pdf - 5,10 Mo - Ville de Vincennes
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portrait<br />
L’association Tchendukua, Ici et Ailleurs se bat pour redonner à un peuple <strong>de</strong> Colombie<br />
une terre où vivre. Un pari un peu fou, entrepris il y a quelques années par l’actuel<br />
prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’association, éric Julien, et relayé aujourd’hui par <strong>de</strong> nombreux bénévoles.<br />
Une terre pour un peuple<br />
Le décor affiche la<br />
couleur. Des enfants au<br />
sourire éclatant, <strong>de</strong>s<br />
vieillards au regard perdu…<br />
Au siège <strong>de</strong> l’association,<br />
dans le quartier Est <strong>de</strong> <strong>Vincennes</strong>,<br />
le peuple Kogis est<br />
maître <strong>de</strong>s lieux. Kogis : cinq<br />
lettres pour un peuple <strong>de</strong> Colombie,<br />
héritier <strong>de</strong> l’une <strong>de</strong>s<br />
plus brillantes civilisations du<br />
continent sud-américain, les<br />
Tayronas. Cinq lettres pour<br />
une communauté en manque<br />
<strong>de</strong> terre et donc d’espoir.<br />
Mais grâce à<br />
Tchendukua, Ici<br />
et Ailleurs, leur<br />
avenir semble<br />
moins obscur.<br />
Dans les années<br />
quatre-vingts,<br />
éric Julien est en<br />
voyage en Colombie<br />
dans le cadre<br />
d’une coopération.<br />
Géographe et alpiniste,<br />
il déci<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
se lancer à l’assaut<br />
du sommet <strong>de</strong> la<br />
Sierra Nevada.<br />
Mais à mi-chemin, un œdème<br />
pulmonaire le cloue au sol.<br />
Sans l’ai<strong>de</strong> du peuple Kogis<br />
et <strong>de</strong> ses connaissances<br />
médicinales, éric Julien<br />
n’aurait jamais survécu. Il<br />
parle avec les membres <strong>de</strong><br />
la communauté et au fil <strong>de</strong>s<br />
discussions, apprend que<br />
leur problème, c’est la terre.<br />
Depuis plusieurs années,<br />
ils sont repoussés vers les<br />
hauteurs <strong>de</strong> la Sierra Nevada<br />
par les narcotrafiquants. Les<br />
températures trop basses<br />
Bio-Express<br />
1997 : fondation<br />
<strong>de</strong> Tchendukua,<br />
Ici et Ailleurs<br />
1998 : première<br />
terre achetée<br />
2000 :<br />
Pierre Richard,<br />
prési<strong>de</strong>nt<br />
d’honneur<br />
2004 : sortie<br />
du livre Kogis<br />
d’éric Julien et<br />
<strong>de</strong> Gentil Cruz<br />
les empêchent <strong>de</strong> cultiver.<br />
Autrement dit, c’est tout un<br />
peuple qui agonise. « Très<br />
bien », se dit Éric Julien, « je<br />
reviendrai pour vous ai<strong>de</strong>r ».<br />
Dix ans plus tard, fidèle à<br />
sa promesse, Éric Julien<br />
retourne chez les Kogis pour<br />
acheter une parcelle <strong>de</strong> terre.<br />
Cinquante hectares. « Ça peut<br />
paraître peu, note Jacqueline<br />
Bac, permanente <strong>de</strong> l’association,<br />
mais c’est le début <strong>de</strong><br />
l’histoire. Les Kogis étaient<br />
très contents <strong>de</strong> voir qu’enfin,<br />
quelqu’un tenait<br />
sa parole ». L’amitié<br />
prend racine et<br />
les Kogis viennent<br />
en France pour<br />
parler <strong>de</strong> leur<br />
problème. En<br />
1998, une tournée<br />
<strong>de</strong> conférences est<br />
organisée, l’aventure<br />
s’engage.<br />
Et elle reçoit le<br />
soutien <strong>de</strong> l’acteur<br />
Pierre Richard,<br />
touché par la<br />
cause <strong>de</strong>s Amérindiens.<br />
« En permettant la<br />
production d’un premier film<br />
sur le sujet, Le chemin <strong>de</strong>s<br />
neuf mon<strong>de</strong>s, il nous a permis<br />
d’ouvrir beaucoup <strong>de</strong> portes »,<br />
concè<strong>de</strong> Jacqueline Bac.<br />
Un soutien sans faille<br />
Aujourd’hui, l’association<br />
compte 4 700 adhérentsdonateurs.<br />
En ajoutant la<br />
Suisse et le Canada, le chiffre<br />
s’élève à 5 000. La cause est<br />
lointaine, mais les bonnes<br />
volontés sont bien là. « Tout<br />
fonctionne par le bouche à<br />
oreille, explique Jacqueline<br />
Bac. Depuis quelques temps,<br />
beaucoup <strong>de</strong> personnes se<br />
ren<strong>de</strong>nt compte que notre<br />
manière d’appréhen<strong>de</strong>r la<br />
nature est dangereuse. En<br />
aidant ce peuple, ils se disent<br />
qu’ils peuvent également<br />
s’ai<strong>de</strong>r ». Et grâce à toutes<br />
ces énergies, le rachat <strong>de</strong><br />
terres augmente un peu plus<br />
chaque année. Financé uniquement<br />
par les adhésions et<br />
les souscriptions, le <strong>de</strong>rnier<br />
achat a permis <strong>de</strong> cé<strong>de</strong>r aux<br />
Kogis 500 hectares. « Nous ne<br />
leur imposons rien, rappelle<br />
Jacqueline Bac. Ce sont eux<br />
qui repèrent les terres.<br />
Ensuite, nous achetons les<br />
parcelles et les leur cédons.<br />
Souvent, les ven<strong>de</strong>urs sont<br />
<strong>de</strong>s paysans qui arrivent à<br />
l’âge <strong>de</strong> la retraite. Leurs<br />
enfants ne veulent pas prendre<br />
la suite et sont contents<br />
d’obtenir <strong>de</strong> l’argent ».<br />
Ne souhaitant pas rentrer<br />
dans un système basé sur<br />
l’argent et la propriété, les<br />
Kogis ne peuvent, sans l’ai<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong> l’association, acquérir<br />
<strong>de</strong>s terrains. Au quotidien,<br />
conférences et rencontres<br />
complètent les actions <strong>de</strong><br />
Tchendukua. Pour qu’ici et<br />
ailleurs, les peuples retrouvent<br />
leurs terres.<br />
Céline Authemayou<br />
Tchendukua, Ici et ailleurs<br />
11, rue <strong>de</strong> la Jarry<br />
Tél. : 01 43 65 07 00<br />
Internet : www.tchendukua.com<br />
à lire d’éric Julien :<br />
Kogis, le réveil d’une<br />
civilisation précolombienne,<br />
éditions Albin Michel<br />
<strong>Vincennes</strong> • mai 2006<br />
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