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pourquoi le pen arrange tout le monde - Archives du MRAP

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POURQUOILE PENARRANGETOUT LE MONDE


ÎTrente-cinq ans après l'invention <strong>du</strong> termepar Alfred Sauvy, plus de vingt ans après <strong>le</strong>spremières indé<strong>pen</strong>dances, dix ans après <strong>le</strong>début de la crise économique mondia<strong>le</strong>, i<strong>le</strong>st temps de faire <strong>le</strong> pointSur ce tiers <strong>monde</strong>dont la diversité bien souvent se manifesteplus que son unité. La plupart des « critères »retenus il y a plus de trente ans pour <strong>le</strong> définirsont aujourd'hui largement contestés par<strong>le</strong>s faits. De même, <strong>le</strong>s théories économiques« explicatives » <strong>du</strong> sous-développement nepermettent guère de comprendre l'évolutionde ces sociétés, et exigent une complète redéfinition.Cel<strong>le</strong>-ci suppose à la fois une ouverturesur d'autres disciplines et uneréoganisation des concepts et outils théoriquesélaborés dans et pour <strong>le</strong>s sociétés in<strong>du</strong>striel<strong>le</strong>s.L'Etat <strong>du</strong> tiers <strong>monde</strong>, créé à l'initiative <strong>du</strong>CFCF (Comité français contre la faim) et <strong>le</strong>sEditions La Découverte, est <strong>le</strong> fruit d'uneconcertation entre experts, militants d'ONG,journalistes spécialisés sur <strong>le</strong> tiers <strong>monde</strong>, etc.TI se veut autant une analyse de ce tiers <strong>monde</strong>pluriel qu'un instrument facilitant <strong>le</strong>s solidaritésinternationa<strong>le</strong>s.Ce livre col<strong>le</strong>ctif a été coordonné par ElioComarin, journaliste à Libération, puis auMatin, travaillant actuel<strong>le</strong>ment au Centre deformation des journalistes. 89 francs.Une co-édition La Découverte/CFCF.MUSTVoici, pour ce mois degarden-parties, nos quelquespetits conseils pourêtre dans <strong>le</strong> vent, en évitant<strong>le</strong>s erreurs qui risquentde vous faire passerpour démodés.Soyez bronzés, puisque vousrevenez de Cannes, où vousaurez vu Me Vergès paradersur la Croisette, il est vrai,sans son client. Nous avonsdit bronzés, pas basanés,sinon, gare aux contrô<strong>le</strong>sd'identité.Soyez indignés, puisquevous revenez <strong>du</strong> procèsBarbie. Mais attention: pasindignés des méfaits de l'accusé,mais de l'affront qu'ilvous a fait de ne pas paraîtreà l'audience. Soyez repus,puisque vous revenez de déjeuneravec une personneatteinte <strong>du</strong> SIDA. Mais attention,pas avec un immigré,ça fait Giscard, trèsmauvais.Soyez tolérants, puisquec'est <strong>le</strong> Premier ministre quil'a dit. Mais pas envers <strong>le</strong>sautres cultures, ou <strong>tout</strong>esces choses passées de mode.Non, envers <strong>le</strong>s é<strong>le</strong>cteurs <strong>du</strong>Front national, qui ont biendes inquiétudes, <strong>le</strong>spauvres.Soyez vigilants, puisquel'été risque d'être chaud,vue la tension actuel<strong>le</strong>.Nous parlons, bien sûr, desbavures et autres dérapagesqui risquent d'avoir lieu autourdes candidatures auxprésidentiel<strong>le</strong>s. Vous <strong>pen</strong>siezà quoi, vous ?'DifférencesJUIN-JUILLETu:IComme tous <strong>le</strong>s ans, Différencesprend ses quartiers d'été. Rendezvousdonc au 6 septembre, etbonnes vacances6 Pourquoi Le Pen <strong>arrange</strong> <strong>tout</strong>e <strong>le</strong> <strong>monde</strong> ou presque ...uJEAN-MICHEL OLLE


UNE CONSTITUTION CONTROVERSEEA Philadelphie, la « vil<strong>le</strong> del'amour fraternel », <strong>le</strong>s autocarsdéversent des flots detouristes étrangers bardésd'appareils photo et de caméras,venus voir une vieil<strong>le</strong>maison en briques, flanquéed'une tour rectangulaire etsurmontée d'une flèche.C'est là que, <strong>le</strong> 17 septembre1787, fut signée par 55«hommes fatigués» laConstitution américaine dont<strong>le</strong>s Etats-Unis célèbrent actuel<strong>le</strong>ment<strong>le</strong> 200 e anniversaire.Les réjouissances ontdébuté <strong>le</strong> 25 mai et se prolongerontjusqu'au 17 septembre.«Nous, peup<strong>le</strong> des Etats­Unis, afin de former uneUnion plus parfaite, d'établirla justice, de prévoir une défensecommune, de promouvoir<strong>le</strong> bien-être de tous etd'assurer à nous et à notrepostérité <strong>le</strong>s bienfaits de laliberté, instituons et promulguonscette Constitution pour<strong>le</strong>s Etats-Unis d'Amérique ».