Le juriste d'entreprise - CIO de l'université Panthéon-Assas
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Juillet 2013<br />
N o 17<br />
DROIT PUBLIC DES AFFAIRES<br />
<strong>Le</strong> mariage entre droit<br />
public et droit privé<br />
TOUT SAVOIR SUR L’APPRENTISSAGE :<br />
une formation d’excellence<br />
au bénéfice <strong>de</strong>s directions juridiques<br />
ENTRETIEN<br />
Cheikh T. Wane,<br />
senior legal<br />
counsel à<br />
AngloGold Ashanti<br />
LES 20 ANS DE L’OHADA<br />
Organisation, objectifs et enjeux,<br />
par Benoît <strong>Le</strong> Bars, avocat,<br />
co-fondateur et associé<br />
du cabinet Lazareff <strong>Le</strong> Bars<br />
Valley of a Thousand hills © Thinstock
ÉDITORIAL<br />
Outre les débats sur<br />
l’évolution et les<br />
besoins <strong>de</strong> notre profession<br />
que nous commentons régulièrement dans ce<br />
magazine, et encore dans ce numéro avec les décisions<br />
belge et néerlandaise, notre association poursuit<br />
ses actions nouvelles en matière <strong>de</strong> formation et <strong>de</strong><br />
développement personnel du <strong>juriste</strong> d’entreprise, et<br />
accroît son ouverture internationale.<br />
<strong>Le</strong> programme <strong>de</strong> la journée <strong>de</strong> formation CAMPUS<br />
AFJE qui aura lieu le vendredi 11 octobre 2013<br />
à Paris est désormais arrêté et disponible dans ce<br />
numéro et sur notre site. Je vous invite à vous y<br />
inscrire dès à présent.<br />
<strong>Le</strong>s « lectures » ou cours <strong>de</strong> droit interactifs en anglais,<br />
dispensés par les professeurs du Queen Mary College<br />
<strong>de</strong> l’Université <strong>de</strong> Londres dans le cadre d’un partenariat<br />
avec l’AFJE, ont démarré ce mois <strong>de</strong> juin et se<br />
déroulent au siège <strong>de</strong> l’association. Ils reprennent en<br />
octobre, le prochain thème étant les Dispute Resolutions.<br />
<strong>Le</strong>s ateliers CARRIERES AFJE ont aussi commencé<br />
ce printemps. Ils permettent en petits groupes <strong>de</strong><br />
6 personnes maximum <strong>de</strong> travailler et d’échanger<br />
très efficacement avec un professionnel sur un sujet<br />
précis <strong>de</strong> développement <strong>de</strong> carrière, du CV et <strong>de</strong><br />
l’embauche à l’évolution managériale ou internationale.<br />
Il y en a plusieurs par mois. Pour connaître le<br />
programme <strong>de</strong>s prochains ateliers CARRIERES AFJE,<br />
consultez notre site.<br />
Pour nos plus jeunes adhérents, le premier cafédébat<br />
organisé par le comité <strong>de</strong>s jeunes <strong>juriste</strong>s<br />
<strong>de</strong> l’AFJE s’est tenu ce mois <strong>de</strong> juin sur le thème<br />
« comment réussir en entreprise ». N’hésitez pas à<br />
les rejoindre (comite.jeunes@afje.org).<br />
Bien entendu à côté <strong>de</strong> ces nouvelles activités, vous<br />
pouvez toujours retrouver les programmes <strong>de</strong> vos<br />
commissions et ateliers AFJE.<br />
L’ECLA, l’association européenne <strong>de</strong>s <strong>juriste</strong>s d’entreprise<br />
ou European Corporate Lawyers Association<br />
dont l’AFJE est membre, fêtera ses 30 ans cette année,<br />
le jeudi 26 septembre à Bruxelles au Palais d’Egmont.<br />
En tant que membres <strong>de</strong> l’AFJE vous êtes invités par<br />
Philippe Coen, prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’ECLA, à participer à<br />
cette célébration avec nos collègues européens <strong>de</strong>s<br />
20 associations composant l’ECLA (registration free<br />
for AFJE members – numbers limited- early booking<br />
recommen<strong>de</strong>d : event2013@ecla.eu).<br />
Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> l’Europe, nous continuons à développer<br />
nos liens internationaux notamment auprès <strong>de</strong>s<br />
<strong>juriste</strong>s d’entreprise <strong>de</strong>s autres continents. Ce réseau<br />
se fait en coordination avec la commission <strong>juriste</strong>s à<br />
l’étranger <strong>de</strong> l’AFJE animée par Stephan Grynwajc.<br />
Nous sommes aussi à ce titre très heureux <strong>de</strong> fêter<br />
dans ce numéro le 20 e anniversaire <strong>de</strong> l’OHADA.<br />
Très bonnes vacances d’été.<br />
Hervé Delannoy<br />
Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’AFJE<br />
3<br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
SOMMAIRE<br />
Journées Régionale<br />
et Nationale <strong>de</strong> l’AFJE<br />
Page 42.<br />
N° 17 – juillet 2013<br />
5 e Année<br />
Publication trimestrielle<br />
Numéro tiré à 5 000 exemplaires<br />
Éditeur :<br />
Association Française <strong>de</strong>s Juristes<br />
d’Entreprise<br />
Association Loi 1901<br />
9, rue du Faubourg-Poissonnière<br />
75 009 Paris<br />
Tél. : 01 42 61 53 59<br />
Fax : 01 42 61 01 61<br />
www.afje.org<br />
Directeur <strong>de</strong> la publication :<br />
Hervé Delannoy<br />
Rédactrice en chef :<br />
Anne-Laure Paulet<br />
Secrétaire <strong>de</strong> rédaction :<br />
Anne Renoncet<br />
Journaliste :<br />
Michele Zingari<br />
Responsable technique :<br />
Sophie Rigal<br />
Ont collaboré à ce numéro :<br />
Luc Athlan, Isabelle Bailly-Etienne,<br />
Philippe Coen, Rémy Sainte Fare Garnot,<br />
Marie-Laurence Pina, Doris Speer, Jean-<br />
Yves Trochon<br />
Maquette :<br />
Laetitia Langlois<br />
Photographie :<br />
Gettyimages<br />
Édition et Régie Publicitaire :<br />
FFE<br />
15 Rue <strong>de</strong>s Sablons – 75116 Paris<br />
Isabelle De La Redonda<br />
Tél. : 01 53 36 20 42<br />
i.redonda@ffe.fr<br />
Imprimeur :<br />
Chirat-42<br />
03 ÉDITORIAL<br />
06 ENTRETIEN<br />
L’action juridique au sein d’une<br />
compagnie minière sud-africaine<br />
<strong>Le</strong>s 20 ans <strong>de</strong> l’OHADA<br />
12 DROIT PUBLIC DES AFFAIRES<br />
Du droit public classique au droit public<br />
<strong>de</strong>s affaires<br />
Droit public <strong>de</strong>s affaires en entreprise<br />
La comman<strong>de</strong> publique<br />
22 TOUT SAVOIR SUR<br />
L’APPRENTISSAGE<br />
34 DÉONTOLOGIE<br />
Institut Belge <strong>de</strong>s Juristes d’Entreprise<br />
36 POINT DE VUE<br />
PILnet : The Global Network for Public<br />
Interest Law<br />
38 JURISTE D’ENTREPRISE<br />
ET CONFIDENTIALITÉ<br />
Exercice du métier <strong>de</strong> <strong>juriste</strong><br />
d’entreprise : <strong>de</strong>rnières évolutions<br />
internationales<br />
La reconnaissance du secret<br />
professionnel aux avis <strong>de</strong>s <strong>juriste</strong>s<br />
d’entreprise<br />
American Bar Association recognizes<br />
the role of foreign in-house lawyers<br />
L’Actualité<br />
en région Nord<br />
Page 56.<br />
42 INITIATIVE AFJE<br />
Journées Régionale et Nationale<br />
Premiers ateliers « Carrières AFJE »<br />
48 BONNES PRATIQUES<br />
Monographie du coup <strong>de</strong> fil policier<br />
invitant à passer au poste<br />
50 CULTURE JURIDIQUE<br />
La culture juridique au sein du groupe Safe<br />
52 DROIT, MANAGEMENT<br />
ET STRATÉGIE<br />
L’externalisation <strong>de</strong> la production<br />
<strong>de</strong> services juridiques <strong>de</strong>s cabinets<br />
d’avocats vers les pays à bas coût<br />
54 LA PAROLE EST DONNÉE…<br />
L’Association <strong>de</strong>s Juristes<br />
Franco-Britanniques<br />
56 L’ACTUALITÉ EN RÉGION : NORD<br />
64 ART & DROIT<br />
La restauration <strong>de</strong> la Galerie <strong>de</strong>s Glaces<br />
66 CULTURE<br />
69 ECLA<br />
70 ENQUÊTE<br />
La Propriété Intellectuelle à l’honneur,<br />
résultats du Baromètre <strong>de</strong> la PI 2013<br />
73 ACTUALITÉS DE L’AFJE<br />
86 AGENDA<br />
Art & Droit :<br />
la restauration<br />
<strong>de</strong> la Galerie<br />
<strong>de</strong>s Glaces<br />
5<br />
Page 66.<br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
ENTRETIEN<br />
L’action juridique au sein d’une<br />
compagnie minière sud-africaine<br />
Cheikh T. Wane, Senior <strong>Le</strong>gal Counsel à AngloGold Ashanti,<br />
compagnie minière sud-africaine spécialisée dans l’or, revient<br />
pour les lecteurs du JEM sur la complexité et la diversité <strong>de</strong><br />
ses missions au sein <strong>de</strong> cette société africaine internationale,<br />
et sur les particularités <strong>de</strong> la profession d’« in-house counsel »<br />
en Afrique.<br />
6<br />
Cheikh T. Wane<br />
Pouvez-vous nous décrire<br />
votre parcours et votre poste<br />
à la Direction Juridique <strong>de</strong> l’Anglo<br />
Gold Ashanti <br />
J’ai fait mes étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> droit à Londres<br />
où j’ai obtenu une maitrise à Birkbeck<br />
College (University of London). Ayant<br />
obtenu le Post Graduate Diploma in<br />
<strong>Le</strong>gal Practice du College of Law, j’ai<br />
intégré différents cabinets à Londres où<br />
j’ai effectué mon stage obligatoire <strong>de</strong><br />
2 ans avant <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir Solicitor of the<br />
Supreme Court of England and Wales.<br />
J’ai exercé pendant 3 ans à Londres<br />
avant <strong>de</strong> revenir à Dakar (Sénégal), ma<br />
ville d’origine, où j’ai été recruté par<br />
le Cabinet <strong>de</strong> Droit <strong>de</strong>s Affaires Mame<br />
Adama Gueye & Associés. Après une<br />
collaboration <strong>de</strong> 6 mois, j’ai ouvert mon<br />
propre cabinet (Intelex), conseillant<br />
essentiellement <strong>de</strong>s investisseurs étrangers<br />
en Afrique <strong>de</strong> l’Ouest. C’est dans ce<br />
cadre que j’ai rencontré les responsables<br />
d’AngloGold Ashanti qui venait d’ouvrir<br />
son « technical hub » pour la sous-région<br />
à Dakar. Au bout <strong>de</strong> quelques consultations,<br />
AngloGold Ashanti m’a proposé <strong>de</strong><br />
me recruter en interne comme conseiller<br />
juridique pour le Sénégal, le Mali et<br />
la Guinée, fonction que j’exerce <strong>de</strong>puis<br />
janvier 2011.<br />
Que pensez-vous <strong>de</strong>s formations<br />
en droit proposées en Afrique<br />
du Sud, et plus globalement<br />
en Afrique Diffèrent-elles<br />
<strong>de</strong>s formations française<br />
ou anglo-saxonne <br />
<strong>Le</strong>s formations en droit en Afrique<br />
du Sud, pays appartenant au<br />
Commonwealth, sont <strong>de</strong> fait très similaires<br />
aux formations proposées en<br />
Gran<strong>de</strong>-Bretagne. <strong>Le</strong>s cursus existants<br />
sont plus ou moins i<strong>de</strong>ntiques, notamment<br />
en terme <strong>de</strong> nombre d’années<br />
d’étu<strong>de</strong>s.<br />
Pour les autres pays africains, la formation<br />
est plus académique. Bien évi<strong>de</strong>mment,<br />
je connais plus précisément<br />
les cursus proposés au Sénégal, ayant<br />
<strong>de</strong>s relations suivies avec <strong>de</strong> nombreux<br />
universitaires, ainsi qu’avec le Barreau<br />
<strong>de</strong> Dakar. Dans ce cadre, je milite <strong>de</strong>puis<br />
quelques temps pour que la formation<br />
<strong>de</strong>s avocats et « in-house counsel<br />
» au Sénégal soit réformée. Elle est<br />
aujourd’hui beaucoup trop théorique.<br />
Quand un avocat arrive dans un cabinet,<br />
il ne peut pratiquement rien faire :<br />
il connait les textes mais ne sait pas les<br />
appliquer. <strong>Le</strong> système anglo-saxon est,<br />
dans cette optique, nettement plus efficace<br />
: en Angleterre, l’année passée à<br />
l’école du Barreau est une année <strong>de</strong> pratique<br />
pendant laquelle l’on assiste à <strong>de</strong><br />
nombreuses procédures <strong>de</strong>vant les cours<br />
<strong>de</strong>s tribunaux, en les reproduisant par<br />
la suite à travers <strong>de</strong>s jeux <strong>de</strong> rôle par<br />
exemple. L’avocat-stagiaire est ainsi opérationnel<br />
beaucoup plus rapi<strong>de</strong>ment.<br />
J’essaie <strong>de</strong> mettre en place, au sein <strong>de</strong><br />
l’Université Cheikh Anta Diop <strong>de</strong> Dakar,<br />
une école du Barreau qui, au lieu d’obliger<br />
les étudiants à passer l’examen du<br />
Barreau après leur maîtrise <strong>de</strong> droit, instaurerait<br />
un an minimum <strong>de</strong> formation<br />
pratique, constituant un préalable au<br />
passage <strong>de</strong> l’examen. C’est encore en<br />
projet, mais il me semble primordial <strong>de</strong><br />
réformer cette formation pour la rendre<br />
plus attractive.<br />
Dans votre entreprise,<br />
comment la Direction Juridique<br />
s’organise-t-elle <br />
Au siège <strong>de</strong> la société à Johannesbourg,<br />
il y a une Direction Juridique avec à sa<br />
tête un General Counsel, secondé par un<br />
Assistant General Counsel et une équipe<br />
d’une dizaine <strong>de</strong> junior counsels. La direction<br />
est scindée en <strong>de</strong>ux départements : le<br />
département « compliance » et le département<br />
« legal », disposant d’une équipe<br />
<strong>de</strong> 5/6 personnes chacun. Cette direction<br />
fournit une assistance technique aux<br />
directions juridiques régionales si elles<br />
existent, et gère directement les affaires<br />
juridiques <strong>de</strong>s régions où AGA n’a pas <strong>de</strong><br />
direction juridique locale. Dans les régions<br />
où il en existe une, l’on trouve <strong>de</strong>s directeurs<br />
ou conseillers juridiques, qui ren<strong>de</strong>nt<br />
compte à la hiérarchie locale (directeur <strong>de</strong>s<br />
opérations minières, Senior Vice-Prési<strong>de</strong>nt<br />
pays ou région) et à la direction générale.<br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
ENTRETIEN<br />
Guinée - Mine à ciel ouvert<br />
En tant que conseiller juridique, « Senior<br />
<strong>Le</strong>gal and Compliance Counsel » pour<br />
être exact, je travaille en collaboration<br />
avec l’Assistant General Counsel.<br />
Autonome, je suis son correspondant<br />
dans les régions qui sont sous ma responsabilité<br />
(la Guinée, le Mali et le Sénégal)<br />
car, basé en Afrique du Sud, l’Assistant<br />
General Counsel ne connait pas forcément<br />
le droit <strong>de</strong> ces pays ou même seulement<br />
leur langue.<br />
Quels sujets êtes-vous le plus<br />
amené à traiter <br />
<strong>Le</strong>s affaires auxquelles vous êtes<br />
confronté comportent une forte<br />
dimension internationale,<br />
comment parvenez-vous à vous<br />
adapter à cette contrainte <br />
Pour ma part, je couvre 3 pays qui ont<br />
en commun, il est vrai, l’Acte Unique<br />
<strong>de</strong> l’OHADA, qui unifie le droit commercial.<br />
Cela nous facilite la tâche et<br />
nous permet <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s économies<br />
d’échelles. <strong>Le</strong>s affaires sont ainsi traitées<br />
<strong>de</strong> manière i<strong>de</strong>ntique au Mali ou<br />
en Guinée, en unifiant et en reproduisant<br />
les mêmes schémas d’un pays à<br />
l’autre, dans le cadre par exemple <strong>de</strong>s<br />
renégociations <strong>de</strong> conventions <strong>de</strong> base,<br />
<strong>de</strong>s négociations avec l’administration<br />
fiscale ou <strong>de</strong> la création d’un pacte <strong>de</strong><br />
stabilité fiscale.<br />
En revanche le droit minier <strong>de</strong>meure<br />
différent selon les pays. Cependant, la<br />
CEDEAO (Communauté Economique<br />
<strong>de</strong>s Etats d’Afrique <strong>de</strong> l’Ouest) travaille<br />
© AngloGold Ashanti<br />
actuellement à l’élaboration d’un co<strong>de</strong><br />
minier unique pour les 14 pays <strong>de</strong> la<br />
Communauté, qui contribuerait à la<br />
simplification <strong>de</strong> notre travail juridique.<br />
Quel est le statut du <strong>juriste</strong><br />
d’entreprise en Afrique du Sud <br />
Existe-t-il une organisation<br />
regroupant ces professionnels<br />
du droit <br />
L’Afrique du Sud a un système similaire<br />
au système anglo-saxon. <strong>Le</strong>s<br />
<strong>juriste</strong>s d’entreprises (in-house counsel)<br />
peuvent être inscrits au Barreau<br />
et bénéficient alors <strong>de</strong>s privilèges attachés<br />
au statut d’avocat. Mais ils peuvent<br />
également exercer sans être inscrits au<br />
Barreau. Spécialistes du droit, salariés,<br />
ils exercent alors leurs missions sans<br />
aucune particularité ni aucun privilège.<br />
Il n’y a, à ma connaissance, aucune<br />
organisation professionnelle <strong>de</strong><br />
<strong>juriste</strong>s d’entreprise en Afrique du<br />
Sud, ni même dans tous les autres pays<br />
d’Afrique où j’exerce mon activité. Ces<br />
organisations ne paraissent pas nécessaires<br />
aux « in-house counsel », la plupart<br />
étant, dans ces pays, déjà membres<br />
du Barreau, et leurs pratiques ne se distinguant<br />
pas <strong>de</strong> celles <strong>de</strong>s autres avocats.<br />
Cependant il serait important <strong>de</strong> créer<br />
ce type <strong>de</strong> regroupements, car ils pourraient<br />
représenter une opportunité,<br />
notamment pour les <strong>juriste</strong>s d’entreprise<br />
non-inscrits au Barreau, <strong>de</strong> se retrouver,<br />
7<br />
La plupart <strong>de</strong>s sujets se rapporte au<br />
droit minier <strong>de</strong>s pays où AGA opère.<br />
Cependant, la rédaction <strong>de</strong>s contrats<br />
commerciaux, le droit du travail, les<br />
négociations avec les autorités gouvernementales<br />
et administratives sont aussi<br />
<strong>de</strong>s domaines où la direction juridique<br />
agit. AGA est une société internationale<br />
par excellence, en raison <strong>de</strong> la diversité<br />
<strong>de</strong>s pays où elle est présente. Nous<br />
sommes confrontés à <strong>de</strong>s systèmes juridiques<br />
très divers, auxquels nous <strong>de</strong>vons<br />
nous adapter tant bien que mal, même<br />
s’il faut souvent recourir à <strong>de</strong>s avocats<br />
ou <strong>juriste</strong>s locaux comme consultants.<br />
Guinée - extraction d’or à Siguiri<br />
© AngloGold Ashanti<br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
ENTRETIEN<br />
d’échanger entre eux, et <strong>de</strong> favoriser la<br />
formation professionnelle. Aucun projet<br />
n’a été lancé dans ce sens, mais c’est<br />
une idée que doivent creuser les <strong>juriste</strong>s<br />
d’entreprise en Afrique.<br />
Vous qui êtes amené à côtoyer<br />
<strong>de</strong>s directeurs juridiques<br />
bénéficiant du « legal privilege »,<br />
quel est votre avis concernant<br />
la confi<strong>de</strong>ntialité <strong>de</strong>s avis <br />
Il m’est difficile <strong>de</strong> me prononcer sur<br />
cette question, celle-ci ne se posant<br />
pas en Afrique. Ce que je constate c’est<br />
que le « legal privilege » entraîne <strong>de</strong><br />
nombreuses contraintes aux <strong>juriste</strong>s<br />
d’entreprise dans leur conduite professionnelle.<br />
Tout comme les avocats,<br />
ils doivent respecter une déontologie<br />
stricte et peuvent perdre leur statut en<br />
cas <strong>de</strong> faute professionnelle grave rapportée<br />
au conseil <strong>de</strong> l’ordre. Même en<br />
travaillant pour un client « privé », ils<br />
doivent constamment agir comme s’ils<br />
étaient avocats sur la place publique.<br />
Propos recueillis par Anne Renoncet ■<br />
ANGLOGOLD ASHANTI<br />
AngloGold Ashanti est une société minière sud-africaine fondée en 1999 et spécialisée dans<br />
l’extraction aurifère, qui occupe le rang <strong>de</strong> troisième producteur mondial d’or. Elle possè<strong>de</strong><br />
21 mines réparties dans 10 pays. AngloGold Ashanti a produit 81 tonnes d’or en Afrique<br />
du Sud en 2006, sur les 191 tonnes d’or produites annuellement par l’Afrique du Sud.<br />
Pour en savoir plus, ren<strong>de</strong>z-vous sur le site d’AngloGold Ashanti : www.anglogold.com<br />
8<br />
© AngloGold Ashanti<br />
<strong>Le</strong>s mines d’or d’AngloGold Ashanti dans le mon<strong>de</strong><br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
LES 20 ANS DE L’OHADA<br />
<strong>Le</strong>s 20 ans <strong>de</strong> l’Organisation<br />
pour l’Harmonisation<br />
en Afrique du Droit <strong>de</strong>s Affaires<br />
Organisation, objectifs et enjeux, par Benoît <strong>Le</strong> Bars, avocat, co-fondateur<br />
et associé du cabinet Lazareff <strong>Le</strong> Bars<br />
Benoît <strong>Le</strong> Bars<br />
Faire d’une intuition un projet,<br />
voilà ce qu’est l’Organisation<br />
pour l’Harmonisation en Afrique<br />
du Droit <strong>de</strong>s Affaires, dite OHADA. <strong>Le</strong><br />
17 octobre 1993, 14 Etats réunis à Port<br />
Louis, à l’Ile Maurice, ont signé un<br />
Traité qui <strong>de</strong>vait poser les bases <strong>de</strong> leur<br />
intégration juridique et économique.<br />
Alors que peu <strong>de</strong> personnes pariaient<br />
sur l’avenir <strong>de</strong> l’Afrique comme le futur<br />
continent <strong>de</strong> la croissance, les initiateurs<br />
<strong>de</strong> l’OHADA ont cru, il y a bientôt 20<br />
ans, qu’en offrant aux entrepreneurs<br />
du mon<strong>de</strong> entier une zone <strong>de</strong> droit <strong>de</strong>s<br />
affaires uniforme, accessible et compréhensible,<br />
les pays membres <strong>de</strong> l’organisation<br />
catalyseraient une croissance<br />
économique durable.<br />
Feu Kéba M’Baye, magistrat émérite<br />
et Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la Cour Internationale<br />
<strong>de</strong> Justice <strong>de</strong> La Haye, était chargé en<br />
1990 <strong>de</strong> conduire une mission d’étu<strong>de</strong><br />
pour permettre cette intégration, avec<br />
l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> Martin Kirsch, Conseiller à la<br />
Cour <strong>de</strong> Cassation, et <strong>de</strong> Michel Gentot,<br />
Conseiller d’Etat. <strong>Le</strong> pari <strong>de</strong> ces visionnaires<br />
est en passe <strong>de</strong> réussir même si<br />
encore bien <strong>de</strong>s défis sont à relever, pour<br />
accompagner une dynamique qui suppose,<br />
maintenant, plus <strong>de</strong> réactivité.<br />
<strong>Le</strong> projet <strong>de</strong>s pères fondateurs en<br />
1993<br />
<strong>Le</strong> Traité instituant l’OHADA a été signé<br />
le 17 octobre 1993 par quatorze Etats<br />
membres pour une entrée en vigueur le<br />
18 septembre 2005, après avoir obtenu<br />
les sept ratifications nécessaires à cet<br />
effet. Ce traité a par la suite été révisé<br />
le 17 octobre 2008, soit quinze ans jour<br />
pour jour après sa signature, dans le but<br />
« d’optimiser l’organisation et le fonctionnement<br />
<strong>de</strong> l’OHADA, afin <strong>de</strong> la rendre plus<br />
apte à répondre aux exigences <strong>de</strong> son développement<br />
et aux besoins d’une plus gran<strong>de</strong><br />
efficacité ».<br />
Lors <strong>de</strong> cette révision, il a été décidé d’instituer<br />
une conférence <strong>de</strong>s chefs d’Etat et<br />
<strong>de</strong> Gouvernement <strong>de</strong> l’OHADA, d’augmenter<br />
le nombre <strong>de</strong> juges <strong>de</strong> la Cour<br />
Commune <strong>de</strong> Justice et d’Arbitrage<br />
(CCJA), d’ajouter d’autres langues <strong>de</strong><br />
travail (le français étant la langue faisant<br />
foi), <strong>de</strong> redéfinir le statut du Secrétariat<br />
Permanent, <strong>de</strong> nommer un Secrétaire<br />
Général chargé d’assister la CCJA dans<br />
l’exercice <strong>de</strong> ses attributions d’administration<br />
<strong>de</strong> l’arbitrage, et <strong>de</strong> la possibilité<br />
<strong>de</strong> modifier la nomination et l’orientation<br />
<strong>de</strong> l’École Régionale Supérieure <strong>de</strong><br />
la Magistrature (ERSUMA) au moyen<br />
d’un Règlement du Conseil <strong>de</strong>s Ministres.<br />
A ce jour, les 17 Etats membres <strong>de</strong><br />
l’OHADA sont le Bénin, le Burkina Faso,<br />
le Cameroun, les Comores, le Congo,<br />
la Côte d’Ivoire, le Gabon, la Guinée, la<br />
Guinée Bissau, la Guinée Équatoriale,<br />
le Mali, le Niger, la République<br />
Centrafricaine, le Sénégal, le Tchad,<br />
le Togo et la République Démocratique<br />
du Congo.<br />
Pour ces pays, l’harmonisation du droit<br />
<strong>de</strong>s affaires dans les Etats membres<br />
s’est opérée par la mise en place d’accords<br />
cadres appelés Actes Uniformes,<br />
d’application directe dans chacun <strong>de</strong>s<br />
Etats membres et venant se substituer<br />
à la législation nationale préexistante.<br />
<strong>Le</strong>s Actes en vigueur à ce jour concernent<br />
« <strong>Le</strong>s initiateurs <strong>de</strong> l’Ohada ont cru qu’en offrant aux<br />
entrepreneurs du mon<strong>de</strong> entier une zone <strong>de</strong> droit <strong>de</strong>s affaires<br />
uniforme, accessible et compréhensible, les pays membres <strong>de</strong><br />
l’organisation catalyseraient une croissance économique durable »<br />
aussi bien le droit <strong>de</strong>s sociétés, le recouvrement<br />
<strong>de</strong>s créances, les sûretés et voies<br />
d’exécution, le droit <strong>de</strong>s procédures collectives,<br />
le droit <strong>de</strong> l’arbitrage, le droit<br />
du travail, le droit comptable ou le droit<br />
<strong>de</strong> la vente et <strong>de</strong>s transports.<br />
En 2010, les Actes Uniformes sur les<br />
sûretés et le droit commercial ont été<br />
amendés et un Acte Uniforme relatif<br />
au droit <strong>de</strong>s sociétés coopératives a été<br />
créé. A ce jour, l’OHADA compte neuf<br />
Actes Uniformes en vigueur, étant précisé<br />
que le droit <strong>de</strong>s sociétés est en cours<br />
9<br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
LES 20 ANS DE L’OHADA<br />
OHADA – CARTE DES 17 ÉTATS MEMBRES<br />
Burquina Faso<br />
Sénégal<br />
Mali<br />
Niger<br />
Tchad<br />
Guinée-Bissau<br />
Guinée<br />
Côte d’Ivoire<br />
Togo<br />
Bénin<br />
Cameroun<br />
Guinée-Eq.<br />
Gabon<br />
Congo<br />
Rép.<br />
démocratique<br />
du<br />
Congo<br />
Comores<br />
Rép. centrafricaine<br />
10<br />
<strong>de</strong> modification et <strong>de</strong>vrait être publié<br />
courant 2013, et qu’un Acte Uniforme<br />
relatif au droit <strong>de</strong>s contrats est en voie<br />
<strong>de</strong> rédaction. A ces projets s’ajoute une<br />
consultation en cours pour doter la zone<br />
d’outils complémentaires pour les entreprises<br />
en matière d’instruments <strong>de</strong> financement<br />
(crédit bail, titrisation…), <strong>de</strong> partenariats<br />
public privé ou <strong>de</strong> médiation,<br />
notamment.<br />
Des objectifs soutenus par<br />
une organisation adaptée<br />
<strong>Le</strong>s objectifs principaux du traité OHADA<br />
étaient et sont toujours d’harmoniser le<br />
droit <strong>de</strong>s affaires <strong>de</strong>s Etats membres, par<br />
l’élaboration et l’adoption <strong>de</strong> règles communes<br />
simples, mo<strong>de</strong>rnes et adaptées à<br />
la situation <strong>de</strong> leurs économies, <strong>de</strong> promouvoir<br />
l’arbitrage comme un mo<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
règlement <strong>de</strong>s différends dans un environnement<br />
par définition international,<br />
<strong>de</strong> favoriser les investissements, faciliter<br />
les échanges, et garantir la sécurité juridique<br />
et judiciaire <strong>de</strong>s entreprises, tout<br />
en soutenant l’intégration économique<br />
africaine. Un programme très ambitieux.<br />
Afin <strong>de</strong> mener à bien ces objectifs, un<br />
cadre institutionnel fort a été mis en<br />
place. Il comprend la Conférence <strong>de</strong>s<br />
Chefs d’État et <strong>de</strong> Gouvernement,<br />
le Conseil <strong>de</strong>s ministres, le Secrétariat<br />
« <strong>Le</strong>s objectifs principaux du traité Ohada sont d’harmoniser<br />
le droit <strong>de</strong>s affaires <strong>de</strong>s Etats membres, <strong>de</strong> promouvoir<br />
l’arbitrage comme un mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> règlement <strong>de</strong>s différends, <strong>de</strong><br />
favoriser les investissements, <strong>de</strong> faciliter les échanges, et <strong>de</strong><br />
garantir la sécurité juridique et judiciaire <strong>de</strong>s entreprises »<br />
Permanent (aujourd’hui présidé par le<br />
Pr Sossa), chargé d’assister le Conseil <strong>de</strong>s<br />
ministres et <strong>de</strong> coordonner la préparation<br />
et le suivi <strong>de</strong> la procédure relative à<br />
l’adoption <strong>de</strong>s Actes uniformes, la CCJA<br />
(Cour <strong>de</strong> Justice commune à toute la<br />
zone compétente pour connaître, en cassation,<br />
<strong>de</strong>s pourvois contre les décisions<br />
rendues en <strong>de</strong>rnier ressort en application<br />
<strong>de</strong>s Actes Uniformes <strong>de</strong> l’OHADA<br />
par les juridictions nationales <strong>de</strong>s Etats<br />
membres et ayant une fonction d’admi-<br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
LES 20 ANS DE L’OHADA<br />
OHADA<br />
Prési<strong>de</strong>nt du Conseil <strong>de</strong>s Ministres : S.E.M Dramane Yameogo<br />
Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la Cour Commune <strong>de</strong> Justice et d’Arbitrage : M. Antoine Joachim Oliveira<br />
Secrétaire Permanent : Pr. Dorothé Cossi Sossa<br />
Pour en savoir plus, ren<strong>de</strong>z-vous sur le site Internet <strong>de</strong> l’OHADA : www.ohada.org<br />
nistration <strong>de</strong>s arbitrages) et l’ERSUMA<br />
(qui a vocation à former les professionnels<br />
<strong>de</strong> l’OHADA et à perfectionner<br />
leurs compétences tout en développant<br />
la recherche).<br />
Il est indéniable que le Traité a créé un<br />
droit <strong>de</strong>s affaires mo<strong>de</strong>rne et performant<br />
dans le cadre d’un espace géographique<br />
unifié au sein du continent africain.<br />
L’organisation pourra donc fièrement<br />
fêter ses 20 ans à ce titre même s’il reste<br />
encore du chemin à parcourir pour qu’il<br />
n’y ait plus <strong>de</strong> faille à la sécurité juridique<br />
<strong>de</strong>s opérations économiques (notamment<br />
en matière <strong>de</strong> garanties bancaires,<br />
d’outils <strong>de</strong> financement et <strong>de</strong> crédit ou<br />
d’arbitrage).<br />
Des enjeux économiques<br />
essentiels pour les investisseurs<br />
<strong>de</strong> <strong>de</strong>main<br />
L’OHADA et son droit restent à n’en<br />
pas douter un atout significatif pour les<br />
investisseurs. L’OHADA améliore, sans<br />
aucune contestation possible, l’accessibilité<br />
au droit <strong>de</strong>s affaires pour les investisseurs<br />
et constitue, par là-même, la source<br />
d’une plus gran<strong>de</strong> sécurité juridique. Il<br />
a permis aux Etats membres <strong>de</strong> gagner<br />
en crédibilité aux yeux <strong>de</strong>s investisseurs<br />
internationaux compte tenu <strong>de</strong> sa prévisibilité<br />
et sa stabilité.<br />
institutions internationales existantes<br />
(CCI, ICSID, LCIA et autres).<br />
« <strong>Le</strong> Traité a créé un droit <strong>de</strong>s affaires mo<strong>de</strong>rne<br />
et performant dans le cadre d’un espace géographique<br />
unifié au sein du continent africain »<br />
<strong>Le</strong>s investisseurs sont ainsi moins<br />
confrontés aux difficultés <strong>de</strong> fonctionnement<br />
<strong>de</strong> certaines institutions judiciaires<br />
<strong>de</strong>s Etats membres. Ils peuvent<br />
pleinement appréhen<strong>de</strong>r les règles <strong>de</strong><br />
droit <strong>de</strong>stinées à régir leur activité et<br />
les prendre en considération lors <strong>de</strong> la<br />
rédaction <strong>de</strong> leurs contrats. Ils peuvent<br />
aussi, lorsque le litige ne peut pas être<br />
évité, bénéficier <strong>de</strong> décisions arbitrales<br />
ou judiciaires dont l’exécution est facilitée<br />
par une responsabilité renforcée <strong>de</strong>s<br />
Etats quant à l’effectivité <strong>de</strong>s décisions<br />
rendues, en vertu <strong>de</strong> l’Acte Uniforme<br />
sur les voies d’exécution.<br />
L’OHADA ne peut en revanche pallier<br />
seule le retard d’attractivité économique<br />
<strong>de</strong> certains Etats membres. <strong>Le</strong> chantier<br />
est donc énorme pour accompagner les<br />
Etats à améliorer les conditions matérielles<br />
et infrastructures d’investissement<br />
BENOIT LE BARS<br />
tout en soutenant une politique <strong>de</strong> promotion<br />
<strong>de</strong>s investissements étrangers.<br />
La plupart y réussissent fort bien et, à<br />
l’échelle d’un continent, l’Afrique est,<br />
comme tout projet en territoire étranger,<br />
une zone dans laquelle l’investisseur<br />
peut croire en la très forte rentabilité<br />
d’un investissement bien mené et bien<br />
structuré.<br />
Sur tous ces points, l’OHADA est sur la<br />
bonne voie, car les Etats membres ne<br />
ménagent pas leurs efforts pour rendre<br />
encore plus attractifs leurs pays avec pas<br />
moins <strong>de</strong> trente et une réformes réalisées<br />
entre 2010 et 2011 sur la zone et<br />
cent six <strong>de</strong>puis 2005. Source d’étonnement<br />
dans sa réussite, l’OHADA est<br />
enviée et il est envisagé, d’ailleurs, <strong>de</strong><br />
créer une zone OHADAc à son image<br />
pour la région Asie-Pacifique, ou une<br />
zone <strong>de</strong> droit unifié pour le sud du continent<br />
Africain. L’instrument crée donc <strong>de</strong>s<br />
disciples parmi les Etats Africains, ce qui<br />
en dit long sur sa réussite. L’OHADA est<br />
ainsi <strong>de</strong>venue la muse africaine symbole<br />
<strong>de</strong> libre échange et d’attractivité économique.<br />
Qu’elle fête donc dignement ses<br />
20 ans car elle ne démérite pas !<br />
■<br />
11<br />
L’OHADA crée également, à <strong>de</strong>stination<br />
<strong>de</strong>s investisseurs, une véritable offre <strong>de</strong><br />
justice par le biais <strong>de</strong> l’institution d’arbitrage<br />
CCJA et l’adoption d’un acte<br />
uniforme portant droit commun <strong>de</strong> l’arbitrage.<br />
Il s’agit aussi d’une intuition<br />
géniale <strong>de</strong>s initiateurs <strong>de</strong> l’OHADA qui<br />
avaient compris, dès l’origine, que dans<br />
un environnement international la seule<br />
solution efficace serait <strong>de</strong> disposer d’une<br />
institution arbitrale régionale <strong>de</strong>stinée<br />
à se combiner avec les autres gran<strong>de</strong>s<br />
Benoit <strong>Le</strong> Bars, Associé fondateur du cabinet Lazareff <strong>Le</strong> Bars, est spécialisé<br />
en arbitrage international, commerce international et contrats internationaux.<br />
Spécialiste du droit <strong>de</strong> l’OHADA et conseil en Afrique, il intervient pour <strong>de</strong>s sociétés<br />
dans leurs projets internes ou internationaux, dans le cadre du Desk Afrique piloté<br />
par son associé François <strong>de</strong> Senneville.<br />
Benoit est l’auteur <strong>de</strong> l’ouvrage Droit <strong>de</strong>s sociétés et <strong>de</strong> l’arbitrage international :<br />
pratique en droit <strong>de</strong> l’OHADA et publie régulièrement sur <strong>de</strong>s sujets d’actualité<br />
du droit <strong>de</strong>s affaires internationales et <strong>de</strong> l’arbitrage. <strong>Le</strong> Cabinet Lazareff <strong>Le</strong> Bars<br />
vient d’être récompensé par le Mon<strong>de</strong> du Droit par les Trophée d’or en arbitrage/<br />
ADR et en contentieux d’affaires.<br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
DROIT PUBLIC DES AFFAIRES<br />
DROIT PUBLIC<br />
DES AFFAIRES<br />
<strong>Le</strong> mariage entre droit public et droit privé<br />
12<br />
Viaduc <strong>de</strong> Millau<br />
P. 13 DU DROIT PUBLIC CLASSIQUE AU DROIT PUBLIC DES<br />
AFFAIRES<br />
Entretien avec Armel Pécheul, Professeur agrégé <strong>de</strong> droit public, Cabinet Ginestié,<br />
Magellan, Paley Vincent<br />
P. 15 LE DROIT PUBLIC, TERRA INCOGNITA DU JURISTE<br />
D’ENTREPRISE <br />
Par Isabelle Bailly-Etienne, Directeur Juridique Orange Business Services France,<br />
responsable <strong>de</strong> la Commission Droit Public <strong>de</strong>s Affaires <strong>de</strong> l’AFJE<br />
P. 18 DROIT PUBLIC DES AFFAIRES EN ENTREPRISE :<br />
DÉSINTÉRÊT OU MUTATION UN FAUX DÉBAT.<br />
Par Ian Kayanakis, Directeur Juridique, Groupe TECHNIP<br />
P. 21 LA COMMANDE PUBLIQUE : POROSITÉ ENTRE DROIT<br />
PRIVÉ ET DROIT PUBLIC<br />
Avec Audrey Mazetier, <strong>juriste</strong> conseil en marchés publics à la Région Ile-<strong>de</strong>-France<br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
DROIT PUBLIC DES AFFAIRES<br />
Du droit public classique au droit<br />
public <strong>de</strong>s affaires<br />
Entretien avec Armel Pécheul, Professeur agrégé <strong>de</strong> droit public, Cabinet Ginestié, Magellan,<br />
Paley Vincent.<br />
Armel Pécheul<br />
La frontière traditionnelle qui séparait<br />
le droit public et le droit privé<br />
est aujourd’hui, en gran<strong>de</strong> partie,<br />
dépassée. Sans doute, les enseignements<br />
dispensés et les recrutements <strong>de</strong>s professeurs<br />
<strong>de</strong> droit sont-ils encore en gran<strong>de</strong><br />
partie organisés autour <strong>de</strong> cette summa<br />
divisio dans nos facultés <strong>de</strong> droit. Mais,<br />
la réalité du mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s affaires, la pression<br />
du droit <strong>de</strong> l’Union Européenne,<br />
et la mutation du rôle et <strong>de</strong> la place <strong>de</strong>s<br />
pouvoirs publics ont totalement modifié<br />
la présentation classique <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux<br />
gran<strong>de</strong>s branches du droit.<br />
D’abord, l’Etat, ses institutions et ses<br />
organes se sont eux-mêmes placés,<br />
volontairement ou sous la pression <strong>de</strong>s<br />
circonstances économiques, dans le<br />
champ concurrentiel. Ils ven<strong>de</strong>nt, ils<br />
achètent, ils produisent et le droit qui<br />
les régit dans ces hypothèses n’a plus<br />
lieu d’être un droit exorbitant du droit<br />
commun dans un mon<strong>de</strong> ouvert, globalisé<br />
et concurrentiel. Ce point avait<br />
d’ailleurs été reconnu <strong>de</strong> longue date<br />
par la jurispru<strong>de</strong>nce administrative,<br />
notamment celle qui concerne les services<br />
publics industriels et commerciaux.<br />
Et puis surtout, les collectivités publiques<br />
n’ont plus ni les moyens humains, ni<br />
les moyens financiers <strong>de</strong> « faire » ellesmêmes,<br />
c’est-à-dire <strong>de</strong> conduire leurs<br />
travaux ou d’assurer directement <strong>de</strong>s<br />
prestations au bénéfice <strong>de</strong>s administrés.<br />
De sorte qu’elles délèguent au secteur<br />
privé, ou contractent avec lui, un nombre<br />
toujours plus important <strong>de</strong> tâches qu’il<br />
s’agisse d’investir dans <strong>de</strong>s équipements,<br />
<strong>de</strong> les exploiter ou <strong>de</strong> fournir <strong>de</strong>s services.<br />
Perdant ainsi leurs prérogatives <strong>de</strong><br />
puissance publique – ou à tout le moins<br />
l’essentiel d’entre elles – les collectivités<br />
publiques sont alors soumises aux règles<br />
ordinaires du droit privé. Reste, évi<strong>de</strong>mment<br />
que ce droit public <strong>de</strong>s affaires<br />
conserve encore certaines originalités<br />
en raison <strong>de</strong>s quelques prérogatives <strong>de</strong><br />
puissance publique maintenues par les<br />
personnes publiques. On pourrait citer<br />
par exemple le droit <strong>de</strong> contrôle et <strong>de</strong><br />
direction que l’administration a préservé<br />
dans la gestion <strong>de</strong>s contrats <strong>de</strong> plus en<br />
plus nombreux qu’elle souscrit pour<br />
déléguer ses missions <strong>de</strong> service public<br />
à ses partenaires privés. Naturellement<br />
aussi, une gran<strong>de</strong> partie du contentieux<br />
généré par ces activités relève <strong>de</strong> la compétence<br />
du juge administratif, lequel fait<br />
application <strong>de</strong>s règles du droit administratif.<br />
Dans la pratique, les efforts<br />
d’adaptation <strong>de</strong>s professionnels du droit<br />
sont alors constants. <strong>Le</strong>s « publicistes »<br />
ne peuvent pas ignorer l’intrusion du<br />
droit civil et du droit commercial dans le<br />
champ <strong>de</strong>s interventions <strong>de</strong> leur clientèle<br />
publique. Inversement, les « privatistes »<br />
sont contraints <strong>de</strong> prendre en compte<br />
les règles et les principes qui restent<br />
propres à la vie administrative dans les<br />
relations que les personnes publiques<br />
entretiennent avec les entreprises.<br />
Ensuite, cette évolution est singulièrement<br />
renforcée par les contraintes<br />
que le droit <strong>de</strong> l’Union Européenne fait<br />
peser sur les Etats membres <strong>de</strong> l’Union<br />
Européenne. Il faut bien comprendre ici<br />
que le principe directeur <strong>de</strong> la construction<br />
européenne est le principe <strong>de</strong> libre<br />
circulation et <strong>de</strong> concurrence non faussée<br />
au sein d’un vaste espace sans frontière<br />
intérieure. Ce principe est constant et<br />
<strong>de</strong> plus en plus prégnant <strong>de</strong>puis 1957. Il<br />
s’applique aux capitaux, aux marchandises,<br />
aux services et aux citoyens-travailleurs<br />
européens. Dans l’application<br />
<strong>de</strong> ce principe, l’Etat est nécessairement<br />
le principal obstacle : il est celui dont les<br />
prérogatives en général et les interventions<br />
<strong>de</strong> toute sorte en particulier sont<br />
susceptibles d’entraver la libre circulation<br />
et <strong>de</strong> fausser la concurrence. D’où la<br />
réduction constante <strong>de</strong> ses prérogatives<br />
au travers <strong>de</strong> multiples directives ou <strong>de</strong><br />
règlements européens ou par le truchement<br />
<strong>de</strong> la jurispru<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> la Cour <strong>de</strong><br />
Luxembourg, c’est-à-dire <strong>de</strong> la Cour <strong>de</strong><br />
« <strong>Le</strong>s « privatistes » sont contraints <strong>de</strong> prendre en compte les<br />
règles et les principes qui restent propres à la vie administrative »<br />
Justice <strong>de</strong> l’Union Européenne. Cette<br />
œuvre <strong>de</strong> longue haleine est aussi désormais<br />
celle <strong>de</strong>s juridictions nationales<br />
qui sont <strong>de</strong>venues les premiers juges<br />
communautaires. Il n’y a, à cet égard,<br />
désormais plus aucune différence entre<br />
le juge judiciaire et le juge administratif.<br />
La notion <strong>de</strong> service public « à la<br />
française » est alors réduite à l’essentiel<br />
<strong>de</strong> quelques services d’intérêt économique<br />
général, les pouvoirs exorbitants<br />
<strong>de</strong> l’administration sont considérés<br />
comme entravant la libre concurrence<br />
et leur utilisation est sanctionnée, les<br />
ai<strong>de</strong>s publiques <strong>de</strong> toute nature sont pro-<br />
13<br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
DROIT PUBLIC DES AFFAIRES<br />
14<br />
hibées par principe ou, au moins, soumises<br />
à autorisation <strong>de</strong> la Commission<br />
Européenne, les investissements publics<br />
<strong>de</strong>s collectivités publiques sont comptabilisés<br />
dans la <strong>de</strong>tte publique <strong>de</strong> l’Etat<br />
membre, <strong>de</strong>tte publique elle-même <strong>de</strong><br />
plus en plus encadrée et contrôlée, etc.<br />
S’il s’agit d’enseigner le droit communautaire<br />
matériel, il va sans dire alors,<br />
qu’il est nécessaire <strong>de</strong> réunir dans la<br />
même matière, l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s actes juridiques<br />
<strong>de</strong>s opérateurs privés et celle <strong>de</strong>s<br />
actes juridiques <strong>de</strong>s opérateurs publics.<br />
Au total, l’Etat et les autres collectivités<br />
publiques doivent être considérés comme<br />
<strong>de</strong>s opérateurs économiques comme les<br />
autres. Dans ce contexte, progressif mais<br />
irréversible, le droit public traditionnel<br />
se transforme en droit communautaire<br />
commun. Et, ce droit nouveau transcen<strong>de</strong><br />
naturellement les frontières traditionnelles<br />
privées/publiques. Droit<br />
privé <strong>de</strong>s affaires comme droit public<br />
<strong>de</strong>s affaires sont <strong>de</strong> plus en plus régis par<br />
<strong>de</strong>s normes communes et les frontières<br />
traditionnelles <strong>de</strong>s enseignements sont<br />
abolies <strong>de</strong> ce point <strong>de</strong> vue. Au reste,<br />
dans les facultés <strong>de</strong> droit, ces matières<br />
sont enseignées par <strong>de</strong>s « communautaristes<br />
», lesquels proviennent autant<br />
<strong>de</strong>s recrutements <strong>de</strong> droit public que <strong>de</strong><br />
ceux du droit privé. <strong>Le</strong>s revues spécialisées<br />
font appel à la même diversité <strong>de</strong><br />
leurs sources d’auteurs. La future gouvernance<br />
économique promise à l’Union<br />
européenne ne fera naturellement qu’accentuer<br />
cette évolution.<br />
Enfin, les mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> prise <strong>de</strong> décision du<br />
secteur public, au début <strong>de</strong> ce nouveau<br />
millénaire, ont radicalement changé. <strong>Le</strong><br />
modèle d’administration hiérarchique,<br />
hérité <strong>de</strong> l’administration napoléonienne<br />
est en passe ce disparaître. Il fait place<br />
à une administration négociée, laquelle<br />
doit justifier et motiver ses décisions unilatérales<br />
comme ses contrats, laisser jouer<br />
les droits <strong>de</strong> la défense <strong>de</strong> ses interlocuteurs,<br />
utiliser les nouvelles métho<strong>de</strong>s du<br />
partenariat public/privé, et n’intervenir<br />
qu’après <strong>de</strong> multiples enquêtes publiques<br />
et étu<strong>de</strong>s préalables. La concertation est<br />
un minimum et les modèles <strong>de</strong> management<br />
<strong>de</strong>s entreprises privées ten<strong>de</strong>nt à<br />
imprégner le fonctionnement <strong>de</strong> nombreuses<br />
administrations, pour ne pas évoquer<br />
les nouveaux rapports du marché<br />
et <strong>de</strong> la société civile, d’un côté, et <strong>de</strong><br />
l’Etat, <strong>de</strong> l’autre, sous le règne d’internet<br />
et <strong>de</strong> l’empowerment. La matière du<br />
droit <strong>de</strong> l’environnement en constitue un<br />
exemple topique. <strong>Le</strong> droit <strong>de</strong>s consommateurs<br />
ou le développement <strong>de</strong>s droits<br />
intangibles <strong>de</strong>s individus, appelés à se<br />
développer sous la pression constante<br />
<strong>de</strong>s droits fondamentaux, sont aussi<br />
<strong>de</strong>s domaines où l’évolution <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s<br />
<strong>de</strong> décisions sera révolutionnée. Cette<br />
« Ce droit nouveau transcen<strong>de</strong> naturellement<br />
les frontières traditionnelles privées/publiques »<br />
fois, les évolutions viendront plutôt <strong>de</strong> la<br />
Cour <strong>de</strong> Strasbourg, la Cour Européenne<br />
<strong>de</strong>s Droits <strong>de</strong> l’Homme. Et, pour cette<br />
<strong>de</strong>rnière aussi, l’Etat est un obstacle à<br />
l’expression <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong>s individus. Là<br />
comme pour le droit communautaire,<br />
l’œuvre du juge européen est aussi assurée<br />
et développée par les juridictions<br />
nationales. Dans ce contexte, le droit<br />
public sera <strong>de</strong> moins en moins celui du<br />
« comman<strong>de</strong>ment », celui <strong>de</strong> la décision<br />
unilatérale imposée d’en haut par une<br />
administration anonyme et abstraite.<br />
Mais, dans ces conditions, le modèle <strong>de</strong><br />
l’équilibre ou <strong>de</strong> l’égalité <strong>de</strong>s relations,<br />
qui est celui qui régit les relations interindividuelles<br />
selon les principes traditionnels<br />
du co<strong>de</strong> civil pourra, à bien <strong>de</strong>s<br />
égards, servir <strong>de</strong> référence aux rapports<br />
entre l’administration et les administrés.<br />
De sorte que, <strong>de</strong> ce point <strong>de</strong> vue aussi,<br />
le droit public et le droit privé sont en<br />
voie <strong>de</strong> rapprochement, au moins d’inspiration<br />
réciproque.<br />
Evi<strong>de</strong>mment, les évolutions ne sont<br />
pas achevées. Et, il restera toujours une<br />
sphère d’intervention et une gamme <strong>de</strong><br />
privilèges <strong>de</strong> puissance publique pour<br />
l’intérêt général, le bien commun ou<br />
l’utilité publique. Même considérablement<br />
réduite, l’intervention publique<br />
conservera <strong>de</strong>s prérogatives incontournables,<br />
<strong>de</strong>s spécificités incompressibles et<br />
<strong>de</strong>s finalités inspirées par <strong>de</strong>s choix politiques<br />
nationaux ou locaux. Quelques<br />
facteurs continueront donc à singulariser<br />
la sphère publique. L’un <strong>de</strong>s exemples les<br />
plus significatifs est sans doute celui du<br />
temps <strong>de</strong> la négociation et <strong>de</strong> l’action et<br />
du temps <strong>de</strong> l’éventuelle sanction. Il restera<br />
encore longtemps éloigné <strong>de</strong>s préoccupations<br />
<strong>de</strong> diligence auxquelles le secteur<br />
privé est confronté. Il est vrai que,<br />
désormais, <strong>de</strong> multiples textes encadrent<br />
le temps administratif. Ces textes sont le<br />
plus souvent d’origine européenne. Ils<br />
enferment les délais <strong>de</strong> procédures non<br />
contentieuses comme ceux <strong>de</strong>s procédures<br />
contentieuses. Ils conditionnent<br />
aussi les délais <strong>de</strong> règlement <strong>de</strong>s créances<br />
publiques. Ces contraintes doivent être<br />
connues car elles sont aussi <strong>de</strong> nature<br />
à rééquilibrer les rapports entre le secteur<br />
privé et la sphère administrative.<br />
Elles peuvent également conditionner<br />
les choix que les investisseurs privés et<br />
les entreprises ont à faire. En tout cas, la<br />
maîtrise <strong>de</strong> ces règles est désormais totalement<br />
indispensable pour les <strong>juriste</strong>s qui<br />
se veulent spécialisés en droit public <strong>de</strong>s<br />
affaires ou tout simplement par ceux qui<br />
ne veulent pas rester étrangers à cette<br />
incontournable pénétration <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux<br />
branches traditionnelles du droit français.<br />
■<br />
ARMEL PÉCHEUL<br />
Armel Pécheul est docteur d’Etat<br />
en droit public et professeur agrégé<br />
<strong>de</strong>s Facultés <strong>de</strong> droit. Spécialiste<br />
en droit communautaire, droit<br />
<strong>de</strong> la comman<strong>de</strong> publique et <strong>de</strong><br />
contentieux administratif, il est<br />
l’auteur d’ouvrages et d’articles<br />
en droit européen, droit <strong>de</strong><br />
l’urbanisme et contentieux. Il est<br />
consultant au Cabinet Ginestié,<br />
Magellan, Paley Vincent.<br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
DROIT PUBLIC DES AFFAIRES<br />
<strong>Le</strong> droit public, terra incognita<br />
du <strong>juriste</strong> d’entreprise <br />
Isabelle Bailly-Etienne<br />
Pendant longtemps <strong>juriste</strong>s privatistes et <strong>juriste</strong>s<br />
publicistes se sont côtoyés, sans vraiment se parler.<br />
Presque <strong>de</strong>ux mon<strong>de</strong>s : l’intérêt général, le service public<br />
versus les intérêts privés ou particuliers. Mais force est<br />
<strong>de</strong> constater qu’au fil du temps, l’opposition droit public/<br />
droit privé tend à se dissiper dans l’exercice du métier <strong>de</strong><br />
<strong>juriste</strong> en entreprise.<br />
Par Isabelle Bailly-Etienne, responsable <strong>de</strong> la Commission<br />
Droit Public <strong>de</strong>s Affaires <strong>de</strong> l’AFJE.<br />
Depuis quelques années, ces <strong>de</strong>ux<br />
droits sont amenés à se rapprocher,<br />
ils ten<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> plus en plus<br />
à se compléter, à s’influencer réciproquement.<br />
C’est le juge administratif qui<br />
applique à un contrat public un principe<br />
issu du co<strong>de</strong> civil (1) , c’est l’intervention<br />
publique qui irrigue <strong>de</strong> plus en plus la<br />
société et l’économie. Ainsi, le <strong>juriste</strong><br />
d’entreprise, qui est, très souvent, privatiste<br />
<strong>de</strong> formation, ne peut plus faire<br />
l’économie <strong>de</strong> connaissances en droit<br />
public. Formation continue, « auto formation<br />
», participation à <strong>de</strong>s séminaires,<br />
<strong>de</strong>s conférences, consultation <strong>de</strong>s sites<br />
internet du Minefi, et notamment <strong>de</strong><br />
la Direction <strong>de</strong>s Affaires juridiques…<br />
Autant <strong>de</strong> moyens permettant au <strong>juriste</strong><br />
privatiste d’appréhen<strong>de</strong>r les contraintes<br />
et opportunités fournies par la sphère<br />
publique.<br />
C’est ainsi que le droit public s’invite dans<br />
toutes directions juridiques d’entreprises.<br />
