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Groupe <strong>Consensus</strong><br />

Attitudes<br />

Recommandations ESC 2012<br />

sur <strong>la</strong> prise en charge de<br />

l’infarctus avec sus-déca<strong>la</strong>ge<br />

de ST (partie II)<br />

Recommandations européennes 2012<br />

sur l’insuffisance cardiaque chronique :<br />

<strong>la</strong> prise en charge<br />

Thérapie cellu<strong>la</strong>ire :<br />

bi<strong>la</strong>n d’une décennie<br />

Quiz ECG<br />

Art et Cœur<br />

Le cœur vendéen<br />

Congrès<br />

European Society of Cardiology (Munich)<br />

N°1 en audience* chez les hospitaliers toutes périodicités confondues<br />

* Lecture au numéro moyen - Source : Enquête CESSIM automne 2012 (recueil cumulé entre octobre 2011 et janvier 2012, puis de mars à juin 2012).


Rédacteur en chef<br />

Nico<strong>la</strong>s Danchin<br />

Comité éditorial<br />

Eric Abergel<br />

Loïc Belle<br />

Didier B<strong>la</strong>nchard<br />

Eric Bruckert<br />

Bernard Chevalier<br />

Stéphane Cosson<br />

Yves Cottin<br />

Nico<strong>la</strong>s Danchin<br />

Denis Duboc<br />

(chef de rubrique Généalogie)<br />

Jean-Noël Fabiani<br />

Laurent Fauchier<br />

Pascal Guéret<br />

(chef de rubrique Art & Cœur)<br />

A<strong>la</strong>in Hagège<br />

Yves Juillière<br />

Serge Kownator<br />

Jean-François Leclercq<br />

Jean-Yves Le Heuzey<br />

Gilles Lemesle<br />

Eloi Marijon<br />

Nico<strong>la</strong>s Meneveau<br />

(rédacteur en chef<br />

du Cahier de cardiologie interventionnelle)<br />

Jean-Jacques Mourad<br />

Franck Paganelli<br />

Atul Pathak<br />

Pascal Poncelet<br />

Etienne Puymirat<br />

Philippe Romejko<br />

David Rosenbaum<br />

Simon Weber<br />

Directeur de <strong>la</strong> publication<br />

Yves Nadjari<br />

Directeur médical<br />

Sarah Cohen<br />

Directeur général<br />

Alexandre Nadjari<br />

Secrétaire de rédaction<br />

Virginie Condamine<br />

Chargées de clientèle<br />

Rim Boubaker<br />

Audrey Dufaud<br />

Nolwenn Gauthier<br />

Rym Oussa<strong>la</strong>h<br />

Coordination commerciale<br />

Valérie Renouf<br />

Rédactrice graphiste<br />

Lara Eve<br />

Groupe <strong>Consensus</strong><br />

Groupe <strong>Consensus</strong>,<br />

46-48, rue Lauriston, 75116 Paris<br />

Téléphone : 01 53 65 87 70<br />

Publicité : contact@groupeconsensus.fr<br />

Rédaction : vcondamine@groupeconsensus.fr<br />

ISSN : 1767-5162<br />

Site internet : www.consensus-online.fr<br />

Corlet Imprimeur SA - ZI, route de Vire<br />

14110 Condé-sur-Noireau, France<br />

Prix au numéro : 4,50 €<br />

Editorial<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012<br />

Image d'Epinal<br />

même dans le domaine scientifique, est décidément bien difficile à respecter.<br />

Une amusante étude publiée dans le New Eng<strong>la</strong>nd Journal of Medicine<br />

L’impartialité, (1) nous<br />

le rappelle.<br />

Les auteurs, pharmacologues américains, ont voulu voir si <strong>la</strong> mention de l'origine des financements<br />

d'études cliniques modifiait <strong>la</strong> perception et l'interprétation de leurs résultats par les<br />

médecins. La méthodologie de cette étude randomisée est originale et astucieuse : 503 internistes<br />

ont eu à lire des résumés d'études factices, de qualité méthodologique variable, testant<br />

l'intérêt de médicaments imaginaires. Les abstracts mentionnaient soit un financement public<br />

par le National Institute of Health (NIH), soit un financement privé par un <strong>la</strong>boratoire pharmaceutique,<br />

soit ne précisaient pas <strong>la</strong> source de financement. Les médecins étaient ensuite interrogés<br />

sur <strong>la</strong> qualité de l'étude, leur niveau de confiance dans ses résultats et leur désir de prescrire<br />

le médicament évalué.<br />

Comme on pouvait l'espérer, <strong>la</strong> qualité méthodologique des essais est évaluée correctement et<br />

<strong>la</strong> volonté de prescription des nouveaux traitements dépend directement de <strong>la</strong> rigueur perçue<br />

des études : plus l'étude est jugée rigoureuse, plus les médecins sont prêts à utiliser les traitements<br />

évalués. En revanche, <strong>la</strong> mention d'un financement de l'étude par un industriel amène<br />

les lecteurs à avoir un regard beaucoup plus critique : les études sont jugées moins rigoureuses,<br />

<strong>la</strong> confiance dans les résultats est plus faible et le souhait de prescrire les nouveaux médicaments<br />

est moindre. Ainsi, à qualité d'étude identique, <strong>la</strong> volonté de prescrire un nouveau médicament<br />

est diminuée d'un tiers par rapport à une étude dont le financement n'est pas mentionné, et de<br />

moitié par rapport à une étude financée par le NIH.<br />

Ces résultats sont inquiétants à plus d'un titre. Avant tout, ils démontrent que le regard porté<br />

sur les résultats d'études publiées n'est pas neutre, mais modulé par des facteurs qui ne devraient<br />

pourtant pas intervenir, dès lors que <strong>la</strong> qualité scientifique du travail est considérée comme indiscutable.<br />

Ils témoignent ensuite d'un réel climat de suspicion vis-à-vis des <strong>la</strong>boratoires pharmaceutiques,<br />

résultant sans doute d'affaires douloureuses plus ou moins récentes, où le comportement<br />

des industriels avait été plus qu'anormal (par exemple en taisant des résultats négatifs<br />

pour ne présenter que des données positives), mais peut-être plus encore du climat général de<br />

suspicion re<strong>la</strong>yé par de nombreux médias à l’égard de l'industrie pharmaceutique. Ils révèlent<br />

enfin une naïveté surprenante envers les scientifiques eux-mêmes et les organismes d'Etat, <strong>la</strong>issant<br />

supposer que les cliniciens les considèrent comme un véritable rempart contre tout conflit<br />

d'intérêts.<br />

Quelle belle image d'Epinal ! C'est tout simplement oublier les progrès majeurs qui ont pu<br />

être accomplis à <strong>la</strong> suite d'essais entièrement financés par l'industrie pharmaceutique. C'est aussi<br />

oublier que le financement par un organisme public n'est pas une garantie de probité scientifique<br />

: le choix des thèmes à soutenir n'est jamais innocent, et l'intérêt, en termes de notoriété<br />

essentiellement, des auteurs à publier plus de résultats positifs que de résultats négatifs est également<br />

un moteur puissant, susceptible, lui aussi, d'entraîner de réels biais dans <strong>la</strong> présentation<br />

des données.<br />

Finalement, cette jolie étude (financée par l'université d'Harvard !) devrait nous aider à remettre<br />

les pendules à l'heure : il est essentiel de garder son esprit critique lors de l'analyse de tout<br />

travail scientifique, quel qu'en soit le financeur, privé comme public. Des outils spécifiques, comme<br />

<strong>la</strong> déc<strong>la</strong>ration préa<strong>la</strong>ble du p<strong>la</strong>n d'étude sur le site clinicaltrials.gov, sont d'ailleurs là pour aider<br />

à y voir plus c<strong>la</strong>ir. ■<br />

Nico<strong>la</strong>s Danchin<br />

Rédacteur en chef<br />

1. Kesselheim AS, et al. N Engl J Med 2012; 367: 1119-27.<br />

3


Photo couverture : © BSIP<br />

La qualité finit toujours<br />

par payer !<br />

Sommaire • numéro 82 • Octobre 2012<br />

Dans tous les domaines, dans le<br />

présent et encore plus dans le<br />

futur, ce critère sera un élément<br />

de base qui fera consensus dans<br />

toute l'humanité.<br />

Qu'il me soit permis de l'évoquer<br />

dans trois exemples :<br />

- Le premier est une source de satisfaction considérable.<br />

Il s'agit de <strong>la</strong> dernière étude Cessim<br />

(organisme dont j'ai toujours loué <strong>la</strong> qualité).<br />

Elle montre que notre journal <strong>Consensus</strong><br />

Cardio est plus que jamais une référence,<br />

comme en témoigne l'enquête d’audience villehôpital<br />

: avec 61,6% d’audience moyenne au<br />

numéro, nous passons premier sur <strong>la</strong> cible Hôpital,<br />

quelle que soit <strong>la</strong> fréquence de parution.<br />

Sur <strong>la</strong> ville, nous maintenons <strong>la</strong> position forte<br />

de premier des mensuels (63,7% d’audience<br />

moyenne au numéro). L'aventure du groupe<br />

<strong>Consensus</strong> est le témoignage de <strong>la</strong> qualité de<br />

notre concept. Synonyme de Recommandations<br />

et des modalités de leur application dans <strong>la</strong> pratique<br />

courante, le terme <strong>Consensus</strong> est maintenant<br />

le message essentiel des grands congrès<br />

internationaux. Merci au comité de rédaction<br />

dirigé par Nico<strong>la</strong>s Danchin et à toute l'équipe ;<br />

merci à vous chers lecteurs pour votre fidélité<br />

et votre attachement au titre.<br />

- Le deuxième est <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce donnée à <strong>la</strong> thérapeutique<br />

au Congrès de l’ESC à Munich où le médicament<br />

a été à l'honneur. Ce numéro donne<br />

une <strong>la</strong>rge p<strong>la</strong>ce aux informations essentielles à<br />

en retenir.<br />

- La troisième réflexion est issue de notre pratique<br />

courante : les nouvelles dispositions en<br />

pharmacie concernant les génériques. Que le<br />

souci d'économie hante les pouvoirs publics,<br />

ce<strong>la</strong> se comprend. Prenons cependant un cas<br />

précis : un patient âgé, modeste, ayant le 100%<br />

aura des difficultés pour avancer l'argent s’il<br />

veut ses médicaments habituels. Prenant des<br />

génériques, le problème de l'observance (notre<br />

lutte permanente) risque de se poser chez ce<br />

type de patient. Ne risque-t-on pas de voir les<br />

résultats sur <strong>la</strong> santé d'une mauvaise observance<br />

avec paradoxalement un retentissement économique<br />

mettant en cause les économies<br />

recherchées ?<br />

A suivre…<br />

Yves Nadjari<br />

Directeur de <strong>la</strong> publication<br />

ynadjari@groupeconsensus.fr<br />

* Source : Enquête CESSIM automne 2012 (recueil cumulé<br />

entre octobre 2011 et janvier 2012, puis de mars à juin 2012).<br />

Résultats complets disponibles pour les adhérents sur<br />

www.cessim.fr<br />

Ce numéro comporte un supplément de 16 pages « ESC<br />

2012 : le TAVI dans les nouvelles recommandations » et un<br />

supplément de 4 pages « Les nouvelles recommandations<br />

de l’European Society of Cardiology sur le STEMI ».<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012<br />

Éditorial<br />

13 • Image d'Epinal<br />

Nico<strong>la</strong>s Danchin<br />

Attitudes<br />

06 • Recommandations ESC 2012 sur <strong>la</strong> prise en charge<br />

de l’infarctus avec sus-déca<strong>la</strong>ge du segment ST (partie II)<br />

Nico<strong>la</strong>s Danchin<br />

10 • Recommandations européennes 2012 sur l’insuffisance<br />

cardiaque chronique : <strong>la</strong> prise en charge<br />

Albert Hagège<br />

14 • Thérapie cellu<strong>la</strong>ire : bi<strong>la</strong>n d’une décennie<br />

Philippe Menasché<br />

ECG<br />

13 • Quiz ECG<br />

Jean-François Leclercq<br />

18 • Réponse Quiz<br />

Art et Cœur<br />

19 • Le cœur vendéen<br />

Marie-Cécile Bouju<br />

Cahier de cardiologie interventionnelle<br />

21 • Editorial<br />

Nico<strong>la</strong>s Meneveau<br />

22 • Indications de l’angiop<strong>la</strong>stie ad hoc : que disent les<br />

recommandations ?<br />

Luc Lorgis, Caroline Brulliard, Olivier Hachet, Philippe Buffet,<br />

Isabelle L’Huillier, Aurélie Gudjoncik, Yves Cottin<br />

26 • La voie radiale expose-t-elle vraiment le patient<br />

et l’opérateur à des doses de rayons supérieures ?<br />

Jean-Louis Georges<br />

31 • Prévention des complications hémorragiques en angiop<strong>la</strong>stie<br />

Nico<strong>la</strong>s Meneveau<br />

35 • Alcoolisation septale : résultats, indications<br />

Patrick Ohlmann<br />

37 • EuroPCR 2012<br />

Congrès<br />

42 • European Society of Cardiology (Munich)<br />

51 • Actualité<br />

5


Nico<strong>la</strong>s Danchin<br />

6<br />

HEGP, Paris<br />

Attitudes<br />

I FMC - recommandations - sociétés savantes - pratique clinique I<br />

Après le long chapitre consacré à <strong>la</strong><br />

prise en charge en pleine phase<br />

aiguë, les recommandations<br />

STEMI de 2012 (1) s'intéressent à <strong>la</strong><br />

phase hospitalière et à <strong>la</strong> transition<br />

vers <strong>la</strong> reprise d'une vie aussi<br />

normale que possible. Le principal<br />

changement, par rapport aux recommandations<br />

de 2008, est <strong>la</strong> rétrogradation des bêtabloquants<br />

en c<strong>la</strong>sse IIa (un niveau de c<strong>la</strong>sse I étant maintenu<br />

dès que sont présents des signes d'insuffisance cardiaque<br />

ou une dysfonction ventricu<strong>la</strong>ire gauche).<br />

Durée et conditions d’hospitalisation<br />

Après avoir rappelé <strong>la</strong> nécessité d’une hospitalisation en<br />

soins intensifs (I, C), est abordée <strong>la</strong> problématique de <strong>la</strong> durée<br />

du séjour hospitalier. Il est recommandé un séjour d’au moins<br />

24 heures en soins intensifs (I, C), ensuite une hospitalisation<br />

de 24 à 48 heures supplémentaires dans un lit ayant un<br />

monitoring ECG peut être envisagée (IIb, C). Le lever peut<br />

être très précoce, en l’absence de dégâts ventricu<strong>la</strong>ires importants<br />

ou de complications. Lorsque l’angiop<strong>la</strong>stie est réalisée<br />

dans un centre tertiaire, un retour le jour même vers<br />

l’hôpital initial peut être envisagé dans certains cas (IIb, C),<br />

en maintenant le monitoring ECG continu pendant le transport.<br />

Enfin, une sortie d’hôpital précoce (72 heures) peut<br />

être envisagée chez les patients à bas risque, à condition<br />

d’avoir organisé <strong>la</strong> réadaptation et le suivi ultérieur (IIb, B).<br />

Examens d’imagerie<br />

Recommandations ESC 2012<br />

sur <strong>la</strong> prise en charge de l'infarctus<br />

avec sus-déca<strong>la</strong>ge du segment ST (partie II)<br />

L’échographie a une p<strong>la</strong>ce de premier p<strong>la</strong>n : dès l’admission, en<br />

cas de doute diagnostique (I, C) à condition de ne pas reporter<br />

<strong>la</strong> coronarographie si ses résultats ne sont pas concluants ; en<br />

phase aiguë, l’échographie est obligatoire pour évaluer <strong>la</strong> fonction<br />

ventricu<strong>la</strong>ire gauche (I, B), mais l’IRM peut constituer une<br />

alternative si l’échographie est impossible (IIb, C). Chez les<br />

patients multitroncu<strong>la</strong>ires, une imagerie de stress (scintigraphie,<br />

échographie, IRM, PET) doit être programmée avant ou après<br />

<strong>la</strong> sortie de l’hôpital, pour rechercher des signes d’ischémie ou<br />

de viabilité (I, A). La recherche de viabilité est importante chez<br />

les patients ayant une dysfonction ventricu<strong>la</strong>ire gauche marquée<br />

; aucune méthode n’offre une supériorité décisive par rapport<br />

aux autres. En revanche, le scanner coronaire n’a pas sa<br />

p<strong>la</strong>ce en routine (III, C).<br />

Autres marqueurs de risque<br />

Un bi<strong>la</strong>n lipidique doit être systématiquement réalisé, dès<br />

que possible après l’admission ; de même, <strong>la</strong> glycémie à jeun<br />

et <strong>la</strong> créatinine doivent faire partie du bi<strong>la</strong>n systématique.<br />

Prise en charge à <strong>la</strong> sortie<br />

➜ Mode de vie<br />

En raison du risque élevé de nouvel accident coronaire, <strong>la</strong><br />

prise en charge au long cours est essentielle, et les premières<br />

bases doivent en être jetées dès <strong>la</strong> phase hospitalière. L’intérêt<br />

et l’importance d’avoir un mode de vie favorable doivent<br />

être expliqués au patient. Ainsi, chaque hôpital doit<br />

avoir un programme anti-tabac (I, B), ainsi qu’un protocole<br />

spécifique pour l’arrêt du tabac (I, C).<br />

Des conseils nutritionnels adaptés doivent être donnés aux<br />

patients : alimentation diversifiée, avec apports accrus de<br />

fruits et légumes, de céréales et de poisson, remp<strong>la</strong>cement<br />

des graisses saturées et trans par des acides gras mono- ou<br />

polyinsaturés, apport calorique adapté pour éviter <strong>la</strong> prise<br />

de poids, enfin, chez les hypertendus, réduction des apports<br />

en sel. De même, une réflexion doit être menée avec chaque<br />

patient pour obtenir une activité physique régulière d’un<br />

niveau suffisant. Un programme de réadaptation fondé sur<br />

l’entraînement à l‘effort est recommandé (I, B). Un niveau<br />

de pression artérielle optimal doit être obtenu et des programmes<br />

spécifiques de gestion du stress peuvent être bénéfiques.<br />

La reprise d’activité doit se discuter au cas par cas, en particulier<br />

en fonction de l’étendue des séquelles ventricu<strong>la</strong>ires<br />

et de <strong>la</strong> persistance éventuelle d’une ischémie myocardique ;<br />

d’une façon générale, un arrêt de travail prolongé doit être<br />

évité. La reprise d’une activité sexuelle peut habituellement<br />

être rapide. Enfin, les vols long-courriers doivent être évités<br />

pendant 4 à 6 semaines en cas d’ischémie ou de dysfonction<br />

ventricu<strong>la</strong>ire gauche marquées.<br />

➜ Médicaments<br />

L’aspirine à faible dose (75-100 mg) doit être utilisée systématiquement<br />

et indéfiniment (I, A), sauf en cas de véritable<br />

intolérance, et le clopidogrel constitue alors une alternative<br />

(I, B). Une double antiagrégation est recommandée (aspirine<br />

+ prasugrel ou aspirine + ticagrelor, de préférence à<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012


Recommandations sur les<br />

traitements antithrombotiques<br />

Un traitement par aspirine à faible dose (75-<br />

100 mg) est recommandé indéfiniment<br />

après STEMI<br />

Chez les patients intolérants à l'aspirine, le<br />

clopidogrel est indiqué comme alternative à<br />

l'aspirine<br />

Un double traitement antiagrégant par aspirine et<br />

prasugrel ou aspirine et ticagrelor (de préférence<br />

à aspirine et clopidogrel) est recommandé chez<br />

les patients traités par angiop<strong>la</strong>stie<br />

Le double traitement par aspirine et antagoniste<br />

des récepteurs à l'ADP par voie orale doit être<br />

continué jusqu'à un maximum de 12 mois avec<br />

un minimum de :<br />

aspirine + clopidogrel) chez les patients ayant eu une angiop<strong>la</strong>stie<br />

(I, A). La durée du double traitement est débattue :<br />

il est recommandé pour une durée pouvant atteindre un an<br />

chez tous les patients après angiop<strong>la</strong>stie (I, C), avec un traitement<br />

d’au moins un mois en cas d’utilisation de stent nu<br />

(I, C) et de 6 mois minimum après utilisation d’un stent actif<br />

(IIb, B). Pour les patients n’ayant pas eu de stent, une double<br />

antiagrégation doit être envisagée, pour une durée maximale<br />

d’un an (IIa, C). Chez les patients ayant un risque<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012<br />

C<strong>la</strong>sse Niveau<br />

I A<br />

I B<br />

I A<br />

I C<br />

• 1 mois pour les patients ayant eu un stent nu I C<br />

• 6 mois pour les patients ayant eu un stent actif IIb B<br />

Le double traitement antiagrégant doit être utilisé<br />

pendant un an maximum chez les patients<br />

n'ayant pas eu de stent<br />

Une protection gastrique par IPP doit être<br />

envisagée pour <strong>la</strong> durée du double traitement<br />

antiagrégant chez les patients à risque<br />

hémorragique élevé<br />

En cas de thrombus intraventricu<strong>la</strong>ire, une<br />

anticoagu<strong>la</strong>tion doit être débutée pour un<br />

minimum de 3 mois<br />

Chez des patients sélectionnés recevant de<br />

l'aspirine et du clopidogrel, le rivaroxaban à<br />

faible dose (2 fois 2,5 mg) peut être envisagé si<br />

le risque hémorragique est faible<br />

En cas d'indication c<strong>la</strong>ire d'anticoagu<strong>la</strong>nts (par<br />

exemple, fibril<strong>la</strong>tion atriale avec score CHA2DS2- VASC ≥ 2 ou prothèse valvu<strong>la</strong>ire mécanique), un<br />

traitement anticoagu<strong>la</strong>nt doit être institué en<br />

plus du traitement antiagrégant<br />

Chez les patients nécessitant un triple traitement<br />

antithrombotique (double traitement antiagrégant<br />

et anticoagu<strong>la</strong>nt), par exemple après pose de<br />

stent et indication impérative d'anticoagu<strong>la</strong>tion,<br />

<strong>la</strong> durée du double traitement antiagrégant doit<br />

être aussi courte que possible pour réduire le<br />

risque de saignement<br />

Tableau 1.<br />

IIa C<br />

IIa C<br />

IIa B<br />

IIb B<br />

I C<br />

I C<br />

hémorragique élevé, il est conseillé d’envisager un traitement<br />

par IPP (IIa, C).<br />

En cas d’indication indiscutable d’anticoagu<strong>la</strong>tion, un traitement<br />

oral est recommandé en plus du traitement antiagrégant<br />

(I, C) ; il convient alors de réduire au minimum <strong>la</strong><br />

durée du double traitement antiagrégant (I, C). En cas de<br />

thrombus intraventricu<strong>la</strong>ire gauche, un traitement anticoagu<strong>la</strong>nt<br />

doit être mis en route pour un minimum de 3 mois<br />

(IIa, B). Enfin, chez les patients traités par aspirine et clopidogrel,<br />

une faible dose de rivaroxaban (2,5 mg 2 fois/j) peut<br />

être envisagée (IIb, B) (Tableau 1).<br />

Un traitement bêtabloquant doit être envisagé dès <strong>la</strong> phase<br />

hospitalière et poursuivi par <strong>la</strong> suite, en l’absence de contreindication<br />

(IIa, B) ; les bêtabloquants doivent être prescrits<br />

en cas d’insuffisance cardiaque ou de dysfonction ventricu<strong>la</strong>ire<br />

gauche (I, A). L’utilisation intraveineuse des bêtabloquants<br />

peut être envisagée à l’admission en l’absence<br />

d’insuffisance cardiaque, si <strong>la</strong> pression artérielle et <strong>la</strong> fréquence<br />

cardiaque sont élevées (IIb, B) ; ils ne doivent pas<br />

être utilisés en cas d’hypotension ou d’insuffisance cardiaque<br />

(III, B). Le vérapamil peut être envisagé comme alternative<br />

aux bêtabloquants si ces médicaments sont contre-indiqués<br />

et s’il n’y a pas d’insuffisance cardiaque (IIb, B).<br />

Un traitement par statines à forte dose doit être prescrit et<br />

poursuivi, en l’absence d’intolérance, quel que soit le niveau<br />

de cholestérol (I, A). Après 4 à 6 semaines, une nouvelle prise<br />

de sang doit permettre de vérifier si l’objectif de 0,70 g/l est<br />

atteint (IIa, C).<br />

Les IEC doivent être prescrits dès les 24 premières heures chez<br />

les patients avec des signes d’insuffisance cardiaque, une dysfonction<br />

ventricu<strong>la</strong>ire gauche systolique, un diabète ou un<br />

infarctus antérieur (I, A). Chez les autres patients, ils doivent<br />

être envisagés, sauf en cas de contre-indication (IIa, A). En<br />

cas d’intolérance aux IEC, les ARA II, et de préférence le valsartan,<br />

constituent une alternative en cas d’insuffisance cardiaque<br />

ou de dysfonction ventricu<strong>la</strong>ire gauche (I, B). En l’absence<br />

d’insuffisance rénale ou d’hyperkaliémie, un<br />

antagoniste de l’aldostérone (par exemple l’éplérénone),<br />

est indiqué chez les patients avec une fraction d’éjection<br />

≤ 40%, ayant une insuffisance cardiaque ou un diabète<br />

(I, B) (Tableau 2, p 8).<br />

Complications de l’infarctus<br />

avec sus-déca<strong>la</strong>ge du segment ST<br />

➜ Insuffisance cardiaque<br />

Le traitement de l’insuffisance cardiaque modérée (c<strong>la</strong>sse<br />

Killip II) repose sur l’oxygénothérapie (I, C), les diurétiques<br />

de l’anse (I, C), les IEC, en l’absence d’hypotension, hypovolémie<br />

ou insuffisance rénale (I, A), avec un ARA II (valsartan)<br />

comme alternative en cas d’intolérance aux IEC (I, B). Un<br />

antialdostérone comme l’éplérénone doit être utilisé si <strong>la</strong><br />

fraction d’éjection est ≤ 40 % (I, B). Les nitrés intraveineux,<br />

le nitroprussiate, doivent être envisagés en cas de pression<br />

artérielle élevée (IIa, C) et les diurétiques thiazidiques en cas<br />

d’intolérance aux IEC et aux ARA II (IIa, C).<br />

En cas d’œdème pulmonaire (c<strong>la</strong>sse Killip III), le traitement<br />

7


epose sur l’oxygène (I, C), <strong>la</strong> venti<strong>la</strong>tion assistée si nécessaire<br />

(I, C), les diurétiques de l’anse comme le furosémide à<br />

<strong>la</strong> dose de 20 à 40 mg IV (I, C), <strong>la</strong> morphine (I, C) et les dérivés<br />

nitrés en l’absence d’hypotension (I, C). Un antialdostérone<br />

comme l’éplérénone doit être utilisé si <strong>la</strong> fraction<br />

d’éjection est ≤ 40 % (I, B). Enfin, une revascu<strong>la</strong>risation myocardique<br />

doit être envisagée (I, C). Les agents inotropes<br />

doivent ou peuvent être envisagés (dopamine ou dobuta-<br />

8<br />

Autres traitements médicamenteux<br />

Un traitement bêtabloquant oral est indiqué chez<br />

les patients avec dysfonction ventricu<strong>la</strong>ire gauche<br />

ou insuffisance cardiaque<br />

Un traitement bêtabloquant oral doit être<br />

envisagé pendant l'hospitalisation et continué<br />

par <strong>la</strong> suite chez tous les patients avec STEMI<br />

sans contre-indication au traitement<br />

Un traitement bêtabloquant IV doit être envisagé<br />

à l'admission chez les patients sans contreindication<br />

ayant une pression artérielle élevée ou<br />

une tachycardie, sans signe d'insuffisance<br />

cardiaque<br />

Il faut éviter les bêtabloquants IV chez les<br />

patients avec hypotension ou insuffisance<br />

cardiaque<br />

Le vérapamil peut être envisagé en prévention<br />

secondaire chez les patients avec contreindication<br />

absolue aux bêtabloquants et sans<br />

insuffisance cardiaque<br />

Les IEC sont indiqués dès les 24 premières<br />

heures chez les patients avec insuffisance<br />

cardiaque, dysfonction ventricu<strong>la</strong>ire gauche,<br />

diabète ou ayant un infarctus antérieur<br />

Un ARA II, de préférence le valsartan, est une<br />

alternative aux IEC chez les patients avec<br />

dysfonction ventricu<strong>la</strong>ire gauche ou insuffisance<br />

cardiaque, particulièrement s'ils sont intolérants<br />

aux IEC<br />

Les IEC doivent être envisagés chez tous les<br />

patients en l'absence de contre-indication<br />

Les antagonistes de l'aldostérone, par exemple<br />

l'éplérénone, sont indiqués chez les patients ayant<br />

une fraction d'éjection ≤ 40 % et de l'insuffisance<br />

cardiaque ou un diabète, en l'absence d'insuffisance<br />

rénale ou d'hyperkaliémie<br />

Il est recommandé d'initier ou de poursuivre un<br />

traitement par statines à haute dose, rapidement<br />

après l'admission, chez tous les patients avec un<br />

STEMI sans contre-indication ou antécédents<br />

d'intolérance, quel que soit le niveau de cholestérol<br />

Une nouvelle mesure du LDL-cholestérol doit être<br />

envisagée après 4 à 6 semaines pour vérifier que<br />

l'objectif cible de 1,8 mmol/l (0,70 g/l) a été<br />

atteint<br />

Tableau 2.<br />

C<strong>la</strong>sse Niveau<br />

I A<br />

IIa B<br />

IIa B<br />

III B<br />

IIb B<br />

I A<br />

I B<br />

IIa A<br />

I B<br />

I A<br />

IIa C<br />

mine [IIa, C]; lévosimendan [IIb, C]). Enfin, l’ultrafiltration<br />

doit être envisagée au besoin (IIa, B).<br />

Le choc cardiogénique nécessite une prise en charge spécifique<br />

: échographie en urgence à <strong>la</strong> recherche de complications<br />

mécaniques (I, C), transfert dans un centre tertiaire<br />

(I, C), revascu<strong>la</strong>risation en urgence par angiop<strong>la</strong>stie ou pontage,<br />

au besoin (I, B) ; l’oxygénothérapie et l’assistance respiratoire<br />

sont également recommandées (I, C). La fibrinolyse<br />

doit être envisagée si un traitement de revascu<strong>la</strong>risation<br />

n’est pas possible (IIa, C). La dopamine et <strong>la</strong> dobutamine doivent<br />

être envisagées (IIa, C). La contre-pulsion aortique<br />

(IIb, B), les autres assistances circu<strong>la</strong>toires (IIb, C), l’utilisation<br />

d’un cathéter de Swan-Ganz (IIb, B) ou de <strong>la</strong> noradrénaline<br />

(IIb, B) peuvent être envisagées.<br />

➜ Troubles du rythme<br />

La survenue d’une fibril<strong>la</strong>tion atriale n’est pas rare au stade<br />

aigu de l’infarctus. Une stratégie de retour en rythme sinusal<br />

doit être envisagée quand l’arythmie est secondaire à<br />

l’ischémie aiguë (IIa, C). En l’absence de signe d’insuffisance<br />

cardiaque, les bêtabloquants ou, le cas échéant, le vérapamil<br />

ou le diltiazem sont indiqués pour le contrôle de <strong>la</strong><br />

fréquence cardiaque (I, A) ; en cas d’insuffisance cardiaque<br />

ou d’hypotension, il est recommandé d’utiliser l’amiodarone<br />

ou les digitaliques IV (I, B). Une cardioversion doit être effectuée<br />

si <strong>la</strong> fréquence cardiaque reste rapide, avec une mauvaise<br />

tolérance hémodynamique ou ischémique (I, C). Si <strong>la</strong><br />

fibril<strong>la</strong>tion atriale est récente, l’amiodarone est indiquée<br />

pour tenter le retour en rythme sinusal (I, A). La digoxine,<br />

le vérapamil, le sotalol et les autres bêtabloquants sont inefficaces<br />

pour permettre le retour au rythme sinusal et ne doivent<br />

pas être utilisés dans ce but (III, A, B ou C).<br />

➜ Troubles du rythme ventricu<strong>la</strong>ire<br />

et troubles de <strong>la</strong> conduction<br />

La cardioversion est indispensable en cas de fibril<strong>la</strong>tion ou<br />

de tachycardie ventricu<strong>la</strong>ire soutenue (I, C). L’amiodarone<br />

doit être envisagée en cas de récidive (IIa, C) ; de même, le<br />

pacing ventricu<strong>la</strong>ire doit être envisagé en cas de TV incessante<br />