«Nous, <strong>le</strong> peup<strong>le</strong> ... ».Voire ... <strong>le</strong>s 55 « pères fondateurs» n'en faisaient incontestab<strong>le</strong>mentpas partie.Parmi eux, aucun ne représentait<strong>le</strong>s petits fermiers, ni<strong>le</strong>s ouvriers des vil<strong>le</strong>s. Quatorzed'entre eux (dont Washington)avaient fait des placementsen terres, 40 étaientdes créanciers de la confédérationet 15 d'entre eux possédaientdes esclaves. Leurobjectif était un gouvernementfort prenant en compte<strong>le</strong>s intérêts de la bourgeoisienaissante. La constitution desEtats-Unis est un «compromis»: établir une républiquepour s'attacher l'appui<strong>du</strong> peup<strong>le</strong> <strong>tout</strong> en préservant<strong>le</strong>s intérêts des notab<strong>le</strong>s.Pour <strong>le</strong>s esclaves africains, onétait loin de la démocratie.La constitution autorisaitl'importation d'esclaves (jusqu'en1808 ... ) et décidait depercevoir une taxe sur cesimportations pouvant al<strong>le</strong>rjusqu'à 10 dollars par esclave!(Artic<strong>le</strong> I, section 9,1 ec alinéa).El<strong>le</strong> précisait aussi que <strong>le</strong>sesclaves qui avaient fui dansdes Etats non esclavagistesdevaient être restitués à <strong>le</strong>ursmaîtres ... (art. IV, section 2,3 e alinéa).1 noir = 3/5 blancLorsqu'il s'agit de calcu<strong>le</strong>r <strong>le</strong>nombre de représentants dechaque Etat à la Chambrebasse en proportion de <strong>le</strong>urspopulations respectives, laquestion se posa: devait-oninclure <strong>le</strong>s esclaves dans <strong>le</strong>sstatistiques? Le Sud, quiavait <strong>tout</strong> à y gagner, étaitpour ; <strong>le</strong> Nord était contre.On décida, après de sordidesmarchandages, qu'un Noircompterait pour <strong>le</strong>s 3/5< d'unêtre humain! (art. I, Section2, 3 e alinéa).L'esclavage n'est toujourspas complètement aboli auxEtats-Unis de nos jours, puisque<strong>le</strong> Be amendement quifut adopté <strong>le</strong> 18 décembre1865, au <strong>le</strong>ndemain de laguerre de Sécession, décrètequ'il est aboli « sauf commepunition pour un crime dontl'auteur aura été justementcondamné par la loi ». Celaest toujours en vigueur en1987.Autre discrimination, laConstitution refusait <strong>le</strong> droitde vote aux femmes.Dans l'International HeraldTribune <strong>du</strong> 7 mai dernier,Thurgood Marshall, <strong>le</strong> premieret <strong>le</strong> seul membre noirde la Cour suprême desLa Maison­Blanche :<strong>le</strong>s Etats­Unis,la justiceet <strong>le</strong>bien-être ...Etats-Unis, déclare: «Ceuxqui ont conçu la Constitutionà Philadelphie en 1787 n'auraientjamais pu imaginer que<strong>le</strong> document qu'ils rédigeaientserait critiqué un jour par uneCour suprême comptant dansses rangs une femme et <strong>le</strong>descendant d'un esclavenoir ». «Nous nepouvons pas participer auxfestivités avec une ferveurcomplète. Nous devons plutôtcommémorer <strong>le</strong> combat, <strong>le</strong>ssouffrances et <strong>le</strong> sacrifice deceux qui ont lutté pour quesoient éliminées certainesmauvaises dispositions <strong>du</strong> documentoriginal et marquercet anniversaire avec l'espéranceque <strong>le</strong>s espoirs et <strong>le</strong>spromesses non encore réalisésseront exaucés ».ROBERTPACDES JEUNES GENS COURAGEUXMM. Maignant et Warion,professeurs de classes préparatoiresau lycée militaired'Aix-en-Provence n'ont toujourspas été réintégrés à <strong>le</strong>urposte, malgré la décision <strong>du</strong>Tribunal administratif quicassait la décision de <strong>le</strong>urrenvoi par <strong>le</strong>s autorités militaires.Nous avons retrouvél'un des quatre élèves qui ontosé s'opposer à la caba<strong>le</strong>montée contre <strong>le</strong>s professeurs.« Ça a commencé en octobre1986. Cela impliquait pas malde <strong>monde</strong>, <strong>le</strong>s élèves qui ontlancé cela ont été <strong>le</strong>s intermédiairesentre <strong>le</strong>s parents, ladirection, <strong>le</strong>s autres profs.Certains élèves nous ontréunis et nous ont fait partd'un plan d'action. Il s'agissaitde faire envoyer des <strong>le</strong>ttresdisant que l'enseignement des Guerre mondia<strong>le</strong>, genre attendeuxprofesseurs n'était pas tion l'ennemi guette vos confiadéquat.On nous a dit que <strong>le</strong> dences. On nous a écrit uncolonel protégeait <strong>tout</strong> <strong>le</strong> verset de la bib<strong>le</strong> sur la porte<strong>monde</strong>, que c'était lui qui de notre chambre, je me soudirigeait<strong>tout</strong> ça. On nous a viens, c'est Abdias, chapitre l,donné