ACTUALITÉSLe camaïeu <strong>de</strong>gris <strong>de</strong>s enduitsmuraux.PATRIMOINESRefichage <strong>de</strong>s jointsdu parementd’escarpe et mise enœuvre <strong>de</strong> gouttièrespendantes.Entreprisesresponsables<strong>de</strong>s travaux<strong>de</strong> restaurationintérieure• Lot 1 , maçonneriepierre<strong>de</strong> tailleEntreprise Jacquet• Lot 2, couvertureEntreprise Eurotoiture• Lot 3 ,menuiserie-vitrerieEntreprise Art’bois• Lot 4, serrurerieEntreprise Fontbonne& Fils• Lot 5 ,plâtrerie-PeintureEntreprise Rochietti• Lot 6 ,plomberie-SanitaireEntreprise Renaud• Lot 7,électricité-ChauffageEntreprise Cachard<strong>La</strong> salle <strong>de</strong> l’Esseillonet sa maquette.Chaque casemate conserva sa volumétrie,chaque détail architectural fut rétabli en reproduisantà l’i<strong>de</strong>ntique chaque objet-type, commeles volets blindés en bois sertis dans leurs ossaturesau droit <strong>de</strong>s meurtrières, ou, les écarts <strong>de</strong>feu au pied <strong>de</strong>s foyers <strong>de</strong> cheminée…Le travail s’orienta essentiellement sur la restitutionpropre <strong>de</strong>s éléments constituant ces espaces:<strong>de</strong>s dallages en pierre jusqu’aux enduits réalisésau mortier <strong>de</strong> chaux lissé et teinté dans la massesur les murs et les voûtes, <strong>de</strong>s menuiseries àpetits bois sur la cour aux portes à double épaisseur<strong>de</strong> lames <strong>de</strong> bois dans les passages entreles casemates, <strong>de</strong>s gar<strong>de</strong>-corps métalliques auxgrilles <strong>de</strong> défense…Pour répondre aux besoins muséographiquestant qu’architecturaux, un soin particulier futapporté au traitement <strong>de</strong> l’éclairage intérieur :<strong>de</strong>s câbles rythmés <strong>de</strong> giro-spots furent tendusdans l’axe rayonnant <strong>de</strong>s casemates, apportantainsi une petite note contemporaine dans cetenvironnement fort en histoire… Parallèlementà cet apport mo<strong>de</strong>rne, les anciens planchersdégradés furent remplacés par un sol en bétonciré teinté dans la masse, évitant ainsi un entretienconséquent et répondant aussi à unefréquence <strong>de</strong> passage plus élevée, tout enpermettant également d’apporter le confort thermiquesuffisant par un chauffage électriqueintégré dans la dalle.En <strong>de</strong>rnier lieu, l’harmonie <strong>de</strong>s espaces futpoussée et étudiée jusqu’au choix <strong>de</strong>s teintesmises en œuvre: teintes toute en douceur à based’un camaïeu <strong>de</strong> gris, simple rappel <strong>de</strong> l’ambianceaustère d’autrefois. Sur le gris anthracitedu sol ou le gris clair <strong>de</strong>s murs et <strong>de</strong>s dallagesen pierre, se <strong>de</strong>ssinent les maquettes majestueuseset les panneaux didactiques du Centred’interprétation du patrimoine fortifié…Quant à la cour intérieure, sa mise en valeurpermit le rétablissement <strong>de</strong> l’ancienne cala<strong>de</strong> engalets dont le tracé géométrique souligne l’axe<strong>de</strong>s caniveaux récupérant les eaux pluviales.Cet aménagement fut complété par <strong>de</strong>s arrêts <strong>de</strong>neige, implantés en périphérie intérieure <strong>de</strong>stoitures <strong>de</strong> la cour pour éviter <strong>de</strong>s risques <strong>de</strong>chute <strong>de</strong> blocs à pied d’œuvre.Après plus d’un an <strong>de</strong> travaux, la Redoute Marie-Thérèse a retrouvé vie en ce milieu d’année2007, malgré quelques difficultés rencontrées audétour du chantier, comme <strong>de</strong>s infiltrations d’eauimportantes à travers les maçonneries <strong>de</strong> plusd’un mètre d’épaisseur… infiltrations d’eau qu’ilfallut rapi<strong>de</strong>ment réduire par un refichage <strong>de</strong>joints en