Design, ergonomie et confortDe l’essentiel au nec plusDès 1907, Scania et Vabis (qui n’ont pas encore fusionné) proposent à leur clientèle des camionsà benne basculante, de surcroît motorisée sur les Scania.Ce premier exemple montre que l’industrie du poids lourd, prenant vite son envol, avait pris trèsau sérieux une composante du design, à savoir l’association harmonieuse de la fonction et de laforme. La fonctionnalité a presque toujours pour corollaire une forme esthétique.Aménagement de cabine, modèle 1929.
ultraLa benne basculante dope la polyvalencedu camion porteur etménage les forces du conducteuret de ses éventuels assistants..Durant les premières décennies deScania comme constructeur de poidslourds, le stylisme consiste surtout àassurer aux véhicules une bonne fonctionnalité.Les années 1910 voientapparaître des protections simplescontre les intempéries : pare-brise,pavillon et même portes latérales bassesqui, peu à peu, recevront des vitres.Au fil des années 20, le cadre detravail du chauffeur et l’ergonomiecontinuent de s’améliorer. Les pneumatiquesaugmentent le confort deconduite et réduisent le bruit. La cabinefermée met à l’abri des pires intempérieset les aérateurs permettent derégler l’entrée d’air. Mais le chauffagereste peu répandu, et tout conducteura ses propres idées pour adoucirles conditions de conduite hivernales.Même chez Scania, l’aspect extérieurdes véhicules reste un pointsecondaire. Ceux-ci sont livrés sousforme de châssis que le client remetsouvent à un carrossier de son choix.Le seul design que Scania-Vabis maîtriseest celui du capot moteur et duradiateur. Néanmoins, après 1920,l’aspect typé de ce dernier confère àla marque une spécificité identitairequi aujourd’hui encore reste très forte.La fabrication des cabines va cependantévoluer qualitativement. Le boislaisse place à la tôle d’acier, les structuresse font plus robustes et donc plusdurables. Mais il faudra attendre 1944et le lancement du programme d’après-guerreavec le modèle L10 en tête,pour que les camions Scania-Vabissoient pourvus d’une calandre au sensmoderne du terme. Celle-ci était uneLe tableau de bord incurvé permet au conducteur de mieuxaccéder aux commandes sans devoir se pencher en avant.garniture de forme très étudiée quienveloppait et protégeait le radiateur,tout en donnant à l’avant du véhiculeun caractère de puissance.L’évolution du moteur et de la boîtede vitesses facilite déjà depuis longtempsla tâche du chauffeur. Moteursplus puissants et boîtes bien adaptéesrendent la conduite plus aisée. Audébut des années 50 apparaît la cabinechauffée. ”L’ergonomie”, ou adaptationde l’outil de travail à l’utilisateuraxée sur le confort et sur laréduction des risques de fatigue et decontrainte articulaire, est devenue unecomposante logique du design suédoisen général et de Scania-Vabis enparticulier, avec pour conséquencelogique une esthétique de caractère.Fonction et designLe styliste qui a dessiné la calandredes premiers Scania-Vabis d’aprèsguerreest maintenant oublié. Maislors du lancement du L75 en 1958, unnom et un visage lui furent donnés :Björn Karlström avait modifié l’aspectdes camions, leur donnant un caractèrequasiment classique. A l’avant, ilavait conservé les traits principaux de1944 mais avait intégré les projecteursaux ailes et redessiné le capot moteur,de même que la grille de calandre.Néanmoins, n’allons pas croire quela série 75 ne fut redessinée que parsimple goût du changement. Le cabine,le capot et les ailes (sur les véhiculesà cabine livrée par AB BeGeKarosserifabrik i Oskarshamn et montéepar Scania-Vabis) formaient unensemble monobloc monté sur dessupports en caoutchouc éliminantbruits et vibrations, mariage réussi dela forme et du fonctionnel.Autre progrès en design et ergonomie,les instruments étaient disposés,non plus au milieu du tableau debord, mais face au conducteur. Lapédale de frein était placée de sorteque celui-ci, pour freiner, n’avait plusà lever le pied très haut par rapport àl’accélérateur, les freins pneumatiquesétant actionnés par une pédale à hauteurde celui-ci, d’où un confort et unesécurité accrus.En 1961, dans le but d’améliorer lasécurité du conducteur en cas d’accident,la Suède instaure une norme derésistance des cabines. Celles-ci doiventsubir des essais de chocs : Unpoids d’une tonne suspendu au plafondoscille avec une amplitude de 3mètres et vient percuter leurs montantsde pare-brise. Pour être homologuéeen Suède, la cabine testée nedoit pas se déformer au-delà de certainesvaleurs. La concurrence prétendalors que l’administration suédoisecherche ainsi à protéger son industriedu poids lourd mais pour Scania-Vabis, l’essai de sécurité des cabinessera un bon argument commercial.▼Le camion Scania 100 ans – 11