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,<br />
12 octobre 1492. Les Indiens découvrent Christophe Colomb. Des peup<strong>le</strong>s<br />
entiers vont disparaître. Au Pérou, rien ne pourra anéantir<br />
<strong>le</strong>s descendants des Incas.<br />
Moi, Mario Choquehuanca, nâtif<br />
d'Azangaro, Indien quéchua, je<br />
veux vous par<strong>le</strong>r de mon peup<strong>le</strong>. Le<br />
So<strong>le</strong>il que vénéraient mes ancêtres, <strong>le</strong>s Incas,<br />
bril<strong>le</strong> toujours sur notre pays, <strong>le</strong> Tawantinsuyo<br />
- comme nous <strong>le</strong> disons - ou si vous<br />
préférez, <strong>le</strong> Pérou.<br />
Le sourire de la vieil<strong>le</strong> indienne qui vous tend<br />
ces f<strong>le</strong>urs, c'est celui d'un peup<strong>le</strong> qui continue.<br />
Lorsque je suis né, la communauté<br />
d'Azangaro s'est réunie, comme on <strong>le</strong> fait<br />
pour chaque naissance, pour chaque<br />
mariage, pour célébrer l'ensemencement<br />
d'une terre ou la puberté des jeunes gens et<br />
des jeunes fil<strong>le</strong>s. Le plus ancien a broyé dans<br />
ses mains la coca, autrefois fruit sacré des<br />
Incas. Il en a gardé une partie dans sa main et<br />
en a mis dans un verre avec de la chicha, une<br />
boisson indienne. Il a salué <strong>le</strong> cosmos en<br />
jetant vers <strong>le</strong> ciel ce que tenait sa main puis il<br />
a versé sur la terre, Pacha-Marna, notre mère<br />
la terre, ce que contenait <strong>le</strong> verre.<br />
MACHU PICCHU<br />
J'étais entré en communion avec <strong>le</strong> monde où<br />
j'allais vivre, avec ma communauté, mon<br />
peup<strong>le</strong>.<br />
Plus tard, je m'efforcerais de suivre <strong>le</strong>s trois<br />
commandements: "Ama Llula - Ama<br />
Qella - Ama Suwa" ; tu ne mentiras pas, tu<br />
ne te livreras pas à l'oisiveté, tu ne vo<strong>le</strong>ras<br />
pas. Souvent, au marché, je considère cette<br />
fou<strong>le</strong> de chez moi. On est là pour échanger<br />
<strong>le</strong>s marchandises, ces biens de la nature pour<br />
<strong>le</strong>squels, tous, nous éprouvons un si grand<br />
respect. Mais derrière l'apparence, c'est la<br />
grande tradition quechua <strong>du</strong> Tinku qui se<br />
perpétue.<br />
Le Tinku : la communauté se réunit. Guerres,<br />
divorces, inimitiés, problèmes liés à la<br />
propriété. Tout peut s'arranger. Hommes et<br />
femmes, à rang égal, donnent <strong>le</strong>ur avis, rendent<br />
<strong>le</strong>ur jugement. Sur <strong>le</strong> bord de la place,<br />
<strong>le</strong>s camions sont sagement rangés, enluminés<br />
des décorations qui sont en même temps <strong>le</strong>ur<br />
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