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Briser le silence, la violence sexuelle au Cambodge. - amnesty.be

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<strong>Briser</strong> <strong>le</strong> si<strong>le</strong>nce – La vio<strong>le</strong>nce sexuel<strong>le</strong> <strong>au</strong> <strong>Cambodge</strong>3Les victimes souffrent <strong>au</strong>ssi de l’absence d’enquêtes et de poursuites efficaces, car el<strong>le</strong>svivent souvent avec <strong>la</strong> peur que <strong>le</strong>ur agresseur ne soit libre de <strong>le</strong>s attaquer à nouve<strong>au</strong>, en plusde <strong>la</strong> dou<strong>le</strong>ur psychologique et de <strong>la</strong> perte de dignité qu’el<strong>le</strong>s ressentent. Le manque d’actiondes <strong>au</strong>torités, notamment dans <strong>la</strong> justice péna<strong>le</strong>, n’est pas discuté et devient unprolongement des atteintes <strong>au</strong>x droits humains initia<strong>le</strong>ment subies. Chaque fois qu’unagresseur présumé reste impuni, ce<strong>la</strong> donne à penser que <strong>la</strong> société dans son ensemb<strong>le</strong>ne condamne pas <strong>la</strong> vio<strong>le</strong>nce sexuel<strong>le</strong>.Les plus h<strong>au</strong>ts responsab<strong>le</strong>s du gouvernement, du pouvoir judiciaire et des institutionsnationa<strong>le</strong>s doivent condamner fermement <strong>le</strong> viol et <strong>le</strong>s <strong>au</strong>tres formes de vio<strong>le</strong>nce sexuel<strong>le</strong>commis contre <strong>le</strong>s femmes et <strong>le</strong>s jeunes fil<strong>le</strong>s <strong>au</strong> <strong>Cambodge</strong>. Cette étape est essentiel<strong>le</strong> pourpermettre <strong>au</strong>x victimes de signa<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s crimes qu’el<strong>le</strong>s ont subis et <strong>le</strong>s aider à cet effet, et el<strong>le</strong>contribuerait à <strong>le</strong>ur reconstruction. Les <strong>au</strong>torités cambodgiennes doivent en outre s’employerà supprimer <strong>le</strong>s obstac<strong>le</strong>s <strong>au</strong>x enquêtes et <strong>au</strong>x poursuites, qui empêchent actuel<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>svictimes de viol de voir <strong>la</strong> justice rendue. Amnesty International demande <strong>au</strong> gouvernementde veil<strong>le</strong>r à ce que <strong>le</strong>s victimes de vio<strong>le</strong>nce sexuel<strong>le</strong> disposent de recours adaptés et efficaces<strong>le</strong>ur permettant d’obtenir réparation devant <strong>la</strong> justice, d’informations sur <strong>la</strong> santé, d’uneprotection et de services.Dans un contexte d’impunité et de corruption généralisée, <strong>le</strong>s victimes de vio<strong>le</strong>nce sexuel<strong>le</strong><strong>au</strong> <strong>Cambodge</strong> sont souvent privées de justice, ont du mal à payer des honoraires informelspour des services de santé et luttent pour obtenir aide et soutien 1 . Il est fréquent que desresponsab<strong>le</strong>s de l’application des lois, notamment des policiers et des membres du personneldes tribun<strong>au</strong>x, arrangent des règ<strong>le</strong>ments financiers à l’amiab<strong>le</strong> entre <strong>la</strong> victime et l’<strong>au</strong>teurprésumé de l’agression (ou <strong>le</strong>urs famil<strong>le</strong>s). Ce type de procédé est très rentab<strong>le</strong> pour <strong>le</strong>sfonctionnaires qui touchent une part de l’argent versé par l’agresseur présumé, tandis que <strong>le</strong>s<strong>au</strong>torités supérieures ferment <strong>le</strong>s yeux. On attend alors de <strong>la</strong> victime qu’el<strong>le</strong> retire, <strong>le</strong> caséchéant, <strong>la</strong> p<strong>la</strong>inte déposée contre son agresseur, et <strong>le</strong>s représentants du ministère public netiennent pas compte de <strong>le</strong>ur devoir de poursuivre l’enquête avec ou sans p<strong>la</strong>ignant.Il n’existe pas de statistiques exh<strong>au</strong>stives sur <strong>le</strong>s viols et <strong>le</strong>s <strong>au</strong>tres vio<strong>le</strong>nces sexuel<strong>le</strong>sinfligés <strong>au</strong>x femmes et <strong>au</strong>x jeunes fil<strong>le</strong>s dans <strong>le</strong> pays. Cependant, selon des sources <strong>au</strong>nive<strong>au</strong> central, notamment <strong>au</strong> sein du Commissariat général de <strong>la</strong> police nationa<strong>le</strong>, duministère des Affaires féminines et des ONG de portée nationa<strong>le</strong> ou quasi nationa<strong>le</strong>fournissant des services <strong>au</strong>x victimes, <strong>le</strong> nombre de viols commis <strong>au</strong> <strong>Cambodge</strong> est en<strong>au</strong>gmentation et de plus en plus de victimes sont des enfants 2 .Le gouvernement a engagé un processus de col<strong>le</strong>cte de données, par <strong>le</strong> biais duCommissariat général de <strong>la</strong> police nationa<strong>le</strong>, mais <strong>le</strong>s chiffres sont extrêmement bas et peufiab<strong>le</strong>s. De novembre 2008 à novembre 2009, <strong>la</strong> police a enregistré 468cas de viol,tentative de viol ou harcè<strong>le</strong>ment sexuel, soit une <strong>au</strong>gmentation de 24% par rapport à l’annéeprécédente 3 . Ce chiffre comprend uniquement <strong>le</strong>s cas signalés à <strong>la</strong> police mais exclut ceuxqui ont donné lieu à un règ<strong>le</strong>ment financier à l’amiab<strong>le</strong> négocié par des policiers, car cesaffaires sont réglées <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> local et n’apparaissent pas dans <strong>le</strong>s documents officiels.Un rése<strong>au</strong> d’ONG recueil<strong>le</strong> des données sur <strong>le</strong> viol et <strong>la</strong> traite des personnes depuis 2005,en s’appuyant sur <strong>le</strong>s informations d’une vingtaine d’organisations participantes. Son dernierrapport mentionne 677cas de viol commis en 2008 4 . Ce chiffre demeure toutefois assez baspar rapport <strong>au</strong>x données d’<strong>au</strong>tres pays 5 et ne prend en compte que <strong>le</strong>s cas qui ont étésignalés à des ONG. En additionnant <strong>le</strong>s cas signalés à <strong>la</strong> police et <strong>au</strong>x ONG, on constate quede plus en plus de victimes sont des enfants. En 2009, 78% des victimes de viol qui sesont adressées à l’ONG de défense des droits humains Adhoc étaient des enfants – contreIndex: ASA 23/001/2010 Amnesty International mars 2010

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