br />
Elle a bien reçu sa lettre de Strasbourg ainsi que la carte de son cher petit Dédé : “tu le remercieras bien<br />
pour moi, et surtout tu l’embrasseras bien pour sa chère petite Litine, qui pense bien à lui”. “Tante” a<br />
été très fatiguée par son voyage et Georgette lui a appris qu’elle était bien enrhumée : “enfin j’espère<br />
que cela ne sera rien, je vois que Tante est toujours bien bonne pour toi. Tu la remercieras bien pour<br />
moi et surtout tu les embrasseras bien pour moi. Oh oui j’ai été bien heureuse de vous voir, mais que<br />
cette journée m’a parue courte et après quel vide. Oh ! Que mon cœur été gros et qu’il est encore bien<br />
gros. Je vous vois tous dans notre chère maison, je vous vois à table, vous êtes toujours présents à mes<br />
yeux et en mon cœur, chère famille que je n’ai pas su apprécier”… Elle aimerait beaucoup envoyer une<br />
lettre à Georges mais elle n’est malheureusement pas libre et n’ose pas demander cette autorisation :<br />
“quand tu viendras me voir, je demanderais à expédier une de mes lettres à mon cousin, vu qu’il est<br />
mon subrogé-tuteur, enfin je n’ose certifier que cela me sera accordé”. Elle a bien reçu son petit colis,<br />
“mais chère Maman, je te préviens de ne plus rien m’envoyer ni en argent, ni en affaires, car je me ferai<br />
sérieusement attrapé, d’ailleurs on m’a remboursé mes frais de justice. Chère petite Maman, j’espère<br />
que tu manges mieux et que tu vas t’acheter du fortifiant, car il te faut beaucoup de forces pour<br />
supporter les nombreuses épreuves qui sont encore devant nous. Je te dirais qu’il nous faut beaucoup<br />
prier, et même redoubler la ferveur de nos prières, j’ai tant à souffrir dans cette maison, mais je saurais<br />
bien souffrir et en silence, car j’accepte tout pour notre Seigneur. Il en est qui sont nés pour souffrir<br />
et qu’on se plaît à faire souffrir”. Elle continue à bien travailler et à se tenir sage… “Mais, chère Petite<br />
Maman, c’est la dernière fois peut-être que je te mets des fleurs [fleur cousue en tête de la lettre] car il<br />
n’y en a plus dans les jardins”… Elle a reçu la visite des Sœurs de Béthanie et a été très heureuse de les<br />
voir : “elles sont si bonnes, si charitables, pour ceux qui souffrent, elles m’ont remis une image, pour te<br />
mettre dans ma lettre avec une fleur de bégonia qui a fleuri sur la tombe du père Lataste. Tu remercieras<br />
beaucoup Mère Supérieure de son image, je prie toujours beaucoup pour les Sœurs et qu’elles-mêmes<br />
prient plus que jamais pour moi. Je suis toujours bien obéissante envers ces chères sœurs qui sont<br />
si bonnes pour moi, je remercie le Bon Dieu de me les avoir placées sur mon chemin, et de me les<br />
conserver encore longtemps”… Elle espère obtenir un parloir le 1 er novembre : “je serais si heureuse,<br />
j’ai écrit à mon tuteur”… Elle est en bonne santé… Elle termine en lui demandant de donner de ses<br />
nouvelles à Georges et de lui dire qu’elle fera tout pour “réparer le mal que j’ai fait, que je me repens de<br />
tout mon cœur”… Elle signe : “Ton enfant qui t’aime”.<br />
On joint 4 lettres autographes signées de sa mère Germaine Nozière à un Révérend Père ayant<br />
accepté de s’occuper du salut de Violette (1935-1936) ; plus 3 lettres au même par écrites par Constance<br />
Seltz veuve Gilles, le journaliste Armand Henry Flassch, et le directeur de la Centrale de Haguenau<br />
(1935 et sans date.).<br />
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2 000 / 2 500 €<br />
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