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mars 2009 – No 465 - Chêne-Bougeries

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Le Chênois Chroniques conchoises <strong>mars</strong> <strong>2009</strong> – N 53o <strong>465</strong>Le complot des fillesJe ne m’attendais vraiment pas àça! Il est vrai que ma petite-filleLaura est un peu en avance pourson âge, mais là, elle a fait vraimenttrès fort! Depuis quelquesjours déjà, je voyais bien qu’il se passaitquelque chose. Elle s’isolait danssa chambre avec ses copines d’écolequi viennent de temps à autre déjeunerà la maison. Sur le moment, jetrouvais ça normal: entre copines,elles devaient avoir des secrets à partager.Peut-être même des amourettesavec les garçons de la classe.Je me demandais d’ailleurs quand ilallait falloir que nous ayons une discussion«entre quatre yeux» à ce propos.Discussion à laquelle je n’étaisabsolument pas préparé. Il faudraitque j’en parle avant avec mon amieHélène… Voila où j’en étais lasemaine dernière, c’est-à-dire à millelieues de la réalité.Il se passait quelque chosed’anormalCe jour-là, Laura était venue mangerà midi avec deux de ses amies:Samantha et Marine. Le repas avaitété d’un calme inhabituel. Ellesavaient fini le plat de spaghetti ensilence, mais n’avaient pas touché auclafoutis aux cerises que j’avais préparé.Visiblement, elles étaient presséesde retourner en classe. Là aussi,j’aurais dû me douter qu’il se passaitquelque chose d’anormal, surtoutlorsque je les ai vues redescendrehabillées d’une façon pour le moinsinhabituelle: jupe bleue marine, corsageblanc et cheveux bien peignés.Bref, tout à l’opposé de leur tenuehabituelle…Après une petite sieste d’unedemi-heure, j’ai changé l’eau despoissons rouges, chose que je n’avaispas faite depuis… assez longtemps.A quatre heures trente, Laura estrentrée. Elle était maintenant toutébouriffée et légèrement essoufflée.«Ça va», lui demandai-je? «Oui,oui», me répondit-elle, un peu troprapidement. Après le goûter, elleest directement montée dans sachambre pour soi-disant faire sesdevoirs. Mais auparavant, elle m’atout de même dit, comme s’ils’agissait d’une information anodine:«Au fait, la directrice aimeraitte voir demain à midi!». Je savaisbien que quelque chose se préparait.J’essayai d’en savoir plus, mais Lauraresta évasive, m’affirmant qu’elle nesavait pas pourquoi. Je voyais qu’ellementait, mais je ne me sentais pasd’insister. On verrait bien le lendemain!A 19 h, je découvre le potaux rosesLe mystère fut résolu à 19 h précises.Comme chaque soir, je me misdevant la télévision pour regarder lejournal régional. J’aime bien metenir au courant des nouvelleslocales. Je ne sais pas pourquoi mais,ce soir-là, j’allumai mon poste avecquelques minutes de retard et lejournal était déjà commencé. Unpetit garçon de 5-6 ans parlait dans lepréau d’une école. Ce qui me paruttout de suite bizarre c’est qu’à la foisle bambin et le préau m’étaient familiers.– On fait la “crève”, disait le garçonnetavec un léger zézaiement,c’est pour que Cora ne soit pas “essepulsée”.– Expulsée, reprit une voix off.– Oui, dit le petit: “essepulsée”.– C’est un fait sans précédent,reprit le présentateur. Tous lesenfants d’une école primaire sont engrève pour défendre une employéequi doit être expulsée vers son paysd’origine parce qu’elle réside dansnotre pays sans papiers. Commenten sommes-nous arrivés là? PeutêtreLaura pourra-t-elle nous éclairerà ce sujet!A cet instant précis, mon cœureut comme un raté. Le doute n’étaitpas possible; la caméra fit un zoomarrière et je découvris le préau del’école et ma petite-fille, vêtue de sajupe bleue avec ses couettes. Je compristout à coup pourquoi elle avaitpour une fois troqué ses vêtements“à la mode” contre ses habitsd’enfant sage! Tout cela parce qu’elleavait l’intention de passer à la télévision!– Laura, dit le présentateur, pourquoifaites vous la grève?– Pour venir en aide à MademoiselleDiabilow qui est menacée d’expulsionparce qu’elle vit en Suissedepuis douze ans sans titre de séjourreconnu. Ce n’est pas normal de renvoyerles gens comme ça! Surtoutque dans son pays elle est menacée etrisque d’être tuée. En plus, elle s’occupedes petits dans cette école et lesenfants l’adorent. Mon amie Samantha,qui l’a eue en première enfantine,pourra mieux vous en parlerque moi.»Entre émotion et fiertéComme dans un show maintes foisrépété, Samantha apparut à l’écran.– J’ai eu Mademoiselle Diabilowquand j’étais petite. Je n’ai jamaisconnu quelqu’un d’aussi patient etdoux qu’elle…A ce moment-là, la voix deSamantha s’est brisée par l’émotionet Marine est apparue à l’écran entenant dans ses bras une des petitesde première enfantine qui pleuraiten suçant son pouce et qui, entredeux, sanglots dit:– Je «veux pas» que Cora parte!Et au présentateur de conclure:– Aux dernières nouvelles, lesparents d’élèves se sont eux aussimobilisés pour faire pression sur lesautorités et le Ministère de l’Education!A cet instant, je sentis dans mondos la présence de Laura. Je ne savaisvraiment pas comment réagir. Jeregardai fixement l’écran sans vraimentsuivre le reportage suivant.Lorsque les mains de Laura se posèrentsur mes épaules et que je l’entendisme dire tout doucement«Tu m’en veux beaucoup?», je susimmédiatement que j’avais perdu lapartie.Le lendemain, la directrice metint un discours de… directrice,comme quoi c’était des choses qui nese faisaient pas et qu’en cas de récidiveelle serait contrainte de prendredes “mesures”. Puis, au moment oùj’allais partir, elle me serra la main etajouta à ma plus grande surprise:«Vous pouvez être fière de votrepetite-fille! C’est une enfant courageusequi ira loin!»Quelques jours plus tard, lestrois amies arrivèrent en courant,rayonnantes. Sans prendre la peinede me dire bonjour, elles se mirent àparler toutes à la fois. De leur discoursconfus, il ressortit que MademoiselleDiabilow avait obtenu unpermis temporaire et que son casallait être réexaminé. Inutile de vousdire que cette fois-ci mon fameux clafoutisaux cerises fut dévoré jusqu’àla dernière miette…■Jean Michel JakobowiczPublicitéA rr ê t e z d e f u m e ren 1 heure seulement!Depuis 9 ans à GenèveGarantie et suivi gratuit d’un an.Démonstration + test 7/7 sur rendez-vous.TABAC STOP Center31, rue de Chêne-<strong>Bougeries</strong> GENÈVEwww.tabac-stop-center.ch Tél. 022 348 83 15FERDINAND DESJACQUES & C ie SAENTREPRISE DU BÂTIMENTMaçonnerie, gypserie, peinture,isolation de façadesAvenue de l’Aurore 7 - 1225 CHÊNE-BOURG Tél. 022 348 61 67

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