(UMR 6201) Rapport d'Activités - CERIC - Univ-cezanne.fr
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plus large, englobant les ressources terrestres et marines. Les outils juridiques<br />
permettront de clarifier les modalités et les enjeux d’une externalisation de plus en plus<br />
massive de la production de connaissances scientifiques en ce domaine. Ce type de<br />
question dépassant le cadre des <strong>fr</strong>ontières nationales pour se former au niveau<br />
européen et international, nous nous proposons donc de mettre le système <strong>fr</strong>ançais en<br />
perspective avec les systèmes juridiques avec lesquels il est en interaction directe : droit<br />
communautaire et droit international de la biodiversité.<br />
Les études scientifiques ont donné l’alerte sur l’érosion de la biodiversité mondiale et<br />
ont rendu nécessaires les premières mesures en faveur de la biodiversité au premier<br />
rang desquelles la Convention de Rio sur la diversité biologique. Depuis 2005 et sur le<br />
modèle du GIEC pour le climat, s’est dessinée la création d’un panel international<br />
d’experts sur la biodiversité (IpBes - Intergovernmental science-policy. Platform on<br />
Biodiversity and Ecosystem Services). Cette plate-forme intergouvernementale sera<br />
chargée, notamment, de synthétiser l’expertise existante, d’identifier les questions de<br />
recherche importantes, de répondre aux demandes d’informations des décideurs<br />
publics, de renforcer les capacités d’évaluation des scientifiques de la biodiversité dans<br />
les différents pays. Les liens entre la production de connaissances scientifiques et la<br />
règlementation internationale de la biodiversité sont donc clairement affichés.<br />
Au plan communautaire, les présupposés scientifiques ont également dominé la<br />
rédaction puis l’application de la directive Natura 2000, la désignation d’espèces et<br />
d’habitats, dans les annexes de la directive, relevant clairement du discours de l’expert.<br />
Des études ont d’ailleurs montré les limites et les raccourcis scientifiques opérés par la<br />
directive dans un souci d’efficacité gestionnaire. Les écologues ont dénoncé une<br />
conception avant tout « fixiste » des milieux naturels, le choix arbitraire des habitats et<br />
des espèces en fonction de critères relevant de logiques différentes.<br />
En matière de gestion et de conservation des ressources marines, les données<br />
scientifiques constituent également un préalable fondamental à la prise de décisions.<br />
Ainsi la fixation de quotas de pêche ne peut-elle s’opérer sans support scientifique<br />
solide, les enjeux environnementaux, économiques et sociaux sous-jacents étant<br />
particulièrement importants. De même, la création d’aires marines protégées suppose<br />
une connaissance fine du fonctionnement des écosystèmes marins et des dynamiques<br />
écologiques. La science doit ainsi permettre d’orienter le décideur politique dans une<br />
logique de développement durable, ce qui implique, inversement, que le politique soit luimême<br />
enclin à fonder ses décisions sur des données scientifiques.<br />
Le présent projet propose de s’interroger sur le point de savoir jusqu’où la science<br />
peut être porteuse de normativité. Ne serait-elle pas plutôt un instrument informatif au<br />
service d’autorités publiques qui peuvent à leur discrétion, décider ou non d’exploiter ces<br />
données ? C’est l’objectif de cette recherche que de poser un jalon dans la réflexion<br />
autour de ce phénomène que constitue le développement des éléments scientifiques, à<br />
côté ou à l’intérieur du droit. Ces questionnements aux « alentours du droit »<br />
(Carbonnier, 1985), seront l’occasion d’étudier le rapport qu’entretient le droit avec les<br />
autres sciences (Naim-Gesbert, 1999).<br />
Plus pragmatiquement, il s’agit aborder les questionnements liés à l’expertise<br />
décisionnelle en étudiant l’organisation, le fonctionnement des différentes instances<br />
sollicitées sur ces questions. Nous apprécierons également la portée normative des<br />
travaux scientifiques, leur influence concrète dans les décisions prises aux différents<br />
échelons. Des questions sur le statut de l’expert et des comités d’expertises ne<br />
manqueront pas de se poser, notamment au travers de celles des modalités de<br />
désignation, de la responsabilité, de l’indépendance, du caractère contradictoire des<br />
travaux… Peut-il exister une éthique de l’expertise ? Enfin, la production des<br />
connaissances par la société civile sera également interrogée puisqu’il est acquis que ce<br />
type de travaux ne reste pas sans suite dans le domaine qui nous intéresse.<br />
Sans avoir la même fonction technique, l’expertise décisionnelle et l’expertise<br />
juridictionnelle ont la même fonction idéologique (Cadiet, 1999). L’expertise<br />
juridictionnelle peut-elle of<strong>fr</strong>ir un modèle à l’expertise décisionnelle ? Nous mettrons en<br />
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