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Briser le silence, la violence sexuelle au Cambodge. - amnesty.be

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12<strong>Briser</strong> <strong>le</strong> si<strong>le</strong>nce – La vio<strong>le</strong>nce sexuel<strong>le</strong> <strong>au</strong> <strong>Cambodge</strong>Bien que <strong>le</strong> mari de Meas Veasna <strong>la</strong> soutienne, d’<strong>au</strong>tres membres de sa famil<strong>le</strong> ont fait en sorte qu’el<strong>le</strong> nepuisse plus vivre chez el<strong>le</strong>. El<strong>le</strong> a passé quelques mois dans un foyer du Centre cambodgien de crise pour <strong>le</strong>sfemmes (CWCC). Et si son vio<strong>le</strong>ur présumé n’est pas reconnu coupab<strong>le</strong>, el<strong>le</strong> va probab<strong>le</strong>ment devoir accepterde divorcer de son mari en raison de <strong>la</strong> honte que ses proches estiment que <strong>le</strong> viol <strong>le</strong>ur a apportée.3.2 SIGNALEMENT DU CRIME PAR LES VICTIMES – STIGMATISATION ET PEUR«Je veux signa<strong>le</strong>r <strong>le</strong> crime mais je ne pense pas pouvoir gagner. Je n’ai <strong>au</strong>cune organisationpour me soutenir, donc si je ne peux pas gagner ça ne fera que s’empirer par <strong>la</strong> suite.»Une travail<strong>le</strong>use du sexe qui a été violée par un policier à Phnom Penh, s’adressant àAmnesty International en décembre 2009.Le Programme d’action de Beijing appel<strong>le</strong> <strong>le</strong>s gouvernements à «mettre en p<strong>la</strong>ce desmécanismes institutionnels, ou renforcer ceux qui existent, pour permettre <strong>au</strong>x femmes et<strong>au</strong>x fil<strong>le</strong>s de dénoncer, en toute sécurité et confidentialité, sans crainte de sanctions ni dereprésail<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s actes de vio<strong>le</strong>nce dont el<strong>le</strong>s sont victimes, et de porter p<strong>la</strong>inte 20 ».Plusieurs victimes ont déc<strong>la</strong>ré à Amnesty International qu’el<strong>le</strong>s avaient été réticentes à dire àquiconque ce qui <strong>le</strong>ur était arrivé. Certaines n’en ont même pas parlé <strong>au</strong>x membres de <strong>le</strong>urfamil<strong>le</strong> <strong>le</strong>s plus proches jusqu’à plusieurs semaines ou plusieurs mois après <strong>le</strong>s faits. C’étaitéga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> cas pour des enfants et des victimes jeunes, dont certains ont cité commeraison <strong>la</strong> peur d’être punis par <strong>le</strong>urs parents.Des victimes de tous âges ont affirmé avoir l’impression d’avoir fait quelque chose de mal ets’attribuaient <strong>la</strong> responsabilité du viol. Certaines, par exemp<strong>le</strong>, ont indiqué que <strong>le</strong>ur famil<strong>le</strong><strong>le</strong>s accusait implicitement ou explicitement de s’être trop éloignées de chez el<strong>le</strong>s contre <strong>la</strong>volonté de <strong>le</strong>urs parents, d’avoir veillé trop tard ou de s’être fait abuser par des étrangers.Mony, une jeune femme de 19ans atteinte d’un handicap mental, a déc<strong>la</strong>ré que dans unpremier temps, el<strong>le</strong> n’osait pas par<strong>le</strong>r de ce qui s’était passé à son père, qui a sa garde, carel<strong>le</strong> pensait qu’il <strong>la</strong> punirait pour s’être trop éloignée de <strong>le</strong>ur maison. Ayant <strong>be</strong>soin d’une aidemédica<strong>le</strong>, el<strong>le</strong> a préféré al<strong>le</strong>r voir sa tante, qui habitait <strong>le</strong> même vil<strong>la</strong>ge. Cette dernière l’aaidée à expliquer <strong>le</strong>s faits à son père, dont <strong>la</strong> première réaction a été de gif<strong>le</strong>r sa fil<strong>le</strong>, commeel<strong>le</strong> l’avait prévu.Quand son père s’est adressé à <strong>la</strong> police, on ne l’a pas cru, ni <strong>la</strong> victime, en raison de sonhandicap mental.«D’abord, ils ne vou<strong>la</strong>ient pas croire ce qui s’était passé. El<strong>le</strong> <strong>le</strong>ur avait indiqué <strong>le</strong> m<strong>au</strong>vaisendroit», a déc<strong>la</strong>ré <strong>le</strong> père de Mony, qui a situé <strong>la</strong> scène du crime <strong>au</strong> bord d’une route.Il a fait savoir à Amnesty International qu’il regrettait d’avoir giflé sa fil<strong>le</strong> et avait depuiscompris qu’el<strong>le</strong> n’était pas f<strong>au</strong>tive.Plusieurs <strong>au</strong>tres victimes ont dit être découragées de signa<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s faits <strong>au</strong>x <strong>au</strong>torités, decrainte de ne pas être crues. El<strong>le</strong>s ont en outre précisé que si on ne <strong>le</strong>s croyait pas, il seraitvain de signa<strong>le</strong>r <strong>le</strong> crime car el<strong>le</strong>s n’obtiendraient pas justice, et que cette initiative pourraitmême aggraver <strong>le</strong>ur situation en <strong>le</strong>s exposant <strong>au</strong> risque de subir des représail<strong>le</strong>s ou de perdre<strong>la</strong> face et <strong>le</strong>ur réputation.Cinq des personnes interrogées avaient été violées alors qu’el<strong>le</strong>s se prostituaient. Toutes <strong>le</strong>stravail<strong>le</strong>uses du sexe avaient survécu à de multip<strong>le</strong>s viols, et <strong>au</strong>cune n’avait jamais signalé àAmnesty International mars 2010 Index: ASA 23/001/2010

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