(IIa, C). Les salves de TV non soutenue récidivantes peuvent<br />

faire l’objet d’une simple surveil<strong>la</strong>nce ou être traitées<br />

par bêtabloquants IV, sotalol ou amiodarone (IIa, C). La lidocaïne<br />

ou le sotalol peuvent être envisagés en cas de TV récurrente<br />

(IIb, C). Les TV polymorphes doivent être traitées par<br />

bêtabloquants (I, B) ou amiodarone IV (I, C) et peuvent justifier<br />

<strong>la</strong> recherche d’une cause ischémique par une coronarographie<br />

en urgence, si celle-ci n’a pas été réalisée (I, C).<br />

Les désordres électrolytiques doivent être corrigés (I, C).<br />

Les bradycardies sinusales avec mauvaise tolérance hémodynamique,<br />

les blocs auriculo-ventricu<strong>la</strong>ires Möbitz 2 ou du<br />

3 e degré justifient un traitement par atropine (I, C), ou un<br />

entraînement électrophysiologique provisoire (I, C), ainsi<br />

qu’une coronarographie en vue d’un geste de revascu<strong>la</strong>risation<br />

si celui-ci n’a pas déjà été réalisé.<br />

A plus long terme, une évaluation électrophysiologique en<br />

vue de l’imp<strong>la</strong>ntation d’un défibril<strong>la</strong>teur doit être réalisée<br />

en cas de dysfonction VG sévère avec TV soutenue, ou chez<br />

les patients qui ont présenté une fibril<strong>la</strong>tion ventricu<strong>la</strong>ire<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012


au-delà de <strong>la</strong> phase aiguë (I, A). L’imp<strong>la</strong>ntation d’un défibril<strong>la</strong>teur<br />

est indiquée pour réduire <strong>la</strong> mortalité en cas de dysfonction<br />

VG sévère avec TV soutenue instable ou fibril<strong>la</strong>tion<br />

au-delà de <strong>la</strong> phase aiguë (I, A). Chez les patients ayant une<br />

fraction d’éjection ≤ 40 %, une évaluation électrophysiologique<br />

doit être faite au moins 40 jours après l’épisode aigu<br />

pour juger de l’intérêt de l’imp<strong>la</strong>ntation préventive d’un<br />

défibril<strong>la</strong>teur.<br />

➜ Autres complications<br />

Les insuffisances mitrales par rupture de pilier ou de cordages<br />

nécessitent une réparation chirurgicale en urgence.<br />

La rupture de paroi libre, si elle n’est pas immédiatement<br />

mortelle, nécessite une ponction péricardique et une chirurgie<br />

immédiate.<br />

La contre-pulsion intra-aortique peut aider à stabiliser les<br />

patients ayant une rupture septale en attendant une intervention<br />

chirurgicale, dont <strong>la</strong> date optimale n’est pas consensuelle.<br />

L’infarctus du ventricule droit est généralement diagnostiqué<br />

aisément à l’échographie ; les diurétiques et les vasodi<strong>la</strong>tateurs<br />

doivent être évités et le remplissage peut aider à<br />

stabiliser l’hémodynamique. Les complications rythmiques<br />

doivent être traitées immédiatement.<br />

La survenue d’une péricardite est devenue un événement<br />

plus rare. Le traitement repose avant tout sur l’aspirine, le<br />

<strong>Consensus</strong> Cardio apporte<br />

son soutien au Congrès Cœur et Sport,<br />

organisé par le Club des cardiologues<br />

du sport, présidé par<br />

le Pr François Carré.<br />

Cette année les thèmes abordés<br />

porteront sur l'aéronautique,<br />

le rugby, le dopage, <strong>la</strong> femme sportive,<br />

les troubles du rythme… Les ateliers<br />

pratiques et les cas cliniques occuperont<br />

toujours une <strong>la</strong>rge p<strong>la</strong>ce.<br />

Rendez-vous les<br />

23 et 24 novembre<br />

à Toulouse<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012<br />

paracétamol et <strong>la</strong> colchicine ; les anticoagu<strong>la</strong>nts doivent être<br />

interrompus, sauf s’ils sont jugés absolument indispensables.<br />

En cas d’infarctus étendu, les IEC, les sartans et les antagonistes<br />

de l’aldostérone limitent le risque de remode<strong>la</strong>ge et<br />

de formation d’anévrismes authentiques.<br />

Il était c<strong>la</strong>ssiquement recommandé de donner des anticoagu<strong>la</strong>nts<br />

pendant 6 mois en cas de thrombus ventricu<strong>la</strong>ire<br />

gauche ; peu de données sont disponibles à l’ère du traitement<br />

combiné à une double antiagrégation, et il paraît souhaitable<br />

de faire une échographie de contrôle à 3 mois, qui<br />

peut alors permettre d’arrêter les anticoagu<strong>la</strong>nts si le thrombus<br />

a disparu, ce qui devrait réduire le risque hémorragique<br />

lié à <strong>la</strong> triple association antithrombotique. ■<br />

Pour en savoir plus<br />

1. Steg G, James S, Atar D, et al. ESC guidelines for the management of<br />

acute myocardial infarction in patients presenting with ST-segment<br />

elevation: The Task Force on the management of ST-segment elevation<br />

acute myocardial infarction of the European Society of Cardiology<br />

(ESC). Eur Heart J 2012; DOI:10.1093/eurheartj/ehs215.<br />

Pour toute correspondance avec l’auteur<br />

nico<strong>la</strong>s.danchin@egp.aphp.fr<br />

9


Albert Hagège<br />

Département de cardiologie,<br />

HEGP, Paris<br />

Diagnostic<br />

10<br />

Attitudes<br />

I FMC - recommandations - sociétés savantes - pratique clinique I<br />

Concernant <strong>la</strong> prise en charge usuelle,<br />

les principales avancées de ce document<br />

(1) par rapport aux recommandations<br />

2008 sont : une extension<br />

des indications des antialdostérones<br />

et de <strong>la</strong> resynchronisation et l’apparition<br />

de l’ivabradine.<br />

En cas de suspicion d’insuffisance cardiaque, le diagnostic<br />

doit, après avoir intégré les données ECG et de <strong>la</strong> radiographie<br />

de thorax, reposer sur l’échocardiographie et le dosage<br />

des hormones natriurétiques.<br />

➜ Hormones natriurétiques<br />

Recommandations européennes 2012<br />

sur l’insuffisance cardiaque chronique :<br />

prise en charge<br />

Sont considérés comme évocateurs du diagnostic des taux<br />

de BNP ou de NT-proBNP respectivement > 100 et 300 pg/ml<br />

en cas de symptômes aigus ou d’aggravation récente, et respectivement<br />

> 35 et 125 pg/ml dans les autres cas.<br />

Un taux de BNP ou de NT-proBNP normal chez un patient<br />

présentant des symptômes d’insuffisance cardiaque et<br />

non traité exclut le diagnostic, rendant <strong>la</strong> nécessité d’une<br />

échographie discutable.<br />

➜ Insuffisance cardiaque systolique versus diastolique<br />

Le distinguo est basé sur <strong>la</strong> quantification de <strong>la</strong> fonction systolique<br />

par <strong>la</strong> mesure de <strong>la</strong> fraction d’éjection du ventricule<br />

gauche (FEVG) par méthode échographique apicale bip<strong>la</strong>n<br />

(Simpson) ; si FEVG < 35%, on parle d’insuffisance cardiaque<br />

systolique, > 45-50% d’insuffisance cardiaque à FEVG préservée,<br />

et entre les 2, il s’agit probablement d’une insuffisance<br />

cardiaque avec altération modérée de <strong>la</strong> fonction systolique.<br />

➜ Critères échographiques d’appréciation de <strong>la</strong> dysfonction<br />

diastolique<br />

Les paramètres de re<strong>la</strong>xation sont dépendants des conditions<br />

de charge, de l’âge, de <strong>la</strong> fréquence cardiaque, de <strong>la</strong><br />

masse corporelle… et des conditions d’examen. Une combinaison<br />

des critères échographiques doit être utilisée faisant<br />

appel entre autres à l’évaluation du flux transmitral<br />

(Em), du Doppler tissu<strong>la</strong>ire à l’anneau mitral (Ea), l’élévation<br />

du ratio Em/Ea étant corrélée à celle des pressions de remplissage.<br />

Une vélocité normale de Ea (> 8 cm/s en septal, 10 cm/s en<br />

<strong>la</strong>téral ou > 9 cm/s en moyenne) est très inhabituelle chez<br />

un patient avec insuffisance cardiaque.<br />

Un ratio Em/Ea > 2 signe l’élévation de PTDVG en cas de FEVG<br />

altérée, de même que <strong>la</strong> transition d’une valeur de<br />

Em/Ea = 1-2 (pseudo-normal) vers un ratio > 0,5 après Valsalva.<br />

Pour le diagnostic échographique d’insuffisance cardiaque<br />

à FEVG préservée (> 50%), l’hypertrophie du ventricule<br />

gauche (> 95 g/m² chez <strong>la</strong> femme et 115 g/m² chez l’homme)<br />

et <strong>la</strong> di<strong>la</strong>tation atriale gauche (> 34 ml/m² en l’absence de<br />

fibril<strong>la</strong>tion atriale) sont de bons indices. Une élévation des<br />

pressions de remplissage est évoquée lorsque Ea moyenné<br />

est inférieur à 9 cm/s en et/ou quand Em/Ea est supérieur à<br />

15 cm/s. La présence d’au moins 2 mesures anormales et/ou<br />

d’une fibril<strong>la</strong>tion atriale augmente <strong>la</strong> probabilité du diagnostic.<br />

Les manœuvres de sensibilisation telles que l’effort, ainsi<br />

que les nouvelles techniques (strain, speckle tracking) ne<br />

sont pas proposées en routine pour le diagnostic.<br />

Traitement de l’insuffisance cardiaque<br />

systolique (Figure 1)<br />

➜ Traitement pharmacologique<br />

Les IEC et bêtabloquants (bisoprolol, carvédilol, métoprolol,<br />

nébivolol) devraient être introduits le plus précocement<br />

possible dans l’insuffisance cardiaque systolique (FEVG<br />

≤ 40%) symptomatique.<br />

En cas d’intolérance, <strong>la</strong> prescription d’antialdostérone (éplérénone,<br />

spirono<strong>la</strong>ctone) peut être remp<strong>la</strong>cée par celle d’un<br />

antagoniste des récepteurs de l’angiotensine II (ARA II) : candésartan,<br />

valsartan, losartan.<br />

L’ivabradine a une AMM européenne au-delà d’une fréquence<br />

cardiaque (FC) ≥ 75/min malgré une dose cible (ou<br />

maximale tolérée) de bêtabloquant ; elle peut être aussi utilisée<br />

en alternative au bêtabloquant en cas d’intolérance ou<br />

de contre-indication.<br />

La digoxine peut être utilisée plus tôt pour ralentir une fibril<strong>la</strong>tion<br />

atriale, en général en association à un bêtabloquant.<br />

Il en est de même de l’association hydra<strong>la</strong>zine et dinitrate<br />

d’isosorbide (H-ISDN) en cas d’intolérance aux IEC et ARA II.<br />

L’addition d’oméga-3 peut être discutée chez les patients<br />

sous IEC, bêtabloquant et antialdostérone. Les statines, inhibiteurs<br />

de <strong>la</strong> rénine et anticoagu<strong>la</strong>nts oraux ne sont pas<br />

recommandés à titre systématique.<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012


Figure 1.<br />

Prise en charge de l’insuffisance cardiaque systolique chronique symptomatique (NYHA II-IV)<br />

+ ivabradine<br />

FEVG ≤ 35%<br />

Discuter CRT-P/CRT-D<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012<br />

Diurétiques (symptômes/signes congestifs)<br />

+<br />

QRS ≥ 120 msec<br />

Encore NYHA II-IV ?<br />

+ antialdostérone<br />

Encore NYHA II-IV ?<br />

Rythme sinusal et FC ≥ 70/min<br />

Encore NYHA II-IV et FEVG ≤ 35%?<br />

OUI<br />

OUI<br />

OUI<br />

OUI<br />

OUI<br />

OUI<br />

OUI<br />

NON<br />

NON<br />

NON<br />

NON<br />

Discuter DAI<br />

Envisager digoxine et/ou H-ISDN<br />

Si phase terminale, assistance et/ou greffe<br />

IEC (ou ARA II si intolérance)<br />

+ bêtabloquant<br />

Encore NYHA II-IV ?<br />

NON<br />

NON<br />

NON<br />

Pas de traitement spécifique<br />

Prise en charge globale<br />

11


Figure 2.<br />

➜ Défibril<strong>la</strong>teur automatique imp<strong>la</strong>ntable (DAI)<br />

Le DAI est recommandé en prévention primaire chez le<br />

patient symptomatique (NYHA II-IV) avec FEVG ≤ 35% en<br />

dépit d’un traitement pharmacologique optimal avec une<br />

survie prédite > 1 an en bon état fonctionnel. Chez le patient<br />

asymptomatique, en cas d’antécédent d’infarctus avec FEVG<br />

≤ 35%, l’imp<strong>la</strong>ntation d’un DAI doit être discutée. Le DAI<br />

n’est pas indiqué en c<strong>la</strong>sse NYHA IV.<br />

➜ Resynchronisation ventricu<strong>la</strong>ire (CRT)<br />

La resynchronisation ventricu<strong>la</strong>ire avec fonction pacemaker<br />

(CRT-P) ou défibril<strong>la</strong>teur (CRT-D) est indiquée chez les patients<br />

en rythme sinusal en c<strong>la</strong>sse NYHA III/IV avec FEVG ≤ 35% per-<br />

12<br />

Contrôle de <strong>la</strong> fréquence ventricu<strong>la</strong>ire dans l’insuffisance cardiaque en FA<br />

persistante/permanente hors décompensation aiguë<br />

Bêtabloquant<br />

Cadence ventricu<strong>la</strong>ire contrôlée ?<br />

NON<br />

+ digoxine<br />

Cadence ventricu<strong>la</strong>ire contrôlée ?<br />

Cadence ventricu<strong>la</strong>ire contrôlée ? Cadence ventricu<strong>la</strong>ire contrôlée ?<br />

NON<br />

Cadence ventricu<strong>la</strong>ire contrôlée ? Cadence ventricu<strong>la</strong>ire contrôlée ?<br />

Avis spécialisé<br />

Discuter ab<strong>la</strong>tion du NAV<br />

FEVG altérée FEVG préservée<br />

OUI<br />

Remp<strong>la</strong>cer digoxine<br />

par amiodarone<br />

OUI<br />

Traitement<br />

d’entretien<br />

Inhibiteur calcique (ICC)<br />

bradycardisant<br />

(ou bêtabloquant)<br />

OUI NON<br />

+ digoxine<br />

OUI NON<br />

Remp<strong>la</strong>cer digoxine par<br />

bêtabloquant ou ICC<br />

bradycardisant<br />

NON OUI<br />

OUI NON<br />

Avis spécialisé<br />

Discuter ab<strong>la</strong>tion du NAV<br />

sistante en dépit du traitement médical optimal, survie prédite<br />

> 1 an en état fonctionnel acceptable, et aspect de bloc<br />

de branche gauche (BBG) avec QRS ≥ 120 msec. En l’absence<br />

d’aspect de BBG, un QRS ≥ 150 msec est exigé.<br />

La resynchronisation ventricu<strong>la</strong>ire (plutôt CRT-D) est indiquée<br />

chez les patients en rythme sinusal en c<strong>la</strong>sse NYHA II<br />

avec FEVG ≤ 30% persistante en dépit du traitement médical<br />

optimal, survie prédite > 1 an en état fonctionnel acceptable,<br />

et aspect de BBG avec QRS ≥ 130 msec. En l’absence<br />

d’aspect de BBG, un QRS ≥ 150 msec est exigé.<br />

Le bénéfice de <strong>la</strong> resynchronisation ventricu<strong>la</strong>ire est incertain<br />

chez les patients symptomatiques (NYHA II/IV) avec FEVG<br />

≤ 35% persistante en dépit du traitement médical optimal,<br />

en fibril<strong>la</strong>tion atriale ou avec indication de pacemaker<br />

conventionnel et QRS ≥ 120 msec.<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012


Prise en charge de <strong>la</strong> fibril<strong>la</strong>tion atriale (Figure 2)<br />

La cardioversion électrique ou pharmacologique (amiodarone)<br />

doit être envisagée chez les patients symptomatiques en dépit<br />

du traitement médical optimal et d’un bon contrôle de <strong>la</strong> FC.<br />

L’amiodarone est seule indiquée pour <strong>la</strong> maintenance du<br />

rythme sinusal.<br />

Les inhibiteurs calciques à effet bradycardisant devraient<br />

être évités dans l’insuffisance cardiaque systolique.<br />

L’anticoagu<strong>la</strong>tion est le plus souvent systématique, sauf<br />

risque hémorragique majeur.<br />

L’association d’une anticoagu<strong>la</strong>tion orale avec un antiagrégant<br />

p<strong>la</strong>quettaire n’est pas recommandée plus de 12 mois<br />

après un événement coronaire ou artériel aigu. Après ce<br />

dé<strong>la</strong>i, seule l’anticoagu<strong>la</strong>tion orale devrait être maintenue.<br />

Prise en charge des comorbidités<br />

Elle est essentielle chez l’insuffisant cardiaque, <strong>la</strong> plupart des<br />

comorbidités aggravant <strong>la</strong> gêne fonctionnelle et le pronostic.<br />

Parmi celles-ci, l’anémie pourrait bénéficier de perfusions<br />

de fer, <strong>la</strong> cachexie (perte de poids ≥ 6% en 6-12 mois) de suppléments<br />

nutritionnels, voire d’agents anabolisants, <strong>la</strong> bronchopathie<br />

chronique obstructive de corticoïdes inhalés (en<br />

évitant le carvédilol), <strong>la</strong> dépression d’inhibiteurs de <strong>la</strong> séro-<br />

Quiz ECG<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012<br />

tonine (en évitant les tricycliques), <strong>la</strong> dysfonction érectile<br />

des inhibiteurs des phosphodiestérases, le syndrome d’apnées<br />

du sommeil d’un traitement spécifique (des troubles<br />

du sommeil sont présents chez un tiers des patients)…<br />

Prise en charge globale<br />

L’exercice physique régulier en aérobiose est recommandé<br />

de même que <strong>la</strong> participation à un programme de prise en<br />

charge multidisciplinaire (associant cardiologues, médecins<br />

généralistes, infirmières…) centré sur l’éducation du patient.<br />

Le traitement guidé par les dosages d’hormones natriurétiques<br />

reste discutable. ■<br />

Pour en savoir plus<br />

1. McMurray JJ, et al. ESC Guidelines for the diagnosis and treatment of<br />

acute and chronic heart failure 2012: The Task Force for the<br />

Diagnosis and Treatment of Acute and Chronic Heart Failure 2012 of the<br />

European Society of Cardiology. Eur Heart J 2012; 33: 1787-847.<br />

Pour toute correspondance avec l’auteur<br />

hagege@club-internet.fr<br />

Jean-François Leclercq<br />

Paris et Le Chesnay<br />

C’est l’histoire d’une jeune fille de 17 ans, consultant pour des palpitations fréquentes. L’examen clinique est normal<br />

en dehors d’irrégu<strong>la</strong>rités à l’auscultation. Elle ne prend aucun traitement. De fait, <strong>la</strong> patiente décrit des ratés, et des<br />

tachycardies rapides à début et fin brusques. Quelle est votre interprétation ? Quel traitement proposez-vous ?<br />

Réponse en page 18<br />

13


14<br />

Attitudes<br />

I FMC - recommandations - sociétés savantes - pratique clinique I<br />

Philippe Menasché<br />

Département de chirurgie cardiaque,<br />

HEGP, université Paris-Descartes, Paris<br />

Depuis un peu plus d’une dizaine d’années (<strong>la</strong> première<br />

imp<strong>la</strong>ntation intramyocardique humaine de cellules muscu<strong>la</strong>ires<br />

remonte à 2000), <strong>la</strong> thérapie cellu<strong>la</strong>ire s’est imposée<br />

comme l’une des nouvelles options possibles pour améliorer<br />

le traitement de l’infarctus du myocarde et de<br />

l’insuffisance cardiaque chronique.<br />

Aux multiples travaux expérimentaux ont succédé<br />

(lorsqu’elles ne les ont pas précédés…) d’aussi nombreuses<br />

études cliniques dont les résultats contrastés ont fait naître<br />

un sentiment de scepticisme à hauteur des espoirs excessifs<br />

que ce nouveau concept avait suscités.<br />

Le moment semble donc venu de tirer un bi<strong>la</strong>n global de<br />

cette première décennie, et surtout de réfléchir à <strong>la</strong> manière<br />

dont tous ces résultats peuvent être utilisés pour bâtir, de<br />

façon plus efficace, <strong>la</strong> seconde génération d’essais cliniques.<br />

Résultats dans l’infarctus du myocarde<br />

Dans le cadre de l’infarctus du myocarde vu au stade aigu,<br />

rappelons que <strong>la</strong> procédure <strong>la</strong> plus couramment utilisée a<br />

été l’infusion de cellules mononucléées autologues de <strong>la</strong><br />

moelle sanguine dans l’artère coronaire responsable de l’infarctus,<br />

préa<strong>la</strong>blement rouverte. L’administration d’une fraction<br />

purifiée de ces cellules (progéniteurs CD34 + ) a été plus<br />

rare tout comme l’injection intraveineuse de cellules souches<br />

mésenchymateuses allogéniques, créditées d’un privilège<br />

immunologique autorisant une telle origine, sans traitement<br />

immunosuppresseur associé. Sans doute le résultat qui<br />

résume le mieux ces essais est-il celui, récemment publié,<br />

d’une méta-analyse entreprise par le centre Cochrane (1) .<br />

L’analyse de 1 765 patients inclus dans 33 essais contrôlés<br />

randomisés fait ainsi apparaître, en dépit d’une très forte<br />

hétérogénéité entre les séries, un modeste bénéfice de <strong>la</strong><br />

thérapie cellu<strong>la</strong>ire sur <strong>la</strong> fonction ventricu<strong>la</strong>ire gauche : le<br />

gain en termes de fraction d’éjection ventricu<strong>la</strong>ire gauche,<br />

par comparaison aux patients des groupes contrôles, est de<br />

2,87% et se maintient à long terme (3,75% avec un suivi de<br />

12 à 61 mois) sans conséquence (comme ce<strong>la</strong> était prévisible)<br />

sur <strong>la</strong> morbi-mortalité.<br />

Fait notable, les différences ne sont statistiquement significatives<br />

entre les groupes contrôles et traités que lorsque<br />

l’évaluation fonctionnelle est fondée sur l’échographie ; elles<br />

ne le sont pas dans les séries utilisant l’imagerie par résonance<br />

magnétique (IRM).<br />

Indépendamment de <strong>la</strong> technique d’évaluation, plusieurs<br />

paramètres influençant les résultats ont pu être identifiés,<br />

notamment le degré d’altération initiale de <strong>la</strong> fonction ventricu<strong>la</strong>ire<br />

gauche (les patients chez lesquels elle est le plus<br />

altérée étant ceux qui semblent bénéficier le plus de <strong>la</strong> thérapie<br />

cellu<strong>la</strong>ire), <strong>la</strong> dose de cellules injectées, <strong>la</strong> technique<br />

de leur préparation (avec un effet inhibiteur de l’héparine)<br />

Thérapie cellu<strong>la</strong>ire :<br />

bi<strong>la</strong>n d’une décennie<br />

et le moment précis de l’injection (une thérapie différée<br />

au-delà d’environ une semaine semb<strong>la</strong>nt perdre toute efficacité).<br />

Au-delà de ces enseignements naturellement précieux pour<br />

mettre en p<strong>la</strong>ce des essais dont l’optimisation passe par leur<br />

prise en compte, une observation essentielle est le caractère<br />

souvent défectueux de <strong>la</strong> fonction même des cellules médul<strong>la</strong>ires<br />

chez les patients présentant les facteurs de risque de<br />

ma<strong>la</strong>die athéromateuse. Le paradoxe est donc d’utiliser un<br />

traitement chez des sujets dont <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die sous-jacente fait<br />

qu’il risque d’être peu efficace. Pour remédier à ce problème,<br />

une solution est d’essayer de corriger in vitro les anomalies<br />

fonctionnelles des cellules médul<strong>la</strong>ires avant de les injecter.<br />

Conceptuellement élégante, techniquement réalisable dans<br />

un contexte expérimental, cette approche semble assez peu<br />

réaliste en clinique.<br />

L’alternative est d’utiliser des cellules allogéniques provenant<br />

de banques dûment qualifiées, notamment sur le p<strong>la</strong>n<br />

fonctionnel. Cette approche est celle qui a été utilisée avec<br />

des cellules mésenchymateuses ; les résultats en sont jugés<br />

excellents par <strong>la</strong> société promotrice de l’essai (Osiris) sans<br />

qu’il soit facile de faire <strong>la</strong> part entre les gages à donner à<br />

des investisseurs inquiets et <strong>la</strong> réalité médicale. Il n’en reste<br />

pas moins que cette thérapie allogénique présente d’indiscutables<br />

avantages : validation fonctionnelle et reproductibilité<br />

des lots de cellules, simplification logistique, disponibilité<br />

immédiate ; elle peut par ailleurs se justifier par<br />

l’observation, également bien établie, que les cellules injectées<br />

ne vont pas « devenir » des cellules cardiaques ou vascu<strong>la</strong>ires<br />

et que leur rôle est avant tout de sécréter des facteurs<br />

susceptibles d’activer des voies endogènes<br />

cytoprotectrices (principalement augmentation de l’angiogenèse,<br />

diminution de l’apoptose et de <strong>la</strong> fibrose) ; dans ces<br />

conditions, l’élimination de cellules étrangères par une<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012<br />

© BSIP


éponse immune (le privilège immunologique de ces cellules<br />

mésenchymateuses est, en effet, très discuté) n’est pas nécessairement<br />

un inconvénient dès lors que les cellules ont survécu<br />

assez longtemps pour exercer cet effet paracrine, et<br />

sur ce p<strong>la</strong>n, les cellules mésenchymateuses (de <strong>la</strong> moelle sanguine<br />

ou du tissu adipeux) sont, en effet, de bons candidats,<br />

compte tenu de leur forte activité sécrétoire.<br />

A côté de <strong>la</strong> fonction des cellules, un autre facteur prédictif<br />

du résultat a été identifié : le degré de leur rétention dans<br />

le myocarde cible. Malheureusement, les observations<br />

concordent pour montrer que cette rétention est très faible.<br />

Plusieurs approches sont donc en cours d’évaluation<br />

pour tenter d’augmenter le nombre de cellules persistant<br />

dans le tissu receveur. Sans doute <strong>la</strong> plus simple est-elle fondée<br />

sur de nouveaux cathéters permettant une extravasation<br />

extravascu<strong>la</strong>ire des cellules et diminuant donc d’autant<br />

leur fuite vers les poumons ou <strong>la</strong> rate. Une stratégie plus é<strong>la</strong>borée,<br />

dont les premiers résultats cliniques ont été jugés<br />

encourageants, consiste à recourir à des moyens physiques<br />

(chocs par ultrasons) pour stimuler <strong>la</strong> production par le myocarde<br />

de facteurs susceptibles d’« attirer » les cellules circu<strong>la</strong>ntes<br />

et donc de les « figer » dans <strong>la</strong> zone cible. C’est toutefois<br />

une approche c<strong>la</strong>ssique (injection intracoronaire<br />

précoce après l’infarctus de cellules médul<strong>la</strong>ires mononucléées<br />

autologues chez des patients dont <strong>la</strong> fraction d’éjection<br />

est ≤ 45%) qui a été retenue pour être évaluée dans un<br />

vaste essai européen randomisé dont <strong>la</strong> taille (3 000 patients)<br />

devrait permettre de c<strong>la</strong>rifier <strong>la</strong> question.<br />

Résultats dans l’insuffisance cardiaque<br />

chronique<br />

Dans le cadre de l’insuffisance cardiaque chronique, les résultats<br />

publiés à ce jour n’emportent pas davantage <strong>la</strong> conviction.<br />

Qu’il s’agisse de cellules médul<strong>la</strong>ires ou de myob<strong>la</strong>stes<br />

(cellules souches squelettiques), que ces cellules soient injectées<br />

par voie épicardique lors de pontages coronaires ou par<br />

cathétérisme intracoronaire ou endocardique, aucune amélioration<br />

cliniquement pertinente n’a pu être démontrée<br />

dans les re<strong>la</strong>tivement rares études randomisées, contrôlées<br />

et en double insu. Quelques essais ont néanmoins rapporté<br />

des résultats encourageants qui concernent habituellement<br />

<strong>la</strong> fonction régionale ou <strong>la</strong> perfusion et suggèrent qu’un certain<br />

effet thérapeutique, même modeste, est néanmoins<br />

possible.<br />

Sur <strong>la</strong> base de données expérimentales concordantes, il est<br />

c<strong>la</strong>ir cependant que ce bénéfice n’est pas dû, à ce jour, à une<br />

véritable régénération du myocarde. En effet, l’espoir d’une<br />

p<strong>la</strong>sticité des cellules adultes se transdifférenciant en cardiomyocytes<br />

sous l’influence de leur nouvel environnement<br />

myocardique semble utopique. Le bénéfice inconstamment<br />

observé des injections de cellules muscu<strong>la</strong>ires ou médul<strong>la</strong>ires<br />

s’explique donc ici encore par l’effet des facteurs sécrétés<br />

par les cellules. La vraie question, non tranchée, est de savoir<br />

si ces effets paracrines de cellules transp<strong>la</strong>ntées dans des<br />

cicatrises fibreuses sont suffisamment puissants pour avoir<br />

un impact thérapeutique ou s’il ne faut pas plutôt poursuivre<br />

l’objectif initial d’un remp<strong>la</strong>cement physique des cellules<br />

myocardiques détruites, par <strong>la</strong> transp<strong>la</strong>ntation de cellules<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012<br />

intrinsèquement douées d’un véritable potentiel de différenciation<br />

cardiomyogénique, susceptibles de s’intégrer sur<br />

le p<strong>la</strong>n électromécanique dans le myocarde receveur et pouvant<br />

ainsi contribuer à améliorer sa fonction contractile.<br />

SCIPIO et CADUCEUS : deux essais cliniques<br />

utilisant des cellules cardiaques<br />

C’est dans ce contexte qu’une forte publicité, liée à l’excellence<br />

scientifique du journal qui a publié ces résultats et<br />

re<strong>la</strong>yée par les médias, a été donnée à deux essais cliniques<br />

qui ont utilisé des cellules cardiaques. Identifiées même comme<br />

des cellules souches cardiaques dans le premier (SCIPIO), elles<br />

ont été isolées (sur <strong>la</strong> base d’un marqueur spécifique) et cultivées<br />

in vitro à partir d’une biopsie de l’auricule droit réalisée<br />

lors d’une intervention de chirurgie cardiaque, avant<br />

d’être réinjectées par voie intracoronaire quelques semaines<br />

plus tard (2) . Les spécialistes s’accordent aujourd’hui à reconnaître<br />

que <strong>la</strong> multitude de failles méthodologiques entachant<br />

cet essai ne permet pas de conclure que ces cellules<br />

ont réellement exercé un effet « régénérateur » et jette<br />

même un doute sur le bénéfice fonctionnel rapporté. Au<br />

demeurant, l’existence même de cellules souches cardiaques<br />

dans le cœur humain adulte et a fortiori pathologique, qui<br />

seraient susceptibles d’être mobilisées et de se substituer<br />

aux cardiomyocytes détruits, est fortement discutée.<br />

Plus modeste dans ses ambitions (on y parle de cellules cardiaques<br />

sans préjuger de leur caractère de cellules souches),<br />

le second essai (CADUCEUS) a consisté à prélever un fragment<br />

de muscle ventricu<strong>la</strong>ire droit par biopsie transjugu<strong>la</strong>ire,<br />

