6 <strong>mars</strong> <strong>2009</strong> – N o <strong>465</strong>Ils prennent soin de vousLe ChênoisLa crèche? Un boulot de femme!Dans l’Occident contemporain,où les enfants font l’objetd’une attention toute particulière,il est difficile d’imaginer qu’il eûtpu en être autrement. Pourtantla vision que la société porte sur l’enfant,spécialement les tout-petits, aévolué et les modes de garde ont suivi.Un peu d’histoirePendant le Moyen Age et la premièrepartie de l’époque moderne, l’enfantest un être imparfait et il tarde àl’adulte que celui-ci entre enfin dansl’âge de raison. C’est pourquoi, l’instinctmaternel est assez restreint etles nourrissons, bébés et jeunesenfants sont confiés aux soins d’unenourrice, d’une voisine ou de lafamille, s’ils ne sont pas tout simplementlivrés à eux-mêmes de longuesheures durant.A la fin du XVIII e siècle, celuides Lumières, afin d’aider les femmesqui travaillent, se créent des établissementsd’accueil qui deviendront“salles d’asile” au début duXIX e siècle.Ce n’est qu’en 1844 que leconcept de “crèche” apparaît dansle but de secourir et de moraliser lesenfants des blanchisseuses. Le choixdu mot crèche n’est pas innocent,c’est une référence à la mangeoire(cripia en latin) où naquit Jésus. Lemessage étymologique est clair: ens’occupant de ces enfants, on sauveleurs âmes égarées, voire celle deleur famille tout entière.Les puéricultrices de l’époque senomment “berceuses” et très honnêtement,on ne rigole pas: l’enfant estplacé dans un coin, lavé deux fois parjour et n’a droit à aucune douceur; nibonbon, ni gâteau, ni câlin. Bref, parcette institution, on ne répondaitqu’à un impératif bassement mercantile:que maman puisse travaillersans que bébé n’interfère dans saconcentration. En Suisse, les premièrescrèches, fondées dans lemême but, apparaissent en 1870.Comme en France, elles sont financéespar des dons privés et une largepartie d’entre elles sont gérées pardes religieuses.Avec le temps, et plus particulièrementdans le courant des années1960, la conception collective de l’enfancese modifie et d’adulte imparfait,l’enfant devient un individu àpart entière. Une nouvelle histoirecommence.Dès lors, les crèches s’humanisentet les petits d’homme se voientoffrir des activités destinées à lesaccompagner dans leur maturation,de la tendresse, un accompagnementsur la voie de l’épanouissement,tout cela dans un but de socialisationprécoce.Ce métier, autrefois naturellementdévolu aux femmes suivantl’idée qu’elle sont destinées à mettreau monde des enfants et donc àmaterner, s’est par conséquent toutsimplement ouvert aux hommes (lepremier puériculteur genevois apparaîtaux Grottes dans le courant desannées 1980). En effet, ce n’est pasuniquement la conception de l’enfantqui a évolué, car la libération desmœurs et l’égalité hommes-femmessont passées par là et c’est toute l’humanitéqui s’en trouve bouleversée.Pourtant, si les lois, les conceptset les textes évoluent vite, les mentalitésavancent à pas comptés et, àl’heure actuelle, seuls deux à troispourcent seulement des employés decrèches sont des puériculteurs.Qu’en est-il des hommes?L’on peut arguer le fait que le métierest mal payé, sans perspectived’avancement et harassant, ce quiexpliquerait que peu d’hommessoient attirés par ce métier. Pourtantce n’est qu’un aspect du problème:la réticence vient d’ailleurs et estencore plus subtile: c’est la suspicion.Beaucoup de mamans et depapas avouent, en aparté, une lueurcoupable dans un regard fuyant,mais avouent tout de même que s’ilsvoient un homme s’occuper d’unenfant, une question les taraude soudain:d’où lui vient cette envie?La question peut parfois prendredes tournures étranges. Pour preuve,cette anecdote