un modè<strong>le</strong> de <strong>le</strong>ttre. Verset 1 : « Il te sera fait cePersonne n'a moufté. Moi et que tu as fait ». Sinon, <strong>le</strong>smes camarades de chambre, conneries habituel<strong>le</strong>s: péons'est dit après que c'était tards, bombes lacrymos,pas clair, qu'on écrirait pas, seaux d'eau. On a voulu nousque ça sentait la magouil<strong>le</strong>. renvoyer, mais on a tenu. IlsLa préparation à Saint-Cyr: <strong>tout</strong> un programme.Au début, <strong>le</strong>s <strong>le</strong>ttres sont par- se sont débrouillés pour queties, il ne s'est rien passé, puis ceux d'entre nous qui étaientça s'est su qu'on n'était pas admissib<strong>le</strong>s à l'oral se fassentd'accord, on nous a dénoncés planter. Ils ont attaqué une deau colonel, et nous, de notre nos amies. On nous a traité decôté, on a prévenu Maignant tous <strong>le</strong>s noms, communistes,et Warion qui ne se doutaient socialistes-révolutinnaires.de rien.Nous, on n'est pas des re­A partir de février, on a bel<strong>le</strong>s, mais on est fiers de cedonné nos noms, <strong>tout</strong> l'éta- qu'on a fait. En fait, dans <strong>le</strong>sblissement nous a montré <strong>du</strong> élèves, il y avait <strong>le</strong>s meneurs,doigt, on a fait croire aux en face, nous quatre, et auélèves qu'on était des traitres, milieu, <strong>le</strong> marais, qui ne <strong>pen</strong>descollabos. A travers <strong>le</strong>s sait rien mais suivait <strong>le</strong>s meélèves,<strong>le</strong>s cadres ont essayé neurs.de nous faire partir. On a eu On nous a convoqués, pourdroit à la quarantaine, au nous dire de ne pas nousbizuthage. Mais à quatre, on mê<strong>le</strong>r de <strong>tout</strong> ça, que çaPen, ils vont à ses meetings.Le colonel a déclaré être pourl'apartheid. II a interdit auxélèves d'al<strong>le</strong>r au meeting deLe Pen ... en uniforme. J'ai vudes affiches de Pétain, enten<strong>du</strong>des chants tirés deChants d'Europe, où il y ades chants nazis. »GUY NORELBARBIEpour, .mem.OlreOn vous <strong>le</strong> donne comme onl'a reçu. Fina<strong>le</strong>ment, <strong>le</strong> pluschoquant de <strong>tout</strong> ça, ce sont<strong>le</strong>s pratiques d'exclusion dans<strong>le</strong> lycée face à ceux qui ne<strong>pen</strong>sent pas comme « <strong>tout</strong> <strong>le</strong><strong>monde</strong> ». Et <strong>le</strong> plus étonnant,c'est <strong>le</strong> courage de cesjeunes gens.se sert <strong>le</strong>s coudes, et on a tenu. mettait <strong>du</strong> désordre. Moi, jePour m'mo .... 110IIII ..........-bI6En plus, ils ne sont pas très n'ai rien contre l'armée, mais<strong>tout</strong>e. 1 .. plkH da dOllld ... : crtm ..malins. Quand ils organisaient ce lycée, c'est <strong>le</strong> plus mauvaisd. va ....... crtm_ coa_ l'bamaDlt6,collaboraUoa, l'Kydage dM .... auIa,quelque chose, personne ne se exemp<strong>le</strong> possib<strong>le</strong>. Le lycée est•• me.. ••.,...\8, ."Portatioa d. lacachait pour <strong>le</strong> dire. On nous dans la vil<strong>le</strong>, mais c'est un• pest. bl'UDe ••.•a mené une vie pas possib<strong>le</strong>, milieu complètement fermé,en classe, au réfectoire, et ils ont cru qu'ils pouvaientdans <strong>le</strong>s chambres. C'est faire ce qu'ils voulaient.comme si, ils avaient mis <strong>tout</strong>e C'est vrai, parmi eux, il y a de<strong>le</strong>ur intelligence à essayer de la nostalgie pour <strong>le</strong>s nazis, fNEOOlCND1RSnous nuire. Ils ont retrouvé mais ce n'est pas l'essentiel. pPrix : 70 F Uc Il~d:es~a~1.fi~ic~h~e:s~d:e~la~S~e~c:o~n~d~e~~C~':es~t~s~u:rt~o~u~t~q~u~'l~·Is~a~d~o~r~e~n:t~L:e~::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::~Différences - nO' 68/69 - Juin/Juil<strong>le</strong>t 1987


M. L'ABBE DIT DES BETISESL'abbé Vincent Serralda doitavoir des sous. Non seu<strong>le</strong>mentil édite lui-même desplaquettes sur ses sujets depréoccupation, qui sontvastes, puisqu'il a écrit, pê<strong>le</strong>mê<strong>le</strong>,sur <strong>le</strong> Yoga, techniqueset lacunes, Le Christ et <strong>le</strong>sDolices, et Pavlov. Mais enplus, il a <strong>le</strong>s moyens de <strong>le</strong>sexpédier à tous <strong>le</strong>s directeursd'université, grandes éco<strong>le</strong>s,IUT, etc. La dernière s'appel<strong>le</strong>Le Combat de Mahomet.El<strong>le</strong> a pour but, ditl'abbé Serralda dans sa <strong>le</strong>ttreintro<strong>du</strong>ctive, d'attirer l'attentionsur <strong>le</strong> fait que <strong>tout</strong>musulman appliqué à obéirest un ennemi mortel de laqualité humaine et que, enbon combattant, il est dis<strong>pen</strong>séde dire la vérité auxennemis que nous sommes.