46<strong>Briser</strong> <strong>le</strong> si<strong>le</strong>nce – La vio<strong>le</strong>nce sexuel<strong>le</strong> <strong>au</strong> <strong>Cambodge</strong>Enfin, <strong>le</strong> ministère des Affaires féminines joue un rô<strong>le</strong> important dans <strong>la</strong> coordination desaffaires féminines et <strong>la</strong> promotion du statut de <strong>la</strong> femme. Le ministère dispose de son proprep<strong>la</strong>n stratégique sur cinq ans pour l’Égalité des sexes et l’<strong>au</strong>tonomisation de <strong>la</strong> femme <strong>au</strong><strong>Cambodge</strong> (2009-2013), <strong>le</strong> Neary Rattanak III 68 . Ce p<strong>la</strong>n stratégique reprend d’<strong>au</strong>tresdocuments génér<strong>au</strong>x, mais de manière plus détaillée, en particulier pour l'intégration de <strong>la</strong>dimension de genre.L’un des cinq «domaines stratégiques» de Neary Rattanak III est <strong>la</strong> protection juridique desfemmes et des fil<strong>le</strong>ttes, <strong>le</strong> seul domaine qui établit un lien direct avec <strong>le</strong> viol et d'<strong>au</strong>tresformes de vio<strong>le</strong>nce sexuel<strong>le</strong> contre <strong>le</strong>s femmes. Ce p<strong>la</strong>n décrit des objectifs dans ce domaine,pour prendre en compte <strong>la</strong> protection juridique, un meil<strong>le</strong>ur accès à <strong>la</strong> justice, améliorer <strong>la</strong>confiance des victimes dans <strong>le</strong> système judiciaire, ainsi que <strong>le</strong>s services sanitaires et psychosoci<strong>au</strong>x pour <strong>le</strong>s victimes de viol et d'<strong>au</strong>tres formes de vio<strong>le</strong>nce. Pour être atteints, cesobjectifs essentiels nécessiteront une volonté politique importante et des ressourcesbudgétaires suffisantes.5.4 INITIATIVES DE LA SOCIÉTÉ CIVILELe <strong>Cambodge</strong> possède une société civi<strong>le</strong> dynamique, avec de nombreuses organisations nongouvernementa<strong>le</strong>s activement engagées sur des problématiques liées, directement ouindirectement, à l’aide <strong>au</strong>x victimes de viols et <strong>au</strong>tres vio<strong>le</strong>nces sexuel<strong>le</strong>s. Pourtant, il estévident que <strong>le</strong>s ONG <strong>au</strong> <strong>Cambodge</strong> n’ont pas <strong>la</strong> capacité ou <strong>le</strong>s moyens de fournir desservices adéquats à toutes <strong>le</strong>s victimes de viol. De nombreuses victimes bénéficient desservices des ONG, mais cel<strong>le</strong>s-ci n’ont pas <strong>le</strong>s ressources, <strong>le</strong>s rése<strong>au</strong>x, <strong>le</strong>s directives ou <strong>la</strong>coordination pour assumer <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> de l’État. La responsabilité de fournir ou de financer <strong>le</strong>sservices soci<strong>au</strong>x et sanitaires nécessaires revient fondamenta<strong>le</strong>ment à l’État.Ces ONG forment un rése<strong>au</strong> informel, et travail<strong>le</strong>nt souvent sur <strong>le</strong>s mêmes cas, fournissantchacune <strong>au</strong>x victimes des services différents et complémentaires. Les groupes de défensedes droits humains, en particulier <strong>le</strong>s groupes importants disposant de soutiens dans tout <strong>le</strong>pays et de bure<strong>au</strong>x dans <strong>le</strong>s vil<strong>le</strong>s de province, jouent un rô<strong>le</strong> important d’abord commepremier point de contact pour <strong>le</strong>s victimes, tout en faisant pression sur <strong>le</strong>s responsab<strong>le</strong>sloc<strong>au</strong>x de l’application des lois pour qu'ils prennent des mesures urgentes et appropriées.Les organisations d’aide juridique fournissent un conseil et une représentation à <strong>le</strong>ursclients.Plusieurs organisations proposent des services d’hé<strong>be</strong>rgement sûr et d’aide psychologique, etd’<strong>au</strong>tres groupes d’ONG gèrent des foyers pour moyen et long séjour, avec des formations etdes programmes d'aide psychologique. La plupart des organisations tenant des foyerstravail<strong>le</strong>nt avec des victimes de traite d’êtres humains, de vio<strong>le</strong>nce domestique et de viol, unmé<strong>la</strong>nge qui peut avoir des répercussions sur <strong>le</strong>s services, parfois <strong>au</strong> détriment des victimesde viol. Cependant, il semb<strong>le</strong> que <strong>le</strong>s services d’aide encouragent <strong>le</strong>s victimes de viol à resterdans un foyer, plutôt qu’à travail<strong>le</strong>r pour créer <strong>le</strong>s conditions permettant à ces victimes, dans<strong>la</strong> mesure du possib<strong>le</strong>, de rester chez el<strong>le</strong>s.Le gouvernement ne fournit <strong>au</strong>cune aide financière <strong>au</strong>x ONG proposant des services <strong>au</strong>xvictimes de vio<strong>le</strong>nce sexuel<strong>le</strong>. Au contraire, <strong>le</strong>s ONG payent souvent <strong>le</strong>s sa<strong>la</strong>ires despersonnels du gouvernement pour qu’ils participent à <strong>le</strong>urs formations et ateliers. Les ONG, à<strong>le</strong>ur tour, dépendant de bail<strong>le</strong>urs étrangers, d’organismes internation<strong>au</strong>x, de groupes religieuxet <strong>au</strong>tres organisations caritatives.Amnesty International mars 2010 Index: ASA 23/001/2010
<strong>Briser</strong> <strong>le</strong> si<strong>le</strong>nce – La vio<strong>le</strong>nce sexuel<strong>le</strong> <strong>au</strong> <strong>Cambodge</strong>47De nombreuses ONG parmi <strong>le</strong>s plus connues et importantes jouent <strong>au</strong>ssi un rô<strong>le</strong> considérab<strong>le</strong>de p<strong>la</strong>idoyer et de pression pour <strong>le</strong> respect et <strong>la</strong> protection des droits des femmes, et mènentdes actions d'information, souvent en coopération avec <strong>le</strong> gouvernement.Les ONG qui p<strong>la</strong>ident pour <strong>la</strong> protection des droits humains, faisant état de préoccupationsre<strong>la</strong>tives à des cas individuels ou <strong>au</strong>tres vio<strong>le</strong>nces systématiques, et critiquent ce faisantl’action ou l’inaction du gouvernement, connaissent d’<strong>au</strong>tres difficultés. Ces deux dernièresannées, <strong>la</strong> répression gouvernementa<strong>le</strong> contre des critiques présumés a étouffé <strong>la</strong> li<strong>be</strong>rtéd’expression, notamment <strong>au</strong> sein des ONG. Des travail<strong>le</strong>urs des droits humains ont reçu desmenaces de poursuites en lien avec <strong>le</strong>ur travail, et <strong>le</strong> gouvernement a exprimé sa fermeintention d’adopter un texte de loi sur <strong>le</strong>s ONG pour mieux <strong>le</strong>s contrô<strong>le</strong>r 69 .Index: ASA 23/001/2010 Amnesty International mars 2010