faça<strong>de</strong>s extérieures et une mise enœuvre <strong>de</strong> gouttières pendantes en pied <strong>de</strong>versant <strong>de</strong> toitures.Bien sûr, l’effort mené durant ces <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rnièresannées est essentiel, il reste cependant minimalface à l’échelle imposante <strong>de</strong> ce monument dansson site, mais s’est voulu exemplaire!Les combles, la gran<strong>de</strong> salle du premier étage,les caponnières est et ouest comme le corps <strong>de</strong>gar<strong>de</strong> sont autant d’espaces en attente… qu’unréel potentiel à préserver!Manuelle Véran-HérySalle <strong>de</strong> la vie quotidienne : les témoignages sonores.8
Les collections départementalesBientôt 150 ans <strong>de</strong> patrimoine !D O S S I E RAlors que le 150 e anniversaire <strong>de</strong> l’Annexion <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong> à la France se profileà l’horizon, les collections départementales fêteront, quant à elles, leurs 150 ansen 2014. En effet, le <strong>Conseil</strong> général <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong> a commencé à constituer <strong>de</strong>scollections patrimoniales peu <strong>de</strong> temps après 1860. Cet anniversaire invite à unregard rétrospectif sur l’évolution <strong>de</strong>s enjeux <strong>de</strong> la constitution <strong>de</strong> collectionspatrimoniales <strong>de</strong> la fin du XIX e siècle au début du XXI e siècle.Un nouveau département françaisdénommé la <strong>Savoie</strong> , la collectecomme travail <strong>de</strong> mémoirePeu après son Rattachement à la France en 1860,la <strong>Savoie</strong> se fond rapi<strong>de</strong>ment dans le giron français,mais cherche néanmoins à se doter d’unmusée pour préserver sa particularité historiqueet culturelle.En 1864, le marquis Pantaléon Costa <strong>de</strong> Beauregardprésente, en tant que prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’Académie<strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>, au <strong>Conseil</strong> général dont il estégalement le Prési<strong>de</strong>nt, un « Projet d’un muséehistorique et archéologique national ». Depuisune dizaine d’années, <strong>de</strong>s « pêcheries archéologiques» dans les grands lacs alpins ont exhumé<strong>de</strong>s objets en nombre. Le marquis veut alorscréer « un Musée Historique dont l’Archéologiesera la base, puisque l’archéologie est le flambeau<strong>de</strong> l’histoire… ». Axée sur la recherche <strong>de</strong>sorigines, l’archéologie participe alors fortementd’un travail <strong>de</strong> production <strong>de</strong>s i<strong>de</strong>ntités collectivesnationales en Europe.En 1867, le « Musée départemental » ouvre sesportes au public au <strong>de</strong>uxième étage du Palais<strong>de</strong> justice <strong>de</strong> Chambéry. Il s’enrichit <strong>de</strong> donationset du produit <strong>de</strong>s fouilles lacustres quiconstituent progressivement une remarquablecollection archéologique. Les pièces présentéesdans les salles du musée révèlent divers visages<strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong> : <strong>de</strong>s objets préhistoriques, <strong>de</strong>s « palaffites» du lac du Bourget, <strong>de</strong>s antiquités galloromaines,<strong>de</strong>s ivoires, <strong>de</strong>s statues, <strong>de</strong>s faïences,<strong>de</strong>s costumes savoyards, une collection <strong>de</strong> cartes<strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>, un médaillier.Entre cabinet <strong>de</strong> curiosité et musée <strong>de</strong> la « petitepatrie », le Musée doit conserver ainsi les « monuments» <strong>de</strong> l’Histoire et la mémoire <strong>de</strong> l’ancienne<strong>Savoie</strong>. Ce projet initial