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Briser le silence, la violence sexuelle au Cambodge. - amnesty.be

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<strong>Briser</strong> <strong>le</strong> si<strong>le</strong>nce – La vio<strong>le</strong>nce sexuel<strong>le</strong> <strong>au</strong> <strong>Cambodge</strong>35LES TRIBUNAUX ET LEUR PERSONNEL NE S'INTÉRESSENT PAS AUX VICTIMESAvocat de <strong>la</strong> défense: Pourquoi n’avez-vous pas crié à l’aide?P<strong>la</strong>ignante: Je n’ai pas osé.Avocatde <strong>la</strong> défense: J’ai dit: pourquoi n’avez-vous pas crié à l’aide?P<strong>la</strong>ignante: (en sanglots) Je n’avais pas de vêtements, et je ne vou<strong>la</strong>is pas qu’on me voit nue.Extrait du témoignage du nouve<strong>au</strong> procès pour <strong>le</strong> viol en réunion d'une fil<strong>le</strong>tte de 11 ans.Une travail<strong>le</strong>use socia<strong>le</strong> accompagnant <strong>la</strong> jeune victime <strong>au</strong> tribunal a dit à AmnestyInternational que l’avocat de <strong>la</strong> défense avait crié sur <strong>la</strong> jeune fil<strong>le</strong>, qui s'était effondréeà l'<strong>au</strong>dience. La travail<strong>le</strong>use socia<strong>le</strong> a trouvé <strong>la</strong> situation si terrib<strong>le</strong> qu’el<strong>le</strong> n’a pas pu retenirses <strong>la</strong>rmes pendant l’<strong>au</strong>dience.«Il doit y avoir un code de déontologie pour <strong>le</strong>s personnes par<strong>la</strong>nt à une victime. El<strong>le</strong>s nedoivent pas être impolies, mal par<strong>le</strong>r à <strong>la</strong> victime ou faire pression sur el<strong>le</strong>», a déc<strong>la</strong>ré <strong>la</strong>travail<strong>le</strong>use socia<strong>le</strong> à Amnesty International, <strong>le</strong> <strong>le</strong>ndemain du procès.L’<strong>au</strong>dience était l’une des sept de cette journée, <strong>le</strong>s six <strong>au</strong>tres portant sur d'<strong>au</strong>tresinfractions. La jeune victime a dû subir l’expérience éprouvante de témoigner <strong>au</strong> tribunal,devant non seu<strong>le</strong>ment celui qu'el<strong>le</strong> avait identifié comme <strong>le</strong> vio<strong>le</strong>ur, mais <strong>au</strong>ssi des suspects,des coupab<strong>le</strong>s présumés, des membres de sa famil<strong>le</strong> et <strong>la</strong> presse qui assistait <strong>au</strong> procès.Comme c’est <strong>le</strong> cas dans <strong>la</strong> plupart des provinces, <strong>au</strong>cun intervenant ou travail<strong>le</strong>ur socialn’a eu <strong>la</strong> permission de s’asseoir à ses côtés. El<strong>le</strong> a dû se retrouver seu<strong>le</strong> face à l'avocat de <strong>la</strong>défense, que <strong>la</strong> travail<strong>le</strong>use socia<strong>le</strong> a décrit comme «agressif».Les victimes comme <strong>le</strong>s prestataires de services soci<strong>au</strong>x et sanitaires ont déc<strong>la</strong>ré à AmnestyInternational que <strong>le</strong>s juges et <strong>le</strong>s procureurs semb<strong>la</strong>ient souvent très sceptiques a prioriquant <strong>au</strong>x récits des victimes, remettant en c<strong>au</strong>se <strong>le</strong>ur crédibilité, tout en prêtant attentionà <strong>le</strong>ur re<strong>la</strong>tion personnel<strong>le</strong> avec l'<strong>au</strong>teur des vio<strong>le</strong>nces, ou à une histoire sexuel<strong>le</strong> sans rapportavec <strong>le</strong> fond de l'affaire.La plupart des victimes de viol interrogées par Amnesty International ont rapporté que <strong>le</strong>(s)coupab<strong>le</strong>(s) avait menacé de <strong>le</strong>s tuer si el<strong>le</strong>s résistaient, criaient à l’aide ou par<strong>la</strong>ient du violpar <strong>la</strong> suite. Comme l’indique <strong>le</strong> cas ci-dessus, lorsque <strong>le</strong>s victimes sont considérées commen’ayant pas résisté, il y a un risque que <strong>le</strong>s avocats de <strong>la</strong> défense utilisent cette absence derésistance pour convaincre <strong>le</strong> tribunal que <strong>la</strong> femme était consentante.Comme <strong>le</strong> système judiciaire cambodgien manque d’indépendance et est susceptib<strong>le</strong> decorruption 42 , il existe <strong>au</strong>ssi un risque réel que des procureurs et juges malhonnêtes utilisent<strong>le</strong> manque de preuves attestant d'une résistance pour justifier <strong>le</strong> non-lieu ou l'acquittementde coupab<strong>le</strong>s qui <strong>le</strong>ur paient des pots de vin.Les procès par contumace sont éga<strong>le</strong>ment fréquents, ce qui signifie que des vio<strong>le</strong>ursreconnus coupab<strong>le</strong>s ne sont pas punis, car ils ne purgent pas <strong>le</strong>ur peine. Une organisationd’aide juridique a estimé qu’un procès sur trois débouchant sur une condamnation l’étaitpar contumace.Index: ASA 23/001/2010 Amnesty International mars 2010

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