à en isoler des cellules qui semblent assez hétérogènes,<br />

avec une forte composante mésenchymateuse et à les réinjecter,<br />

comme dans l’étude précédente, par voie intracoronaire<br />

(3) . Ici encore, les résultats sont jugés positifs par les<br />

auteurs, même si certains s’interrogent sur le fait que le<br />

bénéfice, établi par l’IRM sous forme d’une réduction de <strong>la</strong><br />

zone nécrosée, ne s’accompagne pas d’une amélioration de<br />

<strong>la</strong> fonction cardiaque. L’évaluation de cette stratégie va<br />

néanmoins se poursuivre sous <strong>la</strong> forme d’un plus vaste essai<br />

randomisé (ALLSTAR) qui utilisera le même type de cellules,<br />

mais d’origine allogénique. Le fait que les auteurs assument<br />

l’hypothèse de <strong>la</strong> disparition, par rejet, de ces cellules traduit<br />

bien que dans leur esprit, elles agissent plus ici encore<br />

par des effets paracrines que par <strong>la</strong> formation d’un tissu<br />

contractile.<br />

Cette génération d’un nouveau myocarde ne semble en fait<br />

pouvoir être obtenue que par des cellules souches pluripotentes,<br />

prédifférenciées in vitro vers un phénotype cardiaque<br />

ou plus généralement mésodermique (avec alors possibilité<br />

d’une différenciation à <strong>la</strong> fois cardiaque et vascu<strong>la</strong>ire) avant<br />

d’être transp<strong>la</strong>ntées. C’est cette approche qui explique l’intérêt<br />

porté aux cellules souches embryonnaires dérivées<br />

d’embryons très précoces (4-6 jours après <strong>la</strong> fécondation)<br />

conçus dans le cadre d’une aide à <strong>la</strong> procréation et ne faisant<br />

plus l’objet d’un projet parental. Leur utilisation clinique<br />

n’est plus un mythe puisque deux essais sont en cours :<br />

- l’un a utilisé ces cellules prédifférenciées en oligodendrocytes<br />

pour réparer des lésions traumatiques de <strong>la</strong> moelle<br />

épinière (il a été interrompu pour des raisons financières) ;<br />

15


- l’autre, qui se poursuit, cherche à traiter <strong>la</strong> dégénérescence<br />

macu<strong>la</strong>ire par des cellules souches embryonnaires prédifférenciées<br />

en progéniteurs rétiniens.<br />

Deux défis majeurs<br />

Dans le cas du cœur, <strong>la</strong> différenciation des cellules souches<br />

embryonnaires en progéniteurs cardiaques est aujourd’hui<br />

un processus assez bien maîtrisé, et ces cellules sont, à ce<br />

jour, les seules capables d’une intégration électromécanique,<br />

prérequis à une contribution réelle à <strong>la</strong> fonction contractile,<br />

du moins dans des conditions expérimentales (4) . Toutefois,<br />

indépendamment des aspects éthiques qu’une loi, unique<br />

au monde et promulguée par le gouvernement précédent,<br />

a finalement réglés (cette recherche est interdite, mais peut<br />

être autorisée !), l’utilisation thérapeutique des cellules<br />

souches embryonnaires pose deux défis majeurs :<br />

- Le premier est lié au risque tumoral si des cellules incomplètement<br />

prédifférenciées, c’est-à-dire encore pluripotentes<br />

et donc capables d’une prolifération incontrôlée,<br />

venaient à être greffées, d’où l’importance de l’étape de<br />

tri pour ne conserver qu’une popu<strong>la</strong>tion pure de progéniteurs.<br />

- Le second découle du caractère allogénique de ces cellules<br />

et donc du risque de leur rejet ; une recherche importante<br />

est aujourd’hui consacrée au développement de stratégies<br />

d’immunomodu<strong>la</strong>tion qui permettraient d’éviter un lourd<br />

traitement immunosuppresseur dont on connaît les risques ;<br />

dans ce domaine, <strong>la</strong> possibilité d’induire une tolérance<br />

immunitaire (déjà démontrée pour <strong>la</strong> transp<strong>la</strong>ntation d’organes<br />

solides) par <strong>la</strong> brève administration d’anticorps (anti-<br />

CD3 ou anti-CD4 et CD8) apparaît comme l’une des options<br />

les plus attractives pour orienter favorablement le rapport<br />

bénéfice/risque.<br />

Les cellules pluripotentes induites<br />

Une abondante littérature est aussi consacrée aux cellules pluripotentes<br />

induites (iPS) qui sont des cellules adultes reprogrammées<br />

à un état pseudo-embryonnaire avant d’être redifférenciées<br />

dans <strong>la</strong> direction souhaitée. Leurs avantages<br />

principaux sont d’éviter le débat éthique sur l’embryon et, en<br />

principe (car ce<strong>la</strong> est discuté), les problèmes immunitaires<br />

puisque ces cellules peuvent être prélevées chez le patient luimême<br />

(fibrob<strong>la</strong>stes cutanés, voire follicules pileux). Toutefois,<br />

leur application clinique potentielle se heurte à des obstacles<br />

importants, et notamment le risque d’aberrations génétiques<br />

liées au processus de reprogrammation, même si l’on peut<br />

s’affranchir des vecteurs viraux initialement utilisés pour transfecter<br />

les cellules avec les facteurs nécessaires pour les ramener<br />

à un état pseudo-embryonnaire. Aussi s’accorde-t-on à<br />

reconnaître que ces iPS sont aujourd’hui surtout utiles pour le<br />

crib<strong>la</strong>ge de médicaments ou <strong>la</strong> modélisation de certaines ma<strong>la</strong>dies,<br />

alors que leur application à <strong>la</strong> médecine régénérative<br />

reste plus incertaine et en tout cas sans doute lointaine.<br />

Il convient enfin de souligner que tout comme dans le cas<br />

de l’infarctus au stade aigu, un problème général est ici le<br />

faible nombre de cellules qui survivent dans le tissu greffé.<br />

16<br />

Cette observation explique l’importance de <strong>la</strong> recherche<br />

visant à améliorer <strong>la</strong> prise de greffe, principalement par <strong>la</strong><br />

combinaison des cellules avec des biomatériaux permettant<br />

de « protéger » les cellules pendant le transfert et de créer,<br />

grâce à leurs propriétés physico-chimiques, un micro-environnement<br />

favorisant <strong>la</strong> prolifération et <strong>la</strong> différenciation<br />

des cellules tout en stimu<strong>la</strong>nt le développement de <strong>la</strong> vascu<strong>la</strong>risation<br />

nécessaire à leur survie. Le cœur étant un organe<br />

anisotrope, c’est-à-dire dont <strong>la</strong> fonction est dépendante de<br />

l’orientation de ses fibres, ces matériaux ensemencés peuvent<br />

être « travaillés » avant leur imp<strong>la</strong>ntation afin que les<br />

cellules soient déjà orientées en faisceaux et puissent former<br />

ainsi in vivo un néo-tissu capable de contribuer efficacement<br />

à <strong>la</strong> contraction. Il est donc vraisemb<strong>la</strong>ble que l’utilisation<br />

des techniques d’ingénierie tissu<strong>la</strong>ire va améliorer<br />

l’efficacité de <strong>la</strong> thérapie cellu<strong>la</strong>ire.<br />

Vers une thérapie cellu<strong>la</strong>ire sans cellules…<br />

S’il reste difficile de prévoir encore quelle sera <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce exacte<br />

de cette approche pour traiter certaines pathologies cardiaques,<br />

aiguës ou chroniques - seuls des essais complexes<br />

et coûteux apporteront une réponse -, on peut néanmoins<br />

espérer, au vu des moyens considérables attribués à cette<br />

recherche dans le monde, que l’utilisation de cellules trouvera<br />

une application thérapeutique en cardiologie, comme<br />

elle l’a trouvée avec succès dans le traitement des brûlures<br />

ou des hémopathies. Il n’est même pas inconcevable que<br />

s’il s’avérait, in fine, que les cellules agissent dans le<br />

cœur par des mécanismes exclusivement paracrines, on<br />

aboutisse un jour à une thérapie cellu<strong>la</strong>ire… sans cellules,<br />

seuls étant administrés, tels des médicaments, les facteurs<br />

identifiés comme les plus cardioprotecteurs et sécrétés par<br />

des cellules maintenues en culture à des seules fins de production<br />

et non plus de greffe. ■<br />

Pour en savoir plus<br />

1. Clifford DM. Stem cell treatment for acute myocardial infarction.<br />

Cochrane Database Syst Rev 2012; 2: CD006536.<br />

2. Bolli R. Cardiac stem cells in patients with ischaemic cardiomyopathy<br />

(SCIPIO): initial results of a randomised phase 1 trial. Lancet 2011;<br />

378: 1847-57.<br />

3. Makkar RR. Intracoronary cardiosphere-derived cells for heart regeneration<br />

after myocardial infarction (CADUCEUS): a prospective, randomised<br />

phase 1 trial. Lancet 2012; 379: 895-904.<br />

4. Shiba Y. Human ES-cell-derived cardiomyocytes electrically couple<br />

and suppress arrhythmias in injured hearts. Nature 2012. doi:<br />

10.1038/nature11317. In press.<br />

Pour toute correspondance avec l’auteur<br />

philippe.menasche@egp.aphp.fr<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012


Réponse Attitudes Quiz ECG<br />

18<br />

L’<br />

I FMC - recommandations - sociétés savantes - pratique clinique I<br />

de <strong>la</strong> page 13<br />

aspect de WPW est connu depuis l’enfance chez<br />

cette jeune fille. La topographie est a priori parahisienne<br />

avec une onde delta positive en D1,D2,D3. Les<br />

extrasystoles sont à retard gauche, mais leur axe est<br />

différent, avec une négativité initiale en D1 et VL alors<br />

que l’onde delta est positive dans ces dérivations. Il y<br />

a donc vraisemb<strong>la</strong>blement à <strong>la</strong> fois un WPW parahisien<br />

et des ESV provenant de l’infundibulum pulmonaire.<br />

On décide de pratiquer une exploration électrophysiologique.<br />

Avant toute montée de sonde, on enregistre<br />

à nouveau des ESV infundibu<strong>la</strong>ires. L’exploration<br />

permet de déclencher par simple extrastimu<strong>la</strong>tion auricu<strong>la</strong>ire<br />

des tachycardies réciproques orthodromiques<br />

à QRS fins, utilisant <strong>la</strong> voie accessoire en rétrograde.<br />

La période réfractaire antérograde de <strong>la</strong> voie accessoire<br />

est très longue, 500 ms, avec disparition brutale<br />

de l’aspect de WPW en stimu<strong>la</strong>tion atriale à 120 bpm.<br />

Après discussion avec <strong>la</strong> patiente et ses parents, on<br />

décide de ne pas pratiquer d’ab<strong>la</strong>tion de <strong>la</strong> préexcitation<br />

compte tenu de sa localisation à proximité de <strong>la</strong><br />

voie normale et de son absence de dangerosité. Les<br />

troubles du rythme ventricu<strong>la</strong>ire sont peu fréquents<br />

sur le Holter de 24 heures, et ne comportent pas de<br />

Jean-François Leclercq<br />

Paris et Le Chesnay<br />

C’est l’histoire d’une jeune fille de 17 ans, consultant<br />

pour des palpitations fréquentes. L’examen<br />

clinique est normal en dehors d’irrégu<strong>la</strong>rités à<br />

l’auscultation. Elle ne prend aucun traitement.<br />

De fait, <strong>la</strong> patiente décrit des ratés, et des tachycardies<br />

rapides à début et fin brusques.<br />

Quelle est votre interprétation ?<br />

Quel traitement proposez-vous ?<br />

salves, dans les conditions de repos de l’hospitalisation.<br />

Un traitement par flécaïnide et bisoprolol est<br />

conseillé. L’activité physique modérée est autorisée,<br />

le sport est interdit.<br />

La patiente est <strong>revue</strong> 17 ans plus tard, à l’âge de<br />

34 ans. Elle n’a plus eu de tachycardie paroxystique<br />

sous flécaïnide seul, ne prenant le bêtabloquant que<br />

de façon ponctuelle. Elle a mené à bien deux grossesses<br />

sans problème particulier. Par précaution, le flécaïnide<br />

a été stoppé lors de ces deux grossesses en raison<br />

de l’absence de données sur <strong>la</strong> tératogenèse de<br />

ce produit. On note que l’aspect de préexcitation n’est<br />

plus visible sur l’ECG, même en l’absence de traitement.<br />

A <strong>la</strong> fin de <strong>la</strong> 2 e grossesse, après arrêt du flécaïnide,<br />

des palpitations réapparaissent, et on enregistre<br />

l’ECG ci-dessous, caractéristique d’une TV en salves<br />

bénigne infundibu<strong>la</strong>ire. Le traitement médical est<br />

repris ultérieurement avec succès.<br />

Cette patiente avait donc bien deux pathologies rythmiques<br />

différentes, sans rapport l’une avec l’autre :<br />

une préexcitation et des TV en salves infundibu<strong>la</strong>ires.<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012


Marie-Cécile Bouju<br />

Emblème du département de<br />

Vendée, le cœur vendéen est<br />

aujourd’hui représenté sous<br />

une forme très stylisée et<br />

géométrique : un double<br />

cœur couronné et surmonté<br />

d’une croix, sur fond b<strong>la</strong>nc et<br />

rouge, <strong>la</strong> couronne étant<br />

discrètement représentée par<br />

deux traits horizontaux. Il<br />

s’éloigne ainsi d’une de ses<br />

formes premières et<br />

rudimentaires : un cœur<br />

rouge surmonté d’une croix<br />

sur fond b<strong>la</strong>nc. Mais il prend<br />

aussi ses distances avec le<br />

premier emblème choisi en<br />

1943 pour symboliser le<br />

département : un b<strong>la</strong>son<br />

composé d’un double cœur<br />

rouge couronné et orné<br />

d’une croix et d’un écu orné<br />

de châteaux et de fleurs de<br />

lys, accompagné d’une devise<br />

<strong>la</strong>tine. Chacune de ces<br />

versions souligne les rôles<br />

successifs de ce symbole :<br />

l’insigne religieux, l’emblème<br />

politique, le « logo ».<br />

Art et Cœur Pascal Guéret<br />

I Photographie - sculpture - littérature - poésie - peinture - musique I<br />

Chef de rubrique<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012<br />

© DR<br />

Le cœur vendéen<br />

Initialement, le cœur vendéen se réfère au<br />

culte du Sacré-Cœur, né au XII e siècle et qui<br />

s’est développé à partir du XVII e siècle. Le<br />

culte cordicole, très commun en Europe, n’était<br />

pas exempt d’arrière-pensée politique, car très<br />

présent chez les antijansénistes et les ennemis<br />

de « l’irréligion » pendant le siècle des Lumières.<br />

Cet insigne devint l’un des signes distinctifs des<br />

popu<strong>la</strong>tions qui se soulevèrent contre les révolutionnaires.<br />

Des troubles et désordres apparurent<br />

en différents points du pays, mus par<br />

des motifs économiques, politiques ou religieux.<br />

En mars 1793, des paysans vendéens se<br />

soulevèrent contre l’obligation de levée de<br />

troupes et défirent les troupes républicaines.<br />

Cet événement fut instrumentalisé par les deux<br />

camps : le camp royaliste, mais aussi le camp<br />

républicain qui s’en empara pour en faire le<br />

symbole de <strong>la</strong> réaction. Le soulèvement se<br />

transforma en une guerre civile extrêmement<br />

brutale et longue, qui fit entre 170 000 et<br />

200 000 morts.<br />

Comme dans d’autres régions soulevées, les<br />

paysans vendéens avaient choisi comme<br />

emblème le port du Sacré-Cœur, souvent sous<br />

<strong>la</strong> forme d’un scapu<strong>la</strong>ire simple, un cœur rouge<br />

orné d’une croix sur fond b<strong>la</strong>nc. La signification<br />

en était à <strong>la</strong> fois religieuse et politique,<br />

puisqu’ils combattaient pour le rétablissement<br />

de l’ordre ancien, monarchique et religieux.<br />

Le camp royaliste l’adopta à son tour, les légitimistes<br />

choisissant finalement <strong>la</strong> forme du double<br />

cœur : un pour Dieu, un pour le Roi.<br />

Au XIX e siècle, ce symbole resta cantonné à <strong>la</strong><br />

sphère religieuse, même si <strong>la</strong> politique n’était<br />

jamais loin. Ainsi, en 1870, des Vendéens constituèrent<br />

une troupe sous <strong>la</strong> bannière du Sacré-<br />

Cœur lorsque les Etats du Pape furent menacés<br />

par Napoléon III. Pendant <strong>la</strong> Première<br />

Guerre mondiale, des soldats vendéens portèrent<br />

ce carré de tissu censé protéger à <strong>la</strong> fois<br />

<strong>la</strong> Patrie et l’Eglise de France.<br />

Ce symbole retrouva sa force politique avec <strong>la</strong><br />

III e République. La diffusion énergique de<br />

<strong>la</strong> culture républicaine entraîna de <strong>la</strong> part de<br />

l’Eglise catholique et des notables locaux l’é<strong>la</strong>boration<br />

d’une contre-propagande : une<br />

mémoire et une histoire des guerres de Vendée<br />

furent ainsi ranimées et reconstruites. Le<br />

cœur vendéen devint alors un symbole politique<br />

de <strong>la</strong> droite réactionnaire et antirépublicaine.<br />

Ainsi, les nobles vendéens qui rejoi-<br />

gnirent les troupes fascistes en Espagne en<br />

1936 l’arborèrent.<br />

En 1943, lors du 150 e anniversaire de <strong>la</strong> Guerre<br />

de Vendée, à l’issue d’un concours, le cœur vendéen<br />

fut choisi pour représenter <strong>la</strong> Vendée,<br />

choix validé par le gouvernement de Vichy : un<br />

b<strong>la</strong>son avec deux cœurs entre<strong>la</strong>cés surmontés<br />

d’une couronne et d’une croix, au centre d’un<br />

écu, et une devise - ambiguë - Utrique fidelis<br />

(fidèle à l’un et à l’autre).<br />

Lors des célébrations du Bicentenaire de <strong>la</strong><br />

Révolution française en 1989, une forme stylisée<br />

fut adoptée, gommant les aspects les plus<br />

signifiants historiquement : <strong>la</strong> devise, l’écu disparaissent<br />

; <strong>la</strong> croix et <strong>la</strong> couronne sont simplifiées<br />

à l’extrême. Mais certains Vendéens<br />

s’émurent de l’apposition d’un tel symbole sur<br />

le fronton des écoles publiques. Le tribunal<br />

administratif rejeta leur p<strong>la</strong>inte, signifiant que<br />

l’aspect religieux et politique du symbole avait<br />

désormais <strong>la</strong>issé <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce à <strong>la</strong> communication,<br />

phénomène commun aux collectivités territoriales<br />

qui cherchent maintenant à attirer touristes<br />

et investisseurs. ■<br />

© Conseil général de Vendée © DR<br />

19


Cardio interventionnelle pour le praticien<br />

Sommaire<br />

22 • Indications<br />

de l’angiop<strong>la</strong>stie ad hoc :<br />

que disent les<br />

recommandations ?<br />

Luc Lorgis, Caroline Brulliard,<br />

Olivier Hachet, Philippe Buffet,<br />

Isabelle L’Huillier, Aurélie Gudjoncik,<br />

Yves Cottin<br />

26 • La voie radiale<br />

expose-t-elle vraiment<br />

le patient et l’opérateur<br />

à des doses de rayons<br />

supérieures ?<br />

Jean-Louis Georges<br />

31 • Prévention<br />

des complications<br />

hémorragiques<br />

en angiop<strong>la</strong>stie<br />

Nico<strong>la</strong>s Meneveau<br />

35 • Alcoolisation septale :<br />

résultats, indications<br />

Patrick Ohlmann<br />

37 • Congrès EuroPCR<br />

Paul Luporsi<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012<br />

Traiter l’ischémie plutôt<br />

que <strong>la</strong> lésion<br />

Les résultats définitifs de l’étude FAME II viennent d’être présentés au<br />

Congrès de l’ESC à Munich et publiés simultanément dans le New Eng<strong>la</strong>nd<br />

Journal of Medicine. Il était difficile de passer sous silence les conclusions<br />

de cet essai qui devraient à terme modifier <strong>la</strong> prise en charge des patients coronariens<br />

stables. Le fait d’associer angiop<strong>la</strong>stie avec stent actif et traitement médical optimal réduit<br />

le risque de revascu<strong>la</strong>risation en urgence d’un facteur 8 par rapport au traitement médical seul. Le<br />

recours à un critère fonctionnel ischémique plutôt qu’anatomique permet donc de sélectionner les<br />

patients susceptibles de bénéficier d’une angiop<strong>la</strong>stie. A y regarder de plus près, ces résultats viennent<br />

compléter plutôt que contredire ceux de l’étude COURAGE dans <strong>la</strong>quelle seulement 85% des<br />

patients avaient bénéficié d’un test de détection ischémique non invasif.<br />

Pour mémoire, COURAGE n’avait pas montré de supériorité de l’angiop<strong>la</strong>stie sur le traitement médical<br />

optimal chez les patients coronariens stables. Dans FAME II, le traitement médical seul confirme<br />

qu’il est efficace chez les patients dont les lésions ne sont pas responsables d’une ischémie documentée<br />

par FFR. En outre, l’étude ancil<strong>la</strong>ire COURAGE-Nuclear montrait que les patients ayant une<br />

ischémie touchant plus de 10% du myocarde à <strong>la</strong> scintigraphie (un tiers des patients dépistés) bénéficiaient<br />

d’un geste d’angiop<strong>la</strong>stie. Une proportion importante de patients sans ischémie a donc<br />

été incluse dans COURAGE, alors que, rappelons-le, tous les patients randomisés dans FAME II avaient<br />

au moins une lésion fonctionnellement significative.<br />

Au-delà de l’enthousiasme évident qu’ont soulevé les résultats de FAME II dans <strong>la</strong> communauté cardiologique,<br />

il convient de rappeler que l’étude a été prématurément interrompue pour des raisons<br />

critiquables. La décision d’arrêter les inclusions a été portée sur des critères secondaires d’hospitalisation<br />

et de revascu<strong>la</strong>risation qui dans une étude menée « en ouvert » sont l’objet d’une certaine<br />

subjectivité. La décision d’hospitaliser ou de revascu<strong>la</strong>riser peut, en effet, être influencée par <strong>la</strong> perception<br />

qu’a l’investigateur des résultats de <strong>la</strong> randomisation : l’indication de revascu<strong>la</strong>risation sera<br />

plus facilement retenue chez les patients initialement traités médicalement.<br />

En outre, l’interruption prématurée d’une étude conduit souvent à une surestimation des bénéfices.<br />

Mais le plus regrettable est de penser que l’on a peut-être manqué là une belle occasion d’évaluer<br />

l’apport de l’angiop<strong>la</strong>stie en termes d’infarctus ou de décès chez le coronarien stable. Il faut<br />

espérer malgré tout que ce<strong>la</strong> suffise à convaincre les autorités, qu’en termes de service médical<br />

rendu, le recours à <strong>la</strong> FFR justifie son remboursement. Le problème économique n’est d’ailleurs pas<br />

le seul obstacle à l’usage de <strong>la</strong> FFR en pratique quotidienne. Le nombre annuel d’angiop<strong>la</strong>sties affiché<br />

par les centres est vu comme un critère de qualité. Pour <strong>la</strong> presse grand public (et les autorités),<br />

plus le volume d’angiop<strong>la</strong>sties d’un centre est important, meilleure est <strong>la</strong> qualité des soins qui y sont<br />

prodigués. Or, pratiquer une FFR revient, en pratique, à ne revascu<strong>la</strong>riser qu’un tiers des lésions testées.<br />

Enfin, <strong>la</strong>isser en p<strong>la</strong>ce, sur les données de <strong>la</strong> FFR, une lésion qui apparaît significative en angiographie<br />

demande souvent plus d’énergie à expliquer au patient qu’il est préférable de s’abstenir,<br />

que l’énergie déployée pour imp<strong>la</strong>nter un stent.<br />

Malgré ce<strong>la</strong>, les résultats de FAME II sont susceptibles de modifier notre pratique clinique courante<br />

à plus d’un titre : l’utilisation de <strong>la</strong> FFR est une technique <strong>la</strong>rgement appliquée, les résultats de<br />

l’étude sont pertinents d’un point de vue clinique, et surtout ils permettent de répondre à des problèmes<br />

jusque-là non résolus tout en justifiant le choix thérapeutique effectué. Mieux, FAME II<br />

apporte des preuves supplémentaires pour considérer <strong>la</strong> FFR comme le standard de soins chez les<br />

coronariens. Il ne reste plus qu’à faire en sorte de pouvoir appliquer cette stratégie à notre pratique<br />

quotidienne, comme le stipulent les recommandations européennes et américaines. ■<br />

Pr Nico<strong>la</strong>s Meneveau, rédacteur en chef<br />

CHU Jean-Minjoz, Besançon<br />

21


Cardio interventionnelle pour le praticien<br />

22<br />

Luc Lorgis, Caroline Brulliard<br />

Olivier Hachet, Philippe Buffet<br />

Isabelle L’Huillier<br />

Aurélie Gudjoncik, Yves Cottin<br />

CHU, Dijon<br />

L'angiop<strong>la</strong>stie ad hoc (dans <strong>la</strong> continuité immédiate de <strong>la</strong><br />

coronarographie diagnostique) est <strong>la</strong>rgement pratiquée ; elle<br />

a des avantages indéniables, notamment en termes de<br />

confort pour le patient, de réduction du risque de saignement<br />

au point de ponction ou de coût. Pour autant, elle ne<br />

doit pas être considérée comme <strong>la</strong> stratégie par défaut et<br />

doit faire l'objet de protocoles de prise en charge spécifiques<br />

de certaines situations anatomiques et cliniques, définis au<br />

sein de chaque établissement.<br />

Nous envisagerons dans cet article les différentes situations<br />

cliniques rencontrées : l’infarctus avec sus-déca<strong>la</strong>ge du segment<br />

ST, l’infarctus sans sus-déca<strong>la</strong>ge du segment ST, puis enfin<br />

<strong>la</strong> cardiopathie ischémique stable, le tout avec un penchant<br />

européen en nous focalisant sur les recommandations ESC.<br />

Infarctus avec sus-déca<strong>la</strong>ge du segment ST<br />

Le contexte dans lequel l’angiop<strong>la</strong>stie immédiate a montré<br />

son efficacité en améliorant le pronostic des patients, mais<br />

aussi en diminuant <strong>la</strong> taille de l’infarctus, est celui de l’infarctus<br />

avec sus-déca<strong>la</strong>ge du segment ST.<br />

L’angiop<strong>la</strong>stie primaire avec réalisation, dans un contexte<br />

pharmacologique optimisé, de l’imp<strong>la</strong>ntation d’un stent ne<br />

fait plus débat.<br />

Cette stratégie est indiquée chez tous les patients pris en<br />

charge dans les 12 premières heures après le début des symptômes,<br />

voire après 12 heures si les patients gardent une douleur<br />

ou des modifications électriques.<br />

Les nouvelles recommandations éditées par l’European Society<br />

of Cardiology (1) mettent maintenant en avant l’utilisation préférentielle<br />

de stents à élution médicamenteuse en l’absence<br />

de contre-indication et en limitant le geste de revascu<strong>la</strong>risation<br />

au vaisseau coupable chez les patients ne présentant pas<br />

d’état de choc cardiogénique.<br />

Autre point important souligné par ces recommandations :<br />

l’utilisation de l’approche radiale qui contribue à diminuer fortement<br />

les complications hémorragiques au point d’accès, ainsi<br />

que l’emploi de molécules antithrombotiques et antiagrégantes<br />

p<strong>la</strong>quettaires lors de ces procédures.<br />

Il est à noter que chez les patients pris en charge tardivement<br />

après 24 heures, et stables cliniquement, un bi<strong>la</strong>n à <strong>la</strong> recherche<br />

d’une viabilité doit être conduit en première intention et préa<strong>la</strong>blement<br />

à toute discussion de revascu<strong>la</strong>risation. Enfin, en<br />

raison de résultats cliniques discordants, le niveau de recommandation<br />

reste faible pour l’utilisation de système de<br />

thrombo-aspiration systématique. On regardera avec intérêt<br />

les résultats de l’étude MIMI (Minimal Intervention for Myocardial<br />

Infarction), dont l’objectif est de comparer l’effet sur<br />

l’atteinte microcircu<strong>la</strong>toire de deux stratégies d’angiop<strong>la</strong>stie<br />

primaire à <strong>la</strong> phase aiguë du STEMI :<br />

Indications de l’angiop<strong>la</strong>stie<br />

ad hoc : que disent<br />

les recommandations ?<br />

<strong>la</strong> technique d’imp<strong>la</strong>ntation immédiate du stent et une<br />

technique en 2 étapes avec thrombo-aspiration immédiate et<br />

imp<strong>la</strong>ntation différée du stent.<br />

Les syndromes coronaires sans sus-déca<strong>la</strong>ge<br />

du segment ST (2)<br />

Le dé<strong>la</strong>i optimal de prise en charge, en particulier de <strong>la</strong> coronarographie,<br />

reste, bien entendu, pondéré par le niveau de risque<br />

du patient établi selon le score GRACE. On sait maintenant que<br />

l’imprégnation par les molécules bloquant le récepteur GPIIb/IIIa<br />

chez les patients à haut risque doit être le plus précoce possible<br />

afin d’obtenir les meilleurs résultats sur l’obstruction microvascu<strong>la</strong>ire<br />

et <strong>la</strong> taille de l’infarctus, avec une mention spéciale pour<br />

les patients diabétiques.<br />

Chez les patients victimes d’un syndrome coronaire, mais sans<br />

sus-déca<strong>la</strong>ge du segment ST, environ un tiers se présentent avec<br />

une lésion monotroncu<strong>la</strong>ire, tout à fait accessible à un geste de<br />

revascu<strong>la</strong>risation ad hoc.<br />

Dans le contexte d’une prise en charge invasive avec stenting,<br />

il est aussi recommandé d’utiliser les nouvelles p<strong>la</strong>tes-formes de<br />

stent actif dont l’efficacité, mais surtout <strong>la</strong> sécurité, semble maintenant<br />

établie. Toutefois, l’évaluation préa<strong>la</strong>ble du risque hémorragique<br />

du patient reste primordiale, d’autant que l’association<br />

par double antiagrégation p<strong>la</strong>quettaire sera prolongée.<br />

Dans le cas d’atteintes multitroncu<strong>la</strong>ires, <strong>la</strong> décision est parfois<br />

plus difficile et doit être pondérée par les comorbidités<br />

du patient, <strong>la</strong> présentation clinique ainsi que <strong>la</strong> disponibilité<br />

du p<strong>la</strong>teau technique.<br />

Il est recommandé, pour chaque centre de cardiologie interventionnelle,<br />

d’avoir déterminé, après discussion entre l’équipe<br />

d’angiop<strong>la</strong>sticiens et les chirurgiens cardiaques, un score<br />

Syntax seuil. En dessous de ce seuil, l’angiop<strong>la</strong>stie même multiple<br />

peut être recommandée, alors qu’au-delà une stratégie<br />

hybride (combinant angiop<strong>la</strong>stie + pontage) ou une prise en<br />

charge uniquement chirurgicale doit être recommandée.<br />

Enfin, notons le cas particulier des patients présentant une<br />

artère coupable avec un flux TIMI II et une charge thrombotique<br />

importante : <strong>la</strong> question d’une prise en charge miniinvasive<br />

ou d’une imprégnation prolongée d’anti-GPIIb/IIIa<br />

préa<strong>la</strong>ble à <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce du stent, précédée ou non d’une<br />

thrombectomie, reste à évaluer.<br />

La ma<strong>la</strong>die coronaire stable<br />

Depuis les recommandations conjointes de l’European<br />

Society of Cardiology et de l’European Association for Cardio-Thoracic<br />

Surgery (3) réunies sur un modèle d’équipe<br />

médico-chirurgicale, l’angiop<strong>la</strong>stie ad hoc a tout simplement<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012


Indications potentielles des angiop<strong>la</strong>sties<br />

ad hoc versus revascu<strong>la</strong>risation<br />

Angiop<strong>la</strong>stie ad hoc<br />

Patients hémodynamiquement instables<br />

(y compris choc cardiogénique)<br />

Lésion responsable de STEMI et NSTE-SCA<br />

Patient stable à faible risque avec atteinte mono- ou bitroncu<strong>la</strong>ire<br />

(hors IVA proximale) et de morphologie favorable<br />

Première resténose<br />

Coronarographie et revascu<strong>la</strong>risation en 2 temps<br />

Lésions à haut risque<br />

Insuffisance cardiaque chronique<br />

Insuffisance rénale (c<strong>la</strong>irance de <strong>la</strong> créatinine < 60 ml/min)<br />

si le volume total contraste exigé est > 4 ml/kg<br />

Patients stables avec lésions multitroncu<strong>la</strong>ires impliquant l’IVA<br />

Patients stables avec lésions ostiales ou complexes de l’IVA proximale<br />

Tout motif suggérant un risque plus élevé d’une angiop<strong>la</strong>stie ad hoc<br />

Tableau 1.<br />

disparu des recommandations. Publiées après l’étude pivot<br />

SYNTAX (4) , elles permettent de mieux comprendre l’articu<strong>la</strong>tion<br />

entre angiop<strong>la</strong>stie et chirurgie lors de <strong>la</strong> prise en charge<br />

des coronariens stables, qui, doit-on le rappeler, n’ont comme<br />

seul bénéfice que d’être améliorés d’un point de vue fonctionnel,<br />

plus rarement du point de vue de <strong>la</strong> morbi-mortalité.<br />

La disparition de l’angiop<strong>la</strong>stie ad hoc dans ces recommandations<br />

souligne qu’il est préférable de se donner le temps<br />

de <strong>la</strong> réflexion avant de prendre une décision thérapeutique<br />