« Nous en avons quelquedeux millions (2000000) detémoins en France, dit l'abbé,<strong>le</strong>s réfugiés arméniens, grecs,juifs, serbes, libanais, coptes,syriens, et nos compatriotesqui avaient re<strong>le</strong>vé la glorieuseEglise d'Afrique. »Nous sommes donc endanger, nous, l'occidentchrétien à cause de nos immigrés.Voici l'appel final à larésistance :« A vons-nous bien vu <strong>le</strong>grand attrait exercé parl'Islam sur <strong>le</strong>s Occidentaux lasd'une trop longue paix. Occidentaux,il semb<strong>le</strong> que ce quiattire nos hommes d' honneurvers la fierté musulmane c'estla joie de guerroyer, c'est lalumineuse gloire de balayer lacivilisation, de capter de joliesfil<strong>le</strong>s pour <strong>le</strong>s amis, deprendre des garçonnets et de<strong>le</strong>s opérer pour la vente. Ramenertous <strong>le</strong>s peup<strong>le</strong>s auniveau de la Pa<strong>le</strong>stine pré-israélienne.Français,Vous avez lu. Vous constatez<strong>le</strong> désarroi de nos concitoyensabandonnés sous d' humiliantesvexations.Il est manifeste que nos gouvernants,de quelque bord dela République qu'ils soient,méconnaissent tota<strong>le</strong>mentl' honneur <strong>du</strong> peup<strong>le</strong> civiliséque nous sommes.Ces élus ne sont pas dignesd'être à .la tête d'un Etat.Comment sont-ils encore enplace sur notre France ?Un peup<strong>le</strong> chrétien ne sauraitsupporter <strong>le</strong>ur indignité. Quidonc balaiera cette maçonnerieinspirée par l'étrangerqui méprise notre nation? »Tout y est. 0VITE, JE M'ABONNE A DIFFERENCESo 200 F (l an) o 120 F (6 mois) o 240 F (soutien)Nom :Adresse:Prénom:, .,; ...LA' GUERRE'.' .. SAINTEA noter dans (A suivre), mensuel de bandes dessinées,un remarquab<strong>le</strong> artic<strong>le</strong> sur <strong>le</strong>s affiches <strong>pen</strong>dant l'Occupation.Rappe<strong>le</strong>z-vous, l'Occupation, c 'était il y aquarante ans. Mais visib<strong>le</strong>ment, la guerre n'est pas finiepour <strong>tout</strong> <strong>le</strong> <strong>monde</strong> Ces temps-ci, on a pu voir l'afficheCI-contre sur <strong>le</strong>s murs de La Bocca, dans <strong>le</strong>s Alpes­Maritimes. Pas mal, non?AUTISMEL'autisme et <strong>le</strong>s psychosesinfanti<strong>le</strong>s, qui entraînent parfoisde graves troub<strong>le</strong>s de lapersonnalité chez l'enfantcommencent à être mieuxconnus, ou reconnus. Lesenfants atteints sont maintenantmieux pris en charge,notamment dans des centresqui <strong>le</strong>ur permettent parfoisde faire des progrès, en <strong>tout</strong>cas d'épanouir <strong>le</strong>urs possibilités.Malheureusement, à partir.'J,rp"de l'ado<strong>le</strong>scence, <strong>le</strong>sstructures d'accueil se fontrarissimes. L' ASITP, une associationimplantée en Languedoc-Roussillon,a décidéd'implanter dans <strong>le</strong> Gard, àSaumane, un centre d'aidepar <strong>le</strong> travail, et des foyersdestinés à des personnesa<strong>du</strong>ltes en situation de handicapmental. Pour cela, ilfaut de l'argent. Aidez-Ies.O(1) Opération «Un toit pourtoi,., rens. au 66.22.29.47, ou66.20.30.01, ou 66.23.58.44.PAS DE FUMÉE SANS FEULa communauté mauriciennee~t maintenant sur <strong>le</strong> qui­VIve. Et pour cause. Débutmai, el<strong>le</strong> a fait <strong>le</strong>s frais d'unerumeur sournoise qui, tel<strong>le</strong>une traînée de poudre, s'estpropagée dans <strong>tout</strong>e la régionparisienne et même au-delà.Cel<strong>le</strong>-ci promettait aux heureuxavertis une régularisationimmédiate de <strong>le</strong>ur situations'ils se rendaient <strong>le</strong> plustôt possib<strong>le</strong> à la Directiondépartementa<strong>le</strong> <strong>du</strong> travail(OTT) des Hauts-de-Seine.Plusieurs milliers de Mauriciensclandestins se sontbousculés <strong>du</strong>rant plus d'unesemaine dans <strong>le</strong>s bureaux dela DDT à Nanterre. Le personnel,entièrement mobilisépour l'occasion, <strong>le</strong>ur remettait,après vérification d'identité,un questionnaire personne<strong>le</strong>t un contrat de travailà faire remplir par <strong>le</strong>ur employeur.Il suffisait ensuite de<strong>le</strong>s renvoyer par la poste. Cequi fut fait : sur 1 500 questionnairesdistribués, 1 000dossiers comp<strong>le</strong>ts furent déposés.Les Mauriciens sont ainsivenus se jeter dans la gueu<strong>le</strong><strong>du</strong> loup, car <strong>le</strong>s responsab<strong>le</strong>sde la DDT de Nanterre ontbien l'intention de remplir<strong>le</strong>ur mission : la lutte contre<strong>le</strong> travail clandestin. Concrètement,comme <strong>le</strong> confie uneresponsab<strong>le</strong> <strong>du</strong> bureau desétrangers, « <strong>le</strong>s patrons vontêtre poursuivis en justice etceux qui ont rempli <strong>le</strong> questionnairerenvoyé à l'î<strong>le</strong>Maurice ». Comme ces vingtMauriciens qui se sont naïvementprésentés avec <strong>le</strong>ur dossiersous <strong>le</strong> bras à la préfecturede Nanterre et quifurent aussitôt expulsés.Il n'y a pas de fumée sansfeu. Et pour cette affaire, ilsemb<strong>le</strong> que la rumeur trouveson origine, par une curieusecoïncidence, dans deuxfoyers simultanés: la présence<strong>du</strong> Vice-Premier ministremauricien, Gaëtan Duval,qui promet monts etmerveil<strong>le</strong>s (en l'occurrence,la régularisation d'une dizainede ses ressortissants) àses compatriotes à chaquefois qu'il vient en France ; etsur<strong>tout</strong>, <strong>le</strong> dessein machiavélique<strong>du</strong> directeur de la DDTdes Hauts-de-Seine pour quitous <strong>le</strong>s moyens sont bonspour coincer <strong>le</strong>s étrangers ensituation irrégulière. Ce dernierest d'ail<strong>le</strong>urs connuc?m~e un fonctionnaire partlcul<strong>le</strong>rementinventif et dynamiquedans la lutte contre<strong>le</strong> travail clandestin.Veut-il se faire «mousser»auprès de sa hiérarchie?Ses collègues ne <strong>le</strong>suivent apparemment pas surce terrain, et pour eux « cegenre de chose ne s'est jamaisvu de mémoire d'inspecteurde travail ».Malheureusemen~,la logique pasquaiennea fait mouche et trouvé unrelais de choc dans <strong>le</strong> zè<strong>le</strong> dela Direction départementa<strong>le</strong><strong>du</strong> travail de Nanterre. 0RABHA ATTAF/IM'MEDIA" 'HA/NONMANQUANTBul<strong>le</strong>tin dûment rempli li retourner. accompagnéd'un chèque. li :SAUVES!C'est devenu une habitude àla rédaction: chaque mois,on se demande ce qu'on vaarrivé, une heure avant l'envoides maquettes, sous laplume de Mme Kosienrowski.'qui nous signa<strong>le</strong> quecontraIrement à ce qu'affirmeJean Roccia dans l'artic<strong>le</strong> surbien pouvoir mettre comme AI?i (voir dernier numéro), ilDifférences, service abonnementserratum dans <strong>le</strong> numéro qui eXIstait déjà, et depuis 1982,89, rue Oberkampf, 75011 Parisvient. Cette fois-ci , la veil<strong>le</strong> une Place-de-l'amitié-entre<strong>du</strong>bouclage, pas la moindre <strong>le</strong>,s-peup<strong>le</strong>s en France, précipetiteprotestation, aucune seme nt à Fontenay-sous-' sommation, droit de ré- Bois. Ouf, nous sommes sau-a1-=======================================::::::::::~p~o~n~se~:~z:é~ro~. E::t~<strong>le</strong>~m~i~ra~c:<strong>le</strong>~e~st~~v~é~s~ , ~In~o~n~v~ie:u~x~M~i~lo~u~!~O~~ARTICLES - CADEAUX••• OOUINERIESERVIETTES· PORTE-DOCUMENTS"·lr ~~~'-H~I ,,'- _ .... Cf"-Société Anonyme au Cepltal de 200.000 Francs70, RUE DU TEMPLE, 75003 PARIST6I. : 887.72-11Différences - nO' 68/69 - Juin/Juil<strong>le</strong>t 1987GROS1/2 GROS


MENACE PARISQu'est-ce qu'un bibliothécaire,pour vous: quelqu'unqui vous attrappe <strong>le</strong> livredans une travée trop haute<strong>du</strong> rayonnage, ou quelqu'unqui vous aide à choisir unouvrage? Si vous <strong>pen</strong>chezpour la première hypothèse,ne lisez pas cet artic<strong>le</strong>, <strong>le</strong>spratiques actuel<strong>le</strong>s de lamairie de Paris dans ses bibliothèquesenfantines nevous scandaliseront pas. Si,en revanche, vous avez plutôttendance à <strong>pen</strong>ser qu'un bibliothécaire,pardon, unconservateur de bibliothèque,c'est quelqu'un de sérieux,qui connaît son travai<strong>le</strong>t est plus uti<strong>le</strong> qu'un simp<strong>le</strong>escabeau, avancez de troiscases et poursuivez votre<strong>le</strong>cture.Ecrits pour nuire : <strong>le</strong> lancementd'une croisade contre« <strong>le</strong>s authentiques horreursdont on nourrit notre jeunesse ».de Montfermeil. Tout histo-rien vous <strong>le</strong> diagnostiquera:quand on commence à dé­truire des livres, c'est que ladémocratie est bien malade.Pour mieux comprendre <strong>le</strong>sravages de cette nouvel<strong>le</strong> ma­ladie, qui, on <strong>le</strong> verra, s'étendde façon inquiétante,revenons à ses sources. MarieClaude Monchaux est auteurde livres pour enfants. El<strong>le</strong> adeux spécialités: <strong>le</strong> tron­quage et <strong>le</strong> prosélytisme.Tronquage pour <strong>le</strong>s besoinsde sa démonstration. Selonel<strong>le</strong>, de nombreux livres pourenfants contiennent des apo­logies