<strong>Le</strong>s règles régissant l’activité <strong>de</strong> personnes<br />
publiques sont protéiformes, relèvent <strong>de</strong><br />
nombreux co<strong>de</strong>s et sources. Ainsi l’acteur<br />
(1) CE 29 décembre 2008, OPHLM <strong>de</strong> Puteaux c/Société<br />
Serbois, le Conseil d’Etat a approuvé l’application <strong>de</strong>s principes<br />
dont s’inspire l’article 1152 du Co<strong>de</strong> civil, permettant au<br />
juge <strong>de</strong> réviser la clause pénale manifestement excessive ou<br />
dérisoire<br />
public pourra être à la fois le client <strong>de</strong> l’entreprise,<br />
son fournisseur, son partenaire,<br />
voire un concurrent…<br />
L’ACTEUR PUBLIC, client<br />
<strong>de</strong> l’entreprise<br />
Depuis <strong>de</strong> très nombreuses années, la comman<strong>de</strong><br />
publique participe à la relance <strong>de</strong><br />
l’économie. <strong>Le</strong> New Deal aux USA à partir<br />
<strong>de</strong> 1933 en est un <strong>de</strong>s exemples. A ce<br />
jour, elle représente en France en 2011,<br />
87, 8 milliards d’euros (2) . Au niveau communautaire,<br />
l’achat public est évalué entre<br />
15 et 17 % du PIB <strong>de</strong> l’Union Européenne.<br />
C’est dès le XIX e siècle que, prenant<br />
conscience <strong>de</strong>s enjeux économiques, est<br />
apparue en France la nécessité d’assurer<br />
une concurrence loyale entre les fournisseurs<br />
potentiels <strong>de</strong>s clients publics.<br />
L’ordonnance du 4 décembre 1836 a<br />
imposé la concurrence et la publicité aux<br />
marchés <strong>de</strong> l’Etat. <strong>Le</strong> mouvement d’enca-<br />
(2) Source Ministère <strong>de</strong> l’économie et <strong>de</strong>s fi nances, Observatoire<br />
<strong>de</strong> la comman<strong>de</strong> publique, 7/05/13<br />
drement <strong>de</strong> l’achat public s’est poursuivi<br />
jusqu’à nos jours, jusqu’au co<strong>de</strong> <strong>de</strong>s marchés<br />
publics <strong>de</strong> 2006.<br />
Toutefois le droit <strong>de</strong> la comman<strong>de</strong> publique<br />
n’est plus uniquement national, il est<br />
désormais la transposition <strong>de</strong> directives<br />
communautaires régulièrement modifiées<br />
et adaptées au contexte économique<br />
<strong>de</strong> l’Union Européenne. Ainsi, une nouvelle<br />
directive communautaire sur les<br />
marchés publics est actuellement en discussion<br />
entre le Parlement Européen, la<br />
Commission et le Conseil.<br />
Parce qu’on ne vend pas à un client public<br />
comme à un client privé, le <strong>juriste</strong> d’entreprise<br />
ne pourra ignorer la culture juridique<br />
<strong>de</strong>s clients <strong>de</strong> son entreprise et en particulier<br />
les contraintes spécifiques <strong>de</strong> l’achat<br />
« Ainsi, le <strong>juriste</strong> d’entreprise, qui est très souvent<br />
privatiste <strong>de</strong> formation, ne peut plus faire<br />
l’économie <strong>de</strong> connaissances en droit public »<br />
public. <strong>Le</strong> formalisme <strong>de</strong>s procédures,<br />
quelquefois perçu comme contraignant,<br />
est <strong>de</strong>stiné à garantir une saine concurrence<br />
et la bonne utilisation <strong>de</strong>s <strong>de</strong>niers<br />
publics. Connaitre les principes fondamentaux<br />
<strong>de</strong> la comman<strong>de</strong> publique, à savoir<br />
15<br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
DROIT PUBLIC DES AFFAIRES<br />
16<br />
Sta<strong>de</strong> <strong>de</strong> France<br />
l’égalité <strong>de</strong> traitement <strong>de</strong>s candidats, la<br />
transparence <strong>de</strong>s procédures et la liberté<br />
d’accès à la comman<strong>de</strong> publique donnera<br />
au <strong>juriste</strong> d’entreprise les premiers réflexes<br />
face à une procédure d’achat public.<br />
Comprendre que les notions <strong>de</strong> service<br />
public et d’intérêt général sous-ten<strong>de</strong>nt<br />
l’activité publique, permettra d’analyser au<br />
mieux les enjeux d’une procédure d’achat<br />
public et d’adapter au mieux conseils et<br />
recommandations pour permettre à l’entreprise<br />
<strong>de</strong> soumissionner avec les meilleures<br />
chances <strong>de</strong> succès. Dans le cadre<br />
<strong>de</strong> ces projets, le <strong>juriste</strong> d’entreprise sera<br />
amené à manier <strong>de</strong>s outils contractuels<br />
aussi divers que le marché public, la délégation<br />
<strong>de</strong> service public ou le contrat <strong>de</strong><br />
partenariat.<br />
L’ACTEUR PUBLIC, Fournisseur<br />
<strong>de</strong> l’entreprise<br />
« Ainsi la distinction fondamentale <strong>de</strong>s disciplines juridiques,<br />
impliquant spécialisation <strong>de</strong>s enseignements<br />
et <strong>de</strong>s étudiants a vocation à s’estomper progressivement »<br />
De client, la collectivité publique peut<br />
passer au statut <strong>de</strong> fournisseur. De nombreuses<br />
activités économiques sont régulées<br />
ou nécessitent <strong>de</strong>s autorisations administratives.<br />
Qu’il s’agisse <strong>de</strong> l’occupation<br />
du domaine public nécessaire au restaurateur<br />
pour installer sa terrasse, <strong>de</strong> la permission<br />
<strong>de</strong> voirie nécessaire à l’opérateur<br />
<strong>de</strong> réseaux <strong>de</strong> communications électroniques,<br />
<strong>de</strong> l’obtention d’un permis <strong>de</strong><br />
construire, ou bien encore <strong>de</strong> l’achat <strong>de</strong><br />
services <strong>de</strong> communications électroniques<br />
auprès d’un réseau d’initiative publique,<br />
le <strong>juriste</strong> d’entreprise sera nécessairement<br />
amené à se plonger dans le co<strong>de</strong> <strong>de</strong> la propriété<br />
<strong>de</strong>s personnes publiques, le co<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
l’urbanisme ou l’article L 1425-1 du Co<strong>de</strong><br />
général <strong>de</strong>s collectivités territoriales pour<br />
ne citer que quelques textes.<br />
L’ACTEUR PUBLIC,<br />
Partenaire <strong>de</strong> l’entreprise<br />
<strong>Le</strong> rapprochement public/privé se manifeste<br />
également au travers du développement<br />
<strong>de</strong> projets communs en matière <strong>de</strong><br />
recherche et d’innovation.<br />
Il peut s’agir par exemple <strong>de</strong> tester <strong>de</strong>s<br />
technologies via <strong>de</strong>s contrats d’expérimentation<br />
technique, <strong>de</strong>s usages en matière<br />
d’appropriation <strong>de</strong> nouvelles technologies<br />
ou d’outils <strong>de</strong>stinés au développement<br />
durable… <strong>Le</strong>s expérimentations permettent<br />
à l’entreprise privée <strong>de</strong> vérifier<br />
un certain nombre d’aspects techniques<br />
et à la personne publique <strong>de</strong> tester l’adéquation<br />
d’un projet technologique à ses<br />
besoins. L’intervention du <strong>juriste</strong> permettra<br />
<strong>de</strong> sécuriser un projet dans le respect<br />
<strong>de</strong>s règles <strong>de</strong> la comman<strong>de</strong> publique…<br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
DROIT PUBLIC DES AFFAIRES<br />
La clause <strong>de</strong> confi<strong>de</strong>ntialité ou <strong>de</strong> protection<br />
du savoir-faire <strong>de</strong>vra faire l’objet<br />
d’une vigilance accrue pour être compatible<br />
avec la nécessaire égalité <strong>de</strong> traitement<br />
<strong>de</strong>s candidats si l’expérimentation<br />
<strong>de</strong>vait être généralisée par la suite.<br />
frontale avec le secteur privé.<br />
De nouveaux secteurs sont ainsi investis<br />
par les collectivités publiques qui dans<br />
certains cas remettent au goût du jour le<br />
fameux « socialisme municipal » du début<br />
« L’entreprise et son <strong>juriste</strong> ne peuvent ignorer les mutations<br />
en cours au sein du secteur public, qui se traduisent<br />
quotidiennement dans la vie <strong>de</strong>s affaires »<br />
Grâce aux relations mises en place avec<br />
le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> la recherche universitaire,<br />
les transferts <strong>de</strong> technologie vont pouvoir<br />
être valorisés par les entreprises. <strong>Le</strong> rôle du<br />
<strong>juriste</strong> sera primordial dans la définition<br />
<strong>de</strong>s modalités <strong>de</strong> transferts, notamment<br />
grâce à la protection <strong>de</strong>s innovations par<br />
les brevets. Son intervention sera le gage<br />
d’une coopération réussie, qui répondra<br />
aux attentes <strong>de</strong>s partenaires publics et<br />
privés tout en valorisant le savoir-faire<br />
<strong>de</strong> chacun. La propriété industrielle est le<br />
point <strong>de</strong> rencontre commun à la recherche<br />
publique et l’entreprise : le laboratoire <strong>de</strong><br />
recherche pourra valoriser ses travaux et<br />
l’entreprise y verra un moyen d’accroître<br />
sa compétitivité.<br />
<strong>Le</strong> <strong>juriste</strong> mettra en œuvre les outils nécessaires<br />
à une collaboration efficace. Son<br />
intervention sécurisera la négociation<br />
sur le partage <strong>de</strong>s réalisations. Dans ce<br />
cadre, le <strong>juriste</strong> d’entreprise sera nécessairement<br />
amené à manier les règles <strong>de</strong><br />
propriété intellectuelle spécifiques aux<br />
acteurs publics, notamment celles figurant<br />
dans le CCAG PI (3) .<br />
du XX e siècle. Ainsi, les collectivités territoriales<br />
interviennent <strong>de</strong> plus en plus fréquemment<br />
sur un spectre très large, allant<br />
du maintien <strong>de</strong> commerces en milieu rural<br />
jusqu’à la construction et l’exploitation <strong>de</strong><br />
réseaux <strong>de</strong> communications électroniques<br />
à haut ou très haut débit.<br />
Cette activité pose la question d’une saine<br />
concurrence notamment lorsqu’elle donne<br />
lieu à <strong>de</strong>s ai<strong>de</strong>s publiques. Ceci n’a pas<br />
échappé à la Commission Européenne<br />
qui a récemment eu l’occasion <strong>de</strong> se prononcer<br />
sur le sujet (4) .<br />
<strong>Le</strong> secteur public est en phase <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rnisation.<br />
Des réformes sont mises en œuvre<br />
afin <strong>de</strong> concilier le développement <strong>de</strong> nouveaux<br />
besoins <strong>de</strong>s citoyens, et le nécessaire<br />
respect <strong>de</strong>s contraintes budgétaires.<br />
L’entreprise et son <strong>juriste</strong> ne peuvent ignorer<br />
les mutations en cours au sein du secteur<br />
public, qui se traduisent quotidiennement<br />
dans la vie <strong>de</strong>s affaires.<br />
(4) Lignes directrices <strong>de</strong> l’UE pour l’application <strong>de</strong>s règles<br />
relatives aux ai<strong>de</strong>s d’État dans le cadre du déploiement rapi<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>s réseaux <strong>de</strong> communication à haut débit (2013/C 25/01)<br />
Ainsi la distinction fondamentale <strong>de</strong>s disciplines<br />
juridiques, impliquant spécialisation<br />
<strong>de</strong>s enseignements et <strong>de</strong>s étudiants,<br />
a-t-elle vocation à s’estomper progressivement.<br />
De là à parler <strong>de</strong> « publicisation<br />
du droit privé »…<br />
■<br />
ISABELLE BAILLY-ETIENNE<br />
Isabelle Bailly-Etienne est Directeur<br />
Juridique Orange Business Services<br />
France du groupe France Télécom<br />
Orange. Elle est diplômée <strong>de</strong> l’université<br />
<strong>de</strong> Paris I Panthéon Sorbonne. Elle<br />
a successivement travaillé en tant que<br />
<strong>juriste</strong> dans différents groupes, puis<br />
créé une PME en 1995.<br />
En 2000, elle a rejoint le groupe France<br />
Télécom Orange, où elle a successivement<br />
été responsable juridique du<br />
marketing pour la division Entreprises,<br />
puis créé et dirigé le département droit<br />
public <strong>de</strong>s affaires <strong>de</strong> la direction juridique<br />
du groupe.<br />
Elle est <strong>de</strong>puis 2011 directrice juridique<br />
<strong>de</strong> la division Orange Business<br />
Service, et encadre une équipe <strong>de</strong> <strong>juriste</strong>s<br />
intervenant aux côtés <strong>de</strong>s forces<br />
commerciales sur les projets français<br />
et internationaux <strong>de</strong>s clients grands<br />
comptes publics et privés.<br />
17<br />
L’ACTEUR PUBLIC,<br />
Concurrent <strong>de</strong> l’entreprise<br />
Enfin le <strong>juriste</strong> d’entreprise pourra être<br />
confronté aux questions <strong>de</strong> concurrence<br />
générées par l’activité industrielle et commerciale<br />
<strong>de</strong> certains acteurs publics. A titre<br />
d’exemple, <strong>de</strong>puis quelques années, on<br />
constate une intervention <strong>de</strong> plus en plus<br />
fréquente <strong>de</strong>s collectivités territoriales dans<br />
le secteur social et marchand. Elles peuvent<br />
être amenées à se livrer à <strong>de</strong>s activités économiques<br />
potentiellement en concurrence<br />
(3) Cahier <strong>de</strong>s Clauses Administratives Générales applicables<br />
aux marchés publics <strong>de</strong> prestations intellectuelles<br />
LA COMMISSION DROIT PUBLIC DES AFFAIRES DE L’AFJE<br />
Partant du constat, d’une part que le droit public était <strong>de</strong> plus en plus présent<br />
dans la vie <strong>de</strong>s affaires et <strong>de</strong>s entreprises, et que d’autre part, les collectivités<br />
publiques s’engageaient dans <strong>de</strong>s réformes empruntant au mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’entreprise,<br />
une commission droit public <strong>de</strong>s affaires a été créée à l’AFJE.<br />
Elle est un moyen d’échanger <strong>de</strong>s connaissances, <strong>de</strong> partager <strong>de</strong>s compétences<br />
et <strong>de</strong>s expériences, entre <strong>juriste</strong>s confrontés occasionnellement ou travaillant sur<br />
<strong>de</strong>s sujets relevant du droit public <strong>de</strong>s affaires. La commission comporte à ce jour<br />
70 membres venant <strong>de</strong> secteurs d’activités très divers.<br />
Pour en savoir plus, ren<strong>de</strong>z-vous sur le site <strong>de</strong> l’AFJE, www.afje.org, à la<br />
rubrique Commission.<br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
DROIT PUBLIC DES AFFAIRES<br />
Droit public <strong>de</strong>s affaires en entreprise :<br />
désintérêt ou mutation Un faux<br />
débat<br />
Par Ian Kayanakis, Directeur Juridique, Groupe TECHNIP<br />
18<br />
Ian Kayanakis<br />
<strong>Le</strong> droit administratif (pas encore le<br />
droit public <strong>de</strong>s affaires) est monté<br />
en puissance pendant les Trente<br />
Glorieuses et jusque dans les années 80<br />
lorsque l’Etat administrait <strong>de</strong> façon quasi<br />
exclusive son économie nationale sur<br />
un mo<strong>de</strong> « colbertiste » : télécommunication,<br />
énergie, défense/armement etc.<br />
L’expression économique <strong>de</strong> la souveraineté<br />
nationale a connu une belle expansion<br />
encadrée par les lois et règlements<br />
que l’Etat votait pour gérer ses propres<br />
activités, charge pour les acteurs économiques<br />
privés (entreprises) <strong>de</strong> se mettre<br />
au diapason si elles voulaient interagir,<br />
faire du commerce avec l’Etat et les<br />
administrations publiques.<br />
Ainsi, dans les universités, à l’ENA et au<br />
sein <strong>de</strong> l’école <strong>de</strong>s sciences politiques,<br />
l’étu<strong>de</strong> du droit public <strong>de</strong>s affaires servait<br />
principalement à apprendre le mo<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong> réalisation par les administrations<br />
publiques <strong>de</strong> leur objet « social » à savoir<br />
redistribuer les ressources issues <strong>de</strong>s<br />
actifs étatiques qu’elles administraient.<br />
<strong>Le</strong> <strong>juriste</strong> <strong>de</strong> droit public en entreprise<br />
avait alors un rôle central.<br />
Si l’avènement <strong>de</strong> l’espace économique<br />
européen a sonné le renouveau du droit<br />
public grâce à la « V.2 » du droit <strong>de</strong> la<br />
comman<strong>de</strong> publique et <strong>de</strong> l’avènement<br />
du droit <strong>de</strong> la concurrence (et avec lui<br />
la régulation européenne), force est <strong>de</strong><br />
constater que les années 95-2005 sont<br />
assez décevantes pour le praticien du<br />
droit public <strong>de</strong>s affaires français traditionnel<br />
: <strong>de</strong>s formations universitaires<br />
« stars » trop peu nombreuses, <strong>de</strong>s cabinets<br />
d’avocats assez confi<strong>de</strong>ntiels et peu<br />
<strong>de</strong> départements juridiques affichant<br />
une pratique <strong>de</strong> pointe du « DPA » (1)<br />
sauf dans certaines entreprises directement<br />
héritières du passé industriel <strong>de</strong><br />
l’Etat. Or dans ce cas le DPA était souvent<br />
logé au sein du département « affaires<br />
« L’Etat a mis au placard son rôle traditionnel d’administrateur<br />
<strong>de</strong> ses ressources publiques pour endosser le costume<br />
<strong>de</strong> gestionnaire <strong>de</strong> ses actifs économiques »<br />
publiques » sous la responsabilité d’exdirecteurs<br />
<strong>de</strong> cabinets ministériels pour<br />
le compte <strong>de</strong>s activités <strong>de</strong> lobbying <strong>de</strong><br />
l’entreprise concernée. Ainsi, ce domaine<br />
du droit a-t-il fini par échapper au périmètre<br />
<strong>de</strong>s départements juridiques.<br />
(1) Acronyme très usité pour désigner le Droit Public <strong>de</strong>s<br />
Affaires<br />
Toutefois, en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s frontières <strong>de</strong><br />
l’Hexagone et au cours <strong>de</strong> la déca<strong>de</strong> suivante,<br />
ce diagnostic ne se vérifie pas.<br />
<strong>Le</strong>s années 2000 sont celles qui ont<br />
bénéficié <strong>de</strong> la <strong>de</strong>rnière gran<strong>de</strong> pério<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong> croissance et vu l’avènement <strong>de</strong> la<br />
mondialisation. Elles sont filles d’un<br />
multilatéralisme tant (i) géographique<br />
(échanges entre acteurs économiques<br />
<strong>de</strong> pays différents, création <strong>de</strong> zones <strong>de</strong><br />
libre-échange continentales), (ii) sectoriel<br />
(polarisation <strong>de</strong> la production dans<br />
les PVD (2) et concentration du tertiaire<br />
pour les pays développés) que (iii) monétaire<br />
(avènement du yuan, création <strong>de</strong><br />
l’euro) et (iv) bancaire. Ce multilatéralisme<br />
n’a pas été sans conséquence sur<br />
les pays fortement administrés économiquement<br />
comme la France. Il leur a fallu<br />
s’intégrer à ce nouveau schéma et aux<br />
énergies économiques qu’il a libérées.<br />
Petit à petit l’Etat a mis au placard son<br />
rôle traditionnel d’administrateur <strong>de</strong> ses<br />
ressources publiques -rôle pour lequel le<br />
droit administratif/public a été bâti- pour<br />
endosser le costume tout neuf <strong>de</strong> gestionnaire<br />
<strong>de</strong> ses actifs économiques. <strong>Le</strong><br />
DPA pouvait donc lui aussi abor<strong>de</strong>r une<br />
nouvelle phase <strong>de</strong> son développement.<br />
<strong>Le</strong> <strong>juriste</strong> d’entreprise spécialisé en droit<br />
public qui avait autrefois pour tâche principale<br />
d’assurer le respect du droit <strong>de</strong> la<br />
comman<strong>de</strong> publique a du commencer<br />
à s’intéresser <strong>de</strong> très près au droit privé<br />
et ce, afin <strong>de</strong> conseiller au mieux son<br />
management sur la manière dont il fallait<br />
désormais se comporter sur un marché<br />
privé, concurrentiel et international, face<br />
à <strong>de</strong>s entreprises rompues au commerce<br />
international privé. <strong>Le</strong> <strong>juriste</strong> est passé<br />
(2) Pays en voie <strong>de</strong> développement<br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
DROIT PUBLIC DES AFFAIRES<br />
19<br />
<strong>de</strong> la comman<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’Etat à la comman<strong>de</strong><br />
du marché. En outre, l’affaiblissement<br />
<strong>de</strong>s ressources financières propres <strong>de</strong>s<br />
États européens continentaux du fait <strong>de</strong><br />
50 ans <strong>de</strong> politiques « sociales » dites <strong>de</strong><br />
provi<strong>de</strong>nce, les ont obligé ainsi que les<br />
entreprises publiques à nationaliser ou à<br />
s’associer à <strong>de</strong>s entreprises privées pour<br />
financer les grands projets d’infrastructures<br />
publiques autrefois pures prérogatives<br />
<strong>de</strong> puissance publique : prisons,<br />
hôpitaux, ponts, autoroute, réseaux <strong>de</strong><br />
télécommunication. Ce fut le début <strong>de</strong><br />
l’âge d’or du partenariat public privé qui<br />
donna lieu à la fameuse ordonnance <strong>de</strong><br />
2004 dite « ordonnance PPP » (3) : le droit<br />
public <strong>de</strong>s affaires intimement mélangé<br />
au droit privé ou comment permettre<br />
à un Etat <strong>de</strong> confier le financement <strong>de</strong><br />
structures d’utilité publique voire <strong>de</strong><br />
déléguer ses pouvoirs <strong>de</strong> police à <strong>de</strong>s<br />
banques privées afin d’assurer la rénovation<br />
via un financement privé <strong>de</strong> son<br />
réseau <strong>de</strong> télécommunication sécurisé<br />
dédié à la Police Nationale et à la<br />
Gendarmerie.<br />
(3) Ordonnance n° 2004-559 du 17 juin 2004 sur les contrats<br />
<strong>de</strong> partenariat, publié dans le JORF n° 141 du 19 juin 2004<br />
<strong>Le</strong>s entreprises privées ont ainsi vu<br />
émerger sur leurs marchés comme leur<br />
contrepartie directe, <strong>de</strong>s sociétés dont<br />
l’objet était la gestion <strong>de</strong>s actifs étatiques<br />
ou para étatiques ou <strong>de</strong>s sociétés<br />
délégataires <strong>de</strong> l’Etat pour assurer la<br />
gestion <strong>de</strong>s anciens domaines régaliens<br />
voire <strong>de</strong>s sociétés issues <strong>de</strong> privatisations<br />
ayant gardé dans leur capital une participation<br />
significative <strong>de</strong> l’Etat. Dans le<br />
désordre chronologique : les banques,<br />
la Compagnie Générale <strong>de</strong>s Eaux,<br />
France Telecom, les PTT, Air France,<br />
Aerospatiale, Elf Aquitaine, Total, EDF,<br />
GDF etc.<br />
Il est donc indéniable qu’en France<br />
<strong>de</strong>puis quelques années le rapport d’antagonisme<br />
artificiellement créé entre le<br />
<strong>juriste</strong> <strong>de</strong> droit privé et celui <strong>de</strong> droit<br />
public à tendance à se rééquilibrer. <strong>Le</strong><br />
<strong>juriste</strong> <strong>de</strong> DPA reprend du « poil <strong>de</strong> la<br />
bête » et paradoxalement, cette résurgence<br />
se produit du fait du déclin ou <strong>de</strong><br />
la mutation du droit public traditionnel<br />
qui est <strong>de</strong>venu un outil à la disposition<br />
<strong>de</strong>s <strong>juriste</strong>s pour permettre aux entreprises<br />
privées, à l’Etat et aux entreprises<br />
(para)publiques d’interagir d’égal à égal.<br />
En outre, et je l’ai abordé précé<strong>de</strong>mment,<br />
le multipartisme géographique<br />
est aussi un facteur qui explique cette<br />
résurgence. La dimension internationale<br />
du développement économique <strong>de</strong>s<br />
entreprises privées et para publiques rend<br />
aussi nécessaire une excellente pratique<br />
du DPA que je qualifierai d’« international<br />
» : conventions fiscales, traités sur<br />
les investissements réciproques, conventions<br />
internationales sur le développement<br />
économique etc. Une mutation<br />
s’est opérée : nous passons du droit <strong>de</strong><br />
la comman<strong>de</strong> publique au droit <strong>de</strong> l’interaction<br />
<strong>de</strong> la personne publique avec<br />
<strong>de</strong>s contreparties privées.<br />
Ces considérations générales me permettent<br />
ainsi d’affirmer sans prendre<br />
trop <strong>de</strong> risque que si (en moyenne) le<br />
<strong>juriste</strong> d’entreprise a pu être un expert<br />
du DPA et il le fut dans <strong>de</strong>s entreprises<br />
publiques ou dans <strong>de</strong>s administrations,<br />
il est désormais (toujours en moyenne)<br />
un généraliste <strong>de</strong> droit <strong>de</strong>s affaires<br />
rompu à la pratique du DPA dans un<br />
contexte d’interactions internationales<br />
entre acteurs économiques <strong>de</strong> niveau<br />
équivalent.<br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
DROIT PUBLIC DES AFFAIRES<br />
IAN KAYANAKIS<br />
Anciennement avocat au Barreau<br />
<strong>de</strong> Paris et collaborateur <strong>de</strong><br />
Me Serge Lazareff, Ian Kayanakis<br />
a mis son expérience au service <strong>de</strong><br />
groupes internationaux comme<br />
EADS pendant 6 ans et désormais<br />
Technip.<br />
Il est actuellement directeur<br />
juridique au sein <strong>de</strong> la Direction<br />
Juridique du Groupe TECHNIP<br />
où il est plus particulièrement<br />
en charge <strong>de</strong>s fusions-acquisitions,<br />
<strong>de</strong>s restructurations ainsi que <strong>de</strong>s<br />
contentieux Groupe, ayant une<br />
expérience poussée <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s<br />
transactions internationales ainsi<br />
qu’une pratique ICC dans plusieurs<br />
juridictions.<br />
20<br />
Prenons donc l’exemple <strong>de</strong> Technip (4)<br />
(émanation privée <strong>de</strong> l’Institut Français<br />
du Pétrole) réalisant la très gran<strong>de</strong> majorité<br />
<strong>de</strong> son chiffre d’affaire en <strong>de</strong>hors<br />
<strong>de</strong> France et d’Europe et qui compte<br />
parmi ses clients les plus importants <strong>de</strong>s<br />
IOC (5) ou <strong>de</strong>s NOC (6) comme Petronas<br />
en Malaisie ou Petrobras au Brésil. Ces<br />
entités sont chargées par les Etats au<br />
terme <strong>de</strong> mise en concurrence parfois<br />
internationale, du passage <strong>de</strong> la<br />
comman<strong>de</strong> publique en matière d’exploitation<br />
<strong>de</strong> leurs ressources énergétiques.<br />
Une fois la concession (ou toute<br />
autre forme <strong>de</strong> contrat public local)<br />
accordée par l’Etat, Petrobras sur la<br />
(4) Technip est un lea<strong>de</strong>r mondial du management <strong>de</strong> projets,<br />
<strong>de</strong> l’ingénierie et <strong>de</strong> la construction pour l’industrie <strong>de</strong><br />
l’énergie. Technip est actif dans trois segments d’activités :<br />
Subsea, Offshore et Onshore. Il représente aujourd’hui :<br />
36 500 collaborateurs dans 48 pays ; <strong>de</strong>s actifs industriels<br />
sur 5 continents ; une fl otte <strong>de</strong> 28 navires en opération et<br />
4 nouveaux en construction ; résultat opérationnel 2012 :<br />
821,7 millions d’euros ; chiffre d’affaires 2012 : 8,2 milliards<br />
d’euros. Technip est coté à la Bourse <strong>de</strong> Paris (EU-<br />
RONEXT : FR0000131708).<br />
(5) International Oil Company<br />
(6) National Oil Company<br />
base du même type <strong>de</strong> sélection passe<br />
donc <strong>de</strong>s contrats d’exploitation ou <strong>de</strong><br />
co-gestion avec <strong>de</strong>s majors pétrolières/<br />
gazières lesquelles émettent à leur tour<br />
<strong>de</strong>s appels d’offre aux sous-traitants sur<br />
la base <strong>de</strong> cahiers <strong>de</strong>s charges qui ont<br />
forcément reçu l’aval <strong>de</strong> ces IOC/NOC.<br />
<strong>Le</strong> mécanisme traditionnel <strong>de</strong> la comman<strong>de</strong><br />
publique se trouve en quelque<br />
sorte « privatisé » par ces majors qui<br />
l’imposent à leurs sous-traitants mais<br />
dans une relation strictement <strong>de</strong> droit<br />
privé. Au sein <strong>de</strong> sa direction juridique<br />
mon<strong>de</strong> un groupe comme Technip ne<br />
compte pas <strong>de</strong> <strong>juriste</strong> en droit public <strong>de</strong>s<br />
affaires toutefois, nécessité faisant loi,<br />
les <strong>juriste</strong>s <strong>de</strong> ce Groupe ont l’obligation<br />
<strong>de</strong> raisonner, <strong>de</strong> travailler d‘avoir <strong>de</strong>s<br />
réflexes qui sont très similaires à ceux<br />
du <strong>juriste</strong> <strong>de</strong> DPA « ancienne version »<br />
ainsi qu’une très gran<strong>de</strong> sensibilité aux<br />
problématiques export public alors qu’ils<br />
sont pour la gran<strong>de</strong> majorité <strong>de</strong>s privatistes<br />
<strong>de</strong> formation. En sus, les <strong>juriste</strong>s<br />
<strong>de</strong> Technip sont aussi capables <strong>de</strong> fournir<br />
leur input en prenant en compte les<br />
règles internationales publiques très spécifiques<br />
issues <strong>de</strong>s nouvelles contraintes<br />
juridiques nées du multilatéralisme que<br />
j’évoquais précé<strong>de</strong>mment (traités internationaux,<br />
conventions fiscales, convention<br />
OCDE, Compliance, Export Control<br />
etc. (7) ). En cela la V.2 du DPA a toute<br />
son importance dans cette entreprise et<br />
je ne connais aucun <strong>de</strong> ses <strong>juriste</strong>s qui<br />
verrait une raison valable <strong>de</strong> distinguer<br />
la nature privée ou publique <strong>de</strong> leur pratique,<br />
pour eux c’est du droit rien que<br />
du droit et tout le droit, au service <strong>de</strong><br />
leur entreprise.<br />
■<br />
Ian Kayanakis collabore aussi<br />
à certains évènements <strong>de</strong> l’Institut<br />
<strong>de</strong> la CCI comme le Forum<br />
<strong>de</strong>s Jeunes Arbitres ou le PIDA<br />
contrats internationaux et est<br />
membre <strong>de</strong> la commission sur<br />
l’arbitrage international du Comité<br />
Français à la CCI.<br />
(7) <strong>Le</strong> terme générique usité pour décrire tout cela peut être<br />
« droit international économique » ou « droit économique international<br />
» selon les Masters qui l’enseignent.<br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
DROIT PUBLIC DES AFFAIRES<br />
La comman<strong>de</strong> publique : porosité<br />
entre droit privé et droit public<br />
Avec Audrey Mazetier, <strong>juriste</strong> conseil en marchés publics à la Région Ile-<strong>de</strong>-France<br />
Juriste en collectivité, son rôle est <strong>de</strong> conseiller et d’assister<br />
les différents acteurs <strong>de</strong> la comman<strong>de</strong> publique (maîtrise<br />
d’ouvrage, mandataires <strong>de</strong> la maîtrise d’ouvrage, maîtres<br />
d’œuvres puis entreprises) dans la passation <strong>de</strong>s marchés<br />
publics pour les besoins <strong>de</strong> la Région Ile-<strong>de</strong>-France.<br />
Audrey Mazetier<br />
Ma mission est nécessairement<br />
dominée par l’intérêt général<br />
<strong>de</strong> la collectivité, celui<br />
notamment <strong>de</strong>s lycées dont nous avons<br />
en charge la construction, l’équipement<br />
et le fonctionnement <strong>de</strong>puis la loi du<br />
13 août 2004 sur les libertés et les responsabilités<br />
locales. C’est toujours dans<br />
ce but d’intérêt général que nous faisons<br />
appel à <strong>de</strong>s professionnels, entreprises<br />
privées.<br />
Bien que nos relations soient régies par le<br />
droit public, pour autant, je ressens quotidiennement<br />
la prégnance du droit privé<br />
dans la comman<strong>de</strong> publique.<br />
<strong>Le</strong> droit <strong>de</strong>s marchés publics a été construit<br />
autour d’une porosité entre droit public<br />
et droit privé : la mise en concurrence <strong>de</strong>s<br />
entreprises pour choisir l’attributaire du<br />
marché, le respect <strong>de</strong> l’égalité <strong>de</strong> traitement<br />
entre tous les candidats et le choix <strong>de</strong><br />
l’offre la mieux disante… Ces notions traduisent<br />
l’utilisation du droit privé comme<br />
outil d’une réflexion qui s’engage davantage<br />
sur le terrain économique.<br />
Sans perdre <strong>de</strong> vue le <strong>de</strong>ssein final – la<br />
charge du patrimoine <strong>de</strong>s lycées en Ile <strong>de</strong><br />
France – ma priorité lors <strong>de</strong> l’analyse <strong>de</strong>s<br />
offres est <strong>de</strong> m’assurer que l’entreprise<br />
choisie sera la plus qualifiée et expérimentée<br />
en même temps que la plus économique.<br />
<strong>Le</strong> curseur <strong>de</strong> l’analyse <strong>de</strong>s offres<br />
se déplace alors vers un véritable rapport<br />
qualité/prix.<br />
En procédure adaptée, le pouvoir adjudicateur<br />
ayant plus <strong>de</strong> latitu<strong>de</strong> dans l’application<br />
du droit <strong>de</strong>s marchés publics, une<br />
autre notion issue du droit privé occupe<br />
une place prépondérante : la négociation<br />
avec les entreprises. Celle-ci peut porter sur<br />
tous les éléments <strong>de</strong> l’offre mais s’oriente<br />
généralement sur le prix. L’intérêt <strong>de</strong> cette<br />
pratique est d’obtenir une offre techniquement<br />
en adéquation avec le cahier<br />
<strong>de</strong>s charges mais surtout en adéquation<br />
financière avec les crédits alloués pour les<br />
opérations <strong>de</strong> construction ou restructuration<br />
<strong>de</strong>s lycées.<br />
<strong>Le</strong>s mandataires et maîtres d’œuvres avec<br />
lesquels je travaille au quotidien sont<br />
majoritairement <strong>de</strong>s acteurs privés. <strong>Le</strong>ur<br />
domaine d’intervention leur comman<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong> connaître le mon<strong>de</strong> du droit public et<br />
<strong>de</strong>s contrats publics – qui ne leur est pas<br />
familier – afin d’appréhen<strong>de</strong>r au mieux<br />
l’action <strong>de</strong> la collectivité pour laquelle ils<br />
travaillent. Ce « partenariat public-privé »<br />
est précieux dans mon travail.<br />
<strong>Le</strong> droit privé a influencé ma conduite<br />
dans la passation <strong>de</strong>s marchés cependant<br />
je gar<strong>de</strong> à l’esprit que l’intérêt général reste<br />
le but final que je dois défendre auprès<br />
<strong>de</strong>s différents acteurs <strong>de</strong> la comman<strong>de</strong><br />
publique. <strong>Le</strong>s exigences en termes <strong>de</strong> délais<br />
et <strong>de</strong> réception <strong>de</strong>s travaux répon<strong>de</strong>nt<br />
avant tout à la nécessité d’offrir aux élèves<br />
<strong>de</strong>s bâtiments scolaires neufs ou rénovés.<br />
La frontière intérêt privé et intérêt général<br />
se confond tout à fait dès lors que nos<br />
marchés publics constituent un accélérateur<br />
<strong>de</strong> croissance économique pour les<br />
entreprises privées locales. <strong>Le</strong> pluralisme<br />
d’intervention <strong>de</strong> la Région Ile-<strong>de</strong>-France<br />
offre une diversité dans notre comman<strong>de</strong><br />
publique tant en matière <strong>de</strong> travaux que<br />
<strong>de</strong> fournitures ou <strong>de</strong> services et l’égalité <strong>de</strong><br />
traitement entre tous les candidats laisse<br />
toutes leurs chances aux entreprises d’obtenir<br />
le marché.<br />
■<br />
AUDREY MAZETIER<br />
Diplômée d’un master en droit public<br />
ainsi qu’un double master 2 en Droit et<br />
Administration <strong>de</strong>s Collectivités Territoriales<br />
<strong>de</strong> l’Université Paris V Descartes<br />
et Contentieux publics <strong>de</strong> l’Université<br />
Paris I Sorbonne, Audrey Mazetier a<br />
intégré la Région Ile <strong>de</strong> France en 2010<br />
au sein <strong>de</strong>s affaires juridiques.<br />
Chargée <strong>de</strong> conseil et d’étu<strong>de</strong>s juridiques<br />
en matière <strong>de</strong> développement<br />
économique, recherche, innovation,<br />
enseignement supérieur et emploi<br />
jusqu’en 2012, elle intervient aujourd’hui<br />
tant en conseil qu’en assistance<br />
dans la passation et le suivi <strong>de</strong>s<br />
marchés publics relatifs aux lycées <strong>de</strong><br />
la Région Ile <strong>de</strong> France et à la formation<br />
professionnelle.<br />
21<br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
L’APPRENTISSAGE<br />
TOUT SAVOIR SUR<br />
L’APPRENTISSAGE :<br />
une formation<br />
d’excellence<br />
au bénéfice<br />
<strong>de</strong>s directions<br />
juridiques<br />
22<br />
P. 22 INTRODUCTION<br />
P. 23 La formation par alternance : une solution aux besoins<br />
<strong>de</strong>s jeunes et <strong>de</strong>s entreprises<br />
Par Gérard Cherpion, député <strong>de</strong>s Vosges, conseiller régional <strong>de</strong> Lorraine, auteur <strong>de</strong><br />
la loi du 28 juillet 2011 pour le développement <strong>de</strong> l’alternance et la sécurisation <strong>de</strong>s<br />
parcours professionnels<br />
P. 26 TEMOIGNAGES<br />
P. 26 Choisir l’apprentissage<br />
Entretien avec le Professeur Jérôme Duval-Hamel, Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’Ecole <strong>de</strong> Droit et<br />
Management <strong>de</strong> Paris II, CoDirecteur du M2/MBA Droit <strong>de</strong>s affaires et Management-<br />
Gestion <strong>de</strong> Paris II<br />
P. 28 Maître et apprenti : regards croisés sur une formation<br />
<strong>de</strong> qualité !<br />
Avec Isabelle Hautot, « maître d’apprentissage », directeur juridique ORANGE Group<br />
et Benjamin Courraud, « apprenti », <strong>juriste</strong> chez Orange, Département Contentieux<br />
P. 30 L’apprentissage en Master 2 Juriste d’entreprise,<br />
le choix <strong>de</strong> l’excellence<br />
Avec Michel Dupuis, Professeur à la Faculté <strong>de</strong> Droit - Université Lille 2<br />
P. 31 <strong>Le</strong> Master Juriste d’Entreprise <strong>de</strong> Tours :<br />
l’apprentissage, une voie vers la professionnalisation<br />
Avec Martin Oudin, Directeur <strong>de</strong> la spécialité Commerce et Finance, et Vincent<br />
Roulet, Directeur <strong>de</strong> la spécialité Relations <strong>de</strong> travail, professeurs à l’Université<br />
François-Rabelais <strong>de</strong> Tours<br />
P. 32 Jeune diplômé et opérationnel : l’apprentissage,<br />
une formule gagnante !<br />
Avec Sébastien Turin, <strong>juriste</strong> chez DBApparel, responsable Comité <strong>de</strong>s Jeunes <strong>de</strong><br />
l’AFJE<br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
L’APPRENTISSAGE<br />
La formation par alternance :<br />
une solution aux besoins<br />
<strong>de</strong>s jeunes et <strong>de</strong>s entreprises<br />
Trop longtemps considéré comme une formation<br />
par défaut, l’apprentissage a souffert d’une mauvaise<br />
réputation : voie <strong>de</strong> l’échec, voie vers <strong>de</strong>s emplois<br />
manuels peu qualifiés. Pourtant, la loi « Seguin »<br />
<strong>de</strong> 1987 avait déjà pour objectif <strong>de</strong> valoriser l’alternance,<br />
en particulier en établissant <strong>de</strong>s passerelles entre<br />
différentes formations.<br />
Gérard Cherpion, député <strong>de</strong>s Vosges,<br />
auteur et rapporteur <strong>de</strong> la loi du 28 juillet<br />
2011 relative à l’alternance<br />
Chaque jeune est unique et<br />
son aptitu<strong>de</strong> à se former peut<br />
prendre <strong>de</strong>s formes diverses :<br />
enseignement général, professionnel,<br />
ou parcours mixte. Il est ainsi possible<br />
pour un apprenti <strong>de</strong> débuter sa formation<br />
en CAP pour atteindre un BAC +<br />
5, comme, par exemple, ces trois jeunes<br />
qui ont commencé leur carrière avec<br />
un CAP papetier à Gérardmer et qui,<br />
aujourd’hui, entrent en école d’ingénieur<br />
à Grenoble.<br />
Ainsi tous les niveaux <strong>de</strong> formation sont<br />
ouverts à l’alternance et doivent permettre<br />
un apprentissage. Régi par un<br />
contrat <strong>de</strong> travail, celui-ci lie le jeune,<br />
l’entreprise et l’établissement <strong>de</strong> formation.<br />
De plus, pour l’étudiant, c’est un<br />
moyen <strong>de</strong> financement <strong>de</strong> ses étu<strong>de</strong>s.<br />
L’alternance entre pério<strong>de</strong>s universitaires<br />
et en entreprises permet <strong>de</strong> découvrir les<br />
différents métiers <strong>de</strong> celles-ci. Cela est<br />
bénéfique pour le jeune qui met à profit<br />
ses connaissances dans l’entreprise et<br />
complète en retour sa formation universitaire.<br />
C’est aussi bénéfique pour l’entreprise<br />
qui, en formant <strong>de</strong>s jeunes, prépare<br />
son avenir mais aussi le leur en agissant<br />
sur la pyrami<strong>de</strong> <strong>de</strong>s âges et en profitant<br />
<strong>de</strong> leur dynamisme, <strong>de</strong> leur créativité et<br />
<strong>de</strong> leur vision extérieure.<br />
Alors que l’entreprise reste le principal<br />
financeur <strong>de</strong> l’alternance, l’Etat et les<br />
Régions ont développé <strong>de</strong>s politiques<br />
d’accompagnement, tant du jeune que<br />
<strong>de</strong> l’employeur.<br />
La pério<strong>de</strong> d’alternance d’une durée <strong>de</strong><br />
6 mois à 3 ans crée <strong>de</strong>s liens professionnels<br />
et personnels qui, dans 80 % <strong>de</strong>s cas,<br />
permettent une embauche à la suite <strong>de</strong><br />
l’obtention du diplôme.<br />
<strong>Le</strong> contrat <strong>de</strong> professionnalisation est<br />
une autre forme d’alternance qui a <strong>de</strong>ux<br />
caractéristiques essentielles : d’une part,<br />
il n’y a aucune limite d’âge et, d’autre<br />
part, c’est un dispositif <strong>de</strong> formation initiale<br />
mais aussi <strong>de</strong> promotion sociale ou<br />
<strong>de</strong> reconversion.<br />
23<br />
LOI CHERPION DU 28 JUILLET 2011 POUR LE DEVELOPPEMENT DE L’ALTERNANCE,<br />
LA SECURISATION DES PARCOURS PROFESSIONNELS ET LE PARTAGE DE LA VALEUR AJOUTEE<br />
En vue <strong>de</strong> répondre à la volonté <strong>de</strong> l’Etat <strong>de</strong> faire <strong>de</strong> l’alternance une arme <strong>de</strong> lutte contre le chômage <strong>de</strong>s jeunes, la loi Cherpion comporte <strong>de</strong><br />
nombreuses dispositions visant à favoriser le développement <strong>de</strong> l’apprentissage et du contrat <strong>de</strong> professionnalisation.<br />
Cette loi a pour objectif :<br />
• De créer le contrat <strong>de</strong> sécurisation professionnel (CSP)<br />
• De favoriser les contrats en alternance<br />
• De fi xer une durée minimale pour la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> professionnalisation<br />
• D’encadrer les stages en entreprises<br />
• De développer les groupements d’employeurs<br />
Elle s’inscrit dans le prolongement <strong>de</strong>s ai<strong>de</strong>s à l’emploi en alternance et <strong>de</strong> l’accord national interprofessionnel du 7 juin 2011<br />
sur l’accompagnement <strong>de</strong>s jeunes <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs d’emploi dans leur accès à l’emploi.<br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
L’APPRENTISSAGE<br />
24<br />
Il peut être conclu pour une durée déterminée,<br />
<strong>de</strong> 6 à 24 mois sous certaines<br />
conditions, ou pour une durée indéterminée.<br />
Depuis la loi du 28 juillet 2011,<br />
il est possible <strong>de</strong> conclure <strong>de</strong>ux contrats<br />
<strong>de</strong> professionnalisation successifs dès<br />
lors que la secon<strong>de</strong> qualification visée<br />
est supérieure ou complémentaire à la<br />
première, par exemple en passant d’un<br />
master 1 à un master 2 ou <strong>de</strong>ux masters<br />
2 complémentaires.<br />
L’alternance répond ainsi à différents<br />
besoins et est capable <strong>de</strong> s’adapter à<br />
toutes les situations. C’est une voie <strong>de</strong><br />
réussite et d’excellence. Alors que certaines<br />
s’y sont déjà fortement engagées,<br />
chaque branche professionnelle <strong>de</strong>vrait<br />
développer l’alternance car elle donne à<br />
l’étudiant une expérience, une envie <strong>de</strong><br />
progresser et une bonne connaissance <strong>de</strong>s<br />
différents métiers qui, en faisant fructifier<br />
une orientation réussie, lui permet<br />
d’accé<strong>de</strong>r à l’emploi.<br />
L’alternance est un véritable défi qui doit<br />
être relevé par tous pour continuer à faire<br />
évoluer ces formations qui sont aussi une<br />
réponse au chômage <strong>de</strong>s jeunes.<br />
Gérard Cherpion, Député <strong>de</strong>s Vosges,<br />
conseiller régional <strong>de</strong> Lorraine, Auteur et<br />
rapporteur <strong>de</strong> la loi du 28 juillet 2011 pour<br />
le développement <strong>de</strong> l’alternance et la<br />
sécurisation <strong>de</strong>s parcours professionnels ■<br />
L’APPRENTISSAGE ET L’EUROPE<br />
Développer un apprentissage plus effi cace en Europe est <strong>de</strong>venu au fi l du temps une<br />
priorité <strong>de</strong> la Commission Européenne. Pour promouvoir ce système, elle a mis en<br />
place <strong>de</strong> nombreux programmes pour faciliter la mobilité <strong>de</strong>s apprentis en préparant<br />
un cadre légal commun. <strong>Le</strong>s apprentis représentent ainsi un <strong>de</strong>s publics du<br />
programme communautaire LEONARDO, visant à soutenir la formation<br />
professionnelle, en permettant aux lycéens, apprentis et salariés en formation<br />
d’effectuer <strong>de</strong>s stages en entreprise dans un autre pays membre.<br />
Bien que beaucoup <strong>de</strong> pays <strong>de</strong> l’Union européenne disposent du dispositif <strong>de</strong><br />
l’apprentissage, cette fi lière ne constitue pourtant pas encore un mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> formation<br />
dominant en Europe. Ainsi, alors que dans certains pays européens l’apprentissage<br />
est quasi-inexistant ou souffre d’une mauvaise image, dans d’autres il a été bien<br />
intégré au système éducatif. En Allemagne, par exemple, avec 1,6 millions<br />
d’apprentis, l’apprentissage constitue la voie dominante et bénéfi cie d’une gran<strong>de</strong><br />
considération auprès <strong>de</strong>s jeunes, <strong>de</strong>s entreprises et <strong>de</strong>s partenaires sociaux.<br />
Au Danemark, ce dispositif constitue même la seule modalité <strong>de</strong> formation <strong>de</strong><br />
l’enseignement professionnel secondaire. Pour d’autres pays européens tels que<br />
l’Angleterre, l’apprentissage constitue encore une voie <strong>de</strong> formation minoritaire,<br />
distincte <strong>de</strong> la voie scolaire ; i<strong>de</strong>m pour les Pays-Bas, où la formation professionnelle<br />
initiale repose avant tout sur l’école.<br />
<strong>Le</strong> dispositif <strong>de</strong> l’apprentissage tient donc une place plus ou moins gran<strong>de</strong> dans le<br />
système <strong>de</strong> formation professionnelle d’un pays selon l’histoire <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier. La<br />
France avec les <strong>de</strong>rnières évolutions <strong>de</strong> la législation relative à la formation<br />
professionnelle, est aujourd’hui en phase <strong>de</strong> rattraper son retard, notamment sur les<br />
pays nordiques, en privilégiant <strong>de</strong> plus en plus ces formations en alternance, au<br />
bénéfi ce <strong>de</strong>s étudiants mais également <strong>de</strong>s employeurs, dans le souci permanent <strong>de</strong><br />
favoriser d’une part l’insertion professionnelle <strong>de</strong>s jeunes, et d’autre part la<br />
compétitivité <strong>de</strong>s entreprises.<br />
Pour en savoir plus sur les programmes européens d’apprentissage, consultez le site<br />
<strong>de</strong> la Commission Européenne : http://ec.europa.eu/dgs/education_culture<br />
Anne Renoncet ■<br />
L’APPRENTISSAGE EN FRANCE EN QUELQUES CHIFFRES<br />
<strong>Le</strong>s établissements <strong>de</strong> formation :<br />
1 000 CFA (Centre <strong>de</strong> Formation d’Apprentis) - 200 SA (Section d’Apprentissage) - 300 UFA (Unité <strong>de</strong> Formation par Apprentissage)<br />
<strong>Le</strong>s effectifs :<br />
Nombre d’apprentis à la rentrée 2012 : 419000, tout niveau<br />
confondu ;<br />
Sur ces 419000, 111405 jeunes ont préparé un diplôme<br />
d’enseignement supérieur par apprentissage ;<br />
<strong>Le</strong>s effectifs <strong>de</strong>s apprentis dans le supérieur progressent <strong>de</strong> 12 %<br />
par an en moyenne <strong>de</strong>puis 10 ans, contre 1,3 % dans le<br />
secondaire.<br />
L’insertion <strong>de</strong>s apprentis en étu<strong>de</strong>s supérieures 6 mois<br />
après leur diplôme :<br />
80 % pour les étudiants <strong>de</strong> Licence pro et Master pro ;<br />
78,5 % pour les BTS ;<br />
<strong>Le</strong> financement :<br />
De 2000 à 2008, la dépense nationale en matière d’apprentissage<br />
a augmenté <strong>de</strong> 29,5 %, pour atteindre 4 834 millions d’euros.<br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
ContractExpress : un outil<br />
collaboratif avec lequel les <strong>juriste</strong>s<br />
<strong>de</strong>viennent « facililateurs » <strong>de</strong> droit<br />
Publi rédactionnel<br />
ENTREPRISES ET CABINETS D’AVOCATS PEUVENT GÉRER EN<br />
TOUTE AUTONOMIE UN LOGICIEL D’AUTOMATISATION DES<br />
MODÈLES DE CONTRATS BASÉS SUR LE FORMAT WORD. UN<br />
RÉEL GAIN DE TEMPS, TANT POUR LES JURISTES QUE POUR LES<br />
OPÉRATIONNELS, ET CELA EN TOUTE SÉCURITÉ.<br />
AVEC CONTRACTEXPRESS, UN LOGICIEL NÉ DU PROJET D’UN<br />
ÉTUDIANT DE L’IMPERIAL COLLEGE OF LONDON 1 , LES JURISTES<br />
VONT VERS LES OPÉRATIONNELS EN SE FAISANT FORCE DE<br />
PROPOSITION. LES EXPLICATIONS AVEC ERIC ECK, « HEAD OF<br />
EUROPEAN OPERATIONS » DE BUSINESS INTEGRITY, ÉDITEUR<br />
DU LOGICIEL.<br />
Comment le logiciel d’assemblage<br />
<strong>de</strong> contrats fonctionne-t-il <br />
<strong>Le</strong>s modèles sont automatisés par un<br />
<strong>juriste</strong> qui crée dans le même temps un<br />
questionnaire, stocké comme les modèles<br />
sur un serveur et <strong>de</strong>stiné aux utilisateurs<br />
<strong>de</strong> l’entreprise 2 . Qu’ils soient <strong>juriste</strong>s,<br />
managers ou opérationnels, ces <strong>de</strong>rniers<br />
y accè<strong>de</strong>nt par le biais <strong>de</strong> l’Intranet <strong>de</strong><br />
l’entreprise, un navigateur leur permettant<br />
<strong>de</strong> remplir un formulaire électronique : le<br />
<br />
<br />
<br />
gère les droits d’accès <strong>de</strong>s utilisateurs en<br />
fonction <strong>de</strong> la politique <strong>de</strong> l’entreprise.<br />
Et si, en intervenant, un utilisateur sort<br />
du paramétrage prévu, le département<br />
juridique qui se voit retourner le document<br />
reprend la main avant <strong>de</strong> renvoyer la pièce<br />
<br />
d’une fonction d’approbation : le document<br />
ne sort <strong>de</strong> l’entreprise que s’il a été<br />
approuvé par les personnes compétentes.<br />
ContractExpress est donc performant à plus<br />
d’un titre : la mise à jour <strong>de</strong>s documents est<br />
rapi<strong>de</strong>, les autorisations sont aussi simples<br />
à créer que les documents à distribuer, le<br />
tout étant entièrement sécurisé grâce à<br />
<br />
Sur quels services les clients<br />
peuvent-ils compter pour pouvoir<br />
s’approprier l’outil <br />
Il y en a <strong>de</strong>ux : la formation à l’automatisation,<br />
<br />
<br />
pendant <strong>de</strong>ux jours auprès <strong>de</strong>s <strong>juriste</strong>s <strong>de</strong><br />
l’entreprise 3 , et l’intégration au système<br />
d’information du client, l’objectif étant <strong>de</strong><br />
<br />
du poste informatique <strong>de</strong>s <strong>juriste</strong>s 4 .<br />
Quels sont les délais <strong>de</strong> mise en<br />
place du système et quel budget<br />
moyen faut-il compter<br />
L’entreprise peut être opérationnelle au<br />
bout d’une semaine, avec une ou <strong>de</strong>ux<br />
personnes dédiées. Pratiquement, tout<br />
<br />
informatiques <strong>de</strong> l’entreprise pour nous<br />
assister. Il faut compter entre 20.000 et<br />
500.000€ 5 <br />
<br />
<br />
Quels sont les retours<br />
d’expérience <strong>de</strong> vos clients <br />
Des entreprises comme Cisco, Microsoft,<br />
<br />
ont éprouvé le logiciel. Prenons le cas <strong>de</strong><br />
Cisco avec la rédaction <strong>de</strong>s lettres <strong>de</strong><br />
<br />
<br />
sept jours, celle-ci ne prend plus que dix<br />
minutes. L’entreprise estime économiser<br />
ainsi 350.000 dollars à l’année.<br />
1 Ce projet était tellement pertinent que Richard Suskin, expert mondial <strong>de</strong> la convergence <strong>de</strong>s nouvelles technologies et du droit, s’est associé aux travaux.<br />
2 <strong>Le</strong> service juridique ou le cabinet d’avocats automatisant les portefeuilles <strong>de</strong> contrats <strong>de</strong> tous types actualisent en permanence les documents juridiques, ainsi directement utilisables<br />
par les opérationnels.<br />
3 La formation peut aussi être suivie sur Londres, au siège du fournisseur <strong>de</strong> logiciels.<br />
4 Business Integrity propose aussi d’automatiser les documents. Inconvénient majeur pour le client ; il ne maîtrise pas l’outil.<br />