(Tableau 1), bien que les recommandations sur <strong>la</strong> prise en<br />

charge de <strong>la</strong> revascu<strong>la</strong>risation myocardique, publiées par<br />

l’European Heart Journal en 2010, insistent sur l’évaluation<br />

En faveur de<br />

<strong>la</strong> chirurgie<br />

En faveur de<br />

l’angiop<strong>la</strong>stie<br />

Tableau 2.<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012<br />

avant cathétérisme chez les patients symptomatiques ou<br />

non à <strong>la</strong> recherche d’un substrat ischémique intéressant<br />

au moins 10 à 15% du ventricule gauche.<br />

Dès lors que l’ischémie est documentée, si une lésion coronaire<br />

> 50% est mise en évidence surtout dans le territoire<br />

ischémique, point de débat : stentons !<br />

Dans le cas particulier du tronc commun, l’angiop<strong>la</strong>stie reçoit<br />

une recommandation de niveau IIa B ou IIb B (Tableau 2).<br />

Chez les patients adressés d’emblée en salle de cathétérisme<br />

sans aucune épreuve fonctionnelle préa<strong>la</strong>ble (même s’il s’agit<br />

d’un effectif faible), ou encore chez le pluritroncu<strong>la</strong>ire, l’utilisation<br />

de <strong>la</strong> mesure de <strong>la</strong> réserve coronaire (FFR : Fractional<br />

Flow Reserve) est recommandée et a démontré son intérêt en<br />

améliorant les événements, ainsi qu’en diminuant l’utilisation<br />

du stenting dans 2 études : DEFER (5) et FAME I (6) .<br />

Toutefois, aujourd’hui, <strong>la</strong> décision de recourir à l’angiop<strong>la</strong>stie<br />

est (encore) généralement prise suivant l’apparence des lésions<br />

à l’angiographie, sans utiliser de critère de pression comme <strong>la</strong><br />

FFR. Or, cette dernière détecte <strong>la</strong> présence d’une ischémie impossible<br />

à évaluer à partir des caractéristiques initiales des patients<br />

et des données visuelles. Elle permet donc de poser formellement<br />

une indication d’angiop<strong>la</strong>stie.<br />

De ce point de vue, les résultats définitifs de l’étude FAME II (7)<br />

(FFR-Guided Percutaneous Coronary Intervention Plus Optimal<br />

Medical Therapy vs. Optimal Medical Therapy Alone in Patients<br />

with Stable Coronary Artery Disease), présentés à l’ESC 2012 et<br />

publiés récemment dans le New Eng<strong>la</strong>nd Journal of Medicine,<br />

enfoncent le clou et encouragent <strong>la</strong> mesure de <strong>la</strong> réserve coronaire<br />

déterminée par l’utilisation d’un guide de pression endocoronaire<br />

pour détecter une ischémie et décider de réaliser une<br />

angiop<strong>la</strong>stie chez le coronarien stable.<br />

De Bruyne, et al. ont mené cette étude dans 28 centres européens<br />

et nord-américains : 1 220 patients (sur les 1 632 prévus),<br />

tous des coronariens stables programmés pour recevoir<br />

un stent actif sur une, deux ou trois lésions, ont été<br />

recrutés, avec un suivi à 2 ans.<br />

Les patients qui présentaient au moins une sténose avec FFR<br />

< 0,8 (n = 888) ont été randomisés pour recevoir une prise<br />

en charge par angiop<strong>la</strong>stie et un traitement médical optimal<br />

ou un traitement médical optimal seul. Ceux qui pré-<br />

Indication de <strong>la</strong> chirurgie versus l’angiop<strong>la</strong>stie chez les patients stables, dont les lésions<br />

relèvent des 2 procédures et présentant un faible risque chirurgical<br />

1 ou 2<br />

vaisseaux ; IVA non<br />

proximale<br />

1 ou 2<br />

vaisseaux ; IVA<br />

proximale<br />

3 vaisseaux ; lésions<br />

simples, accessibles<br />

à l’angiop<strong>la</strong>stie, score<br />

Syntax ≤ 22<br />

3 vaisseaux ; lésions<br />

complexes non<br />

entièrement accessibles<br />

à l’angiop<strong>la</strong>stie,<br />

score Syntax<br />

> 22<br />

TC<br />

(isolé ou + 1 vaisseau,<br />

lésion ostiale)<br />

TC<br />

(isolé ou +<br />

1 vaisseau,<br />

lésion distale ou<br />

bifurc.)<br />

TC<br />

+ 2/3 vaisseaux,<br />

score Syntax ≤ 32<br />

TC<br />

+ 2/3 vaisseaux,<br />

score Syntax > 32<br />

IIb C IA IA IA IA IA IA IA<br />

IC IIa B IIa B IIIA IIa B IIb B IIb B III B<br />

23


Cardio interventionnelle pour le praticien<br />

24<br />

Incidence cumulée (%)<br />

35<br />

30<br />

25<br />

20<br />

15<br />

10<br />

5<br />

0<br />

0<br />

Infarctus du myocarde<br />

Angiop<strong>la</strong>stie vs traitement médical<br />

HR 1,05 (IC 95% [0,51-2,19] ; p = 0,89<br />

Angiop<strong>la</strong>stie vs registre<br />

HR 1,61 (IC 95% [0,48-5,37] ; p = 0,41<br />

Traitement médical vs registre<br />

HR 1,65 (IC 95% [0,50-5,47] ; p = 0,41<br />

1 2 3 4 5 6<br />

sentaient une FFR > 0,8 (inclus dans un registre) ont été traités<br />

par traitement médical optimal (n = 332).<br />

Une majorité des patients était c<strong>la</strong>ssée en stade CCS1 ou 2<br />

et avait une atteinte monotroncu<strong>la</strong>ire, seuls 3% présentaient<br />

une atteinte multitroncu<strong>la</strong>ire.<br />

L’étude a été interrompue prématurément au bout de 7 mois<br />

de suivi, en raison d’une différence hautement significative<br />

sur le critère primaire de jugement (critère composite associant<br />

: mortalité toute cause, survenue d’un IDM, hospitalisation<br />

non programmée avec revascu<strong>la</strong>risation en urgence)<br />

dans le groupe FFR + angiop<strong>la</strong>stie, et essentiellement sur le<br />

critère revascu<strong>la</strong>risation urgente (49 patients dans le groupe<br />

traitement médical versus 7 patients dans le groupe FFR +<br />

traitement médical;p< 0,001).<br />

On peut noter que pour les critères durs (mortalité ou infarctus<br />

du myocarde), il n’existe pas de différence entre les 2 groupes<br />

(Figure), et on ne peut que regretter l’interruption prématurée<br />

de ce travail qui était une occasion inespérée de démontrer un<br />

bénéfice sur des critères autres que fonctionnels.<br />

Petit regret supplémentaire, l’indication de revascu<strong>la</strong>risation<br />

urgente ne nécessitait pas <strong>la</strong> recherche d’un substrat<br />

ischémique ou <strong>la</strong> positivité de biomarqueurs et était quasiment<br />

basée sur l’appréciation clinique des praticiens, ce<br />

qui me paraît pour le moins un critère subjectif.<br />

Enfin, et ce<strong>la</strong> me semble le point le plus important, seule<br />

une faible proportion de patients (16%) ont bénéficié d’explorations<br />

en amont authentifiant un retentissement ischémique<br />

sur le ventricule gauche, comme ce<strong>la</strong> avait pu être<br />

fait dans les études COURAGE (8) ou BARI 2D (9) .<br />

Bien qu’incomplets, les résultats de FAME II rassurent l’angiop<strong>la</strong>sticien<br />

: FAME I a démontré qu’il ne faut pas revascu<strong>la</strong>riser<br />

les lésions n’abaissant pas <strong>la</strong> réserve coronaire, et FAME II qu’il<br />

faut di<strong>la</strong>ter les artères quand <strong>la</strong> FFR < 0,8.<br />

Néanmoins il s’agit d’une procédure invasive pouvant être compliquée<br />

de dissection coronaire ou d’occlusion par déstabilisation<br />

de p<strong>la</strong>ques.<br />

Enfin, c’est un examen qui reste coûteux et, pour l’heure,<br />

non remboursé par les autorités de tutelle et qui doit donc<br />

FAME II : résultats sur l’IDM et <strong>la</strong> mortalité toute cause<br />

7 8 9 10 11 12<br />

Mois après <strong>la</strong> randomisation<br />

Incidence cumulée (%)<br />

35<br />

30<br />

25<br />

20<br />

15<br />

10<br />

5<br />

0<br />

0<br />

être pris en charge par le patient ou par <strong>la</strong> structure dans<br />

<strong>la</strong>quelle il est accueilli.<br />

On l’aura compris, dans le contexte de <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die coronaire<br />

stable, l’angiop<strong>la</strong>stie ad hoc n’a quasiment aucun intérêt en<br />

dehors des patients chez lesquels l’exploration non invasive<br />

est impossible, et ils ne sont pas nombreux.<br />

Il reste aux coronarographistes à scruter les résultats de<br />

l’étude clinique ISCHEMIA, actuellement en cours, qui teste<br />

l’intérêt sur le long terme de <strong>la</strong> supériorité de <strong>la</strong> revascu<strong>la</strong>risation<br />

+ traitement médical versus traitement médical seul,<br />

chez les patients coronariens stables porteurs d’une ischémie<br />

myocardique modérée à sévère, évaluée par les techniques<br />

non invasives. ■<br />

Pour en savoir plus<br />

1 2 3 4 5 6<br />

1. ESC Guidelines for the management of acute myocardial infarction in<br />

patients presenting with ST-segment elevation. The Task Force on the<br />

management of ST-segment elevation acute myocardial infarction<br />

of the European Society of Cardiology (ESC). European Heart Journal<br />

2012.<br />

2. ESC Guidelines for the management of acute coronary syndromes in<br />

patients presenting without persistent ST-segment elevation. European<br />

Heart Journal 2011; 32 : 2999-3054.<br />

3. Guidelines on myocardial revascu<strong>la</strong>rization. The Task Force on Myocardial<br />

Revascu<strong>la</strong>rization of the European Society of Cardiology (ESC) and<br />

the European Association for Cardio-Thoracic Surgery (EACTS).<br />

European Heart Journal 2010; 31 : 2501-55.<br />

4. Serruys PW, Morice MC, Kappetein AP, Colombo A, Holmes DR,<br />

Mack MJ, Ståhle E, Feldman TE, van den Brand M, Bass EJ, Van Dyck N,<br />

Leadley K, Dawkins KD, Mohr FW; SYNTAX Investigators. Percutaneous<br />

coronary intervention versus coronary-artery bypass grafting for severe<br />

coronary artery disease. N Engl J Med 2009 ; 360(10) : 961-72.<br />

Pour toute correspondance avec l’auteur<br />

luc.lorgis@chu-dijon.fr<br />

Décès toute cause<br />

Angiop<strong>la</strong>stie vs traitement médical<br />

HR 0,33 (IC 95% [0,03-3,17] ; p = 0,31<br />

Angiop<strong>la</strong>stie vs registre<br />

HR 1,12 (IC 95% [0,05-27,33] ; p = 0,54<br />

Traitement médical vs registre<br />

HR 2,66 (IC 95% [0,14-51,18] ; p = 0,30<br />

7 8 9 10 11 12<br />

Mois après <strong>la</strong> randomisation<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012


Cardio interventionnelle pour le praticien<br />

26<br />

Jean-Louis Georges<br />

Service de cardiologie,<br />

Centre hospitalier de Versailles,<br />

hôpital André-Mignot,<br />

Le Chesnay<br />

La voie radiale expose-t-elle<br />

vraiment le patient et l’opérateur à<br />

des doses de rayons supérieures ?<br />

Proposée depuis le début des années 1990, <strong>la</strong> voie artérielle<br />

radiale est devenue <strong>la</strong> voie d’abord prédominante en Europe<br />

et en France pour réaliser les coronarographies et les interventions<br />

coronaires percutanées (ICP). Ses avantages par rapport<br />

à <strong>la</strong> voie fémorale sont une immobilisation réduite du<br />

patient et une diminution du risque hémorragique au point<br />

de ponction.<br />

La voie radiale vient d’entrer dans les recommandations de<br />

l’ESC 2012 pour les procédures réalisées en phase aiguë d’infarctus<br />

(c<strong>la</strong>sse IIa, niveau de preuve B), grâce à deux études,<br />

RIVAL et RIFLE STEACS, qui ont montré qu’elle est associée à<br />

une réduction de <strong>la</strong> morbi-mortalité. Cependant, pour beaucoup<br />

de cardiologues, <strong>la</strong> voie radiale reste associée à des doses<br />

de rayons X (RX) plus élevées, tant pour le patient que pour<br />

l’opérateur. Qu’en est-il réellement ?<br />

La voie radiale expose-t-elle le patient<br />

à une irradiation supérieure ?<br />

➜ Les données de <strong>la</strong> littérature<br />

Depuis 1996, une vingtaine d’études observationnelles ou<br />

randomisées ont comparé <strong>la</strong> voie radiale et <strong>la</strong> voie fémorale<br />

et ont inclus une estimation des doses reçues par le patient.<br />

Le Tableau 1 résume les résultats des études ayant comparé<br />

le Produit Dose.Surface (PDS) exprimé en Gy.cm² (1) . (Les lecteurs<br />

peu familiers des paramètres de doses et des valeurs<br />

habituelles sont invités à se reporter à l’encadré « Les mesures<br />

d’exposition : les 10 points clés ».) Pour faciliter <strong>la</strong> lecture, le<br />

tableau indique <strong>la</strong> différence absolue « Radiale-Fémorale »<br />

Dose de RX délivrée au patient (PDS en Gy.cm²) en cardiologie interventionnelle coronaire :<br />

comparaison de <strong>la</strong> voie radiale et de <strong>la</strong> voie fémorale<br />

Etude<br />

Coronarographie<br />

Randomisée<br />

n<br />

Fémorale<br />

PDS* n<br />

Radiale<br />

PDS*<br />

p<br />

Différence absolue (R-F)<br />

Δ PDS Bornes de l’IC à 95%<br />

Sandborg, 2004 NR 40 38 ± 22 36 51 ± 25 < 0,01 13 2,4 – 23,6<br />

Lange, 2006 R 103 13 ± 8 92 15 ± 8 < 0,05 2 0,2 – 4,2<br />

Brasselet, 2008 NR 98 38 [10-130] 150 59 [15-334] < 0,0001 21 15,9 – 26,1<br />

Achenbach, 2008 R 155 32 ± 18,9 152 37,4 ± 23,7 NS 5 - 0,2 – 9,8<br />

Brueck, 2009 R 494 38,2 [20,4-48,5] 511 41,9 [22,6-52,2] 0,03 3,7 3,1 – 4,3<br />

RAY'ACT, 2011 soumis<br />

Angiop<strong>la</strong>stie coronaire<br />

NR 9 055 28,1 [16,4-46,9] 21 726 26,8 [15,1-44,5] < 0,0001 - 1,3 - 2,1 – - 0,5<br />

Larrazet, 2003 NR 184 138 [93-197] 218 175 [128-246] < 0,001 37 27,2 – 46,8<br />

Larrazet, 2003 NR 263 185 ± 117 328 242 ± 137 < 0,0001 57 36,5 – 77,5<br />

Philippe, 2004 NR 75 151 ± 86 87 229 ± 133 0,01 78 43,9 – 112,1<br />

Sandborg, 2004 NR 42 47 ± 34 24 75 ± 47 < 0,05 28 6,6 – 49,4<br />

Geijer, 2004 NR 114 70,5 ± 56,8 55 69,8 ± 54,8 NS - 1 - 18,9 – 16,9<br />

Lange, 2006 R 48 46 ± 26 54 51 ± 29 NS - 5 - 16,3 – 6,3<br />

Brasselet, 2008 NR 83 103 [23-383] 90 125 [21-398] < 0,001 22 8,6 – 35,4<br />

Hetherington, 2009 NR 480 32 [20-49] 571 25 [15-37] < 0,001 - 7 - 8,2 – - 5,8<br />

RAY'ACT, 2011 soumis NR 7 863 59,4 [34,6-99,9] 17 134 55,6 [32,1-92,1] < 0,0001 - 3,8 - 5,7 – - 1,9<br />

* PDS en Gy.cm² présentés, selon les études, soit par <strong>la</strong> médiane avec les quartiles entre crochets, soit par <strong>la</strong> moyenne ± l'écart type. Les PDS n'ayant pas une<br />

distribution normale, les moyennes sont faussement majorées par rapport aux médianes, les écarts types sont très élevés, ne permettant pas une estimation<br />

correcte des variations autour de <strong>la</strong> moyenne. Les bornes de l'IC 95% de <strong>la</strong> différence absolue de PDS sont donc données à titre indicatif.<br />

Tableau 1.<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012


1. La dose de rayonnement reçue par un patient peut<br />

être exprimée en gray (Gy) ou en sievert (Sv).<br />

2. Le gray mesure <strong>la</strong> « dose absorbée » localement (1 Gy<br />

correspond à l’absorption d’une énergie de 1 J/kg de<br />

tissu). Les doses directement reçues par le patient, dites<br />

doses à <strong>la</strong> peau, s’expriment en Gy, et il existe un risque<br />

de brûlure cutanée ou de radiodermite pour des doses<br />

cumu<strong>la</strong>tives > 2 ou 3 Gy (2) .<br />

3. La vraie dose à <strong>la</strong> peau du patient est rarement mesurée,<br />

car elle nécessite des films dosimétriques appliqués<br />

sur <strong>la</strong> peau du patient dans <strong>la</strong> zone recevant les<br />

rayons qui varie avec les arceaux mobiles.<br />

4. Les appareils récents de cardiologie interventionnelle<br />

fournissent 2 chiffres d’exposition globale : le PDS (produit<br />

dose.surface) et <strong>la</strong> dose cumulée (ou Air Kerma total).<br />

5. Le PDS exprimé en Gy.cm² est une estimation de <strong>la</strong> dose<br />

totale émise et reçue par le patient. Une coronarographie<br />

délivre en médiane 30 Gy.cm² et une angiop<strong>la</strong>stie<br />

coronaire 60 Gy.cm².<br />

6. La dose cumulée donnée en Gy ou en mGy est calculée<br />

par les systèmes à capteur p<strong>la</strong>n pour un point situé<br />

15 cm sous l’isocentre, et est censée estimer <strong>la</strong> dose à<br />

<strong>la</strong> peau (sans l’atténuation de <strong>la</strong> table et du mate<strong>la</strong>s).<br />

des PDS médians ou moyens (une différence > 0 est en faveur<br />

de <strong>la</strong> fémorale et < 0 en faveur de <strong>la</strong> radiale).<br />

Pour <strong>la</strong> coronarographie, toutes les études publiées indiquent<br />

des durées de scopie ou des doses de radiations supérieures<br />

pour <strong>la</strong> voie radiale, <strong>la</strong> différence tendant à se réduire<br />

pour les études plus récentes.<br />

Pour l’angiop<strong>la</strong>stie coronaire, les résultats sont plus discordants.<br />

Les études les plus anciennes montrent un PDS supérieur<br />

avec <strong>la</strong> voie radiale. Deux études plus récentes, dont<br />

une randomisée (2) , ne montrent pas de différence significative.<br />

L’étude <strong>la</strong> plus récente concernant l’angiop<strong>la</strong>stie primaire<br />

de l’infarctus aigu montre une différence significative,<br />

mais en faveur de <strong>la</strong> voie radiale ! Les 5 études mettant<br />

en évidence une exposition supérieure pour <strong>la</strong> voie radiale<br />

ont en commun leur re<strong>la</strong>tive ancienneté : 3 sont issues de <strong>la</strong><br />

même équipe et rapportent des niveaux de PDS très élevés,<br />

<strong>la</strong>rgement supérieurs aux valeurs de référence, une étude<br />

est basée sur de très petits effectifs. L’étude de Brasselet (3)<br />

est plus récente et détaillée, mais souffre de nombreuses<br />

limites : non randomisée, effectif modeste, nombreuses<br />

exclusions (syndromes coronaires aigus, contrôle de pontages),<br />

niveau re<strong>la</strong>tivement élevé de l’exposition, et centre<br />

de moyen volume pour <strong>la</strong> voie radiale.<br />

A ces études sur le PDS, il faut ajouter une étude observationnelle<br />

récente, montrant elle aussi un excès de dose cumulée<br />

de 23% pour <strong>la</strong> voie radiale, constante pour les différents<br />

opérateurs (4) . D’après les données publiées, il existe<br />

donc une tendance pour une irradiation supérieure par voie<br />

radiale dans les premières études comparatives, non retrou-<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012<br />

Les mesures de l’exposition : les 10 points clés<br />

7. Deux autres paramètres sont recommandés pour quantifier<br />

l’exposition globale et <strong>la</strong> comparer à des valeurs<br />

de référence : <strong>la</strong> durée de radioscopie (en minutes) et le<br />

nombre d’images enregistrées en graphie.<br />

8. Le sievert (Sv) est une unité de « dose efficace » qui<br />

tient compte de <strong>la</strong> quantité d’énergie délivrée, mais<br />

aussi de <strong>la</strong> sensibilité des différents tissus aux rayonnements<br />

ionisants.<br />

L’exposition en Sv ou plutôt milliSievert (mSv) représente<br />

mieux le risque aléatoire, sans effet de seuil,<br />

des rayons ionisants : risque de mutations et de cancers<br />

radio-induits.<br />

9. Les doses reçues par le personnel (dosimétrie) sont<br />

mesurées en mSv, <strong>la</strong> limite à ne pas dépasser est fixée<br />

à 20 mSv/an. Pour donner un ordre de grandeur, <strong>la</strong><br />

radioactivité naturelle en France est en moyenne<br />

d’environ 2,4 mSv/an.<br />

10. Il existe une re<strong>la</strong>tion entre l’exposition mesurée en<br />

Gy.cm 2 et celle mesurée en mSv. Pour <strong>la</strong> coronarographie<br />

et l’angiop<strong>la</strong>stie coronaire, compte tenu des<br />

organes traversés par les RX, l’équation habituellement<br />

proposée est : équivalent de dose efficace<br />

(en mSv) = 0,2 x PDS (en Gy.cm 2 ).<br />

vée dans les essais randomisés, et qui semble s’estomper dans<br />

les études les plus récentes, et même s’inverser dans l’expérience<br />

de centres à haut volume pour <strong>la</strong> radiale. Toutes les<br />

comparaisons sont issues d’études monocentriques, et<br />

aucune ne mentionne l’ancienneté du passage du centre à<br />

<strong>la</strong> voie radiale au moment de l’analyse.<br />

➜ Les données françaises de l’enquête RAY’ACT<br />

L’enquête RAY’ACT est une enquête multicentrique française<br />

réalisée en 2011 sous l’égide du Collège national des<br />

cardiologues des hôpitaux dans 48 hôpitaux généraux, ESPIC<br />

et hôpitaux militaires. Ses résultats portent sur 60 000 actes<br />

consécutifs (33 000 coronarographies, 27 000 ICP) réalisés<br />

en 2010, sans exclusion, représentatifs de <strong>la</strong> pratique quotidienne.<br />

Ils ont été présentés au Congrès de l’ESC 2012 (5) et<br />

sont en cours de publication. Les comparaisons brutes montrent<br />

que les actes réalisés par voie radiale en France sont<br />

en moyenne moins irradiants que ceux réalisés par voie<br />

fémorale (Tableau 1). Après ajustement sur l’âge, l’IMC, etc.,<br />

<strong>la</strong> durée de scopie et le PDS restent inférieurs pour <strong>la</strong> voie<br />

radiale pour les ICP, et ne diffèrent pas significativement<br />

entre les deux voies pour <strong>la</strong> coronarographie.<br />

➜ L’effet volume pour <strong>la</strong> voie radiale<br />

Le caractère multicentrique de l’enquête permet d’approfondir<br />

l’analyse de ces résultats discordants avec une partie<br />

des données publiées. Par exemple, si on c<strong>la</strong>sse les centres en<br />

27


Cardio interventionnelle pour le praticien<br />

28<br />

Etude RAY’ACT : différences entre voie radiale<br />

et fémorale des doses de RX au patient lors<br />

des interventions coronaires percutanées<br />

PDS en Gy.cm 2<br />

80<br />

70<br />

60<br />

50<br />

40<br />

30<br />

20<br />

Coronarographie Angiop<strong>la</strong>stie coronaire<br />

Pourcentage d'actes réalisés par voie radiale dans le centre<br />

Figure 1.<br />

< 50%<br />

radiale<br />

Voie fémorale<br />

Voie radiale<br />

59-79%<br />

radiale<br />

> 80%<br />

radiale<br />

< 50%<br />

radiale<br />

59-79%<br />

radiale<br />

> 80%<br />

radiale<br />

3 groupes selon le pourcentage d’actes réalisés par voie<br />

radiale, on s’aperçoit que les centres à faible volume de radiale<br />

(< 50%) ont effectivement une irradiation supérieure avec<br />

cette voie, alors que c’est l’inverse pour les centres à moyen<br />

(50-70%) ou haut volume (> 80%) de radiale (Figure 1). De<br />

plus, il existe une nette tendance, moins attendue, entre le<br />

niveau global d’irradiation toutes voies confondues et <strong>la</strong><br />

voie dominante, les centres à haut volume de radiale délivrant<br />

en moyenne des doses de RX beaucoup plus basses,<br />

tant pour <strong>la</strong> coronarographie que pour les ICP. Comme dans<br />

toute étude observationnelle, des biais sont possibles. Par<br />

exemple, on peut imaginer que dans un centre préférant en<br />

routine <strong>la</strong> voie fémorale, on réserve <strong>la</strong> voie radiale aux<br />

patients très obèses ou aux patients artéritiques polyartériels,<br />

ce qui pourra majorer le PDS des procédures par voie<br />

radiale. A l’inverse, un centre à haut volume de radiale réservera<br />

<strong>la</strong> voie fémorale aux chocs cardiogéniques, aux échecs<br />

de voie radiale, donc à des procédures potentiellement plus<br />

longues ou complexes et plus irradiantes. Cependant, étant<br />

donné le volume d’actes analysé dans RAY’ACT, il est probable<br />

que l’interaction observée entre <strong>la</strong> différence d’exposition<br />

radiale-fémorale et le volume d’actes réalisés par voie<br />

radiale ait d’autres explications, comme <strong>la</strong> courbe d’apprentissage<br />

de <strong>la</strong> voie radiale.<br />

L’expérience de notre centre va dans ce sens. Depuis fin 2001,<br />

nous suivons les paramètres d’exposition du patient aux<br />

radiations pour toutes les procédures consécutives de coronarographie<br />

et d’ICP, sans exclusion (6,7) . L’évolution sur les<br />

10 dernières années des PDS des angiop<strong>la</strong>sties coronaires<br />

est représentée sur <strong>la</strong> Figure 2. La période 2002-2005 est<br />

marquée par une augmentation considérable (+ 50%) des<br />

doses émises, qui débute exactement lors du passage à <strong>la</strong><br />

voie radiale (juillet 2002). Ce n’est qu’au bout de 3 ans que<br />

les PDS regagnent le niveau du 1 er semestre 2002, lorsque <strong>la</strong><br />

voie fémorale était quasi exclusive. Il semble réaliste d’im-<br />

Evolution des doses émises (PDS) pour les<br />

interventions coronaires percutanées réalisées<br />

entre 2002 et 2011 au CH de Versailles<br />

250<br />

200<br />

150<br />

100<br />

50<br />

0<br />

Passage à <strong>la</strong><br />

voie radiale<br />

2002<br />

P<strong>la</strong>n d'optimisation<br />

des doses RX<br />

Changement<br />

salle Coro<br />

S1 2002<br />

S2 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011<br />

puter l’augmentation transitoire des PDS à <strong>la</strong> seule courbe<br />

d’apprentissage de <strong>la</strong> voie radiale droite, aucune autre modification<br />

de pratique, d’équipement ou d’opérateurs n’ayant<br />

été enregistrée dans cette période.<br />

La deuxième période (2006-2007) montre l’effet spectacu<strong>la</strong>ire<br />

d’un programme simple de réduction des doses, dont<br />

les modalités ont été publiées (8) (Figure 3) et sont rappelées<br />

dans l’encadré ci-dessous. La dernière baisse de PDS (2008-<br />

2009) correspond au changement d’équipement radiologique<br />

qui a permis, entre autres, de réduire les flux d’images en graphie<br />

de 15 images/sec à 7,5 images/sec. Durant ces 10 ans, le<br />

pourcentage de voie radiale n’a cessé d’augmenter, se stabilisant<br />

à 90%, et les différences de doses de RX entre <strong>la</strong> voie<br />

radiale et fémorale se sont inversées. Il est donc tout à fait<br />

possible de réaliser l’ensemble de son activité de cardiologie<br />

interventionnelle coronaire en privilégiant <strong>la</strong> voie radiale et<br />

en exposant le patient à des doses de RX très faibles, 5 à<br />

10 fois inférieures aux valeurs habituelles de référence (9) .<br />

Mesures d’optimisation des doses au patient mises<br />

en p<strong>la</strong>ce au CH de Versailles depuis janvier 2006<br />

1. Formation à <strong>la</strong> radioprotection pour les opérateurs<br />

et les IDE<br />

Médiane<br />

25 e p<br />

75 e p<br />

Moyenne<br />

2. Recommandations :<br />

a. Faibles flux de RX en scopie (en 2006 : 6,25 images/sec; depuis<br />

2009 7,5 images/sec) et graphie (en 2006 : 12,5 images/sec;<br />

depuis 2009 7,5 images/sec)<br />

b. Champ <strong>la</strong>rge de 23 cm<br />

c. Collimation maximale<br />

d. Distances tube/patient/détecteur optimisées<br />

e. Pas de ventriculographie systématique<br />

(nombre de séquences, angu<strong>la</strong>tion des incidences <strong>la</strong>issées libres)<br />

Niveau de<br />

référence<br />

Figure 2. Effet de <strong>la</strong> courbe d’apprentissage de <strong>la</strong> voie radiale<br />

et du programme d’optimisation des doses.<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012


Evolution des différences de doses émises<br />

(PDS) par voie radiale et fémorale<br />

au CH de Versailles<br />

PDS en Gy.cm 2<br />

160<br />

140<br />

120<br />

100<br />

80<br />

60<br />

40<br />

20<br />

0<br />

La voie radiale expose-t-elle l’opérateur<br />

à une irradiation supérieure ?<br />

Les 3 études, dont une randomisée, qui ont comparé de<br />

façon spécifique l’exposition des opérateurs selon <strong>la</strong> voie<br />

d’abord sont unanimes (Tableau 2) : l’exposition de l’opéra-<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012<br />

teur mesurée par dosimétrie est environ le double lorsque<br />

<strong>la</strong> coronarographie est réalisée par voie radiale par rapport<br />

à <strong>la</strong> voie fémorale, et multipliée par 1,5 dans le cas des ICP.<br />

Comment expliquer cette différence ?<br />

Les durées de scopie ou de PDS supérieures par voie radiale<br />

n’expliquent pas à elles seules <strong>la</strong> surexposition de l’opérateur<br />

observée dans les études comparatives. Si on compare<br />

les études de Lange et de Brasselet (2, 3) , on voit qu’il n’y<br />

a pas de parallélisme entre l’exposition globale (PDS) et celle<br />

de l’opérateur.<br />

A niveau de protection individuelle égal, l’analyse par opérateur<br />

ne montre pas non plus de parfaite concordance<br />

entre <strong>la</strong> dose totale et <strong>la</strong> dose reçue par l’opérateur (3) . Toutefois,<br />

quel que soit le niveau absolu d’exposition pour<br />

l’opérateur, <strong>la</strong> différence radiale et fémorale reste<br />

constante. Est-ce parce que l’opérateur est plus proche de<br />

<strong>la</strong> source de RX lors de <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce et de <strong>la</strong> manipu<strong>la</strong>tion<br />

des guides et des sondes par voie radiale ? Si c’était<br />

le cas, <strong>la</strong> différence radiale-fémorale serait plus importante<br />

pour les ICP (l’opérateur est proche de <strong>la</strong> source dans<br />

toutes les phases irradiantes : mise en p<strong>la</strong>ce du cathéterguide,<br />

franchissement de <strong>la</strong> sténose, mise en p<strong>la</strong>ce du ballon<br />

ou du stent, etc.) que pour les coronarographies (l’opérateur<br />

n’est proche de <strong>la</strong> source que durant le<br />

positionnement des sondes en scopie et peut se reculer<br />

pour les acquisitions en graphie), alors que c’est l’inverse<br />

qui est observé.<br />

Quoi qu’il en soit, il paraît capital de mettre en œuvre toutes<br />

les mesures de radioprotection, pour le patient et l’opérateur,<br />

lorsqu’on choisit de travailler par voie radiale.<br />

Exposition des opérateurs lors de coronarographies ou d’interventions coronaires percutanées<br />

réalisées par voie radiale ou fémorale<br />

Auteur Randomisée Acte<br />

Coronarographie diagnostique<br />

Lange HW,<br />

Catheter Cardiovasc<br />

Interv 2006<br />

Brasselet C,<br />

Eur Heart J 2008<br />

Angiop<strong>la</strong>stie coronaire<br />

Mann JT, J Invasive<br />

Cardiol 1996<br />

Lange HW, Catheter<br />

Cardiovasc Interv 2006<br />

Brasselet C,<br />

Eur Heart J 2008<br />

R<br />

NR<br />

Coronarographie<br />

diagnostique<br />

Coronarographie<br />

diagnostique<br />

NR ICP élective<br />

Exposition<br />

opérateur<br />

Voie radiale Voie fémorale p<br />

Dosimétrie en μSv 64 ± 55 32 ± 39 < 0,001<br />

Dosimétrie en μSv 29 [1-195] 13 [1-164] < 0,0001<br />

Dosimétrie<br />

en mrem/cas*<br />

13,5 ± 2,1 8,8 ± 1,3 < 0,01<br />

R ICP élective Dosimétrie en μSv 166 ± 188 110 ± 115 < 0,05<br />

NR<br />

Coronarographie +<br />

ICP ad hoc<br />

Dosimétrie en μSv 69 [4-531 41 [2-360] 0,02<br />

ICP : intervention coronaire percutanée. R/NR : étude randomisée/non randomisée. Les paramètres d'exposition sont exprimés en moyenne ± l'écart type<br />

ou en médiane [quartiles]. * Les rem ont été remp<strong>la</strong>cés par les sieverts dans le système international : 1 rem = 10 mSv, donc 1 mrem = 10 µSv.<br />

