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Accompagner l’expression de l’<strong>enfant</strong><br />

Les unités d’assistance à l’audition<br />

Les unités d’assistance à l’audition apparues en France à partir<br />

des années 1990, sont en plein développement. Il s’agit de<br />

lieux spécialisés réunissant des professionnels de plusieurs<br />

disciplines formés à l’approche de l’<strong>enfant</strong> victime de violences<br />

et souvent de violences sexuelles. Ces unités se fondent sur la<br />

circulaire du 2 mai 2005 valorisant « la mise en place de structures<br />

spécifiques qui permettent au sein d’un lieu unique de<br />

prendre en charge les mineurs victimes tant sur l’aspect médical<br />

que celui de l’enregistrement audiovisuel de leur audition ».<br />

Qu’elles soient appelées « Accueil pédiatrique de l’enfance en<br />

danger (APED) », ou « unité médico-judiciaire (UMJ) 97 », ces<br />

unités, généralement abritées à proximité du service de pédiatrie<br />

d’un hôpital, ont pour objectif d’offrir un lieu unique ainsi<br />

qu’un accueil complet et sécurisé à l’<strong>enfant</strong> présumé victime,<br />

et de permettre de recueillir sa parole dans les meilleures conditions<br />

pour le jeune et pour l’enquête ainsi que d’assurer dans<br />

le même environnement les éventuels examens médico-légaux<br />

nécessaires.<br />

Cette équipe comprend des médecins (pédiatres, pédopsychiatres,<br />

parfois un médecin légiste, gynécologues), ainsi que<br />

des infirmiers, des psychologues, des éducateurs, des assistants<br />

sociaux et des enquêteurs, qui travaillent en lien. L’audition a<br />

lieu dans une salle spécifique équipée de matériel d’enregistrement<br />

où l’<strong>enfant</strong> est reçu seul. Elle est conduite par un gendarme<br />

spécialisé ou un policier de la Brigade des Mineurs. Avant<br />

l’audition, le gendarme ou le policier mettent en confiance l’<strong>enfant</strong><br />

en lui montrant la salle d’audition, le matériel d’enregistrement<br />

et lui expliquent l’objectif de l’audition.<br />

Cependant, quelques pédopsychiatres sont réservés devant<br />

cette façon de localiser cette unité dans un hôpital à proximité<br />

du service de pédiatrie. En effet, pour eux, parler à un pédopsychiatre<br />

ou à un expert n’a ni le même but ni les mêmes effets<br />

que de parler à un policier ou à un gendarme. « Un <strong>enfant</strong> ne<br />

vient pas à l’hôpital pour parler à un enquêteur mais pour être<br />

soigné », considèrent-ils. Et ils ajoutent qu’entendre à l’hôpital<br />

un <strong>enfant</strong> dans le cadre d’une enquête judiciaire peut être<br />

source de confusion pour lui.<br />

Le devenir des auditions enregistrées<br />

Pour éviter que « Répéter (fasse) revivre » l’audition des mineurs<br />

victimes (et désormais des mineurs auteurs) est devenue l’objet<br />

d’un enregistrement audio-visuel sur les lieux de l’audition. La<br />

procédure en tire-t-elle bénéfice ? L’enregistrement audio-visuel<br />

est systématiquement accompagné d’un procès-verbal<br />

d’audition écrit qui <strong>rapport</strong>e les propos mais aussi l’essentiel<br />

du comportement de l’<strong>enfant</strong> ou de l’adolescent : ses mimiques,<br />

ses gestes, ses silences.<br />

La loi qui précise jusqu’à la manière dont ces enregistrements<br />

doivent être rangés reste en revanche muette sur leur visionnage.<br />

Dans les faits, il semble qu’ils ne soient que très rarement<br />

visionnés par les magistrats, les avocats et les experts, qui<br />

pourtant les ont à leur disposition.<br />

Les magistrats invoquent le temps passé à les regarder (les<br />

enquêteurs estiment pourtant qu’une audition dure en moyenne<br />

une demi-heure), les équipements techniques inadaptés qui les<br />

en empêchent et préfèrent la lecture des procès-verbaux d’audition<br />

qu’ils estiment fiables et suffisamment informatifs. Les<br />

avocats et les experts partagent la même analyse. Un magistrat<br />

explique que l’enregistrement n’est regardé qu’en cas de<br />

contestation sur un point du procès-verbal.<br />

La plupart des professionnels participant à ces auditions – les<br />

gendarmes et les enquêteurs de police, tout comme les membres<br />

des UMJ – déplorent que ces enregistrements ne soient pratiquement<br />

jamais visionnés. Ils insistent sur leur importance<br />

et sur les éléments concrets et informatifs qu’ils apportent à<br />

la procédure judiciaire. Certaines associations comme la Voix<br />

de l’Enfant militent pour que les magistrats visionnent ces<br />

vidéos en mettant à leur disposition des « mallettes de lecture<br />

de DVD » qui ne nécessitent aucun branchement particulier et<br />

permettent un visionnage facile.<br />

97. On les trouve également sous le nom de «permanence d’accueil de l’<strong>enfant</strong> en danger PAPED », « unité d’accueil de l’<strong>enfant</strong><br />

en danger UAED » ou « unité d’accueil médico-judiciaire pédiatrique UAMJP »<br />

66 | Rapport <strong>2013</strong> consacré aux droits de l’<strong>enfant</strong>

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