5 L’amplitu<strong>de</strong> dépend du nombre d’utilisateurs auxquels les licences sont vendues.
L’APPRENTISSAGE<br />
Choisir l’apprentissage<br />
Entretien avec le Professeur Jérôme Duval-Hamel, Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’Ecole <strong>de</strong> Droit<br />
et Management <strong>de</strong> Paris II, CoDirecteur du M2/MBA Droit <strong>de</strong>s affaires et Management-<br />
Gestion <strong>de</strong> Paris<br />
26<br />
Jérôme Duval-Hamel<br />
Quels sont, selon vous,<br />
les enjeux <strong>de</strong> l’apprentissage <br />
La compétitivité du mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s affaires<br />
nécessite que les jeunes entrant sur le<br />
marché du travail disposent non seulement<br />
<strong>de</strong> compétences académiques<br />
soli<strong>de</strong>s, mais aussi d’une réelle expérience<br />
<strong>de</strong>s processs opérationnels <strong>de</strong><br />
travail et d’une vraie connaissance <strong>de</strong>s<br />
entreprises. Celles-ci seront en effet, par<br />
exemple pour nos <strong>juriste</strong>s, leurs futurs<br />
clients ou leurs employeurs. La compréhension<br />
<strong>de</strong> leurs mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> fonctionnement<br />
est donc capitale.<br />
L’apprentissage est une réponse parfaite<br />
à cette nécessité <strong>de</strong> professionnalisation<br />
précoce. C’est pourquoi les universités<br />
ont développé <strong>de</strong>s formations en apprentissage<br />
<strong>de</strong> qualité qui permettent donc à<br />
chaque étudiant <strong>de</strong> construire un parcours<br />
prometteur en alternance et en<br />
pleine cohérence avec les attentes du<br />
mon<strong>de</strong> professionnel.<br />
Très concrètement, ces formations permettent<br />
aux apprentis <strong>de</strong> bénéficier du<br />
double statut étudiant/salarié, d’être<br />
rémunérés, <strong>de</strong> mettre en application les<br />
notions théoriques acquises en cours, <strong>de</strong><br />
découvrir <strong>de</strong>s métiers et <strong>de</strong> saisir, parfois,<br />
l’opportunité <strong>de</strong> transformer le contrat<br />
d’apprentissage en contrat à long terme<br />
avec son entreprise.<br />
Vous avez participé aux<br />
rédactions <strong>de</strong>s principales lois<br />
sur l’apprentissage, quels sont<br />
les intérêts pour les entreprises <br />
L’apprentissage est une contribution efficace<br />
à la formation <strong>de</strong>s futures forces<br />
vives <strong>de</strong>s entreprises, et plus globalement<br />
à l’effort national <strong>de</strong> qualification et<br />
d’employabilité. <strong>Le</strong>s entreprises doivent<br />
donc y participer, ce n’est pas une question<br />
d’opportunité mais <strong>de</strong> nécessité. <strong>Le</strong>s<br />
allemands d’ailleurs parlent à propos <strong>de</strong><br />
l’apprentissage d’obligation citoyenne<br />
pour les entreprises.<br />
« L’apprentissage est une contribution efficace à la formation<br />
<strong>de</strong>s futures forces vives <strong>de</strong>s entreprises, et plus globalement<br />
à l’effort national <strong>de</strong> qualification et d’employabilité »<br />
Certaines entreprises françaises ont,<br />
hélas, trop souvent oublié cette dimension<br />
socialement responsable <strong>de</strong> l’apprentissage<br />
pour n’y voir qu’un effet<br />
d’aubaine. <strong>Le</strong>s gouvernements successifs<br />
ont donc dû rendre le dispositif <strong>de</strong><br />
l’apprentissage toujours plus attractif.<br />
Ainsi aujourd’hui pour une entreprise<br />
employant 10 salariés au plus, la totalité<br />
<strong>de</strong>s charges sociales est exonérée.<br />
Pour les entreprises employant plus <strong>de</strong><br />
10 salariés, l’exonération porte sur les<br />
charges salariales et patronales <strong>de</strong> la<br />
sécurité sociale. Par ailleurs, un crédit<br />
d’impôt peut être accordé aux entreprises<br />
qui emploient <strong>de</strong>s apprentis. Ce<br />
dispositif fiscal permet aux employeurs<br />
<strong>de</strong> percevoir, sous certaines conditions,<br />
1 600 € par an et par apprenti. Plus globalement,<br />
l’engagement d’un apprenti au<br />
sein d’une entreprise permet notamment<br />
à celle-ci d’être exonérée dans une certaine<br />
mesure <strong>de</strong> payer la taxe d’apprentissage,<br />
impôt obligatoire versé chaque<br />
année par toutes les entreprises aux formations<br />
<strong>de</strong> ce type.<br />
Avec le Professeur<br />
Michel Germain vous dirigez<br />
une formation en alternance<br />
le M2/MBA Droit <strong>de</strong>s Affaires<br />
et Management - Gestion<br />
<strong>de</strong> Paris II Panthéon <strong>Assas</strong>,<br />
que peut-on en dire <br />
Cette double formation est <strong>de</strong>puis l’origine<br />
en apprentissage, a été créée et est<br />
gérée en partenariat étroit avec l’AFJE.<br />
Cette présence <strong>de</strong> la profession a permis,<br />
en seulement 5 ans, que le Master 2/<br />
MBA <strong>de</strong>vienne une véritable référence<br />
dans le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s affaires et dans les<br />
classements. Ce cursus offre à ses étudiants<br />
une double formation complète<br />
en droit ainsi qu’en management, <strong>de</strong>ux<br />
diplômes en un an seulement (un Master<br />
2 et un MBA), <strong>de</strong>s frais minimes d’inscription,<br />
mais surtout une double professionnalisation<br />
à travers, d’une part,<br />
un apprentissage <strong>de</strong> neuf mois en entreprise<br />
ou en cabinet d’avocats, ainsi que<br />
d’autre part, un programme novateur<br />
<strong>de</strong> Direction Entrepreneuriale piloté par<br />
<strong>de</strong>s dirigeants du CAC 40.<br />
L’intérêt indéniable <strong>de</strong> l’apprentissage<br />
mis en place au sein <strong>de</strong> cette formation<br />
rési<strong>de</strong> notamment dans les partenariats<br />
d’exception qui se sont noués entre la<br />
formation et <strong>de</strong>s entreprises et cabinets<br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
L’APPRENTISSAGE<br />
TÉMOIGNAGES<br />
<strong>de</strong> renom, les étudiants travaillant au<br />
sein <strong>de</strong> groupes tels que Danone, L’Oréal,<br />
Air France KLM, Natixis, Total, Areva,<br />
Peugeot…<br />
Accueillir un apprenti du Master 2/MBA<br />
Droit <strong>de</strong>s Affaires et <strong>de</strong> Management -<br />
Gestion, c’est véritablement s’associer<br />
à une formation d’excellence.<br />
■<br />
PALMARÈS DU MBA<br />
DROIT DES AFFAIRES<br />
& MANAGEMENT DE PARIS II<br />
• N° 1 <strong>de</strong>s MBA/Master 2 Droit <strong>de</strong>s<br />
Affaires et Management/Universités &<br />
Gran<strong>de</strong>s Ecoles/SMBG 2010/2011/2012<br />
et 2013<br />
• N° 2 <strong>de</strong>s bi-diplômes européens <strong>de</strong><br />
Droit et Gestion - Classement mondial<br />
EDUNIVERSAL 2012<br />
• 1 er Prix du Lancement <strong>de</strong> diplôme<br />
- SMBG 2008/2009<br />
<strong>Le</strong> Cabinet SMBG-EDUNIVERSAL, premier<br />
cabinet d’orientation spécialisé dans la<br />
préparation <strong>de</strong>s candidatures à l’entrée <strong>de</strong>s<br />
gran<strong>de</strong>s écoles et universités, classe <strong>de</strong>puis<br />
plus <strong>de</strong> 10 ans les meilleurs masters et MBA<br />
<strong>de</strong> France dans 52 spécialités.<br />
Rendu public pour la première fois en 2009,<br />
ce ranking est un outil unique et pertinent qui<br />
ne vise pas à hiérarchiser <strong>de</strong>s établissements<br />
d’enseignement supérieur mais à comparer<br />
les formations d’une même spécialité.<br />
• Trophée <strong>de</strong> la pédagogie 2011 et 2012<br />
<strong>Le</strong>s Trophées <strong>de</strong> la Pédagogie récompensent,<br />
chaque année <strong>de</strong>puis 2005, les meilleurs<br />
responsables <strong>de</strong> masters, MS et MBA, sur la<br />
base du critère <strong>de</strong> satisfaction <strong>de</strong>s étudiants.<br />
• Meilleur Diplôme 2010, 2011, 2012<br />
- <strong>Le</strong> Nouvel Observateur<br />
• Cité comme exemple <strong>de</strong> réussite<br />
universitaire dans La Tribune ou encore<br />
Capital<br />
Pour en savoir plus<br />
Consultez le site du MBA/Master 2 Droit<br />
<strong>de</strong>s Affaires et Management - Gestion<br />
<strong>de</strong> l’Université Paris II Panthéon-<strong>Assas</strong> à<br />
l’adresse :<br />
www.mba-pantheon-assas.com<br />
« L’apprentissage,<br />
un passeport<br />
pour l’emploi »<br />
Léa Gautheron<br />
Pourquoi avoir choisi ce<br />
type <strong>de</strong> formation <br />
L’apprentissage est un incontournable<br />
pour l’étudiant qui souhaite<br />
« apprendre en travaillant et travailler<br />
en apprenant »<br />
Quitter en douceur le cadre universitaire<br />
pour rentrer dans le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
l’entreprise était également une façon<br />
<strong>de</strong> mûrir mon projet professionnel et<br />
d’anticiper les besoins du marché du<br />
travail. Une bonne formation ne sera<br />
jamais reconnue si elle ne s’accompagne<br />
pas d’une expérience professionnelle<br />
significative.<br />
Que vous a-t-elle apporté <br />
J’ai eu la chance <strong>de</strong> rejoindre la direction<br />
<strong>de</strong>s affaires juridiques d’Air France.<br />
Je suis en contact étroit avec le métier<br />
<strong>de</strong> <strong>juriste</strong> d’entreprise et bénéficie<br />
d’une pédagogie privilégiée auprès<br />
<strong>de</strong> mon maître d’apprentissage qui<br />
m’implique dans ses dossiers et me<br />
transmet son savoir-faire. <strong>Le</strong>s enseignements<br />
reçus dans le cadre <strong>de</strong> l’université<br />
prennent dès lors une toute autre<br />
dimension : ils <strong>de</strong>viennent plus parlants<br />
et attrayants ce qui favorise leur<br />
assimilation.<br />
Mon rythme en tant qu’apprentie est<br />
néanmoins soutenu. Je dois être suffisamment<br />
autonome et organisée pour<br />
gérer mon double statut d’étudiante<br />
qui passe <strong>de</strong>s examens et <strong>de</strong> salariée<br />
qui s’investit au sein <strong>de</strong> son entreprise.<br />
Qu’est-ce que ce type<br />
d’apprentissage représente<br />
en termes d’insertion<br />
professionnelle <br />
L’apprentissage est un atout aux yeux<br />
<strong>de</strong>s recruteurs qui considèrent que<br />
le jeune diplômé a déjà démontré<br />
ses capacités d’adaptation, son sens<br />
<strong>de</strong>s responsabilités et son goût pour<br />
l’initiative.<br />
A mon arrivée sur le marché du travail,<br />
j’aurai appréhendé les rouages d’un<br />
grand groupe, j’aurai donné du relief<br />
à mon projet professionnel et affiné<br />
mes compétences juridiques.<br />
Avec un an d’expérience professionnelle<br />
à mon actif et une soli<strong>de</strong> formation<br />
universitaire, j’espère décrocher<br />
mon passeport pour un emploi qui<br />
me plaît.<br />
Léa Gautheron<br />
Etudiante en Master 2/MBA<br />
Droit <strong>de</strong>s Affaires<br />
Management Gestion,<br />
Paris II Panthéon <strong>Assas</strong> ■<br />
27<br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
L’APPRENTISSAGE<br />
TÉMOIGNAGES<br />
Maître et apprenti : regards croisés<br />
sur une formation <strong>de</strong> qualité<br />
Avec Isabelle Hautot, « Maître d’apprentissage »,<br />
Directeur Juridique ORANGE Group, avocate honoraire, Prési<strong>de</strong>nte du CCIAG (Corporate<br />
Council International Arbitration Group)<br />
28<br />
Isabelle Hautot<br />
Pourquoi opter pour <strong>de</strong>s<br />
contrats d’apprentissage <br />
<strong>Le</strong> contrat d’apprentissage appliqué aux<br />
<strong>juriste</strong>s est un outil novateur, très utile<br />
et bénéfique aux <strong>de</strong>ux parties. A l’entreprise,<br />
il permet <strong>de</strong> participer à la formation<br />
du futur diplômé, <strong>de</strong> faire connaître ses<br />
attentes, sa manière propre <strong>de</strong> mettre <strong>de</strong>s<br />
savoirs en pratique – et par les réponses<br />
qu’elle en reçoit, <strong>de</strong> repérer les talents<br />
qu’elle a un besoin permanent <strong>de</strong> renouveler.<br />
L’étudiant lui apporte en effet <strong>de</strong>s<br />
qualités précieuses : sa volonté d’entreprendre,<br />
son optimisme, son souci <strong>de</strong> bien<br />
faire et <strong>de</strong> mettre œuvre « opérationnellement<br />
» <strong>de</strong>s connaissances théoriques<br />
toutes fraîches, son regard neuf.<br />
diplômé soit en situation <strong>de</strong> faire valoir sur<br />
le marché du travail, outre un diplôme,<br />
une expérience professionnelle véritable<br />
démontrant qu’il connaît les prolongements<br />
<strong>de</strong>s connaissances acquises et qu’il<br />
dispose d’un savoir-faire lui permettant <strong>de</strong><br />
les développer.<br />
Quels avantages apporte une<br />
formation en apprentissage aux<br />
futurs <strong>juriste</strong>s d’entreprise <br />
L’apprentissage permet aux futurs <strong>juriste</strong>s<br />
<strong>de</strong> se confronter à la réalité <strong>de</strong> la vie <strong>de</strong><br />
l’entreprise : <strong>de</strong> se faire une idée plus précise<br />
du rôle du <strong>juriste</strong> et <strong>de</strong> ce que recouvre<br />
dans ce domaine la mise en pratique <strong>de</strong><br />
connaissances théoriques, <strong>de</strong> se familiariser<br />
avec l’organisation d’une Direction<br />
juridique, <strong>de</strong> découvrir l’éventail <strong>de</strong>s fonctions<br />
possibles, les possibilités d’évolution<br />
: soit une manière aussi <strong>de</strong> vérifier<br />
que la voie qu’on choisit est la bonne.<br />
L’étudiant, bénéficiant du statut <strong>de</strong> salarié<br />
et d’une rémunération, peut aussi en fin<br />
<strong>de</strong> contrat se prévaloir d’un début d’expérience,<br />
un levier bien utile au démarrage<br />
d’une carrière.<br />
Quels avantages pour<br />
l’entreprise <br />
Ils sont contenus dans les raisons rappelées<br />
plus haut : le contrat d’apprentissage est<br />
une occasion idéale <strong>de</strong> repérer <strong>de</strong> futures<br />
recrues. Il favorise aussi la transmission et<br />
la pérennisation <strong>de</strong>s connaissances spécifiques<br />
à l’entreprise et le partage entre<br />
générations. Un rapport d’étonnement<br />
peut être <strong>de</strong>mandé à l’étudiant, particulièrement<br />
apte à déceler telle anomalie<br />
et telle piste d’amélioration. Choisir l’apprentissage<br />
permet, enfin, à l’entreprise<br />
<strong>de</strong> développer <strong>de</strong>s relations privilégiées<br />
avec les universités pour, là encore, leur<br />
plus grand bénéfice réciproque.<br />
Qu’attend aujourd’hui le<br />
tuteur <strong>de</strong> son apprenti <br />
<strong>Le</strong> maître <strong>de</strong> stage attend <strong>de</strong> l’apprenti une<br />
acquisition progressive <strong>de</strong>s compétences<br />
nécessaires à l’exercice autonome d’un<br />
métier. <strong>Le</strong> but poursuivi est que le futur<br />
Isabelle Hautot à la conférence organisée par le Master 2 Juriste d’Entreprise<br />
Lille 2, le 29 mars 2013 à Lille<br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
L’APPRENTISSAGE<br />
L’alternance : une solution<br />
pour s’intégrer dans le mon<strong>de</strong><br />
professionnel<br />
TÉMOIGNAGES<br />
Avec Benjamin Courraud, « apprenti », <strong>juriste</strong> chez Orange, Département Contentieux<br />
Benjamin Courraud<br />
Pourquoi avoir choisi<br />
ce type <strong>de</strong> formation <br />
Pour moi, l’insertion dans le mon<strong>de</strong> professionnel<br />
passe par une mise en pratique immédiate <strong>de</strong> la<br />
théorie. La seule solution est donc l’alternance. Il<br />
faut avoir conscience qu’il y a un grand écart entre<br />
la théorie et la pratique. Elle nous permet donc<br />
<strong>de</strong> combiner expérience professionnelle tout en<br />
préparant son diplôme en parallèle. <strong>Le</strong> Master 2<br />
professionnel Droit <strong>de</strong>s affaires, spécialité Juriste<br />
d’entreprise que propose l’Université <strong>de</strong> Lille II<br />
répondait donc à mes attentes. Ce diplôme nous<br />
prépare aussi à mieux nous insérer dans le mon<strong>de</strong><br />
professionnel grâce à l’intervention d’enseignants<br />
<strong>de</strong> qualité qui sont également <strong>de</strong>s professionnels.<br />
Que vous a-t-elle apporté <br />
L’alternance permet d’avoir une approche<br />
concrète <strong>de</strong>s questions et problèmes juridiques<br />
que rencontrent au quotidien<br />
l’entreprise, et surtout <strong>de</strong> bénéficier <strong>de</strong><br />
l’expérience <strong>de</strong> <strong>juriste</strong>s notamment grâce<br />
au tuteur d’entreprise. <strong>Le</strong> fait <strong>de</strong> travailler<br />
en relation avec différents services <strong>de</strong> l’entreprise<br />
ayant <strong>de</strong>s attentes précises dépassant<br />
le seul aspect juridique <strong>de</strong>s dossiers<br />
est particulièrement enrichissant et formateur<br />
car nous <strong>de</strong>vons sensibiliser, écouter,<br />
et conseiller au mieux sans oublier <strong>de</strong><br />
répondre à la stratégie <strong>de</strong> notre entreprise.<br />
<strong>Le</strong> meilleur moyen d’appréhen<strong>de</strong>r<br />
le mon<strong>de</strong> professionnel, c’est <strong>de</strong> s’y<br />
confronter.<br />
29<br />
En quoi ce type d’apprentissage<br />
représente un avantage<br />
pour les étudiants en termes<br />
d’insertion professionnelle,<br />
d’acquis d’expériences, etc. <br />
L’alternance nous permet <strong>de</strong> faire nos<br />
preuves en acquérant <strong>de</strong> l’expérience ce<br />
qui n’est pas négligeable dans une perspective<br />
<strong>de</strong> recherche d’emploi. Cela nous<br />
permet <strong>de</strong> faire la différence avec un étudiant<br />
ayant suivi une formation dite « classique<br />
» en présentiel.<br />
L’AFJE, lieu <strong>de</strong> rencontres intergénérationnelles<br />
Même si le rythme est très soutenu, il ne<br />
faut pas perdre <strong>de</strong> vue que les recruteurs<br />
sont très attentifs à l’expérience professionnelle.<br />
Il faut savoir que généralement<br />
la durée d’un contrat d’apprentissage est<br />
d’une année, ce qui nous permet déjà <strong>de</strong><br />
nous faire une bonne expérience.<br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
L’APPRENTISSAGE<br />
TÉMOIGNAGES<br />
L’apprentissage en Master 2 <strong>juriste</strong><br />
d’entreprise, le choix <strong>de</strong> l’excellence<br />
Offrir une formation en apprentissage en Master 2 est<br />
encore aujourd’hui une exception dans les facultés <strong>de</strong><br />
droit, et il faut bien avouer que les entreprises et leurs<br />
services juridiques restent, souvent faute d’informations,<br />
assez peu réceptifs à cette innovation pédagogique.<br />
30<br />
Michel Dupuis, Directeur du Master Droit<br />
<strong>de</strong>s affaires spécialité Juriste d’entreprise<br />
à l’Université Lille 2<br />
Créé en 1990, le diplôme <strong>de</strong> Juriste<br />
d’entreprise <strong>de</strong> l’Université <strong>de</strong> Lille<br />
2 présentait déjà toutes les conditions<br />
requises pour intégrer un dispositif<br />
d’apprentissage. Dès le départ, le diplôme<br />
repose sur l’alternance grâce à un stage<br />
d’un an, avec une présence <strong>de</strong> l’étudiant<br />
3 jours par semaine en entreprise. La formation<br />
s’appuie ainsi <strong>de</strong> longue date sur<br />
un partenariat étroit avec le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’entreprise.<br />
<strong>Le</strong> Master Juriste d’entreprise est<br />
une formation très sélective, pour <strong>de</strong> petites<br />
promotions (moins <strong>de</strong> 15 étudiants) et<br />
encadré par une équipe pédagogique dynamique<br />
mixant professionnels et universitaires.<br />
Malgré <strong>de</strong> bons résultats <strong>de</strong> réussite<br />
et d’insertion professionnelle, le challenge<br />
<strong>de</strong> l’apprentissage a été tenté en 2012.<br />
Pourquoi ce choix peu conventionnel <br />
Pour renforcer l’excellence du Master, former<br />
les meilleurs étudiants possibles pour<br />
leur offrir les meilleurs débouchés possibles.<br />
De prime abord, excellence et apprentissage<br />
semblent peu compatibles, tant l’image du<br />
second renvoie à <strong>de</strong>s métiers peu qualifiants.<br />
Pourtant, l’apprentissage en Master<br />
<strong>de</strong> droit est un formidable levier pour promouvoir<br />
la qualité <strong>de</strong> l’enseignement et<br />
l’insertion <strong>de</strong>s jeunes diplômés.<br />
L’apprentissage permet tout d’abord d’améliorer<br />
l’offre <strong>de</strong> formation. Grâce au financement<br />
<strong>de</strong> FORMASUP (Centre <strong>de</strong><br />
Formation <strong>de</strong>s Apprentis du Supérieur), il<br />
a été possible <strong>de</strong> s’affranchir <strong>de</strong>s coupes<br />
budgétaires qui affectent l’ensemble <strong>de</strong>s<br />
Universités et passer <strong>de</strong> 300 à 460 heures<br />
<strong>de</strong> cours par an, créant ainsi <strong>de</strong>s enseignements<br />
en anglais ou <strong>de</strong> méthodologie juridique<br />
afin d’améliorer les compétences <strong>de</strong><br />
nos <strong>juriste</strong>s. La mise en place d’un comité<br />
<strong>de</strong> perfectionnement, où siègent <strong>de</strong>s représentants<br />
du mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’entreprise (dont<br />
l’AFJE), assure l’ajustement annuel <strong>de</strong>s<br />
enseignements aux besoins exprimés sur<br />
le terrain là où d’autres diplômes restent<br />
figés dans une habilitation ministérielle<br />
pendant 5 ans.<br />
L’apprentissage conduit ensuite à un suivi<br />
du stage en entreprise beaucoup plus exigeant.<br />
Pas moins <strong>de</strong> trois visites sur site<br />
sont effectuées par le tuteur universitaire,<br />
un livret <strong>de</strong> l’apprenti est à chaque fois<br />
complété avec une définition <strong>de</strong>s objectifs<br />
pour chaque pério<strong>de</strong> et un compte rendu<br />
<strong>de</strong>s progrès accomplis. <strong>Le</strong> tuteur <strong>de</strong> l’entreprise<br />
est membre <strong>de</strong> l’équipe pédagogique<br />
à part entière, renforçant ainsi la<br />
coordination entre le temps universitaire<br />
et le travail <strong>de</strong> terrain, pour le plus grand<br />
bénéfice <strong>de</strong> l’apprenti.<br />
L’apprentissage améliore encore le placement<br />
<strong>de</strong> nos étudiants en formation dans<br />
les entreprises, notamment grâce aux incitations<br />
financières qui sont accordées à<br />
celles-ci ; il va permettre aussi et surtout <strong>de</strong><br />
pénétrer un milieu où se trouve encore<br />
une réserve d’emplois très importante pour<br />
nos jeunes diplômés, celui <strong>de</strong>s PME. <strong>Le</strong>s<br />
ai<strong>de</strong>s versées à ces entreprises <strong>de</strong>vraient<br />
favoriser l’intégration <strong>de</strong> nos <strong>juriste</strong>s qui,<br />
par leur apport (économies, anticipation,<br />
sécurité), sauront vite se rendre<br />
indispensables.<br />
Enfin, l’apprentissage est tout à l’intérêt<br />
<strong>de</strong>s étudiants qui, outre une formation plus<br />
complète et mieux tuteurée, se voient offrir<br />
l’expérience d’un premier contrat <strong>de</strong> travail,<br />
ainsi que tous les avantages liés à leur<br />
statut pour mener une scolarité dans <strong>de</strong><br />
bonnes conditions (prime d’équipement,<br />
ai<strong>de</strong>s au logement et au transport).<br />
L’apprentissage doit <strong>de</strong>venir un vecteur<br />
d’image pour les formations supérieures,<br />
tant il permet d’améliorer la qualité <strong>de</strong>s<br />
enseignements et l’insertion professionnelle<br />
<strong>de</strong>s diplômés. Alors oui, l’excellence peut<br />
se conjuguer harmonieusement avec l’apprentissage,<br />
en particulier pour les <strong>juriste</strong>s<br />
d’entreprise.<br />
Michel Dupuis, professeur <strong>de</strong> droit privé<br />
à la Faculté <strong>de</strong> Droit <strong>de</strong> l’Université Lille 2,<br />
Directeur du Master Droit <strong>de</strong>s affaires spécialité<br />
Juriste d’entreprise ■<br />
Pour en savoir plus<br />
Consultez le site <strong>de</strong> l’Université Lille 2,<br />
à l’adresse : mastersdroit.univ-lille2.fr<br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
L’APPRENTISSAGE<br />
<strong>Le</strong> Master Juriste d’entreprise <strong>de</strong><br />
Tours : l’apprentissage, une voie<br />
vers la professionnalisation<br />
TÉMOIGNAGES<br />
Créé en 2005, le Master Juriste d’entreprise<br />
<strong>de</strong> Tours forme à travers ses <strong>de</strong>ux spécialités<br />
<strong>de</strong>s <strong>juriste</strong>s spécialisés en droit <strong>de</strong>s affaires<br />
et en droit du travail. En quelques années,<br />
il a acquis une réputation <strong>de</strong> sérieux et <strong>de</strong><br />
dynamisme qui lui vaut <strong>de</strong> figurer dans<br />
le classement SMBG <strong>de</strong>s meilleurs Masters<br />
<strong>de</strong> France (pour chacune <strong>de</strong> ses <strong>de</strong>ux<br />
spécialités). Ce succès s’explique en partie par<br />
l’apprentissage, fortement développé dans le<br />
Master.<br />
31<br />
Martin Oudin et Vincent Roulet, directeurs<br />
du Master Juriste d’entreprise <strong>de</strong> l’Université<br />
François Rabelais <strong>de</strong> Tours<br />
Pourquoi avoir mis en place cette<br />
formation en apprentissage pour<br />
les <strong>juriste</strong>s d’entreprise <br />
A quels besoins a-t-elle<br />
répondu <br />
La volonté <strong>de</strong> passer à l’apprentissage est<br />
née du constat que les stages classiques<br />
ne donnaient pleinement satisfaction ni<br />
aux entreprises ni aux étudiants. Ceci<br />
s’explique d’abord par la durée du stage,<br />
nécessairement limitée. Bien souvent, le<br />
stage prend fin lorsque l’étudiant commence<br />
seulement à comprendre le fonctionnement<br />
<strong>de</strong> l’entreprise, ses co<strong>de</strong>s, ses<br />
métiers, c’est-à-dire au moment même où<br />
il commence à <strong>de</strong>venir opérationnel. C’est<br />
peu encourageant pour les entreprises et<br />
frustrant pour le stagiaire : celui-ci n’a<br />
que peu <strong>de</strong> réalisations à son actif lorsqu’il<br />
quitte son poste. Il faut ajouter à cela que<br />
le statut du stagiaire, précaire par nature,<br />
ne favorise pas une réelle insertion dans<br />
l’entreprise.<br />
L’apprentissage est une bonne réponse à<br />
ces problèmes. Salarié <strong>de</strong> l’entreprise, l’apprenti<br />
y <strong>de</strong>meure une année entière, en<br />
alternance d’abord, puis, à partir d’avril,<br />
à temps plein. <strong>Le</strong> plus souvent, la pério<strong>de</strong><br />
qui alterne présence en entreprise et formation<br />
universitaire est mise à profit par<br />
l’entreprise pour intégrer l’apprenti dans<br />
un service et le former à ses fonctions à<br />
venir. Au printemps, lorsque l’apprenti<br />
se retrouve à temps plein en entreprise,<br />
il est en mesure d’y accomplir les tâches<br />
généralement dévolues à un <strong>juriste</strong> junior.<br />
L’apprentissage étant peu répandu dans<br />
les métiers du droit, le succès n’a pas été<br />
immédiat et il nous a fallu convaincre.<br />
<strong>Le</strong>s premières promotions comptaient<br />
une proportion mo<strong>de</strong>ste d’apprentis, <strong>de</strong><br />
l’ordre <strong>de</strong> 15 %. Aujourd’hui, pour la<br />
troisième année consécutive, l’intégralité<br />
<strong>de</strong> nos étudiants effectuent leur année<br />
d’étu<strong>de</strong> en apprentissage. <strong>Le</strong>s entreprises,<br />
satisfaites d’une formule qui correspond<br />
à leurs besoins et les associe à la formation<br />
<strong>de</strong> leurs futurs cadres, y reviennent<br />
dès qu’elles y ont gouté. En s’impliquant<br />
dans la durée à nos côtés, elles nous ont<br />
permis d’améliorer sensiblement la qualité<br />
<strong>de</strong>s diplômes proposés aux étudiants.<br />
En quoi l’apprentissage<br />
en général est-il enrichissant<br />
pour le cursus universitaire <br />
<strong>Le</strong> choix <strong>de</strong> l’apprentissage est celui <strong>de</strong> la<br />
professionnalisation. <strong>Le</strong>s étudiants, comme<br />
les entreprises, se plaignent souvent du<br />
décalage entre les étu<strong>de</strong>s supérieures,<br />
jugées trop théoriques, et le mon<strong>de</strong> professionnel.<br />
Même si ce jugement est parfois<br />
exagéré et si une formation théorique<br />
soli<strong>de</strong> <strong>de</strong>meure essentielle, en particulier<br />
en droit, il y a là une part <strong>de</strong> vérité.<br />
Il est extrêmement difficile, sinon impossible,<br />
<strong>de</strong> recréer à l’Université les conditions<br />
<strong>de</strong> la pratique. Si l’on prend l’exemple<br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
L’APPRENTISSAGE<br />
TÉMOIGNAGES<br />
<strong>de</strong>s négociations (quel que soit leur objet)<br />
auxquelles les <strong>juriste</strong>s d’entreprise peuvent<br />
être associés, il est toujours possible d’organiser<br />
<strong>de</strong>s simulations et d’enseigner les<br />
gran<strong>de</strong>s règles à respecter – et nous ne<br />
nous en privons pas. Mais sans enjeu réel,<br />
l’exercice est nécessairement limité. Il en<br />
va <strong>de</strong> même, plus généralement, <strong>de</strong> toutes<br />
les opérations <strong>de</strong> la vie d’une entreprise<br />
auxquelles est associé le <strong>juriste</strong>.<br />
L’apprentissage prend alors le relai <strong>de</strong> la<br />
formation théorique. En entreprise, l’étudiant<br />
a la possibilité <strong>de</strong> mettre en pratique<br />
les connaissances acquises en cinq années<br />
d’étu<strong>de</strong>s. Il assiste à <strong>de</strong>s créations <strong>de</strong> sociétés,<br />
à <strong>de</strong>s négociations contractuelles, à <strong>de</strong>s<br />
fusions-acquisitions, à la mise en place<br />
<strong>de</strong> plans <strong>de</strong> sauvegar<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’emploi, etc.<br />
Toutes choses que seule la pratique permet<br />
d’appréhen<strong>de</strong>r.<br />
L’avantage est double : <strong>de</strong> retour après une<br />
pério<strong>de</strong> en entreprise, l’étudiant-apprenti<br />
appréhen<strong>de</strong> ses cours différemment, sous<br />
un angle plus pratique. Nous le percevons<br />
bien, en tant qu’enseignants, à travers les<br />
questions qu’il pose et les objections qu’il<br />
soulève (« mais on ne fait jamais comme<br />
ça » !). Il en résulte un enrichissement réciproque<br />
qui n’a pas d’équivalent dans une<br />
formation plus classique. La conséquence<br />
<strong>de</strong> cela est que les étudiants issus du Master<br />
Juriste d’entreprise ne sont plus <strong>de</strong>s étudiants<br />
: ils sont déjà <strong>de</strong>s professionnels.<br />
Martin Oudin, Directeur <strong>de</strong> la spécialité<br />
Commerce et Finance<br />
Vincent Roulet, Directeur <strong>de</strong> la spécialité<br />
Relations <strong>de</strong> travail, Master Juriste<br />
d’entreprise, Université François Rabelais <strong>de</strong><br />
Tours ■<br />
Pour en savoir plus<br />
Consultez le site Internet <strong>de</strong> l’Université<br />
François Rabelais <strong>de</strong> Tours à l’adresse :<br />
www.univ-tours.fr<br />
32<br />
Jeune diplômé et déjà<br />
opérationnel : l’apprentissage,<br />
une formule gagnante !<br />
Sébastien Turin<br />
J’ai ressenti très rapi<strong>de</strong>ment dans<br />
mes étu<strong>de</strong>s le besoin d’appréhen<strong>de</strong>r<br />
la pratique <strong>de</strong> la matière<br />
que j’étudiais. J’ai donc fais le choix <strong>de</strong><br />
rejoindre une formation universitaire<br />
professionnalisée <strong>de</strong> Juriste d’entreprise<br />
à l’Université <strong>de</strong> Toulouse (ex-IUP) en<br />
trois ans et dont le Master se faisait en<br />
alternance. A l’issue <strong>de</strong> cette formation<br />
j’ai rejoint une école <strong>de</strong> commerce mais<br />
toujours sur le principe <strong>de</strong> l’alternance.<br />
Ma formation m’a donc apporté une<br />
véritable expérience <strong>de</strong> la pratique du<br />
droit en entreprise tout en continuant<br />
mes étu<strong>de</strong>s, me permettant d’entrer sur<br />
le marché du travail à peine diplômé<br />
mais avec une expérience professionnelle<br />
<strong>de</strong> plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ans et grâce à laquelle<br />
j’ai pu être embauché très rapi<strong>de</strong>ment<br />
en CDI.<br />
On reproche souvent aux jeunes diplômés<br />
un manque d’expérience et donc d’opérationnalité<br />
immédiate, or ouvrir son service<br />
juridique à l’alternance permet à l’entreprise<br />
<strong>de</strong> participer à la formation pratique<br />
du jeune <strong>juriste</strong> afin <strong>de</strong> lui permettre <strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>venir rapi<strong>de</strong>ment opérationnel, et ce<br />
pour une rémunération inférieure à celle<br />
d’un jeune diplômé en contrat <strong>de</strong> travail<br />
classique et qui ne <strong>de</strong>viendrait opérationnel<br />
qu’après un certain délai. C’est donc à<br />
mon sens une formule gagnant-gagnant<br />
Céline <strong>de</strong> Oliva et Sébastien Turin,<br />
responsables du Comité <strong>de</strong>s jeunes <strong>de</strong><br />
l’AFJE<br />
où le jeune <strong>juriste</strong> acquiert une véritable<br />
expérience comme Juriste et où l’entreprise<br />
n’a pas une charge en décalage avec<br />
l’efficacité <strong>de</strong> son <strong>juriste</strong>.<br />
Sébastien Turin, Juriste chez DBApparel<br />
Comité <strong>de</strong>s Jeunes <strong>de</strong> l’AFJE ■<br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
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DÉONTOLOGIE<br />
Déontologie<br />
du <strong>juriste</strong><br />
d’entreprise belge<br />
Tour d’horizon <strong>de</strong>s règles <strong>de</strong> déontologie établies<br />
par l’Institut <strong>de</strong>s Juristes d’Entreprise (IJE) <strong>de</strong> Belgique<br />
Par Christian Jammaers, Responsable du cours <strong>de</strong> déontologie <strong>de</strong> l’IJE<br />
34<br />
Christian Jammaers,<br />
Responsable du cours <strong>de</strong><br />
déontologie <strong>de</strong> l’IJE<br />
En Belgique, la profession <strong>de</strong><br />
<strong>juriste</strong> d’entreprise est régie par<br />
la loi du 1 er mars 2000 créant un<br />
Institut <strong>de</strong>s <strong>juriste</strong>s d’entreprise (IJE).<br />
<strong>Le</strong>s objectifs <strong>de</strong> cette loi sont notamment<br />
<strong>de</strong> « garantir la compétence, l’honorabilité<br />
et l’indépendance intellectuelle et<br />
technique du <strong>juriste</strong> d’entreprise par la<br />
protection du titre ».<br />
« L’Institut <strong>de</strong>s Juristes<br />
d’Entreprise est revêtu<br />
<strong>de</strong>s atours d’un véritable<br />
ordre professionnel. »<br />
L’Institut <strong>de</strong>s <strong>juriste</strong>s d’entreprise est<br />
une personne morale <strong>de</strong> droit public.<br />
Il est revêtu <strong>de</strong>s atours d’un véritable<br />
ordre professionnel. Comme pour les<br />
autres professions réglementées par la<br />
loi, l’Institut <strong>de</strong>s <strong>juriste</strong>s d’entreprise<br />
a reçu la mission légale « d’établir les<br />
règles <strong>de</strong> déontologie régissant l’activité<br />
<strong>de</strong> <strong>juriste</strong> d’entreprise et d’en assurer le<br />
respect ». L’Institut a adopté un Co<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong> déontologie et un règlement <strong>de</strong> discipline.<br />
Il a rendu obligatoire un cours<br />
<strong>de</strong> déontologie du <strong>juriste</strong> d’entreprise<br />
pour tous ses membres.<br />
<strong>Le</strong> titre <strong>de</strong> <strong>juriste</strong> d’entreprise est réservé<br />
aux personnes qui remplissent les conditions<br />
visées par la loi dont celles d’être<br />
lié par un contrat <strong>de</strong> travail ou un statut<br />
(administratif) à un employeur, <strong>de</strong><br />
fournir en faveur <strong>de</strong> cet employeur une<br />
assistance juridique et d’assumer principalement<br />
<strong>de</strong>s responsabilités se situant<br />
dans le domaine du droit.<br />
<strong>Le</strong> <strong>juriste</strong> d’entreprise est tenu d’informer<br />
l’Institut <strong>de</strong> tout élément nouveau (changement<br />
<strong>de</strong> fonction ou d’employeur…)<br />
susceptible d’avoir une inci<strong>de</strong>nce sur sa<br />
qualité <strong>de</strong> <strong>juriste</strong> d’entreprise et d’avertir<br />
le prési<strong>de</strong>nt du conseil <strong>de</strong> l’Institut par<br />
écrit dès qu’une procédure judiciaire en<br />
relation avec sa profession ou susceptible<br />
<strong>de</strong> porter atteinte à la dignité <strong>de</strong> la profession<br />
est ouverte contre lui.<br />
<strong>Le</strong> lien <strong>de</strong> subordination ne diminue en<br />
rien l’indépendance intellectuelle du<br />
<strong>juriste</strong> d’entreprise : « <strong>Le</strong> <strong>juriste</strong> d’entreprise<br />
exerce sa profession en toute indépendance<br />
intellectuelle. Il est conscient<br />
que la valeur <strong>de</strong> ses avis repose sur une<br />
objectivité et une intégrité intellectuelle<br />
absolues et s’engage à respecter ces principes,<br />
quelles que puissent être les circonstances<br />
ou les influences auxquelles<br />
il pourrait être soumis » (art.4 du Co<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong> déontologie).<br />
Ceci comporte <strong>de</strong>s exigences particulières<br />
<strong>de</strong> professionnalisme dans l’exercice<br />
<strong>de</strong> la profession : « <strong>Le</strong> <strong>juriste</strong> d’entreprise<br />
est conscient que l’objectivité et<br />
la qualité <strong>de</strong> ses avis sont à la fois fonction<br />
d’une connaissance approfondie<br />
<strong>de</strong> la loi, <strong>de</strong> l’entreprise dans laquelle<br />
« La loi belge garantit la<br />
confi<strong>de</strong>ntialité <strong>de</strong>s avis du<br />
<strong>juriste</strong> d’entreprise. »<br />
il exerce sa fonction et du secteur dans<br />
lequel cette entreprise évolue (...). <strong>Le</strong><br />
<strong>juriste</strong> d’entreprise exerce sa profession<br />
avec discernement, diligence et pru<strong>de</strong>nce.<br />
Il défend avec loyauté et bonne<br />
foi les intérêts <strong>de</strong> son entreprise, (…), il<br />
s’efforce <strong>de</strong> recourir, dans les avis et les<br />
conseils qu’il donne, à un langage clair<br />
et s’assure que la teneur <strong>de</strong> ses avis est<br />
bien comprise par ses interlocuteurs »<br />
(article 5 du Co<strong>de</strong> <strong>de</strong> déontologie).<br />
La loi garantit, par son article 5, la confi<strong>de</strong>ntialité<br />
<strong>de</strong>s avis du <strong>juriste</strong> d’entreprise.<br />
Il s’agit là d’une caractéristique essentielle<br />
<strong>de</strong> la profession qui la distingue<br />
<strong>de</strong>s autres <strong>juriste</strong>s « en » entreprise qui<br />
ne sont pas tenus à notre déontologie.<br />
La Cour d’appel <strong>de</strong> Bruxelles, dans<br />
son arrêt du 5 mars 2013, l’exprime<br />
en ces termes : « <strong>Le</strong>s employeurs qui<br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
DÉONTOLOGIE<br />
s’adressent aux <strong>juriste</strong>s d’entreprise dans<br />
les conditions prévues par l’article 5 <strong>de</strong><br />
la loi, doivent avoir la certitu<strong>de</strong> qu’ils<br />
peuvent leur confier <strong>de</strong>s <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s<br />
d’avis sans dangers <strong>de</strong> révélation à <strong>de</strong>s<br />
tiers. »<br />
<strong>Le</strong> non-respect <strong>de</strong> ces règles entraîne<br />
les sanctions disciplinaires prononcées<br />
par les organes disciplinaires qui sont<br />
composés <strong>de</strong> magistrats. La loi a prévu<br />
<strong>de</strong>ux instances en charge du suivi <strong>de</strong> la<br />
discipline : la Commission <strong>de</strong> discipline<br />
« La confi <strong>de</strong>ntialité <strong>de</strong> nos avis garantie par la loi ainsi que leur<br />
insaisissabilité, notre <strong>de</strong>voir <strong>de</strong> discrétion et le titre que nous portons<br />
exigent que notre comportement soit irréprochable et digne »<br />
au tribunal <strong>de</strong> commerce, d’un juge au<br />
tribunal du travail et <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux <strong>juriste</strong>s<br />
d’entreprise).<br />
La déontologie <strong>de</strong> notre profession, à<br />
laquelle notre Institut accor<strong>de</strong> la plus<br />
gran<strong>de</strong> attention, doit baliser notre<br />
manière d’agir en tant que <strong>juriste</strong> d’entreprise.<br />
Elle nous permet également <strong>de</strong><br />
définir notre place aux côtés <strong>de</strong>s autres<br />
professions réglementées et œuvrant à<br />
l’intérêt général.<br />
La confi<strong>de</strong>ntialité <strong>de</strong> nos avis garantie<br />
par la loi ainsi que leur insaisissabilité,<br />
notre <strong>de</strong>voir <strong>de</strong> discrétion et le titre que<br />
nous portons exigent que notre comportement<br />
soit irréprochable et digne.<br />
(composée d’un prési<strong>de</strong>nt, juge au tribunal<br />
<strong>de</strong> première instance, et <strong>de</strong>ux <strong>juriste</strong>s<br />
d’entreprise) et la Commission d’appel<br />
(composée d’un prési<strong>de</strong>nt, conseiller<br />
auprès d’une cour d’appel, d’un juge<br />
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Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
POINT DE VUE | ACTION PRO BONO<br />
PILnet : The Global Network<br />
for Public Interest Law<br />
Interview with Edwin Rekosh,<br />
executive director and foun<strong>de</strong>r<br />
of PILnet.<br />
36<br />
Edwin Rekosh<br />
tives is the <strong>de</strong>velopment of pro bono<br />
legal assistance in support of organizations<br />
serving the public good. Companies<br />
and globalized law firms across Europe<br />
are looking for ways to meet their corporate<br />
social responsibilities, make an<br />
enduring impact on their communities,<br />
and contribute to the realization<br />
effective use of pro bono resources i<strong>de</strong>ntify<br />
their legal needs. We then match<br />
those needs with pro bono lawyers from<br />
large firms and corporations. We also<br />
work with a growing network of partner<br />
pro bono hubs around the world,<br />
including Alliance <strong>de</strong>s Avocats pour les<br />
Droits <strong>de</strong> l’Homme in France.<br />
As the executive director and<br />
foun<strong>de</strong>r of PILnet : The Global<br />
Network for Public Interest Law,<br />
you work closely with lawyers<br />
and the legal establishment to<br />
advance the rule of law and<br />
human rights. Can you tell us<br />
how you came to found PILNET,<br />
and can you <strong>de</strong>scribe its work<br />
More than 15 years ago, after the fall<br />
of communism in Europe, I established<br />
a small initiative to support the work<br />
of human rights groups in Central and<br />
Eastern Europe as they sought to engage<br />
with their countries’ newly emerging<br />
constitutional or<strong>de</strong>rs. We continue that<br />
work today, but on a global scale. With<br />
thriving offices in Europe, Russia, and<br />
China, a growing Middle East program,<br />
and an expanding circle of partners<br />
in Brazil, Nigeria, India, and beyond,<br />
PILnet collaborates with hundreds of<br />
local partners to <strong>de</strong>velop alliances that<br />
advance the rule of law, protect rights,<br />
<strong>de</strong>liver justice, and build strong, transparent<br />
societies.<br />
One of PILnet’s most important objec-<br />
« One of PILnet’s most important objectives is the<br />
<strong>de</strong>velopment of pro bono legal assistance in support<br />
of organizations serving the public good »<br />
of justice. Through pro bono support<br />
for charitable organizations, commercial<br />
lawyers are able to advance vital<br />
causes ranging from anticorruption and<br />
children’s rights to education reform and<br />
environmental protection.<br />
How can an in-house lawyer or<br />
a commercial firm employing<br />
corporate lawyers take<br />
part in PILnet’s work<br />
PILnet plays a key role in promoting and<br />
spreading pro bono culture internationally<br />
through our annual European Pro<br />
Bono Forum, which will be held this<br />
year, 24–25 October, in Warsaw. We<br />
also operate multiple pro bono clearinghouses,<br />
which lay the foundations for<br />
pro bono partnerships by helping local<br />
and international humanitarian organizations<br />
that are well-positioned to make<br />
Through its pro bono clearinghouses,<br />
PILnet has been able to set up successful<br />
collaborations linking in-house counsel<br />
at corporations such as Microsoft, GE,<br />
Google, Nestle, Merck, Accenture, and<br />
Caterpillar with local NGOs in Europe<br />
and around the world. Projects have<br />
ranged from training Russian law<br />
stu<strong>de</strong>nts in business ethics, assisting<br />
with anti-corruption banking legislation<br />
reform in Montenegro, and providing<br />
extensive legal research aimed at stopping<br />
the exploitation of women working<br />
in Nepal’s dance bars.<br />
Pro bono support also comes in the more<br />
traditional but crucial form of legal support<br />
for the administration and governance<br />
of NGOs. Advice on employment<br />
contracts, charity registration, and taxes<br />
helps secure the nuts and bolts of a successful<br />
