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Le Brécaillon - Musée Militaire Genevois

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MARRAINE CLAUDINEMARRAINE CLAUDINEExercices de style ou quelques belles images …<strong>Le</strong> maj. Adert, Arr. Ter. Genève, remercie Marraine Claudine en ces termes:(Doc F 5.1) le 9 septembre 1944«Très chère Marraine,C’est avec une satisfaction non dissimulée que vos filleuls del’Arrondissement territorial de Genève ont reçu votre généreux envoi decigarettes, cigares et panettoni ticinese. <strong>Le</strong>s premiers ont été rapidementtransformés en fumée tandis que les panettoni prenaient vertigineusement lechemin du laboratoire gastrique après avoir fait les délices du palais.Vos fidèles filleuls»De Chavanne-de-Bogis, le Sgt Ferrazzini utilisant les feuillets d’un bloc-rapportmilitaire, écrit le 12 janvier 1941:(Doc B 13.1)« ….Ainsi donc je viens vous dire toute la joie de mes hommes de savoir quepar mon entremise et surtout votre bonté, on ne les oubliait pas à l’arrière.La pluspart (sic) ne vous connaissent pas mais ne vous en remercient queplus sincèrement. Je leur ai tracé de vous un tableau moral dont ils sesouviendront longtemps.Je suis persuadé que maintenant ils vous voient avec un grand manteau vertjade doublé de rouge et une baguette à la main. Ce sont de grands enfantsqui ont besoin de croire aux fées, et vous leur apportez la preuve qu’il enexiste. ….»Extrait de la plus longue lettre adressée (2 pages A4, écriture fine à l’encre) àMarraine Claudine par le sdt Georges Thomas, peintre, poste de campagne 5444, le26 décembre 1943:(Doc D 24.7 à 9)« ….Mon état de santé étant actuellement très précaire que j’ai renoncé àtous ces plaisirs d’une bonne pipe et de la douce habitude de griller quelquescigarettes dont la fumée bleu engage à la rêverie et nous fait entrevoirquelques images heureuses dont les volutes s’enroulent et s’évanouissentemportant avec elles nos rêves et nos espérances endormant pour quelquesinstants la réalité dans laquelle nous vivons n’empêche que c’est bien vousqui avez été la douce fée pour nous faire oublier ainsi toutes les tracasseriesdont la vie est pleine quelques bonnes cigarettes de la marraine Clo et puisl’esprit s’élève avec la fumée en portant avec elle cette sensation deparcourir les étapes pour un autre monde, meilleur.De tout cela il reste une réalité, c’est que nous comprenons bien et que nousvous sommes redevables de l’attachement que vous portez à vos filleuls etc’est ce dont nous sommes reconnaissant (sic) à notre Marraine. …»28 <strong>Le</strong> <strong>Brécaillon</strong><strong>Le</strong> sdt Désiré Pezet, dont nous avons déjà apprécié la prose, se lance dans ladescription poétique de son stationnement (20 octobre 1943) en Gruyère (Marsens):(Doc D 13.1 et 2)«La nature est si belle par ici. De sobres chalets sont plantés à flanc decoteaux parmit (sic) une belle végétation; de verts sapins contrastent avecd’autres arbres aux feuillages multicolores. Toute la gamme des couleurs yest représentée. J’espère avoir suffisamment de temps pour faire de bellespeintures.»Et un peu plus tard, Pezet, à nouveau en Gruyère, écrit:(Doc E 3.1 et 2)« … Nous avons un grand beau temps pour ce début de service, et nousrôtissons au soleil. Nous sommes dans une belle nature verdoyante et lesmontagnes avoisinantes nous tente (sic) d’y faire des ascensions. Dimancheaprès-midi j’ai eût (sic) l’occasion de faire une ballade avec des copains,nous avons respirer (sic) les senteurs forestières….»Dans un autre registre, nous ne voudrions pas manquer de vous faire part de la(longue) lettre – dactylographiée - de l’Adj Piguet (déjà cité pour sa calligraphie), enservice auprès de l’E.M. du 1 er Corps d’Armée. Cette lettre date du 11 juillet 1940.L’adj. Piguet a un certain style et la description de la photo (qui ne figuremalheureusement pas dans le dossier) vaut tous les dossiers de qualification!(Doc A 52.1 à 52.14)«Chère Marraine,Dussé-je me faire arracher les yeux, quand bien même mon audace vaudraitun châtiment sévère, je tourne les lois de l’obéissance et me permets derécidiver et de reprendre la machine à écrire afin de répondre à votre derniermessage. Je suis victime, ne sachant pas (pour n’avoir jamais su) écrire ...J’ai perdu mon “guide-âne”; ce me semble une excuse suffisante, et si vousla trouvez cynique, de grâce ne me le dites pas: cela me ferait trop de peine.Un autre motif m’encourage à désobéir: c’est une raison de logiquesemblable à celle dont l’enfant se prémunit: la flatterie. Vous m’avez flatté,dans votre dernier message, flatté comme pas un, flatté à tel point que jesens que mes fautes, si graves soient-elles, sont bien peu en regard desqualités dont j’ai hérité de mes parents, de mes grands’parents peut-être.Lafontaine en tirerait une fable où vous seriez une victime: tout flatteur vitaux dépends de celui qui l’écoute.Mais je trouve qu’il est exagéré de ma part de consacrer trois alinéas àjustifier une forme de correspondance. Donc, je clos ce premier chapitrepour passer à un sujet plus intéressant: Nous avons eu la fantaisie, l’autrejour, de nous faire photographier. Et il m’a semblé courtois que vous puissiezvous rendre compte à quel genre d’individus vous prodiguez vos largesseset dépensez votre temps. Malheureusement, quelques absences dues à descongés font que l’effectif n’est pas complet. Vous retrouverez cependant<strong>Le</strong> <strong>Brécaillon</strong>29

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