Tableau 2.<br />

NS<br />

Coronarographie ICP<br />

Fémorale<br />

Radiale<br />

p < 0,001<br />

p = 0,02<br />

Total<br />

2002-2005<br />

2006-2007<br />

NS<br />

p < 0,001<br />

p = 0,05<br />

Total<br />

2002-2005<br />

2006-2007<br />

Figure 3. L’excès de dose pour <strong>la</strong> voie radiale n’est observé que<br />

pendant <strong>la</strong> phase d’apprentissage, se réduit après mise en<br />

p<strong>la</strong>ce du programme d’optimisation des doses, puis s’inverse.<br />

29


Cardio interventionnelle pour le praticien<br />

30<br />

Evolution de <strong>la</strong> dosimétrie opérationnelle des opérateurs du CH de Versailles associée<br />

à <strong>la</strong> voie radiale quasi exclusive<br />

Dosimétrie sous tablier 2008 2009 2010 Δ<br />

Coro 653 703 782<br />

ICP 360 451 477 + 25%<br />

Total actes 1 013 1 154 1 259 + 20%<br />

% radiale 89 90 90<br />

Dose annuelle totale Hp (0,07) μSv 452 183 125<br />

des 4 op. principaux Hp (10) μSv 349 118 84<br />

Dose annuelle moyenne Hp (0,07) μSv 113 46 31 - 72%<br />

par opérateur<br />

Hp (10) μSv 87 30 21 - 76%<br />

Dose moyenne<br />

Hp (0,07) μSv 0,45 0,16 0,10<br />

opérateur par acte<br />

Hp (10) μSv 0,34 0,10 0,07<br />

Tableau 3.<br />

L’effet des mesures de radioprotection<br />

sur l’exposition par voie radiale<br />

➜ Réduire les doses émises<br />

Les mesures d’optimisation des doses totales émises, qui<br />

bénéficient à <strong>la</strong> fois au patient et au personnel, et les mesures<br />

individuelles de protection du personnel sont d’égale importance.<br />

Les nombreuses techniques de réduction des doses,<br />

rappelées dans les formations obligatoires des cardiologues<br />

interventionnels à <strong>la</strong> radioprotection, sont détaillées dans<br />

une <strong>revue</strong> récente (10) . Elles sont peu coûteuses, peu contraignantes,<br />

et ont des résultats spectacu<strong>la</strong>ires tout en préservant<br />

<strong>la</strong> qualité diagnostique de l’examen.<br />

➜ Mieux protéger l’opérateur<br />

Les mesures individuelles de radioprotection du personnel sont<br />

aussi capitales, et doivent être optimisées lorsqu’on travaille par<br />

voie radiale. Les différences observées entre les études de Lange<br />

et de Brasselet (2, 3) illustrent l’effet protecteur de ces mesures<br />

(Tableau 2). Dans <strong>la</strong> première, les PDS des ICP sont modestes (de<br />

l’ordre de 50 Gy.cm 2 ) et les doses reçues par l’opérateur sont élevées<br />

(de 110 à 166 μSv/examen), alors que c’est l’inverse dans<br />

l’étude de Brasselet (PDS élevés > 100 Gy.cm 2 , doses reçues par<br />

l’opérateur modérées, entre 41 et 69 μSv). L’explication réside<br />

certainement dans l’utilisation par l’équipe de Brasselet de dispositifs<br />

de radioprotection plus efficaces pour l’opérateur. Sontils<br />

pour autant optimaux, comme le titre de l’article le suggère ?<br />

Une vitre plombée haute, un écran plombé bas (équivalents à<br />

0,5 mm de plomb), un tablier de plomb, et des consignes pour<br />

que l’opérateur se tienne le plus éloigné possible du tube à<br />

RX paraissent un minimum.<br />

Dans notre centre, on y ajoute systématiquement pour tous les<br />

opérateurs le port d’un calot plombé, de lunettes plombées avec<br />

verres <strong>la</strong>téraux (prévention de <strong>la</strong> cataracte radique), l’utilisation<br />

systématique de prolongateurs de tubulure > 80 cm, et de façon<br />

récente, d’un injecteur automatique et d’un deuxième écran<br />

protecteur sur roulettes, les commandes de <strong>la</strong> table étant situées<br />

aux pieds du patient. Le résultat (Tableau 3) : il est possible d’utiliser<br />

quasi exclusivement <strong>la</strong> voie radiale droite avec des niveaux<br />

d’exposition très bas pour les opérateurs, < 0,10 μSv par acte et<br />

< 40 μSv par an (pour un seuil maximal toléré de 20 000 μSv), ce<br />

qui est sans commune mesure avec ce qui est rapporté dans <strong>la</strong><br />

littérature. ■<br />

Pour toute correspondance avec l’auteur<br />

jgeorges@ch-versailles.fr<br />

Ce qu’il faut retenir<br />

➜ La voie radiale n’expose pas le patient ou l’opérateur<br />

à des doses de radiations supérieures lorsque les opérateurs<br />

sont familiers avec cette voie ou dans les centres<br />

à haut volume de radiale : « La voie radiale irradie moins<br />

quand on <strong>la</strong> pratique beaucoup, et plus quand on <strong>la</strong> pratique<br />

peu ».<br />

➜ La sur-irradiation existe transitoirement lors du passage<br />

de <strong>la</strong> voie fémorale prédominante à <strong>la</strong> voie radiale<br />

prédominante, et il faut plusieurs mois pour que l’ensemble<br />

des opérateurs d’un centre maîtrise <strong>la</strong> technique<br />

spécifique de <strong>la</strong> voie radiale et stabilise les durées de<br />

scopie ou les doses de RX par cette voie.<br />

➜ La différence d’irradiation entre voie fémorale et<br />

radiale devient cliniquement négligeable lorsqu’un programme<br />

d’optimisation des doses est suivi.<br />

➜ Les opérateurs utilisant <strong>la</strong> voie radiale sont susceptibles<br />

de recevoir des doses de RX supérieures lors des<br />

coronarographies et surtout des angiop<strong>la</strong>sties coronaires.<br />

Ils doivent bénéficier de mesures de radioprotection<br />

individuelles maximales.<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012


Nico<strong>la</strong>s Meneveau<br />

Pôle Cœur-Poumon,<br />

hôpital Jean-Minjoz,<br />

Besançon<br />

Les progrès techniques et les avancées médicamenteuses<br />

accomplis au cours de ces dernières années ont conduit à<br />

améliorer de façon spectacu<strong>la</strong>ire le pronostic des patients<br />

soumis à une angiop<strong>la</strong>stie coronaire, en particulier ceux pris<br />

en charge dans le cadre d’un syndrome coronaire aigu.<br />

L’efficacité accrue des antithrombotiques a permis de réduire<br />

les événements cardiovascu<strong>la</strong>ires ischémiques au prix d’une<br />

majoration significative du risque hémorragique. Il est<br />

aujourd’hui bien établi que ces complications hémorragiques<br />

ont un impact pronostique majeur et justifient une prévention<br />

attentive.<br />

L’<br />

évaluation de <strong>la</strong> fréquence et de l’impact pronostique<br />

des saignements a longtemps été sous-estimée. Les multiples<br />

définitions utilisées d’une étude à l’autre ont rendu<br />

difficile <strong>la</strong> comparaison du profil de sécurité des différentes<br />

molécules antithrombotiques utilisées dans l’angiop<strong>la</strong>stie.<br />

Le recours à <strong>la</strong> définition BARC (Bleeding Academic Research<br />

Consortium) a récemment standardisé ces événements hémorragiques<br />

afin d’homogénéiser l’analyse des futurs essais<br />

conduits en pathologie cardiovascu<strong>la</strong>ire (Tableau 1).<br />

Incidence des complications hémorragiques<br />

dans l’angiop<strong>la</strong>stie<br />

Le taux de complications hémorragiques varie en fonction<br />

de <strong>la</strong> définition utilisée, du contexte clinique, mais également<br />

de <strong>la</strong> nature et de <strong>la</strong> posologie du traitement antithrombotique<br />

prescrit. Les données de <strong>la</strong> littérature font<br />

état d’un taux de saignements variant entre 1 et 8% des procédures<br />

d’angiop<strong>la</strong>stie. En moyenne, le chiffre de 2% d’accidents<br />

hémorragiques est le plus souvent rapporté. Ce taux<br />

est toutefois probablement sous-estimé.<br />

A titre d’exemple, le taux de complications hémorragiques<br />

majeures dans STEEPLE était de 2% après angiop<strong>la</strong>stie élective,<br />

mais de 5,4% et 6,6% après angiop<strong>la</strong>stie conduite dans<br />

le cadre d’un syndrome coronaire aigu ST- et ST+ dans les<br />

études ACUITY et HORIZONS, respectivement. De <strong>la</strong> même<br />

façon, l’avènement du prasugrel et du ticagrelor est associé<br />

à une majoration de l’ordre de 20% des complications<br />

hémorragiques majeures après angiop<strong>la</strong>stie. A l’inverse, dans<br />

l’étude REPLACE, <strong>la</strong> bivalirudine se distingue par une réduction<br />

des saignements de près de 40% comparée à l’association<br />

héparine non fractionnée-anti-GPIIb/IIIa, pour une efficacité<br />

antithrombotique équivalente.<br />

L’âge avancé (≥ 75 ans), un poids corporel ≤ 60 kg, le sexe<br />

féminin, un tabagisme actif, une hyperleucocytose, <strong>la</strong> présence<br />

d’une insuffisance rénale ou d’une anémie sont autant<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012<br />

Prévention des complications<br />

hémorragiques en angiop<strong>la</strong>stie<br />

de facteurs prédictifs de survenue d’une complication hémorragique<br />

au décours d’une procédure d’angiop<strong>la</strong>stie. S’y associent<br />

un certain nombre de variables périprocédurales telles<br />

que le recours aux anti-GPIIb/IIIa, une durée de procédure<br />

≥ 1 heure, le retrait du désilet plus de 6 heures après <strong>la</strong> fin<br />

de <strong>la</strong> procédure, <strong>la</strong> prise en charge du patient en unité de<br />

soins intensifs ou <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce d’un ballon de contrepulsion<br />

intra-aortique. Des scores ont été développés pour<br />

prédire le risque de survenue d’une complication hémorragique<br />

per- ou postangiop<strong>la</strong>stie, limités toutefois aux procédures<br />

conduites par voie fémorale.<br />

Impact pronostique des complications<br />

hémorragiques au décours de l’angiop<strong>la</strong>stie<br />

La survenue d’une complication hémorragique au décours<br />

de l’angiop<strong>la</strong>stie est associée à une mortalité à 1 mois multipliée<br />

par 5, comme a pu le montrer l’analyse poolée des<br />

données du registre OASIS, et des études OASIS 2 et CURE<br />

(Figure 1). Le risque de décès est majoré au cours de l’hospitalisation,<br />

mais également à distance de celle-ci. Il existe<br />

en effet une re<strong>la</strong>tion étroite et pérenne dans le temps entre<br />

hémorragie hospitalière et mortalité à 1 an, chez les patients<br />

Evts cumulés (%)<br />

Complications hémorragiques<br />

et mortalité à 30 jours : analyse poolée<br />

des données du registre OASIS<br />

et des études OASIS 2 et CURE<br />

14<br />

12<br />

10<br />

8<br />

6<br />

4<br />

2<br />

0<br />

0 5 10 15 20 25 30<br />

Figure 1.<br />

HR = 5,37 [3,97-7,26]<br />

Jours<br />

Complications<br />

hémorragiques 12,8%<br />

Pas de complications<br />

hémorragiques 2,5%<br />

31


Cardio interventionnelle pour le praticien<br />

32<br />

Définitions BARC<br />

BARC 0 Pas de saignement<br />

BARC 1 Saignement ne modifiant pas <strong>la</strong> prise en charge<br />

médicale et pour lequel aucune action médicale<br />

n'est entreprise mais qui peut induire des épisodes<br />

d'arrêt des traitements par le patient sans consultation<br />

d'un professionnel de santé<br />

BARC 2 Toute hémorragie manifeste ne répondant pas aux<br />

définitions BARC de type 3, 4 et 5, mais à l'une des<br />

trois caractéristiques suivantes :<br />

- justifie un traitement médical non chirurgical par<br />

un professionnel de santé<br />

- conduit à une hospitalisation ou à une<br />

surveil<strong>la</strong>nce accrue<br />

- conduit à une évaluation médicale<br />

BARC 3 Saignements plus sévères se subdivisant en trois<br />

sous-catégories<br />

- Type 3a - Saignement extériorisé avec chute de<br />

l'hémoglobine de 3 à 5 points (g/dl)<br />

- Saignement extériorisé justifiant une transfusion<br />

sanguine<br />

- Type 3b - Saignement extériorisé avec une chute<br />

de l'hémoglobine ≥ 5 points<br />

- Tamponnade<br />

- Saignement nécessitant une hémostase<br />

chirurgicale<br />

- Saignement nécessitant l’administration d’amines<br />

pressives intraveineuses<br />

- Type 3c - Hémorragie intracrânienne excluant les microhémorragies<br />

liées aux transformations<br />

hémorragiques et incluant les hémorragies<br />

méningées<br />

- Hémorragie cérébro-méningée confirmée par<br />

autopsie, imagerie ou ponction lombaire<br />

- Hémorragie intra-ocu<strong>la</strong>ire compromettant <strong>la</strong> vision<br />

BARC 4 Saignement en rapport avec un pontage aortocoronaire<br />

- saignement intracrânien dans les 48 heures<br />

postopératoires<br />

- réintervention afin de contrôler l'hémostase<br />

- transfusion ≥ 5 unités de sang total ou de<br />

concentrés globu<strong>la</strong>ires dans les 48 heures<br />

postopératoires<br />

- drainage thoracique ≥ 2 l dans les 24 heures<br />

postopératoires<br />

BARC 5 Saignement mortel<br />

- Type 5a Saignement mortel probable, non confirmé<br />

par autopsie ou imagerie<br />

- Type 5b Saignement mortel confirmé par autopsie ou<br />

imagerie<br />

Tableau 1.<br />

ayant un syndrome coronaire aigu pris en charge en angiop<strong>la</strong>stie<br />

dans l’étude ACUITY (Figure 2). Si les hémorragies<br />

les plus sévères sont associées à un risque de mortalité<br />

plus élevé, il ne faut pas négliger l’impact pronostique des<br />

saignements mineurs trop souvent sous-estimé.<br />

Différents mécanismes interviennent dans le risque de surmortalité<br />

observé après saignement. L’arrêt intempestif du<br />

traitement antithrombotique peut être responsable de<br />

thromboses de stent et d’infarctus. La survenue d’un choc<br />

hémorragique majore le risque d’ischémie myocardique,<br />

alors que l’anémie et les transfusions sanguines sont à l’origine<br />

d’une réaction inf<strong>la</strong>mmatoire susceptible d’augmenter<br />

le risque de thrombose de stent par le biais de l’activation<br />

p<strong>la</strong>quettaire (Figure 3).<br />

Comment prévenir les complications<br />

hémorragiques de l’angiop<strong>la</strong>stie ?<br />

Prévenir les complications hémorragiques de l’angiop<strong>la</strong>stie<br />

est devenu un véritable enjeu thérapeutique. Pour y parvenir<br />

il convient de mettre en œuvre un certain nombre de<br />

précautions.<br />

➜ Eviter les surdosages…<br />

En premier lieu les surdosages des différents traitements<br />

antithrombotiques doivent être recherchés et évités. Ils sont<br />

responsables d’approximativement 15% des complications<br />

hémorragiques graves.<br />

Les facteurs prédictifs de surdosage médicamenteux sont<br />

les mêmes que ceux associés aux saignements eux-mêmes.<br />

Les patients de sexe féminin, de faible poids, ceux souffrant<br />

d’insuffisance rénale, de diabète ou d’insuffisance cardiaque<br />

sont ainsi plus fréquemment exposés à une complication<br />

hémorragique par le biais d’un surdosage médicamenteux.<br />

ACUITY PCI : complications hémorragiques<br />

et mortalité au long cours<br />

Mortalité (%)<br />

10<br />

9<br />

8<br />

7<br />

6<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

Figure 2.<br />

5,4%*<br />

0,8%<br />

* Log rank p < 0,0001<br />

Complications<br />

hémorragiques majeures<br />

Pas de complications<br />

hémorragiques majeures<br />

7,7%*<br />

1,8%<br />

0 30 60 90 120 150 180 210 240 270 300 330 360 390<br />

Jours<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012


Le fondaparinux, les héparines de bas poids molécu<strong>la</strong>ire,<br />

l’hirudine, l’argatroban, <strong>la</strong> bivalirudine et les anti-GPIIb/IIIa<br />

ont tous une élimination essentiellement rénale et doivent<br />

à ce titre ne pas être utilisés en cas d’insuffisance rénale<br />

sévère (c<strong>la</strong>irance de <strong>la</strong> créatinine < 30 ml/min), ou faire l’objet<br />

d’un ajustement posologique. Si l’héparine non fractionnée<br />

demeure l’anticoagu<strong>la</strong>nt de choix dans ce contexte, elle<br />

est malgré tout associée à une majoration du risque hémorragique,<br />

proportionnelle à <strong>la</strong> dégradation de <strong>la</strong> fonction<br />

rénale<br />

➜ …et les changements d’anticoagu<strong>la</strong>nt<br />

De <strong>la</strong> même façon, le changement d’anticoagu<strong>la</strong>nt est associé<br />

à un risque accru de saignement. Dans l’étude SYNERGY,<br />

les patients avec syndrome coronaire aigu soumis à une<br />

angiop<strong>la</strong>stie étaient randomisés pour recevoir de l’héparine<br />

non fractionnée ou de l’énoxaparine. Près de 75% d’entre<br />

eux avaient reçu un traitement anticoagu<strong>la</strong>nt en amont de<br />

<strong>la</strong> randomisation. Une majoration très nette des complications<br />

hémorragiques était observée chez les 8% de patients<br />

contraints à un changement de traitement anticoagu<strong>la</strong>nt.<br />

La règle est donc de s’abstenir de substituer un traitement<br />

anticoagu<strong>la</strong>nt à un autre, particulièrement si ce changement<br />

concerne l’héparine non fractionnée et les héparines de bas<br />

poids molécu<strong>la</strong>ire.<br />

La durée du traitement anticoagu<strong>la</strong>nt doit par ailleurs être<br />

<strong>la</strong> plus courte possible. A l’exception des situations à haut<br />

risque thrombotique, les anticoagu<strong>la</strong>nts doivent être interrompus<br />

au décours de l’angiop<strong>la</strong>stie.<br />

Figure 3.<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012<br />

➜ Privilégier les antithrombotiques les plus sûrs<br />

d’utilisation<br />

Le choix des agents antithrombotiques est également très<br />

important et doit se porter sur les molécules dont l’efficacité<br />

et <strong>la</strong> sécurité d’emploi ont pu être établies à partir<br />

d’études randomisées. L‘usage de bivalirudine est ainsi<br />

recommandé dans l’angiop<strong>la</strong>stie primaire (étude HORIZONS)<br />

ou chez les patients avec syndrome coronaire aigu ST- soumis<br />

à angiop<strong>la</strong>stie (étude ACUITY), en raison d’un taux de<br />

complications hémorragiques inférieur à celui de l’association<br />

héparine non fractionnée-anti-GPIIb/IIIa.<br />

Dans HORIZONS, <strong>la</strong> réduction du risque hémorragique était<br />

associée à une baisse de <strong>la</strong> mortalité cardiovascu<strong>la</strong>ire et globale<br />

à 1 mois, qui se maintenait à 3 ans. Le recours aux anti-<br />

GPIIb/IIIa ne se conçoit qu’en situation d’urgence en salle de<br />

cathétérisme et ne doit plus être envisagé en amont de <strong>la</strong><br />

coronarographie dans l’immense majorité des cas. Enfin,<br />

l’administration d’un bolus IV unique d’énoxaparine s’est<br />

montrée plus efficace dans l’angiop<strong>la</strong>stie primaire que le<br />

traitement conventionnel par héparine non fractionnée,<br />

sans majoration des complications hémorragiques.<br />

➜ Privilégier <strong>la</strong> voie radiale<br />

Prévenir les complications liées à l’abord vascu<strong>la</strong>ire est<br />

essentiel, puisqu’elles sont responsables de deux tiers des<br />

hémorragies survenant au décours de l’angiop<strong>la</strong>stie. L’usage<br />

de dispositifs de fermeture artérielle fémorale n’a pas fait<br />

<strong>la</strong> preuve de son efficacité à réduire les complications<br />

Impact pronostique des complications hémorragiques<br />

Patient à risque<br />

Complication hémorragique<br />

Choc Anémie Transfusion Arrêt intempestif<br />

du traitement<br />

antithrombotique<br />

Ischémie Inf<strong>la</strong>mmation Thrombose de stent<br />

Mortalité<br />

33


Cardio interventionnelle pour le praticien<br />

34<br />

Ce qu’il faut retenir<br />

➜ L’évaluation du risque hémorragique est un élément<br />

déterminant de <strong>la</strong> prise en charge des<br />

patients soumis à une angiop<strong>la</strong>stie.<br />

➜ Le traitement antithrombotique doit être déterminé<br />

en fonction du niveau de risque hémorragique<br />

du patient et <strong>la</strong> posologie adaptée au poids<br />

et à <strong>la</strong> c<strong>la</strong>irance de <strong>la</strong> créatinine.<br />

➜ Le remp<strong>la</strong>cement d’un traitement anticoagu<strong>la</strong>nt<br />

par un autre doit être évité, en particulier si ce<br />

remp<strong>la</strong>cement concerne l’héparine non fractionnée<br />

et l’énoxaparine.<br />

➜ Le traitement antithrombotique doit être interrompu<br />

à l’issue de <strong>la</strong> procédure dans <strong>la</strong> majorité<br />

des cas et l’usage des anti-GPIIb/IIIa ne pas être<br />

instauré en amont de <strong>la</strong> salle de coronarographie.<br />

➜ Enfin, l’abord radial doit être privilégié au détriment<br />

de l’abord fémoral, particulièrement pour<br />

les patients pris en charge pour un infarctus.<br />

hémorragiques, comparé à <strong>la</strong> compression manuelle. Le<br />

recours à des introducteurs de taille réduite, le retrait précoce<br />

de l’introducteur (< 6 heures) et l’usage préférentiel<br />

de l’abord radial sont en revanche associés à une réduction<br />

nette des complications hémorragiques.<br />

L’étude RIVAL, qui comparait les abords radial et fémoral,<br />

a montré une réduction des complications vascu<strong>la</strong>ires avec<br />

<strong>la</strong> voie radiale associée à un bénéfice clinique certain chez<br />

les patients pris en charge pour un infarctus et dans les centres<br />

privilégiant cette approche. Les complications hémor-<br />

ragiques gastro-intestinales constituent 50% des saignements<br />

spontanés de <strong>la</strong> phase aiguë des syndromes coronaires<br />

aigus et justifient <strong>la</strong> prescription d’inhibiteurs de <strong>la</strong><br />

pompe à protons (IPP) chez les patients aux antécédents<br />

d’hémorragie digestive ou d’ulcère.<br />

➜ Le problème du traitement concomitant<br />

par les anticoagu<strong>la</strong>nts oraux<br />

Le problème des patients sous traitement anticoagu<strong>la</strong>nt (AVK)<br />

pris en charge en urgence pour un syndrome coronaire aigu<br />

est en revanche loin d’être éludé. Le recours à une double<br />

antiagrégation p<strong>la</strong>quettaire ne saurait être remis en cause,<br />

mais le clopidogrel doit être préféré au prasugrel ou au ticagrelor<br />

en raison d’un risque hémorragique moindre. La durée<br />

optimale de <strong>la</strong> triple association est à considérer au cas par<br />

cas, en fonction de <strong>la</strong> pathologie associée (ma<strong>la</strong>die thromboembolique<br />

veineuse, fibril<strong>la</strong>tion auricu<strong>la</strong>ire, prothèse valvu<strong>la</strong>ire<br />

mécanique) et du niveau de risque thrombotique du<br />

patient. Dans tous les cas, l’imp<strong>la</strong>ntation d’un stent « nu » sera<br />

privilégiée à celle d’un stent « actif ». ■<br />

Pour en savoir plus<br />

- Eikelboom JW, et al. Circu<strong>la</strong>tion 2006; 114 : 774-82.<br />

- Manoukian SV, et al. J Am Coll Cardiol 2007; 49 : 1362-8.<br />

- Steg PG, et al. Eur Heart J 2011; 96 :1200-6.<br />

Pour toute correspondance avec l’auteur<br />

nico<strong>la</strong>s.meneveau@univ-fcomte.fr<br />

LE DOSSIER THÉMATIQUE DU MOIS<br />

En novembre<br />

Retrouvez tous nos contenus<br />

de cardiologie interventionnelle<br />

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www.consensus-online.fr<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012


Patrick Ohlmann<br />

Pôle d’activité<br />

médico-chirurgicale cardiovascu<strong>la</strong>ire,<br />

Hôpitaux universitaires de Strasbourg,<br />

Nouvel Hôpital civil, Strasbourg<br />

L’alcoolisation septale a été réalisée pour <strong>la</strong> première fois<br />

en 1995 par Sigwart (1) comme alternative à <strong>la</strong> myomectomie<br />

chirurgicale dans le traitement de <strong>la</strong> cardiopathie hypertrophique<br />

obstructive. Cette procédure est donc « re<strong>la</strong>tivement<br />

récente » en comparaison de <strong>la</strong> myomectomie<br />

chirurgicale qui se pratique depuis près de 50 ans (2) et souffre<br />

par conséquent, comme d’autres techniques interventionnelles,<br />

d’un certain manque de recul par rapport aux<br />

techniques opératoires. Pour cette raison <strong>la</strong> myomectomie<br />

chirurgicale demeure <strong>la</strong> technique de réduction septale de<br />

référence (3) , mais il n’en demeure pas moins que l’alcoolisation<br />

septale est aujourd’hui <strong>la</strong> technique de loin <strong>la</strong> plus<br />

employée (4) .<br />

L’<br />

alcoolisation septale consiste à produire un infarctus<br />

septal localisé en regard du point de contact entre le<br />

septum interventricu<strong>la</strong>ire et le feuillet antérieur de <strong>la</strong> valve<br />

mitrale afin de réduire le gradient intraventricu<strong>la</strong>ire gauche.<br />

Elle est réalisée au moyen de systèmes usuels de cathétérisme<br />

cardiaque : cathéter porteur, guide d’angiop<strong>la</strong>stie<br />

0,014 inch et ballon d’angiop<strong>la</strong>stie coaxial de petite taille<br />

(1,5-2 ou 2,5 mm de diamètre, en fonction du diamètre de<br />

l’artère septale cible) par lequel est injecté de l’alcool absolu.<br />

Un repérage échographique perprocédure (ETT ou ETO) est<br />

essentiel afin de vérifier par injection de contraste in situ<br />

dans l’artère septale que <strong>la</strong> zone de myocarde ciblée correspond<br />

bien au septum basal, précisément au niveau de <strong>la</strong><br />

zone de contact de <strong>la</strong> grande valve mitrale. Ce dernier point<br />

est un critère clé de <strong>la</strong> réussite de <strong>la</strong> procédure.<br />

De même, l’angiographie suprasélective via le ballon coaxial<br />

permet de visualiser précisément <strong>la</strong> zone cible et de vérifier<br />

<strong>la</strong> bonne étanchéité du ballon dans <strong>la</strong> septale. Elle permet<br />

également de vérifier l’absence de diffusion du produit<br />

de contraste vers des structures myocardiques vitales<br />

qui contre-indiquerait l’alcoolisation, tels les muscles papil<strong>la</strong>ires<br />

ou <strong>la</strong> paroi libre du VD, ce qui peut s’observer dans<br />

2% des cas (5) . Un faible volume d’alcool (1,5-3 cc) est infusé<br />

lentement in situ, ce qui permet de limiter <strong>la</strong> diffusion et<br />

les fuites, mais aussi probablement de réduire le risque de<br />

BAV complet postprocédure. Le risque de BAV était estimé<br />

à 10-15% aux débuts de <strong>la</strong> technique, il est actuellement<br />

de l’ordre de 5% (3) .<br />

Résultats<br />

L’injection d’alcool s’accompagne dans plus de 90% des cas<br />

d’une réduction, voire d’une disparition perprocédure du<br />

gradient intraventricu<strong>la</strong>ire gauche en cours d’infusion.<br />

Cet effet est en partie dû à l’ischémie, à <strong>la</strong> nécrose, mais aussi<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012<br />

Alcoolisation septale :<br />

résultats, indications<br />

à une part de sidération de <strong>la</strong> zone de myocarde cible (6) .<br />

Le gradient évolue assez souvent de façon bimodale avec<br />

une réduction immédiate en salle de cathétérisme, suivie<br />

d’une réascension modeste dans les jours qui suivent présumée<br />

en re<strong>la</strong>tion avec une récupération de <strong>la</strong> sidération initiale,<br />

mais aussi un œdème myocardique. Secondairement<br />

le gradient régresse progressivement dans les 6 mois qui suivent<br />

<strong>la</strong> procédure par rétraction fibreuse de <strong>la</strong> zone de<br />

nécrose. Elle s’accompagne d’un é<strong>la</strong>rgissement de <strong>la</strong> chambre<br />

de chasse du ventricule gauche et d’une amélioration<br />

de l’insuffisance mitrale, de l’hypertrophie ventricu<strong>la</strong>ire<br />

gauche et de <strong>la</strong> fonction diastolique (7) . La pression est réduite<br />

dans l’oreillette gauche, ce qui diminue également le risque<br />

de fibril<strong>la</strong>tion auricu<strong>la</strong>ire et d’HTAP (7) . La taille de <strong>la</strong> nécrose<br />

constituée représente moins de 10% de <strong>la</strong> masse myocardique<br />

totale (8) en IRM cardiaque, et se localise au niveau du<br />

septum inféro-basal sous forme d’une atteinte transmurale.<br />

Les études en IRM ont également permis de montrer qu’en<br />

cas de gradient résiduel après alcoolisation septale, <strong>la</strong> nécrose<br />

se localise sur le versant droit du septum sans atteindre le<br />

sous-endocarde gauche du SIV (9) .<br />

L’alcoolisation septale s’accompagne d’une amélioration<br />

symptomatique franche et rapide avec réduction de <strong>la</strong> dyspnée,<br />

amélioration de <strong>la</strong> capacité de marche et des scores<br />

de qualité de vie (10) . Le suivi clinique à long terme après<br />

alcoolisation septale montre des résultats durables jusqu’à<br />

4, voire 8 ans (11) . L’amélioration symptomatique est simi<strong>la</strong>ire<br />

entre les deux types de procédure (11) . Cependant, des<br />

cas isolés de troubles du rythme ventricu<strong>la</strong>ire ont été rapportés<br />

précocement ou à distance de l’alcoolisation septale<br />

et rattachés des phénomènes de réentrée au sein de<br />

<strong>la</strong> zone nécrosée (12,13) .<br />

Plusieurs méta-analyses, dont une très récente portant sur<br />

plus de 4 000 patients traités par alcoolisation septale (entre<br />

1996 et 2005) ou myomectomie (entre 1963 et 2007), montrent<br />

des taux de mortalité simi<strong>la</strong>ires lors du suivi à long<br />

terme (14) , le taux d’imp<strong>la</strong>ntation de défibril<strong>la</strong>teurs était faible<br />

et simi<strong>la</strong>ire dans les 2 groupes.<br />

D’autre part, sur une série de 109 patients traités par alcoolisation<br />

septale et imp<strong>la</strong>ntés d’un défibril<strong>la</strong>teur en prévention<br />

primaire pour une cardiomyopathie hypertrophique<br />

(CMH) considérée à risque rythmique selon les critères cliniques<br />

habituels, l’incidence de chocs électriques appropriés<br />

est faible (9 chocs sur 3 ans, soit une incidence annuelle de<br />

2,8% (15) , comparable à celle attendue pour ce niveau de<br />

risque.<br />

Il est important de souligner que les études comparant les<br />

deux techniques sont toutes observationnelles et biaisées<br />

car les patients traités par alcoolisation sont en général plus<br />

âgés de 10 ans en moyenne et que leur suivi clinique est sensiblement<br />

plus court (14) .<br />

35


Cardio interventionnelle pour le praticien<br />

36<br />

Comparaison de <strong>la</strong> myomectomie chirurgicale<br />

et de l’alcoolisation septale<br />

Indications<br />

Paramètres Myomectomie Ab<strong>la</strong>tion<br />

Mortalité opératoire 1-2% 1-2%<br />

Réduction du gradient<br />

(au repos)<br />

A moins<br />

de 10 mmHg<br />

A moins<br />

de 25 mmHg<br />

Symptômes (subjectifs) Diminués Diminués<br />

Symptômes (objectifs) Diminués Diminués<br />

Efficacité malgré <strong>la</strong> variabilité<br />

anatomique<br />

Habituelle Incertaine<br />

Pacemaker (BAV de haut grade) 1-2% 5-10%<br />

Fréquence de <strong>la</strong> procédure x 15-20 x<br />

Risque de mort subite<br />

(à long terme)<br />

Très faible Incertain<br />

Recul Plus de 40 ans Environ 6 ans<br />

Cicatrice intramyocardique Sans Avec<br />

Ces données représentent <strong>la</strong> meilleure estimation à partir des données<br />

publiées, en mettant l'accent sur l'expérience clinique <strong>la</strong> plus récente.<br />