and sustainable organization.<br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
ACTION PRO BONO | POINT DE VUE<br />
37<br />
Can you tell us more<br />
about PILnet’s European<br />
Pro Bono Forum<br />
Europe it has become very much a global<br />
event. Last year 48 countries were<br />
represented at the Forum, which tells<br />
you a great <strong>de</strong>al about the broad reach<br />
We’ve been organizing the European Pro<br />
Bono Forum for seven years now, and its<br />
impact has been greater than we could<br />
ever have predicted. In 2007, when the<br />
first Forum was held in Budapest, pro<br />
bono was not institutionalized to any<br />
significant <strong>de</strong>gree on the Continent.<br />
Three years in Budapest led to a highly<br />
successful move to Paris, followed by a<br />
remarkable outpouring of support when<br />
the Forum came to Berlin and then to<br />
Madrid. Each year Forum attendance<br />
has set a new record—Madrid brought<br />
together more than 350 participants<br />
from corporations, law firms, bar organizations,<br />
NGOs, and law schools. This<br />
October we’re heading to Warsaw, a city<br />
with strong legal and business communities<br />
and a well-established pro bono<br />
movement.<br />
« By bringing together a growing and infl uential community<br />
that recognizes the urgency of <strong>de</strong>veloping pro bono, the<br />
Forum offers a setting where participants can explore how<br />
they can best collaborate to address critical social issues »<br />
By bringing together a growing and<br />
influential community that recognizes<br />
the urgency of <strong>de</strong>veloping pro bono, the<br />
Forum offers a setting where participants<br />
can explore how they can best collaborate<br />
to address critical social issues.<br />
This year’s gathering, which will inclu<strong>de</strong><br />
a special focus on corporate involvement<br />
in pro bono, will offer lawyers a chance<br />
to engage in new pro bono initiatives<br />
related to corporate social responsibility,<br />
anti-discrimination efforts, the threat<br />
to civil liberties in Europe, combating<br />
corruption, and forming partnerships<br />
beyond European bor<strong>de</strong>rs.<br />
I should also say that while the<br />
European Pro Bono Forum is held in<br />
of pro bono. Pro bono, we can now say,<br />
is fully embraced across Europe and<br />
increasingly around the world.<br />
Interviewed by Hervé Delannoy ■<br />
Merci à Dominique Bor<strong>de</strong> du cabinet<br />
Paul Hastings d’avoir présenté Edwin<br />
Rekosh à l’AFJE.<br />
PILnet website : www.pilnet.org<br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
JURISTE D’ENTREPRISE ET CONFIDENTIALITÉ<br />
Exercice du métier <strong>de</strong> <strong>juriste</strong><br />
d’entreprise : <strong>de</strong>rnières évolutions<br />
internationales<br />
entreprise et non aux <strong>juriste</strong>s d’entreprise<br />
n’ayant pas été inscrits au barreau<br />
mais remplissant toutes les conditions <strong>de</strong><br />
la passerelle Autant <strong>de</strong> questions qui<br />
ren<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> plus en plus pertinentes la<br />
38<br />
Jean-Yves Trochon<br />
« <strong>Le</strong> métier <strong>de</strong> <strong>juriste</strong> d’entreprise évolue <strong>de</strong> plus en plus,<br />
et les conditions <strong>de</strong> son exercice entraînent différentes réponses »<br />
A<br />
n’en pas douter, le métier <strong>de</strong><br />
<strong>juriste</strong> d’entreprise évolue <strong>de</strong><br />
plus en plus, et les conditions<br />
<strong>de</strong> son exercice entraînent différentes<br />
réponses… du moins à l’étranger.<br />
Ainsi, la Cour d’Appel <strong>de</strong> Bruxelles et la<br />
Cour Suprême <strong>de</strong>s Pays-Bas ont apporté<br />
tout récemment <strong>de</strong> bien utiles précisions<br />
quant au respect <strong>de</strong> la confi<strong>de</strong>ntialité <strong>de</strong>s<br />
avis <strong>de</strong>s <strong>juriste</strong>s internes, en considérant<br />
pour l’essentiel que :<br />
1) ceux-ci relèvent d’une mission d’intérêt<br />
général « en permettant une correcte<br />
application <strong>de</strong> la loi par les entreprises »,<br />
<strong>de</strong> sorte que les communications <strong>de</strong> et<br />
avec les <strong>juriste</strong>s d’entreprise doivent être<br />
protégées ;<br />
2) ils doivent bénéficier du droit à la<br />
protection <strong>de</strong> la sphère privée et au<br />
procès équitable conférés par la Cour<br />
Européenne <strong>de</strong>s Droits <strong>de</strong> l’Homme<br />
(ce qui va donc au-<strong>de</strong>là du droit <strong>de</strong> la<br />
concurrence).<br />
Il est vrai que les <strong>juriste</strong>s d’entreprise<br />
belges sont organisés au sein d’un ordre<br />
professionnel (Institut <strong>de</strong>s Juristes d’Entreprise)<br />
et assujettis à <strong>de</strong>s obligations<br />
déontologiques comparables à celles <strong>de</strong>s<br />
avocats. De même, l’arrêt <strong>de</strong> la Cour<br />
Suprême néerlandaise s’appuie sur l’existence<br />
<strong>de</strong>s exigences déontologiques attachées<br />
au métier d’avocat libéral pour<br />
considérer que les avocats exerçant en<br />
entreprise n’en resteraient pas moins<br />
toujours assujettis à <strong>de</strong> telles exigences<br />
déontologiques garantissant leur indépendance,<br />
nonobstant l’existence d’un<br />
lien <strong>de</strong> subordination hiérarchique.<br />
De même, aux Etats-Unis, une intéressante<br />
évolution récente <strong>de</strong>s règles <strong>de</strong><br />
l’American Bar Association (ABA) vient<br />
rendre plus flui<strong>de</strong> l’exercice du métier <strong>de</strong><br />
« in house lawyer » (non-américain) au<br />
sein d’entreprises américaines, dès lors<br />
que ces <strong>de</strong>rniers appartiennent à « un<br />
ordre professionnel dûment constitué<br />
ou à une autorité publique ». Or, on<br />
peut se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r dans quelle mesure<br />
une telle règle aurait vocation à s’appliquer<br />
aux <strong>juriste</strong>s d’entreprise en France,<br />
alors même qu’à l’évi<strong>de</strong>nce tel serait le<br />
cas <strong>de</strong>s <strong>juriste</strong>s d’entreprise belges inscrits<br />
à l’Institut <strong>de</strong>s Juristes d’Entreprise<br />
(belge). Autre question intéressante,<br />
pourquoi cette mesure s’appliquerait-elle<br />
au profit <strong>de</strong>s avocats (omis) exerçant en<br />
« voie belge » et l’adoption d’un co<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
déontologie refondu <strong>de</strong>s <strong>juriste</strong>s d’entreprise<br />
français, à défaut <strong>de</strong> (ou en attendant<br />
) la nouvelle gran<strong>de</strong> profession<br />
du droit dont les rapports qui se sont<br />
succédés <strong>de</strong>puis 30 ans ont tant vanté<br />
les mérites…<br />
Jean-Yves Trochon<br />
Vice-Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’AFJE ■<br />
Rappel<br />
Nous vous rappelons que l’ABA vient<br />
<strong>de</strong> prendre une décision importante<br />
pour les <strong>juriste</strong>s d’entreprise qui voudraient<br />
exercer aux Etats-Unis, décision<br />
commentée par le Professeur Stephen<br />
Gillers, à la page 41 <strong>de</strong> ce JEM. Pour<br />
en savoir plus, ren<strong>de</strong>z-vous également<br />
sur le site <strong>de</strong> l’AFJE www.afje.com,<br />
à la rubrique « Juristes d’Entreprise à<br />
l’étranger », pour découvrir le commentaire<br />
<strong>de</strong> Stephan Grynwajc sur cette<br />
décision importante.<br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
JURISTE D’ENTREPRISE ET CONFIDENTIALITÉ<br />
La reconnaissance du secret<br />
professionnel aux avis <strong>de</strong>s <strong>juriste</strong>s<br />
d’entreprise : la Cour d’Appel <strong>de</strong><br />
Bruxelles franchit le pas<br />
Par Damien Gerard, du cabinet Cleary Gottlieb Steen & Hamilton LLP (Bruxelles)<br />
En Belgique, point <strong>de</strong> débats sur la constitution d’une « gran<strong>de</strong><br />
profession du droit ». Depuis l’an 2000, le législateur belge<br />
reconnaît un statut particulier aux <strong>juriste</strong>s d’entreprise lié à leur<br />
adhésion à l’Institut <strong>de</strong>s Juristes d’Entreprise. Paradoxalement,<br />
l’établissement par la loi d’un ordre professionnel indépendant<br />
a eu tendance à rapprocher <strong>juriste</strong>s d’entreprise et avocats. Ce<br />
rapprochement s’étend aujourd’hui à la protection <strong>de</strong> leurs avis<br />
juridiques en cas <strong>de</strong> perquisition.<br />
39<br />
Damien Gerard<br />
Au terme d’un arrêt <strong>de</strong> principe<br />
rendu le 5 mars 2013, la Cour<br />
d’appel <strong>de</strong> Bruxelles a reconnu<br />
aux avis juridiques <strong>de</strong>s <strong>juriste</strong>s d’entreprise<br />
membres <strong>de</strong> l’Institut belge <strong>de</strong>s<br />
Juristes d’Entreprises (« IJE ») une<br />
protection équivalente au secret professionnel<br />
<strong>de</strong> l’avocat. Cet arrêt a été<br />
rendu dans le cadre d’un litige opposant<br />
l’opérateur historique <strong>de</strong> téléphonie<br />
Belgacom au Conseil <strong>de</strong> la Concurrence<br />
belge (« CCB ») survenu à la suite d’une<br />
perquisition effectuée dans les bureaux<br />
<strong>de</strong> Belgacom en octobre 2010. A cette<br />
occasion, le CCB avait procédé à une<br />
saisie informatique <strong>de</strong> plusieurs milliers<br />
<strong>de</strong> fichiers, comprenant <strong>de</strong>s dizaines<br />
<strong>de</strong> courriels échangés par/avec <strong>de</strong>s<br />
<strong>juriste</strong>s d’entreprise. Face au refus du<br />
CCB d’écarter <strong>de</strong>s débats une série <strong>de</strong><br />
documents considérés comme tombant<br />
hors du champ <strong>de</strong> l’enquête (« out-ofscope<br />
»), ainsi que la correspondance<br />
<strong>de</strong> ses <strong>juriste</strong>s d’entreprise, Belgacom<br />
forma un recours <strong>de</strong>vant la Cour d’Appel<br />
<strong>de</strong> Bruxelles.<br />
Bien qu’il puisse encore faire l’objet d’un<br />
pourvoi <strong>de</strong>vant la Cour <strong>de</strong> Cassation<br />
belge, l’arrêt <strong>de</strong> la Cour d’Appel <strong>de</strong><br />
« Cet arrêt rejette expressément l’applicabilité <strong>de</strong> la jurispru<strong>de</strong>nce<br />
Akzo aux procédures nationales <strong>de</strong> concurrence »<br />
Bruxelles a <strong>de</strong>s implications significatives,<br />
en ce compris en-<strong>de</strong>hors du contexte<br />
belgo-belge. Certes, l’arrêt confirme tout<br />
d’abord, après <strong>de</strong>s années d’insécurité<br />
juridique, que la confi<strong>de</strong>ntialité <strong>de</strong>s avis<br />
<strong>de</strong>s <strong>juriste</strong>s d’entreprise (membres <strong>de</strong><br />
l’IJE) implique également une interdiction<br />
<strong>de</strong> saisie et donc s’apparente au<br />
secret professionnel. Cette protection<br />
s’étend en outre aux <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s d’avis,<br />
aux correspondances y afférents et aux<br />
actes préparatoires. Un raisonnement par<br />
analogie conduit également à considérer<br />
que la protection conférée aux avis<br />
<strong>de</strong>s <strong>juriste</strong>s d’entreprise s’étend au-<strong>de</strong>là<br />
du domaine du droit <strong>de</strong> la concurrence,<br />
dans la mesure où l’article 8 <strong>de</strong> la CEDH<br />
est d’application générale et où ses effets<br />
ne varient pas en fonction <strong>de</strong> la nature<br />
<strong>de</strong> l’action publique (civile, administrative<br />
ou pénale).<br />
Cela dit, l’arrêt pourrait aussi avoir<br />
plusieurs implications intéressantes au<br />
niveau européen. D’une part, il rejette<br />
expressément l’applicabilité <strong>de</strong> la jurispru<strong>de</strong>nce<br />
Akzo aux procédures nationales<br />
<strong>de</strong> concurrence, même lorsque ces<br />
procédures visent à établir une infraction<br />
au droit européen. De la même manière,<br />
l’arrêt confirme que la loi nationale s’ap-<br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
JURISTE D’ENTREPRISE ET CONFIDENTIALITÉ<br />
40<br />
plique (et donc que la protection <strong>de</strong>s<br />
avis <strong>de</strong>s <strong>juriste</strong>s d’entreprise doit être<br />
garantie) dès lors que l’autorité nationale<br />
procè<strong>de</strong> à une inspection à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong> la Commission européenne (mais pas<br />
lorsqu’elle ne fait que prêter assistance<br />
aux agents <strong>de</strong> la Commission dans le<br />
cadre d’une perquisition ordonnée au<br />
niveau européen).<br />
« La Cour suprême<br />
néerlandaise vient <strong>de</strong> juger<br />
que les avocats pratiquant<br />
en entreprise disposent<br />
<strong>de</strong>s mêmes droits que les<br />
avocats indépendants »<br />
D’autre part, et plus fondamentalement,<br />
le fait que la Cour d’Appel ait<br />
fondé la protection <strong>de</strong>s avis <strong>de</strong>s <strong>juriste</strong>s<br />
d’entreprise sur l’article 8 <strong>de</strong> la CEDH,<br />
en mentionnant son équivalent dans<br />
la Charte <strong>de</strong>s droits fondamentaux <strong>de</strong><br />
l’Union européenne, ouvre <strong>de</strong> nouvelles<br />
pistes pour défendre la reconnaissance<br />
<strong>de</strong> cette protection au niveau européen<br />
à un moment où l’Union européenne<br />
est sur le point d’adhérer à la CEDH.<br />
Néanmoins, tant que plusieurs Etats<br />
membres n’auront pas décidé <strong>de</strong> faire<br />
évoluer leur cadre réglementaire national<br />
dans la direction d’une protection <strong>de</strong>s<br />
avis <strong>de</strong>s <strong>juriste</strong>s d’entreprise, un changement<br />
<strong>de</strong> position <strong>de</strong> la Cour <strong>de</strong> Justice <strong>de</strong><br />
l’Union Européenne <strong>de</strong>meure aléatoire.<br />
L’arrêt <strong>de</strong> la Cour d’Appel <strong>de</strong> Bruxelles<br />
démontre enfin la pertinence du modèle<br />
belge d’organisation <strong>de</strong> la profession <strong>de</strong><br />
<strong>juriste</strong> d’entreprise autour d’un ordre<br />
professionnel distinct du Barreau doté<br />
d’une déontologie et <strong>de</strong> structures<br />
propres. Ce modèle est susceptible<br />
d’apporter <strong>de</strong>s garanties suffisantes en<br />
termes d’indépendance fonctionnelle <strong>de</strong>s<br />
<strong>juriste</strong>s d’entreprise <strong>de</strong> nature à « préserver<br />
l’intérêt général en permettant<br />
une application correcte <strong>de</strong> la loi par<br />
les entreprises » et, <strong>de</strong> ce fait, à justifier<br />
l’octroi d’une protection spécifique<br />
à leurs avis juridiques. Il constitue dès<br />
lors une réelle alternative au modèle<br />
du rapprochement institutionnel entre<br />
<strong>juriste</strong>s d’entreprise et avocats et donc<br />
à celui <strong>de</strong>s avocats salariés en entreprise.<br />
A cet égard, il est intéressant <strong>de</strong> constater<br />
que la Cour suprême néerlandaise (Hoge<br />
Raad) a jugé dans un arrêt du 15 mars<br />
2013 que les avocats pratiquant en entreprise<br />
(« advocaat in loondienst ») disposaient<br />
<strong>de</strong>s mêmes droits que les avocats<br />
indépendants – en ce compris en terme<br />
<strong>de</strong> secret professionnel – dans la mesure<br />
où l’employeur reconnait contractuellement<br />
l’assujettissement <strong>de</strong> l’avocat aux<br />
règles déontologiques édictées par l’association<br />
<strong>de</strong>s Barreaux néerlandais et<br />
s’engage à garantir l’indépendance <strong>de</strong><br />
ce <strong>de</strong>rnier.<br />
La Cour d’Appel en se fondant sur l’article<br />
8 <strong>de</strong> la CEDH ouvre <strong>de</strong> nouvelles<br />
pistes. Deux modèles différents d’organisation,<br />
pour un résultat au final comparable<br />
: les avis <strong>de</strong>s <strong>juriste</strong>s d’entreprise<br />
soumis à <strong>de</strong>s règles déontologiques<br />
strictes garantes <strong>de</strong> leur indépendance<br />
doivent bénéficier d’une protection<br />
excluant leur saisie par les autorités<br />
publiques.<br />
■<br />
En savoir plus<br />
Pour lire l’intégralité du commentaire<br />
<strong>de</strong> Damien Gerard consacré à l’arrêt<br />
du 5 mars 2013 <strong>de</strong> la Cour d’Appel<br />
<strong>de</strong> Belgique, ren<strong>de</strong>z-vous sur le site <strong>de</strong><br />
l’AFJE : www.afje.org, à la rubrique<br />
« <strong>Le</strong>gal Privilege »<br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
JURISTE D’ENTREPRISE ET CONFIDENTIALITÉ<br />
American Bar Association recognizes<br />
the role of foreign in-house lawyers<br />
Interview with Stephen Gillers, Professor of Law, New York<br />
University School of Law, and Barbara Gillers, Adjunct<br />
Professor of Law, New York University School of Law,<br />
visiting the AFJE in Paris.<br />
Stephen Gillers<br />
In February 2013, the American<br />
Bar Association House of Delegates<br />
amen<strong>de</strong>d ABA Mo<strong>de</strong>l Rule 5.5,<br />
which governs the multi-jurisdictional<br />
practice of law, permitting limited admission<br />
rights to foreign lawyers employed<br />
in the United States as in-house counsel.<br />
Some States already permit this, and<br />
ABA would like to persua<strong>de</strong> the remaining<br />
States to add non-US in-house<br />
lawyers to their local admission rules.<br />
Please tell us about this new Rule<br />
and why the ABA adopted it.<br />
First, there is generally no cross bor<strong>de</strong>r<br />
practice in the United States, so a<br />
lawyer admitted to a Bar in one State<br />
cannot practice in another, subject to<br />
local exceptions. Rule 5.5 permits US<br />
in-house lawyers to practice in a State<br />
other than the one in which they were<br />
licensed. The amendment extends such<br />
Rule to a foreign in-house lawyer. He<br />
would receive a restricted license from<br />
the State where he practices, entitling<br />
him to advise his corporate client. His<br />
authority would be limited to advice<br />
only given to his company and he could<br />
not go to court. He would have to satisfy<br />
continuing legal education requirements<br />
and pay dues.<br />
The ABA adopted this amendment<br />
because it views national bor<strong>de</strong>rs as<br />
porous and believes that if a US lawyer<br />
wants to practice elsewhere the US<br />
should allow foreigners to practice in<br />
the US.<br />
What are the criteria to<br />
benefit from this Rule<br />
One has to be admitted to practice in a<br />
jurisdiction that regulates the Bar. This<br />
Rule <strong>de</strong>fines the foreign lawyer as “a<br />
member in good standing of a recognized<br />
legal profession in a foreign jurisdiction,<br />
the members of which are admitted to<br />
practice as lawyers or counselors at law<br />
or the equivalent and subject to effective<br />
regulation and discipline by a duly<br />
constituted professional body or a public<br />
authority’’.<br />
In France, a member of the<br />
Bar must go on inactive<br />
status to work in-house. Can<br />
such an in-house counsel<br />
benefit from this Rule<br />
The rule exclu<strong>de</strong>s one who, is no longer<br />
regulated by the Bar due to his inactive<br />
status. The rule makes no provision for<br />
a “<strong>juriste</strong>’’ because the dual profession<br />
which exists in France does not exist in<br />
the US. All US lawyers, whether working<br />
in-house or a law firm, must be members<br />
of a Bar to call themselves “lawyer’’<br />
or “attorney’’.<br />
What about a jurist who is part of<br />
the AFJE or similar organization<br />
in Europe Does it suffice to be a<br />
member of a recognized in-house<br />
organization that is sufficiently<br />
representative, with a Co<strong>de</strong> of<br />
Ethics and disciplinary rules<br />
This <strong>de</strong>pends on whether the lawyer is<br />
subject to serious discipline by the organization.<br />
The organization does not have<br />
to be called a “Bar’’, but a private organization<br />
will not suffice. It must have<br />
control over the license, and the ability<br />
to cause the foreign lawyer a major professional<br />
disability, such as disbarment,<br />
for a serious transgression. Safety to the<br />
US public is <strong>de</strong>pen<strong>de</strong>nt on the ability to<br />
control the lawyer’s livelihood through<br />
discipline.<br />
<strong>Le</strong>t’s turn to the issue of<br />
in<strong>de</strong>pen<strong>de</strong>nce. In France,<br />
a lawyer is not recognized<br />
as fully fledged lawyer with<br />
privilege if he is an employee<br />
because he consi<strong>de</strong>red to be<br />
“<strong>de</strong>pen<strong>de</strong>nt’’ on his employer.<br />
Is this an issue in the US<br />
The American view is that all lawyers<br />
are equal and it makes no difference if<br />
one practices in a law firm or in a company.<br />
This is because Americans view<br />
a lawyer as behol<strong>de</strong>n to the licensing<br />
authority, which has the ability to retract<br />
the license, not to his employer. Even if<br />
an in-house lawyer’s economic livelihood<br />
is <strong>de</strong>pen<strong>de</strong>nt on his company client, or<br />
a law firm lawyer has only one large<br />
client, the US believes that the lawyer<br />
is not <strong>de</strong>pen<strong>de</strong>nt because, if there is a<br />
clash, the power over the license is strong<br />
enough to ensure that he won’t betray<br />
the license to keep his job. The ABA was<br />
astonished by the Akzo opinion <strong>de</strong>nying<br />
privilege to in-house counsel.<br />
Interviewed by Doris Speer ■<br />
41<br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
INITIATIVE AFJE<br />
40 actifs <strong>de</strong> l’AFJE réunis<br />
en journées régionale et nationale<br />
<strong>Le</strong>s 22 et 23 mars 2013, les responsables <strong>de</strong>s commissions thématiques, <strong>de</strong>s délégations<br />
régionales et départementales, le Comité <strong>de</strong>s jeunes et les administrateurs <strong>de</strong> l’AFJE<br />
se sont réunis pour <strong>de</strong>ux journées <strong>de</strong> travail afin <strong>de</strong> faire le point sur le développement<br />
et la communication <strong>de</strong> votre organisation professionnelle, ainsi que sur les actions<br />
menées dans les régions et les départements.<br />
42<br />
Ces journées régionales et nationales,<br />
désormais traditionnelles,<br />
ont permis à tous les actifs <strong>de</strong><br />
l’AFJE <strong>de</strong> se retrouver en toute convivialité<br />
pour partager leurs expériences<br />
et échanger sur la stratégie mise en place<br />
pour 2013 et sur les <strong>de</strong>rniers projets<br />
innovants <strong>de</strong> chacun.<br />
Lors <strong>de</strong> la journée régionale, le 22 mars<br />
2013, étaient présents une large part <strong>de</strong>s<br />
représentants <strong>de</strong>s régions et plusieurs<br />
délégués départementaux <strong>de</strong>s régions<br />
Alsace, Aquitaine, Auvergne, Bretagne-<br />
Pays <strong>de</strong> la Loire, Languedoc, Normandie,<br />
Midi-Pyrénées, PACA et Rhône-Alpes.<br />
A la suite du discours d’ouverture<br />
d’Hervé Delannoy, rappelant les objectifs<br />
du plan stratégique <strong>de</strong> l’association,<br />
l’intervention <strong>de</strong> Régis Lassabe a été<br />
consacrée à une présentation du cabinet<br />
Fidal et du projet <strong>de</strong> coopération<br />
qu’il souhaite mettre en place avec les<br />
régions <strong>de</strong> l’AFJE. Sébastien Turin et<br />
Diane Panon ont ensuite exposé leur projet<br />
ambitieux <strong>de</strong> créer, dans les régions<br />
ou les départements, <strong>de</strong>s relais du Comité<br />
<strong>de</strong>s jeunes qui puissent développer <strong>de</strong>s<br />
actions locales et concourir à la réalisation<br />
<strong>de</strong> ses objectifs nationaux.<br />
Autres thèmes abordés, la charte<br />
d’éthique et <strong>de</strong> comportement <strong>de</strong>s responsables<br />
<strong>de</strong> l’AFJE, l’utilisation du<br />
site <strong>de</strong> l’association, le développement<br />
<strong>de</strong>s ateliers avec <strong>de</strong>s cabinets d’avocats<br />
locaux, celui <strong>de</strong>s conférences organisées<br />
par Marsh dans le domaine <strong>de</strong> la gestion<br />
<strong>de</strong>s risques juridiques et beaucoup <strong>de</strong><br />
questions pratiques.<br />
La journée nationale a, quant à elle,<br />
réuni le 23 mars 2013 plus <strong>de</strong> 40 responsables<br />
<strong>de</strong> l’AFJE. Constructive par<br />
la qualité <strong>de</strong>s échanges engagés, chaleu-<br />
Journée Régionale, Vincent Timothée,<br />
responsable <strong>de</strong>s délégations régionales<br />
et départementales, et Isabelle<br />
Sabanowski, déléguée <strong>de</strong> la région<br />
Midi-Pyrénées<br />
Quatre interventions ont marqué cette<br />
réunion, Hervé Delannoy, Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong><br />
l’AFJE, Régis Lassabe, Prési<strong>de</strong>nt du cabinet<br />
Fidal, et <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>s animateurs du<br />
Comité <strong>de</strong>s jeunes <strong>juriste</strong>s, Sébastien<br />
Turin et Diane Panon.<br />
Intervention du Comité <strong>de</strong>s Jeunes en journée régionale<br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
INITIATIVE AFJE<br />
reuse par l’accueil convivial offert par<br />
l’équipe <strong>de</strong> l’AFJE, cette journée a été<br />
pour tous l’occasion <strong>de</strong> resserrer les liens,<br />
et d’adopter une ligne <strong>de</strong> conduite commune<br />
quant aux actions menées dans le<br />
cadre <strong>de</strong> l’organisation professionnelle.<br />
Après un discours d’ouverture du<br />
Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’AFJE, exposant les différents<br />
axes <strong>de</strong> développement <strong>de</strong> l’Association<br />
pour l’année 2013 à venir, la<br />
journée s’est organisée autour <strong>de</strong> tablesron<strong>de</strong>s<br />
qui ont été consacrées à diverses<br />
thématiques.<br />
Journée Régionale du 22 mars 2013<br />
Journée Nationale, Catherine Roux,<br />
Stéphanie Couture et Philippe Coen<br />
Journée Régionale,<br />
Anne-Laure Paulet, Secrétaire Générale<br />
<strong>de</strong> l’AFJE<br />
An ne-Laure Paulet, Secrétaire Générale<br />
<strong>de</strong> l’AFJE, a tout d’abord présenté les<br />
actions et objectifs <strong>de</strong> l’AFJE pour<br />
2013, évoquant tour à tour les temps<br />
forts qui allaient ponctuer cette nouvelle<br />
année : partenariat avec la Queen<br />
Mary University <strong>de</strong> Londres, renouvellement<br />
<strong>de</strong> l’enquête salaire, lancement<br />
<strong>de</strong>s ateliers Carrières AFJE, annonce du<br />
prochain Campus AFJE, en partenariat<br />
avec <strong>Le</strong>xisNexis, le 11 octobre 2013.<br />
Après un bref rappel <strong>de</strong>s règles d’adhésion<br />
à l’association, les participants ont<br />
pu obtenir un aperçu global <strong>de</strong> la stratégie<br />
AFJE pour 2013, stratégie <strong>de</strong>stinée<br />
aux pouvoirs publics, aux partenaires<br />
privés, aux autres professions du droit<br />
mais aussi au grand public. Cette stratégie<br />
s’est axée sur 4 objectifs : promouvoir<br />
et développer le métier <strong>de</strong> <strong>juriste</strong>,<br />
défendre la notion <strong>de</strong> confi<strong>de</strong>ntialité <strong>de</strong>s<br />
avis, établir une véritable charte déontologique<br />
et créer une filiale <strong>de</strong> formation,<br />
avec l’objectif pour l’AFJE <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir un<br />
centre <strong>de</strong> formation agréé.<br />
Profitant <strong>de</strong> cette réunion exceptionnelle<br />
<strong>de</strong>s responsables <strong>de</strong> l’AFJE, Philippe<br />
Coen, Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’ECLA, a présenté<br />
ses actions : Livre blanc sur l’indépendance<br />
du <strong>juriste</strong>, jumelage entre régions<br />
en Europe, nouvelle newsletter, organisation<br />
du 30 e anniversaire <strong>de</strong> l’ECLA,<br />
le 26 septembre prochain à Bruxelles,<br />
autant <strong>de</strong> beaux projets initiés et élaborés<br />
<strong>de</strong>puis son élection en novembre <strong>de</strong>rnier.<br />
Un certain nombre <strong>de</strong> constats peuvent<br />
être évoqués au terme <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux journées<br />
: les régions se développent bien,<br />
notamment grâce à la création <strong>de</strong>s délégations<br />
départementales qui leur sont<br />
rattachées et qui permettent plus d’actions<br />
<strong>de</strong> proximité. Elles prennent <strong>de</strong>s<br />
initiatives et développent <strong>de</strong>s partenariats<br />
locaux avec le Barreau, d’autres structures<br />
professionnelles <strong>de</strong>s métiers <strong>de</strong> l’entreprise,<br />
avec l’université ou <strong>de</strong>s associations<br />
économiques locales. Dans toutes<br />
ces actions, elles montrent beaucoup <strong>de</strong><br />
professionnalisme et d’enthousiasme.<br />
-<br />
Journée Régionale<br />
Quant aux responsables nationaux, cette<br />
rencontre annuelle a permis non seulement<br />
<strong>de</strong> valoriser le dynamisme <strong>de</strong>s différentes<br />
instances <strong>de</strong> l’AFJE, mais également<br />
<strong>de</strong> relancer l’investissement <strong>de</strong><br />
chacun pour <strong>de</strong>s sujets longtemps laissés<br />
<strong>de</strong> côté, tels que la stratégie « Affaires<br />
Publiques » <strong>de</strong> l’association.<br />
De belles journées constructives <strong>de</strong><br />
réflexions et d’échanges qui, à n’en pas<br />
douter, porteront leurs fruits pour l’année<br />
2013 à venir !<br />
Bravo et merci à tous les responsables<br />
<strong>de</strong> l’AFJE pour leur travail régulier et<br />
efficace !<br />
Anne-Laure Paulet et Vincent Timothée ■<br />
43<br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
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2 Negotiating and drafting contracts in English. Par Doris Lynn Speer (sous réserve)<br />
3 Encadrer les responsabilités contractuelles <strong>de</strong> l’entreprise. Par Marie Lamoureux et Didier Poracchia<br />
4 Assurer la validité <strong>de</strong>s délégations <strong>de</strong> pouvoirs et maîtriser les risques <strong>de</strong> responsabilité. Par Luc Athlan et Jean-Philippe Gille<br />
5 Tableaux <strong>de</strong> bord et chiffres clés : les outils du <strong>juriste</strong>. Par Christophe Collard et Rémy Sainte Fare Garnot<br />
14H00 - 16H00 (1 atelier au choix )<br />
6 Agir face à l’entreprise en diffi culté : comprendre les procédures, mesurer les risques et les conséquences <strong>de</strong> la défaillance d’un<br />
partenaire commercial. Par Stéphane Gorrias et Thierry Montéran<br />
7 L’analyse comptable et fi nancière pour les <strong>juriste</strong>s : interpréter les documents fi nanciers <strong>de</strong> l’entreprise. Par Frédéric Parrat<br />
8 Sécuriser vos négociations : savoir quand et comment contractualiser, évaluer les risques d’une rupture.<br />
Par Catherine Fillet et Jean-Louis Fourgoux<br />
9 Réseaux sociaux : accompagner la présence <strong>de</strong> l’entreprise sur ces nouveaux médias, éviter les risques, se protéger.<br />
Par Nathalie Dreyfus<br />
10 La déontologie du <strong>juriste</strong> : l’exercer dans le respect <strong>de</strong> sa spécifi cité. Par Stéphanie Couture et Jean-Charles Savouré<br />
16H30 - 18H30 (1 atelier au choix )<br />
11 La conformité : un outil pour prévenir le risque et renforcer l’entreprise. Par Jean-Yves Trochon<br />
12 <strong>Le</strong>s métho<strong>de</strong>s d’évaluation d’entreprise. Par Laurent Inard et François Bas<strong>de</strong>vant (sous réserve)<br />
13 Rédiger et sécuriser les clauses sensibles <strong>de</strong>s contrats d’affaires. Par Nicolas Rontchevsky et François Xavier Testu<br />
14 Maîtriser les enjeux <strong>de</strong> la protection <strong>de</strong>s données personnelles dans l’entreprise. Par Merav Griguer et Hélène <strong>Le</strong>gras<br />
15 Juristes : communiquer pour convaincre. Par Jérôme Duval Hamel<br />
L’entreprise face à la crise Contrats <strong>de</strong> l’entreprise Anglais juridique Comptabilité et finance Gestion du risque Droit <strong>de</strong>s nouvelles technologies Outils et compétences professionnelles
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d’accueillir les participants en entretien<br />
personnel.<br />
46<br />
Marie-Laurence Pina et Anne-Laure Paulet<br />
Nous vous avions présenté le<br />
projet en Assemblée générale<br />
et annoncé le lancement dans<br />
le précé<strong>de</strong>nt JEM, c’est maintenant une<br />
réalité : les Ateliers Carrières sont ouverts<br />
et ont déjà bénéficié à une trentaine<br />
<strong>de</strong> <strong>juriste</strong>s. Bref rappel : à l’initiative <strong>de</strong><br />
Hervé Delannoy, et organisé par Anne-<br />
Laure Paulet, avec la contribution très<br />
active <strong>de</strong> Marie-Laurence Pina, l’AFJE<br />
met à disposition <strong>de</strong>s <strong>juriste</strong>s son réseau<br />
<strong>de</strong> partenaires : cabinet <strong>de</strong> recrutement<br />
et <strong>de</strong> chasse, coach et expert en communication,<br />
proposent <strong>de</strong> travailler sur les<br />
outils nécessaires afin <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir l’acteur<br />
dynamique et performant <strong>de</strong> sa carrière.<br />
Durant ces ateliers <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux heures trente,<br />
une véritable interactivité s’est installée<br />
entre organisateurs et participants<br />
(adhérents AFJE ou non, inscription<br />
obligatoire !), tous <strong>juriste</strong>s en poste ou en<br />
repositionnement professionnel, jeunes<br />
<strong>juriste</strong>s ou séniors.<br />
<strong>Le</strong>s thématiques abordées lors <strong>de</strong> ces premiers<br />
ateliers ont été la rédaction d’un<br />
CV (avec mise en valeur <strong>de</strong> l’expertise<br />
acquise, particularités liées au parcours<br />
et/ou à la personnalité du candidat), la<br />
préparation et le déroulement <strong>de</strong> l’entretien<br />
d’embauche, en cabinet <strong>de</strong> recrutement,<br />
face aux Directeurs Juridiques<br />
ou aux ressources humaines, avec le<br />
Directeur Général lorsqu’il s’agit d’un<br />
recrutement au sein d’une PME.<br />
<strong>Le</strong>s participants, informés que les<br />
échanges se font en toute confi<strong>de</strong>ntialité,<br />
apprécient ces rencontres constructives<br />
avec nos partenaires et avec leurs<br />
homologues, qui débutent dès 9 heures<br />
autour d’un petit déjeuner convivial.<br />
Plus qu’une rencontre et une séance d’information,<br />
il s’agit <strong>de</strong> véritables workshops<br />
d’où chacun ressort avec <strong>de</strong>s outils<br />
et un retour personnalisé sur son projet.<br />
Ces premiers ateliers ont été l’occasion<br />
<strong>de</strong> décrypter le fonctionnement et les<br />
objectifs d’un cabinet <strong>de</strong> recrutement,<br />
qu’il officie pour <strong>de</strong>s juniors, séniors<br />
voire en top management. Par ce biais,<br />
c’est le fonctionnement d’une Direction<br />
Juridique, et parfois <strong>de</strong> la Direction <strong>de</strong>s<br />
Ressources Humaines, dans leur phase<br />
<strong>de</strong> recrutement, qui a été abordé.<br />
Ces ateliers sont également le lieu privilégié<br />
pour prendre le temps d’exposer<br />
son parcours professionnel empreint <strong>de</strong><br />
sa personnalité et acquis dans un secteur<br />
Ces premiers Ateliers Carrières AFJE<br />
ont été organisés en partenariat avec<br />
Julie Biletta du cabinet Expectra, Sharon<br />
Gollec <strong>de</strong> <strong>Le</strong>galteam et Catherine Bunod<br />
<strong>de</strong> Arthur Hunt ; nous les remercions<br />
vivement pour s’être prêtées à ce démarrage.<br />
Toutes reconnues pour leur expertise<br />
dans le recrutement <strong>de</strong>s <strong>juriste</strong>s, nos<br />
partenaires sont intervenues avec un<br />
souci constant d’apporter <strong>de</strong>s réponses<br />
concrètes et circonstanciées aux attentes<br />
<strong>de</strong> nos participants. Félicitations !<br />
<strong>Le</strong>s thématiques du CV ou <strong>de</strong> l’entretien<br />
sont les basiques qui vous seront proposés<br />
toutes l’année ; mais les Ateliers<br />
Carrières AFJE vont bien au-<strong>de</strong>là, et<br />
d’autres thèmes seront abordés pour<br />
faire le point sur l’évolution <strong>de</strong> votre<br />
carrière professionnelle. N’hésitez pas à<br />
suivre notre actualité sur l’agenda afje.<br />
org et à prendre le temps d’y participer<br />
! La fréquence <strong>de</strong> leur tenue vous<br />
permettra certainement d’i<strong>de</strong>ntifier le<br />
créneau correspondant à vos disponibilités<br />
(matin/soirée).<br />
A l’écoute <strong>de</strong> vos besoins, nous nous<br />
réjouissons, d’ores et déjà, <strong>de</strong> pouvoir<br />
vous accueillir plus nombreux, très<br />
prochainement !<br />
Anne-Laure Paulet<br />
et Marie-Laurence Pina ■<br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
Prendre position pour faciliter<br />
les décisions <strong>de</strong>s entreprises<br />
Publi rédactionnel<br />
EN FINS STRATÈGES, LES AVOCATS DU CABINET<br />
ALTANA ACCOMPAGNENT LES ENTREPRISES<br />
DANS LEURS PROBLÉMATIQUES RELEVANT DU<br />
DROIT DES AFFAIRES.<br />
ENTRETIEN AVEC CAROLINE ANDRÉ-<br />
HESSE, ASSOCIÉE EN DROIT DU TRAVAIL ET<br />
CHRISTOPHE LAPP, ASSOCIÉ EN CONTENTIEUX<br />
ET ARBITRAGE.<br />
Dans quelle optique avez-vous créé<br />
le cabinet en 2009 <br />
Christophe Lapp : Nous avions comme principe<br />
<strong>de</strong> base pour répondre aux besoins <strong>de</strong> nos clients,<br />
<strong>de</strong> créer un cabinet indépendant avec une culture<br />
du résultat et non du process. Être indépendant,<br />
<br />
<strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong> structure. <strong>Le</strong>s clients atten<strong>de</strong>nt<br />
<strong>de</strong>s avocats l’indépendance du diagnostic,<br />
l’accompagnement dans une stratégie <strong>de</strong> fusionacquisition,<br />
<strong>de</strong> défense ou d’attaque. Notre projet<br />
était également d’assurer à nos collaborateurs<br />
un avenir certain <strong>de</strong> progression, qui ne dépen<strong>de</strong><br />
pas d’une décision d’un bureau à New-York par<br />
exemple, donc leur donner une meilleure vision<br />
<strong>de</strong> l’avenir grâce à leurs compétences. D’ailleurs,<br />
le premier acte fondateur à la création du cabinet<br />
a été d’associer quatre <strong>de</strong> nos collaborateurs et<br />
nous continuerons dans cette voie.<br />
Caroline André-Hesse : Après avoir été<br />
collaborateurs ou associés du cabinet Rambaud<br />
Martel, chacun d’entre nous a intégré <strong>de</strong>s<br />
structures internationales. A la création du<br />
cabinet, nous voulions mettre l’accent sur l’aspect<br />
international. Cette orientation était importante<br />
pour nous. Ce qui nous a conduits par la suite<br />
à créer un réseau international, composé <strong>de</strong><br />
confrères dans le mon<strong>de</strong> entier. Ainsi aujourd’hui,<br />
nous choisissons l’interlocuteur à l’étranger le<br />
plus adapté pour traiter les dossiers qui nous sont<br />
<br />
<strong>de</strong>s enjeux du dossier.<br />
<strong>Le</strong> projet était-il <strong>de</strong> couvrir une large<br />
palette <strong>de</strong> domaines juridiques <br />
Christophe Lapp : Dès l’origine, nous couvrions<br />
un large spectre. Aujourd’hui, le cabinet traite tout<br />
<br />
droit <strong>de</strong>s sociétés, droit social, public, économique.<br />
C’est un cabinet qui est capable d’étudier toutes<br />
les composantes juridiques et opérationnelles<br />
<strong>de</strong>s clients. On nous reconnait <strong>de</strong>s qualités <strong>de</strong><br />
stratège, donc nous avons bien besoin d’une<br />
capacité multicompétence et multijuridictionnelle !<br />
<strong>Le</strong> cabinet n’est pas pour autant « full services »<br />
mais il répond à toutes les questions en droit <strong>de</strong>s<br />
affaires. Et ce, dans une volonté <strong>de</strong> coordination à<br />
l’intérieur du cabinet. Celui-ci a débuté avec vingt<strong>de</strong>ux<br />
avocats, il en compte aujourd’hui cinquante.<br />
Il nous manque encore quelques troupes…<br />
En matière sociale, quelles sont les<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong>s actuelles <strong>de</strong>s clients <br />
Caroline André-Hesse : Il y a une « frénésie »<br />
autour <strong>de</strong> la loi <strong>de</strong> sécurisation <strong>de</strong> l’emploi et un<br />
<br />
comprendre ce que le législateur souhaite.<br />
<strong>Le</strong>s <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s dépen<strong>de</strong>nt aussi <strong>de</strong>s politiques<br />
<br />
plan <strong>de</strong> sauvegar<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’emploi et cherchent <strong>de</strong>s<br />
alternatives. Ils veulent savoir s’ils peuvent se<br />
séparer <strong>de</strong> leur personnel par <strong>de</strong>s licenciements<br />
individuels. Une <strong>de</strong>uxième alternative est aussi<br />
<br />
la situation économique d’un client nécessite<br />
<strong>de</strong> réduire sa masse salariale. Mais le client<br />
ne souhaite pas mettre en place un plan <strong>de</strong><br />
sauvegar<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’emploi car selon lui ce serait<br />
l’apocalypse. Dans ce schéma, le client envisage<br />
<br />
qu’un administrateur se charge <strong>de</strong> la procédure<br />
collective. Cette pratique se développe beaucoup<br />
actuellement.<br />
Vous avez également <strong>de</strong>s <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s<br />
qui concernent les restructurations.<br />
Par quel biais abor<strong>de</strong>z-vous la<br />
question <br />
Caroline André-Hesse : <strong>Le</strong>s dossiers arrivent<br />
par <strong>de</strong>ux biais. Soit il s’agit <strong>de</strong> clients que nous<br />
<br />
certains aspects sociaux. Soit ce sont <strong>de</strong>s clients<br />
qui contactent le cabinet pour assurer précisément<br />
la gestion d’une restructuration.<br />
<strong>Le</strong>s conditions <strong>de</strong> travail se sont détériorées au<br />
<br />
<br />
nombreuses interrogations <strong>de</strong> nos clients portent<br />
sur le rôle grandissant du Comité d’hygiène, <strong>de</strong><br />
sécurité et <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> travail (CHSCT).<br />
Il existe une multiplicité d’informations préalables<br />
du CHSCT dès lors qu’une entreprise met en<br />
place un projet. C’est très <strong>de</strong>structeur dans un<br />
<br />
gérer car elle ne relève plus du domaine juridique<br />
pur mais <strong>de</strong> la psychologie.<br />
La loi <strong>de</strong> sécurisation <strong>de</strong> l’emploi prévoit une<br />
instance <strong>de</strong> coordination à l’échelle nationale<br />
<br />
pour chaque établissement. La loi <strong>de</strong>vrait donc<br />
<br />
elle suscite <strong>de</strong> l’inquiétu<strong>de</strong> car les entreprises ne<br />
voient pas comment la loi s’articule. Mais c’est<br />
prometteur. Nous <strong>de</strong>vons rester optimistes pour<br />
convaincre les Français et les étrangers d’investir<br />
en France.<br />
<strong>Le</strong> cabinet est également réputé<br />
<br />
recourir à ce mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> résolution estil<br />
si notable pour les entreprises <br />
Christophe Lapp : <strong>Le</strong> recours à l’arbitrage est<br />
<br />
d’abord, en matière internationale pour éviter<br />
les juridictions étatiques <strong>de</strong>s cocontractants que<br />
nous ne connaissons pas. En matière d’arbitrage<br />
interne, la justice est lente et aléatoire. Il n’y a pas<br />
<strong>de</strong> visibilité <strong>de</strong>s décisions.<br />
Mais l’arbitrage n’est en fait qu’une solution. La<br />
véritable évolution est entre le juge étatique ou<br />
<br />
<br />
sont beaucoup plus performantes. En Europe<br />
continentale, il y a un choc culturel à dépasser et<br />
il faut promouvoir ces mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> résolution.<br />
<br />
<br />
et technique. En France, pour un arbitrage entre<br />
<strong>de</strong>ux importants opérateurs, le juge ne peut nous<br />
accor<strong>de</strong>r que quarante-cinq minutes. Alors qu’en<br />
arbitrage, nous avons une semaine entière pour<br />
introduire le dossier et défendre la position <strong>de</strong><br />
notre client <strong>de</strong>vant le juge…<br />
Quel est votre positionnement face<br />
à vos clients <br />
Caroline André-Hesse : Nous sommes <strong>de</strong> vrais<br />
partenaires d’affaires avec nos clients. Nous<br />
proposons les solutions les moins risquées au<br />
regard <strong>de</strong> leurs contraintes opérationnelles, le<br />
risque zéro n’existant pas. Nous connaissons<br />
bien les métiers <strong>de</strong> nos clients. <strong>Le</strong> plus important<br />
selon nous, est <strong>de</strong> prendre position et <strong>de</strong><br />
formuler <strong>de</strong>s recommandations. <strong>Le</strong> client déci<strong>de</strong><br />
mais nous lui apportons <strong>de</strong>s stratégies claires<br />
et précises pour l’ai<strong>de</strong>r dans son choix. Par<br />
ailleurs, nous mettons l’accent sur la jeunesse et<br />
l’encouragement <strong>de</strong>s collaborateurs car ils sont<br />
à nos yeux <strong>de</strong> potentiels associés. C’est notre<br />
conception d’un cabinet pérenne.
