LA PLACE DES PERSONNES ÂGÉES - Cédis Formation

Entre autres, le Département se verra confier, dans le cadre de la loi de 2005 sur « l’égalité des droits et
des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées », la mise en place et la
gestion des Maisons Départementales du Handicap qui géreront, à terme, les deux populations.
Devant un tel « déferlement » de textes règlementaires, de rapports d’études et de mesures législatives,
il semble plus que jamais nécessaire d’essayer de poser quelques jalons pour s’y retrouver afin de
dégager les grands axes des politiques publiques de demain en direction des populations « en situation
de handicap » suivant la terminologie du rapport Briet –Jamet.
Dépendance et Handicap : deux notions à repenser et à redéfinir
La notion de dépendance
Le mot de « dépendance », mot du langage courant : « dépendre de, c’est ne pas pouvoir se réaliser
sans l’action ou l’intervention d’une personne ou d’une chose », exprime l’idée d’une solidarité de
faits, d’une relation entre choses qui les rend nécessaires les unes aux autres.
Annexé par les gériatres dans les années 1975, ce mot est devenu le stigmate des « personnes âgées qui
vont mal », rebaptisées « personnes âgées dépendantes ».
En 1973, le gériatre Yves Delomier en donne le premier cette définition « le vieillard dépendant a donc
besoin de quelqu’un pour survivre car il ne peut, du fait de l’altération des fonctions vitales, accomplir
de façon définitive ou prolongée, les gestes nécessaires à la vie ».
Cette définition qui fait de la dépendance une notion négative, déficitaire et incapacitaire, sera
confortée par la loi de 1997 qui met en place la « prestation spécifique dépendance ».
La dépendance mentionnée au premier alinéa est définie comme « l’état de la personne qui, nonobstant
les soins qu’elle est susceptible de recevoir, a besoin d’être aidée pour l’accomplissement des actes
essentiels de la vie ou requiert une surveillance régulière » (article 2 de la loi du 24 janvier 1997,
Journal Officiel du 25 janvier 1997).
La loi du 20 juillet 2001, relative à la prise en charge de la perte d’autonomie des personnes âgées et à
l’allocation personnalisée d’autonomie, n’a pas modifié cette définition de la dépendance.
Elle a simplement rajouté de la confusion en mélangeant la « dépendance » et la « perte d’autonomie ».
Or, ces deux notions n’ont rien à voir.
La « dépendance » est définie par les gériatres comme le besoin d’aide d’une personne, résultant de son
incapacité à faire toute seule les principaux actes de la vie quotidienne. Cette définition est pratique et
fonctionnelle.
L’ « autonomie », quant à elle vient de la racine grecque autos nomos, la loi que je me donne à moimême.
C’est donc la capacité ou le droit d’un individu à choisir lui-même la façon dont il veut se
gouverner. La perte d’autonomie c’est donc la perte de capacité physique ou/et psychique ou la perte
du droit de se gouverner par soi-même. Cette notion renvoie au registre éthique et philosophique.
La confusion volontairement entretenue entre « dépendance » et « perte d’autonomie » signifierait-elle
que les personnes, qui n’ont plus la capacité d’accomplir seules les activités de la vie quotidienne, n’ont
plus le droit de décider de leur façon de vivre
Rappelons enfin, qu’au-delà de cette définition bio-médicale incapacitaire imposée par les gériatres
depuis 1975, le sociologue Albert Memmi a proposé en 1979, cette définition de la dépendance :
« La dépendance est une relation contraignante, plus ou moins acceptée, avec un être, un objet, un
groupe ou une institution, réels ou idéels et qui relève de la satisfaction d’un besoin » (MEMMI A.,
1979, La dépendance, Paris Gallimard, p.211-212.)
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