Tableau 1.<br />

D’après (16) .<br />

Les techniques invasives de réduction septale, par alcoolisation<br />

ou myomectomie chirurgicale, sont réservées aux<br />

patients dont les symptômes sont sévères et résistants au<br />

traitement médical bien conduit comportant des bêtabloquants<br />

et/ou des antagonistes calciques (3) à forte dose. L’indication<br />

peut être retenue en présence des critères suivants :<br />

1. Dyspnée de grade III NYHA ou syncope d’effort.<br />

2. Gradient intraventricu<strong>la</strong>ire gauche de plus de 50 mmHg<br />

associé à une hypertrophie septale et lié à un mouvement<br />

systolique antérieur de <strong>la</strong> grande valve mitrale (et non à<br />

une oblitération intraventricu<strong>la</strong>ire gauche systolique)<br />

associé à une fuite mitrale typiquement orientée postérieurement.<br />

3. Epaisseur septale jugée suffisante par l’opérateur (en<br />

général plus de 16 mm) pour réaliser <strong>la</strong> procédure dans<br />

de bonnes conditions. Les recommandations américaines<br />

de 2011 (3) précisent que les ab<strong>la</strong>tions septales doivent être<br />

réalisées par des opérateurs expérimentés (plus de 20 procédures)<br />

et/ou au sein d’une équipe ayant l’expérience de<br />

plus de 50 procédures.<br />

La chirurgie de réduction septale est recommandée en première<br />

intention (IIa, B), en particulier chez le sujet jeune, mais<br />

aussi chez l’enfant (niveau d’évidence C). L’alcoolisation septale<br />

peut être envisagée lorsque <strong>la</strong> chirurgie est contre-indiquée<br />

en raison de comorbidités ou d’un âge avancé (IIa, B). Un<br />

niveau de recommandation plus faible (IIb B) est préconisé<br />

pour répondre à <strong>la</strong> demande d’un patient exprimant son souhait<br />

pour une alcoolisation septale versus une myomectomie<br />

chirurgicale après discussion approfondie du rapport bénéfice/risque<br />

de chaque technique. Il conviendra ainsi de préciser<br />

au patient que <strong>la</strong> technique présente l’avantage de l’absence<br />

de nécessité de chirurgie à cœur ouvert avec un résultat<br />

identique sur l’amélioration des symptômes, mais au prix d’un<br />

risque supérieur d’imp<strong>la</strong>ntation de pacemaker (5-10%) et d’un<br />

certain degré d’incertitude sur un éventuel risque rythmique<br />

à long terme. Enfin, l’alcoolisation septale est peu recommandée<br />

en cas de septum extrêmement épaissi de plus de<br />

30 mm de diamètre (II, C).<br />

En conclusion<br />

L’alcoolisation septale représente une alternative à <strong>la</strong> chirurgie<br />

de résection septale et doit s’adresser à des patients<br />

très symptomatiques, résistants au traitement médical. Elle<br />

est devenue une technique bien rodée dans les mains<br />

d’équipes entraînées, donnant des résultats équivalents à<br />

ceux de <strong>la</strong> chirurgie à condition que l’anatomie soit favorable<br />

par <strong>la</strong> présence d’une branche septale alimentant le septum<br />

interventricu<strong>la</strong>ire au niveau du point de contact de <strong>la</strong><br />

grande valve mitrale. Le recours à l’échographie cardiaque<br />

transthoracique ou transœsophagienne en cours de procédure<br />

est indispensable pour guider <strong>la</strong> procédure. Le candidat<br />

idéal est le sujet âgé, les formes du sujet jeune devant<br />

rester du domaine de <strong>la</strong> chirurgie de réduction septale. ■<br />

Pour en savoir plus<br />

01. Sigwart U. Non-surgical myocardial reduction for hypertrophic<br />

obstructive cardiomyopathy. Lancet 1995; 346: 211-4.<br />

02. Maron BJ, Maron MS, Wigle ED, Braunwald E. The 50-year history,<br />

controversy, and clinical implications of left ventricu<strong>la</strong>r outflow tract<br />

obstruction in hypertrophic cardiomyopathy from idiopathic hypertrophic<br />

subaortic stenosis to hypertrophic cardiomyopathy: from<br />

idiopathic hypertrophic subaortic stenosis to hypertrophic cardiomyopathy.<br />

J Am Coll Cardiol 2009 ; 54 : 191-200.<br />

03. Gersh BJ, Maron BJ, Bonow RO, Dearani JA, Fifer MA, Link MS,<br />

Naidu SS, Nishimura RA, Ommen SR, Rakowski H, Seidman CE,<br />

Towbin JA, Udelson JE, Yancy CW. 2011 ACCF/AHA guideline for the<br />

diagnosis and treatment of hypertrophic cardiomyopathy: a report<br />

of the American College of Cardiology Foundation/American Heart<br />

Association Task Force on Practice Guidelines. Circu<strong>la</strong>tion 2011; 124 :<br />

e783-831.<br />

04. Maron BJ. Role of alcohol septal ab<strong>la</strong>tion in treatment of obstructive<br />

hypertrophic cardiomyopathy. Lancet 2000; 355 : 425-6.<br />

05. Faber L, Seggewiss H, Welge D, Fassbender D, Schmidt HK, Gleichmann<br />

U, Horstkotte D. Echo-guided percutaneous septal ab<strong>la</strong>tion<br />

for symptomatic hypertrophic obstructive cardiomyopathy: 7 years<br />

of experience. Eur J Echocardiogr 2004; 5 : 347-55.<br />

06. Yoerger DM, Picard MH, Pa<strong>la</strong>cios IF, V<strong>la</strong>hakes GJ, Lowry PA,<br />

Fifer MA. Time course of pressure gradient response after first<br />

alcohol septal ab<strong>la</strong>tion for obstructive hypertrophic cardiomyopathy.<br />

Am J Cardiol 2006; 97 : 1511-4.<br />

Pour toute correspondance avec l’auteur<br />

Patrick.Ohlmann@chru-strasbourg.fr<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012


Dossier réalisé par le<br />

Dr Paul Luporsi<br />

CHU Jean-Minjoz, Besançon EuroPCR 2012<br />

Le congrès en quelques chiffres…<br />

Le congrès européen intéressant tous les cardiologues interventionnels du globe a accueilli cette année<br />

11 387 participants pour 712 heures de formation auprès de 1 259 universitaires. L’organisation a, une fois<br />

encore, privilégié les retransmissions « en live » depuis le monde entier (48 centres recevaient une équipe de<br />

télévision), soit 63 heures cumulées et 10 heures des fameux « live in a box » dont <strong>la</strong> renommée croissante<br />

justifie leurs rotations lourdes sur Internet ou par échange de données entre « cathétériseurs ».<br />

Ce congrès annuel, organisé à Paris depuis deux ans et qui le sera encore à l’avenir, a pu bénéficier du soutien<br />

de 134 partenaires industriels. Tous les aspects scientifiques récents de notre spécialité y ont été abordés,<br />

dont nous vous présentons un tour d’horizon, en attendant le compte rendu du Congrès américain du<br />

TCT (Transcatheter Cardiovascu<strong>la</strong>r Therapeutics, Miami, 22-26 octobre 2012) et <strong>la</strong> prochaine mouture<br />

d’EuroPCR 2013 (21-24 mai 2013).<br />

The year<br />

of the Textbook<br />

Le congrès EuroPCR 2012 était marqué par <strong>la</strong> sortie du Textbook<br />

« Percutaneous Interventional Cardiovascu<strong>la</strong>r Medicine<br />

», annoncé comme <strong>la</strong> bible incontournable de <strong>la</strong> cardiologie<br />

interventionnelle. Il constitue de surcroît <strong>la</strong> première<br />

publication du genre à visée pédagogique, adhérant strictement<br />

aux recommandations de l’ESC et de l’EAPCI, en s’appuyant<br />

sur un solide substrat scientifique et se vou<strong>la</strong>nt utile<br />

pour chaque patient à titre individuel.<br />

U ne<br />

équipe renommée<br />

est à l’origine<br />

du projet (Eric Eeckhout,<br />

Patrick W. Serruys,<br />

William Wijns,<br />

Alec Vahanian, Mark<br />

van Sambeek, Rodney<br />

de Palma), à <strong>la</strong>quelle<br />

s’associent de nom-<br />

Textbook de l'EAPCI.<br />

breux angiop<strong>la</strong>sticiens,<br />

Plus de renseignements sur<br />

spécialistes et coéditeurs.<br />

le site pcronline.<br />

Les 93 articles publiés par 266 auteurs<br />

sont regroupés en 4 volumes. Chaque<br />

thème abordé est détaillé, mis à jour et exposé selon un<br />

aspect « pratique », associé à de nombreuses illustrations de<br />

qualité et à des vidéos de cas cliniques pour <strong>la</strong> version informatique.<br />

■<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012<br />

L’usage en routine<br />

de <strong>la</strong> FFR<br />

Cette méthode invasive d’évaluation de <strong>la</strong> réserve coronaire<br />

(Figure 1) n’est pas récente et prône une approche de l’angiop<strong>la</strong>stie<br />

coronaire basée sur l’évaluation hémodynamique<br />

d’une sténose suspecte sans corré<strong>la</strong>tion parfaite avec l’évaluation<br />

anatomique angiographique « de visu », qui<br />

demeure souvent en 2012 le seul argument décisionnel en<br />

faveur d’une revascu<strong>la</strong>risation…<br />

Figure 1. Exemples de test positif (à gauche,<br />

FFR < 0,80) après injection d'adénosine,<br />

et de test négatif (à droite FFR > 0,80). ➜<br />

37


Cardio interventionnelle pour le praticien<br />

➜<br />

Utilisation de <strong>la</strong> FFR en 2012<br />

38<br />

La question soulevée par les études DEFER (Dr Pijls, 2007) et<br />

plus récemment FAME (Fractional Flow Reserve versus Angiography<br />

for Guiding PCI in Patients with Multivessel Coronary<br />

Artery Disease) (Dr Pijls, 2008) est celle de l’intérêt de guider<br />

<strong>la</strong> stratégie de revascu<strong>la</strong>risation par un examen fonctionnel,<br />

nous invitant à « mieux stenter » nos patients, au risque de<br />

diminuer le nombre total d’angiop<strong>la</strong>sties. En effet, dans cette<br />

étude, seulement 46% des patients souffrant de lésions angiographiquement<br />

multitroncu<strong>la</strong>ires présentaient effectivement<br />

des atteintes multitroncu<strong>la</strong>ires lors de l’évaluation fonctionnelle<br />

proposée. La durée d’hospitalisation, le coût de <strong>la</strong> procédure,<br />

le nombre de stents imp<strong>la</strong>ntés et <strong>la</strong> quantité de produit<br />

de contraste étaient tous significativement réduits dans<br />

le groupe « angiop<strong>la</strong>stie guidée par <strong>la</strong> FFR ».<br />

La réduction significative du nombre de décès, d’infarctus<br />

du myocarde et de revascu<strong>la</strong>risations urgentes à un an<br />

démontrait de surcroît un intérêt majeur à guider une angiop<strong>la</strong>stie<br />

coronaire par <strong>la</strong> mesure de <strong>la</strong> FFR chez le patient pluritroncu<strong>la</strong>ire.<br />

Basées sur ces données, les recommandations édictées par <strong>la</strong><br />

Société européenne de cardiologie concernant <strong>la</strong> revascu<strong>la</strong>risation<br />

myocardique confortent le praticien à utiliser cet outil<br />

lorsque <strong>la</strong> preuve d’une ischémie n’est pas évidente (I, A).<br />

FAME II : résultats préliminaires<br />

Le Pr Bernard de Bruyne (Alost, Belgique) a présenté les résultats<br />

préliminaires de <strong>la</strong> cohorte A de FAME II (Fractional Flow<br />

Reserve (FFR) Guided Percutaneous Coronary Intervention (PCI)<br />

Plus Optimal Medical Treatment (OMT) Versus OMT, soit un<br />

même acronyme pour une signification un peu différente<br />

de FAME [cf supra] : <strong>la</strong> lettre M ne concerne plus spécifiquement<br />

les multitroncu<strong>la</strong>ires, mais l’instauration d‘un traitement<br />

médical optimisé). 1 219 patients ont été randomisés dans<br />

28 centres européens et nord-américains dans le cadre d’une<br />

ma<strong>la</strong>die coronaire stable (angor d’effort stable ou ischémie<br />

silencieuse) et devaient présenter au moins une sténose artérielle<br />

épicardique angiographique de plus de 50%.<br />

L’excellent pronostic des patients coronariens sous traitement<br />

médical seul était déjà évoqué par COURAGE en 2007,<br />

et est confirmé dans FAME II chez les patients porteurs de<br />

lésions où <strong>la</strong> FFR reste > 0,80. Dans ce groupe recevant un<br />

traitement médical, 86% recevaient un bêtabloquant,<br />

90% un inhibiteur de l’enzyme de conversion et 93% une<br />

statine. Cette nouvelle étude démontre en revanche l’intérêt<br />

de coupler angiop<strong>la</strong>stie et optimisation du traitement<br />

médical en cas de sténose hémodynamiquement significative<br />

d’après <strong>la</strong> mesure de <strong>la</strong> réserve coronaire (FFR < 0,80)<br />

chez des coronariens stables.<br />

L’angiop<strong>la</strong>stie (de 1, 2 ou 3 vaisseaux) avec mise en p<strong>la</strong>ce<br />

d’un stent actif en cas de FFR < 0,80 s’accompagnait de taux<br />

moindres de revascu<strong>la</strong>risation en urgence à 1 an (0,6%) en<br />

comparaison au groupe traitement médical seul (6%).<br />

L’étude a été soumise à un arrêt prématuré des inclusions<br />

en janvier 2012 en raison d’un sur-risque ischémique dans<br />

le bras traitement médical seul - 11,2 fois plus d’événements<br />

(HR : 11,2 IC 95% [2,62-47,9] ; p < 0,0001) que dans le groupe<br />

angiop<strong>la</strong>stie et traitement médical. La proportion de patients<br />

présentant une ischémie démontrée par guide de pression<br />

était de 78% au total. L‘absence de lésion ischémiante démontrée<br />

(FFR > 0,80) et relevant d’un traitement médical optimal<br />

est associée à un pronostic très favorable, comparable à<br />

celui des patients avec FFR < 0,80 traités par angiop<strong>la</strong>stie et<br />

traitement médical.<br />

FAME II propose ainsi d’affiner <strong>la</strong> sélection de patients coronariens<br />

stables et candidats à une angiop<strong>la</strong>stie en alliant des<br />

critères anatomiques au critère fonctionnel évaluable par une<br />

méthode extrêmement fiable et reproductible. En ce sens,<br />

FAME II répond aux questions <strong>la</strong>issées en suspens après<br />

COURAGE, qui n’avait pas démontré de bénéfice de l’angiop<strong>la</strong>stie<br />

en termes de mortalité chez ces patients atteints de cardiopathie<br />

ischémique stable. FAME II s’inscrit dans <strong>la</strong> lignée de<br />

l’étude COURAGE, et pourrait susciter un regain de revascu<strong>la</strong>risations<br />

par angiop<strong>la</strong>stie chez les patients coronariens stables.<br />

Ces considérations devraient logiquement mener à<br />

l’extension de son utilisation en pratique quotidienne et surtout<br />

à son remboursement avant d’envisager l’utilisation à<br />

l’avenir de <strong>la</strong> FFR « non invasive » (couplée au coroscanner),<br />

qui est de plus en plus évoquée dans <strong>la</strong> littérature.<br />

D’autres études comparant une revascu<strong>la</strong>risation par angiop<strong>la</strong>stie<br />

à un traitement médicamenteux optimal chez les<br />

patients coronariens stables sont en cours, notamment<br />

l’étude ISCHEMIA qui a débuté récemment (pour un total<br />

de 8 000 patients dans 400 centres). Outre ces spécificités<br />

avantageuses, le ratio coût/bénéfice est lui aussi à l’avantage<br />

de <strong>la</strong> FFR (Figure 2).<br />

Figure 2.<br />

Ratio coût/bénéfice de <strong>la</strong> FFR<br />

La FFR réduit<br />

les coûts<br />

Coût incrémental<br />

La FFR améliore<br />

les résultats<br />

QALY<br />

incrémentale<br />

De <strong>la</strong> FFR non invasive au stenting virtuel…<br />

Le caractère hémodynamiquement serré d’une sténose coronaire<br />

peut être affiné, comme nous l’avons vu, au moyen de<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012


Avant<br />

stenting<br />

Après<br />

stenting<br />

<strong>la</strong> mesure de <strong>la</strong> FFR. Une nouvelle technologie, primée l’an<br />

dernier lors du congrès EuroPCR 2011, permet d’associer<br />

EuroPCR 2012 a été l’occasion de commenter<br />

les résultats des études EVO-<br />

LUTION, SORT-OUT V et COMPARE II.<br />

L es<br />

FFR CT<br />

résultats à un an de l’étude<br />

EVOLUTION (A Randomized Study<br />

to Evaluate Safety and Efficacy of the<br />

Excel Sirolimus Eluting Stent with a<br />

Biodegradable Polymer Versus Sirolimus<br />

Eluting Stent with a Non-Biodegradable<br />

Polymer in the Treatment of Patients<br />

with de novo Coronary Artery Lesions)<br />

ont été présentés par le Dr Junbo Ge<br />

(Shanghai, Chine).<br />

Cette étude multicentrique propose de<br />

comparer en termes de non-infériorité<br />

deux stents actifs au sirolimus : le stent<br />

actif à polymère biodégradable (Excel)<br />

et le stent actif à polymère permanent<br />

Une nouvelle technologie : <strong>la</strong> FFR CT<br />

Coronarographie<br />

Figure 3. Trois examens proposés (de gauche à droite) : FFR CT, coronarographie,<br />

FFR avant et après stenting de l'IVA moyenne.<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012<br />

(Cypher), même si celui-ci n’est plus<br />

commercialisé depuis un an environ. Si<br />

<strong>la</strong> p<strong>la</strong>te-forme diffère peu entre ces<br />

deux prothèses, le médicament est identique,<br />

et c’est <strong>la</strong> différence de polymères<br />

qui est étudiée.<br />

1 923 patients coronariens (ischémie<br />

aiguë ou chronique) présentant des sténoses<br />

coronaires de novo ont été randomisés<br />

dans ces 2 bras (polymère biodégradable<br />

[n=1 239] et permanent<br />

[n = 670]). Le critère principal est un critère<br />

ischémique composite associant<br />

décès de cause cardiaque, IDM et revascu<strong>la</strong>risation<br />

du vaisseau cible.<br />

Les critères secondaires associent thromboses<br />

de stent et critères MACE (Major<br />

Adverse Cardiac Events). Les résultats à<br />

un an confirment <strong>la</strong> non-infériorité de<br />

ce stent de dernière génération vis-à-vis<br />

cette méthode diagnostique à <strong>la</strong><br />

tomodensitométrie coronaire : il<br />

s’agit de <strong>la</strong> FFR CT (Figure 3). Cette<br />

méthode non invasive a prouvé sa<br />

non-infériorité face aux autres outils<br />

diagnostiques pour les lésions ischémiantes<br />

documentées, et il existe de<br />

plus en plus de preuves quant à son<br />

intérêt dans l’évaluation de sténoses<br />

intermédiaires.<br />

La mise à profit des nouvelles technologies<br />

de l’imagerie coronaire a<br />

tout simplement conduit au<br />

concept de stenting virtuel dont <strong>la</strong><br />

faisabilité a pu être évaluée dans<br />

une petite étude coréenne, prospective<br />

et multicentrique : DISCO-<br />

VER FLOW, englobant 48 lésions<br />

sténosantes chez 44 patients coronariens<br />

stables (10% dans l’artère<br />

circonflexe, 17% au niveau de <strong>la</strong><br />

coronaire droite, et 73% sur le territoire<br />

de l’IVA).<br />

Cette étude prouve une grande<br />

corré<strong>la</strong>tion entre FFR et FFR CT avec<br />

une excellente sensibilité et spéci-<br />

ficité (100% et 96% respectivement) pour prédire l’existence<br />

d’une ischémie résiduelle (FFR < 0,80) après stenting. ■<br />

Résultats des études EVOLUTION, SORT-OUT V<br />

et COMPARE II<br />

FFR<br />

du comparateur plus ancien. Les événements<br />

liés aux sténoses traitées s’élèvent<br />

à 0,89% au bout d’un an dans le<br />

groupe stent à polymère biodégradable<br />

et à 1,34% dans le groupe Cypher<br />

(critère de non-infériorité atteint ;<br />

p = 0,05).<br />

L’étude SORT-OUT V (Randomised Clinical<br />

Comparative Study of the Nobori<br />

and the Cypher Stent) n’a pas permis,<br />

quant à elle, au stent Nobori d’atteindre<br />

ce critère de non-infériorité face au<br />

stent Cypher (p = 0,06).<br />

En termes d’ischémie composite (décès<br />

cardiaque, IDM, thrombose de stent,<br />

revascu<strong>la</strong>risation du vaisseau cible), le<br />

stent à polymère biodégradable présentait<br />

un taux de 4,1% versus 3,2% pour<br />

le polymère permanent.<br />

Le Pr Pieter Smits (Rotterdam, Pays-Bas)<br />

39


Cardio interventionnelle pour le praticien<br />

40<br />

présentait, quant à lui, l’étude de noninfériorité<br />

COMPARE II afin de préciser<br />

<strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce de stent Nobori par rapport au<br />

stent Xience V.<br />

VALENTINES Trial II<br />

teste l’efficacité<br />

du ballon actif DIOR<br />

Les ballons actifs ne sont pas issus de réflexions récentes,<br />

et l’idée aurait presque périclité il y a une dizaine d’années<br />

si le champ d’application au phénomène de resténose<br />

n’avait pas émergé.<br />

Figure.<br />

L’<br />

Ballon actif DIOR<br />

efficacité des ballons actifs en termes d’alternative<br />

thérapeutique en cas de resténose intra-stent a déjà<br />

été démontrée dans plusieurs essais, et ils sont même<br />

recommandés dans cette indication par l’ESC (Guidelines<br />

on myocardial revascu<strong>la</strong>rization, Wijns, Kohl, Danchin).<br />

Le Dr Antonio Serra (Barcelone, Espagne) a, lui, présenté<br />

les résultats à 9 mois de l’étude VALENTINES TRIAL II.<br />

Ce registre multicentrique international permet d’étudier<br />

chez des patients souffrant d’angor stable, instable et/ou<br />

d’ischémie démontrée l’efficacité du ballon actif DIOR<br />

(Drug Eluting Balloon (Figure) pour les lésions coronaires<br />

de novo, à assez court terme (6-9 mois), quel que soit le<br />

calibre de l’artère (des IVA ostiales ont effectivement bénéficié<br />

d’angiop<strong>la</strong>stie par cette méthode !) chez 150 patients<br />

dans 50 centres.<br />

Les résultats rapportent un faible taux de revascu<strong>la</strong>risation<br />

du vaisseau cible (6,9%) avec le DIORDEB, et de <strong>la</strong><br />

lésion cible (2,9%). Le « <strong>la</strong>te loss » était de 0,30 ± 0,36 mm,<br />

et le taux de MACE re<strong>la</strong>tivement bas (8,7%). Ces résultats<br />

issus de registre nécessitent toutefois une confirmation<br />

par <strong>la</strong> réalisation d’une étude randomisée. ■<br />

2 707 patients ont été randomisés dans<br />

chacun des 2 bras. Le critère primaire<br />

était un critère d’ischémie composite<br />

c<strong>la</strong>ssique dans ce type d’étude et offrait<br />

un avantage certain au stent au biolimus<br />

(polymère biodégradable), sans<br />

atteindre toutefois <strong>la</strong> significativité statistique.<br />

■<br />

PLATINUM SMALL<br />

VESSEL évalue le stent<br />

PROMUS<br />

L’angiop<strong>la</strong>stie au ballon est depuis longtemps une modalité<br />

thérapeutique des sténoses coronaires intéressant des<br />

artères de petit calibre.<br />

Figure.<br />

Stent PROMUS<br />

P lusieurs<br />

alternatives<br />

ont été pro-<br />

posées, notamment<br />

l’angiop<strong>la</strong>stie au ballon<br />

actif, comme l’a<br />

rappelé le Dr Antonio<br />

Serra, mais aussi le<br />

stenting de <strong>la</strong> lésion,<br />

stratégie longtemps<br />

considérée comme à<br />

risque de dissection du<br />

site, de resténose<br />

intrastent et surtout<br />

de thrombose de prothèse,<br />

a fortiori quand<br />

celle-ci était recouverte<br />

de substance<br />

antiproliférative.<br />

L’étude PLATINUM<br />

SMALL VESSEL (PLATINUM Clinical Trial to Assess the PROMUS<br />

Element Stent System for Treatment of De Novo Coronary<br />

Artery Lesions in Small Vessels) évalue l’efficacité et <strong>la</strong> sécurité<br />

d’imp<strong>la</strong>ntation d’un stent PROMUS Element (PROMUS)<br />

de 2,25 mm dont <strong>la</strong> p<strong>la</strong>te-forme chrome-cobalt est recouverte<br />

d’évérolimus (Figure), dans une artère dont le calibre est compris<br />

entre 2,25 et 2,5 mm, et démontre encore à 2 ans un excellent<br />

profil efficacité/sécurité pour ce stent.<br />

Le taux de revascu<strong>la</strong>risation de <strong>la</strong> lésion cible est de 2,5%<br />

seulement avec un risque d’événements cardiovascu<strong>la</strong>ires<br />

qui demeure bas à 2 ans : 2,3% de décès cardiovascu<strong>la</strong>ires,<br />

0% d’IDM, 0% de thrombose de stent et sans décès constaté<br />

depuis l’année dernière ! ■<br />

Les stents PROMUS et XIENCE V sont rigoureusement identiques. Le<br />

stent XIENCE est une marque déposée des <strong>la</strong>boratoires Abbott,<br />

PROMUS est un stent fabriqué par Abbott et distribué par Boston<br />

Scientific.<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012


42<br />

Congrès<br />

I European Society of Cardiology, 25-29 août 2012 • Munich I<br />

Nouvelles recommandations et STEMI : le prasugrel en<br />

première ligne<br />

Les nouvelles recommandations, publiées durant le congrès<br />

de <strong>la</strong> Société européenne de cardiologie, p<strong>la</strong>cent les nouveaux<br />

antiagrégants p<strong>la</strong>quettaires comme le prasugrel et<br />

le ticagrelor en première intention pour le traitement en<br />

phase aiguë des infarctus avec sus-déca<strong>la</strong>ge du segment ST<br />

(STEMI).<br />

L e<br />

European Society of Cardiology<br />

nouveau texte des recommandations insiste sur l’importance<br />

de <strong>la</strong> prise en charge préhospitalière, rappelle que le<br />

dé<strong>la</strong>i à respecter pour entreprendre une angiop<strong>la</strong>stie primaire<br />

(de préférence par voie radiale) est de 120 min, et souligne <strong>la</strong><br />

nécessité d’administrer à tous les ma<strong>la</strong>des un traitement par<br />

aspirine. « Une double antiagrégation p<strong>la</strong>quettaire devra aussi<br />

systématiquement être proposée pour une durée de 12 mois au<br />

décours de l’infarctus, avec une durée incompressible d’un mois<br />

en cas d’imp<strong>la</strong>ntation de stent nu et de 6 mois après pose de<br />

stent actif », a noté le Pr Petr Widimsky (Prague).<br />

Un autre point fort des nouvelles recommandations concernant<br />

les STEMI est que le clopidogrel est désormais relégué<br />

en seconde intention en phase aiguë de l’infarctus en cas<br />

d’angiop<strong>la</strong>stie et n’est, en pratique, plus recommandé que<br />

lorsque le prasugrel ou le ticagrelor ne sont pas disponibles<br />

sur le marché ou sont contre-indiqués.<br />

Le Pr Widimsky a mis en avant les atouts du prasugrel dans<br />

le traitement de l’infarctus du myocarde. Dans l’étude<br />

TRITON-TIMI 38, cet antiagrégant a démontré sa supériorité<br />

sur le clopidogrel chez les 3 534 patients ayant un STEMI<br />

avec, à 30 jours, une réduction significative de 32% du critère<br />

de jugement primaire associant décès cardiovascu<strong>la</strong>ires,<br />

infarctus et AVC, cette plus forte efficacité du prasugrel persistant<br />

à 15 mois.<br />

Les patients avec un STEMI semblent tirer particulièrement<br />

parti du prasugrel. En effet, <strong>la</strong> réduction du risque<br />

ischémique était, dans TRITON-TIMI 38, plus importante chez<br />

les ma<strong>la</strong>des porteurs de STEMI que ce qui a été observé avec<br />

le ticagrelor dans l’étude PLATO, a fait remarquer le<br />

Pr Widimsky. Par ailleurs, l’étude TRITON-TIMI 38 a révélé<br />

que l’administration de prasugrel (60 mg en dose de charge,<br />

puis 10 mg/j) ne provoque pas un surplus d’hémorragies<br />

majeures ou mineures en comparaison du clopidogrel chez<br />

les patients avec un STEMI ayant eu une angiop<strong>la</strong>stie (alors<br />

qu’en revanche, un peu plus d’hémorragies majeures ont<br />

été constatées avec cet antiagrégant chez les ma<strong>la</strong>des pontés<br />

pour STEMI).<br />

TRITON-TIMI 38 a également révélé que <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion des<br />

diabétiques est une bonne cible pour l’utilisation du prasugrel<br />

(réduction de 30% du critère primaire portant sur les<br />

événements ischémiques sans sur-risque hémorragique)<br />

« avec un bénéfice qui est d’autant plus important que le<br />

diabète est sévère », a rappelé le Pr Widimsky. Par ailleurs,<br />

<strong>la</strong> prise de prasugrel a l’avantage de ne pas exiger d’ajustement<br />

posologique chez les patients dont <strong>la</strong> c<strong>la</strong>irance de <strong>la</strong><br />

créatinine est < 60 ml/min.<br />

Il est néanmoins important de respecter les contre-indications<br />

du prasugrel, qui découlent des données de tolérance observées<br />

sur l’ensemble de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion de TRITON-TIMI 38 (plus<br />

de 13 000 patients), <strong>la</strong>quelle associait aux ma<strong>la</strong>des avec STEMI<br />

des patients ayant subi une angiop<strong>la</strong>stie coronaire pour<br />

angor instable ou infarctus sans sus-déca<strong>la</strong>ge du segment<br />

ST (AI/NSTEMI). « Le prasugrel ne devra ainsi pas être administré<br />

aux ma<strong>la</strong>des avec des antécédents d’AVC et d’AIT, chez lesquels<br />

le risque hémorragique est majoré, et il faudra être prudent<br />

pour les mêmes motifs chez ceux de plus de 75 ans, ou avec<br />

un poids inférieur à 60 kilos », a reconnu le Pr Widimsky. Il est<br />

préférable de réduire <strong>la</strong> dose de 10 à 5 mg/j chez ces deux dernières<br />

catégories de patients. Enfin, le prasugrel ne peut être<br />

proposé aux ma<strong>la</strong>des thrombolysés, l’étude TRITON-TIMI 38<br />

ayant été uniquement réalisée chez des ma<strong>la</strong>des reperfusés.<br />