voulait que « la <strong>Savoie</strong>cesse <strong>de</strong> se laisser dépouiller avec une funesteindifférence d’une foule d’objets précieux quichaque jour vont enrichir <strong>de</strong>s spéculateurs ou<strong>de</strong>s collections étrangères » en « cré[ant] un dépôtoù soient rassemblés les souvenirs <strong>de</strong> sonhistoire et les monuments <strong>de</strong> son passé. » (Costa<strong>de</strong> Beauregard, 1864, XCIV). <strong>La</strong> <strong>Savoie</strong> s’inscritdans un mouvement européen qui voit fleurirles musées régionaux.Alors que la construction <strong>de</strong>s i<strong>de</strong>ntités nationaleset que l’industrialisation changent les mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong>vie et la structure <strong>de</strong> la société, les musées régionauxoffrent un espace <strong>de</strong> mémoire pour <strong>de</strong>si<strong>de</strong>ntités régionales en mutations tant politiques,qu’économiques et sociales. En France, lespremiers musées régionaux comme le Muséebreton à Quimper (1846), le Musée lorrain àNancy (1850) ou le Museon arlaten à Arles(1899) font le <strong>de</strong>uil d’un passé révolu.Le <strong>Conseil</strong> général <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong> poursuit sesacquisitions pour le Musée départemental quecomplètent les dépôts <strong>de</strong> la Société savoisienned’histoire et d’archéologie à partir <strong>de</strong> 1879.En 1888, la Ville <strong>de</strong> Chambéry rénove et agranditla Grenette pour abriter le nouveau Muséebibliothèquemunicipal. Les villes sont, à la findu XIX e siècle et au début du XX e siècle, le fer<strong>de</strong> lance <strong>de</strong> ce qu’on nomme aujourd’hui « l’offreculturelle ». Elles proposent notamment, pourl’instruction <strong>de</strong>s artistes et l’éducation <strong>de</strong>s populations,<strong>de</strong>s musées <strong>de</strong>s Beaux-Arts ou muséesd’art et d’histoire. En accord avec la Municipalité,le <strong>Conseil</strong> général déci<strong>de</strong>, après délibérations,d’y installer ses collections. Un premierinventaire du « Musée archéologique municipalet départemental » est dressé par le conservateurJules Daisay en 1896. Les collections sont transférées,entre 1912 et 1913, au nouveau Muséesavoisien, un ancien couvent franciscain, puispalais épiscopal, propriété <strong>de</strong> la Ville <strong>de</strong> Chambéry(1905), classé Monument historique en 1911qui sera inauguré le 18 novembre 1913.L’intégration <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong>, petite patrie« comme les autres », dans la France« mosaïque merveilleuse »Dans les années 1920, <strong>de</strong>s expositions temporairesconsacrées à <strong>de</strong>s thèmes régionaux sesuccè<strong>de</strong>nt au Musée savoisien : en 1922 le mobiliersavoyard, en 1924 la céramique régionale,et en 1926 les costumes savoyards. Cesexpositions se font l’écho <strong>de</strong> quatregran<strong>de</strong>s problématiques sociétales etpolitiques du moment :les mutations du mon<strong>de</strong> rural,l’essor <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s folkloriquesà but cognitif, le développementdu tourisme et la célébration<strong>de</strong>s petites patriesdans une visée nationaliste.Pantaléon Costa <strong>de</strong>Beauregard (1806-1864),premier prési<strong>de</strong>nt du <strong>Conseil</strong>général <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong>, prési<strong>de</strong>nt<strong>de</strong> l’Académie <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>,initiateur du Muséedépartemental.<strong>La</strong>urent Rabut (1825-1890), conservateur duMusée départemental(1879-1889).Jules Daisay,conservateur du Muséed’Archéologie municipalet départemental.Auteur du catalogue<strong>de</strong> 1896.9