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Briser le silence, la violence sexuelle au Cambodge. - amnesty.be

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<strong>Briser</strong> <strong>le</strong> si<strong>le</strong>nce – La vio<strong>le</strong>nce sexuel<strong>le</strong> <strong>au</strong> <strong>Cambodge</strong>29«Le tribunal ne nous a jamais convoqués à une <strong>au</strong>dience [comme témoin expert] parce qu’i<strong>le</strong>stime que cette tâche revient à l'hôpital de référence», selon Chamroeun Sosivann.El<strong>le</strong> a éga<strong>le</strong>ment fait état d’un <strong>au</strong>tre problème pratique. Si une victime de viol est admisepour examen et traitement, <strong>le</strong> personnel de <strong>la</strong> RHAC s'occupe de <strong>la</strong> victime, lui par<strong>la</strong>nt «demanière douce et amica<strong>le</strong>, pour découvrir peu à peu ce qui s'est passé.»«Et bien sûr nous nettoyons <strong>au</strong>ssi <strong>la</strong> personne, en<strong>le</strong>vant ainsi l’essentiel des éléments depreuve.»La santé des victimes de viol doit être prioritaire, mais un système qui exige un examenspécifique pour un certificat médicolégal pose des problèmes. Si l'examen initial d’unevictime a lieu à <strong>la</strong> RHAC ou une <strong>au</strong>tre institution, généra<strong>le</strong>ment un centre de soins local, <strong>le</strong>personnel médical ne recueil<strong>le</strong> pas <strong>le</strong>s éléments médicolég<strong>au</strong>x pouvant être utilisés pourl’enquête et <strong>le</strong> procès, car ce personnel n'est pas mandaté pour ce<strong>la</strong>. Comme il a été noté cidessus,si une victime b<strong>le</strong>ssée se rend dans un service de santé pour se faire soigner, el<strong>le</strong>devra subir par <strong>la</strong> suite un examen médicolégal, et à ce moment, ses b<strong>le</strong>ssures ne seront plusnécessairement visib<strong>le</strong>s, et d'<strong>au</strong>tres éléments pourront avoir disparu. Ces visites sontéga<strong>le</strong>ment coûteuses, en particulier dans un hôpital de référence de <strong>la</strong> capita<strong>le</strong> provincia<strong>le</strong>,ce qui implique souvent des coûts de transport, et peut dissuader <strong>la</strong> victime d'avoir recoursà ces services de santé.«J’ai acheté des médicaments à <strong>la</strong> pharmacie, et je n’avais pas assez d’argent pour <strong>le</strong>médecin. En plus, j'avais honte», a déc<strong>la</strong>ré une victime.Plusieurs jeunes fil<strong>le</strong>s et femmes ont fait état de <strong>la</strong> stigmatisation qui <strong>le</strong>s a poussées à nepas dire <strong>au</strong> personnel médical qu'el<strong>le</strong>s avaient été violées; dans plusieurs cas, ce personneln'a pas paru capab<strong>le</strong> d'analyser –ou a simp<strong>le</strong>ment ignoré– <strong>la</strong> situation de ces patientes.«Je suis restée à l’hôpital pendant trois ou quatre jours», a déc<strong>la</strong>ré Kunthea, âgée de12ans, violée par un ch<strong>au</strong>ffeur de moto taxi dans son vil<strong>la</strong>ge de <strong>la</strong> province de Kandal.Le coupab<strong>le</strong> présumé, un vil<strong>la</strong>geois de 46ans, était entré chez Kunthea alors qu’el<strong>le</strong> étaitseu<strong>le</strong>. Il l’a droguée et l’a emmenée dans <strong>la</strong> forêt, où il l’a violée pendant plusieurs heures,hors de vue du vil<strong>la</strong>ge. Après, el<strong>le</strong> ne pouvait plus marcher, donc il l'a ramenée chez el<strong>le</strong>, <strong>la</strong>menaçant de <strong>la</strong> tuer, el<strong>le</strong> et sa famil<strong>le</strong>, si el<strong>le</strong> par<strong>la</strong>it à quiconque de ce qu'il avait fait.Pendant un long moment, el<strong>le</strong> ne dit rien. Ses voisins, cependant, observèrent <strong>le</strong> jour suivantqu’el<strong>le</strong> n’al<strong>la</strong>it pas bien.«Les voisins m’ont emmenée à l’hôpital parce que j'avais de <strong>la</strong> fièvre et je vomissais.»L'hôpital a soigné <strong>la</strong> n<strong>au</strong>sée et <strong>la</strong> fièvre, et même si <strong>le</strong> médecin a procédé à un examengynécologique, il n'en a pas discuté <strong>le</strong> résultat avec Kunthea et ne l'a envoyée nul<strong>le</strong> partail<strong>le</strong>urs pour qu'el<strong>le</strong> reçoive d'<strong>au</strong>tres soins ou une aide supplémentaire. Kunthea n'en a parléà ses parents que six mois plus tard. Son père a alors trouvé <strong>le</strong> chef du vil<strong>la</strong>ge et <strong>la</strong> police,mais <strong>le</strong>s policiers ont déc<strong>la</strong>ré que l'événement s'était passé il y a si longtemps qu'il n'existaitplus <strong>au</strong>cune preuve <strong>le</strong>s obligeant à intervenir.Se rendre chez un médecin après avoir vécu des vio<strong>le</strong>nces sexuel<strong>le</strong>s peut tr<strong>au</strong>matiser encoreplus <strong>la</strong> victime. Ce risque s’aggrave quand <strong>le</strong>s personnels de santé ne réagissent pas demanière appropriée, par exemp<strong>le</strong> quand ils posent des questions sans tact, ne prennentIndex: ASA 23/001/2010 Amnesty International mars 2010

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