LA PLACE DES PERSONNES ÃGÃES - Cédis Formation
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Les politiques publiques de demain en direction des personnes « en situation de handicap »<br />
Les choix politiques de l’après canicule.<br />
Comme on l’a vu plus haut, la canicule de l’été 2003 a ramené au premier plan l’idée d’une prise en<br />
compte de l’incapacité à tout âge, comme l’avait proposé le manifeste du GRITA dès la fin de l’année<br />
2002.<br />
Ce rapprochement qui se dessine du champ de la dépendance, c’est-à-dire du champ des « personnes<br />
âgées qui vont mal » avec le champ du handicap n’est pas sans poser de nombreuses questions alors<br />
que, dans le même temps, ce rapprochement est tout à fait souhaitable pour éviter notamment la<br />
ségrégation des personnes âgées dépendantes, officialisée par la création en 1997 de la prestation<br />
spécifique dépendance.<br />
Nous allons essayer d’analyser rapidement comment pourrait se dessiner ce rapprochement des champs<br />
de la dépendance et du handicap.<br />
Dans son rapport « vieillissement et solidarités », Jean Marie Palach constate d’entrée de jeu qu’une<br />
tendance forte s’est dégagée des conclusions des groupes de travail réunis en septembre 2003, et parmi<br />
celles-ci, il note « la notion de dépendance, ségrégative et discriminante, doit être abandonnée au<br />
bénéfice d’une notion de handicap et de droit à la compensation, sans référence à un critère d’âge »<br />
(PA<strong>LA</strong>CH J.-M., Op. cit., p.10).<br />
Nous reviendrons plus loin sur la position exprimée lors de ces remontées par le groupe n° 6<br />
« Modalités et sources de financement ».<br />
Toujours est-il que, le 6 novembre 2003, le Premier Ministre communique le plan du Gouvernement<br />
suite à la canicule sous le titre « une réforme de solidarité pour les personnes dépendantes », et<br />
annonce une réforme historique : « la création d’une nouvelle branche de notre protection sociale qui<br />
va désormais couvrir le risque de la dépendance ».<br />
A ce risque vont correspondre des institutions, une organisation et un financement nouveaux et<br />
modernes, à travers la création de la « Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie ».<br />
Il détaille ensuite cette réforme « le plan du Gouvernement ouvre de nouveaux droits personnalisés<br />
pour les personnes âgées et les personnes handicapées, aisément accessibles et garantis par cette<br />
nouvelle caisse (…) le financement de ce plan nécessite des ressources nouvelles : le remplacement<br />
d’un jour férié par une journée nationale de solidarité doit le rendre possible » (communiqué de presse<br />
du Premier Ministre, p.1).<br />
Cette réforme développe ensuite deux programmes d’action, un pour les personnes âgées, l’autre pour<br />
les personnes handicapées. On peut donc dire que, si d’un côté, il semble y avoir prise en compte de la<br />
volonté de supprimer la barrière d’âge au niveau d’un financement commun par la CNSA, ce n’est<br />
qu’une illusion vite dissipée par le texte qui maintient deux secteurs étanches personnes âgées et<br />
personnes handicapées.<br />
Pire encore, alors que les groupes de travail, reprenant en cela aussi les conclusions du rapport Palach<br />
sur l’Année Internationale des Personnes Agées, en 1999, ne voulaient plus entendre le mot<br />
dépendance « véritable vecteur d’exclusion de la société » (Rapport J.-M. PA<strong>LA</strong>CH, Une société pour<br />
tous les âges, Ministère de l’Emploi et de la Solidarité , 1999 , p.19) et que tout le monde souhaitait<br />
l’adoption de la locution « personnes en situation de handicap », la communication du Premier<br />
Ministre met en avant cette notion de dépendance pour rassembler « personnes âgées » et « personnes<br />
handicapées », faisant du même coup du groupe « personnes âgées »dans son ensemble , un groupe<br />
déficitaire et à problème, ce qui est faux comme l’a montré amplement l’enquête HID (Revue Française<br />
des Affaires Sociales, Handicap, incapacités, dépendance, n° 1-2, janvier-juin 2003), puisque<br />
seulement 10 à 12% des 60 ans et plus peuvent être considérés comme ayant des incapacités sévères<br />
(confinés au lit ou au fauteuil, incapacité à la toilette et à l’habillage) et modérées (incapacité à sortir<br />
seul de chez soi), soit environ 1,4 millions de personnes sur 12,5 millions de 60 ans et plus.<br />
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