BONNES PRATIQUES<br />
Monographie du coup <strong>de</strong> fil policier<br />
invitant à passer au poste<br />
« Passer au poste », est-ce pour témoigner ou se retrouver<br />
en gar<strong>de</strong> à vue Un policier peut <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r par téléphone<br />
<strong>de</strong> venir répondre à <strong>de</strong>s questions au poste, sans plus <strong>de</strong><br />
précisions. Cette convocation peut ouvrir sur <strong>de</strong>s réalités<br />
bien différentes.<br />
Grégoire Etrillard<br />
contrainte, en venant chercher la personne,<br />
par exemple, à son lieu <strong>de</strong> travail<br />
ou à son domicile aux heures autorisées<br />
(entre 6 heures et 21 heures).<br />
le nom et le téléphone <strong>de</strong> son avocat<br />
pour assurer l’effectivité <strong>de</strong> ce choix.<br />
48<br />
Un officier <strong>de</strong> police judiciaire<br />
(OPJ) peut convoquer par téléphone<br />
un directeur juridique ou<br />
un dirigeant en disant : « Passez nous<br />
voir, ce ne sera pas long ». Il n’a pas à<br />
s’étendre sur les raisons <strong>de</strong> sa <strong>de</strong>man<strong>de</strong>,<br />
ni à indiquer la procédure suivie. C’est<br />
pourtant la question essentielle pour<br />
le <strong>de</strong>stinataire. Quelques éléments <strong>de</strong><br />
réponse.<br />
<strong>Le</strong> gardé à vue peut <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r à bénéficier<br />
<strong>de</strong> l’assistance d’un avocat <strong>de</strong> son<br />
choix. Attention toutefois : le téléphone<br />
portable et les effets personnels du gardé<br />
à vue lui étant en principe immédiatement<br />
retirés, il convient <strong>de</strong> retenir<br />
« Ne pas répondre à la<br />
convocation expose à être<br />
contraint par la force publique<br />
à comparaître, comme<br />
pour une gar<strong>de</strong> à vue »<br />
En bon pénaliste, commençons<br />
par le pire <strong>de</strong>s cas : cette<br />
convocation informelle peut<br />
déguiser une mesure <strong>de</strong> gar<strong>de</strong><br />
à vue, rendue plus facile<br />
par le fait que la personne<br />
se présente spontanément<br />
au poste – la gar<strong>de</strong> à vue étant<br />
alors immédiatement notifiée.<br />
Dans ce cadre, la personne convoquée<br />
est soupçonnée par l’OPJ, le Procureur<br />
ou le juge d’instruction le cas échéant,<br />
d’avoir « commis ou tenté <strong>de</strong> commettre<br />
un crime ou un délit puni d’une peine<br />
d’emprisonnement ».<br />
Ne pas répondre à cette convocation<br />
forcera les forces <strong>de</strong> police à user <strong>de</strong><br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
BONNES PRATIQUES<br />
A l’autre bout du spectre <strong>de</strong>s<br />
possibles, cette convocation<br />
informelle par un OPJ peut<br />
être une simple convocation<br />
à témoigner. La personne<br />
convoquée n’est pas soupçonnée<br />
d’avoir commis ou tenté <strong>de</strong><br />
commettre une infraction.<br />
S’agissant <strong>de</strong> personnes hors <strong>de</strong> tous<br />
soupçons, les témoins sont évi<strong>de</strong>mment<br />
par principe libres. Pour autant,<br />
le témoin, à la différence <strong>de</strong> la personne<br />
poursuivie qui peut toujours gar<strong>de</strong>r le<br />
silence, a obligation <strong>de</strong> témoigner, sous<br />
peine d’amen<strong>de</strong>.<br />
La loi prévoit donc <strong>de</strong>s mesures <strong>de</strong><br />
contrainte, même à l’égard <strong>de</strong>s témoins.<br />
Ne pas répondre à la convocation expose<br />
à être contraint par la force publique à<br />
comparaître, comme pour une gar<strong>de</strong> à<br />
vue. Par ailleurs, une fois au poste, les<br />
témoins peuvent être retenus « le temps<br />
strictement nécessaire à leur audition ».<br />
Concrètement, la personne convoquée<br />
ne pourra donc pas partir tant que l’OPJ<br />
considère que son audition n’est pas terminée.<br />
Un plafond <strong>de</strong> durée <strong>de</strong> quatre<br />
heures est prévu en ce qui concerne les<br />
enquêtes <strong>de</strong> flagrance et préliminaire,<br />
mais pas en cas d’instruction.<br />
Il n’est pas prévu que le témoin puisse<br />
être accompagné <strong>de</strong> son avocat dans<br />
ce cadre : pas <strong>de</strong> droits <strong>de</strong> la défense<br />
puisqu’aucune charge ne pèse sur la<br />
personne convoquée.<br />
Entre les <strong>de</strong>ux, la convocation<br />
peut correspondre à une<br />
« audition libre ». Dévoyée,<br />
l’expression « audition<br />
libre » s’entend du cas où un<br />
suspect, qui n’est donc plus<br />
témoin, est entendu sans<br />
contrainte, c’est-à-dire sans<br />
être placé en gar<strong>de</strong> à vue.<br />
La personne convoquée se verra alors<br />
notamment notifier, au moment <strong>de</strong> son<br />
arrivée au poste, la nature et la date <strong>de</strong><br />
l’infraction objet du soupçon, ainsi que<br />
son droit <strong>de</strong> quitter les locaux à tout<br />
moment. Là encore, puisqu’il n’y a pas<br />
<strong>de</strong> mise en cause, il n’y a pas <strong>de</strong> droits<br />
<strong>de</strong> la défense : la personne ne sera donc<br />
pas assistée par son avocat.<br />
Mais « audition libre » ne signifie pas<br />
absence <strong>de</strong> toute contrainte. <strong>Le</strong>s OPJ<br />
pourront, pour contraindre la personne<br />
à comparaître, user <strong>de</strong>s mêmes armes<br />
que pour un témoin – situation étrange<br />
où une personne amenée <strong>de</strong> force au<br />
poste se verra d’abord notifier son droit<br />
<strong>de</strong> quitter les locaux… Gageons qu’un<br />
départ « libre » à ce moment-là entraînerait<br />
une mise en gar<strong>de</strong> à vue immédiate,<br />
le critère du soupçon étant rempli – la<br />
personne pourrait toutefois alors être<br />
assistée <strong>de</strong> son avocat.<br />
En conclusion, toute convocation d’OPJ,<br />
même informelle par téléphone, peut<br />
entraîner l’utilisation <strong>de</strong> la force si elle<br />
n’est pas respectée. Il est donc recommandable<br />
d’y déférer – mais il est aussi<br />
essentiel <strong>de</strong> la préparer, en revoyant les<br />
stratégies à adopter dans les trois cas<br />
« toute convocation d’OPJ, même informelle par téléphone, peut<br />
entraîner l’utilisation <strong>de</strong> la force si elle n’est pas respectée »<br />
possibles, et en prévoyant notamment<br />
qu’un avocat puisse se déplacer immédiatement<br />
le cas échéant.<br />
Grégoire Etrillard<br />
Avocat aux Barreaux<br />
<strong>de</strong> Paris et <strong>de</strong> New York<br />
Ancien Secrétaire<br />
<strong>de</strong> la Conférence ■<br />
49<br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
LA CULTURE JURIDIQUE D’ENTREPRISE<br />
EN PARTENARIAT AVEC L’EDHEC<br />
Une jeune équipe juridique marquée<br />
par une culture métier forte<br />
Illustration d’une culture juridique au sein d’un groupe<br />
industriel sous contrôle majoritairement familial,<br />
par Marie-Sophie Dupouy, Directeur Juridique, Safe.<br />
50<br />
Marie-Sophie Dupouy<br />
Une fonction juridique dont<br />
la culture <strong>de</strong> maîtrise <strong>de</strong>s risques<br />
est très en phase avec celle <strong>de</strong><br />
l’entreprise<br />
<strong>Le</strong> Groupe Safe, bientôt quinquagénaire,<br />
n’a connu <strong>de</strong>puis sa création que <strong>de</strong>ux<br />
Prési<strong>de</strong>nts entrepreneurs dynamiques<br />
qui ont su porter son développement<br />
industriel dans le mon<strong>de</strong> entier. Issu <strong>de</strong><br />
gran<strong>de</strong>s dynasties <strong>de</strong> maîtres <strong>de</strong> forge <strong>de</strong><br />
l’Est <strong>de</strong> la France du début du XX e siècle,<br />
le Groupe constitué en 1967 n’a cessé <strong>de</strong><br />
poursuivre une stratégie <strong>de</strong> développement<br />
visant un lea<strong>de</strong>rship international,<br />
tout en conservant une autonomie <strong>de</strong>s<br />
unités <strong>de</strong> production technologiquement<br />
hautement avancées dans les domaines<br />
<strong>de</strong> l’acier moulé, <strong>de</strong>s aciers réfractaires<br />
et <strong>de</strong> matériaux plastiques.<br />
par la famille du Prési<strong>de</strong>nt et un groupe<br />
<strong>de</strong> managers, permet d’assurer une vision<br />
long terme en ayant pris soin d’anticiper,<br />
pour les réduire, les risques <strong>de</strong> transition<br />
et d’assurer le maintien <strong>de</strong> notre forte<br />
culture interne.<br />
Celle-ci est teintée <strong>de</strong> trois valeurs fondamentales<br />
: Dynamisme, Innovation,<br />
Engagement. En cela, notre Département<br />
Juridique se retrouve pleinement.<br />
« La stabilité <strong>de</strong> l’actionnariat<br />
composé majoritairement par<br />
la famille du Prési<strong>de</strong>nt et un<br />
groupe <strong>de</strong> managers, permet<br />
d’assurer une vision long terme »<br />
Vient à l’esprit pour un groupe industriel,<br />
la gestion du risque qualité : maîtrise<br />
<strong>de</strong>s processus <strong>de</strong> fabrication et<br />
<strong>de</strong> certification. <strong>Le</strong> <strong>juriste</strong> sécurise ces<br />
processus en termes <strong>de</strong> conformité<br />
contractuelle et réglementaire, et dans<br />
le suivi <strong>de</strong>s productions et livraisons.<br />
Si la plasturgie automobile répond à<br />
<strong>de</strong>s critères <strong>de</strong> zéro défaut, la fon<strong>de</strong>rie<br />
d’acier est un métier où le savoirfaire<br />
humain est déterminant, puisque<br />
la qualité <strong>de</strong>s matières premières et la<br />
permanence <strong>de</strong>s données chimiques<br />
dans le temps <strong>de</strong> production peuvent<br />
être aléatoires. La protection <strong>de</strong>s biens<br />
et <strong>de</strong>s personnes est un enjeu primordial.<br />
<strong>Le</strong>s inci<strong>de</strong>nts significatifs peuvent<br />
mettre en péril une usine. <strong>Le</strong> <strong>juriste</strong> se<br />
La pérennité est un maître mot : les<br />
composants fabriqués pour nos clients<br />
fonctionneront sur <strong>de</strong>s durées très longues<br />
; la mo<strong>de</strong>rnisation <strong>de</strong>s investissements<br />
industriels requiert <strong>de</strong>s capacités<br />
financières importantes, <strong>de</strong> même que le<br />
développement international, d’autant<br />
que les activités sont présentes sur <strong>de</strong>s<br />
marchés très cycliques. La stabilité <strong>de</strong><br />
l’actionnariat composé majoritairement<br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
LA CULTURE JURIDIQUE D’ENTREPRISE<br />
doit <strong>de</strong> disposer <strong>de</strong> bonnes couvertures<br />
d’assurances, d’en maîtriser le bon fonctionnement,<br />
et d’être un interlocuteur<br />
crédible dans ces situations à l’égard<br />
<strong>de</strong>s différents interlocuteurs internes et<br />
externes, que le <strong>juriste</strong> soit ou non en<br />
première ligne. Et cela qu’il s’agisse <strong>de</strong>s<br />
instances représentatives du personnel,<br />
<strong>de</strong>s autorités administratives, judiciaires,<br />
<strong>de</strong>s experts techniques, du voisinage,<br />
ou <strong>de</strong>s actionnaires etc. A l’international,<br />
la gestion <strong>de</strong> risques vise les opérations<br />
d’acquisition, menées via rachat<br />
d’actifs ou en “green field”. Très francofrançais,<br />
nous avons su faire preuve dans<br />
ces démarches <strong>de</strong> pru<strong>de</strong>nce mais aussi<br />
d’audace. <strong>Le</strong> <strong>juriste</strong> prend toute sa place<br />
dans ces opérations, travaillant à sécuriser<br />
en amont auprès <strong>de</strong>s négociateurs<br />
les vérifications d’usage, se <strong>de</strong>vant d’être<br />
curieux, adaptable, et créatif. Dans le<br />
cadre <strong>de</strong> l’organisation très décentralisée<br />
du Groupe, nos services juridiques<br />
accompagnent les opérationnels en tant<br />
qu’experts dans les différents domaines<br />
juridiques – contractuel, social, environnement,<br />
corporate, assurances - mais<br />
également ont un rôle <strong>de</strong> vérification <strong>de</strong><br />
conformité règlementaire, ainsi qu’aux<br />
principes internes <strong>de</strong> gouvernance.<br />
La construction du département juridique<br />
a représenté un vrai challenge :<br />
l’enjeu était <strong>de</strong> faire reconnaître l’utilité<br />
mais également la valeur ajoutée du<br />
<strong>juriste</strong> interne, dans un milieu convaincu<br />
<strong>de</strong> maîtriser toutes les facettes <strong>de</strong> ses<br />
métiers.<br />
Une culture juridique axée<br />
sur la sécurité, la prévention,<br />
la réassurance, et l’acceptation<br />
<strong>de</strong> défis<br />
Quel que soit notre parcours, nous<br />
nous <strong>de</strong>vons avant tout <strong>de</strong> connaître,<br />
comprendre, apprécier nos différents<br />
métiers : aller sur le terrain, écouter les<br />
opérationnels attentivement, les interroger<br />
en restant simple dans la communication<br />
pour désacraliser le langage juridique,<br />
leur expliquer pourquoi certaines<br />
<strong>de</strong> leurs solutions ne peuvent pas être<br />
retenues, sans pour autant apparaître<br />
comme mettre <strong>de</strong>s écueils à la réalisation<br />
<strong>de</strong> business, et surtout, leur proposer<br />
<strong>de</strong>s formulations qu’ils s’approprieront<br />
parce qu’ils les auront comprises.<br />
Vient ensuite le temps <strong>de</strong> sensibiliser<br />
encore davantage toute une population<br />
<strong>de</strong> managers (directeurs <strong>de</strong> site, <strong>de</strong><br />
production, <strong>de</strong>s ressources humaines,<br />
financiers, commerciaux, qualité) par<br />
une formation interne développée centrée<br />
sur <strong>de</strong>s exemples concrets significatifs<br />
intervenus au sein du Groupe ;<br />
le retour d’expérience sur <strong>de</strong>s clauses<br />
contractuelles mal écrites ou insuffisantes<br />
conduisant à <strong>de</strong>s pertes économiques<br />
ou <strong>de</strong>s contentieux ; sur les relations<br />
avec les partenaires menées dans <strong>de</strong>s<br />
conditions impru<strong>de</strong>ntes ayant pu être à<br />
l’origine <strong>de</strong> sinistres graves, est un merveilleux<br />
outil <strong>de</strong> diffusion du droit. Il<br />
doit être manié avec précaution, car les<br />
réactions peuvent être extrêmes : ou bien<br />
faire appel tout le temps aux <strong>juriste</strong>s,<br />
ou au contraire penser ne plus avoir<br />
besoin d’eux. L’appropriation correcte<br />
par les opérationnels <strong>de</strong> la matière juridique<br />
s’est avérée renforcée par la mise<br />
à disposition <strong>de</strong> procédures, <strong>de</strong> gui<strong>de</strong>s,<br />
et <strong>de</strong> modèles, sur la base <strong>de</strong>squels ils<br />
recourent ensuite aux <strong>juriste</strong>s pour affiner<br />
ou adapter aux situations particulières.<br />
Se doter <strong>de</strong> progiciels juridiques<br />
a permis <strong>de</strong> renforcer le service client<br />
« <strong>Le</strong> nouveau nom du Groupe Safe refl ète parfaitement notre culture :<br />
rassurer nos clients, partenaires, fournisseurs, banques, personnel »<br />
en favorisant le rappel <strong>de</strong>s échéances,<br />
la modélisation <strong>de</strong> clauses, l’archivage<br />
<strong>de</strong>s contrats. La réalisation d’audits permet<br />
également aux interlocuteurs <strong>de</strong><br />
prendre conscience <strong>de</strong>s forces et faiblesses<br />
<strong>de</strong>s situations. C’est l’occasion<br />
pour le <strong>juriste</strong> <strong>de</strong> démontrer sa capacité<br />
à être force <strong>de</strong> proposition. La participation,<br />
permanente ou ponctuelle, aux<br />
comités internes contribue, du fait <strong>de</strong><br />
la bonne connaissance <strong>de</strong>s personnes<br />
et <strong>de</strong>s actions en cours ou à venir, à diffuser<br />
conseils, éclairages et suggestions<br />
en amont.<br />
<strong>Le</strong> nouveau nom du Groupe Safe reflète<br />
parfaitement notre culture : rassurer<br />
nos clients, partenaires, fournisseurs,<br />
banques, personnel. <strong>Le</strong> <strong>juriste</strong> y contribue<br />
en démontrant sa capacité à i<strong>de</strong>ntifier<br />
les risques, anticiper les besoins, et<br />
être force <strong>de</strong> proposition.<br />
<strong>Le</strong> challenge fait donc aussi partie <strong>de</strong><br />
notre culture juridique et nous le vivons<br />
avec enthousiasme.<br />
■<br />
PARCOURS<br />
Titulaire d’un DESS Droit <strong>de</strong>s affaires<br />
<strong>de</strong> l’Université Toulouse I et d’un DESS<br />
Contentieux et Arbitrage <strong>de</strong> l’Université<br />
Panthéon-<strong>Assas</strong>, Marie-Sophie Dupouy<br />
a exercé en tant qu’avocate dans le cabinet<br />
Jobard Chemla & Associés, avant<br />
<strong>de</strong> <strong>de</strong>venir Responsable Juridique <strong>de</strong> la<br />
société Stardust Marine, puis ajourd’hui<br />
Directrice Juridique du Groupe SAFE.<br />
Rubrique suivie par Christophe<br />
Roquilly, professeur<br />
à EDHEC Business School<br />
et Rémy Sainte Fare Garnot,<br />
administrateur honoraire <strong>de</strong><br />
l’AFJE.<br />
51<br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
DROIT, MANAGEMENT ET STRATÉGIE<br />
EN PARTENARIAT AVEC L’ESSEC<br />
L’externalisation <strong>de</strong> la production<br />
<strong>de</strong> services juridiques <strong>de</strong>s cabinets<br />
d’avocats vers les pays à bas coût<br />
Tribune d’Antoine Masson, référendaire, expert associé au CEDE <strong>de</strong> l’ESSEC<br />
et <strong>de</strong> Dharamveer Singh, doctorant à l’Université du Luxembourg<br />
<strong>Le</strong> marché semble prometteur. En une<br />
dizaine d’années, plus <strong>de</strong> cent structures<br />
<strong>de</strong> ce type se sont créées en In<strong>de</strong>.<br />
Ainsi, sur un marché <strong>de</strong>s services juridiques<br />
estimé à 400 milliards <strong>de</strong> dollars,<br />
l’externalisation <strong>de</strong> services juridiques<br />
pèserait en 2006, 146 M <strong>de</strong> $ (2) ,<br />
en 2010, 440 M <strong>de</strong> $ (sociétés et cabinets<br />
d’avocats confondus) et pourrait<br />
atteindre, en 2012, 2,4 milliards <strong>de</strong> $ (3) .<br />
52<br />
Antoine Masson<br />
<strong>Le</strong> 4 août 2010, un acteur britannique,<br />
Sacha Baron Cohen, gagne<br />
le procès qui l’oppose à sa petite<br />
amie, qui l’accusait <strong>de</strong> diffamation dans<br />
l’un <strong>de</strong> ses films. Une affaire a priori<br />
ordinaire en droit <strong>de</strong>s médias, si ce n’est<br />
que l’un <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux cabinets d’avocats<br />
qui défendaient l’acteur a fait rédiger<br />
ses conclusions par sa filiale indienne.<br />
En effet, <strong>de</strong>puis les années 2000, l’externalisation<br />
<strong>de</strong> certaines prestations<br />
juridiques réalisées par les cabinets<br />
d’avocats vers <strong>de</strong>s pays à bas coût <strong>de</strong><br />
main d’œuvre a pris <strong>de</strong> l’essor. Certes,<br />
l’externalisation juridique n’est pas<br />
un phénomène nouveau, mais avec<br />
la crise économique, l’externalisation<br />
<strong>de</strong>s services juridiques a pris une nouvelle<br />
dimension, à savoir celle d’une<br />
délocalisation compétitive. Pour les<br />
cabinets d’avocats la crise a non seulement<br />
réduit la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, mais également<br />
conduit à une remise en cause<br />
<strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> facturation (facturation<br />
forfaitaire plutôt que sur la base du<br />
Dharamveer Singh<br />
temps consacré aux dossiers), exerçant<br />
ainsi une pression sur les coûts.<br />
En outre, dans un marché que certains<br />
considèrent comme mature dans <strong>de</strong><br />
nombreux pays, les cabinets d’avocats<br />
ne peuvent plus compter sur l’augmentation<br />
<strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> pour croître, mais<br />
doivent gagner <strong>de</strong>s parts <strong>de</strong> marché et,<br />
pour ce faire, améliorer leur compétitivité,<br />
la réputation n’étant plus suffisante.<br />
Or, quelle meilleure solution<br />
pour un avocat américain que la soustraitance<br />
à un cabinet d’avocats situé<br />
en In<strong>de</strong>, qui facture en moyenne <strong>de</strong><br />
24 à 40 $ <strong>de</strong> l’heure, là où un prestataire<br />
en free lance coûte <strong>de</strong> 50 à 100 $<br />
et un collaborateur <strong>de</strong> 250 à 350 $ (1) .<br />
(1) Source T.V. Mahalingam and Rahul Sachitanand, «A legal<br />
passage to India », Business Today, 12 décembre 2010.<br />
Initialement cantonnées à la sous-traitance<br />
<strong>de</strong> certaines tâches fastidieuses,<br />
comme la gestion <strong>de</strong>s documents, les<br />
prestations proposées par ces cabinets<br />
d’avocats ont aujourd’hui évolué vers<br />
<strong>de</strong>s services à plus forte valeur ajoutée,<br />
comme le dépôt <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> brevets,<br />
la réalisation <strong>de</strong> recherches juridiques,<br />
la rédaction <strong>de</strong> contrats, voire la rédaction<br />
<strong>de</strong> conclusions. Ainsi, selon une<br />
étu<strong>de</strong> récente <strong>de</strong> la société Day One,<br />
sur une centaine <strong>de</strong> cabinets analysés<br />
en In<strong>de</strong>, 47 proposent <strong>de</strong>s prestations<br />
en matière <strong>de</strong> propriété intellectuelle<br />
et 45 la rédaction <strong>de</strong> contrats.<br />
« Avec la crise économique, l’externalisation <strong>de</strong>s<br />
services juridiques a pris une nouvelle dimension,<br />
à savoir celle d’une délocalisation compétitive ».<br />
À l’heure actuelle, cette externalisation<br />
concerne surtout <strong>de</strong>s sociétés<br />
américaines (trois quarts <strong>de</strong>s clients) et<br />
anglaises (un cinquième) (4) et s’opère au<br />
profit <strong>de</strong> sociétés implantées dans <strong>de</strong>s<br />
(2) Étu<strong>de</strong> Valuenotes <strong>de</strong> 2007 intitulée : “Offshoring <strong>Le</strong>gal Services<br />
to India - An Update”.<br />
(3) Source pour 2010 et 2012, Businesswire.com<br />
(4) Etu<strong>de</strong> Fronterion LLC, “Top ten trends for legal outsourcing<br />
in 2010”<br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
DROIT, MANAGEMENT ET STRATÉGIE<br />
pays comme l’In<strong>de</strong>, l’Afrique du Sud,<br />
Singapour, la Malaisie, le Sri Lanka,<br />
Israël, et les Philippines. <strong>Le</strong> choix <strong>de</strong><br />
ces pays n’a rien d’étonnant. Il s’agit,<br />
en effet, dans la majorité <strong>de</strong>s cas, <strong>de</strong><br />
pays anglophones, flexibles en ce qui<br />
concerne les conditions <strong>de</strong> travail et<br />
qui connaissent les systèmes juridiques<br />
anglo-saxons, parce qu’ils en relèvent<br />
eux-mêmes ou sont influencés par<br />
la Common Law. En outre, la main<br />
d’œuvre y est très qualifiée et adaptée.<br />
Par exemple, l’In<strong>de</strong> qui représente<br />
40 % du marché mondial (5) , compte<br />
<strong>de</strong> nombreux <strong>juriste</strong>s ayant été formés<br />
aux États-Unis. En outre, avec le<br />
succès <strong>de</strong> l’externalisation, les cabinets<br />
indiens embauchent désormais<br />
<strong>de</strong>s <strong>juriste</strong>s américains afin d’encadrer<br />
leurs équipes.<br />
En France, ce sujet reste tabou, même si<br />
quelques cabinets <strong>de</strong> conseils semblent<br />
déjà y avoir recours. Il faut noter que<br />
le développement <strong>de</strong> l’externalisation<br />
juridique se heurte à la barrière <strong>de</strong> la<br />
langue et à une différence <strong>de</strong> formation<br />
juridique. Néanmoins, l’externalisation<br />
juridique pourrait se développer dans<br />
les années à venir, à <strong>de</strong>stination <strong>de</strong> pays<br />
ayant une i<strong>de</strong>ntité juridique et linguistique<br />
proche <strong>de</strong> la France, comme le<br />
Maroc, la Tunisie ou Madagascar. En<br />
effet, l’externalisation juridique <strong>de</strong> ces<br />
pays présente un avantage indéniable<br />
en termes <strong>de</strong> coûts et donc <strong>de</strong> compétitivité.<br />
L’externalisation permet également<br />
<strong>de</strong> lisser la charge <strong>de</strong> travail, en<br />
transférant les augmentations conjoncturelles<br />
à un tiers plutôt qu’en créant<br />
un coût fixe lié à l’embauche d’une<br />
personne supplémentaire. En outre,<br />
l’externalisation doit conduire les cabinets<br />
à se recentrer sur leurs activités à<br />
forte valeur ajoutée. Enfin, en choisissant<br />
<strong>de</strong>s entreprises implantées dans<br />
d’autres fuseaux horaires, l’externalisation<br />
peut permettre <strong>de</strong> faire avancer un<br />
dossier en travaillant 24 heures sur 24.<br />
<strong>Le</strong> développement <strong>de</strong> l’externalisation<br />
juridique ne va pas sans poser un certain<br />
nombre <strong>de</strong> problèmes. On peut<br />
craindre naturellement un effet néga-<br />
(5) Et 32 000 employés en 2010.<br />
tif sur l’emploi, mais ce sont surtout<br />
les inconvénients pour les entreprises<br />
qui y recourent qui doivent être pris<br />
en considération. Premièrement, les<br />
gains escomptés peuvent être considérablement<br />
réduits du fait <strong>de</strong> l’effort que<br />
l’entreprise doit déployer pour superviser<br />
le travail effectué ainsi que, le<br />
cas échéant, pour adapter la prestation<br />
fournie aux spécificités <strong>de</strong> l’entreprise…<br />
Deuxièmement, lorsque le prestataire<br />
est implanté dans un autre pays, surgissent<br />
<strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong> différences<br />
<strong>de</strong> culture, <strong>de</strong> standards éthiques et <strong>de</strong><br />
communication. N’oublions pas qu’en<br />
droit, le diable se situe dans les détails<br />
et les nuances. Troisièmement, l’externalisation<br />
ne favorise pas le développement<br />
en interne <strong>de</strong>s compétences<br />
et peut également affecter l’image du<br />
cabinet (6) . Quatrièmement, l’externalisation<br />
<strong>de</strong> services juridiques suppose<br />
le transfert <strong>de</strong> données à caractère personnel,<br />
notamment dans le cas d’un<br />
cabinet qui sous-traite l’un <strong>de</strong> ses dossiers.<br />
Or, les relations entre un avocat et<br />
son client sont généralement couvertes<br />
par le secret professionnel. Ainsi, en<br />
France, le transfert <strong>de</strong> données suppose<br />
une autorisation <strong>de</strong> l’autorité <strong>de</strong><br />
régulation, laquelle apprécie la légitimité<br />
du transfert, son caractère adéquat,<br />
pertinent et non excessif (7) , ainsi<br />
que celle du client, voire <strong>de</strong> ses partenaires.<br />
Or, si l’économie réalisée n’est<br />
pas partagée avec ce <strong>de</strong>rnier, il y a fort<br />
(6) Pour les entreprises, l’externalisation juridique peut constituer<br />
un frein au développement d’une culture juridique, laquelle<br />
est importante afi n <strong>de</strong> réduire son exposition aux risques juridiques<br />
et développer en interne une capacité à se saisir <strong>de</strong>s<br />
opportunités offertes par le droit.<br />
(7) Voir également, la Directive 95/46/CE du Parlement européen<br />
et du Conseil, du 24 octobre 1995, relative à la protection<br />
<strong>de</strong>s personnes physiques à l’égard du traitement <strong>de</strong>s<br />
données à caractère personnel et à la libre circulation <strong>de</strong> ces<br />
données et les gui<strong>de</strong>s <strong>de</strong> transferts élaborés par la Commission,<br />
ainsi que le rapport <strong>de</strong> la CNIL <strong>de</strong> 2010 intitulé «<strong>Le</strong>s questions<br />
posées pour la protection <strong>de</strong>s données personnelles par<br />
l’externalisation hors <strong>de</strong> l’Union européenne <strong>de</strong>s traitements<br />
informatiques ».<br />
« L’externalisation soulève <strong>de</strong>s diffi cultés d’ordre déontologique.<br />
Comment l’avocat peut-il garantir le respect du secret professionnel,<br />
lorsqu’il sous-traite son dossier à un cabinet implanté dans<br />
un pays ne respectant pas les mêmes standards juridiques »<br />
à parier que celui-ci verra l’externalisation<br />
<strong>de</strong> son dossier d’un fort mauvais<br />
œil. Cinquièmement, l’externalisation,<br />
en raison <strong>de</strong> la perte <strong>de</strong> contrôle qu’elle<br />
induit sur les processus <strong>de</strong> production,<br />
implique nécessairement <strong>de</strong>s risques.<br />
En particulier, comme l’a souligné le<br />
Conseil <strong>de</strong>s Barreaux européens dans<br />
ses lignes directrices sur l’externalisation<br />
juridique, publiées en juin 2010,<br />
l’externalisation soulève <strong>de</strong>s difficultés<br />
d’ordre déontologique. Comment l’avocat<br />
peut-il garantir le respect du secret<br />
professionnel, lorsqu’il sous-traite son<br />
dossier à un cabinet implanté dans un<br />
pays ne respectant pas les mêmes standards<br />
juridiques Dans un contexte <strong>de</strong><br />
crise, l’externalisation <strong>de</strong>s services peut<br />
constituer une solution pour permettre<br />
à un cabinet et à ses clients <strong>de</strong> réduire<br />
leurs coûts. <strong>Le</strong>s avocats et leurs clients<br />
doivent cependant s’interroger sur ses<br />
implications et sur les gains réels qui<br />
en seront retirés. En outre, à l’heure<br />
où la France souhaite promouvoir son<br />
droit, les pouvoirs publics vont <strong>de</strong>voir<br />
s’interroger pour savoir s’il convient<br />
<strong>de</strong> protéger les avocats français ou<br />
d’encourager cette externalisation afin<br />
d’améliorer leur compétitivité.<br />
■<br />
Contact<br />
Centre Européen <strong>de</strong> Droit d’Économie :<br />
www.ce<strong>de</strong>-essec.fr<br />
53<br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
LA PAROLE EST DONNÉE... À L’ASSOCIATION DES JURISTES FRANCO-BRITANNIQUES<br />
L’Association <strong>de</strong>s Juristes<br />
Franco-Britanniques<br />
Présentation par Irène Arnau<strong>de</strong>au, Avocat au Barreau<br />
<strong>de</strong> Paris, <strong>de</strong> l’Association <strong>de</strong>s Juristes<br />
Franco-Britanniques, avec qui l’AFJE a noué <strong>de</strong>s liens<br />
importants et durables<br />
Irène Arnau<strong>de</strong>au<br />
54<br />
L’Association <strong>de</strong>s Juristes Franco-<br />
Britanniques (« AJFB ») a été<br />
créée, il y a 25 ans, par un avocat<br />
français et un barrister anglais, afin <strong>de</strong><br />
favoriser la connaissance du droit, <strong>de</strong>s<br />
institutions et <strong>de</strong>s pratiques juridiques et<br />
judiciaires <strong>de</strong> chaque côté <strong>de</strong> la Manche,<br />
ainsi que les échanges entre les <strong>juriste</strong>s<br />
<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux pays, <strong>de</strong> manière à resserrer les<br />
liens juridiques, économiques et culturels<br />
entre la France et le Royaume-Uni.<br />
« L’AJFB a été créée afi n <strong>de</strong><br />
favoriser la connaissance du<br />
droit, <strong>de</strong>s institutions et <strong>de</strong>s<br />
pratiques juridiques et judiciaires<br />
<strong>de</strong> chaque côté <strong>de</strong> la Manche »<br />
L’AJFB organise ainsi <strong>de</strong> nombreuses<br />
manifestations dans les <strong>de</strong>ux pays (conférences,<br />
colloques, jeux <strong>de</strong> rôle dîners),<br />
tous les évènements susceptibles d’intéresser<br />
les différentes professions juridiques<br />
et judiciaires auxquelles appartiennent<br />
les membres <strong>de</strong> l’AJFB.<br />
Toutes les professions juridiques et judiciaires<br />
sont effectivement représentées au<br />
sein <strong>de</strong> l’Association : avocats, magistrats,<br />
notaires, <strong>juriste</strong>s d’entreprise, professeurs<br />
<strong>de</strong> droit, huissiers et étudiants en droit,<br />
<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux côtés <strong>de</strong> la Manche.<br />
<strong>Le</strong>s thèmes abordés lors <strong>de</strong> ces colloques<br />
ou conférences sont extrêmement<br />
variés : cela va <strong>de</strong> la négociation<br />
d’un contrat franco-britannique au droit<br />
maritime, du droit <strong>de</strong> l’environnement<br />
au droit <strong>de</strong> la concurrence, du droit <strong>de</strong><br />
l’arbitrage à la bioéthique, du droit <strong>de</strong><br />
la propriété intellectuelle au droit <strong>de</strong> la<br />
famille, du droit du travail au droit fiscal<br />
etc. <strong>Le</strong> programme <strong>de</strong>s différentes manifestations<br />
organisées par l’AJFB dans ses<br />
différentes sections peut être consulté<br />
sur son site internet : www.ajfb.eu ou<br />
www.fbls.eu.<br />
L’AJFB (en anglais : Franco-British<br />
Lawyers Society « FBLS ») est composée<br />
<strong>de</strong> 4 sections, les membres <strong>de</strong> l’Association<br />
pouvant assister aux manifestations<br />
organisées par toutes les sections :<br />
- une Section anglaise comprenant également<br />
le Pays <strong>de</strong> Galles,<br />
- une Section écossaise,<br />
- une Section en Irlan<strong>de</strong> du Nord,<br />
- et une Section française.<br />
Chaque Section <strong>de</strong> l’AJFB organise tour<br />
à tour le colloque annuel <strong>de</strong> l’Association<br />
dans son pays. Ce colloque annuel aura<br />
lieu en 2013 à Paris - le 27 septembre -<br />
avec pour thème « Dieu et mon droit ;<br />
religion, société et état : quelques problèmes<br />
d’aujourd’hui ». Ce colloque sera<br />
l’occasion d’abor<strong>de</strong>r <strong>de</strong> façon très pratique<br />
comment les <strong>de</strong>ux systèmes juridiques<br />
abor<strong>de</strong>nt cette problématique<br />
avec <strong>de</strong>s répercussions et <strong>de</strong>s solutions<br />
sensiblement différentes dans les <strong>de</strong>ux<br />
pays.<br />
« Toutes les professions<br />
juridiques et judiciaires sont<br />
effectivement représentées<br />
au sein <strong>de</strong> l’Association »<br />
Pour ce qui concerne les conférences<br />
intéressant plus particulièrement les<br />
<strong>juriste</strong>s d’entreprises, l’AJFB a organisé<br />
<strong>de</strong>rnièrement <strong>de</strong>s conférences à Londres<br />
et à Paris sur les thèmes suivants :<br />
- discriminations liées au sexe et à l’âge<br />
en matière d’emploi en France et au<br />
Royaume-Uni ;<br />
- législations anti-corruption en France et<br />
au Royaume-Uni : effets du « Bribery<br />
Act » ;<br />
- Avocat en entreprise : comparaison<br />
franco-britannique, où les questions<br />
du legal privilege et du secret professionnel<br />
ont été abordées par <strong>de</strong>s <strong>juriste</strong>s<br />
<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux pays (dont Philippe Coen,<br />
Vice-Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’AFJE) ;<br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
LA PAROLE EST DONNÉE... À L’ASSOCIATION DES JURISTES FRANCO-BRITANNIQUES<br />
© Jean-René Tancrè<strong>de</strong><br />
55<br />
Sir Peter Ricketts, ambassa<strong>de</strong>ur du Royaume-Uni en France, et Irène Arnau<strong>de</strong>au, au dîner annuel <strong>de</strong> la Section Française <strong>de</strong> l’AJFB, à<br />
l’Hôtel <strong>de</strong> Charost, le 18 avril 2013<br />
- les nouvelles mesures fiscales françaises<br />
: comment les britanniques<br />
traitent-ils les mêmes sujets <br />
<strong>Le</strong>s prochaines conférences prévues à<br />
l’heure actuelle susceptibles d’intéresser<br />
les <strong>juriste</strong>s d’entreprise en 2013 portent<br />
sur les thèmes suivants :<br />
- Droit <strong>de</strong> la concurrence (vendredi<br />
1 er juillet 2013 à l’Université St Mary<br />
<strong>de</strong> Londres) ;<br />
- Choisir un lieu d’arbitrage en France,<br />
en Angleterre ou en Ecosse : qu’est-ce<br />
que cela change (jeudi 7 novembre<br />
2013 à la Bibliothèque <strong>de</strong> l’Ordre <strong>de</strong>s<br />
Avocats <strong>de</strong> Paris) ;<br />
- Droit <strong>de</strong> la propriété intellectuelle (minovembre<br />
à Edimbourg).<br />
L’Association bénéficie du soutien <strong>de</strong>s<br />
plus hautes instances juridiques et judiciaires<br />
<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux pays. <strong>Le</strong> colloque annuel<br />
<strong>de</strong> l’AJFB a ainsi été accueilli par la Cour<br />
<strong>de</strong> Cassation en 2007 et par le Conseil<br />
d’Etat en 2010.<br />
L’AJFB bénéficie également du soutien<br />
<strong>de</strong>s ambassa<strong>de</strong>urs <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux pays.<br />
<strong>Le</strong> dîner annuel <strong>de</strong> la Section Française<br />
<strong>de</strong> l’AJFB a ainsi eu lieu cette année<br />
le 18 avril <strong>de</strong>rnier à la Rési<strong>de</strong>nce <strong>de</strong><br />
l’Ambassa<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> Gran<strong>de</strong>-Bretagne à<br />
Paris, durant lequel Sir Peter Ricketts,<br />
Ambassa<strong>de</strong>ur du Royaume-Uni en<br />
France a évoqué l’état <strong>de</strong>s relations<br />
franco-britanniques.<br />
Je vous invite vivement à faire partie<br />
<strong>de</strong> l’Association <strong>de</strong>s Juristes Franco-<br />
Britanniques, afin <strong>de</strong> mieux connaître<br />
le droit et la pratique juridique britannique<br />
et profiter <strong>de</strong>s échanges fructueux<br />
avec les <strong>juriste</strong>s britanniques dans une<br />
ambiance conviviale.<br />
■<br />
Contact<br />
Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’AJFB : Sir Michael<br />
Tugendhat<br />
Contact : ajfb.france@wanadoo.fr<br />
Site Internet : www.ajfb.eu<br />
« l’AJFB a aujourd’hui la chance<br />
<strong>de</strong> bénéfi cier du soutien <strong>de</strong>s<br />
ambassa<strong>de</strong>urs <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux pays »<br />
La Section Anglaise organise également<br />
tous les ans une réception à la House of<br />
Lords, où nous sommes reçus par le Lord<br />
Speaker.<br />
<strong>Le</strong> prochain colloque annuel <strong>de</strong> l’AJFB<br />
se tiendra le 27 septembre 2013 à<br />
Paris, rue <strong>de</strong> l’Université, et sera consacré<br />
au thème : « Dieu et mon droit ».<br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
L’ACTUALITÉ EN RÉGION | Nord<br />
La délégation Nord <strong>de</strong> l’AFJE :<br />
carrefour d’échanges et d’expériences<br />
Pour les lecteurs du JEM, Eric Bossuyt, délégué régional Nord, revient sur les actions,<br />
partenariats et évènements marquants mis en place par la délégation régionale ces <strong>de</strong>ux<br />
<strong>de</strong>rnières années, ainsi que sur les projets 2013 à ne pas manquer.<br />
56<br />
Eric Bossuyt<br />
Nous vous avions rencontré<br />
en 2011, à l’occasion d’une<br />
première présentation <strong>de</strong><br />
votre délégation dans notre<br />
magazine, comment ont évolué<br />
vos activités <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>ux ans <br />
Comme annoncé en 2011, le cycle <strong>de</strong>s<br />
visites d’entreprises «qui se cachent <strong>de</strong>rrière<br />
les <strong>juriste</strong>s » <strong>de</strong> la délégation Nord<br />
a été lancé.<br />
Deux très belles visites sont intervenues :<br />
la première fut la découverte du B-Twin<br />
village d’Oxylane, où sont assemblés,<br />
dans un <strong>de</strong>s plus grands sites industriels<br />
<strong>de</strong> France, <strong>de</strong>s dizaines <strong>de</strong> milliers <strong>de</strong><br />
vélos par an. Cette visite fut l’occasion<br />
d’un échange constructif avec les brillants<br />
<strong>juriste</strong>s <strong>de</strong> cette entreprise dynamique,<br />
particulièrement avec Patrick<br />
Cocheteux et Franck Furo<strong>de</strong>t, qui avaient<br />
organisé la visite.<br />
La <strong>de</strong>uxième fut tout aussi mémorable :<br />
visite <strong>de</strong>s coulisses <strong>de</strong> Wéo, TV lilloise<br />
bien connue, et découverte <strong>de</strong> l’imprimerie<br />
<strong>de</strong> la Voix du Nord à Marcq-en-<br />
Baroeul, site d’impression ultra mo<strong>de</strong>rne<br />
où l’impression est presqu’entièrement<br />
robotisée d’un bout à l’autre <strong>de</strong> la chaîne.<br />
Nous étions guidés par Bruno Contestin,<br />
Directeur juridique du groupe La Voix<br />
du Nord.<br />
La prochaine visite <strong>de</strong>vrait intervenir<br />
chez Bombardier, 1er constructeur ferroviaire<br />
mondial, implanté dans le Nord,<br />
sous la houlette bienveillante <strong>de</strong> sa direction<br />
juridique basée à Crespin, près <strong>de</strong><br />
Valenciennes.<br />
La participation active <strong>de</strong> la délégation<br />
à l’étu<strong>de</strong> sur les besoins <strong>de</strong>s donneurs<br />
d’ordre <strong>de</strong> l’euro région en matière<br />
<strong>de</strong> conseils juridiques, avec Lille Place<br />
Juridique et l’EDHEC Business School,<br />
pendant le 1er semestre 2012, a été un<br />
autre moment important.<br />
Quelles sont aujourd’hui<br />
vos objectifs pour la<br />
délégation du Nord <br />
Je réfléchis actuellement avec Perrine<br />
Lary au lancement d’un Comité <strong>de</strong>s<br />
jeunes <strong>juriste</strong>s <strong>de</strong> la délégation en coordination<br />
avec le CJ2. Dans ce cadre, nous<br />
allons lancer sans doute à partir <strong>de</strong> juin<br />
le premier «Café juridique » <strong>de</strong> la délégation,<br />
forum d’échanges convivial entre<br />
professionnels du droit <strong>de</strong> l’entreprise<br />
<strong>de</strong> la région.<br />
Quelles sont les nouveautés<br />
du côté <strong>de</strong>s partenariats <br />
De nombreux partenariats ont été mis en<br />
place ces <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rnières années entre la<br />
délégation Nord et plusieurs acteurs institutionnels<br />
ou économiques du mon<strong>de</strong> du<br />
droit. Avec l’Université du Littoral Côte<br />
d’Opale tout d’abord, où nous présentons<br />
régulièrement le métier <strong>de</strong> Juriste<br />
d’Entreprise aux étudiants, et participons<br />
au forum <strong>de</strong>s métiers et à <strong>de</strong> nombreux<br />
ateliers pédagogiques, comme <strong>de</strong>s<br />
simulations d’entretiens d’embauche.<br />
Nous avons également un partenariat<br />
privilégié avec la Faculté Libre <strong>de</strong> Droit,<br />
consistant en <strong>de</strong> nombreuses participations<br />
aux programmes <strong>de</strong> l’Université (au<br />
forum <strong>de</strong>s métiers, à <strong>de</strong>s simulations d’entretiens<br />
d’embauche, aux ai<strong>de</strong>s à la rédaction<br />
<strong>de</strong> CV). Nous avons aussi développé<br />
et soutenu le module «droit en action »<br />
du M2 Pratique du Droit <strong>de</strong>s Affaires.<br />
Nous participons également au comité<br />
<strong>de</strong> perfectionnement du Master 2 Juriste<br />
d’entreprise <strong>de</strong> l’Université Lille 2 ainsi<br />
qu’à leur forum <strong>de</strong>s métiers. Enfin nous<br />
avons souhaité prendre une part active<br />
au programme « Lille Place Juridique »,<br />
en participant au développement <strong>de</strong> la<br />
notoriété du tertiaire juridique au sein<br />
<strong>de</strong> l’euro région et en mettant en place,<br />
en partenariat avec l’EDHEC Business<br />
School, l’étu<strong>de</strong> «besoins <strong>de</strong>s donneurs<br />
d’ordre » en 2012, ainsi que <strong>de</strong> nombreux<br />
séminaires juridiques…<br />
Propos recueillis<br />
par Michele Zingari ■<br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
Nord | L’ACTUALITÉ EN RÉGION<br />
<strong>Le</strong> Nord : une région dynamique<br />
et innovante au cœur <strong>de</strong> l’Europe<br />
Portraits <strong>de</strong> ces hommes et femmes <strong>juriste</strong>s d’entreprise, acteurs du développement<br />
économique du Nord, et <strong>de</strong> leurs secteurs d’activités, moteurs du dynamisme indéniable<br />
d’une région à vocation européenne et internationale.<br />
Romain Cayra<strong>de</strong> responsable juridique à Eurotunnel : les spécifi cités d’une société franco-britannique<br />
Romain Cayra<strong>de</strong><br />
PARCOURS<br />
Titulaire d’un DESS Droit du commerce<br />
international et d’un Master of<br />
Law, Romain Cayra<strong>de</strong> a travaillé en tant<br />
qu’avocat dans le cabinet Ernst & Young<br />
avant d’intégrer Eurotunnel en 2007.<br />
J’ai intégré Eurotunnel au cours<br />
<strong>de</strong> l’année 2007, au moment <strong>de</strong><br />
la procédure <strong>de</strong> sauvegar<strong>de</strong> mais<br />
aussi du lancement <strong>de</strong> grands projets <strong>de</strong><br />
maintenance et <strong>de</strong> renouvellement<br />
<strong>de</strong>s infrastructures et du matériel roulant.<br />
<strong>Le</strong>s premières années, j’ai travaillé<br />
principalement sur les appels d’offres et<br />
les contrats relatifs à ces projets, ainsi que<br />
sur la gestion <strong>de</strong>s contentieux. Après<br />
l’acquisition <strong>de</strong>s filiales françaises <strong>de</strong><br />
Veolia Cargo et la forte croissance d’activité<br />
d’Europorte <strong>de</strong>puis 2010, je suis<br />
intervenu sur certains aspects juridiques<br />
liés à ces nouvelles activités, dans<br />
le fret et la gestion d’infrastructures ferroviaires.<br />
Depuis le début <strong>de</strong> l’année<br />
2012, je suis détaché à plein temps pour<br />
Europorte, en tant que responsable juridique<br />
France.<br />
<strong>Le</strong> secteur d’activité d’Eurotunnel est<br />
particulièrement représentatif du dynamisme<br />
<strong>de</strong> la région avec le pôle <strong>de</strong> compétitivité<br />
I-trans, pôle référent pour la<br />
conception, la construction, l’exploitation<br />
et la maintenance <strong>de</strong>s systèmes <strong>de</strong><br />
transports durables, ancré dans les<br />
régions Nord-Pas-<strong>de</strong>-Calais et Picardie.<br />
Nos activités ont évi<strong>de</strong>mment une<br />
forte dimension internationale avec,<br />
pour le Tunnel sous la Manche, tous<br />
les aspects juridiques liés à la concession<br />
quadripartite entre les Etats <strong>de</strong> France<br />
et du Royaume Uni d’une part, et les<br />
sociétés France Manche et The Channel<br />
Tunnel Group Ltd d’autre part. <strong>Le</strong> point<br />
frontière est situé au milieu du tunnel,<br />
ce qui suscite parfois <strong>de</strong>s questions juridiques<br />
spécifiques.<br />
<strong>Le</strong> statut du <strong>juriste</strong> d’entreprise en<br />
