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LA PLACE DES PERSONNES ÂGÉES - Cédis Formation

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L’évaluation de la dépendance et du handicap<br />

En matière de politique publique, on sait qu’une des questions centrales est de déterminer de manière<br />

équitable qui a droit aux prestations ouvertes justement par ces politiques publiques.<br />

En matière de dépendance et de handicap, cette question de l’évaluation n’est absolument pas résolue<br />

actuellement.<br />

Dans le champ de la dépendance, on a vu que la définition biomédicale imposée jusqu’à maintenant<br />

avait donné lieu à d’innombrables outils de mesure (ENNUYER B., Les malentendus de la<br />

dépendance, chapitre Mesure et évaluation de la dépendance, Paris, Dunod, 111-144.)<br />

L’outil AGGIR a été imposé en 1997, lors de la loi PSD, malgré de très nombreuses critiques tenant<br />

essentiellement au fait que cet outil mesure uniquement un niveau d’incapacité et en aucun cas un<br />

besoin d’aide, car celui-ci ne peut se résumer à l’incapacité d’une personne.<br />

Pour évaluer un besoin d’aide, il faut en effet intégrer de multiples facteurs complémentaires : le niveau<br />

de déficience, l’environnement géographique, affectif, économique de la personne, sa demande, la<br />

façon dont elle vit ses difficultés, la façon dont elle veut mener sa vie, etc.<br />

L’outil AGGIR a clairement démontré son « incapacité » à déterminer, à lui tout seul, un besoin<br />

d’aide, comme l’a confirmé la commission scientifique chargée de faire évoluer cet outil. Le rapport de<br />

cette commission présidée par Alain Colvez, médecin de santé publique, est sans appel :<br />

« AGGIR a été trop souvent confondu avec un outil d’évaluation multidimensionnelle, ce qu’il n’est<br />

pas. AGGIR ne permet pas de décrire la complexité de la situation de la personne dans son<br />

environnement » (Rapport du comité scientifique pour l’adaptation des outils d’évaluation de<br />

l’autonomie, janvier 2003, p.35).<br />

En effet, ajoute ce rapport « en attribuant à chaque personne une position sur une échelle de six<br />

niveaux (GIR), AGGIR n’est qu’un indicateur commode pour résumer simplement une situation<br />

complexe. La mise en groupe GIR ne peut donc être assimilée à une évaluation multidimensionnelle,<br />

même si elle impose de recueillir des informations qui couvrent une partie de ce qui doit être considéré<br />

dans une évaluation complète. D’autres dimensions doivent être ajoutées comme les activités<br />

élaborées, la mobilité, le réseau relationnel, les conditions d’habitat, etc… qui seules permettront<br />

d’élaborer ce qui est la finalité de l’évaluation : un plan d’aide » (op.cit., p.22).<br />

Il est donc clair que l’outil AGGIR n’est pas validé pour ce qu’il fait actuellement dans la mise en<br />

place de l’APA, c’est-à-dire déterminer le niveau d’allocations de ressources qui va permettre aux gens<br />

en incapacité de se faire aider.<br />

Ce qui veut dire en clair, que l’APA est attribuée aujourd’hui à partir d’un outil qui n’est pas légitimé<br />

pour le faire, ce qui ouvre effectivement une question fondamentale sur l’équité dans l’attribution de<br />

l’APA !<br />

En ce qui concerne le handicap, les décisions d’attribution de l’actuelle ACTP sont prises par les<br />

Commissions Techniques d’Orientation et de Reclassement Professionnel (COTOREP) à partir d’une<br />

évaluation faite grâce au guide barème mis en place en 1993, à partir de la classification internationale<br />

du handicap (Décret n° 93-1216 du 4 novembre 1993 relatif au guide barème)<br />

Mais, là aussi, on doit dire que l’évaluation du handicap à partir du guide barème est très différente<br />

d’une COTOREP à l’autre, et que là également se pose la question de l’équité de l’attribution de la<br />

prestation ACTP sur le territoire national.<br />

On voit donc que la loi de février 2005 qui propose de créer des Maisons Départementales des<br />

personnes handicapées, pour attribuer un droit à compensation pour les personnes « dites handicapées »<br />

de moins de 60 ans, va devoir se poser la question de l’évaluation, tant au niveau de l’équipe<br />

pluridisciplinaire d’évaluation que des méthodes d’évaluation à mettre en œuvre.<br />

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