de la drogue et <strong>du</strong> vol,authentiques horreurs dont on d'autres mettent en cause <strong>le</strong>L'affaire commence en 1985 nourrit notre jeunesse et qui travail, la famil<strong>le</strong> et la patrie,dans <strong>le</strong>s colones <strong>du</strong> Figaro trouvent une application im- bref, ça subverse. El<strong>le</strong> tireMagazine sous la plume de médiate, mora<strong>le</strong>, je dirai une phrase de l'ouvrage enLouis Pauwels. L'homme <strong>le</strong> même, dans <strong>tout</strong>e cette délin- question et la cite. Exemp<strong>le</strong>:plus contagieux de France quance que nous déplorons.» vous êtes auteur d'ouvragesporte aux nues une étude M. Bernard fait <strong>le</strong> tour des pour ado<strong>le</strong>scents. Votre butd'une de ses amies, Marie- bibliothèques, s'aperçoit où est de montrer que la drogueClaude Monchaux, qui vient mènent« 50 ans de subver- est une mauvaise solutiondestruction de l'Occidentchrétien. Bon.Le deuxième acte se passe àMontfermeil, charmantebourgade de la région parisienne.En 1986, <strong>le</strong> maire faitpar<strong>le</strong>r de lui en refusantd'inscrire <strong>le</strong>s enfants d'immigrésdans <strong>le</strong>s éco<strong>le</strong>s de samairie. Il se fait immédiatementcol<strong>le</strong>r un procès par <strong>le</strong><strong>MRAP</strong>. Ceci pour situer <strong>le</strong>libéralisme <strong>du</strong> personnage.Libéralisme qui va jusqu'à nepas surveil<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s <strong>le</strong>ctures deson épouse, Mme Bernard,qui, hélas, tombe sur l'éditorialde Louis Pauwels, achète<strong>le</strong> livre de Marie ClaudeMonchaux, et devient ainsi lapremière victime d'Ecritspour nuire. Les effets de lacontagion ne se font guèreattendre: Mme Bernardconvainc son mari qu'il fautfaire quelque chose. Celui-ci,touché lui aussi, écrit à sescollègues <strong>du</strong> départementqu'il prend désormais la têted'une croisade contre «<strong>le</strong>sde publier à l'UNI, syndicat sion marxiste» (la mairie pour la jeunesse. Vous al<strong>le</strong>zétudiant proche, et c'est peu était communiste jusqu'en donc, à un moment où undire, de l'extrême droite, un 1984), Mme Bernard fonde autre, décrire un «passagelivre intitulé Ecrits pour une association, «Bibliothè- de joint». Puis votre héros,nuire. Sous ce joli titre, qui que, <strong>le</strong>cture, épanouisse- confronté à cette réalité, s'enne renvoie à ses autres ou- ment» qui luttera contre la détournera. Crac, arrivevrages, Marie Claude Mon- «déstruction systématique Marie Claude Monchaux, etchaux nous dévoi<strong>le</strong> qu'existe de l'âme de nos enfants ». Et ses ciseaux qui extraient <strong>le</strong>sdepuis soixante ans un com- à ce stade de la maladie, deux phrases où vous avezplot international visant à l'irréparab<strong>le</strong> se commet : on décrit la scène, <strong>le</strong>s publiepourrir notre jeunesse, via <strong>le</strong>s commence à retirer des livres sans autre explication, et1II1 ____________ ~I~iv~r~e~s~d~'e=n~f~a~n~t=s,~à~se=u=l=e~f=in~d=e __ ~d~e=s~ra~y~o~n~s~d~e_Ia__b_ib_l_io_t_h_è~q~u_e ___v_o_u_s_a_c_c_u_s_e_d_e __c_o_rr_o_m~p_re__ la ____________-Jjeunesse. Puis arrivent desMme Bernard pour dire«Maire-Claude Monchaux,une spécialiste, a dit que », eton supprime l'ouvrage de labibliothèque. Pour Marie­Claude Monchaux, on nepar<strong>le</strong> pas de la drogue, oualors, avec des métaphoresprogressives. On imagine aisémentcombien nos enfantsseront bien mis en gardecontre <strong>le</strong>s problèmes actuelsde notre société quand ilsauront lu qu'il faut se méfierde la petite abeil<strong>le</strong> qui vientbutiner <strong>le</strong>s jolies f<strong>le</strong>urs <strong>du</strong>cannabis, car el<strong>le</strong> pourraitbien vous piquer, garnements.Ils pourront toujoursraconter ça aux dea<strong>le</strong>rs à lasortie de <strong>le</strong>ur éco<strong>le</strong>.Deuxième spécialité deMarie-Claude Monchaux, <strong>le</strong>prosélytisme. Sur<strong>tout</strong> connuedans <strong>le</strong> milieu pour avoirrédigé d'édifiantes é<strong>du</strong>cationssexuel<strong>le</strong>s à l'usage desenfants, el<strong>le</strong> fait beaucoup deconférences par<strong>tout</strong> enFrance, où el<strong>le</strong> peut à loisirdévelopper ses thèses, àl'aide <strong>du</strong> procédé déjà décrit.Une commission de censure àParis, qui distribue <strong>le</strong>sétiquettes « à éviter » : <strong>le</strong>sbibliothécaires n'apprécient guère.On a remarqué ces dernierstemps que de plus en plus deparents, justement indignés,mais parfaitement