France : pour une indépendance et<br />
une confi<strong>de</strong>ntialité <strong>de</strong>s avis.<br />
Je fais partie d’une Direction juridique<br />
binationale où les <strong>juriste</strong>s <strong>de</strong> droit anglais<br />
et les <strong>juriste</strong>s <strong>de</strong> droit français travaillent<br />
dans la même équipe. Pourtant le statut<br />
est différent <strong>de</strong> part et d’autre <strong>de</strong><br />
la Manche, mes collègues anglais ayant<br />
le statut <strong>de</strong> « solicitors » et bénéficiant du<br />
« legal privilege », tandis qu’en France<br />
les <strong>juriste</strong>s sont <strong>de</strong>s salariés <strong>de</strong> l’entreprise<br />
comme les autres. Par comparaison,<br />
il serait souhaitable en France que<br />
le <strong>juriste</strong> obtienne un statut spécifique<br />
pour assurer une certaine indépendance<br />
et la confi<strong>de</strong>ntialité <strong>de</strong> certains conseils.<br />
Propos recueillis par Michele Zingari ■<br />
57<br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
L’ACTUALITÉ EN RÉGION | Nord<br />
Marion Thibaut, jeune <strong>juriste</strong> chez BOMBARDIER,<br />
lea<strong>de</strong>r ferroviaire mondial<br />
58<br />
PARCOURS<br />
Titulaire d’un Master 1 Droit <strong>de</strong>s contrats<br />
et <strong>de</strong>s entreprises et d’un Master 2<br />
Pratique du droit <strong>de</strong>s affaires, Marion<br />
Thibaut a débuté sa carrière dans l’entreprise<br />
Bombardier dès la fi n <strong>de</strong> ses étu<strong>de</strong>s.<br />
Spécialisée en droit <strong>de</strong>s affaires,<br />
j’ai été employée par l’entreprise<br />
Bombardier à l’issue <strong>de</strong> mon stage<br />
<strong>de</strong> fin d’étu<strong>de</strong>s. Il existe <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong><br />
fonctions juridiques chez Bombardier :<br />
les <strong>juriste</strong>s travaillant à la direction juridique<br />
et les <strong>juriste</strong>s travaillant au sein <strong>de</strong>s<br />
projets. C’est vers cette <strong>de</strong>uxième fonction<br />
que je me suis tournée, qui consiste<br />
à veiller à la bonne exécution <strong>de</strong>s obligations<br />
contractuelles <strong>de</strong> Bombardier et <strong>de</strong><br />
ses fournisseurs pour le projet «Nouvelle<br />
Automotrice Transilien ». En pratique<br />
j’assiste les différentes fonctions et plus<br />
particulièrement le département <strong>de</strong>s<br />
achats dans la négociation et la rédaction<br />
<strong>de</strong> leurs contrats ou encore dans la<br />
préparation et le suivi <strong>de</strong>s réclamations<br />
fournisseurs.<br />
<strong>Le</strong> Nord-Pas-<strong>de</strong>-Calais est la première<br />
région ferroviaire française.<br />
<strong>Le</strong> Valenciennois est particulièrement<br />
dynamique avec l’implantation <strong>de</strong><br />
Bombardier, lea<strong>de</strong>r ferroviaire mondial<br />
à Crespin, mais également <strong>de</strong> petits et<br />
grands équipementiers ou avec le développement<br />
d’un pôle d’excellence ferroviaire.<br />
Nos activités sont internationales.<br />
Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> l’Europe, nos fournisseurs<br />
et collègues viennent du mon<strong>de</strong> entier.<br />
Travailler au sein <strong>de</strong> ce «melting pot » est<br />
une extraordinaire aventure, tant d’un<br />
point <strong>de</strong> vue professionnel que personnel.<br />
Pour que chacun puisse s’épanouir<br />
dans ce contexte, Bombardier a mis en<br />
place <strong>de</strong>s formations internes en anglais<br />
et en allemand.<br />
<strong>Le</strong> <strong>juriste</strong> prend part aux décisions stratégiques<br />
<strong>de</strong> l’entreprise, il est une interface<br />
fondamentale entre les différentes<br />
parties prenantes <strong>de</strong> celle-ci. Il doit savoir<br />
s’adapter, être flexible et parfois sortir<br />
du cadre purement juridique. C’est ma<br />
vision <strong>de</strong> mon travail chez Bombardier !<br />
Propos recueillis par Michele Zingari ■<br />
Marion Thibaut,<br />
Arnaud Declercq, Responsable <strong>de</strong>s affaires juridiques chez<br />
LESAFFRE, lea<strong>de</strong>r mondial dans la production <strong>de</strong> levure<br />
Arnaud Declercq<br />
Parallèlement au très fort développement<br />
et à l’expansion du<br />
Groupe <strong>Le</strong>saffre, je suis <strong>de</strong>venu<br />
<strong>juriste</strong> d’entreprise généraliste puis responsable<br />
<strong>de</strong>s affaires juridiques.<br />
L’activité du pôle juridique se concentre<br />
sur la rédaction contractuelle, la gestion<br />
du portefeuille <strong>de</strong> marques du Groupe<br />
<strong>Le</strong>saffre, le contentieux, l’immobilier<br />
et la croissance externe. <strong>Le</strong>s aspects<br />
« social », « corporate » ou « brevet » ne<br />
dépen<strong>de</strong>nt pas du département juridique.<br />
<strong>Le</strong> Groupe familial français <strong>Le</strong>saffre,<br />
fondé en 1853, est le lea<strong>de</strong>r mondial dans<br />
le domaine <strong>de</strong> la levure et <strong>de</strong>s extraits<br />
<strong>de</strong> levure, son activité étant classée au<br />
niveau <strong>de</strong>s industries agroalimentaires.<br />
<strong>Le</strong> siège administratif du Groupe et la<br />
plus grosse unité <strong>de</strong> production <strong>de</strong> levure<br />
au mon<strong>de</strong> se trouve à Marcq-en-Baroeul.<br />
Cette unité exporte la quasi-totalité <strong>de</strong> sa<br />
production et contribue ainsi à classer la<br />
région Nord-Pas-<strong>de</strong>-Calais comme étant<br />
la première région <strong>de</strong> France exportatrice<br />
dans le secteur agroalimentaire.<br />
<strong>Le</strong> département juridique du Groupe<br />
<strong>Le</strong>saffre est logé au sein <strong>de</strong> la société<br />
<strong>de</strong> services <strong>Le</strong>saffre International et a<br />
vocation à répondre aux attentes et aux<br />
besoins juridiques <strong>de</strong>s filiales du Groupe<br />
implantées sur les 5 continents et intervenant<br />
dans plus <strong>de</strong> 170 pays. Notre<br />
activité est donc très orientée à l’international,<br />
ce qui nous amène constamment<br />
à nous adapter à <strong>de</strong>s réalités locales, et<br />
à confronter et remettre en cause nos<br />
connaissances juridiques.<br />
Propos recueillis par Michele Zingari ■<br />
PARCOURS<br />
Après avoir obtenu un troisième cycle<br />
à l’Ecole du Droit <strong>de</strong> l’entreprise <strong>de</strong><br />
Montpellier, je suis entré il y a 20 ans<br />
chez <strong>Le</strong>saffre en tant qu’assistant juridique<br />
<strong>de</strong> l’unique personne en charge<br />
<strong>de</strong> l’activité juridique.<br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
Nord | L’ACTUALITÉ EN RÉGION<br />
Maxence Blon<strong>de</strong>l, premier interlocuteur juridique<br />
<strong>de</strong> la parfumerie DOUGLAS FRANCE<br />
Maxence Blon<strong>de</strong>l<br />
PARCOURS<br />
Titulaire d’un DESS <strong>de</strong> Droit <strong>de</strong>s<br />
Affaires, j’ai intégré le Centre <strong>de</strong> formation<br />
à la Profession d’Avocats.<br />
A la sortie <strong>de</strong> cette formation, j’ai exercé<br />
<strong>de</strong>ux ans et <strong>de</strong>mi au sein d’un cabinet<br />
d’avocats <strong>de</strong> droit <strong>de</strong>s affaires <strong>de</strong> la<br />
Métropole Lilloise.<br />
Souhaitant saisir une opportunité professionnelle,<br />
j’ai rejoint le département<br />
juridique <strong>de</strong> la société HUTCHINSON,<br />
fi liale du Groupe Total à Paris, en qualité<br />
<strong>de</strong> Responsable Juridique pendant<br />
<strong>de</strong>ux ans.<br />
Depuis cette expérience chez<br />
Hutchinson, j’exerce la fonction<br />
<strong>de</strong> Responsable Juridique<br />
France <strong>de</strong> la société Parfumerie Douglas<br />
France, entreprise au sein <strong>de</strong> laquelle<br />
je suis le seul interlocuteur juridique<br />
(à l’exception <strong>de</strong> la partie droit social<br />
gérée par les Ressources Humaines),<br />
en charge notamment <strong>de</strong> la gestion <strong>de</strong>s<br />
baux commerciaux, <strong>de</strong> la rédaction <strong>de</strong>s<br />
contrats, <strong>de</strong> la validation <strong>de</strong>s opérations<br />
commerciales, <strong>de</strong>s assurances, du suivi<br />
<strong>de</strong>s contentieux, du droit <strong>de</strong>s sociétés,<br />
<strong>de</strong> la franchise…<br />
Des activités à vocation<br />
binationale<br />
Au regard du positionnement<br />
majeur <strong>de</strong> Douglas en Europe, l’exercice<br />
<strong>de</strong> ma fonction <strong>de</strong> <strong>juriste</strong> d’entreprise<br />
entraîne nécessairement <strong>de</strong>s<br />
relations avec notre maison mère en<br />
Allemagne. Nous travaillons en bonne<br />
intelligence et avec pour seul objectif <strong>de</strong><br />
donner à l’enseigne un positionnement<br />
toujours plus important sur le marché.<br />
L’appartenance à un groupe étranger<br />
nécessite <strong>de</strong>s adaptations. Il ne<br />
s’agit toutefois pas <strong>de</strong> contraintes qui<br />
empêchent le bon exercice <strong>de</strong> nos fonctions.<br />
Des consignes groupes existent<br />
pour donner une cohérence au fonctionnement<br />
<strong>de</strong> l’enseigne dans tous les<br />
pays où elle est présente. Nous nous<br />
<strong>de</strong>vons <strong>de</strong> nous adapter et <strong>de</strong> les suivre<br />
pour bénéficier <strong>de</strong>s nombreux avantages<br />
que nous apporte cette appartenance.<br />
<strong>Le</strong> <strong>juriste</strong> d’entreprise : une<br />
fonction au service <strong>de</strong> la<br />
compétitivité <strong>de</strong>s entreprises<br />
<strong>Le</strong> <strong>juriste</strong> d’entreprise est <strong>de</strong>venu une<br />
fonction nécessaire et incontournable.<br />
Elle n’est plus considérée comme un<br />
passage obligé qui ralentit les processus<br />
plutôt que <strong>de</strong> les faciliter. Au regard <strong>de</strong><br />
sa position, le <strong>juriste</strong> d’entreprise se<br />
trouve au plus près <strong>de</strong> la direction mais<br />
aussi <strong>de</strong> tous les collaborateurs <strong>de</strong> la<br />
société. Il s’agit d’une fonction au service<br />
<strong>de</strong> l’entreprise et ses collaborateurs<br />
pour permettre à chacun et à la société<br />
d’œuvrer dans le respect <strong>de</strong>s règles. <strong>Le</strong><br />
<strong>juriste</strong> d’entreprise possè<strong>de</strong> également ce<br />
regard extérieur qui permet à chacun <strong>de</strong><br />
prendre du recul sur les problématiques<br />
qui lui sont soumises.<br />
Pourtant, malgré cette forte évolution<br />
<strong>de</strong>s mentalités au sein <strong>de</strong>s entreprises,<br />
la fonction <strong>de</strong> <strong>juriste</strong> souffre à mon sens<br />
d’une défaillance <strong>de</strong> « popularité ». Pour<br />
les étudiants par exemple, il leur est difficile<br />
<strong>de</strong> savoir ce que fait concrètement<br />
un <strong>juriste</strong> d’entreprise au quotidien à<br />
l’instar d’autres professions du droit tel<br />
que les avocats, notaires ou huissiers <strong>de</strong><br />
justice. Il est donc nécessaire <strong>de</strong> communiquer<br />
et <strong>de</strong> faire connaitre la profession.<br />
Une délégation Nord <strong>de</strong><br />
l’AFJE dynamique<br />
La délégation Nord est très active au<br />
sein <strong>de</strong>s écoles et universités et a lié <strong>de</strong><br />
nombreux partenariats afin <strong>de</strong> nous offrir<br />
l’accès à <strong>de</strong>s formations <strong>de</strong> qualité : cette<br />
communication est essentielle !<br />
Grâce à l’organisation régulière <strong>de</strong> manifestations<br />
(repas, visites, échanges), la<br />
délégation a créé un véritable lien entre<br />
les <strong>juriste</strong>s <strong>de</strong> la région Nord qui, sans ces<br />
opérations, auraient eu peu <strong>de</strong> chance <strong>de</strong><br />
se croiser. Ces moments privilégiés sont<br />
très riches en partage <strong>de</strong> connaissances<br />
et d’expériences.<br />
Propos recueillis par Michele Zingari ■<br />
59<br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
L’ACTUALITÉ EN RÉGION | Nord<br />
Patrick Cocheteux d’OXYLANE, entreprise spécialisée dans<br />
la gran<strong>de</strong> distribution d’articles <strong>de</strong> sport et <strong>de</strong> loisir<br />
Patrick Cocheteux<br />
PARCOURS<br />
60<br />
Titulaire d’un Master 2 Droit <strong>de</strong> l’entreprise<br />
et <strong>de</strong>s contrats, à l’Université<br />
du Droit et <strong>de</strong> la Santé Lille 2, Patrick<br />
Cocheteux a d’abord travaillé dans<br />
l’entreprise UFC QUE CHOISIR avant<br />
d’intégrer le groupe OXYLANE.<br />
Ajourd’hui il est également, en parallèle<br />
<strong>de</strong> ses activités, rédacteur <strong>de</strong> cours et <strong>de</strong><br />
préparations aux concours d’inspecteur<br />
<strong>de</strong>s fi nances, mention droit <strong>de</strong>s affaires,<br />
pour le CNED.<br />
Un <strong>juriste</strong> au cœur <strong>de</strong> l’innovation<br />
Je suis originaire <strong>de</strong> la région parisienne,<br />
lillois d’adoption <strong>de</strong>puis vingt ans. J’ai<br />
intégré Oxylane en 2006, en tant que<br />
<strong>juriste</strong> d’assurance, après un Master 2<br />
obtenu à Lille. J’ai ensuite évolué sur<br />
un poste <strong>de</strong> <strong>juriste</strong> droit économique,<br />
qui correspondait davantage à ma formation<br />
universitaire, et <strong>de</strong>puis 2009, je<br />
suis <strong>juriste</strong> contrats internationaux au<br />
sein <strong>de</strong> la section juridique internationale,<br />
à Villeneuve d’Ascq.<br />
On associe souvent la région Nord à<br />
une région <strong>de</strong> commerçants, ce qui,<br />
d’un certain côté, est vrai (avec entre<br />
autres Auchan, Décathlon, Boulanger).<br />
Toutefois, dans une économie européenne<br />
un peu morose, le vrai bary-<br />
centre du dynamisme est la faculté à<br />
innover sur les produits davantage que<br />
sur le « retail ». On voit <strong>de</strong> plus en plus<br />
<strong>de</strong> sociétés s’installer autour du secteur<br />
<strong>de</strong>s nouvelles technologies, et je pense<br />
que toute la région pourra bénéficier<br />
d’une accélération <strong>de</strong> l’innovation.<br />
Juristes ou avocats :<br />
pour un statut unique<br />
Quand j’ai commencé à travailler il y a<br />
un peu moins d’une dizaine d’années,<br />
j’entendais déjà parler <strong>de</strong> la « fusion » du<br />
métier d’avocat et <strong>de</strong> <strong>juriste</strong>, et j’observe<br />
que nous en sommes toujours au même<br />
sta<strong>de</strong>. Au sein d’une direction juridique<br />
internationale, nous travaillons tous avec<br />
<strong>de</strong>s cabinets d’avocats, pour la plupart<br />
hyper spécialisés. Je suis convaincu que<br />
l’on fait le même métier, mais <strong>de</strong> manière<br />
différente et complémentaire. Je suis<br />
tout à fait favorable à la création d’un<br />
statut unique, ce qui implique également<br />
une formation commune. Selon moi, si<br />
ce statut unique existait, les premiers<br />
bénéficiaires ne seraient pas forcément<br />
les <strong>juriste</strong>s ou les avocats, mais plutôt<br />
les clients (qui la plupart du temps sont<br />
communs aux <strong>de</strong>ux professions) qui profiteraient<br />
d’une meilleure organisation<br />
<strong>de</strong>s métiers juridiques. Tous ensembles,<br />
nous serions plus forts.<br />
La délégation Nord <strong>de</strong> l’AFJE :<br />
<strong>de</strong>s initiatives pertinentes<br />
Eric Bossuyt a trouvé un bon équilibre,<br />
dans le sens où il donne <strong>de</strong> l’information,<br />
communique, n’est pas dans l’excès et<br />
organise régulièrement <strong>de</strong>s réunions qui<br />
permettent <strong>de</strong> se rencontrer et d’échanger.<br />
Une initiative intéressante, et dont<br />
on aimerait qu’elle puisse se reproduire<br />
plus souvent, ce sont les visites d’entreprise.<br />
Nous avons notamment pu découvrir<br />
les entreprises Oxylane et Weo. Cela<br />
nous a vraiment permis d’apporter un<br />
œil différent sur les rencontres entre<br />
<strong>juriste</strong>s.<br />
Pour moi le rayonnement du <strong>juriste</strong> se<br />
fait avant tout à travers la valeur ajoutée<br />
qu’on apporte à chacun <strong>de</strong> nos clients. Si<br />
ceux-ci peuvent être convaincus, satisfaits<br />
et considérer qu’on leur apporte une<br />
valeur ajoutée, c’est la bonne voie vers<br />
la reconnaissance du métier, dans notre<br />
région comme partout ailleurs.<br />
Propos recueillis<br />
par Michele Zingari ■<br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
ACTUALITÉ DE LA FORMATION<br />
<strong>Le</strong> <strong>juriste</strong> d’entreprise « nouvelle<br />
génération » : <strong>de</strong> l’expertise<br />
au lea<strong>de</strong>rship<br />
Par Christophe Roquilly, Professeur à l’EDHEC, Directeur du Centre <strong>de</strong> recherche <strong>Le</strong>galEdhec<br />
et <strong>de</strong> la Filière Business Law & Management pour l’EDHEC<br />
L’apport <strong>de</strong> la filière Business Law & Management<br />
Christophe Roquilly<br />
<strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> la formation <strong>de</strong> la nouvelle<br />
génération <strong>de</strong> <strong>juriste</strong>s d’affaires<br />
est double. D’une part,<br />
répondre à l’évolution <strong>de</strong>s métiers<br />
(nécessité d’avoir une approche structurée<br />
<strong>de</strong>s risques juridiques, développement<br />
<strong>de</strong> la compliance réglementaire<br />
et éthique, bouleversements technologiques<br />
etc.) ; d’autre part, tenir compte<br />
<strong>de</strong>s caractéristiques <strong>de</strong> cette jeune génération,<br />
entretenant un rapport différent<br />
avec l’information, individualiste mais<br />
paradoxalement habituée au partage<br />
d’idées et d’expériences.<br />
<strong>Le</strong> lancement à la rentrée prochaine <strong>de</strong><br />
la Filière Business Law & Management,<br />
organisée conjointement par l’EDHEC<br />
et la Faculté Libre <strong>de</strong> Droit, en partena-<br />
riat avec l’AFJE et l’Ordre <strong>de</strong>s Avocats, a<br />
pour ambition <strong>de</strong> relever ce défi. D’une<br />
durée <strong>de</strong> trois ans et conduisant à un<br />
double diplôme droit et management,<br />
elle va former les étudiants aux hard skills<br />
et soft skills indispensables à l’exercice <strong>de</strong><br />
leur futur métier.<br />
La <strong>de</strong>tention d’une expertise<br />
juridique au service <strong>de</strong><br />
l’entreprise : les hard skills<br />
Du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> l’entreprise, le <strong>juriste</strong><br />
doit détenir l’expertise nécessaire en<br />
vue d’apporter <strong>de</strong>s solutions juridiques<br />
aux défis qu’elle rencontre. Cette expertise<br />
s’appuie sur une maîtrise <strong>de</strong>s fondamentaux<br />
en droit. Capable <strong>de</strong> mener<br />
un raisonnement juridique, le <strong>juriste</strong><br />
doit être apte à utiliser <strong>de</strong>s techniques<br />
juridiques, qu’il s’agisse <strong>de</strong> constructions<br />
contractuelles, <strong>de</strong> structures sociétaires,<br />
<strong>de</strong> mécanismes basés sur <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong><br />
propriété etc. Mais cette expertise n’a <strong>de</strong><br />
sens que si elle s’inscrit dans une intelligence<br />
<strong>de</strong>s situations économiques, du<br />
« <strong>Le</strong> défi <strong>de</strong> la formation <strong>de</strong> la nouvelle génération <strong>de</strong> <strong>juriste</strong>s<br />
d’affaires est double, répondre à l’évolution <strong>de</strong>s métiers, tenir<br />
compte <strong>de</strong>s caractéristiques <strong>de</strong> cette jeune génération »<br />
business <strong>de</strong> l’entreprise, <strong>de</strong> son organisation<br />
et <strong>de</strong> sa gouvernance, <strong>de</strong> ses besoins<br />
opérationnels et stratégiques. Confrontée<br />
à <strong>de</strong>s bouleversements qui affectent les<br />
modèles traditionnels, l’entreprise doit<br />
pouvoir compter sur <strong>de</strong>s <strong>juriste</strong>s disposant<br />
aussi <strong>de</strong>s fondamentaux dans ces<br />
domaines.<br />
Il est donc non seulement indispensable,<br />
dans un premier temps, <strong>de</strong> donner aux<br />
étudiants <strong>de</strong>s bases soli<strong>de</strong>s en droit <strong>de</strong>s<br />
obligations et en droit <strong>de</strong>s affaires, ainsi<br />
qu’en fiscalité, mais également <strong>de</strong> les<br />
former aux fondamentaux en économie<br />
et en gestion. Dans un second temps, il<br />
convient <strong>de</strong> travailler la « technique juridique<br />
», en la contextualisant : pourquoi<br />
tel type <strong>de</strong> contrat ou solution juridique <br />
Pour quels besoins et valeur ajoutée <br />
<strong>Le</strong>s futurs <strong>juriste</strong>s doivent être aptes à<br />
déployer leur expertise juridique dans<br />
<strong>de</strong>s problématiques complexes, qui<br />
exigent une vraie capacité à comprendre<br />
les interactions entre <strong>de</strong>s données économiques,<br />
managériales et stratégiques,<br />
et les normes juridiques.<br />
La formation nécessite que les étudiants<br />
apprennent, mais encore plus qu’ils comprennent<br />
comment passer <strong>de</strong>s concepts<br />
aux techniques. Elle doit aussi tenir<br />
compte <strong>de</strong> la culture <strong>de</strong> cette génération,<br />
active dans son mo<strong>de</strong> d’apprentissage.<br />
Par conséquent, le dispositif pédagogique<br />
exclut les cours magistraux et se base sur<br />
une diversité d’approches où l’étudiant<br />
est en situation <strong>de</strong> comprendre pourquoi<br />
il apprend, met en application et donne<br />
du sens à son investissement personnel.<br />
Il favorise l’immersion professionnelle et<br />
la prise <strong>de</strong> décision juridique (une année<br />
entière en entreprise et/ou en cabinet, et<br />
<strong>de</strong> nombreuses étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> cas).<br />
61<br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
ACTUALITÉ DE LA FORMATION<br />
62<br />
Enfin, c’est une évi<strong>de</strong>nce, le <strong>juriste</strong> doit<br />
être totalement à l’aise pour travailler<br />
en langue anglaise. A partir <strong>de</strong> la <strong>de</strong>uxième<br />
année du cursus, 50 % du dispositif<br />
pédagogique est en langue anglaise,<br />
et 90 % en <strong>de</strong>rnière année.<br />
Business partner, manager<br />
et lea<strong>de</strong>r : les soft skills<br />
L’apport effectif <strong>de</strong> solutions juridiques<br />
par le <strong>juriste</strong> nécessite qu’il soit doté<br />
<strong>de</strong> réelles capacités <strong>de</strong> communication<br />
et <strong>de</strong> négociation, qui s’expriment<br />
non seulement dans les actions<br />
<strong>de</strong> l’entreprise au sein <strong>de</strong> son marché,<br />
mais également dans les relations avec<br />
les autorités publiques ainsi que dans<br />
les échanges internes à l’entreprise. A<br />
l’écoute <strong>de</strong> ceux qu’il côtoie, le <strong>juriste</strong><br />
doit convaincre les autres fonctions <strong>de</strong><br />
l’entreprise <strong>de</strong> la pertinence <strong>de</strong> ses propositions,<br />
faire preuve <strong>de</strong> pédagogie, justifier<br />
ses besoins budgétaires, démontrer<br />
qu’il crée <strong>de</strong> la valeur. Plus son niveau<br />
<strong>de</strong> compréhension et <strong>de</strong> travail collaboratif<br />
avec les autres fonctions <strong>de</strong> l’entreprise<br />
sera important, plus il s’affirmera<br />
comme une force <strong>de</strong> proposition<br />
et fera œuvre <strong>de</strong> créativité. Apporter <strong>de</strong><br />
la sécurité juridique à l’entreprise peut<br />
se conjuguer avec la capacité à innover.<br />
Etre un « gardien du temple » ne<br />
s’oppose pas à l’affirmation d’un rôle <strong>de</strong><br />
« business partner ».<br />
<strong>Le</strong> <strong>juriste</strong> au service <strong>de</strong> l’entreprise doit<br />
aussi être un « manager », d’hommes<br />
ou <strong>de</strong> projets. D’équipe : il sait partager<br />
une vision, motiver ceux avec qui il<br />
intervient, coordonner <strong>de</strong>s talents. De<br />
projet : il sait fixer <strong>de</strong>s objectifs, planifier,<br />
mettre en œuvre et réussir.<br />
Il est parfois reproché à cette vision<br />
« constructiviste » du rôle du <strong>juriste</strong><br />
d’avilir la noblesse du métier en le<br />
condamnant à se placer dans une logique<br />
« d’instrumentalisation du droit » : affirmation<br />
grossière et erronée ! Etre au service<br />
<strong>de</strong> l’entreprise, c’est aussi avoir la<br />
possibilité d’inscrire son action dans une<br />
vision éthique. Il est donc essentiel que<br />
le <strong>juriste</strong> soit formé aux problématiques<br />
<strong>de</strong> la relativité <strong>de</strong>s normes et <strong>de</strong>s valeurs<br />
afin d’être un contributeur actif au développement<br />
durable <strong>de</strong> l’entreprise.<br />
Enfin, le <strong>juriste</strong> doit être capable <strong>de</strong><br />
s’affirmer comme un lea<strong>de</strong>r, « vertical<br />
» lorsqu’il doit animer son équipe<br />
et « horizontal » dans toutes les situations<br />
<strong>de</strong> collaboration avec les autres<br />
fonctions <strong>de</strong> l’entreprise.<br />
La Filière Business Law & Management<br />
accompagnera les étudiants dans la<br />
construction <strong>de</strong> ces soft skills, à travers<br />
<strong>de</strong>s séminaires dédiés à l’éthique et au<br />
lea<strong>de</strong>rship, <strong>de</strong>s simulations et <strong>de</strong>s business<br />
games faisant appel au travail en<br />
équipe sous pression, ainsi que <strong>de</strong>s missions<br />
menées en entreprise et en cabinet,<br />
confrontant les étudiants à la pratique.<br />
« La nouvelle génération <strong>de</strong> <strong>juriste</strong> d’entreprise ne pourra espérer<br />
rester dans la « zone <strong>de</strong> confort » <strong>de</strong> son expertise juridique »<br />
La nouvelle génération <strong>de</strong> <strong>juriste</strong> d’entreprise<br />
ne pourra espérer rester dans<br />
la « zone <strong>de</strong> confort » <strong>de</strong> son expertise<br />
juridique, mais <strong>de</strong>vra être préparée et<br />
formée à la gestion <strong>de</strong> la complexité.<br />
■<br />
Un programme créé<br />
en partenariat avec<br />
Pour en savoir plus sur la fi lière<br />
Business Law & Management, créée<br />
conjointement par l’EDHEC et la Faculté<br />
Libre <strong>de</strong> Droit <strong>de</strong> Lille, en partenariat<br />
avec l’AFJE, consultez le site Internet <strong>de</strong><br />
l’EDHEC Business School à l’adresse :<br />
www.edhec-gran<strong>de</strong>-ecole.com<br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
ART & DROIT<br />
La restauration <strong>de</strong> la Galerie<br />
<strong>de</strong>s Glaces, un mécénat <strong>de</strong><br />
compétences original<br />
Explications <strong>de</strong> Patrick Richard, Directeur Juridique du Groupe VINCI<br />
64<br />
Patrick Richard<br />
<strong>Le</strong> projet<br />
L’Etablissement Public du Musée et<br />
du Domaine National <strong>de</strong> Versailles avait<br />
réalisé une étu<strong>de</strong> concluant à la nécessité<br />
d’entreprendre un vaste programme <strong>de</strong><br />
restauration <strong>de</strong> la Galerie <strong>de</strong>s Glaces du<br />
Château incluant notamment les peintures<br />
et décors, les éléments menuisés,<br />
les équipements techniques <strong>de</strong> chauffage,<br />
<strong>de</strong> ventilation, <strong>de</strong> mise en lumière et <strong>de</strong><br />
sécurité incendie.<br />
<strong>Le</strong> Groupe VINCI qui, <strong>de</strong> son côté, souhaitait,<br />
dans le cadre <strong>de</strong> sa politique <strong>de</strong><br />
contribution au développement durable<br />
et <strong>de</strong> mécénat culturel, participer à la<br />
restauration d’un élément exceptionnel<br />
du patrimoine architectural français lui<br />
a proposé <strong>de</strong> prendre en charge cette<br />
restauration dans le cadre d’un mécénat<br />
<strong>de</strong> compétences.<br />
<strong>Le</strong> contrat <strong>de</strong> mécénat<br />
Il a donc fallu organiser les relations<br />
juridiques entre les parties afin <strong>de</strong> permettre<br />
la mise en œuvre <strong>de</strong> ce projet<br />
avec le maximum d’efficacité et <strong>de</strong> souplesse<br />
tout en garantissant la qualité <strong>de</strong>s<br />
travaux.<br />
L’apport du Groupe VINCI <strong>de</strong>vait comporter<br />
d’une part la mise à disposition<br />
<strong>de</strong>s compétences techniques <strong>de</strong>s sociétés<br />
<strong>de</strong> son groupe pour <strong>de</strong>s travaux relevant<br />
<strong>de</strong> leur sphères <strong>de</strong> spécialité respectives<br />
et d’autre part un soutien consistant<br />
à prendre en charge financièrement<br />
divers travaux relevant <strong>de</strong> spécialités<br />
n’existant pas au sein du groupe notamment<br />
pour ce qui concerne la rénovation<br />
<strong>de</strong>s peintures <strong>de</strong> <strong>Le</strong>brun qui ornent<br />
la voute <strong>de</strong> la Galerie <strong>de</strong>s Glaces.<br />
Ces travaux <strong>de</strong>vaient, en outre pouvoir<br />
être réalisés sans provoquer d’interruption<br />
<strong>de</strong> l’ouverture <strong>de</strong> la Galerie au public.<br />
Pour parvenir à ce résultat, le groupe<br />
VINCI a proposé à l’Etablissement public<br />
un contrat original <strong>de</strong> mécénat <strong>de</strong> compétences<br />
aux termes duquel l’Etablissement<br />
Public lui consentirait une<br />
autorisation d’occupation temporaire<br />
d’occupation <strong>de</strong> la Galerie <strong>de</strong>s Glaces.<br />
Cette occupation avait un caractère<br />
non exclusif et était assortie <strong>de</strong> diverses<br />
sujétions (telle la poursuite <strong>de</strong>s visites<br />
du public).<br />
Par ailleurs, l’Etablissement public<br />
a autorisé la société VINCI à procé<strong>de</strong>r<br />
ou à faire procé<strong>de</strong>r à diverses étu<strong>de</strong>s<br />
puis, après la décision prise d’engager<br />
les travaux, <strong>de</strong> faire procé<strong>de</strong>r à toutes<br />
étu<strong>de</strong>s d’exécution et travaux requis<br />
pour la réalisation du projet. <strong>Le</strong> mécène<br />
avait ainsi la qualité <strong>de</strong> maître d’ouvrage<br />
pendant la durée du projet.<br />
Il était précisé que la maitrise d’œuvre<br />
du projet serait assurée par l’Architecte<br />
<strong>de</strong>s Monuments Historiques territorialement<br />
compétent assisté d’un architecte<br />
désigné par VINCI conformément à la loi<br />
du 31 décembre 1913 sur les monuments<br />
historiques.<br />
Par ailleurs il était créé un comité <strong>de</strong><br />
direction composé d’un représentant<br />
<strong>de</strong> l’Etablissement Public et d’un représentant<br />
<strong>de</strong> VINCI chargé <strong>de</strong> prendre les<br />
décisions importantes à l’unanimité ainsi<br />
qu’un comité <strong>de</strong> pilotage constitué d’un<br />
© Château <strong>de</strong> Versailles<br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
ART & DROIT<br />
© Christian-Milet<br />
représentant <strong>de</strong> L’Etablissement Public,<br />
d’un représentant <strong>de</strong> VINCI, d’un représentant<br />
<strong>de</strong> la Conservation <strong>de</strong> l’Etablissement<br />
Public, d’un Inspecteur Général<br />
<strong>de</strong>s Monuments Historiques et d’un<br />
Directeur <strong>de</strong> Projet désigné par VINCI.<br />
Afin <strong>de</strong> garantir l’efficacité du processus<br />
<strong>de</strong> décision nécessaire au bon fonctionnement<br />
du partenariat, les parties étaient<br />
convenues <strong>de</strong> mettre en place un comité<br />
<strong>de</strong> pilotage du projet, chargé principalement<br />
<strong>de</strong> préparer les décisions et d’en<br />
gérer la mise en œuvre<br />
Enfin un conseil scientifique international<br />
constitué <strong>de</strong> spécialistes <strong>de</strong> l’art et <strong>de</strong><br />
l’architecture <strong>de</strong>s XVII et XVIII e siècles,<br />
constitué à l’initiative <strong>de</strong> l’Etablissement<br />
Public, était chargé <strong>de</strong> donner un avis<br />
consultatif au comité <strong>de</strong> direction et au<br />
comité <strong>de</strong> pilotage sur les orientations<br />
du projet <strong>de</strong> restauration.<br />
Il était expressément prévu que les<br />
termes et conditions <strong>de</strong>s contrats<br />
conclus par VINCI <strong>de</strong>vraient avoir été<br />
préalablement approuvés par le comité<br />
<strong>de</strong> direction, que VINCI assumerait<br />
l’ensemble <strong>de</strong>s responsabilités afférentes<br />
à ces contrats et que l’Etablissement<br />
Public serait bénéficiaire <strong>de</strong>s garanties<br />
conventionnelles et légales découlant <strong>de</strong><br />
ces contrats à l’issue <strong>de</strong> leur exécution.<br />
En contrepartie <strong>de</strong> ce Mécénat, le Groupe<br />
VINCI a obtenu le label <strong>de</strong> Grand Mécène<br />
du Ministère <strong>de</strong> la Culture et <strong>de</strong> la<br />
Communication ainsi que le droit pour<br />
le personnel du Groupe et les membres<br />
<strong>de</strong> son Club <strong>de</strong>s Actionnaires d’accé<strong>de</strong>r<br />
gratuitement au Château et au Domaine<br />
<strong>de</strong> Versailles pendant 5 ans.<br />
<strong>Le</strong> contrat <strong>de</strong> mécénat comportait enfin<br />
une clause attributive <strong>de</strong> compétence<br />
au tribunal administratif <strong>de</strong> Versailles.<br />
<strong>Le</strong>s aspects juridiques<br />
Dans le cadre <strong>de</strong> la mise en œuvre <strong>de</strong><br />
ce projet, le tribunal administratif <strong>de</strong><br />
Versailles a eu l’occasion <strong>de</strong> se prononcer,<br />
non pas sur un litige entre le mécène et<br />
l’Etablissement public car le projet s’est<br />
remarquablement bien déroulé, mais<br />
sur la nature <strong>de</strong>s contrats conclus par le<br />
mécène avec les entreprises chargées <strong>de</strong><br />
réaliser <strong>de</strong>s travaux.<br />
A l’occasion d’un recours exercé par<br />
une entreprise dont l’offre n’avait pas<br />
été retenue, le juge a considéré que ces<br />
contrats ne pouvaient pas être regardés<br />
comme <strong>de</strong>s contrats <strong>de</strong> droit public dès<br />
lors que la personne publique n’en assumait<br />
pas les conséquences onéreuses.<br />
Il a par ailleurs constaté que le co<strong>de</strong> <strong>de</strong>s<br />
marchés publics n’était pas applicable<br />
à leur procédure <strong>de</strong> passation.<br />
Il s’est cependant déclaré compétent pour<br />
examiner si la décision prise par le comité<br />
<strong>de</strong> direction institué par la convention<br />
<strong>de</strong> mécénat (dans le cadre du choix <strong>de</strong>s<br />
entreprises) était régulière, considérant<br />
que cette décision avait le caractère d’un<br />
acte administratif détachable. Ce caractère<br />
découlait selon le tribunal <strong>de</strong> la<br />
circonstance que ledit comité comportait<br />
un représentant <strong>de</strong> l’Etablissement public<br />
et qu’il prenait ses décisions à l’unanimité.<br />
La Galerie <strong>de</strong>s Glaces restaurée a été<br />
inaugurée le 26 juin 2007. <strong>Le</strong> coût <strong>de</strong><br />
cette restauration s’est élevé à 12 millions<br />
d’euros.<br />
■<br />
65<br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
CULTURE<br />
Livres<br />
<strong>Le</strong>s conflits d’intérêts : fonction et maîtrise<br />
Colloque du 18 octobre 2012<br />
Société <strong>de</strong> Législation Comparée, 38 €, 401 pages.<br />
66<br />
L’ouvrage tombe à point nommé,<br />
au moment même <strong>de</strong> l’intense<br />
réflexion <strong>de</strong> l’AFJE pour constituer<br />
un co<strong>de</strong> <strong>de</strong> déontologie et <strong>de</strong> pratiques<br />
professionnelles pour ses membres.<br />
Au nombre <strong>de</strong>s chapitres saisissant le<br />
rédacteur du co<strong>de</strong>, se trouve la complexe<br />
notion <strong>de</strong> conflit d’intérêt. En ce sens,<br />
les actes du colloque <strong>de</strong> 2012 ont été<br />
coordonnés par le Pr. François Pasqualini<br />
<strong>de</strong> Paris Dauphine, avec la collaboration<br />
du cabinet Ernst & Young. Parmi<br />
les signatures vous trouverez celles <strong>de</strong><br />
nombreux professeurs comme les Pr.<br />
Robert, Derieux, Pra<strong>de</strong>l.<br />
Mais surtout l’ouvrage renferme la<br />
contribution remarquable <strong>de</strong> notre<br />
administrateur <strong>de</strong> l’AFJE, Didier<br />
Lamèthe, au sujet <strong>de</strong>s « clauses relatives<br />
aux conflits d’intérêts dans les contrats<br />
internationaux : art <strong>de</strong> vivre ou tactique<br />
guerrière ». Didier Lamèthe est<br />
aujourd’hui également administrateur<br />
<strong>de</strong> sociétés, ancien Secrétaire Général<br />
d’EDF international SA, et Secrétaire<br />
Général du Centre <strong>de</strong> Droit Comparé.<br />
En effet, qui mieux que le <strong>juriste</strong> en<br />
entreprise incarne, au plus intime du<br />
tissu économique, les valeurs <strong>de</strong> déontologie,<br />
d’indépendance, <strong>de</strong> conscience<br />
et <strong>de</strong> compréhension <strong>de</strong> la notion et<br />
<strong>de</strong> la gestion <strong>de</strong>s conflits d’intérêts, ne<br />
serait-ce que par le fait que le <strong>juriste</strong><br />
est le plus souvent le concepteur <strong>de</strong>s<br />
co<strong>de</strong>s éthiques <strong>de</strong> l’entreprise et <strong>de</strong>s<br />
clauses <strong>de</strong> conflits dans les conventions.<br />
Un recueil rare <strong>de</strong> réflexions sur un<br />
sujet au cœur <strong>de</strong>s préoccupations quotidiennes<br />
du <strong>juriste</strong>.<br />
Philippe Coen ■<br />
Ces femmes qui portent la robe,<br />
portraits d’avocates célèbres dans le mon<strong>de</strong><br />
par Christiane Féral-Schuhl, Plon, 15,90 €, 190 pages.<br />
La <strong>de</strong>uxième femme Bâtonnier du<br />
Barreau <strong>de</strong> Paris se penche, par <strong>de</strong>s<br />
portraits express, sur les femmes<br />
<strong>juriste</strong>s qui ont choisi la voie <strong>de</strong> l’avocature.<br />
Parmi ces femmes, l’on trouve<br />
<strong>de</strong>s emblèmes <strong>de</strong> la défense <strong>de</strong>s causes<br />
<strong>de</strong>s faibles, <strong>de</strong>s individus sans voix, <strong>de</strong>s<br />
causes désespérées.<br />
Shulamit Aloni en Israël, Hilary Clinton<br />
aux Etats-Unis, Shirin Ebadi, prix Nobel<br />
en Iran, Christine Lagar<strong>de</strong> au FMI et<br />
dans le domaine économique, Gisèle<br />
Halimi en France, Razan Zeitouneh en<br />
Syrie, etc. <strong>Le</strong>urs combats sont admirables,<br />
souvent longs, douloureux et<br />
solitaires.<br />
<strong>Le</strong> livre frappe. Lorsque Christiane<br />
Feral-Schuhl explique que, en Italie,<br />
Paola Severino a perdu un bras dans<br />
son combat, c’est au sens propre. Ce<br />
qui rassemble le plus toutes ces femmes<br />
<strong>de</strong> défense, c’est l’humilité et l’abnégation.<br />
Une belle leçon <strong>de</strong> femmes, faite<br />
à tous les <strong>juriste</strong>s.<br />
A quand un ouvrage du même auteur<br />
ou d’une autre, au sujet <strong>de</strong>s femmes<br />
admirables qui font la force <strong>de</strong>s départements<br />
juridiques et qui défen<strong>de</strong>nt et<br />
influencent les valeurs <strong>de</strong> la culture<br />
juridique et du respect <strong>de</strong>s principes<br />
fondamentaux du droit dans<br />
l’entreprise <br />
Philippe Coen ■<br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
CULTURE<br />
Mélanges en l’honneur<br />
et à la mémoire <strong>de</strong> Philippe BISSARA<br />
Ouvrage collectif publié par l’ANSA, 379 pages<br />
L’ Association Nationale <strong>de</strong>s Sociétés<br />
par Actions (ANSA) publie un<br />
ouvrage en l’honneur et à la<br />
mémoire <strong>de</strong> Philippe BISSARA.<br />
Il serait difficile en quelques lignes <strong>de</strong><br />
rappeler l’extraordinaire parcours professionnel<br />
<strong>de</strong> Philippe BISSARA. Après<br />
une carrière administrative et industrielle<br />
bien remplie, au Conseil d’État<br />
puis comme Secrétaire Général <strong>de</strong> CGE<br />
(<strong>de</strong>venue Alcatel Alsthom CGE), il est à<br />
l’origine <strong>de</strong> l’introduction en France <strong>de</strong><br />
la doctrine du gouvernement d’entreprise<br />
(1995) et a été Délégué Général<br />
<strong>de</strong> l’ANSA <strong>de</strong> 1997 à 2004.<br />
Philippe BISSARA, animateur hors pair,<br />
a participé à <strong>de</strong> multiples travaux juridiques<br />
très techniques. Il disait <strong>de</strong> lui<br />
qu’il était « un homme <strong>de</strong> l’écrit ». Il<br />
aurait été très heureux <strong>de</strong> découvrir<br />
la qualité <strong>de</strong> l’ouvrage (mélanges) qui<br />
lui ait dédié par l’ANSA. En effet, les<br />
mélanges, très prisés <strong>de</strong>s universitaires,<br />
visent à rendre hommage à un <strong>juriste</strong><br />
dont les travaux scientifiques ont marqué<br />
ce qui était son domaine privilégié<br />
d’intervention.<br />
<strong>Le</strong>s nombreux contributeurs <strong>de</strong> cet<br />
ouvrage sont quasiment tous membres<br />
du Comité juridique <strong>de</strong> l’ANSA. Parmi<br />
les nombreuses contributions, nous<br />
pouvons citer à titre d’exemples celle<br />
d’Alain Couret qui présente « les comman<strong>de</strong>ments<br />
<strong>de</strong> la gouvernance en anglais et en<br />
trois mots », <strong>de</strong> Régis Foy, « le mouvement<br />
du gouvernement d’entreprise contre le conseil<br />
d’administration », <strong>de</strong> Michel Germain,<br />
« questions nouvelles et anciennes sur l’égalité<br />
<strong>de</strong>s actionnaires », d’Anne Outin-Adam<br />
et d’Edmond Schumberger, « soft law et<br />
droit <strong>de</strong>s sociétés », <strong>de</strong> Joëlle Simon, « origine<br />
et évolutions du gouvernement d’entreprise<br />
à la française <strong>de</strong> 1995 à nos jours »,<br />
<strong>de</strong> Jean-Paul Valuet, « l’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s<br />
actionnaires », et <strong>de</strong> nombreuses autres<br />
contributions que nous ne pouvons pas<br />
toutes citer.<br />
Cet ouvrage écrit par <strong>de</strong>s professionnels,<br />
au cœur <strong>de</strong>s problématiques théoriques<br />
et pratiques, <strong>de</strong>vrait intéresser tous ceux<br />
qui sont concernés par la pratique du<br />
droit <strong>de</strong>s sociétés.<br />
Luc Athlan ■<br />
67<br />
Quelques grands débats en Ethique aujourd’hui<br />
par Thierry Magnin et Vinvent Grégoire-Delory, L’Harmattan<br />
Collection « Droit, Société et Risque », 22 €, 215 pages<br />
Deux enseignants <strong>de</strong> l’Institut<br />
catholique <strong>de</strong> Toulouse au sein<br />
<strong>de</strong> l’Ecole Supérieure d’Ethique<br />
<strong>de</strong>s Sciences (ESES), Thierry Magnin et<br />
Vinvent Grégoire-Delory, offrent un tour<br />
d’horizon <strong>de</strong> quelques gran<strong>de</strong>s lignes <strong>de</strong><br />
forces <strong>de</strong>s débats du moment en matière<br />
d’éthique.<br />
<strong>Le</strong>s auteurs abor<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> façon originale<br />
les thématiques <strong>de</strong> l’éthique via<br />
les domaines médicaux, <strong>de</strong> l’entreprise,<br />
<strong>de</strong>s neurosciences et du journalisme.<br />
Ce qui intéressera le lecteur<br />
est sans aucun doute le compte rendu<br />
<strong>de</strong>s débats ; dommage en revanche que<br />
l’absence <strong>de</strong> <strong>juriste</strong>s d’entreprise à la<br />
table <strong>de</strong>s intervenants à ce colloque<br />
retranscrit ne soit aussi criante.<br />
<strong>Le</strong> livre sert cependant <strong>de</strong> référence<br />
au débat qui occupe notre métier :<br />
comment se situer par rapport aux<br />
éthiques professionnelles <strong>de</strong>s autres<br />
professions Un benchmarking singulier<br />
qui nourrit la réflexion <strong>de</strong> ce<br />
que veulent les <strong>juriste</strong>s d’entreprise en<br />
ce qui concerne leur positionnement<br />
éthique dans la société.<br />
Philippe Coen ■<br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
CULTURE<br />
<strong>Le</strong>s CoDir du 3 e millénaire<br />
(<strong>de</strong> la gouvernance solitaire au lea<strong>de</strong>rship collectif)<br />
Par Edgard Ad<strong>de</strong>d et Hervé Saint-Aubert avec notamment la collaboration <strong>de</strong> Blandine Cordier-Palasse,<br />
Préface <strong>de</strong> Laurence Parisot, chez Pearson, 26 €, 259 pages<br />
<strong>Le</strong>s Comités <strong>de</strong> Direction sont <strong>de</strong>s<br />
entités vues comme abstraites<br />
et dépersonnalisées. Or ils ne se<br />
meuvent que parce qu’ils sont composés<br />
d’hommes et <strong>de</strong> femmes avi<strong>de</strong>s le plus<br />
souvent <strong>de</strong> gouvernance et <strong>de</strong> compréhension<br />
<strong>de</strong>s enjeux du droit.<br />
Ce livre écrit par <strong>de</strong>ux auteurs – dont le<br />
pétillant Hervé Saint-Aubert, coach <strong>de</strong><br />
dirigeants – fait la part belle à l’esprit collectif,<br />
qui manque parfois cruellement à<br />
la mentalité <strong>de</strong>s membres du « CoDir »,<br />
sélectionnés et formés paradoxalement<br />
pour leurs talents <strong>de</strong> loups solitaires.<br />
Interviennent notamment, dans ce<br />
compte-rendu d’une rencontre s’étant<br />
déroulée au cours d’une cérémonie<br />
annuelle intitulée « la remise <strong>de</strong>s<br />
trophées d’or <strong>de</strong>s CoDir <strong>de</strong> l’année », les<br />
dirigeants au plus haut niveau <strong>de</strong> Pierre<br />
et Vacances, Mazars, Euro RSCG, Tarkett,<br />
l’IFA, la Poste, Vigeo, Mac Donald’s<br />
France, HEC Paris et Schnei<strong>de</strong>r Electric.<br />
Ne manquent plus que les directeurs<br />
juridiques au tableau. Une idée pour<br />
le futur <br />
<strong>Le</strong>s droits d’auteur <strong>de</strong> l’ouvrage sont<br />
reversés au profit <strong>de</strong> l’association<br />
Jeunesse et Entreprise, présidée par<br />
Yvon Gattaz.<br />
Philippe Coen ■<br />
68<br />