mettant en scène unjeune homme en formation en puéricultureet un vieux monsieur de sesrelations. Après un long monologueenflammé du futur puériculteur vantantles mérites du métier, l’aïeul finitpar dire, d’un air assuré et convaincu:«C’est bien que les homosexuelspuissent trouver une place dans lasociété». Ce qui, bien sûr, n’avaitaucun rapport avec les propos dujeune homme. L’incompréhensionpeut donc prendre le tour d’un fosségénérationnel, mais ce n’est là qu’unangle du problème, on peut aussi rencontrerune barrière culturelle à lacompréhension du puériculteur.Plus on descend au Sud, plusnombreux sont ceux qui voient d’unmauvais œil, comme quelque chosede presque contre-nature, que deshommes s’occupent des soins intimesde leur progéniture, surtout destout-petits. «Ce n’est pas la placed’un homme, voyons!» Loin de lasimple anecdote, ces réticences reflètentle profond déséquilibre desreprésentations de l’individu ancrédans nos inconscients. En effet, lesimple fait de se demander si unhomme peut s’intégrer dans unmétier de femme est déjà une partiedu problème.Autant l’on disait, dès les années1980, que la femme devait valoirdeux hommes pour accéder auxpostes à responsabilité traditionnellementdévolus aux hommes, autantl’homme qui entend se consacrer àdes tâches dites féminines estconfronté aux mêmes obstacles.Durant sa formation, ses erreurs luiseront moins facilement pardonnées.Il sera l’objet d’un encadrementparticulier au travail, afin d’éviterdes diffamations notamment. Ildevra surveiller ses gestes avec plusd’attention. Bref, il n’est pas unefemme.Cependant, là ne s’arrête pas ledéséquilibre: un homme sera volontiersengagé d’office parce qu’il fautun homme dans l’équipe, parcequ’un homme a naturellement plusd’autorité ou de poigne qu’unefemme, parce qu’il faut quelqu’unpour gérer les situations de crise (lesfemmes étant par définition “insouciantes”)et celui-ci sera alors idolâtré,adulé par une cohorte de puéricultricesqui feront appel à son senspratique typiquement masculin siune ampoule défaille, par quelquesmamans divorcées qui verront unhomme sensible et tendre, tout lecontraire de leur ex-mari.C’est donc bien tout le schéma dela masculinité, la force, le sens pratique,l’esprit scientifique… et celuide la féminité, la douceur, l’instinctmaternel, la sensibilité… qu’il fautprendre en compte si l’on tente d’approcherrationnellement la place dechacun dans la vie professionnelle.On le voit, l’évolution des mentalitéspeut encore prendre quelquetemps.■Stephan Bruggmann
Le Chênois Ils prennent soin de vous <strong>mars</strong> <strong>2009</strong> – N 7o <strong>465</strong>L’aide familiale au masculinPeut-être le connaissez-vous déjà?Xavier Bévant est un aide familialdu Centre d’action sociale et desanté des Trois-Chêne. Agé de41 ans, il est l’un des deux seulshommes d’une équipe qui comptecinquante collaborateurs et dont lafonction est d’aider les personnesayant des difficultés à accomplir lesgestes de leur vie quotidienne, depuisla toilette jusqu’à la prise des médicamentsen passant par le repassage, lescourses ou les activités ménagères.La carrière de Xavier Bévant estpour le moins atypique. Technicienen électronique dans un centre informatique,il s’aperçoit assez rapidementque passer ses journées dansl’air conditionné avec pour contactsprincipaux des ordinateurs n’est vraimentpas “son truc”. Ce qu’il aimeavant tout ce sont les contactshumains, la diversité des rencontreset surtout se sentir humainementutile. C’est ainsi qu’à 25 ans XavierBévant décide de changer de cap. Ilprépare un Certificat Fédéral de Capacitéd’aide familial qu’il obtient deuxans plus tard. C’est un monde nouveauqui s’offre à lui.