trompés,par son arsenal d'extraits,vo<strong>le</strong>nt <strong>le</strong>s ouvrages de la listenoire établie par Marie­Claude Monchaux, pour <strong>le</strong>ssoustraire aux yeux des bambinsqui utilisent <strong>le</strong>s bibliothèquespubliques.Marie-Claude Monchauxécrit beaucoup aux journaux,aussi. El<strong>le</strong> participe à desréunions de professionnels,ou, non sans courage, el<strong>le</strong> sefait tomber dessus par <strong>le</strong>sbibliothécaires qui n'aimentpas trop qu'on <strong>le</strong>ur apprenne<strong>le</strong>ur métier, sur<strong>tout</strong> de cettefaçon.Et ça finit par payer. Troisièmeacte: l'épidémie s'étend.Mme Solange Marchal,élue RPR <strong>du</strong> XVIe arrondissementde Paris, tombe unjour sur <strong>le</strong>s thèses de M.-C.Monchaux. Ça lui va : ayantDifférences - nU' 68/69 - JuinlJuil<strong>le</strong>t 1987travaillé longtemps avec M.La Tournerie, qui vient de sesigna<strong>le</strong>r en voulant faire interdire<strong>le</strong> Gai Pied et autrespublications, el<strong>le</strong> connaît lamusique. Mme Marchal, endécembre 1986, ressort <strong>le</strong>smêmes extraits en séance <strong>du</strong>Conseil de Paris. Ça ne fait niune ni deux, on vote : désormais,on ne laissera pas auxconservateurs des bibliothèquesde la vil<strong>le</strong>, qu.i décidémentont trop de liberté, <strong>le</strong>choix comp<strong>le</strong>t des ouvragesqu'ils achètent sous <strong>le</strong>ur responsabilité.On crée unecommission, sous la présidencede Mme de Panafieu,élue RPR chargée de laculture à la mairie de Paris.Cette commission comprendrades élus, dont SolangeMarchal, des personnalités extérieures, et desconservateurs, pour la moitiérestante, avec, <strong>tout</strong> de même,voix prépondérante à la présidente,qui n'est pas plusbibliothécaire que vous oumoi. Aujourd'hui, à Paris,capita<strong>le</strong> de la culture et de<strong>tout</strong> ce que vous vou<strong>le</strong>z, il y aune commission pour décidersi tel ouvrage est bien, telautre à éviter. Bien enten<strong>du</strong>,il est vivement déconseilléaux bibliothécaires d'oseracheter <strong>le</strong>s ouvrages sataniquespourvus <strong>du</strong> label «àéviter ».Pour l'instant, devant la vigueurdes protestations de laprofession et la campagne depresse qui s'en est suivie, il nes'est pas passé grand chose,la commission éprouvant<strong>tout</strong>es <strong>le</strong>s peines <strong>du</strong> <strong>monde</strong> àse réunir.Mais ça viendra. A partir <strong>du</strong>moment où on met en placeune commission de censure,on ne voit pas <strong>pourquoi</strong> el<strong>le</strong>ne fonctionnerait pas.D'autant plus que <strong>le</strong>s signesavant coureurs d'une mise aupas idéologique des bibliothèquesparisiennes nemanquent pas. Par exemp<strong>le</strong>,quelques mois auparavant,on a imposé aux bibliothécairesde n'abonner <strong>le</strong>ur établissementqu'à un seul quotidien<strong>du</strong> matin « de gauche »,puisqu'hormis Le Figaro,obligatoire au même titre queLe Monde, il n'y a qu'unquotidien de droite, <strong>du</strong>matin, <strong>le</strong> Quotidien de Paris.Suppression aussi d'un certainnombre d'abonnements,<strong>le</strong> journal d'Amnesty International,Alternatives. économiques,Gavroche, etc. Les chèrestêtes blondes ont bon dos :quand Mme Marchal a présentéson projet au Conseilde Paris, el<strong>le</strong> a cité enexemp<strong>le</strong> uri ouvrage de DidierDaennincx à qui el<strong>le</strong>reproche, entre autres, <strong>le</strong> faitd'avoir représenté un braqueurde banque affublé d'unmasque de Chirac. On voitoù est <strong>le</strong> débat.Si on continue à écouterMme Monchaux, on enviendra à interdire Mon amiFréderic, un des plus beauxouvrages pour enfants écritssur <strong>le</strong> nazisme, qu'el<strong>le</strong> citecomme trop cru et trop triste.Sans doute là encore faut-ilrecourir à la métaphore pourraconter <strong>le</strong> génocide aux enfants.Dans une <strong>le</strong>ttre publiéepar l'Enfant d'abord, M.-C.Monchaux se plaint aussi qu'onpublie trop d'auteurs étrangers.Or on l'écoutera: déjà<strong>le</strong> bul<strong>le</strong>tin municipal <strong>du</strong> XII