LES JURISTES D’ENTREPRISE RÉALISENT UN DOSSIER « ACTES PRATIQUES » AVEC LEXISNEXIS<br />
<strong>Le</strong>s restructurations innovantes<br />
au sein d’un groupe <strong>de</strong> sociétés 1<br />
<strong>Le</strong>s <strong>juriste</strong>s d’entreprise apportent<br />
leur expertise et réalisent le dossier<br />
Actes Pratiques et Ingénierie<br />
sociétaire, avec notre partenaire<br />
<strong>Le</strong>xisNexis, sur un thème d’actualité<br />
en cette pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> crise : « les restructurations<br />
innovantes au sein d’un groupe<br />
<strong>de</strong> sociétés ». L’accent est mis à la fois<br />
sur la notion <strong>de</strong> « restructuration » qui<br />
recouvre <strong>de</strong>s techniques et montages<br />
très hétérogènes répondant à <strong>de</strong>s stratégies<br />
très différentes, mais également<br />
sur l’approche du <strong>juriste</strong> d’entreprise<br />
qui par la recherche <strong>de</strong> solutions juridiques<br />
originales, créatives, inédites,<br />
<strong>de</strong> montages juridiques parfois complexes,<br />
d’ingénierie contractuelle et/ou<br />
structurelle, d’optimisation fiscale va<br />
<strong>de</strong>voir innover pour trouver les bonnes<br />
solutions nécessaires à la restructuration<br />
envisagée. C’est un dossier très<br />
complet, présenté en <strong>de</strong>ux parties ; la<br />
première met en évi<strong>de</strong>nce les éléments<br />
communs à toutes restructurations,<br />
avec les outils disponibles comme le<br />
transfert d’actifs, la TUP, le transfert <strong>de</strong><br />
siège et les restructurations par le biais<br />
<strong>de</strong> la SE. Sont présentées également<br />
les recommandations nécessaires pour<br />
le choix <strong>de</strong>s bons outils. A cet effet, la<br />
métho<strong>de</strong> d’un audit préalable à toute<br />
opération <strong>de</strong> restructuration vous est<br />
proposée. Cet audit met en évi<strong>de</strong>nce<br />
les différentes contraintes juridiques<br />
en présence comme les aspects comptables<br />
et fiscaux, sociaux, droit <strong>de</strong>s<br />
sociétés, responsabilité civile/pénale<br />
et réglementaires. La secon<strong>de</strong> partie<br />
présente les objectifs propres à la restructuration<br />
envisagée, avec en premier<br />
lieu les objectifs économiques privilégiés,<br />
comme les synergies, l’économie<br />
d’échelle, la prise <strong>de</strong> contrôle, la restructuration<br />
<strong>de</strong> la <strong>de</strong>tte mais aussi tout<br />
ce qui concerne la réorganisation <strong>de</strong>s<br />
groupes <strong>de</strong> PME familiales et l’optimisation<br />
fiscale. <strong>Le</strong>s objectifs stratégiques<br />
sont également abordés avec la réorganisation<br />
visant à valoriser un actif pour<br />
une nouvelle stratégie et la restructuration<br />
comme vecteur <strong>de</strong> progrès social.<br />
Ce dossier très complet sera publié à<br />
l’occasion du prochain Campus AFJE-<br />
<strong>Le</strong>xisNexis, le 11 octobre 2013, et sera<br />
l’un <strong>de</strong>s évènements <strong>de</strong> cette journée.<br />
Un dossier à ne pas manquer.<br />
Luc Athlan ■<br />
1- Catherine Dombrowski rédactrice en chef d’Actes Pratiques coordonne les contributions <strong>de</strong>s nombreux auteurs et Véronique Magnier, Professeur à la faculté <strong>de</strong> Sceaux assure la cohérence<br />
juridique <strong>de</strong> ce dossier.<br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
Lisbonne | ECLA<br />
European Company Lawyers<br />
Association à Lisbonne<br />
Assemblée Générale <strong>de</strong> l’ECLA d’avril 2013<br />
représentants présents. Elle a également<br />
permis à Philippe Coen <strong>de</strong> repositionner<br />
sa stratégie quant au développement <strong>de</strong><br />
l’ECLA, à travers trois axes majeurs :<br />
- Etendre l’influence <strong>de</strong>s <strong>juriste</strong>s d’entreprise<br />
et défendre la confi<strong>de</strong>ntialité<br />
<strong>de</strong>s avis ;<br />
- Promouvoir les services <strong>de</strong> l’ECLA à<br />
<strong>de</strong>stination <strong>de</strong> ses membres et favoriser<br />
une coopération internationale<br />
entre eux ;<br />
- Développer la communication <strong>de</strong> l’ECLA.<br />
engagés lors <strong>de</strong> ce grand ren<strong>de</strong>z-vous<br />
ont permis <strong>de</strong> resserrer les liens entre<br />
les associations européennes <strong>de</strong> <strong>juriste</strong>s<br />
d’entreprise et <strong>de</strong> démontrer l’intérêt<br />
<strong>de</strong> chacun pour les actions et objectifs<br />
mis en œuvre par l’ECLA. La prochaine<br />
Assemblée <strong>de</strong> l’ECLA se tiendra à<br />
Bruxelles en septembre prochain, à l’occasion<br />
du 30 e anniversaire <strong>de</strong> l’association<br />
européenne.<br />
Anne-Laure Paulet ■<br />
<strong>Le</strong> board <strong>de</strong> l’ECLA<br />
Après Paris et Turin en 2011,<br />
Londres et Berlin en 2012, c’est<br />
à Lisbonne, dans le splendi<strong>de</strong><br />
établissement <strong>de</strong> l’Or<strong>de</strong>m dos Advogados<br />
Portugueses, que la première Assemblée<br />
Générale <strong>de</strong> l’ECLA <strong>de</strong> l’année 2013<br />
s’est déroulée le 19 avril, sur invitation<br />
<strong>de</strong> l’IAE, l’Instituto dos Advogados<br />
<strong>de</strong> Empresa, et <strong>de</strong> son Prési<strong>de</strong>nt Vitor<br />
Marques Moreira. Etaient présents à cette<br />
Assemblée les représentants <strong>de</strong>s associations<br />
nationales <strong>de</strong>s <strong>juriste</strong>s d’entreprise<br />
<strong>de</strong> Belgique, <strong>de</strong> Croatie, <strong>de</strong> République<br />
Tchèque, du Danemark, <strong>de</strong> Gran<strong>de</strong>-<br />
Bretagne, d’Estonie, <strong>de</strong> France, d’Allemagne,<br />
d’Irlan<strong>de</strong>, d’Italie, <strong>de</strong>s Pays-Bas,<br />
<strong>de</strong> Norvège, <strong>de</strong> Pologne et du Portugal.<br />
Accueillie chaleureusement par la délégation<br />
portugaise, dans le cadre magnifique<br />
<strong>de</strong> la ville <strong>de</strong> Lisbonne, l’Assemblée<br />
Générale a été tenue pour la première<br />
fois par Philippe Coen, nouveau Prési<strong>de</strong>nt<br />
<strong>de</strong> l’ECLA, élu à ce poste en novembre<br />
<strong>de</strong>rnier lors <strong>de</strong> la précé<strong>de</strong>nte réunion<br />
<strong>de</strong>s délégations nationales.<br />
Cette première Assemblée Générale a été<br />
l’occasion pour Philippe Coen <strong>de</strong> revenir<br />
sur le travail accompli lors <strong>de</strong> ces trois<br />
<strong>de</strong>rniers mois, travail dont l’efficacité et<br />
le dynamisme ont été salués par tous les<br />
Après avoir approuvé le rapport financier<br />
et le rapport <strong>de</strong> gestion, le nouveau<br />
logo <strong>de</strong> l’ECLA a été dévoilé ainsi que<br />
son site Internet, entièrement renouvelé,<br />
permettant à présent à chacune<br />
<strong>de</strong>s associations <strong>de</strong> mettre en valeur ses<br />
activités au sein <strong>de</strong> sa structure nationale<br />
mais également <strong>de</strong> l’ECLA.<br />
L’ordre du jour, enfin, a été marqué par<br />
la question délicate du non-paiement<br />
<strong>de</strong>s cotisations <strong>de</strong> certaines associations<br />
nationales. Privilégiant la solidarité et<br />
la représentativité, l’Assemblée Générale<br />
a, par un vote à la majorité, décidé <strong>de</strong> ne<br />
pas exclure ces associations nationales,<br />
mais d’ouvrir au contraire l’ECLA à tous,<br />
même aux organisations dont les moyens<br />
<strong>de</strong>meurent limités. Elle a en effet considéré<br />
que dans le contexte économique<br />
et social actuel, les relations entre partenaires<br />
européens <strong>de</strong>vaient être sauvegardées<br />
et encouragées. L’Assemblée<br />
Générale s’est poursuivie par un tour <strong>de</strong><br />
table sur le programme et les actions <strong>de</strong>s<br />
travaux menés par chacune <strong>de</strong>s associations<br />
dans leur pays respectifs.<br />
Conduite avec convivialité et chaleur par<br />
l’Association portugaise <strong>de</strong>s <strong>juriste</strong>s d’entreprise,<br />
la première Assemblée Générale<br />
<strong>de</strong> l’ECLA <strong>de</strong> l’année 2013 a été une<br />
véritable réussite. <strong>Le</strong>s nombreux débats<br />
<strong>Le</strong> vieux Lisbonne<br />
Pour plus d’informations<br />
<strong>Le</strong> 30 e anniversaire <strong>de</strong> l’ECLA se tiendra<br />
le jeudi 26 septembre 2013 à<br />
Bruxelles, au Palais d’Edgmont, 8 place<br />
du Petit Sablon.<br />
Evènement exceptionnel pour l’avenir<br />
<strong>de</strong> la profession <strong>de</strong> <strong>juriste</strong>s en Europe.<br />
Venez participer aux débats avec les<br />
directeurs juridiques <strong>de</strong> SAP, Securitas,<br />
Shell, Alstom, Koncar, ING etc. Seront<br />
également présents le Professeur<br />
Roquilly (EDHEC) et les représentants<br />
<strong>de</strong> la Commission et Business Europe.<br />
Inscriptions gratuites pour les membres<br />
<strong>de</strong> l’AFJE - Diner inclus - places limitées.<br />
Des représentants <strong>de</strong> chacun <strong>de</strong>s<br />
19 pays membres sont déjà inscrits,<br />
nous vous attendons !<br />
Pour vous inscrire ou pour toute autre<br />
information complémentaire :<br />
Contactez Alex Fetrot :<br />
alex.fetrot@glgroup.co.uk<br />
69<br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
ENQUÊTE<br />
La Propriété Intellectuelle<br />
à l’honneur, résultats du Baromètre<br />
<strong>de</strong> la PI 2013<br />
En 2013, pour la 2 e année consécutive, LAVOIX a réalisé, en association<br />
avec l’AFJE, le Baromètre <strong>de</strong> la PI, une gran<strong>de</strong> étu<strong>de</strong> sur les pratiques<br />
<strong>de</strong> la Propriété Intellectuelle (PI). Pour cette 2 e édition, 116<br />
professionnels <strong>de</strong> la PI ont répondu à plus <strong>de</strong> 60 questions traitant<br />
notamment <strong>de</strong>s différents aspects <strong>de</strong> leur activité professionnelle et<br />
<strong>de</strong>s enjeux auxquels ils font face au sein <strong>de</strong> leurs entreprises. Voici<br />
quelques résultats et enseignements qui font suite à la conférence<br />
du 28 mai 2013.<br />
70<br />
Dans le contexte économique<br />
actuel, où connaissance rime<br />
avec croissance, les droits <strong>de</strong><br />
PI jouent un rôle prédominant. <strong>Le</strong>ur<br />
nombre s’accroît et leur gestion <strong>de</strong>vient<br />
<strong>de</strong> plus en plus complexe. Ils constituent<br />
aujourd’hui un actif majeur, voire vital,<br />
dans la stratégie <strong>de</strong> développement <strong>de</strong>s<br />
entreprises.<br />
LAVOIX<br />
LAVOIX est le premier acteur entièrement<br />
dédié à la Propriété Intellectuelle (PI) en<br />
France. Avec près <strong>de</strong> 200 professionnels <strong>de</strong><br />
la PI dont 80 avocats, conseils en propriété<br />
industrielle, ingénieurs et <strong>juriste</strong>s, LAVOIX<br />
intervient sur tous les types <strong>de</strong> droits <strong>de</strong><br />
PI (brevets, marques, modèles, droits<br />
d’auteur et noms <strong>de</strong> domaine), quel que<br />
soit le secteur économique ou technique<br />
concerné. LAVOIX est certifi é ISO 9001 -<br />
2008 pour l’ensemble <strong>de</strong> ses activités <strong>de</strong><br />
conseil en propriété industrielle. En 2013,<br />
et pour la 3 e fois en 6 ans, LAVOIX a reçu le<br />
trophée <strong>de</strong> l’année du cabinet français <strong>de</strong><br />
Conseil en Propriété Intellectuelle décerné<br />
par Managing IP, la revue <strong>de</strong> référence<br />
internationale.<br />
De ce fait, le rôle et les enjeux du<br />
Responsable PI évoluent fortement,<br />
notamment au regard <strong>de</strong> la gestion<br />
<strong>de</strong> l’activité PI, <strong>de</strong>s interactions avec<br />
les autres directions <strong>de</strong> l’entreprise mais<br />
aussi <strong>de</strong> son rattachement hiérarchique.<br />
Pour ai<strong>de</strong>r les Responsables PI à optimiser<br />
leur activité, en 2012, LAVOIX<br />
a décidé <strong>de</strong> mener annuellement une<br />
gran<strong>de</strong> étu<strong>de</strong> sur les pratiques <strong>de</strong> la PI<br />
auprès <strong>de</strong>s responsables en charge <strong>de</strong><br />
ce domaine : le Baromètre <strong>de</strong> la PI.<br />
Ce Baromètre <strong>de</strong> la PI a pour objectifs <strong>de</strong> :<br />
- Donner aux responsables <strong>de</strong> la PI <strong>de</strong>s<br />
informations et <strong>de</strong>s outils leur permettant<br />
d’améliorer la gestion <strong>de</strong> la PI,<br />
- Valoriser la PI auprès <strong>de</strong>s acteurs <strong>de</strong><br />
l’entreprise et optimiser les relations<br />
avec les parties prenantes tant internes<br />
(notamment les directions générales)<br />
qu’externes.<br />
Pour cette 2 e édition, LAVOIX s’est associé<br />
une nouvelle fois à l’Association<br />
Française <strong>de</strong>s Juristes d’Entreprise (AFJE),<br />
et a confié l’administration et le recueil<br />
<strong>de</strong>s données au cabinet Day One afin <strong>de</strong><br />
garantir la confi<strong>de</strong>ntialité et l’anonymat<br />
<strong>de</strong>s réponses, gage <strong>de</strong> sérieux et <strong>de</strong> cohérence<br />
<strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong> barométrique.<br />
<strong>Le</strong> questionnaire du Baromètre <strong>de</strong> la PI<br />
a été mis en ligne à partir du lien www.<br />
barometre<strong>de</strong>lapi.com du 11 février<br />
au 24 mars 2013, et adressé par email à<br />
plus <strong>de</strong> 800 Responsables PI en France et<br />
aux 4 000 membres <strong>de</strong> l’AFJE. <strong>Le</strong> questionnaire<br />
a été auto-administré en ligne<br />
selon la méthodologie CAWI (Computer<br />
Assisted Web Interviewing).<br />
Lors <strong>de</strong> la 1 re édition en 2012, le Baromètre<br />
<strong>de</strong> la PI avait fait ressortir que les<br />
Responsables PI faisaient face à un<br />
double enjeu (un enjeu <strong>de</strong> reconnaissance<br />
et un enjeu opérationnel). Cette<br />
année, pour la 2 e édition, ce constat<br />
ne peut être que confirmé, voire renforcé,<br />
par les résultats <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong><br />
barométrique.<br />
En effet, l’enjeu <strong>de</strong> reconnaissance<br />
et <strong>de</strong> compréhension du rôle<br />
<strong>de</strong> la PI est toujours important selon<br />
les données analysées dans cette<br />
étu<strong>de</strong>. Sensibiliser les déci<strong>de</strong>urs et<br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
ENQUÊTE<br />
Conférence LAVOIX et AFJE au Cercle National <strong>de</strong>s Armées, 28 mai 2013<br />
les opérationnels à la PI, apparaît<br />
comme important pour les répondants<br />
au Baromètre <strong>de</strong> la PI 2013,<br />
et les notes moyennes attribuées<br />
légèrement plus élevées qu’en 2012<br />
(cf. tableau 1).<br />
L’enjeu opérationnel est toujours naturellement<br />
primordial pour les répondants,<br />
puisque la gestion <strong>de</strong>s risques PI <strong>de</strong><br />
l’entreprise connaît une nette évolution<br />
avec une note en 2013 significativement<br />
supérieure à celle <strong>de</strong> 2012. L’enjeu opérationnel<br />
est donc lui aussi clairement<br />
renforcé (cf. tableau 2).<br />
Cependant, en 2013, un nouvel enjeu<br />
apparaît : l’optimisation <strong>de</strong>s ressources<br />
dédiées à la PI et leur alignement sur la<br />
stratégie <strong>de</strong> l’entreprise.<br />
Ce nouvel enjeu se traduit par la nécessité<br />
pour les Responsables <strong>de</strong> la PI d’adapter<br />
leur budget, leur effectif et/ou le portefeuille<br />
PI à la stratégie <strong>de</strong> l’entreprise,<br />
mais également, en parallèle, d’optimiser<br />
la gestion du budget PI.<br />
Si la maîtrise <strong>de</strong>s coûts est importante<br />
pour les Responsables PI, le budget <strong>de</strong> la<br />
PI n’a toutefois pas été sacrifié malgré la<br />
crise. Ainsi, seules 19,1 % <strong>de</strong>s entreprises<br />
ont diminué leur budget lorsque 37 %<br />
déclarent l’avoir augmenté (cf. graphique<br />
1). « C’est un premier indice que la PI prend<br />
une place <strong>de</strong> plus en plus importante dans la<br />
stratégie <strong>de</strong>s entreprises en France » selon<br />
Philippe BLOT, Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> LAVOIX.<br />
Ceci est confirmé par le niveau <strong>de</strong> perception<br />
<strong>de</strong> l’aspect stratégique <strong>de</strong> la PI<br />
par les entreprises. Bien que toujours<br />
faible, il est en croissance cette année<br />
comme on peut l’observer sur le graphique<br />
2.<br />
Ainsi, les Responsables PI notent en<br />
moyenne ce niveau à 6,5 sur 10. <strong>Le</strong> seuil<br />
<strong>de</strong> 7, à partir duquel on pourrait le considérer<br />
comme une bonne note, n’est pas<br />
dépassé, mais il gagne 0,7 point par rapport<br />
à la moyenne 2012, ce qui permet<br />
<strong>de</strong> conclure à une évolution significative<br />
et positive.<br />
Néanmoins, les 2 principaux enjeux<br />
i<strong>de</strong>ntifiés en 2012 et toujours présents<br />
selon les répondants en 2013, restent<br />
le fruit <strong>de</strong> la situation actuelle <strong>de</strong> la PI<br />
au sein <strong>de</strong>s entreprises : une perception<br />
faible du rôle stratégique comme nous<br />
venons <strong>de</strong> le voir, un faible rattachement<br />
au plus haut niveau <strong>de</strong> l’entreprise<br />
avec seulement 24 % <strong>de</strong>s répondants se<br />
déclarant être rattachés directement au<br />
« Prési<strong>de</strong>nt/Directeur général », et une<br />
faible proportion d’entreprises disposant<br />
d’une Direction <strong>de</strong> la PI en tant que telle<br />
(29,7 %).<br />
Tableau 1 :<br />
Note moyenne<br />
sur 4<br />
Sensibiliser les<br />
déci<strong>de</strong>urs aux<br />
enjeux <strong>de</strong> la PI<br />
Sensibiliser les<br />
opérationnels<br />
aux enjeux <strong>de</strong><br />
la PI<br />
Tableau 2 :<br />
Note moyenne<br />
sur 4<br />
Gérer les<br />
risques PI <strong>de</strong><br />
l’entreprise<br />
y compris<br />
les risques<br />
financiers<br />
(liberté<br />
d’exploitation…)<br />
Baromètre<br />
2013<br />
Baromètre<br />
2012<br />
3,4 3,3<br />
3,2 3,1<br />
Baromètre<br />
2013<br />
Baromètre<br />
2012<br />
3,3 3,1<br />
Graphique1 : évolution du budget 2013<br />
par rapport à l’Année 2012<br />
43,8%<br />
15,1% 17,8%<br />
6,8% 8,2%<br />
4,1%<br />
4,1%<br />
Baisse <strong>de</strong> plus<br />
<strong>de</strong> 20%<br />
Baisse entre<br />
10 et 20%<br />
Baisse entre<br />
0 et 10%<br />
sensiblement<br />
inchangé<br />
Augmentation entre<br />
0 et 10%<br />
Augmentation entre<br />
10 et 20%<br />
Augmentation<br />
<strong>de</strong> lus <strong>de</strong> 20%<br />
71<br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
ENQUÊTE<br />
72<br />
Ainsi, l’existence d’une Direction <strong>de</strong> la<br />
PI n’a pas non plus évolué significativement<br />
entre 2012 et 2013 (l’évolution<br />
ne pourra pas se mesurer avant 3 ou 4<br />
vagues du Baromètre <strong>de</strong> la PI). <strong>Le</strong> rattachement<br />
direct ne connaît pas <strong>de</strong> forte<br />
évolution par rapport à 2012 comme on<br />
pouvait le présager, et lorsqu’elle existe,<br />
la Direction <strong>de</strong> la PI est principalement<br />
rattachée à la « Direction Juridique »<br />
(47 % <strong>de</strong>s cas) ou à la « Direction technique<br />
(R&D, Innovation…) » (34 % <strong>de</strong>s<br />
cas).<br />
Enfin comme en 2012, les répondants<br />
souhaiteraient voir leur rôle évoluer vers<br />
une activité axée sur l’optimisation <strong>de</strong><br />
la stratégie PI et l’observation <strong>de</strong> l’activité<br />
<strong>de</strong> la concurrence (cf. graphique 3).<br />
En conclusion, le rôle du Responsable<br />
PI, et la perception <strong>de</strong> ce rôle au sein<br />
<strong>de</strong>s entreprises semblent acquérir doucement<br />
une dimension plus stratégique,<br />
soumise aux exigences <strong>de</strong> plus en plus<br />
fortes <strong>de</strong> l’entreprise.<br />
Lionel Deschaux<br />
Responsable Marketing, Communication<br />
et Business Développement - LAVOIX ■<br />
Pour plus d’informations<br />
Pour recevoir un exemplaire <strong>de</strong> la synthèse<br />
<strong>de</strong> 32 pages au format PDF,<br />
vous pouvez adresser un email, avec vos<br />
coordonnées professionnelles, à communication@lavoix.eu.<br />
Graphique 2 : niveau <strong>de</strong> perception <strong>de</strong> l’aspect stratégique <strong>de</strong> la PI<br />
au sein <strong>de</strong> l’entreprise<br />
2012<br />
Graphique 3 : mission du responsable PI Aujourd’hui vs Demain<br />
Aujourd’hui<br />
2013<br />
2,8%<br />
Demain<br />
0%<br />
8,3%<br />
2,3%<br />
13,9%<br />
5,7%<br />
Gérer les aspects à la PI<br />
(exemple inventions et créations <strong>de</strong> salariés)<br />
Gérer la confi<strong>de</strong>ntialité<br />
au sein <strong>de</strong> la structure<br />
Former les opérationnels à la PI<br />
Surveiller l’évolution législative<br />
et jurispru<strong>de</strong>ntielle<br />
Surveiller l’activité <strong>de</strong>s concurents<br />
Optimiser la stratégie PI au regard<br />
<strong>de</strong> la stratégie <strong>de</strong> l’entreprise<br />
Se défendre contre les droits <strong>de</strong>s tiers<br />
Evaluer la liberté d’exploitation<br />
Gérer les aspects contractuels<br />
avec les partenaires, notammant pour le R&D<br />
Valoriser les droits<br />
(pré-contentieux, contentieux, négociation)<br />
Protéger les créations et les innovations<br />
(dépôts, renouvellements, etc.)<br />
9,7%<br />
10,3%<br />
8,3%<br />
9,2%<br />
8,3%<br />
23,0%<br />
20,8%<br />
14,9%<br />
3,6%<br />
3,7%<br />
4,0%<br />
3,4%<br />
4,3%<br />
4,9%<br />
3,0%<br />
3,8%<br />
5,9%<br />
7,4%<br />
8,8%<br />
11,3%<br />
6,8%<br />
7,1%<br />
8,3%<br />
8,7%<br />
9,6%<br />
9,2%<br />
9,9%<br />
10,7%<br />
23,0%<br />
16,7%<br />
6,9%<br />
4,6%<br />
4,2%<br />
6,9%<br />
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10<br />
==<br />
36,0%<br />
29,7%<br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
Partenariats | ACTUALITÉS DE L’AFJE<br />
Intervention <strong>de</strong> l’AFJE au 17 e séminaire<br />
franco-allemand <strong>de</strong> l’ACE à Berlin<br />
Avec la participation <strong>de</strong> Glynnis Makoundou, membre <strong>de</strong> l’AFJE<br />
Pour la 17 e année consécutive, l’Association <strong>de</strong>s Avocats Conseils d’Entreprises (ACE) Section Internationale, la Deutscher AnwaltVerein<br />
(Association alleman<strong>de</strong> <strong>de</strong>s Avocats) et l’Arbeitsgemeinschaft Internationaler Rechtsverkehr (groupe <strong>de</strong> travail sur le commerce juridique<br />
international) ont co-organisé, les 26 et 27 avril 2013, un séminaire franco-allemand à Berlin, consacré cette année à la sécurisation <strong>de</strong><br />
la présence <strong>de</strong> l’entreprise sur internet.<br />
Lors <strong>de</strong> cette rencontre, désormais traditionnelle, avocats et professionnels du droit, dont les <strong>juriste</strong>s d’entreprise, travaillant dans le<br />
domaine franco-allemand, se sont réunis afi n <strong>de</strong> partager leurs expériences et d’échanger. Dans le cadre du partenariat privilégié entre<br />
l’AFJE et l’ACE, c’est Glynnis Makoundou, Audit & <strong>Le</strong>gal Expert France pour la société Trusted Shops, qui a représenté l’Association<br />
Française <strong>de</strong>s Juristes d’Entreprise en participant à l’une <strong>de</strong>s tables-ron<strong>de</strong>s <strong>de</strong> cette gran<strong>de</strong> journée <strong>de</strong> réfl exion.<br />
En compagnie <strong>de</strong> Bénédicte Querenet-Hahn, Avocat associé, GGV Grützmacher/Gravert/Viegener, qui est également intervenue lors <strong>de</strong><br />
ce séminaire, toutes <strong>de</strong>ux reviennent dans <strong>de</strong>ux articles sur leur intervention et les thématiques ayant été abordées.<br />
Prévenir les risques d’internet<br />
pour les entreprises<br />
Par Bénédicte Querenet-Hahn, Avocat associé, GGV Grützmacher/Gravert/Viegener<br />
73<br />
Internet a profondément changé les habitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s<br />
consommateurs et la relation qu’entretiennent les<br />
entreprises avec leurs clients. Il n’est plus un acheteur<br />
qui, avant d’acquérir un produit ou un service, n’aille<br />
se renseigner sur le Net. Corrélativement, les entreprises<br />
ne maîtrisent plus, comme c’était le cas autrefois, la façon<br />
dont on parle d’elles, <strong>de</strong> leurs produits et <strong>de</strong> leurs<br />
services. Elles n’ont plus la totale maîtrise <strong>de</strong> leur image.<br />
Bénédicte Querenet-Hahn<br />
A<br />
la fois incontournable pour<br />
la communication institutionnelle<br />
d’une entreprise, et levier<br />
indiscutable <strong>de</strong> sa réussite commerciale,<br />
Internet apparaît comme un média<br />
dont les contenus ne sont pas contrôlés.<br />
Contraintes d’être présentes et <strong>de</strong><br />
communiquer sur Internet pour exister<br />
sur leur marché, les entreprises doivent,<br />
dans le même temps, veiller à ce que leur<br />
image et leur réputation sur ce média<br />
soient préservées et réagir à tout contenu<br />
portant atteinte à leurs droits.<br />
<strong>Le</strong>s entreprises ne peuvent donc<br />
aujourd’hui ignorer que leur présence<br />
sur Internet constitue un véritable enjeu,<br />
nécessitant qu’elles se dotent non seulement<br />
d’une stratégie marketing et <strong>de</strong><br />
communication, mais également d’une<br />
stratégie juridique appropriée, pour faire<br />
face aux attaques dont elles font l’objet.<br />
Stratégies marketing,<br />
communication et juridique<br />
La stratégie marketing est essentielle<br />
pour promouvoir et développer la notoriété<br />
<strong>de</strong> l’entreprise, <strong>de</strong> ses marques, <strong>de</strong><br />
ses produits et ses services. La stratégie<br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
ACTUALITÉS DE L’AFJE | Partenariats<br />
74<br />
<strong>de</strong> communication l’est tout autant pour<br />
répondre aux questions et commentaires<br />
postés sur Internet. Elle nécessite un<br />
important travail <strong>de</strong> veille et une excellente<br />
maîtrise <strong>de</strong> la communication <strong>de</strong><br />
l’image que l’entreprise entend donner<br />
d’elle. Enfin, la stratégie juridique, qui<br />
consiste à déterminer à l’avance, en fonction<br />
du type d’atteinte subie par l’entreprise,<br />
la réaction à mettre en œuvre, est<br />
également essentielle pour permettre<br />
une réaction rapi<strong>de</strong> et efficace. En effet,<br />
ce n’est pas lorsque la crise survient que<br />
l’entreprise est en mesure d’analyser<br />
les différentes options <strong>de</strong> procédure qui<br />
s’offrent à elle et <strong>de</strong> déci<strong>de</strong>r laquelle<br />
engager. De telles réflexions doivent être<br />
menées en amont, pour réduire autant<br />
que possible les temps <strong>de</strong> réaction.<br />
Pour bien mettre en place sa stratégie<br />
juridique, l’entreprise doit distinguer :<br />
- les cas dans lesquels elle est seulement<br />
confrontée à <strong>de</strong>s contenus négatifs,<br />
<strong>de</strong> ceux dans lesquels elle fait l’objet<br />
<strong>de</strong> contenus illicites ; ne sont en effet<br />
répréhensibles et ne peuvent être sanctionnés<br />
que les contenus illicites ;<br />
- les différentes procédures possibles,<br />
judiciaires et extra-judiciaires, afin <strong>de</strong><br />
déterminer laquelle mettre en œuvre,<br />
en fonction, d’une part, <strong>de</strong>s objectifs<br />
poursuivis et, d’autre part, <strong>de</strong>s atteintes<br />
à sanctionner.<br />
Contenu négatif et contenu illicite<br />
<strong>Le</strong> contenu négatif relève <strong>de</strong> la liberté<br />
d’expression et ne peut être, à ce titre,<br />
sanctionné ou supprimé <strong>de</strong> force.<br />
L’entreprise peut en revanche user ellemême<br />
<strong>de</strong> sa liberté d’expression pour<br />
répondre ou commenter un contenu<br />
négatif, au moyen d’une stratégie <strong>de</strong><br />
communication adaptée.<br />
<strong>Le</strong> contenu illicite relève, lui, <strong>de</strong> la diffamation,<br />
<strong>de</strong> l’injure, du dénigrement, <strong>de</strong>s<br />
pratiques déloyales, <strong>de</strong> la contrefaçon, etc.<br />
Procédures judiciaires vs.<br />
Procédures extrajudiciaires<br />
De très nombreuses procédures s’ouvrent<br />
à l’entreprise. A côté <strong>de</strong>s procédures judiciaires,<br />
prévues par la loi <strong>de</strong> chaque Etat,<br />
coexistent <strong>de</strong>s procédures extra-judiciaires,<br />
mises en place par les acteurs<br />
d’Internet, tels que les offices d’enregistrement<br />
<strong>de</strong>s noms <strong>de</strong> domaine,<br />
les moteurs <strong>de</strong> recherche et les hébergeurs.<br />
Chacun <strong>de</strong> ces acteurs a mis en<br />
place ses propres règles et ses procédures<br />
<strong>de</strong> traitement <strong>de</strong>s réclamations.<br />
« les entreprises ne peuvent ignorer aujourd’hui que leur<br />
présence sur Internet constitue un véritable enjeu. Cela<br />
nécessite une stratégie marketing et juridique appropriée. »<br />
En général, ces procédures ont pour<br />
objectif la suppression <strong>de</strong>s contenus<br />
illicites. Elles ne permettent pas<br />
en revanche <strong>de</strong> retirer le contenu illicite<br />
<strong>de</strong> tous les sites sur lesquels il a été<br />
publié, ni <strong>de</strong> faire interdiction à l’auteur<br />
du contenu illicite <strong>de</strong> le rééditer,<br />
sur le même site ou sur un autre. De<br />
même, ces procédures ne traitent pas<br />
<strong>de</strong>s <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s d’in<strong>de</strong>mnisation à l’encontre<br />
<strong>de</strong> l’auteur du contenu illicite.<br />
De telles <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s ne peuvent donc<br />
prospérer que dans le cadre <strong>de</strong> procédures<br />
judiciaires.<br />
<strong>Le</strong>s procédures judiciaires se distinguent<br />
entre elles en fonction <strong>de</strong>s droits qu’elles<br />
ont vocation à protéger. A chaque type<br />
d’atteinte correspond une procédure.<br />
A titre d’exemple, il arrive que <strong>de</strong>s sociétés<br />
concurrentes utilisent le nom <strong>de</strong> leurs<br />
concurrents comme mot-clé ou comme<br />
meta-tag, dans le but d’améliorer leur<br />
référencement sur Internet. Selon le<br />
cas, ce type <strong>de</strong> comportement sera sanctionné<br />
par une action en concurrence<br />
déloyale ou par une action en contrefaçon.<br />
Chaque type d’action judiciaire<br />
suit alors un régime spécifique, avec <strong>de</strong>s<br />
délais, notamment <strong>de</strong> prescription, qui<br />
lui sont propres. Une mauvaise qualification<br />
peut donc ruiner l’action judiciaire<br />
engagée. Il est donc essentiel <strong>de</strong> savoir<br />
qualifier l’atteinte dont l’entreprise est<br />
victime, pour ensuite déterminer la procédure<br />
à enclencher pour faire cesser<br />
cette atteinte, et/ou l’interdire, et/ou<br />
la sanctionner.<br />
Au choix <strong>de</strong> la procédure appropriée<br />
s’ajoute également un choix d’opportunité,<br />
entre une procédure tendant uniquement<br />
à la suppression d’un contenu<br />
illicite et une procédure tendant non seulement<br />
à sa suppression, mais également<br />
à la réparation du dommage causé. Face<br />
à la viralité d’Internet, l’action <strong>de</strong>s entreprises<br />
victimes d’atteintes à leur image<br />
ou à leur marque tend <strong>de</strong> plus en plus à<br />
obtenir <strong>de</strong> façon rapi<strong>de</strong> et efficace la suppression<br />
<strong>de</strong>s contenus illicites. C’est pourquoi,<br />
aux actions judiciaires classiques,<br />
la plupart <strong>de</strong>s entreprises aujourd’hui<br />
leur préfèrent les procédures <strong>de</strong> réclamation<br />
mises en place par les acteurs<br />
d’Internet, qui permettent <strong>de</strong>s résultats<br />
rapi<strong>de</strong>s. <strong>Le</strong>s procédures judiciaires ne<br />
sont plus utilisées qu’en cas d’atteinte<br />
grave à la réputation, <strong>de</strong> risque <strong>de</strong> récidive<br />
ou encore lorsque la défense d’un<br />
droit conditionne son existence et son<br />
maintien, comme c’est le cas en matière<br />
<strong>de</strong> marques, pour éviter leur déchéance.<br />
« Il est essentiel <strong>de</strong> savoir qualifier l’atteinte<br />
dont l’entreprise est victime pour ensuite<br />
déterminer la procédure à enclencher. »<br />
La prévention <strong>de</strong>s risques d’Internet pour<br />
l’entreprise passe donc par la combinaison<br />
<strong>de</strong>s stratégies marketing, <strong>de</strong> communication<br />
et juridique et par l’anticipation<br />
<strong>de</strong>s risques et la détermination,<br />
en amont, <strong>de</strong> la réaction appropriée<br />
à chacun <strong>de</strong>s risques i<strong>de</strong>ntifiés.<br />
■<br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
Partenariats | ACTUALITÉS DE L’AFJE<br />
<strong>Le</strong> retour d’expérience<br />
<strong>de</strong> Trusted Shops<br />
par Glynnis Makoundou, Audit & <strong>Le</strong>gal Expert France, adhérente <strong>de</strong> l’AFJE<br />
Glynnis Makoundou revient pour les lecteurs du JEM<br />
sur son intervention lors du Séminaire franco-allemand<br />
<strong>de</strong> l’ACE, consacrée aux outils juridiques permettant<br />
<strong>de</strong> mettre en oeuvre les stratégies <strong>de</strong> défense <strong>de</strong>s droits<br />
<strong>de</strong> l’entreprise sur Internet<br />
Glynnis Makoundou<br />
J’occupe <strong>de</strong>puis 2011 le poste d’Experte<br />
juridique et Audit France<br />
au sein <strong>de</strong> la société alleman<strong>de</strong><br />
Trusted Shops GmbH, dont l’activité<br />
consiste à favoriser la confiance <strong>de</strong>s internautes<br />
dans les sites internet marchands.<br />
Pour cela, nous délivrons un label, après<br />
réussite d’un audit basé sur <strong>de</strong>s critères<br />
<strong>de</strong> qualité axés sur le respect <strong>de</strong>s droits<br />
<strong>de</strong>s consommateurs. Seuls les sites marchands<br />
ayant réellement été audités et<br />
certifiés par Trusted Shops affichent le<br />
label <strong>de</strong> qualité.<br />
Lors du Séminaire Franco-Allemand du<br />
26 avril 2013, consacré à la défense <strong>de</strong>s<br />
droits <strong>de</strong> l’entreprise sur internet, j’ai<br />
eu le plaisir <strong>de</strong> présenter la stratégie <strong>de</strong><br />
Trusted Shops contre l’utilisation frauduleuse<br />
du label, déposé en tant que<br />
marque figurative. L’enjeu pour nous est<br />
crucial : seuls les sites marchands ayant<br />
réellement été audités et certifiés par<br />
Trusted Shops doivent afficher le label<br />
<strong>de</strong> qualité. <strong>Le</strong> contrat nous liant à nos<br />
clients sites marchands, dans lequel le<br />
droit d’utilisation du label y est clairement<br />
délimité, est le premier outil juridique<br />
<strong>de</strong> protection du label. Par ailleurs,<br />
Trusted Shops informe les acheteurs sur<br />
la manière <strong>de</strong> vérifier l’authenticité du<br />
label vu sur un site.<br />
Trusted Shops est informé <strong>de</strong>s utilisations<br />
frauduleuses <strong>de</strong> sa marque par<br />
les médias, <strong>de</strong>s plaintes <strong>de</strong> consommateurs<br />
ou <strong>de</strong> concurrents. Lorsqu’une<br />
atteinte est constatée, la stratégie est la<br />
même pour tous les marchés sur lesquels<br />
nous sommes présents : documenter<br />
l’atteinte, rechercher son auteur, mettre<br />
en <strong>de</strong>meure, externaliser en l’absence<br />
<strong>de</strong> réaction. Cependant, si les fon<strong>de</strong>ments<br />
juridiques pour agir sont relativement<br />
similaires voir harmonisés, <strong>de</strong>s<br />
différences pratiques peuvent intervenir<br />
selon les marchés. Par exemple, en<br />
France, la mise en <strong>de</strong>meure sera envoyée<br />
par LRAR, alors qu’un courriel suffit en<br />
Allemagne. <strong>Le</strong> défi, qui rend passionnant<br />
« L’activité <strong>de</strong> Trusted Shops consiste à favoriser la confiance<br />
<strong>de</strong>s internautes dans les sites internet marchands »<br />
le travail au sein du service juridique<br />
international <strong>de</strong> Trusted Shops, est <strong>de</strong><br />
conserver une stratégie unique tout en<br />
choisissant les métho<strong>de</strong>s les plus adaptées<br />
à chaque marché.<br />
■<br />
75<br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
ACTUALITÉS DE L’AFJE<br />
La réussite <strong>de</strong>s Femmes à l’honneur !<br />
Deux manifestations <strong>de</strong> l’AFJE à Lyon et Paris<br />
diques et <strong>juriste</strong>s, ainsi que <strong>de</strong>ux avocates<br />
invitées par la délégation, M e <strong>de</strong> Carlan<br />
et M e Dechelette-Roy, ont réfléchi sur<br />
3 sujets sélectionnés par les convives :<br />
La relation <strong>de</strong>s femmes avec le pouvoir politique<br />
en entreprise ;<br />
La conciliation <strong>de</strong> la carrière professionnelle,<br />
<strong>de</strong> sa vie privée et du sentiment <strong>de</strong> culpabilité ;<br />
<strong>Le</strong>s critères du professionnalisme décryptés<br />
par les femmes : doit-on se masculiniser pour<br />
réussir <br />
« “Oser ce que nous sommes”,<br />
tel a été le mot <strong>de</strong> la fin<br />
<strong>de</strong> cette belle soirée »<br />
76<br />
Soirée AFJE-WIG à Paris<br />
Poursuivant les dialogues réguliers,<br />
initiés par Sabine Lochmann,<br />
Prési<strong>de</strong>nte d’honneur <strong>de</strong> l’AFJE<br />
entre les femmes <strong>juriste</strong>s <strong>de</strong> l’Association,<br />
<strong>de</strong>ux dîners mémorables se sont déroulés<br />
à Paris et Lyon en mars <strong>de</strong>rnier, afin <strong>de</strong><br />
célébrer avec élégance et convivialité la<br />
Journée <strong>de</strong> la Femme.<br />
Paris : une soirée AFJE-WIG<br />
En l’honneur <strong>de</strong> cette journée placée sous<br />
le signe <strong>de</strong> la réussite féminine, l’AFJE et<br />
le groupe WIG (Women Interest Group)<br />
ont organisé, le 7 mars 2013, le désormais<br />
traditionnel Dîner <strong>de</strong> la Femme à<br />
la maison <strong>de</strong>s Polytechniciens. Cet évènement<br />
a été l’occasion pour <strong>de</strong> nombreuses<br />
<strong>juriste</strong>s et professionnelles du<br />
mon<strong>de</strong> du Droit, <strong>de</strong> secteurs professionnels<br />
différents, <strong>de</strong> se rencontrer et <strong>de</strong><br />
venir partager leurs expériences.<br />
Cette année, les sœurs Bellon, filles<br />
<strong>de</strong> Pierre Bellon, fondateur du groupe<br />
So<strong>de</strong>xo, Sophie Clamens, Special Advisor<br />
Research Development Innovation<br />
So<strong>de</strong>xo, et Nathalie Szabo, Directrice<br />
Générale So<strong>de</strong>xo Prestige Sports et<br />
Loisirs, ont été les invitées d’honneur <strong>de</strong><br />
ce grand ren<strong>de</strong>z-vous, organisé conjointement<br />
par Aline Poncelet et Anne-Laure<br />
Paulet.<br />
Premier Dîner <strong>de</strong> la femme à Lyon<br />
« Oser être la chef » : tel a été le thème<br />
du premier dîner/débat <strong>de</strong>s femmes<br />
<strong>juriste</strong>s organisé au Carro <strong>de</strong> Lyon par<br />
la délégation Rhône-Alpes <strong>de</strong> l’AFJE le<br />
28 mars <strong>de</strong>rnier. Carole L’Excellent, organisatrice<br />
<strong>de</strong> cette soirée, n’a pas manqué<br />
<strong>de</strong> rappeler le rôle majeur <strong>de</strong> Sabine<br />
Lochmann dans le développement <strong>de</strong>s<br />
régions : « En décembre 2002, c’est sous<br />
l’impulsion d’une femme, en ce même<br />
lieu, que notre délégation a pris un nouveau<br />
départ dès 2003 ». Des femmes,<br />
directeurs juridiques, responsables juri-<br />
Trois équipes se sont ainsi penchées sur<br />
ces thématiques, avant <strong>de</strong> partager leurs<br />
réflexions en fin <strong>de</strong> repas. Un vrai succès<br />
pour cet échange interactif placé sous<br />
le signe <strong>de</strong> l’entrai<strong>de</strong> et du dynamisme<br />
pendant lequel une vingtaine <strong>de</strong> femmes<br />
ont contribué, en toute simplicité et complicité,<br />
à mettre en exergue leurs atouts<br />
dans un milieu économique global à forte<br />
connotation masculine.<br />
Nathalie Szabo,<br />
Directrice Générale So<strong>de</strong>xo Prestige<br />
« Oser ce que nous sommes », tel a<br />
été le mot <strong>de</strong> la fin <strong>de</strong> cette belle soirée,<br />
chacune repartant avec les germes <strong>de</strong> la<br />
réussite professionnelle à venir.<br />
Anne-Laure Paulet<br />
et Carole L’Excellent ■<br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
ACTUALITÉS DE L’AFJE<br />
Renouveau <strong>de</strong> la Commission<br />
Management et Organisation <strong>de</strong> l’AFJE<br />
Objectif<br />
Dans leur rôle d’accompagnateur du développement<br />
<strong>de</strong> leur entreprise, au cœur <strong>de</strong> la vie <strong>de</strong>s<br />
affaires, les Directeurs et Responsables Juridiques<br />
ont besoin <strong>de</strong> faire coïnci<strong>de</strong>r une organisation avec<br />
<strong>de</strong>s exigences métier, que ce soit pour protéger,<br />
promouvoir ou défendre l’activité et le savoir <strong>de</strong><br />
leur entreprise.<br />
La Commission a pour but <strong>de</strong> soutenir le développement<br />
<strong>de</strong> clés techniques et relationnelles<br />
concrètes pour ces managers d’équipes ou <strong>de</strong><br />
projets. Elle est animée par Eric Amar, Directeur<br />
Juridique chez Bolloré Logistics, et Philippe <strong>de</strong><br />
Robert Hautequère, Responsable Contrats et<br />
Contentieux chez EADS, et ancien Responsable<br />
<strong>de</strong> la Commission Projets & Développement.<br />
Moyens<br />
Fruit <strong>de</strong> la fusion fi n 2012, <strong>de</strong>s Commissions «<br />
Projets & Développement » et « Management &<br />
Organisation », la Commission crée une dynamique<br />
et un cadre, propice à l’échange sur les<br />
différentes pratiques.<br />
Ses membres ont <strong>de</strong>s profi ls et exercent dans<br />
<strong>de</strong>s secteurs d’activité variés. Cela contribue à un<br />
partage d’expérience riche et au développement<br />
<strong>de</strong> contacts suivis au sein <strong>de</strong> notre Association.<br />
Il s’agit essentiellement <strong>de</strong> leur faire rencontrer<br />
leurs pairs <strong>juriste</strong>s d’entreprise, ou d’autres professionnels<br />
exerçant dans <strong>de</strong>s domaines complémentaires<br />
(directeurs marketing ou commerciaux,<br />
économistes, professeurs, magistrats, conseils<br />
spécialisés).<br />
Performance <strong>de</strong>s Directions Juridiques, optimisation<br />
<strong>de</strong>s coûts, communication, positionnement<br />
au sein d’organisations nationales ou globales,<br />
gestion <strong>de</strong> collaborateurs à l’étranger, autant <strong>de</strong><br />
problématiques <strong>de</strong>vant être abordées au cours<br />
<strong>de</strong>s prochaines réunions <strong>de</strong> la Commission<br />
Management.<br />
Philippe <strong>de</strong> Robert Hautequère ■<br />
Contact<br />
Eric Amar :<br />
e.amar@bollore-logistics.com<br />
Philippe <strong>de</strong> Robert Hautequère :<br />
philippe.<strong>de</strong>roberthautequere@eads.net<br />
Portrait d’Eric Amar<br />
77<br />
Eric Amar, co-responsable <strong>de</strong> la Commission Management<br />
et Organisation <strong>de</strong> l’AFJE, Directeur Juridique du Pôle<br />
Logistique Internationale <strong>de</strong> Bolloré<br />
Eric Amar<br />
Directeur Juridique du Pôle<br />
Logistique Internationale <strong>de</strong><br />
Bolloré, Eric Amar, après une<br />
première expérience dans la presse, a<br />
développé la fonction juridique au sein<br />
du Groupe Bolloré, au travers <strong>de</strong> sa filiale<br />
SDV notamment.<br />
Ses points forts sont les fusions et acquisitions,<br />
le droit <strong>de</strong>s contrats et, bien<br />
entendu, le droit du commerce international,<br />
le droit <strong>de</strong>s transports et <strong>de</strong> la<br />
logistique internationale. En droit <strong>de</strong>s<br />
contrats, il a pu toucher à tous les secteurs<br />
industriels, acheteurs <strong>de</strong> services<br />
logistiques, aéronautique, luxe, Oil &<br />
Gas, automobile, pharmacie, mines…<br />
Ce qui lui permet <strong>de</strong> constater tous les<br />
jours les évolutions contractuelles <strong>de</strong> ces<br />
différentes industries.<br />
En fusions et acquisitions, il a également<br />
pu mettre en place <strong>de</strong>s opérations dans<br />
les principaux pays occi<strong>de</strong>ntaux, mais<br />
également en Europe <strong>de</strong> l’Est, Afrique du<br />
Nord, Golfe etc… Cela a permis <strong>de</strong> comparer<br />
ces cultures juridiques et humaines<br />
bien différentes.<br />
Enfin, en droit du commerce international,<br />
transports et douanes, ces secteurs<br />
étant intimement liés, il a beaucoup<br />
appris quant aux montages <strong>de</strong>s<br />
exportations et importations, et au regard<br />
<strong>de</strong> leurs conséquences économiques et<br />
réglementaires.<br />
Juriste généraliste, Eric Amar a constitué<br />
une équipe <strong>de</strong> <strong>juriste</strong>s également<br />
généralistes, avec 6 personnes (dont 2<br />
para legal) à Paris, et la supervision <strong>de</strong><br />
trois personnes à Singapour et <strong>de</strong> quatre<br />
en Chine. La culture juridique dans son<br />
entreprise est extrêmement exigeante<br />
envers les <strong>juriste</strong>s internes, qui doivent<br />
montrer leur connaissance approfondie,<br />
non seulement du droit, mais également<br />
<strong>de</strong> l’entreprise elle-même, <strong>de</strong> ses produits<br />
comme <strong>de</strong> son capital humain.<br />
Direction Juridique bien implantée dans<br />
les opérations, la Direction Juridique <strong>de</strong><br />
Bolloré Logistics gère également, pour<br />
le compte <strong>de</strong> la Direction Générale, les<br />
problématiques <strong>de</strong> haut <strong>de</strong> bilan et celles<br />
liées à la stratégie globale d’une entreprise<br />
<strong>de</strong> 11 000 personnes.<br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
ACTUALITÉS DE L’AFJE<br />
Partenariat AFJE-<strong>Le</strong> Mon<strong>de</strong> du Droit :<br />