Nouvelles données de registre<br />

Une étude de registre allemande, ATACS, ayant rassemblé<br />

5 917 patients inclus entre octobre 2009 et décembre 2011,<br />

dont 2 311 avec un STEMI de moins de 24 heures, <strong>la</strong>isse penser<br />

que le prasugrel pourrait aussi faire mieux que le clopidogrel<br />

chez des ma<strong>la</strong>des tout-venant avec un infarctus ayant<br />

le plus fréquemment bénéficié d’une angiop<strong>la</strong>stie. « Une<br />

tendance à <strong>la</strong> baisse de <strong>la</strong> mortalité a, en effet, été relevée<br />

en comparaison du clopidogrel chez les 69% de patients porteurs<br />

de STEMI, ayant reçu du prasugrel, et ce sans survenue<br />

d’hémorragies importantes », s’est félicité le Pr Uwe Zeymer<br />

(Ludwigshagen, Allemagne) en commentant ces données<br />

encore non publiées. Ce qui est encourageant même si les<br />

deux groupes traités par clopidogrel et prasugrel n’étaient<br />

pas totalement comparables. ■<br />

Dr Corinne Tutin<br />

D’après un symposium organisé par les <strong>la</strong>boratoires Daiichi Sankyo et Eli Lilly.<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012


De ASCOT à AVANT’AGE : pourquoi choisir <strong>la</strong> stratégie<br />

périndopril/amlodipine chez les patients hypertendus ?<br />

Plusieurs études viennent de mettre en<br />

évidence l’intérêt d’une combinaison<br />

périndopril/amlodipine dans <strong>la</strong> prise en<br />

charge des patients hypertendus, quel<br />

que soit leur niveau de risque.<br />

“A<br />

u vu des résultats des études<br />

ASCOT et ACCOMPLISH, l’association<br />

IEC-inhibiteur calcique est préconisée<br />

en première ligne dans les<br />

recommandations britanniques sur <strong>la</strong><br />

prise en charge de l’hypertension artérielle<br />

», a rappelé le Pr Frank T.<br />

Ruschitzka (Hôpital universitaire de<br />

Zurich).<br />

L’étude AVANT’AGE, qui a été réalisée<br />

chez 710 médecins généralistes ayant<br />

recruté au total 6 256 patients, vient de<br />

confirmer l’intérêt d’une combinaison de<br />

périndopril et d’amlodipine. « L’utilisation,<br />

dans cet essai, de cette association<br />

aux doses de 5/5, 5/10,10/5,10/10 mg a<br />

abaissé de respectivement 20,3 et<br />

11,3 mmHg <strong>la</strong> PAS et <strong>la</strong> PAD à 3 mois<br />

chez des patients avec une HTA difficile<br />

à contrôler », s’est félicité le Pr Jacques<br />

B<strong>la</strong>cher (université Paris-Descartes).<br />

Un autre essai ouvert, SYMBIO, entrepris<br />

durant 3 mois en Slovaquie chez<br />

2 132 patients hypertendus, a également<br />

rapporté une baisse significative<br />

de <strong>la</strong> PA sous cette bithérapie (de 158,5/<br />

STEMI : l’ajout de tirofiban au traitement standard améliore<br />

les résultats cliniques après angiop<strong>la</strong>stie primaire<br />

Un traitement antithrombotique associant antiagrégants p<strong>la</strong>quettaires<br />

et héparine, administré le plus précocement possible,<br />

améliore l’évolution clinique des patients atteints d’infarctus<br />

du myocarde avec sus-déca<strong>la</strong>ge du segment ST.<br />

L’<br />

angiop<strong>la</strong>stie primaire est actuellement le traitement<br />

de référence de l’infarctus du myocarde avec sus-déca<strong>la</strong>ge<br />

du segment ST (STEMI) et doit être réalisée dans les<br />

dé<strong>la</strong>is les plus courts possible après le premier contact médical.<br />

Le dé<strong>la</strong>i de reperfusion reste un déterminant majeur de<br />

<strong>la</strong> mortalité des STEMI, a souligné le Pr Stephan James<br />

(Suède). Selon les nouvelles recommandations de prise en<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012<br />

93,6 mmHg à 132,9/80,7 mmHg en<br />

moyenne ; p < 0,0001), « ce indépendamment<br />

du traitement reçu initialement<br />

(IEC seul, IC seul ou déjà combinaison<br />

IEC + IC) », a expliqué le<br />

Pr Robert Hata<strong>la</strong> (Institut national cardiovascu<strong>la</strong>ire,<br />

Bratis<strong>la</strong>va). En outre, l’addition<br />

du périndopril à l’amlodipine a<br />

entraîné une réduction de 58%<br />

(p < 0,001) des œdèmes imputables à<br />

cet inhibiteur calcique.<br />

Une très bonne efficacité antihypertensive,<br />

avec un taux de contrôle tensionnel<br />

de 79% à 3 mois, a également été<br />

relevée avec cette bithérapie à base de<br />

périndopril et d’amlodipine dans une<br />

étude russe, PRORYV, ayant porté sur<br />

4 115 patients, dans 56,2% des cas en<br />

surpoids, avec une HTA non contrôlée.<br />

© BSIP<br />

Cette bithérapie a là aussi été bien tolérée,<br />

« seulement 0,5% des ma<strong>la</strong>des<br />

étant exclus de l’essai en raison de <strong>la</strong> survenue<br />

d’un œdème et 0,2% d’une<br />

toux », a indiqué le Pr Yuri A. Karpov<br />

(Centre de recherche cardiologique<br />

russe, Moscou).<br />

Les données de l’étude ASCOT-BPLA, qui<br />

a recruté plus de 19 000 patients hypertendus<br />

à risque cardiovascu<strong>la</strong>ire modéré,<br />

en prévention primaire sont également<br />

favorables à l’emploi de cette association,<br />

avec, a souligné le Pr Michal Tendera<br />

(Université médicale de Silésie,<br />

Katowice), « une plus forte interaction<br />

positive entre cette bithérapie et l’atorvastatine<br />

avec une réduction de 53% du<br />

critère de jugement primaire associant<br />

coronaropathies fatales et infarctus non<br />

mortels sous atorvastatine en comparaison<br />

du p<strong>la</strong>cebo dans ce bras contre<br />

- 16% dans le bras aténolol-diurétique<br />

thiazidique ».<br />

Toutes ces études sont <strong>la</strong> preuve que <strong>la</strong><br />

stratégie périndopril/amlodipine est efficace<br />

quel que soit le profil du patient<br />

hypertendu pour diminuer les chiffres<br />

tensionnels et prévenir un éventuel accident.<br />

■<br />

Dr Corinne Tutin<br />

D’après un symposium organisé<br />

par les <strong>la</strong>boratoires Servier.<br />

charge des STEMI, en termes de dé<strong>la</strong>i <strong>la</strong> cible à atteindre est<br />

60 min entre le premier contact médical et l’angiop<strong>la</strong>stie.<br />

Si <strong>la</strong> reperfusion par angiop<strong>la</strong>stie ne peut être réalisée dans<br />

les 120 min, <strong>la</strong> thrombolyse, indiquée d’emblée, peut être<br />

faite en phase préhospitalière.<br />

Quelle que soit <strong>la</strong> stratégie de reperfusion, l’administration<br />

précoce et systématique d’un double traitement antiagrégant<br />

(aspirine + prasugrel ou aspirine + clopidogrel) et héparinique<br />

est indiquée d’abord avec une dose de charge, puis<br />

en traitement d’entretien.<br />

De nouvelles données montrent l’intérêt de l’utilisation préhospitalière<br />

du tirofiban, un anti-GPIIb/IIIa, chez les patients atteints<br />

d’un infarctus du myocarde avec sus-déca<strong>la</strong>ge du segment ST.<br />

43


44<br />

Instaurer le traitement dès l’ambu<strong>la</strong>nce<br />

Les résultats de l’étude FABOLUS PRO (1) comparant l’effet<br />

antiagrégant p<strong>la</strong>quettaire du prasugrel (60 mg) et du tirofiban<br />

(25 mg/kg en bolus) chez des patients présentant un<br />

STEMI montrent que 2 heures après l’administration des<br />

deux molécules, l’inhibition de l’agrégation p<strong>la</strong>quettaire est<br />

significativement plus faible avec le prasugrel (50 %) comparé<br />

au bolus haute dose de tirofiban qui atteint une inhibition<br />

de 95% dès 15 min.<br />

L’étude On-TIME 2 (2) a comparé, chez des patients SCA ST+ ayant<br />

reçu clopidogrel 600 mg + aspirine, l’administration dans l’ambu<strong>la</strong>nce<br />

du Samu d’un bolus haute dose de tirofiban versus p<strong>la</strong>cebo<br />

dans un dé<strong>la</strong>i de 90 min. L’adjonction de tirofiban a permis:<br />

- une meilleure résolution du déca<strong>la</strong>ge du segment ST, témoignant<br />

d’une meilleure reperfusion, à 1 heure post-procédure<br />

d’angiop<strong>la</strong>stie ;<br />

- une réduction significative des MACE à J30 (de 50% en cas<br />

d’angiop<strong>la</strong>stie primaire) ;<br />

HTA : les atouts de l’olmésartan<br />

Une trithérapie à base d’olmésartan<br />

permet d’espérer un taux élevé de<br />

contrôle tensionnel chez les patients<br />

répondant mal à une bithérapie.<br />

«L<br />

es données de l’étude EURO-<br />

ASPIRE III, ayant porté sur <strong>la</strong><br />

période 2006-2007, révèlent qu’à <strong>la</strong> différence<br />

d’autres facteurs de risque cardiovascu<strong>la</strong>ire<br />

comme le tabagisme ou<br />

le cholestérol, le contrôle tensionnel<br />

ne s’améliore pas véritablement en<br />

Europe avec seulement 43,9% de<br />

patients normalisés contre 50,1% pour<br />

EUROASPIRE I », a déploré le Pr Massimo<br />

Volpe (Rome). « Or, contrairement<br />

à ce que beaucoup de praticiens pensent,<br />

un pourcentage non négligeable<br />

de patients hypertendus est à haut<br />

risque cardiovascu<strong>la</strong>ire », a souligné le<br />

Pr Vivencio Barrios (Madrid).<br />

50% des hypertendus suivis<br />

en médecine générale sont<br />

à haut ou très haut risque<br />

cardiovascu<strong>la</strong>ire<br />

Une enquête conduite par l’équipe du<br />

Pr Barrios auprès de 8 920 patients a<br />

révélé que <strong>la</strong> moitié des ma<strong>la</strong>des hypertendus<br />

suivis en médecine générale sont<br />

à haut ou à très haut risque cardiovascu<strong>la</strong>ire.<br />

C’est aussi le cas de plus de 70%<br />

des patients pris en charge par des spécialistes.<br />

Comment faire mieux ? Le Pr Barrios a<br />

suggéré de privilégier certains ARA II,<br />

et ajouté que «l’olmésartan a démontré<br />

une forte activité antihypertensive<br />

en MAPA, dans des méta-analyses<br />

comme celle de MJ Fabia (J Hypertens<br />

2007), et ce tant pour <strong>la</strong> pression artérielle<br />

systolique que diastolique ».<br />

Dans l’étude randomisée ESPORT,<br />

menée chez des hypertendus âgés, l’olmésartan<br />

a aussi fait <strong>la</strong> preuve de sa<br />

supériorité comparé à un IEC, le ramipril,<br />

et a prouvé son efficacité dans plusieurs<br />

essais contrôlés en association<br />

avec l’hydrochlorothiazide ou l’amlodipine.<br />

« Les recommandations de <strong>la</strong> Société<br />

européenne d’hypertension artérielle<br />

rappellent que 15 à 20% des ma<strong>la</strong>des<br />

hypertendus ne peuvent au minimum<br />

être traités uniquement par deux médicaments<br />

antihypertenseurs », a admis<br />

le Pr Barrios. Une nouvelle stratégie thérapeutique<br />

consiste à prescrire à ces<br />

patients hypertendus une trithérapie à<br />

base d’olmésartan, d’amlodipine et<br />

d’hydrochlorothiazide, qui bénéficie<br />

depuis 2011 d’une autorisation européenne<br />

de mise sur le marché.<br />

- une diminution de <strong>la</strong> mortalité à J30 et à 1 an, et ce sans<br />

augmentation significative des hémorragies majeures ou<br />

mineures (3) .<br />

Bénéficient le plus de cette stratégie les patients recevant<br />

le traitement précocement et pris en charge par angiop<strong>la</strong>stie<br />

primaire.<br />

« L’ensemble de ces données démontre l’importance de diagnostiquer<br />

les patients atteints de STEMI le plus précocement<br />

possible afin d’instaurer un traitement antithrombotique et<br />

un triple traitement antiagrégant p<strong>la</strong>quettaire comprenant<br />

le tirofiban dès l’instal<strong>la</strong>tion dans l’ambu<strong>la</strong>nce », a souligné<br />

le Dr Arnoud Van’t Hof (Pays-Bas). ■<br />

Dr Micheline Fourcade<br />

D’après un symposium organisé par les <strong>la</strong>boratoires Iroko.<br />

Pour en savoir plus<br />

1. Valgimigli M, et al. J Am Coll Cardiol Interv 2012; 5 : 268-77.<br />

2. Van’t Hof A, et al. Lancet 2008; 372 (9638) : 537-46.<br />

3. Ten Berg JM, et al. JACC 2010 ; 55(22) : 2446-55.<br />

Une efficacité au long cours<br />

Dans l’étude TRINITY, réalisée en double<br />

aveugle selon un p<strong>la</strong>n factoriel chez<br />

2 492 patients avec une HTA modérée à<br />

sévère, cette trithérapie a normalisé<br />

7 patients sur 10 aux doses de respectivement<br />

40 mg/j, 10 mg/j, 25 mg/j des<br />

3 antihypertenseurs. Le Pr Barrios a<br />

insisté sur le fait que « cette trithérapie<br />

assure un bon contrôle tensionnel, tant<br />

chez les hypertendus non obèses<br />

qu’obèses ». Elle est également active<br />

chez les patients à haut risque cardiovascu<strong>la</strong>ire<br />

et bien tolérée malgré des<br />

baisses tensionnelles importantes :<br />

- 37 mmHg à 8 semaines pour <strong>la</strong> PAS<br />

dans TRINITY, - 21,8 mmHg pour <strong>la</strong> PAD.<br />

Cette trithérapie a aussi démontré son<br />

efficacité au long cours<br />

Une nouvelle étude, effectuée par le<br />

Pr Volpe auprès de plus de 2 000<br />

patients, présentée sous forme de poster,<br />

a ainsi conclu à un taux de contrôle<br />

de 78% après un suivi de 54 semaines<br />

en ouvert.<br />

A noter que, dans cet essai, le taux d’hypotensions<br />

est resté inférieur à 1% sous trithérapie.<br />

■<br />

Dr Corinne Tutin<br />

D’après un symposium organisé par<br />

les <strong>la</strong>boratoires Daiichi Sankyo et Menarini.<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012


Le dabigatran bénéficie à plus d’un million de patients-années<br />

Le dabigatran, qui a obtenu les autorisations<br />

réglementaires pour <strong>la</strong> prévention<br />

des AVC et des embolies systémiques<br />

chez les patients atteints de FA,<br />

est <strong>la</strong>rgement prescrit dans le monde.<br />

L e<br />

dabigatran étexi<strong>la</strong>te (Pradaxa)<br />

bénéficie aujourd’hui à un million<br />

de patients-années, et ce dans deux<br />

grands cadres nosologiques :<br />

- <strong>la</strong> prévention des événements thromboemboliques<br />

veineux chez des<br />

patients adultes ayant bénéficié d’une<br />

chirurgie programmée pour prothèse<br />

totale de hanche ou de genou ;<br />

- <strong>la</strong> prévention des accidents vascu<strong>la</strong>ires<br />

cérébraux (AVC) et des embolies systémiques<br />

(ES) chez les patients atteints<br />

de fibril<strong>la</strong>tion atriale (FA) non valvu<strong>la</strong>ire,<br />

associée à un ou plusieurs facteurs<br />

de risque : antécédents d’AVC,<br />

Le TAVI fait son entrée dans les recommandations<br />

Les Prs Martine Gi<strong>la</strong>rd (Brest, France), Bernard David Prendergast<br />

(Oxford, Royaume-Uni) et Helmut Baumgartner<br />

(Munster, Allemagne) ont commenté l’actualité du TAVI et<br />

son entrée dans les nouvelles recommandations sur <strong>la</strong> prise<br />

en charge des valvulopathies.<br />

L e<br />

Pr Bernard David Prendergast a présenté les dernières données<br />

concernant le TAVI à partir des résultats à 2 ans de<br />

l’étude PARTNER (The P<strong>la</strong>cement of Aortic Transcatheter Valves)<br />

et des résultats à un an du registre SOURCE.<br />

Les résultats de l’étude PARTNER se confirment à 2 ans. Dans <strong>la</strong><br />

cohorte B, qui comparait le TAVI au traitement médical (pouvant<br />

inclure une angiop<strong>la</strong>stie au ballon) chez les patients inopérables,<br />

<strong>la</strong> mortalité toute cause est de 43,3% chez les patients<br />

traités par TAVI et de 68% chez les autres (HR : 0,56 ; IC 95%<br />

0,44-0,75 ; p < 0,0001) (Figure 1, p 46). L’amélioration fonctionnelle<br />

constatée précocement après TAVI se maintient à 2 ans<br />

avec une réduction au cours du temps de <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse NYHA.<br />

Dans <strong>la</strong> cohorte A, qui comparait les TAVI par voie apicale<br />

ou fémorale au traitement chirurgical chez les patients à<br />

haut risque opératoire, le taux de mortalité à 2 ans est simi<strong>la</strong>ire<br />

dans les 2 groupes (RVA 35% versus TAVI 33,9% ;<br />

HR : 0,88 ; IC 95% 0,70-1,12 ; p = 0,310).<br />

Concernant <strong>la</strong> survenue d’AVC, il a été noté un taux d’AVC à 30<br />

jours nettement supérieur dans le groupe TAVI (4,6% versus<br />

2,4%), mais cet écart diminue au fil du temps avec au-delà de 2<br />

ans une inversion des courbes et un taux d’AVC supérieur<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012<br />

d’AIT ou d’ES, FEVG < 40 %, insuffisance<br />

cardiaque symptomatique (c<strong>la</strong>sse<br />

NYHA > 2), âge ≥ 75 ans ou > 65 ans<br />

chez un diabétique, un coronarien ou<br />

un hypertendu.<br />

Cette expérience clinique, sans précédent<br />

pour un nouvel anticoagu<strong>la</strong>nt oral,<br />

souligne <strong>la</strong> <strong>la</strong>rge utilisation de Pradaxa<br />

dans plus de 70 pays à travers le monde,<br />

après l’obtention des autorisations<br />

réglementaires pour <strong>la</strong> prévention de<br />

l’AVC et de l’ES dans <strong>la</strong> FA.<br />

Ce niveau d’utilisation clinique montre<br />

que les bénéfices importants du dabigatran<br />

étexi<strong>la</strong>te mis en évidence dans<br />

l’étude RE-LY (Randomised Evaluation<br />

of Long term anticoagu<strong>la</strong>nt therapY)<br />

ont été pris en compte.<br />

Les résultats de RE-LY démontrent que<br />

le dabigatran étexi<strong>la</strong>te (150 mg x 2/j) a<br />

réduit de 35% le risque global d’AVC et<br />

d’ES, y compris les AVC hémorragiques,<br />

et qu’indiqué à <strong>la</strong> dose de 110 mg x 2/j<br />

chez certains patients, il s’est révélé non<br />

inférieur à <strong>la</strong> warfarine, avec pour les<br />

2 dosages une diminution significative<br />

des hémorragies potentiellement mortelles<br />

et intracrâniennes.<br />

Depuis sa première autorisation dans <strong>la</strong><br />

prévention des AVC, Pradaxa pourrait<br />

avoir évité 40 000 AVC chez des patients<br />

atteints de FA non valvu<strong>la</strong>ire par rapport<br />

aux patients non traités.<br />

Pour le Pr Hans-Christoph Diener (Duisburg-Essen,<br />

Allemagne), qui commentait<br />

ces résultats, « le nombre estimé<br />

d’AVC évités positionne le dabigatran<br />

comme un traitement efficace et présentant<br />

un bon profil de tolérance chez<br />

les patients atteints de FA exposés à un<br />

risque d’AVC ». ■<br />

Dr Micheline Fourcade<br />

D’après une conférence de presse organisée<br />

par les <strong>la</strong>boratoires Boehringer Ingelheim.<br />

dans le groupe chirurgie. A ce jour, les mécanismes précis de ces<br />

excès d’AVC périprocéduraux sont inconnus. Cependant, les<br />

données à plus long terme sont jugées rassurantes.<br />

Les résultats de PARTNER confirment que <strong>la</strong> présence d’une fuite<br />

paravalvu<strong>la</strong>ire significative après TAVI est de mauvais pronostic.<br />

Même une fuite peu importante peut être à l’origine d’une<br />

surmortalité équivalente à <strong>la</strong> présence d’une fuite moyenne ou<br />

sévère. Le taux de mortalité à 2 ans est de 24,8% quand il n’existe<br />

pas de fuite ou qu’elle est à l’état de trace, de 39,2% quand elle<br />

est minime et de 41,7% quand elle est modérée ou sévère.<br />

Le registre SOURCE confirme les progrès du TAVI<br />

SOURCE est un registre prospectif, européen, recueil<strong>la</strong>nt les données<br />

de patients traités avec les valves Edwards Sapien XT, par<br />

voie fémorale ou apicale. Ce registre confirme les bons résultats<br />

du TAVI avec une survie à un an de l’ordre de 76,5%, supérieure<br />

dans le groupe voie fémorale par rapport au groupe voie apicale<br />

(80,1% et 74,2% respectivement) (Figure 2, p 46). Ce<strong>la</strong> est<br />

en partie expliqué par le fait que les patients du groupe transapical<br />

ont plus de comorbidités, avec un EuroScore en moyenne<br />

plus élevé que dans le groupe transfémoral (21,8 et 19,9 respectivement<br />

; p = 0,0004). De même, le nombre de patients à très<br />

haut risque, avec EuroScore > 40, est significativement supérieur<br />

dans le groupe apical. La mortalité chez ce type de patients,<br />

après TAVI par voie apicale, est extrêmement élevée, de l’ordre<br />

de 22,4%.<br />

45


46<br />

Mortalité toutes causes (%)<br />

PARTNER cohorte B : mortalité à 2 ans<br />

100%<br />

80%<br />

60%<br />

40%<br />

20%<br />

Figure 1.<br />

0%<br />

0<br />

HR 0,57<br />

IC 95% [0,44-0,75]<br />

p (log rank) < 0,0001<br />

Δ à 1 an = 20%<br />

NNT = 5 pts<br />

50,7%<br />

30,7%<br />

Traitement standard<br />

TAVI<br />

Les données concernant les complications confirment les progrès<br />

réalisés, on note un taux d’AVC de 2,1% et <strong>la</strong> survenue<br />

de complications vascu<strong>la</strong>ires majeures dans 6,3% des cas.<br />

Le TAVI : réelle alternative à <strong>la</strong><br />

chirurgie dans les recommandations<br />

67,6%<br />

43,3%<br />

Δ à 2 ans = 24,3%<br />

NNT = 4,1 pts<br />

6 12<br />

Mois<br />

18 24<br />

Le Pr Baumgartner a commenté les nouvelles recommandations<br />

sur <strong>la</strong> prise en charge des valvulopathies.<br />

Le point essentiel et le plus attendu de ces recommandations<br />

concerne le TAVI puisque aucune recommandation n’existait.<br />

Ces recommandations découlent des différents registres, mais<br />

surtout des résultats de l’étude randomisée PARTNER.<br />

Les résultats à 2 ans de <strong>la</strong> cohorte A de PARTNER ont validé le<br />

fait que le TAVI peut être considéré comme une réelle alternative<br />

à <strong>la</strong> chirurgie chez les patients à haut risque. Cependant,<br />

se pose le problème de <strong>la</strong> définition du patient à haut<br />

Survie (%)<br />

100<br />

95<br />

90<br />

85<br />

80<br />

75<br />

70<br />

65<br />

60<br />

55<br />

50<br />

0<br />

Figure 2.<br />

Registre SOURCE : survie à 1 an<br />

80,1%<br />

74,2%<br />

76,5%<br />

Tous (n = 2 307)<br />

Voie transfémorale (n = 920)<br />

Voie transapicale (n = 1 387)<br />

3 6 9 12 15 18 21 24<br />

Survie (mois)<br />

risque et des critères permettant de faire le choix entre les deux<br />

types d’intervention. Actuellement, aucun score de risque ni<br />

aucun élément clinique ne permet de répondre à ces questions,<br />

raison pour <strong>la</strong>quelle les recommandations se réfèrent<br />

au jugement de <strong>la</strong> Heart Team, composée de cardiologues et<br />

de chirurgiens cardiaques. L’absence de Heart Team est une<br />

contre-indication à <strong>la</strong> réalisation de TAVI.<br />

Le Pr Alec Vahanian (Paris) a commenté <strong>la</strong> prise en charge des<br />

patients à risque intermédiaire. Il a noté qu’il n’est pas recommandé<br />

actuellement de traiter ce type de patients par TAVI, en<br />

attendant d’autres études. Le Pr Martine Gi<strong>la</strong>rd a ajouté que,<br />

au-delà des scores, il faut s’intéresser à <strong>la</strong> fragilité du patient.<br />

D’après elle, il est nécessaire de développer un nouveau score,<br />

dédié au TAVI, en prenant en compte les différents registres<br />

et études publiés. ■<br />

Dr Timmy P<strong>la</strong>staras<br />

D’après un symposium organisé par les <strong>la</strong>boratoires Edwards Lifesciences.<br />

SHIFT : diminution des hospitalisations récurrentes chez les<br />

insuffisants cardiaques chroniques avec l’ivabradine<br />

Au cours d’une session consacrée à l’actualisation<br />

des essais cliniques, le Dr Jeffrey<br />

Stephen Borer (New York) a présenté<br />

une sous-analyse de l’étude SHIFT.<br />

Il en ressort que chez les insuffisants<br />

cardiaques chroniques, l’ivabradine<br />

réduit les hospitalisations pour aggravation<br />

de <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die et l’incidence des<br />

réhospitalisations.<br />

L e<br />

Pr Borer a rappelé les résultats de<br />

l’étude SHIFT (Systolic Heart Failure<br />

Treatment with the If inhibitor ivabradine<br />

Trial), étude internationale randomisée en<br />

double aveugle contre p<strong>la</strong>cebo menée<br />

chez 6 505 insuffisants cardiaques symptomatiques,<br />

montrant que l’adjonction de<br />

l’ivabradine, un bradycardisant pur, au traitement<br />

conventionnel permet de réduire<br />

de 18% l’incidence du critère composite<br />

associant décès cardiovascu<strong>la</strong>ires et hospitalisations<br />

pour insuffisance cardiaque par<br />

rapport au p<strong>la</strong>cebo.<br />

La sous-analyse de SHIFT montre qu’à 30<br />

mois, l’incidence cumulée des hospitalisa-<br />

tions pour insuffisance cardiaque est inférieure<br />

de 25% dans le groupe ivabradine<br />

comparé au groupe p<strong>la</strong>cebo (p = 0,0002)<br />

et que l’incidence des réhospitalisations<br />

est diminuée. Les patients ayant reçu l’ivabradine<br />

sont moins souvent réhospitalisés<br />

pour aggravation de leur insuffisance cardiaque<br />

que ceux du groupe p<strong>la</strong>cebo.<br />

Par ailleurs, le dé<strong>la</strong>i entre <strong>la</strong> randomisation,<br />

<strong>la</strong> première, <strong>la</strong> deuxième et <strong>la</strong> troisième<br />

hospitalisation a tendance à être<br />

plus long dans le groupe ivabradine que<br />

dans le groupe p<strong>la</strong>cebo.<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012


En France, l'insuffisance cardiaque représente<br />

1% des dépenses de santé, et le coût<br />

des hospitalisations s'élève à 1 milliard<br />

d'euros par an, l'ivabradine en réduisant<br />

le nombre et <strong>la</strong> durée des hospitalisations<br />

va donc permettre de réduire ce coût, et<br />

avoir un impact favorable sur l'économie<br />

de <strong>la</strong> santé.<br />

Pour expliquer le rationnel de cette sousanalyse,<br />

le Pr Stefan Anker (Berlin, Allemagne)<br />

a souligné que les analyses ne<br />

tenant compte que du dé<strong>la</strong>i entre <strong>la</strong> randomisation<br />

et <strong>la</strong> survenue d’un premier<br />

événement composite (décès cardiovascu-<br />

L’edoxaban est un inhibiteur direct, spécifique<br />

et réversible du facteur Xa. Il<br />

s’adresse à <strong>la</strong> fois à <strong>la</strong> prévention des<br />

AVC et des embolies systémiques dans<br />

<strong>la</strong> FA ainsi qu’à <strong>la</strong> prévention et au traitement<br />

de <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die thromboembolique<br />

veineuse, avec deux grandes<br />

études de phase III : ENGAGE AF-TIMI 48<br />

et HOKUSAI-VTE.<br />

FA : prévention des AVC et<br />

des embolies systémiques<br />

Les études de phase II avaient établi<br />

dans <strong>la</strong> FA non valvu<strong>la</strong>ire que le traitement<br />

avec une dose unique de 30 mg<br />

ou 60 mg/j d’edoxaban avait un profil<br />

de tolérance identique à celui de <strong>la</strong> warfarine.<br />

Les nouveaux anticoagu<strong>la</strong>nts<br />

oraux sont très attendus quand on<br />

connaît les difficultés pour le patient à<br />

gérer les contraintes liées à <strong>la</strong> prise<br />

d’AVK, comme l’illustre parfaitement<br />

l’enquête EUPS-AF (EUropean Patient<br />

Survey in Atrial Fibril<strong>la</strong>tion).<br />

L’edoxaban est actuellement évalué<br />

dans ENGAGE AF-TIMI 48 (Effective aNticoaGu<strong>la</strong>tion<br />

with factor xA next GEneration<br />

in Atrial Fibril<strong>la</strong>tion), une très<br />

<strong>la</strong>rge étude internationale multicentrique<br />

menée en double aveugle dans<br />

<strong>la</strong> FA (1 400 sites cliniques de 46 pays).<br />

Elle a inclus plus de 20 500 patients,<br />

entre novembre 2008 et novembre<br />

2010, ayant une FA paroxystique, permanente<br />

ou persistante authentifiée,<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012<br />

