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| FOCUS<br />
«« dans la première<br />
famille d’accueil<br />
où je suis restée<br />
six mois, j’étais bien,<br />
ça s’est bien passé.<br />
Mais dans l’autre<br />
famille d’accueil,<br />
les <strong>enfant</strong>s placés<br />
étaient tout le temps<br />
rabaissés par la<br />
famille. Il y avait une<br />
grande différence<br />
entre leurs <strong>enfant</strong>s<br />
et nous »<br />
»(Florentin)<br />
le contexte, la raison et l’objectif de leur présence, les <strong>enfant</strong>s ne se sentaient<br />
pas rassurés. Henri. 20 ans, affirme que l’entretien qu’il avait eu alors avec le<br />
juge « était angoissant ». Il ne comprenait pas la raison de sa présence devant<br />
lui et les explications qu’il lui donnait ne le rassuraient pas. Il estime que les<br />
juges « peuvent mieux faire » quant aux explications qu’ils donnent aux <strong>enfant</strong>s<br />
auditionnés. Gaston 20 ans, affirme, qu’il avait à l’époque conscience que l’entretien<br />
avec le juge était important et qu’il était question de prendre des décisions<br />
pour son avenir.<br />
Ainsi décrit-il ce moment : « C’était important car c’était mon avenir, angoissant<br />
car je ne savais pas ce que j’allais devenir. Je partais avec un esprit de combattant.<br />
Je savais que ça allait être dur là-bas, que j’allais m’énerver ».<br />
Ces jeunes considèrent ne pas avoir reçu suffisamment d’informations sur les<br />
différentes mesures de placement qui existent et leur signification. Ils sont mal<br />
informés sur les différences entre une famille d’accueil et un foyer par exemple.<br />
Benoit 18 ans, qui a d’abord été placé en foyer puis a fait l’objet, plus tard, d’une<br />
mesure de protection judiciaire assure que lorsqu’il était plus jeune, il ne savait<br />
pas ce qu’était un foyer et avec le recul il estime que : « le foyer c’est un piège.<br />
C’est des gamins, et si on s’entend bien avec, on veut plus partir et on les suit<br />
pour “ faire des conneries” ».<br />
Outre le manque d’information sur les différentes mesures de placement dont<br />
ils peuvent faire l’objet, ces jeunes estiment qu’ils ne sont pas assez entendus<br />
lorsqu’ils souhaitent ou non changer les modalités de placement. Certains jeunes<br />
se sentant bien à l’endroit où ils ont été placés, se trouvent devoir changer subitement<br />
de mode de placement sans réelles explications. D’autres se trouvent<br />
parfois obligés de rester en famille d’accueil ou en foyer alors qu’ils ne s’y sentent<br />
pas bien. De ce fait, ils ont parfois recours à la violence qui devient un mode<br />
d’expression, un appel pour être entendu, ainsi que Antoine l’explique lors de la<br />
consultation : « en famille d’accueil ça ne s’était pas bien passé, mais ça a pété<br />
et ils ont dû nous séparer ; je me suis battu avec le mari de la famille d’accueil et<br />
après ils ont vu que ça se passait pas bien du tout. Ils m’ont enlevé de là bas ».<br />
Antoine 19 ans, a également été en famille d’accueil dans laquelle, selon lui, ça<br />
se passait mal. Il n’a pas eu l’occasion d’exprimer son désir de changer de famille<br />
ou de mode de placement car une fois placé, on ne lui a pas redonné la parole<br />
pour connaitre son avis. De plus, il considère que les familles d’accueil sont peu<br />
évaluées.<br />
Les jeunes semblent tous d’accord sur l’importance de pouvoir donner leur<br />
avis et d’être entendu par le juge. Armand 19 ans, affirme à ce propos que « dans<br />
toutes les situations où l’<strong>enfant</strong> est concerné, c’est normal qu’il soit écouté puisque<br />
c’est lui qui a vécu ces expériences et personne n’est mieux placé que lui pour<br />
comprendre les choses telles qu’elles sont ».<br />
71 | Rapport <strong>2013</strong> consacré aux droits de l’<strong>enfant</strong>