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Briser le silence, la violence sexuelle au Cambodge. - amnesty.be

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<strong>Briser</strong> <strong>le</strong> si<strong>le</strong>nce – La vio<strong>le</strong>nce sexuel<strong>le</strong> <strong>au</strong> <strong>Cambodge</strong>27De toute évidence, peu de personnes interrogées avaient été rapidement informées pourgarantir un examen médicolégal sans dé<strong>la</strong>i, et rares étaient cel<strong>le</strong>s qui avaient été envoyées àl’hôpital par <strong>la</strong> police dans ce but. La plupart des victimes s’étaient rendues à l’hôpital avecl’aide d’une ONG fournissant des services, et <strong>au</strong>cune de ces femmes et jeunes fil<strong>le</strong>s n’avaitreçu des informations c<strong>la</strong>ires quant <strong>au</strong> devenir du certificat médicolégal après <strong>le</strong>ur examen.Certaines ne savaient même pas si un certificat avait été établi, et d’<strong>au</strong>tres ignoraient à quil’hôpital avait transmis ce document. Selon <strong>la</strong> rég<strong>le</strong>mentation, une copie doit être envoyéedirectement <strong>au</strong> tribunal et l’original doit être conservé à l’hôpital.En février 2009, <strong>le</strong> ministre de l’Intérieur, Sar Kheng, a annoncé <strong>au</strong> nom du gouvernementque <strong>le</strong>s certificats médicolég<strong>au</strong>x devaient être établis gratuitement pour <strong>le</strong>s victimes devio<strong>le</strong>nce sexuel<strong>le</strong>. Des représentants des <strong>au</strong>torités sanitaires ont indiqué à AmnestyInternational qu’un nouve<strong>au</strong> formu<strong>la</strong>ire inspiré du protoco<strong>le</strong> de l’OMS avait été mis en p<strong>la</strong>cedans <strong>le</strong>s hôpit<strong>au</strong>x du pays pendant cette période, avec l’aide de l’UNICEF. À <strong>la</strong> fin de l’année2009, Amnesty International a constaté que ce formu<strong>la</strong>ire était utilisé dans une certainemesure dans <strong>la</strong> province de Siem Reap et avait été adopté dans cel<strong>le</strong> de Battambang.Cependant, <strong>le</strong> comité médicolégal de Battambang avait retardé <strong>le</strong> processus d’émissionpendant environ deux mois malgré <strong>la</strong> disponibilité des nouve<strong>au</strong>x formu<strong>la</strong>ires.Par ail<strong>le</strong>urs, <strong>le</strong> message concernant <strong>la</strong> gratuité des examens ne semb<strong>la</strong>it pas être parvenu <strong>au</strong>x<strong>au</strong>torités provincia<strong>le</strong>s, ni même <strong>au</strong>x ONG fournissant des services. Des hôpit<strong>au</strong>x desprovinces de Battambang et de Siem Reap continuaient de facturer 40000 à 50000rielspour l’examen 41 . Dans <strong>la</strong> province de Battambang, <strong>le</strong>s patients devaient en outre payer desdactylos qui, selon <strong>le</strong> directeur du département de <strong>la</strong> Santé, aidaient <strong>le</strong>s médecins à remplir<strong>le</strong>s nouve<strong>au</strong>x formu<strong>la</strong>ires.La question de l’argent est l’un des princip<strong>au</strong>x problèmes pour <strong>le</strong> directeur du départementde <strong>la</strong> Santé de Battambang, Nhek Bunchhup, qui dirige <strong>le</strong> comité médicolégal de cetteprovince. Le personnel médical qui participe à ces examens ne reçoit pas de complément desa<strong>la</strong>ire pour compenser <strong>la</strong> charge de travail et <strong>le</strong>s responsabilités supplémentaires quidécou<strong>le</strong>nt de l’utilisation des certificats médicolég<strong>au</strong>x. Selon Nhek Bunchhup, l’absence detels avantages financiers personnels pour <strong>le</strong>s médecins contraste avec <strong>le</strong>s nombreux«avantages» dont dispose <strong>la</strong> police et <strong>le</strong> personnel judiciaire par <strong>le</strong> biais des pots-de-vin.«D’<strong>au</strong>tres personnes travail<strong>la</strong>nt <strong>au</strong>près des victimes de viol perçoivent des avantagespersonnels pour ces cas, mais pas <strong>le</strong>s médecins. C’est très décourageant pour eux», a-t-ildéc<strong>la</strong>ré à Amnesty International.De nombreuses victimes ont déc<strong>la</strong>ré avoir hésité à s’adresser à des professionnels de santéimmédiatement ou rapidement après <strong>le</strong>ur viol. Pour <strong>la</strong> plupart, cette décision dépendait de<strong>le</strong>ur capacité à payer <strong>le</strong> coût d’une prise en charge médica<strong>le</strong>. Dans certains cas, cependant,<strong>la</strong> victime a choisi de ne pas al<strong>le</strong>r voir un médecin malgré de graves b<strong>le</strong>ssures pour éviter queses parents sachent qu’el<strong>le</strong> avait été violée.Les unités des hôpit<strong>au</strong>x qui délivrent <strong>le</strong>s certificats ne fournissent <strong>au</strong>cun soin. Parconséquent, <strong>le</strong>s victimes qui ont des lésions nécessitant des soins sont obligées de se rendreà plusieurs reprises dans des établissements médic<strong>au</strong>x. Pour cel<strong>le</strong>s qui habitent loin d’unecapita<strong>le</strong> de province, même une seu<strong>le</strong> visite dans un hôpital peut engendrer des coûtsprohibitifs. Les examens médic<strong>au</strong>x peuvent en outre être une expérience tr<strong>au</strong>matisante, et <strong>la</strong>séparation des services cliniques et médicolég<strong>au</strong>x portait manifestement préjudice <strong>au</strong>xvictimes.Index: ASA 23/001/2010 Amnesty International mars 2010

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