<strong>la</strong>ires ou hospitalisations) ne reflètent pas<br />

complètement le poids que représente<br />

aujourd’hui l’insuffisance cardiaque dans<br />

<strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion.<br />

« Un patient peut mourir après une première<br />

hospitalisation ou avoir été préa<strong>la</strong>blement<br />

hospitalisé plusieurs fois, ce qui<br />

n’est pas pris en compte dans les analyses<br />

basées sur le dé<strong>la</strong>i de survenue du premier<br />

événement composite. »<br />

Les résultats de cette sous-analyse sur<br />

les récurrences d’hospitalisation pourraient<br />

donc permettre d’apprécier l’impact<br />

du traitement sur le fardeau que<br />

évoluant depuis moins de 2 ans et dont<br />

le score CHADS 2 était ≥ 2; à l’inclusion,<br />

52% avaient un CHADS 2 ≥ 3, il s’agissait<br />

donc de patients à risque moyen ou<br />

élevé de complications ischémiques (respectivement<br />

32%, 30% et 87% des participants<br />

de RE-LY, ARISTOTLE et<br />

ROCKET-AF avaient un score CHADS 2<br />

≥ 3). Ils étaient ou non naïfs d’AVK.<br />

Les participants ont été randomisés en<br />

3 groupes : edoxaban 30 mg/j, edoxaban<br />

60 mg/j en monoprise et warfarine<br />

avec une durée moyenne de suivi de<br />

24 mois.<br />

L’objectif primaire est de prouver <strong>la</strong> noninfériorité<br />

de l’edoxaban comparé à<br />

l’AVK sur un critère composite : AVC,<br />

embolies systémiques.<br />

Les critères secondaires portent sur <strong>la</strong><br />

mortalité toute cause, les AVC, les<br />

embolies, ainsi que sur les MACE, <strong>la</strong><br />

sécurité étant évaluée sur les saignements<br />

majeurs ou non majeurs, mais cliniquement<br />

significatifs.<br />

« ENGAGE AF-TIMI 48 présente des<br />

spécificités particulièrement intéressantes,<br />

a détaillé le Pr RP Giugliano<br />

(Etats-Unis). C’est <strong>la</strong> plus <strong>la</strong>rge étude<br />

randomisée menée dans <strong>la</strong> FA avec un<br />

nouvel anticoagu<strong>la</strong>nt oral, son suivi<br />

est long et elle permet de tester deux<br />

dosages en une prise quotidienne.<br />

C’est aussi <strong>la</strong> première à ajuster en<br />

permanence les doses qui passent de<br />

60 à 30 mg et de 30 à 15 mg en fonction<br />

de <strong>la</strong> c<strong>la</strong>irance de <strong>la</strong> créatinine,<br />

d’un poids < 60 kg ou de <strong>la</strong> prise<br />

représente l’insuffisance cardiaque.<br />

Toutefois, comme en a convenu le<br />

Pr Borer, cette sous-analyse comporte des<br />

limites dans l’approche temporelle des hospitalisations<br />

: l’effet du traitement dépend<br />

de l’évolution de <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die, donc des hospitalisations<br />

antérieures ; par ailleurs, les<br />

données sur le poids des hospitalisations<br />

peuvent être influencées par les différences<br />

existant entre les systèmes de santé. ■<br />

Dr Micheline Fourcade<br />

D’après <strong>la</strong> session : « Clinical trials & Registry II:<br />

Updates on Heart Failure and<br />

Coronary Artery disease ».<br />

Edoxaban : un <strong>la</strong>rge programme de phase III dans <strong>la</strong> FA<br />

et <strong>la</strong> thrombose veineuse<br />

concomitante d‘inhibiteurs de <strong>la</strong> glycoprotéine<br />

P. »<br />

HOKUSAI-VTE dans le<br />

traitement et <strong>la</strong> prévention<br />

secondaire de <strong>la</strong> thrombose<br />

veineuse<br />

HOKUSAI-VTE est une étude clinique<br />

randomisée, internationale (400 centres<br />

de 38 pays). Les 8 250 participants sont<br />

inclus après une thrombose veineuse<br />

(TVP) ou une embolie pulmonaire symptomatique<br />

afin de montrer <strong>la</strong> non-infériorité<br />

du traitement par HBPM et re<strong>la</strong>is<br />

par l’edoxaban 60 mg/j par rapport au<br />

schéma c<strong>la</strong>ssique HBPM/warfarine<br />

(maintenant l’INR entre 2 et 3) sur un<br />

critère associant TVP et embolie pulmonaire<br />

(EP) fatale ou non à un an.<br />

Le critère secondaire d’efficacité<br />

concerne <strong>la</strong> récidive de TVP symptomatique,<br />

d’EP non fatale et <strong>la</strong> mortalité<br />

toute cause. La sécurité sera évaluée sur<br />

<strong>la</strong> non-infériorité de l’edoxaban sur le<br />

taux de saignements majeurs et non<br />

majeurs cliniquement significatifs. Le<br />

design est original par <strong>la</strong> dose unique<br />

quotidienne, l’ajustement de <strong>la</strong> dose sur<br />

les mêmes critères que dans ENGAGE<br />

AF-TIMI 48 et <strong>la</strong> flexibilité de <strong>la</strong> durée<br />

de traitement de 3 à 12 mois afin de<br />

refléter <strong>la</strong> réalité de <strong>la</strong> pratique clinique.<br />

Dans <strong>la</strong> thrombose veineuse, on disposait<br />

déjà de 2 études japonaises : STARS E-3<br />

(Studying Thrombosis After Rep<strong>la</strong>ce-<br />

47


48<br />

ment Surgery) et STARS J-V après prothèse<br />

de genou ou de hanche comparant<br />

l’edoxaban 30 mg/j en une prise à<br />

l’énoxaparine 20 mg/2 fois/j. Chez les<br />

1 326 opérés, l’edoxaban a significativement<br />

réduit les événements du critère<br />

primaire : TVP symptomatique ou non<br />

et embolie pulmonaire (5,1% versus<br />

10,7% ; RRR = 52,7% ; p < 0,001).<br />

Ces résultats sont homogènes dans les<br />

divers sous-groupes, quels que soient<br />

l’âge, le poids ou les autres traitements.<br />

Il n’y avait pas de différence sur les<br />

saignements (4,6% sous edoxaban ver-<br />

Malgré les énormes progrès thérapeutiques réalisés ces dernières<br />

décennies, l’insuffisance cardiaque systolique reste<br />

un problème de santé publique majeur, l’incidence et <strong>la</strong> prévalence<br />

de <strong>la</strong> pathologie ne cessant de progresser.<br />

L a<br />

mortalité à 5 ans est comparable à celle observée pour les<br />

adénocarcinomes du côlon : environ 45%. Chez les patients<br />

souffrant d’une IC de c<strong>la</strong>sse II de <strong>la</strong> NYHA, <strong>la</strong> plus fréquente<br />

(69% des IC), - considérée comme modérée -, le taux annuel de<br />

mortalité peut atteindre 10%.<br />

Après un épisode de décompensation, le risque de réhospitalisation<br />

à 6 mois oscille entre 30 et 60%, et <strong>la</strong> mortalité augmente<br />

après chaque nouvelle hospitalisation. Pour améliorer le<br />

pronostic, il faut donc être efficace le plus tôt possible au cours<br />

de l’évolution de <strong>la</strong> dysfonction ventricu<strong>la</strong>ire, a souligné Johann<br />

Bauersachs (Hanovre, Allemagne) rappe<strong>la</strong>nt que dans<br />

l’EURObservational Research Programme (ESC-HF Pilot), plus de<br />

80% des patients reçoivent un inhibiteur du système rénineangiotensine<br />

et un bêtabloquant, mais seuls 40% d’entre eux<br />

bénéficient d’un traitement par antagoniste des récepteurs<br />

minéralo-corticoïdes, avec des doses cibles atteintes chez seulement<br />

25 à 30% des patients. L’application des nouvelles recommandations<br />

thérapeutiques de l’ESC devrait permettre d’améliorer<br />

<strong>la</strong> survie des patients insuffisants cardiaques, a-t-il conclu.<br />

Ces nouvelles recommandations tiennent compte des nombreuses<br />

études publiées ces 4 dernières années, parmi lesquelles<br />

EMPHASIS-HF qui a permis à l’éplérénone de trouver sa p<strong>la</strong>ce<br />

dans <strong>la</strong> prise en charge de l’IC systolique à fraction d’éjection<br />

basse (IC c<strong>la</strong>sse II de <strong>la</strong> NHYA, FEVG < 35%).<br />

sus 3,7% sous énoxaparine ; p = 0,427).<br />

Le Pr Naonobu Takahira a témoigné de<br />

son expérience clinique « dans <strong>la</strong> vraie<br />

vie » avec l’edoxaban qui est approuvé<br />

depuis avril 2011 dans <strong>la</strong> prévention de<br />

<strong>la</strong> thrombose veineuse après prothèse<br />

de genou ou de hanche et fracture de<br />

hanche.<br />

Chez les 91 patients de l’hôpital universitaire<br />

de Kitasato (âge moyen : 63 ans,<br />

63% de femmes) qui ont reçu soit de<br />

l’edoxaban 15 mg (n = 23), soit de<br />

l’edoxaban 30 mg (n = 68) pendant 7 à<br />

14 jours, les résultats ont été identiques<br />

sur <strong>la</strong> prévention des thromboses et le<br />

risque de saignement par rapport au<br />

fondaparinux.<br />

La pharmacovigi<strong>la</strong>nce post-marketing<br />

pour 2 000 patients sous edoxaban et<br />

23 000 sous fondaparinux a révélé moins<br />

d’événements indésirables, moins de saignements<br />

totaux et de saignements<br />

graves et aucun saignement fatal sous<br />

edoxaban. ■<br />

Dr Maia Gouffrant<br />

D’après une conférence de presse organisée<br />

par les <strong>la</strong>boratoires Daiichi Sankyo.<br />

EMPHASIS-HF : même bénéfice et sécurité d’emploi équivalente<br />

pour l’éplérénone chez les insuffisants cardiaques à haut risque<br />

Résultats de l’étude EMPHASIS-HF<br />

L’étude EMPHASIS-HF, qui compare l’éplérénone à un p<strong>la</strong>cebo<br />

chez plus de 3 000 patients avec FEVG < 30% en c<strong>la</strong>sse II de <strong>la</strong><br />

NYHA, avec traitement de fond optimal par IEC et bêtabloquant,<br />

avait été arrêtée avant son terme en raison de l’efficacité du<br />

traitement actif : réduction de 37% (p < 0,0001) du critère primaire<br />

(mortalité cardiovascu<strong>la</strong>ire ou hospitalisation pour insuffisance<br />

cardiaque).<br />

Une sous-analyse de l’étude, commentée par Bertram Pitt (Ann<br />

Arbor, Etats-Unis), a mis en évidence une réduction significative<br />

de 47% (p < 0,001) des hospitalisations récurrentes chez les<br />

patients sous éplérénone comparés à ceux du groupe p<strong>la</strong>cebo.<br />

La crainte de l’hyperkaliémie explique <strong>la</strong> réticence de certains<br />

médecins à utiliser les antagonistes des récepteurs minéralo-corticoïdes.<br />

Dans EMPHASIS HF, les hyperkaliémies (K+ > 5,5 mmol)<br />

sont plus fréquentes chez les patients sous éplérénone par rapport<br />

au groupe témoin (11,8% versus 7,2% ; p < 0,001), mais<br />

n’entraînent pas davantage d’arrêts de traitement (environ 1%<br />

dans les 2 groupes).<br />

L’analyse de sous-groupes de popu<strong>la</strong>tion à haut risque (patients<br />

diabétiques ou ayant une dysfonction rénale avec un DFG<br />

< 60 ml/min/1,73m 2 ) a confirmé ces résultats : l’augmentation<br />

du potassium sérique observée n’empêche pas le bénéfice clinique<br />

de l’éplérénone sur <strong>la</strong> mortalité et les hospitalisations : <strong>la</strong><br />

réduction du critère primaire atteint 46% chez les patients diabétiques<br />

et 38% chez les insuffisants rénaux. Pour B. Pitt, l’augmentation<br />

d’incidence des hyperkaliémies et insuffisances rénales<br />

qui serait observée « dans <strong>la</strong> vraie vie » avec les antagonistes des<br />

récepteurs minéralo-corticoïdes pourrait s’expliquer par une<br />

prescription non appropriée au patient, un défaut de surveil<strong>la</strong>nce<br />

biologique de <strong>la</strong> kaliémie et de <strong>la</strong> fonction rénale et l’utilisation<br />

de <strong>la</strong> spirono<strong>la</strong>ctone 25-50 mg/j, dont les propriétés pharmacologiques<br />

diffèrent de celles de l’éplérénone (sélectivité et<br />

affinité pour les récepteurs, demi-vie).<br />

L’IC dans les nouvelles recommandations ESC<br />

Faïez Zannad (Vandœuvre-lès-Nancy, France) est revenu sur <strong>la</strong><br />

mise à jour des recommandations européennes sur l’insuffisance<br />

cardiaque qui s’est particulièrement attachée aux niveaux de<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012


preuve, établis sur <strong>la</strong> base des nombreux travaux menés dans<br />

l’IC ces dernières années, mais aussi à leur application en pratique<br />

quotidienne. La gestion du traitement par les antagonistes<br />

des récepteurs minéralo-corticoïdes y est c<strong>la</strong>irement<br />

détaillée : une bonne prescription est synonyme de prescription<br />

aux bons patients et aux bonnes doses - initiation du traitement<br />

à dose faible, sans dépasser les 50 mg/j - avec une surveil<strong>la</strong>nce<br />

adaptée à l’état fonctionnel des patients (vigi<strong>la</strong>nce<br />

accrue chez les sujets âgés, fragiles, avec une dysfonction rénale<br />

sous-jacente), mais aussi aux événements intercurrents<br />

(déshydratation, troubles digestifs, associations médicamenteuses<br />

: supplémentation potassique, AINS ou autres<br />

médicaments néphrotoxiques).<br />

Faïez Zannad a aussi rappelé l’importance de l’éducation du<br />

patient et de son entourage pour limiter le risque de complications.<br />

Analyse coût/efficacité de <strong>la</strong> prise en charge de<br />

l’insuffisance cardiaque<br />

Enfin, J. McMurray (G<strong>la</strong>sgow, Royaume-Uni) a terminé en abordant<br />

les aspects économiques de <strong>la</strong> prise en charge de l’insuffisance<br />

cardiaque, soulignant son coût élevé, principalement<br />

lié à celui des hospitalisations (69%).<br />

Dans l’étude EMPHASIS-HF, le nombre d’hospitalisations et le<br />

nombre cumulé d’hospitalisations, critère reflétant <strong>la</strong> survie,<br />

<strong>la</strong> progression et aussi le coût de <strong>la</strong> prise en charge de l’insuffisance<br />

cardiaque, ont été réduits et l’analyse coût/efficacité<br />

utilisant l’unité de mesure QALY (Quality Adjusted Life Year)<br />

fait apparaître un rapport coût/bénéfice favorable pour l’éplérénone.<br />

■<br />

Dr Pascale Lefèvre<br />

D’après un symposium organisé par les <strong>la</strong>boratoires Pfizer.<br />

Prise en charge de l'hypertension artérielle pulmonaire associée<br />

aux cardiopathies congénitales<br />

En présentant deux cas cliniques, le<br />

Dr Dimopoulos (Londres) et le Pr Rosenkranz<br />

(Cologne) ont permis de discuter<br />

de <strong>la</strong> gestion actuelle et des difficultés<br />

rencontrées lors de <strong>la</strong> prise en charge<br />

des patients ayant une hypertension<br />

artérielle pulmonaire (HTAP) associée à<br />

une cardiopathie congénitale.<br />

Syndrome d'Eisenmenger<br />

Le syndrome d’Eisenmenger (ES) est<br />

l’évolution ultime d’un shunt gauchedroit<br />

non corrigé précocement : canal<br />

artériel persistant, communication interventricu<strong>la</strong>ire,<br />

canal atrioventricu<strong>la</strong>ire.<br />

Ce shunt va entraîner des lésions artério<strong>la</strong>ires<br />

pulmonaires, qui elles-mêmes<br />

auront pour conséquence une élévation<br />

des résistances vascu<strong>la</strong>ires pulmonaires<br />

(RVP), puis une inversion du shunt et<br />

donc une cyanose.<br />

Historiquement, <strong>la</strong> gravité des ES a été<br />

comparée à celle des autres formes<br />

d’HTAP, dont <strong>la</strong> mortalité est plus élevée.<br />

La gestion globale des patients se<br />

limitait alors à des mesures de soutien :<br />

supplémentation martiale, saignées, diurétiques.<br />

Aujourd’hui, il ne fait nul doute<br />

que l’ES est une ma<strong>la</strong>die grave et progressive,<br />

associée à une mauvaise qualité<br />

de vie et à un mauvais pronostic,<br />

relevant d’un traitement spécifique.<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012<br />

L’étude BREATHE-5 a montré que le<br />

bosentan (Tracleer), un antagoniste des<br />

récepteurs de l’endothéline, réduit significativement<br />

les RVP et améliore <strong>la</strong> distance<br />

parcourue au test de marche des<br />

6 min, sans aggraver ni le shunt ni <strong>la</strong> cyanose.<br />

Selon les recommandations européennes,<br />

le bosentan est un des traitements<br />

de première intention chez les<br />

patients en c<strong>la</strong>sse fonctionnelle III avec<br />

ES (recommandation IB). Par ailleurs,<br />

plusieurs études sur les prostanoïdes et<br />

les inhibiteurs de <strong>la</strong> 5-phosphodiestérase<br />

ont montré leur efficacité sur l’amélioration<br />

des paramètres hémodynamiques<br />

et sur le statut fonctionnel des patients<br />

avec ES.<br />

HTAP après correction<br />

chirurgicale cardiaque<br />

La réparation chirurgicale est le traitement<br />

de choix pour <strong>la</strong> plupart des<br />

enfants présentant une cardiopathie<br />

congénitale hémodynamiquement significative.<br />

Le timing de <strong>la</strong> chirurgie est<br />

essentiel, car elle doit être réalisée avant<br />

que ne se développe <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die vascu<strong>la</strong>ire<br />

pulmonaire. L‘élévation des RVP<br />

peut survenir en postopératoire (aiguë)<br />

ou plus tardivement (chronique).<br />

En postopératoire immédiat de correction<br />

d’un shunt, une élévation brutale<br />

des RVP n’est pas rare, appelée crise<br />

d’hypertension pulmonaire. Malgré un<br />

taux de mortalité élevé, > 20%, ces épisodes<br />

sont en général transitoires, et les<br />

patients considérés par <strong>la</strong> suite comme<br />

guéris. Cependant, 12 à 13% d’entre eux<br />

vont développer une HTAP.<br />

L’HTAP chronique résiduelle est de moins<br />

bon pronostic que si <strong>la</strong> chirurgie n’avait<br />

pas été réalisée. L’étude rétrospective<br />

pédiatrique de Haworth, et al. (Heart<br />

2009) montre que cette sous-popu<strong>la</strong>tion<br />

a une survie moins bonne que les<br />

patients avec ES.<br />

Chez l’adulte, le défect peut souvent<br />

passer inaperçu, faisant porter à tort le<br />

diagnostic d’HTAP primitive, et contribue<br />

au retard de prise en charge chirurgicale<br />

de <strong>la</strong> malformation.<br />

Même si les études font défaut dans<br />

cette pathologie, les traitements spécifiques<br />

de l’HTAP (prostanoïdes, antagonistes<br />

des récepteurs de l’endothéline,<br />

inhibiteurs de <strong>la</strong> 5-phosphodiestérase)<br />

peuvent être bénéfiques.<br />

D’autres études sont nécessaires pour<br />

améliorer <strong>la</strong> prise en charge de ces<br />

patients, et pour mieux comprendre les<br />

mécanismes qui mènent à l’HTAP parfois<br />

plusieurs années après chirurgie. ■<br />

Dr Sarah Cohen<br />

D’après un symposium organisé<br />

par les <strong>la</strong>boratoires Actelion.<br />

49


50<br />

Réduire le risque d’AVC dans <strong>la</strong> FA : une approche risque/bénéfice<br />

La prévention des AVC en cas de fibril<strong>la</strong>tion<br />

atriale est en pleine évolution. Les<br />

données cliniques récentes et l’actualisation<br />

des recommandations de l’ESC<br />

simplifient les messages à transmettre.<br />

A<strong>la</strong> différence des AVK, les nouveaux<br />

anticoagu<strong>la</strong>nts oraux ont l’avantage<br />

de ne pas nécessiter de monitoring avec de<br />

faibles interactions médicamenteuses et alimentaires.<br />

Quel que soit le nouvel anticoagu<strong>la</strong>nt<br />

oral étudié, le taux d’hémorragies<br />

intracrâniennes est inférieur à celui observé<br />

sous AVK.<br />

Les messages clés<br />

des recommandations 2012<br />

Tous les anticoagu<strong>la</strong>nts (AVK et les nouveaux)<br />

sont indiqués en c<strong>la</strong>sse I avec un<br />

niveau de preuve A chez les patients avec<br />

FA et indication d’anticoagu<strong>la</strong>tion.<br />

Les femmes de moins de 65 ans ont le<br />

même risque que les hommes du même<br />

Dyslipidémie : le risque cardiovascu<strong>la</strong>ire au centre de <strong>la</strong> prise<br />

en charge<br />

Les recommandations ESC-EAS sur <strong>la</strong> prise en charge des dyslipidémies<br />

mettent au centre de <strong>la</strong> stratégie l’évaluation du risque<br />

cardiovascu<strong>la</strong>ire avec le LDL-cholestérol comme cible thérapeutique<br />

principale.<br />

C hez<br />

les patients à très haut risque cardiovascu<strong>la</strong>ire, l’objectif<br />

est d’obtenir un taux de LDL-C < 0,70 g/l ou de le réduire d’au<br />

moins 50% ; chez les patients à haut risque, le taux de LDL-C devra<br />

être < 100 mg/l, et chez ceux à risque modéré, il devra être<br />

< 115 mg/l. Les statines, dont l’efficacité sur <strong>la</strong> réduction du LDL-C<br />

a été démontrée, sont utilisées en première intention, néanmoins<br />

chez de nombreux patients à haut risque, les valeurs cibles recommandées<br />

ne sont pas atteintes.<br />

Les options thérapeutiques sont alors soit d’augmenter <strong>la</strong> posologie,<br />

soit de passer à une statine plus puissante, soit d’avoir recours<br />

à une association : statine-ézétimibe (un inhibiteur de l’absorption<br />

intestinale du cholestérol) ou statine-acide nicotinique. L’addition<br />

d’ézétimibe à une statine réduit de 19% à 23% le taux de LDL-C<br />

par rapport à <strong>la</strong> statine seule ; son effet sur <strong>la</strong> morbi-mortalité cardiovascu<strong>la</strong>ire<br />

est en cours d’évaluation dans l’étude IMPROVE-IT.<br />

L’acide nicotinique augmente le taux de HDL-C, diminue les taux<br />

de LDL-C et de triglycérides chez les patients traités par une statine,<br />

mais ses effets sont dose-dépendants, et <strong>la</strong> plupart des<br />

âge et ne justifient aucun traitement antithrombotique<br />

en l’absence d’autres facteurs<br />

de risque. Les nouveaux anticoagu<strong>la</strong>nts<br />

sont indiqués en première intention<br />

et préférés aux AVK (IIa A). Enfin, les antiagrégants<br />

ont quasiment disparu.<br />

L’apixaban supérieur aux AVK<br />

même chez l’insuffisant rénal<br />

L'étude ARISTOTLE a inclus des patients présentant<br />

une FA non valvu<strong>la</strong>ire et qui avaient<br />

au moins un facteur de risque d'AVC. Les<br />

patients ont été randomisés en 2 groupes<br />

pour recevoir soit de l'apixaban 5 mg<br />

2 fois/j (2,5 mg 2 fois/j chez les patients à<br />

risque), soit de <strong>la</strong> warfarine. Le critère primaire<br />

comprenait les AVC et les embolies<br />

systémiques. Il s’agit d’une étude de noninfériorité,<br />

mais une analyse de supériorité<br />

était prévue.<br />

Dans le groupe apixaban, une diminution<br />

significative du critère primaire de 21%<br />

(1,2%/an sous apixaban versus 1,60%/an<br />

sous warfarine [HR : 0,79]) ainsi qu’une<br />

diminution significative des hémorragies<br />

majeures, principal critère de tolérance<br />

(réduction du risque de 31% [HR : 0,69] ;<br />

p = 0,047), ont été retrouvées. Parmi les critères<br />

secondaires, il a été noté une diminution<br />

des hémorragies intracrâniennes et une<br />

réduction de <strong>la</strong> mortalité totale (- 11%). La<br />

sous-étude présentée à l’ESC a évalué les différences<br />

entre apixaban et warfarine selon<br />

le degré d’altération de <strong>la</strong> fonction rénale,<br />

ses résultats montrent que :<br />

- l'apixaban est plus efficace que <strong>la</strong> warfarine<br />

sur le critère primaire quel que soit le<br />

degré d'insuffisance rénale ;<br />

- il y a moins d’hémorragies majeures sous<br />

apixaban : <strong>la</strong> baisse pouvant atteindre<br />

50% chez les patients ayant une c<strong>la</strong>irance<br />

de <strong>la</strong> créatinine à 50 ml/min.<br />

En conclusion, <strong>la</strong> supériorité de l’apixaban<br />

comparé à <strong>la</strong> warfarine en termes d’efficacité<br />

et de tolérance se maintient même en<br />

cas d’insuffisance rénale. ■<br />

Dr Michel Brenil<br />

D’après un symposium organisé<br />

par les <strong>la</strong>boratoires BMS-Pfizer.<br />

patients n’atteignent pas <strong>la</strong> dose de 2 g/j en raison des effets secondaires,<br />

dont les plus importants sont des bouffées vasomotrices<br />

par vasodi<strong>la</strong>tation cutanée (flushs).<br />

Le <strong>la</strong>ropiprant, un antagoniste sélectif des récepteurs de type 1<br />

de <strong>la</strong> prostag<strong>la</strong>ndine D2, récepteurs dont <strong>la</strong> stimu<strong>la</strong>tion provoque<br />

une vasodi<strong>la</strong>tation, permet d’améliorer <strong>la</strong> tolérance de l’acide nicotinique.<br />

L’étude de Maccubbin montre que <strong>la</strong> combinaison fixe<br />

d’acide nicotinique (2 g) et de <strong>la</strong>ropiprant (40 mg) associée à un<br />

traitement par une statine réduit significativement les bouffées<br />

vasomotrices, effet qui se maintient à long terme (> 24 semaines).<br />

HPS2-THRIVE (Treatment of HDL to reduce the incidence of vascu<strong>la</strong>r<br />

events) est une vaste étude destinée à évaluer les effets de<br />

<strong>la</strong> combinaison fixe acide nicotinique (2 g)-<strong>la</strong>ropiprant (40 mg)<br />

associée à un traitement par statine (40 mg/j) et ézétimibe sur les<br />

événements cardiovascu<strong>la</strong>ires chez des patients âgés de 50 à<br />

80 ans ayant des antécédents d’infarctus du myocarde, d’AVC, ou<br />

d’athérosclérose périphérique.<br />

25 673 patients recrutés dans des centres coordinateurs au<br />

Royaume-Uni, en Scandinavie et en Chine ont été randomisés<br />

pour recevoir, associé à <strong>la</strong> statine, soit un p<strong>la</strong>cebo, soit <strong>la</strong> combinaison<br />

acide nicotinique-<strong>la</strong>ropiprant, avec un suivi de 4 ans. Les<br />

résultats sont attendus en 2013. ■<br />

Dr Micheline Fourcade<br />

D’après un symposium organisé par les <strong>la</strong>boratoires MSD-Chibret.<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012


L e<br />

rivaroxaban (Xarelto, <strong>la</strong>boratoires Bayer HealthCare) vient<br />

d’obtenir le remboursement dans deux nouvelles indications :<br />

- <strong>la</strong> prévention des accidents vascu<strong>la</strong>ires cérébraux (AVC) et des<br />

embolies systémiques chez les patients atteints de fibril<strong>la</strong>tion<br />

atriale (FA) non valvu<strong>la</strong>ire et présentant un ou plusieurs facteurs<br />

de risque : insuffisance cardiaque congestive, hypertension<br />

artérielle, âge ≥ 75 ans, antécédents d'AVC ou d'accident<br />

ischémique transitoire sans surveil<strong>la</strong>nce biologique en routine ;<br />

- le traitement des thromboses veineuses profondes (TVP) et <strong>la</strong><br />

prévention des récidives sous forme de TVP ou d'embolie pulmonaire<br />

(EP) suite à une TVP aiguë chez l'adulte.<br />

Xarelto a été spécifiquement développé pour être administré<br />

en une seule prise par jour afin de favoriser l'adhésion au traitement<br />

et d’améliorer l'observance : <strong>la</strong> dose recommandée est<br />

de 20 mg/j, ou de 15 mg en cas d'insuffisance rénale modérée<br />

à sévère.<br />

Les nouvelles recommandations internationales (ESC 2012) pour<br />

<strong>la</strong> prévention de l'AVC et des embolies systémiques en cas de<br />

FA non valvu<strong>la</strong>ire préconisent un anticoagu<strong>la</strong>nt oral pour<br />

presque tous les patients (seuls ceux âgés de moins de 65 ans<br />

avec une FA isolée ou présentant une contre-indication peuvent<br />

L e<br />

Actualité<br />

I Événements - AMM - nouvelle indication - conditionnement I<br />

Le rivaroxaban obtient l’AMM dans deux nouvelles indications<br />

Le rivaroxaban est le premier inhibiteur direct du facteur<br />

Xa administré par voie orale approuvé en France<br />

dans trois indications, dont deux nouvelles.<br />

système de dénervation rénale de prochaine génération<br />

se fonde sur l'expérience acquise par Medtronic avec le<br />

système Symplicity dans le traitement de l’hypertension artérielle<br />

résistante. Il comportera un nouveau cathéter à<br />

4 électrodes fournissant de l’énergie RF simultanément. Il est<br />

conçu pour réduire considérablement le temps d’ab<strong>la</strong>tion<br />

durant les procédures de dénervation rénale et sera compatible<br />

6 Fr, hautement conformable et non occlusif. Cette nouvelle<br />

conception est destinée à faciliter <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce et <strong>la</strong><br />

cohérence de l’application d’énergie RF tout en permettant<br />

le traitement d’une grande diversité d’anatomies rénales.<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012<br />

ne pas recevoir d'anticoagu<strong>la</strong>nt) et confirment que les nouveaux<br />

anticoagu<strong>la</strong>nts (dont le rivaroxaban) offrent une prise en charge<br />

efficace (non-infériorité établie) avec un bon profil de tolérance ;<br />

elles les positionnent en alternative à <strong>la</strong> prise en charge conventionnelle<br />

par antivitamines K (AVK), dans le respect de l'indication<br />

validée.<br />

La p<strong>la</strong>ce du rivaroxaban a été établie dans <strong>la</strong> prévention de l'AVC<br />

chez les patients atteints de FA, en alternative à <strong>la</strong> prise en charge<br />

conventionnelle par AVK et en alternative à <strong>la</strong> prise en charge<br />

combinée HBPM + AVK dans le traitement de <strong>la</strong> TVP et <strong>la</strong> prévention<br />

de sa récidive sous forme de TVP et d’EP.<br />

Les limites de maniabilité avec les thérapeutiques actuelles expliquent<br />

pourquoi les AVK sont <strong>la</strong> première cause de iatrogénie<br />

médicamenteuse en France. « Le problème fondamental est<br />

l'anticoagu<strong>la</strong>tion à long terme avec les antivitamines K, a déc<strong>la</strong>ré<br />

le Pr Jean-Marc Davy (Montpellier). Ces médicaments ont une<br />

bonne efficacité, mais une fenêtre thérapeutique étroite. La<br />

dose requise peut varier de manière importante d'un individu<br />

à un autre, et il y a de nombreuses interactions avec les médicaments<br />

et l'alimentation, de sorte que les contrôles réguliers effectués<br />

par le biais des analyses biologiques de <strong>la</strong> coagu<strong>la</strong>tion sont<br />

inévitables. » En revanche, peu d'interactions cliniquement significatives<br />

avec d'autres médicaments sont observées avec le rivaroxaban<br />

qui ne nécessite ni restrictions alimentaires ni examens<br />

biologiques de routine. ■<br />

D'après une conférence de presse des <strong>la</strong>boratoires Bayer HealthCare.<br />

Dénervation rénale : première étude de faisabilité avec<br />

le système Symplicity de prochaine génération<br />

Medtronic annonce avoir achevé avec succès <strong>la</strong> première<br />

phase de l’étude de faisabilité de son système de<br />

dénervation rénale composé d’un cathéter multiélectrodes<br />

et d’un générateur de radiofréquence (RF) é<strong>la</strong>boré.<br />

Au total, 9 patients ont été traités avec un taux<br />

de succès de 100% pour l’accès aux vaisseaux et l’administration<br />

du traitement.<br />

Le système de dénervation rénale Medtronic de prochaine<br />

génération est également composé d’un nouveau générateur<br />

doté d’une interface utilisateur améliorée et sera compatible<br />

avec le cathéter Symplicity à une seule électrode et<br />

avec le cathéter multiélectrodes de prochaine génération.<br />

« La dénervation rénale est une évolution importante dans<br />

<strong>la</strong> gestion du traitement de l’hypertension résistante », a<br />

déc<strong>la</strong>ré Robert Whitbourn (Melbourne, Australie), principal<br />

investigateur de l’étude. « Ce système de prochaine génération<br />

présente plusieurs fonctions novatrices qui pourraient<br />

faire évoluer cette procédure en offrant <strong>la</strong> flexibilité nécessaire<br />

au traitement d’une grande diversité d’anatomies, tout<br />

en aidant à améliorer l’efficacité des soins grâce à une réduction<br />

significative des temps d’ab<strong>la</strong>tion et de procédure. »<br />

« Cette étude de faisabilité symbolise l’engagement de<br />

Medtronic à offrir aux médecins une gamme plus étendue de<br />

solutions pour <strong>la</strong> réalisation de dénervations rénales », a<br />

déc<strong>la</strong>ré Sean Salmon, senior vice-président et président de <strong>la</strong><br />

division Coronaire et Dénervation Rénale de Medtronic. ■<br />

D’après un communiqué de presse de Medtronic.<br />

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