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L’expression de l’<strong>enfant</strong> est progressivement reconnue<br />

La question du visionnage de ces enregistrements n’est pas<br />

abordée.<br />

On trouve aussi l’écho de ces réflexions dans la loi du 5 mars<br />

2007 réformant la protection de l’enfance qui reprend plusieurs<br />

points forts. Elle insiste sur l’importance de l’audition<br />

de l’<strong>enfant</strong> dans les décisions de protection qui le touchent<br />

et créée une instance pour professionnaliser l’évaluation du<br />

signalement 14 .<br />

Aujourd’hui, dans l’espace judiciaire se jouent des décisions<br />

essentielles pour la vie de l’<strong>enfant</strong> : séparation des parents,<br />

difficultés éducatives, conflits avec la loi, violences de toutes<br />

sortes… Les dispositions qui régissent sa présence et son intervention<br />

ont beaucoup changé en 25 ans et font désormais<br />

une place plus significative aux droits de l’<strong>enfant</strong>. Pourtant,<br />

comment porter sur la scène judiciaire la parole de l’<strong>enfant</strong> et<br />

l’univers si dérangeant qu’elle décrit, des propos dont la réalité<br />

– parfois si spectaculaire comme l’ont montré des affaires<br />

retentissantes- ont ébranlé bien des certitudes et des savoirs ?<br />

alors qu’elle doit être contextualisée<br />

Des points de convergence existent désormais, des guides<br />

et des formations sont diffusés qui, sans répondre à toutes<br />

les questions ni épuiser tous les débats, devraient offrir des<br />

repères pour les différents professionnels, l’entourage de l’<strong>enfant</strong><br />

et même les medias.<br />

La parole de l’<strong>enfant</strong> et de l’adolescent est contingente, elle<br />

doit être contextualisée afin de tenir compte de son développement<br />

cognitif et affectif et de son cadre de vie. L’expérience<br />

a montré, douloureusement, que la parole de l’<strong>enfant</strong> « n’est<br />

pas à prendre au pied de la lettre 15 » mais à recueillir et examiner<br />

en fonction d’éléments techniques qui s’appuient sur des<br />

repères partagés.<br />

On ne communique pas avec un <strong>enfant</strong> ou un adolescent comme<br />

avec un adulte. L’apprentissage du langage est progressif, il ne<br />

se borne pas à l’acquisition de vocabulaire ou à la qualité de la<br />

syntaxe. Le langage traduit la façon dont l’<strong>enfant</strong>, ou l’adolescent,<br />

organise sa pensée, se détache du réel et devient capable<br />

de conceptualisation. La compréhension abstraite se développe<br />

à partir de 3-4 ans. Le langage lui sert aussi à exprimer son<br />

imaginaire, son monde intérieur pour établir des relations<br />

affectives et sociales, permettre les échanges entre <strong>enfant</strong>s et<br />

adultes et entre <strong>enfant</strong>s. Cependant, les mots, les sentiments<br />

n’ont pas le même sens selon le moment du développement<br />

cognitif et psychique et de la construction de la personnalité<br />

de l’<strong>enfant</strong>. En effet, les limites de ses capacités d’expression<br />

peuvent engendrer des confusions entre ce que dit l’<strong>enfant</strong> et<br />

la réalité. Durant cette période où son langage se développe,<br />

l’<strong>enfant</strong> se forge son propre vocabulaire ou emploie des mots<br />

qui ont cours dans sa famille, très souvent dans le registre de<br />

la vie quotidienne et du corps, mais qui n’ont pas le même sens<br />

ou pas de sens du tout pour une personne extérieure. D’où les<br />

risques d’incompréhension ou d’interprétation.<br />

Certains adolescents se font remarquer par leurs grandes difficultés<br />

pour accéder à cette fonction symbolique du langage ce<br />

qui les réduit à une grande pauvreté d’expression. De plus en<br />

plus souvent des professionnels (éducateurs, médecins, magistrats,<br />

psychologues…) se désolent de la présence croissante<br />

dans les structures spécialisées de prise en charge de la jeunesse,<br />

d’adolescents conduits là par leur incapacité à mettre en<br />

mots ce qu’ils ressentent, y substituant trop souvent violence<br />

et actes délictueux.<br />

Le repérage dans le temps et dans l’espace, le récit linéaire et<br />

cohérent se mettent lentement en place jusqu’à l’adolescence.<br />

Lors de l’audition, l’<strong>enfant</strong> est incité à mobiliser sa mémoire,<br />

à rechercher activement et précisément ses souvenirs. « Le<br />

contexte judiciaire s’intéresse aux informations qui composent<br />

la mémoire épisodique en relation avec les souvenirs de faits<br />

vécus qui permet de se souvenir et de faire un retour vers le<br />

passé » explique la psychiatre-médecin légiste Elisabeth Martin.<br />

14. Un observatoire, travaillant en liaison avec l’ONED est créé dans chaque département. Placé sous l’autorité du président du conseil<br />

général, il regroupe, outre les services du conseil général et les représentants de l’autorité judiciaire, tous les services de l’Etat<br />

concernés par la protection de l’enfance, des représentants des établissements et des associations de protection de l’enfance. Il est<br />

chargé notamment de recueillir, d’examiner et d’analyser les données relatives à l’enfance en danger au regard des informations<br />

anonymes transmises par la cellule et de suivre la mise en oeuvre de la politique de protection de l’enfance dans le département.<br />

article 16 - article L. 226-3 du CASF<br />

15. Entretien avec Michelle Rouyer<br />

18 | Rapport <strong>2013</strong> consacré aux droits de l’<strong>enfant</strong>

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