«A l’époque, encore sans enfants,un certain nombre de tâches qu’ilallait falloir accomplir comme l’aideaux mères (soins des bébés) ou lerepassage m’étaient inconnues. Il yavait une certaine difficulté à releverce défi, mais cela ne m’a apporté quedu positif.» Et puis, au fil des années,Xavier Bévant a acquis une certaineassurance, ce qui est utile pour travaillerà domicile, car l’on est amenéà compter sur soi, à développer descompétences dans une relative autonomie.<strong>No</strong>us sommes en lien avecnotre équipe, mais il faut aussi savoirprendre des décisions et avoir unemanière d’être qui s’adapte aux gens.J’ai acquis suffisamment d’expériencepour être maintenant à l’aisedans toute situation.»L’autre défi à surmonter a été defaire face à une certaine surprise dansle regard des autres. «Pour les soinsd’hygiène, il peut parfois y avoir uneréaction chez certaines personnesqui s’attendaient à voir une femmen’ayant malheureusement pas étéaverties par avance! Les clients de lafondation acceptent généralementd’entrer en matière lors d’une premièrevisite et cela se déroule ensuitetrès bien. Je précise avoir constaté quedepuis quinze ans les mentalités ontnotablement évolué chez les personnesagées... Dans de rares cas, unepersonne peut se trouver être dérangéeou gênée par ma présence. Parexemple, pour des raisons d’ordreculturel! J’exprime alors ma compréhensionet propose de me faire remplacerpar une collègue féminine.<strong>No</strong>us en prenons ensuite bonne noteau bureau pour la planification.»Pour son entourage et sa famille,tout le monde avait bien accepté cechoix et ils sont toujours très heureuxet fiers du métier de Xavier et de cequ’il représente à leurs yeux.Une caractéristique de ce métierest donc qu’il est encore en trèsgrande majorité pratiqué par desfemmes. «Evoluer à leur contact dansce milieu de la santé est plutôt sympathique.<strong>No</strong>us avons de bons rapportsentre collègues. C’est une ambianceagréable que je retrouve tous lesmatins, avec peut-être un petit avantagecar mes collègues me prêtent, jepense, davantage attention.»Ce qui lui plaît le plus dans sontravail, est «la richesse de rencontrerl’autre. <strong>No</strong>us, les aidants au domicile,Photo: Jean Michel Jakobowiczsommes dans une position privilégiée.Une source de satisfaction trèsmotivante pour avancer. Sans fin!» ■Jean Michel JakobowiczCentre d’action sociale et de santédes Trois-ChêneChemin De-La-Montagne 1361224 Chêne-<strong>Bougeries</strong>Tél: 022 420 44 00Fax: 022 420 44 01Bus TPG N os 9 et 34, arrêt MontagneHoraires d’ouverture:lu-ve 8 h-12 h; 13 h-17 h.Consultation gratuiteparents-enfants: ma 15 h-17 h.Consultation soins ambulatoires:lu-ve 14 h-15 h.PublicitéCHAUFFAGE TOUTES ÉNERGIESDÉTARTRAGE DE BOUILLEURS35, rte de Sous-Moulin POMPES À CHALEUR Tél. 022 349 85 771225 CHÊNE-BOURG PANNEAUX SOLAIRES Fax 022 349 46 28Cabinet de Consultation Nicole FleuryPsychothérapeute, praticienne de santé à Thônex❈ Aide et psychothérapie émotionnelle❈ Coaching❈ Libération d’événements traumatisants❈ Consultation conjugale et familiale (enf.-ado.)❈ Amélioration de la santé, stress, douleurs, suite d’accidents, etc.par la réflexo-chromothérapie, le reiki,les soins énergétiquesRemboursé par de nombreuses assurances maladie complémentairesA Thônex, prochetram 12, 16 et bus Cwww.nfleury-therapies.chTél. 022 349 58 09La Clinique des GrangettesRecherchepour ses collaborateurs des places de stationnementsà louer sur les communes de Chêne-<strong>Bougeries</strong>, ChêneBourg et Thônex à proximité de la ligne de tram.Pour tous renseignements, vous pouvez contacterMme Maria Rodriguez au 022 305 01 17 ou à l’adressesuivante : maria.rodriguez@grangettes.ch