Palmarès <strong>de</strong>s avocats d’affaires 2013<br />
prise pour récompenser, dans 20 catégories,<br />
les cabinets d’avocats d’affaires jugés<br />
pour eux les plus performants. Ce sont en<br />
effet les clients <strong>de</strong>s cabinets qui ont désigné<br />
les meilleurs d’entre eux en fonction <strong>de</strong><br />
critères qualitatifs et du nombre <strong>de</strong> citations<br />
obtenues par chacun <strong>de</strong>s cabinets.<br />
les cabinets CMS Bureau Francis <strong>Le</strong>febvre<br />
et Lazareff <strong>Le</strong>bars ont par exemple été<br />
particulièrement récompensés dans<br />
plusieurs catégories : le premier pour les<br />
catégories Fiscal, Assurances et Immobilier,<br />
le second pour les catégories Contentieux<br />
et Arbitrage&ADR.<br />
78<br />
Vous avez été très nombreux à participer<br />
à la 1 re édition du Palmarès<br />
<strong>de</strong>s avocats d’affaires, dans le cadre<br />
du partenariat AFJE-<strong>Le</strong> Mon<strong>de</strong> du<br />
Droit.<br />
Et c’est le 14 mars 2013 à Paris, que près<br />
<strong>de</strong> 200 personnes se sont retrouvées<br />
au Pavillon Kléber pour assister à la remise<br />
<strong>de</strong>s prix <strong>de</strong> la première édition du Palmarès<br />
<strong>de</strong>s avocats d’affaires au cours <strong>de</strong> laquelle<br />
plus <strong>de</strong> 60 récompenses ont été remises<br />
aux cabinets d’avocats.<br />
<strong>Le</strong> Mon<strong>de</strong> du Droit a donné pour la première<br />
fois la parole à 8 000 <strong>juriste</strong>s d’entre-<br />
<strong>Le</strong> Palmarès a permis aux cabinets <strong>de</strong><br />
se situer vis-à-vis <strong>de</strong> leurs confrères<br />
mais aussi et surtout d’obtenir <strong>de</strong>s<br />
informations sur la manière dont ils sont<br />
perçus par leurs clients.<br />
Ce palmarès innovant a donc été particulièrement<br />
apprécié <strong>de</strong>s cabinets qui ont plébiscité<br />
ce mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> reconnaissance direct.<br />
<strong>Le</strong>s prix ont été remis par Hervé Delannoy,<br />
Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’AFJE, Anne-Laure<br />
Paulet, Secrétaire Général <strong>de</strong> l’AFJE et<br />
Jean-Charles Savouré, Prési<strong>de</strong>nt d’honneur<br />
<strong>de</strong> l’AFJE. Pour cette 1 re édition,<br />
ce sont ainsi 48 cabinets qui ont été<br />
récompensés. Partenaires <strong>de</strong> l’AFJE,<br />
Face au succès <strong>de</strong> ce premier évènement,<br />
le Mon<strong>de</strong> du Droit et l’AFJE vous donnent<br />
ren<strong>de</strong>z-vous l’année prochaine pour la<br />
<strong>de</strong>uxième édition du Palmarès <strong>de</strong>s avocats<br />
d’affaires !<br />
Anne Renoncet ■<br />
La 3 e édition du Forum <strong>de</strong>s métiers<br />
du Droit <strong>de</strong> l’ESSEC-Business School<br />
<strong>Le</strong> 21 mars 2013 s’est tenue la 3 e<br />
édition du Forum <strong>de</strong>s métiers du<br />
Droit <strong>de</strong> l’ESSEC-Business School.<br />
A cette occasion, <strong>de</strong>s <strong>juriste</strong>s d’entreprise<br />
réunis sous la bannière <strong>de</strong> l ‘AFJE<br />
ainsi que <strong>de</strong>s cabinets d’avocats <strong>de</strong> toutes<br />
tailles et spécialités ont pu délivrer leurs<br />
conseils et discuter stages et recrutement<br />
avec les étudiants.<br />
Il s’agit là d’un moment important pour<br />
la cinquantaine d’étudiants admis à la<br />
Gran<strong>de</strong> Ecole après les classes préparatoires<br />
et qui s’engagent dans la filière<br />
Cursus Droit. Ces étudiants sélectionnés<br />
bénéficient <strong>de</strong> cours intensifs dispensés<br />
conjointement, d’une part par <strong>de</strong>s professeurs<br />
<strong>de</strong> l’Ecole et, d’autre part, <strong>de</strong>s<br />
professeurs <strong>de</strong>s facultés <strong>de</strong> droit. Forts <strong>de</strong><br />
ces bases soli<strong>de</strong>s, les étudiants débutent<br />
un parcours universitaire parallèlement<br />
à l’Ecole, qui leur permet d’acquérir une<br />
licence puis un master <strong>de</strong> droit et <strong>de</strong><br />
bénéficier <strong>de</strong>s accords <strong>de</strong> l’ESSEC avec<br />
<strong>de</strong> grands établissements (notamment<br />
l’Université Paris II Panthéon-<strong>Assas</strong> ou<br />
le King’s College pour les LLM).<br />
Pour les étudiants qui ont reçu une formation<br />
initiale en droit et qui rentrent à<br />
l’ESSEC en admission parallèle en cycle<br />
Msc <strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong> Ecole ou en Master<br />
spécialisé Droit <strong>de</strong>s affaires internationales<br />
et management (MS Daim), leur<br />
parcours à l’ESSEC représente souvent<br />
une occasion <strong>de</strong> redécouvrir le rôle d’un<br />
<strong>juriste</strong> : importance d’intégrer dans le<br />
raisonnement juridique les objectifs<br />
non juridiques et notamment quantitatifs<br />
<strong>de</strong>s clients, lien entre les experts<br />
internes et surtout externes (avocats,<br />
arbitres, juges)… autant d’éléments que<br />
les échanges avec les professionnels lors<br />
du Forum ont permis d’illustrer.<br />
Viviane <strong>de</strong> Beaufort ■<br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
ACTUALITÉS DE L’AFJE<br />
Colloque ACE-AFJE sur<br />
l’évaluation <strong>de</strong>s préjudices commerciaux<br />
L’Association <strong>de</strong>s Avocats Conseils<br />
d’Entreprise (A.C.E.) et l’Association<br />
Française <strong>de</strong>s Juristes d’Entreprises<br />
(A.F.J.E.), représentées respectivement<br />
dans le cadre <strong>de</strong> cette manifestation<br />
par Me Emmanuel Raskin, Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong><br />
la commission procédure <strong>de</strong> l’ACE, et<br />
Monsieur Hervé Delannoy, Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong><br />
l’AFJE, remercient vivement les intervenants<br />
<strong>de</strong> qualité, les participants venus<br />
nombreux et la compagnie Allianz pour<br />
le véritable succès du colloque qui s’est<br />
tenu le 3 avril 2013 sur le thème « <strong>Le</strong>s<br />
préjudices commerciaux <strong>de</strong>s entreprises<br />
: analyse concrète <strong>de</strong>s principales<br />
difficultés d’évaluation. »<br />
Des hauts magistrats, dont Monsieur<br />
le Conseiller Doyen à la chambre commerciale<br />
<strong>de</strong> la Cour <strong>de</strong> Cassation, Yves<br />
Gérard, Monsieur Didier Kling, commissaire<br />
aux comptes, Prési<strong>de</strong>nt d’honneur<br />
<strong>de</strong> la CNCC, et Monsieur Yves <strong>Le</strong>lièvre,<br />
Prési<strong>de</strong>nt du Tribunal <strong>de</strong> Commerce<br />
<strong>de</strong> Nanterre, <strong>de</strong>s experts judiciaires <strong>de</strong><br />
renom, Hubert Bitan, expert spécialisé en<br />
informatique et Alain Martin, expert près<br />
la Cour d’Appel et la Cour <strong>de</strong> Cassation et<br />
expert-comptable, ainsi que <strong>de</strong>s avocats<br />
et <strong>de</strong>s <strong>juriste</strong>s spécialisés sont intervenus<br />
aux trois tables ron<strong>de</strong>s qui ont nourri ce<br />
colloque : l’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s postes du<br />
préjudice, les préjudices du bilan et les<br />
préjudices hors bilan (image, confiance,<br />
moral, crédit).<br />
Si la difficulté <strong>de</strong> la justification <strong>de</strong> la responsabilité,<br />
en fait et en droit, préoccupe<br />
trop souvent à titre principal le <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur<br />
à la réparation, il faut conserver<br />
à l’esprit que la justification en droit et<br />
en montant <strong>de</strong>s postes <strong>de</strong> préjudices qui<br />
en découlent est fondamentale. La Cour<br />
<strong>de</strong> Cassation a très récemment rappelé<br />
que la faute contractuelle n’implique pas<br />
nécessairement un dommage.<br />
L’expertise judiciaire, qui ne saurait se<br />
substituer à la carence <strong>de</strong>s parties dans<br />
l’administration <strong>de</strong> la preuve, <strong>de</strong>meure<br />
l’outil principal à la disposition du plai<strong>de</strong>ur.<br />
Encore faut-il prendre soin <strong>de</strong><br />
distinguer la frontière qui existe entre<br />
l’expertise et le droit. Une zone étroite<br />
d’équilibre entre les <strong>de</strong>ux permet aux<br />
parties, mais également au juge, <strong>de</strong> bénéficier<br />
pleinement <strong>de</strong>s garanties processuelles<br />
nécessaires à la reconnaissance<br />
du droit substantiel.<br />
L’expérience et l’innovation apportées<br />
au cours <strong>de</strong> ce colloque par les praticiens<br />
confirment ce que Monsieur le Premier<br />
Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la Cour <strong>de</strong> Cassation,<br />
Monsieur Vincent Lamanda, rappelait<br />
au cours d’un récent entretien : « <strong>Le</strong>s<br />
bonnes pratiques font les bons textes ».<br />
Emmanuel Raskin ■<br />
79<br />
9 th IBA International Corporate Counsel<br />
Conference<br />
Hervé Delannoy, Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’AFJE,<br />
a ouvert, en compagnie <strong>de</strong> Sylvia<br />
Khatcherian, Managing Director <strong>de</strong><br />
Morgan Stanley à New York, le lundi 15 avril<br />
2013, la 9 e édition <strong>de</strong> la Corporate Counsel<br />
Conference, organisée par l’International Bar<br />
Association, en partenariat avec l’AFJE et<br />
l’ECLA, à l’Automobile Club <strong>de</strong> France.<br />
Réunissant <strong>juriste</strong>s d’entreprise, avocats, banquiers<br />
d’investissement ou financiers, tous<br />
représentants <strong>de</strong> grands groupes internationaux,<br />
cette journée a été l’occasion pour tous<br />
ces professionnels du droit d’échanger autour<br />
<strong>de</strong>s sujets abordés, <strong>de</strong> développer leur réseau<br />
et <strong>de</strong> renouer avec cette tenue en France <strong>de</strong><br />
l’IBA, absente <strong>de</strong>puis trop longtemps.<br />
Représentant pour l’AFJE une opportunité <strong>de</strong><br />
resserrer ses liens avec les différentes professions<br />
du droit présentes, le discours d’Hervé<br />
Delannoy a également permis <strong>de</strong> mettre en<br />
valeur l’action <strong>de</strong> l’association, et <strong>de</strong> rappeler<br />
aux participants et intervenants les défis<br />
qu’elle entend bien relever, tant en ce qui<br />
concerne la question du statut du <strong>juriste</strong><br />
d’entreprise que celle <strong>de</strong> la confi<strong>de</strong>ntialité<br />
<strong>de</strong>s avis en France.<br />
Grand ren<strong>de</strong>z-vous international, la Corporate<br />
Counsel Conference, qui a accueilli cette année<br />
<strong>de</strong>s intervenants prestigieux, dont <strong>de</strong> nombreux<br />
Directeurs Juridiques, a été consacrée<br />
à trois thèmes principaux :<br />
• « EU competition – recent <strong>de</strong>velopments » : Vue<br />
d’ensemble <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières décisions et règles<br />
européennes mises en œuvre en 2012 en<br />
matière <strong>de</strong> concurrence. Cette table-ron<strong>de</strong> a<br />
été présidée par Jacques Buhart, avec la participation<br />
<strong>de</strong> Jean-Yves Art (Microsoft Europe),<br />
Boris Karsten (Schindler Management) et<br />
Ian Rose (Volvo Group).<br />
• «International compliance programme : lessons<br />
from experiences » : <strong>Le</strong>s intervenants <strong>de</strong> cette<br />
table-ron<strong>de</strong> ont partagé leurs expériences sur<br />
le principe <strong>de</strong> « compliance » et ont indiqué<br />
leurs solutions pour répondre au mieux à<br />
celui-ci, au sein <strong>de</strong> l’entreprise, avec Dante<br />
Beccaria (Sanofi Paris) et Philip Bramwell<br />
(BAE Systems).<br />
• «Role and management of legal <strong>de</strong>partments » :<br />
A travers un certain nombre d’étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> cas,<br />
cette session a développé les thèmes <strong>de</strong> la gestion<br />
<strong>de</strong> crise au sein <strong>de</strong>s services juridiques,<br />
<strong>de</strong> la présence <strong>de</strong> l’entreprise sur Internet<br />
et <strong>de</strong>s risques qui y sont liés, ainsi que du<br />
développement <strong>de</strong> carrière, avec Andrew<br />
Bonillo (Verizon), Sven Dumoulin (Akzo<br />
Nobel), John Heaps (Chairman, Eversheds)<br />
et Michael Hughes (Accenture).<br />
Cette conférence s’est conclue cette année<br />
en beauté par une réception à l’Ambassa<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>s États-Unis, sur l’invitation <strong>de</strong> Monsieur<br />
Charles H. Rivkin, Ambassa<strong>de</strong>ur <strong>de</strong>s États-<br />
Unis en France. La prochaine édition <strong>de</strong> la<br />
Corporate Counsel Conference se tiendra une<br />
nouvelle fois à Paris en 2014.<br />
Anne Renoncet ■<br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
ACTUALITÉS DE L’AFJE<br />
Avocat et Juriste d’Entreprise :<br />
une approche commune pour<br />
une pratique différente<br />
Conférence du 29 mars 2013 à Lille<br />
professions éminemment complémentaires<br />
et <strong>de</strong> fait solidaires.<br />
80<br />
<strong>Le</strong>s intervenants <strong>de</strong> la conférence du 29 mars 2013 à Lille<br />
Avocat ou Juriste d’entreprise <br />
Interrogation légitime pour<br />
tout étudiant en Droit que<br />
le Master 2 Juriste d’entreprise <strong>de</strong> Lille 2<br />
a voulu contribuer à éclairer en organisant<br />
le 29 mars 2013 une conférence sur<br />
le thème « Avocat & Juriste d’Entreprise<br />
– Regards Croisés : Une approche commune,<br />
une pratique différente, l’intérêt<br />
d’un rapprochement » qui a réuni avocats<br />
et directeurs juridiques particulièrement<br />
au fait <strong>de</strong>s enjeux.<br />
M. Hervé Delannoy, Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’AFJE<br />
a souligné les gran<strong>de</strong>s similitu<strong>de</strong>s entre<br />
les <strong>de</strong>ux professions qui se complètent<br />
l’une prolongeant l’autre, et l’intérêt <strong>de</strong><br />
leur rapprochement à la fois pour la place<br />
du droit en entreprise mais aussi pour<br />
la compétitivité internationale <strong>de</strong> nos<br />
entreprises, <strong>de</strong> nos <strong>juriste</strong>s et <strong>de</strong> notre<br />
droit. Il a insisté sur l’importance pour<br />
les entreprises que leurs conseils internes<br />
bénéficient <strong>de</strong> la confi<strong>de</strong>ntialité <strong>de</strong> leurs<br />
écrits, qui leur est aujourd’hui déniée,<br />
comme cela est en vigueur dans <strong>de</strong> nombreux<br />
pays notamment anglo-saxons.<br />
M e Thomas Deschryver, Avocat, Lauréat<br />
2012 du Trophée d’Or « Droit <strong>de</strong> la distribution<br />
», a estimé quant à lui « périmée<br />
» la distinction entre <strong>juriste</strong>s et avocats<br />
au regard, singulièrement, <strong>de</strong> leur<br />
complémentarité ; ce qu’a également<br />
mis en lumière M me Isabelle Hautot,<br />
directeur juridique, avocate honoraire,<br />
Prési<strong>de</strong>nte du CCIAG (Corporate Council<br />
International Arbitration Group), en rappelant<br />
l’origine spécifiquement française<br />
<strong>de</strong> l’absence <strong>de</strong> statut du <strong>juriste</strong> interne<br />
dont a résulté un déficit d’image que rien<br />
ne justifie, notamment au regard <strong>de</strong> la<br />
complexité <strong>de</strong>s problèmes traités dans<br />
les entreprises, souvent par un travail<br />
d’équipe avec les avocats, et du rôle clef<br />
du <strong>juriste</strong> dans l’énoncé <strong>de</strong>s problèmes et<br />
la sélection <strong>de</strong> l’information pertinente.<br />
Thomas Buffin<br />
M e Thomas Buffin, ancien Bâtonnier<br />
du Barreau <strong>de</strong> Lille, a recommandé aux<br />
étudiants <strong>de</strong> bien considérer le fonctionnement<br />
<strong>de</strong>s acteurs économiques<br />
et leur besoin croissant <strong>de</strong> spécialistes<br />
« pointus » soulignant qu’un rapprochement<br />
n’entamerait nullement l’indépendance<br />
<strong>de</strong> l’avocat. La seule préoccupation<br />
<strong>de</strong>vrait être la plus-value qu’apporterait<br />
à l’entreprise un rapprochement <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux<br />
Thomas Deschryver<br />
C’est ainsi une unanimité très argumentée<br />
en faveur d’une profession unique<br />
qui s’est clairement dégagée.<br />
Benjamin Courraud ■<br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
ACTUALITÉS DE L’AFJE<br />
Summer School 2014 :<br />
pour une pratique<br />
internationale du droit<br />
La pratique contemporaine du<br />
métier <strong>de</strong> <strong>juriste</strong> d’entreprise vous<br />
confronte très souvent à <strong>de</strong>s questions<br />
<strong>de</strong> droit international. Qu’il s’agisse<br />
d’analyser ou rédiger un contrat, d’initier<br />
une procédure <strong>de</strong> droit commun<br />
comme arbitrale ou <strong>de</strong> vous défendre, <strong>de</strong><br />
répondre à une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> production <strong>de</strong><br />
preuve («discovery »), vous pouvez parfois<br />
avoir le sentiment <strong>de</strong> ne pas avoir assez<br />
<strong>de</strong> recul sur <strong>de</strong>s matières que vous <strong>de</strong>vez<br />
traiter vite et <strong>de</strong> façon efficace.<br />
Aussi, en partenariat avec l’AFJE et<br />
la Vermont Law School, va être créée<br />
dès l’été 2014 une «summer school » <strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>ux semaines pour vous préparer à ces<br />
nouveaux enjeux. Grâce à l’initiative <strong>de</strong><br />
l’AFJE, du cabinet Lazareff <strong>Le</strong> Bars et<br />
à l’équipe internationale <strong>de</strong> cette Law<br />
School, vous pourrez abor<strong>de</strong>r ces sujets<br />
avec <strong>de</strong>s praticiens et professeurs internationaux<br />
qui vous ai<strong>de</strong>ront, à travers<br />
<strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> cas et <strong>de</strong>s rappels <strong>de</strong> données<br />
théoriques essentielles, à mieux<br />
maîtriser cet environnement.<br />
Cette formation, qui donnera lieu à l’attribution<br />
d’un diplôme <strong>de</strong> droit américain,<br />
sera aussi l’occasion pour vous <strong>de</strong><br />
rencontrer d’autres professionnels et <strong>de</strong><br />
profiter du cadre d’un <strong>de</strong>s plus beaux<br />
Etats <strong>de</strong>s Etats-Unis, entre Boston, New<br />
York et Montréal. <strong>Le</strong> programme détaillé<br />
et les modalités d’inscriptions vous seront<br />
communiqués dans le prochain numéro<br />
<strong>de</strong> Juriste d’Entreprise Magazine. Vous<br />
pourrez ainsi préparer activement votre<br />
été 2014 !<br />
Benoit <strong>Le</strong> Bars ■<br />
81<br />
Des Directeurs Juridiques actifs au sein<br />
du Barreau Entrepreneurial !<br />
A l’occasion du lancement <strong>de</strong> son cycle <strong>de</strong> formation, le Barreau<br />
entrepreneurial a convié le 7 février 2013 <strong>juriste</strong>s d’entreprise et<br />
avocats, dans l’objectif ambitieux d’ouvrir un dialogue permanent<br />
entre l’ensemble <strong>de</strong>s acteurs du mon<strong>de</strong> du droit.<br />
En présence <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux administrateurs <strong>de</strong> l’AFJE, Stéphanie<br />
Fougou, Secrétaire Générale du Club Méditerranée, et David<br />
Zeitoun, Directeur Juridique d’Unibail‐Rodamco, <strong>de</strong> Madame<br />
le Bâtonnier <strong>de</strong> Paris, Christiane Féral-Schuhl, ainsi que <strong>de</strong><br />
Stéphane Collinet, Directeur Juridique <strong>de</strong> CIT Groupe, <strong>de</strong> nombreux<br />
Directeurs Juridiques <strong>de</strong> l’AFJE se sont ainsi réunis afi n <strong>de</strong><br />
débattre et <strong>de</strong> partager leurs expériences, notamment quant à la<br />
question du choix <strong>de</strong> leurs conseils avocats.<br />
Qu’est-ce qu’un Directeur Juridique Comment choisissent-ils leurs<br />
avocats Sur quels critères A quels besoins <strong>de</strong>s directions juridiques<br />
ces <strong>de</strong>rniers répon<strong>de</strong>nt-ils Autant d’interrogations qui ont<br />
permis <strong>de</strong> mettre en évi<strong>de</strong>nce les attentes <strong>de</strong>s Directeurs Juridiques<br />
quant à leurs conseils avocats, mais également <strong>de</strong> renseigner les<br />
avocats présents sur la manière d’approcher un client potentiel.<br />
Cette journée s’est tenue sous l’égi<strong>de</strong> du Barreau entrepreneurial,<br />
service créé en 2012, à l’initiative <strong>de</strong> Madame le Bâtonnier <strong>de</strong> Paris,<br />
afi n <strong>de</strong> promouvoir le sens entrepreneurial chez tous les avocats.<br />
Proposant moyens, structures et services « sur mesure » <strong>de</strong>stinés<br />
à accompagner les avocats à tous les sta<strong>de</strong>s du développement<br />
<strong>de</strong> leur entreprise, c’est tout naturellement que l’AFJE est <strong>de</strong>venue<br />
partenaire <strong>de</strong> cet organe, dans la volonté <strong>de</strong> renforcer et <strong>de</strong> systématiser<br />
les échanges avec les professions du droit, notamment<br />
les avocats avec lesquels les directions juridiques et l’ensemble <strong>de</strong><br />
leurs composantes ont <strong>de</strong>s relations professionnelles privilégiées.<br />
<strong>Le</strong> cycle <strong>de</strong> formation du Barreau entrepreneurial, qui a débuté<br />
en avril et se poursuit jusqu’en juin, offre la possibilité <strong>de</strong> suivre<br />
9 formations spécialement conçues pour gui<strong>de</strong>r les participants<br />
dans le développement <strong>de</strong> leur entreprise d’avocat.<br />
Son lancement a été l’occasion pour l’AFJE non seulement <strong>de</strong> rappeler<br />
son implication dans ce projet d’envergure, mais également<br />
d’exposer les besoins et les attentes <strong>de</strong>s directions juridiques en<br />
tant que prescripteurs.<br />
Anne Renoncet ■<br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
ACTUALITÉS DE L’AFJE<br />
<strong>Le</strong>s <strong>juriste</strong>s d’entreprise rennais<br />
travaillent sur leur communication<br />
Retour sur la conférence du 14 mars 2013 à Rennes, avec Dominique Baratange,<br />
délégué AFJE Ille et Vilaine<br />
<strong>Le</strong> JEM n° 15 a exposé le développement <strong>de</strong>s activités <strong>de</strong> la délégation BRETAGNE PAYS DE LA LOIRE <strong>de</strong>puis son organisation en délégation<br />
départementale. S’agissant plus précisément <strong>de</strong> l’ILLE ET VILAINE, Dominique Baratange et Corinne Gillet, délégués du département,<br />
avaient souhaité, pour 2013, encourager le rayonnement <strong>de</strong> l’AFJE auprès <strong>de</strong>s autres professions du droit, <strong>de</strong>s étudiants mais aussi <strong>de</strong>s<br />
autres fonctions « support ».<br />
Dans cette optique, en partenariat avec la société RECOCASH et l’Institut <strong>de</strong> Gestion <strong>de</strong> Rennes, la délégation Ille et Vilaine a organisé à<br />
Rennes, le 14 mars 2013, une conférence consacrée aux techniques <strong>de</strong> communication pour les <strong>juriste</strong>s d’entreprise, en invitant<br />
Antoine Henry <strong>de</strong> Frahan, Associé dans le cabinet <strong>de</strong> conseil en management Frahan Blondé, dont certains d’entre vous ont pu apprécier<br />
les conseils lors du CAMPUS 2012.<br />
Un beau sujet <strong>de</strong> conférence dont Dominique Baratange nous relate les principaux enjeux !<br />
82<br />
La médiatisation croissante <strong>de</strong>s<br />
échanges ne pouvait pas échapper<br />
aux <strong>juriste</strong>s d’entreprise et aux<br />
directions juridiques. Il était effectivement<br />
fondamental <strong>de</strong> casser définitivement<br />
ce cliché du <strong>juriste</strong> « poussiéreux »,<br />
ou tout du moins cloisonné et introverti,<br />
en mettant en place diverses techniques<br />
<strong>de</strong> communication qui font désormais<br />
partie intégrante <strong>de</strong> son savoir être.<br />
Antoine Henry <strong>de</strong> Frahan, à l’occasion <strong>de</strong><br />
ses interventions sur ce sujet, décrit parfaitement<br />
cette mutation, ce passage du<br />
« juris primitius » au « juris super legatus ».<br />
Pour beaucoup d’entre nous, le management<br />
juridique n’ayant trouvé sa<br />
place dans l’enseignement <strong>de</strong> nos futurs<br />
<strong>juriste</strong>s que <strong>de</strong>puis peu, il a fallu développer<br />
ce savoir être par nous-même et<br />
ceci à <strong>de</strong>ux niveaux. Tout d’abord, bien<br />
sûr, en interne au sein <strong>de</strong> l’entreprise, en<br />
faisant notamment <strong>de</strong> la direction juridique<br />
un service incontournable d’ai<strong>de</strong><br />
à toute décision stratégique.<br />
Pour cela, outre bien sûr la mise en place<br />
d’une indispensable relation <strong>de</strong> confiance<br />
permettant d’asseoir son lea<strong>de</strong>rship dans<br />
ses domaines <strong>de</strong> compétences, le <strong>juriste</strong><br />
s’est attaché à se libérer, à s’ouvrir et à<br />
comprendre l’ensemble <strong>de</strong>s enjeux <strong>de</strong><br />
l’entreprise.<br />
Bien entendu, plus la culture juridique<br />
au sein <strong>de</strong> l’entreprise sera présente, plus<br />
le rôle <strong>de</strong> la direction juridique en sera<br />
facilité au point <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir un véritable<br />
carrefour <strong>de</strong>s enjeux décisionnels dans<br />
la vie <strong>de</strong> l’entreprise, que ce soit, par<br />
exemple, lors <strong>de</strong> la mise en place <strong>de</strong> la<br />
stratégie commerciale ou encore lors du<br />
choix <strong>de</strong>s systèmes IT… Une telle variété<br />
<strong>de</strong>s domaines d’intervention a nécessairement<br />
conduit les directions juridiques<br />
à un besoin <strong>de</strong> lisibilité <strong>de</strong> leur performance,<br />
afin que soit démontré leur rôle<br />
dans la création <strong>de</strong> valeur.<br />
Enfin, la communication <strong>de</strong> la direction<br />
juridique passe aussi, <strong>de</strong>puis plusieurs<br />
années, par d’autres techniques <strong>de</strong> communications<br />
auprès <strong>de</strong>s opérationnels<br />
telles que les actions <strong>de</strong> formation, <strong>de</strong><br />
sensibilisation ou encore le développement<br />
d’un intranet où d’une part sera<br />
précisé l’organigramme et où, d’autre<br />
part, sera mis à disposition <strong>de</strong>s opérationnels<br />
un 1er <strong>de</strong>gré d’ai<strong>de</strong> sous forme<br />
<strong>de</strong> boites à outils.<br />
Cette ouverture nécessaire se poursuit,<br />
à un <strong>de</strong>uxième niveau, à savoir à l’extérieur<br />
<strong>de</strong> l’entreprise afin <strong>de</strong> se faire reconnaître.<br />
Tout d’abord auprès <strong>de</strong> nos clients<br />
qui très vite i<strong>de</strong>ntifient nos performances.<br />
Ensuite, auprès <strong>de</strong> nos Conseils, avec qui<br />
nous entretenons une relation <strong>de</strong> partenariat.<br />
La collaboration est aujourd’hui<br />
véritablement interactive, chacun s’enrichissant<br />
<strong>de</strong> ses visions et spécificités que<br />
nous <strong>de</strong>vons ensuite adapter à la stratégie<br />
<strong>de</strong> l’entreprise et à ses objectifs.<br />
Enfin, les <strong>juriste</strong>s d’entreprises et leur<br />
direction juridique se sont réunis au sein<br />
d’associations professionnelles afin <strong>de</strong><br />
faire reconnaitre la spécificité <strong>de</strong> leur<br />
métier. Ainsi, L’AFJE, par ses diverses<br />
actions, y contribue beaucoup en s’attachant<br />
à promouvoir le rôle <strong>de</strong>s directions<br />
juridiques et plus généralement<br />
<strong>de</strong>s <strong>juriste</strong>s d’entreprise. D’ailleurs,<br />
aujourd’hui, une question se pose : pouvons-nous<br />
et <strong>de</strong>vons-nous aller plus loin<br />
dans nos techniques <strong>de</strong> communication <br />
La réponse est incontestablement oui et<br />
elle passe par un enjeu majeur <strong>de</strong> compétitivité<br />
<strong>de</strong> l’entreprise, à savoir l’octroi<br />
<strong>de</strong> la confi<strong>de</strong>ntialité <strong>de</strong>s avis aux directions<br />
juridiques et donc au <strong>juriste</strong> d’entreprise.<br />
Il s’agit là d’un outil <strong>de</strong> plus en plus<br />
indispensable au <strong>juriste</strong>. Nos principaux<br />
pays voisins européens l’ont accordé à<br />
leurs <strong>juriste</strong>s nationaux <strong>de</strong> sorte qu’aujourd’hui,<br />
cela génère une distorsion <strong>de</strong><br />
concurrence au sein même <strong>de</strong> l’Europe.<br />
L’octroi, en France, <strong>de</strong> la confi<strong>de</strong>ntialité<br />
<strong>de</strong>s avis aux <strong>juriste</strong>s d’entreprise est<br />
aujourd’hui un besoin, besoin qui bénéficierait<br />
par surcroît aux Conseils <strong>de</strong>s<br />
directions juridiques, qui pourraient alors<br />
récupérer un domaine qui leur échappe<br />
dans le contexte actuel.<br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
ACTUALITÉS DE L’AFJE<br />
En bref<br />
Partenariat entre l’AFJE et le Queen Mary College <strong>de</strong><br />
l’University of London : création d’une bourse d’excellence<br />
pour le LLM à Paris<br />
Prochaine Convention<br />
<strong>de</strong>s <strong>juriste</strong>s <strong>de</strong> la<br />
Méditerranée à Rabat les<br />
24 et 25 octobre 2013<br />
Retenez dès à présent les dates<br />
<strong>de</strong>s 24 et 25 octobre prochains où<br />
se tiendra, à Rabbat au Maroc, la 5 e<br />
édition <strong>de</strong> la Convention <strong>de</strong>s <strong>juriste</strong>s<br />
<strong>de</strong> la Méditerranée, grand colloque<br />
juridique transprofessionnel, qui abor<strong>de</strong>ra<br />
cette année le vaste thème du<br />
CONTRAT.<br />
Partenaire <strong>de</strong> cet évènement, l’AFJE<br />
animera, sous la direction d’Isabelle<br />
Bailly-Etienne, Directeur Juridique<br />
Orange Business Services France, responsable<br />
<strong>de</strong> la Commission Droit Public<br />
<strong>de</strong>s Affaires <strong>de</strong> l’AFJE, une tableron<strong>de</strong><br />
consacrée au thème suivant :<br />
« La conclusion du contrat public ». Elle<br />
offrira ainsi l’opportunité à <strong>de</strong> nombreux<br />
experts, <strong>de</strong>s secteurs public ou<br />
privé, européens ou originaires <strong>de</strong> pays<br />
méditerranéens, <strong>de</strong> venir s’exprimer<br />
sur cette question.<br />
La Fondation pour le Droit Continental<br />
et le groupe <strong>de</strong>s représentants <strong>de</strong>s professions<br />
du droit dénommé «Acteurs<br />
du Droit à l’International » (ACDI) organisent<br />
annuellement la Convention <strong>de</strong>s<br />
<strong>juriste</strong>s <strong>de</strong> la Méditerranée, grand ren<strong>de</strong>z-vous<br />
international permettant <strong>de</strong><br />
réunir <strong>de</strong>s <strong>juriste</strong>s <strong>de</strong> toute origine,<br />
professions du droit, magistrats, universitaires,<br />
<strong>juriste</strong>s d’entreprise,<br />
<strong>de</strong>s pays <strong>de</strong>s rives nord et sud <strong>de</strong><br />
la Méditerranée, autour <strong>de</strong> thématiques<br />
<strong>de</strong> nature économique.<br />
Depuis près <strong>de</strong> 45 ans, l’AFJE<br />
participe avec les universitaires<br />
et l’ensemble <strong>de</strong>s acteurs institutionnels,<br />
aux travaux <strong>de</strong> réflexion sur<br />
la formation <strong>de</strong>s <strong>juriste</strong>s d’affaires et sur<br />
le droit <strong>de</strong> l’entreprise.<br />
C’est pour cette raison qu’en 2013, son<br />
Prési<strong>de</strong>nt, Hervé Delannoy, a souhaité<br />
s’investir avec le Centre for Commercial<br />
Law Studies <strong>de</strong> la Queen Mary University<br />
of London, dans la création d’une bourse<br />
d’étu<strong>de</strong> pour amplifier ses actions dans<br />
le domaine <strong>de</strong> la formation. Ce prestigieux<br />
diplôme international, qui propose<br />
une immersion complète dans le droit<br />
anglo-saxon, représente une formidable<br />
occasion pour <strong>de</strong> futurs <strong>juriste</strong>s d’entreprise<br />
ou praticiens déjà chevronnés, <strong>de</strong><br />
renforcer leurs compétences dans un<br />
mon<strong>de</strong> économique globalisé et d’obtenir<br />
une connaissance soli<strong>de</strong> du système<br />
<strong>de</strong> la common law.<br />
Dans ce cadre l’AFJE, en partenariat<br />
avec le Centre for Commercial Law<br />
Studies et le cabinet McDermott Will<br />
& Emery, crée aujourd’hui une bourse<br />
d’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>stinée à un étudiant ou un<br />
professionnel qui sera attribuée pour<br />
la première fois cette année, en tenant<br />
compte d’un double critère : mérite<br />
académique et prise en compte <strong>de</strong>s<br />
besoins <strong>de</strong> financement. D’un montant<br />
<strong>de</strong> 9 000 euros, cette bourse sera mise à<br />
la disposition d’un seul candidat dès la<br />
rentrée 2013, assortie <strong>de</strong> la possibilité<br />
d’effectuer un stage <strong>de</strong> 6 mois au sein<br />
<strong>de</strong> l’entreprise d’un membre <strong>de</strong> l’AFJE.<br />
L’AFJE espère ainsi offrir à l’un ou l’une<br />
<strong>de</strong>s <strong>juriste</strong>s d’entreprise <strong>de</strong> <strong>de</strong>main une<br />
opportunité unique d’acquérir une<br />
envergure internationale, grâce à un<br />
enseignement complet, proposé par<br />
l’une <strong>de</strong>s universités britanniques les<br />
plus réputées.<br />
Pour en savoir plus<br />
Centre for Commercial Law Studies<br />
(CCLS) et son LLM à Paris :<br />
www.ccls.qmul.ac.uk<br />
LLM Paris contact : Samantha Webb<br />
- Programme Administrator - llmparis@qmul.ac.uk<br />
- www.qmul.ac.uk/<br />
postgraduate/llmparis<br />
LLM teaching takes place at:<br />
University of London Institute in Paris<br />
(ULIP) - 9-11 rue <strong>de</strong> Constantine -<br />
75007 Paris<br />
Contact AFJE :<br />
annelaure.paulet@afje.org»<br />
Pour consulter le programme <strong>de</strong><br />
cet événement, ren<strong>de</strong>z-vous sur le<br />
site <strong>de</strong> l’AFJE, www.afje.org, à la<br />
rubrique Agenda.<br />
83<br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
ACTUALITÉS DE L’AFJE<br />
84<br />
Actualités <strong>de</strong>s<br />
Commissions<br />
Pour tout savoir :<br />
➜ Sur la Commission Droit Public <strong>de</strong>s Affaires,<br />
ren<strong>de</strong>z-vous dans le dossier Droit Public <strong>de</strong>s<br />
Affaires <strong>de</strong> ce JEM n° 17, à la page 17.<br />
Toute l’actualité <strong>de</strong> la Commission Droit<br />
Fiscal :<br />
➜ La commission fi scale <strong>de</strong> l’AFJE<br />
s’adresse à tous les <strong>juriste</strong>s membres <strong>de</strong><br />
l’association, qui s’intéressent à la fi scalité.<br />
Son fonctionnement est basé sur le travail<br />
collaboratif <strong>de</strong> ses membres, fi scalistes<br />
et <strong>juriste</strong>s.<br />
➜ <strong>Le</strong>s thèmes traités cette année se<br />
rapportent essentiellement à l’implantation<br />
internationale <strong>de</strong>s entreprises. <strong>Le</strong> <strong>de</strong>rnier<br />
sujet abordé avait pour objet « fi liale et<br />
établissement stable ». A travers cette<br />
question, nous avons évoqué les contrats<br />
<strong>de</strong> distribution, en comparant la notion <strong>de</strong><br />
commissionnaire en droit civil et d’agent en<br />
Common Law. A cette occasion, nous avons<br />
également débattu <strong>de</strong> la problématique <strong>de</strong>s<br />
prix <strong>de</strong> transfert et notamment du marché<br />
pertinent <strong>de</strong>s prestations intra-groupe.<br />
➜ <strong>Le</strong> <strong>de</strong>rnier thème abordé a eu pour sujet<br />
« l’Exit Tax et les expatriés ».<br />
Tel est le lot quasi quotidien <strong>de</strong> tant <strong>de</strong><br />
<strong>juriste</strong>s. Il convient donc <strong>de</strong> faire un bref<br />
rappel <strong>de</strong> quelques règles simples pour<br />
mieux gérer votre charge <strong>de</strong> travail.<br />
Premièrement, vous avez tout intérêt à<br />
faire le point régulièrement sur les affaires<br />
en cours avec vos clients principaux. Ainsi,<br />
en fixant conjointement avec les opérationnels<br />
les priorités, les délais et les<br />
moyens à consacrer pour y arriver, on évite<br />
<strong>de</strong>s malentendus tout en facilitant gran<strong>de</strong>ment<br />
la planification <strong>de</strong> la charge globale<br />
<strong>de</strong> travail du <strong>juriste</strong>.<br />
Deuxièmement, il est <strong>de</strong> plus en plus<br />
important <strong>de</strong> sensibiliser les opérationnels<br />
au fait que la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> prestations juridiques<br />
est désormais telle qu’aucune<br />
Direction Juridique n’est en mesure d’assurer<br />
un « service tout compris » <strong>de</strong> help<br />
<strong>de</strong>sk 7/24. Il va <strong>de</strong> soi que, pour optimiser<br />
la contribution <strong>de</strong> la fonction juridique à<br />
la rentabilité <strong>de</strong> l’entreprise, on s’efforcera<br />
<strong>de</strong> se débarrasser <strong>de</strong>s tâches répétitives<br />
pour se concentrer davantage sur <strong>de</strong>s missions<br />
stratégiquement plus importantes.<br />
Ainsi, en opérationnels et en mettant à<br />
leur disposition <strong>de</strong>s modèles en ligne, on<br />
épargne aux <strong>juriste</strong>s bon nombre d’interventions<br />
trop consommatrices <strong>de</strong> temps<br />
Absolutely débordé <br />
Trois astuces pour voir plus clair<br />
par rapport à la valeur <strong>de</strong> la prestation<br />
concernée. De même, il peut s’avérer judicieux<br />
d’établir un « business case » pour un<br />
outsourcing <strong>de</strong> certaines tâches peu stratégiques<br />
telles que dépôt et protection <strong>de</strong>s<br />
marques ou formalités au Registre du<br />
Commerce, par exemple.<br />
Troisième astuce : maîtriser quelques techniques<br />
<strong>de</strong> base en matière <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong><br />
temps, sans nécessairement suivre une formation<br />
car il existe bon nombre d’astuces sur<br />
le web ainsi que quelques livres en librairie.<br />
Parmi nos astuces préférées :<br />
- ne jamais terminer la journée sans lister<br />
les priorités à traiter le len<strong>de</strong>main ;<br />
- commencer la journée avec la tâche qui<br />
représente la plus gran<strong>de</strong> ‘corvée’ sur la<br />
liste – terriblement efficace pour s’en<br />
débarrasser et se donner ‘a warm feeling’<br />
dès le matin !<br />
- bloquer du temps chaque jour pour <strong>de</strong>s<br />
imprévus et réserver <strong>de</strong> larges tranches <strong>de</strong><br />
temps chaque mois pour traiter <strong>de</strong>s dossiers<br />
majeurs ;<br />
- développer la technique <strong>de</strong> speed read<br />
(accessible en surfant sur la toile).<br />
Colm Mannin, Best Practice <strong>Le</strong>gal<br />
colm.mannin@wanadoo.fr ■<br />
Retrouver toute la série Best Practice - Clips sur : www.juriscampus.fr/best-practice-lega<br />
Coralie TSATSANIS<br />
rejoint l’AFJE<br />
Coralie TSATSANIS, en sa<br />
qualité <strong>de</strong> responsable <strong>de</strong><br />
communication, est en charge<br />
<strong>de</strong> la promotion <strong>de</strong>s activités<br />
et <strong>de</strong>s nouveaux projets <strong>de</strong><br />
l’AFJE auprès <strong>de</strong> ses adhérents<br />
et d’un public plus<br />
élargi. Elle assure la communication évènementielle,<br />
éditoriale, digitale, ainsi que les relations avec<br />
les médias. Bénéfi ciant d’une double compétence <strong>de</strong><br />
<strong>juriste</strong> et <strong>de</strong> communicante, elle maîtrise les enjeux<br />
inhérents à la communication <strong>de</strong> l’AFJE, ainsi que<br />
son environnement. coralie.tsatsanis@afje.org<br />
NOMINATIONS<br />
SANDRA PAQUIN NOUVELLE est nommée directeur juridique <strong>de</strong> la BPI.<br />
PATRICK REMOT est nommé directeur juridique <strong>de</strong> Clear Channel France.<br />
AUDE ACCARY-BONNERY est nommée directeur financier et juridique du<br />
Centre National du Cinéma et <strong>de</strong> l’image animée (CNC).<br />
SANDRA LAGUMINA qui était <strong>de</strong>puis 2007 directeur juridique du groupe Gaz <strong>de</strong><br />
France, <strong>de</strong>venu GDF Suez, est nommée directeur général <strong>de</strong> GrDF<br />
Pour nous faire part <strong>de</strong> nouvelles nominations, contactez-nous : association@afje.org<br />
ERRATUM JEM N° 16 :<br />
Véronique CHAPUIS-THUAULT Directrice Juridique/General Counsel ARMINES<br />
Titulaire d’un LLB in English & French Law (Paris I - King’s College London) et d’un DEA <strong>de</strong> Droit <strong>de</strong>s Affaires, elle<br />
est spécialisée en droit <strong>de</strong>s affaires notamment pour <strong>de</strong>s montages complexes, en propriété intellectuelle, risques<br />
et corporate. Elle a assumé diverses fonctions juridiques au sein du Groupe Grace puis du Groupe Safran avec <strong>de</strong>s<br />
actions transversales groupe auprès du GIFAS.<br />
Véronique Chapuis-Thuault est directrice juridique et propriété intellectuelle d’Armines <strong>de</strong>puis 2007. Elle est également<br />
secrétaire du CCIAG (Corporate Counsel Arbitration Group) <strong>de</strong>puis sa fondation en 2006.<br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
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COMMERCE INTERNATIONAL,<br />
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AGENDA<br />
Programme <strong>de</strong>s ateliers AFJE<br />
12 SEPTEMBRE La preuve en matière civile<br />
Intervenant : Pierre-Gilles Wogue, avocat associé du cabinet Altana<br />
19 SEPTEMBRE Travailler avec les Etats-Unis : loi américaine «sans frontières »<br />
et responsabilité contractuelle aux USA<br />
Intervenants : Sophie Moysan, Conseiller Spécialisé Senior RC – Marsh SAS,<br />
Eric Demange, Managing Director – Marsh SAS, Eliot Norman, Avocat – Williams<br />
Mullen, Jean-Christophe Beaury, Avocat – Cabinet Racine.<br />
3 OCTOBRE <strong>Le</strong>s enjeux juridiques et financiers <strong>de</strong> la rupture <strong>de</strong>s relations<br />
commerciales établies<br />
Intervenants : Louis Vogel et Joseph Vogel, associés fondateurs du cabinet<br />
Vogel & Vogel<br />
Panorama <strong>de</strong>s actions AFJE<br />
86<br />
JUILLET<br />
Mercredi 10 juillet 2013<br />
Atelier Carrières AFJE – <strong>Le</strong> CV<br />
et l’entretien d’embauche<br />
AFJE – Expectra<br />
Vendredi 12 juillet 2013<br />
<strong>Le</strong>s enjeux juridiques, PI et business<br />
<strong>de</strong> l’e-commerce et <strong>de</strong> la vente à distance,<br />
et synthèse du Baromètre <strong>de</strong> la PI<br />
AFJE – Commission Propriété Intellectuelle<br />
- Audiovisuelle<br />
SEPTEMBRE<br />
Du mardi 17 au dimanche 22 septembre<br />
2013<br />
Congrès LIDC (International league of<br />
competition law) à Kiev (Ukraine)<br />
LIDC<br />
Mercredi 18 septembre 2013<br />
Atelier Carrières AFJE – Visibilité,<br />
CV et réseaux sociaux<br />
AFJE- Martin Chevillard<br />
Jeudi 19 septembre 2013<br />
Colloque sur le Conseil<br />
d’Administration à la Sorbonne<br />
AFJE – Centre Sorbonne France<br />
Jeudi 24 et vendredi 25 octobre 2013<br />
5e édition <strong>de</strong> la Convention <strong>de</strong>s<br />
<strong>juriste</strong>s <strong>de</strong> la Méditerranée à Rabat<br />
AFJE – Fondation pour le Droit Continental<br />
NOVEMBRE<br />
Lundi 25 novembre 2013<br />
Assemblée Générale <strong>de</strong> l’AFJE 2013<br />
AFJE<br />
Vendredi 29 novembre 2013<br />
Congrès national <strong>de</strong>s Tribunaux <strong>de</strong><br />
Commerce à la Maison <strong>de</strong> la Chimie, Paris<br />
AFJE - CGJCF<br />
Mardi 10 septembre 2013<br />
Atelier Carrières AFJE – Bien abor<strong>de</strong>r la<br />
rentrée en terme <strong>de</strong> recherche d’emploi<br />
AFJE – Arthur Hunt<br />
LA PROCHAINE EDITION 2013<br />
DU CAMPUS AFJE EST PREVUE<br />
LE 11 OCTOBRE 2013<br />
Ren<strong>de</strong>z-vous annuel <strong>de</strong> formation <strong>de</strong>s<br />
<strong>juriste</strong>s d’entreprise, le CAMPUS, organisé<br />
par l’AFJE en partenariat avec <strong>Le</strong>xisNexis,<br />
leur offre la possibilité <strong>de</strong> se former, <strong>de</strong><br />
développer leurs compétences et <strong>de</strong> partager<br />
leurs expériences.<br />
Consultez dès à présent le programme<br />
complet du CAMPUS sur le site <strong>de</strong><br />
l’AFJE, www.afje.org<br />
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adhérents <strong>de</strong> l’AFJE, à l’adresse :<br />
formations@lexisnexis.fr<br />
Jeudi 26 septembre 2013<br />
30 e anniversaire <strong>de</strong> l’ECLA à Bruxelles<br />
AFJE – ECLA<br />
Vendredi 27 septembre 2013<br />
Colloque annuel AJFB à Paris, sur<br />
le thème : « Dieu et mon droit ;<br />
religion, société, Etat : quelques<br />
problèmes aujourd’hui »<br />
AJFB<br />
OCTOBRE<br />
Vendredi 11 octobre 2013<br />
3 e édition du CAMPUS AFJE<br />
AFJE – <strong>Le</strong>xisNexis<br />
17/18 octobre 2013<br />
21ème congrès <strong>de</strong> l’ACE à Bor<strong>de</strong>aux<br />
AFJE – ACE<br />
Cet agenda n’est pas exhaustif,<br />
retrouvez tous nos événements<br />
sur www.afje.org<br />
A VOS AGENDAS !<br />
<strong>Le</strong> 30 e anniversaire <strong>de</strong> l’ECLA se tiendra<br />
le jeudi 26 septembre 2013 à Bruxelles, au<br />
Palais d’Edgmont, 8 place du Petit Sablon.<br />
Evènement exceptionnel pour l’avenir <strong>de</strong><br />
la profession <strong>de</strong> <strong>juriste</strong>s en Europe. Venez<br />
participer aux débats avec les directeurs<br />
juridiques <strong>de</strong> SAP, Securitas, Shell, Alstom,<br />
Koncar, ING etc. Seront également présents<br />
le Professeur Roquilly (EDHEC) et<br />
les représentants <strong>de</strong> la Commission et<br />
Business Europe. Inscriptions gratuites<br />
pour les membres <strong>de</strong> l’AFJE - Diner inclus<br />
- places limitées. Des représentants <strong>de</strong><br />
chacun <strong>de</strong>s 19 pays membres sont déjà<br />
inscrits, nous vous attendons !<br />
Pour vous inscrire ou pour toute autre<br />
information complémentaire :<br />
Contactez Alex Fetrot :<br />
alex.fetrot@glgroup.co.uk<br />
Consultez le site Internet <strong>de</strong> l’AFJE,<br />
à la rubrique Agenda :<br />
www.afje.org/agenda/730<br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°17 – Juillet 2013
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