IlLyon, <strong>le</strong> 12 mai 1987. Leprocès de Klaus Barbie s'estouvert depuis vingt-quatreheures et déjà <strong>le</strong>s bouquetsde roses déposés par <strong>le</strong>s communautésjuives à la mémoiredes victimes se fanent sur <strong>le</strong>smarèhes <strong>du</strong> palais de justice.Déjà de nombreux journalistesont déserté la sal<strong>le</strong>d'audience et papotent aucentre de presse installé aupalais Saint-Jean. Polémique<strong>du</strong> jour: la réf<strong>le</strong>xion deClaude Sérillon, la veil<strong>le</strong> aujournal de 20 heures, jugeantde «pas très bon goût» lama<strong>le</strong>tte de bonnes adressesoffertes par la municipalité,suivie par un communiquéLe palais de justice de Lyon remodelé pour la circonstance.LYON, SOUS BARBIEviru<strong>le</strong>nt et indigné de FrancisCollomb, maire de Lyon ...Les vedettes médiatiques etpolitiques, qui ont fait uneapparition remarquée à l'ouverture<strong>du</strong> procès sont, parail<strong>le</strong>urs, aujourd'hui invisib<strong>le</strong>s.Le long <strong>du</strong> périmètrede sécurité entourant <strong>le</strong> palais,<strong>le</strong>s passants et <strong>le</strong>s habitants<strong>du</strong> quartier vaquent à<strong>le</strong>urs occupations coutumières,marquant <strong>tout</strong> demême un temps d'arrêt devantl'entrée de la courd'assises, cherchant à devinerce qui se passe, là-bas, derrière<strong>le</strong>s murs.Pourtant, dans <strong>le</strong>s rangs clairsemésde la sal<strong>le</strong> <strong>du</strong> tribunal,l'émotion, impalpab<strong>le</strong> et discrète,est présente dans <strong>le</strong>syeux des anciens déportés,lovée, prête à jaillir. Ils sontlà, fidè<strong>le</strong>s au rendez-vousavec <strong>le</strong>ur bourreau, impeccab<strong>le</strong>set droits sur <strong>le</strong>urssièges, calmes et attentifs. Ilsn'ont rien oublié, aucun détail: Esther Majerowitz, déportéeà Auschwitz à dixneufans, entend encore <strong>le</strong>son de la voix de Barbiequand il l'a arrêtée en p<strong>le</strong>incentre vil<strong>le</strong>. Henri Troussier,66 ans, résistant déporté àRavensbrück, a immédiatementreconnu <strong>le</strong> sourire deson tortionnaire. Insensib<strong>le</strong>sau show médiatico-judiciairesavamment orchestré autourd'eux, ils sont ici pour témoignerd'un passé vivant,main dans la main avec« l'armée des ombres». Ilsn'en peuvent plus de regarderl'oiseau <strong>du</strong> malheur, aucostume noir et au visageblafard, recroquevillé dans <strong>le</strong>box des accusés. Ils regardentcet homme qui ne veut toujoursrien voir, et sur<strong>tout</strong> pas<strong>le</strong>urs visages, cet être vieux,décrépit et malade qui ne<strong>le</strong>ur fait plus peur, mais qui<strong>le</strong>s glace toujours autant.Qu'ils se rassasient de cetteimage, car dès <strong>le</strong> sur<strong>le</strong>ndemain,14 mai, Klaus Barbiese réfugiera dans sa cellu<strong>le</strong> etn'en voudra plus sortir.Au fond de la sal<strong>le</strong> d'audience,dans l'étroit périmètrequi lui est réservé, unepetite fou<strong>le</strong> si<strong>le</strong>ncieuse s'estmassée: quelques badaudsdésœuvrés, plusieurs immigrésà l'air grave, peu defemmes mais beaucoup dejeunes. Ils écoutent la <strong>le</strong>cturede l'acte d'accusation qui relataitce jour-là par <strong>le</strong> menu,entre autres atrocités, <strong>le</strong>stortures infligées à Lise Lesèvre.Ni murmures ni frémissements,mais unegrande, très grande attention.Ils ne sont, fina<strong>le</strong>ment,qu'un petit nombre à s'êtredéplacés. Mais tous <strong>le</strong>s Lyonnais,à plus ou moindredegré, s'en cachant ou l'affichant,s'informent et suiventde près <strong>le</strong> procès. Selon unsondage réalisé dans <strong>le</strong>s premiersjours de mai, il ressortque 78 % des habitantsétaient favorab<strong>le</strong>s au jugementde Barbie pour crimescontre l'humanité et que75 % n'hésiteraient pas àjuger éga<strong>le</strong>ment des Françaissi, par hasard, l'on découvraitde nouveaux responsab<strong>le</strong>s.« Cela montre <strong>le</strong>ur maturité,dit Marc Aron, responsab<strong>le</strong><strong>du</strong> Comité de coordinationpas douter, certains s'en félicitentdans <strong>le</strong>urs grands appartementsfeutrés. D'autantplus que René Hardy a eul'élégance de mourir à pointnommé. Mais d'autresfantômes vont resurgir.Tout se passe comme si, envil<strong>le</strong>, on hésitait entre l'orgueilde voir Lyon devenir,pour près de deux mois, lacapita<strong>le</strong> de la consciencemoderne et l'envie d'en finirau plus vite sans que remonteà la surface de la mémoirel'intégralité de la période,avec <strong>le</strong> cortège de contradictionset de déchirures qu'el<strong>le</strong>a amenées.D'où <strong>le</strong>s réactions comp<strong>le</strong>xeset ambiguës des Lyonnais quiapprouvent <strong>le</strong> procès <strong>tout</strong> endes organisations juives de


POUR MEMOIREIl- DEMENTI. Le gouvernementde La Haye démentune accusation <strong>du</strong>département d'Etataméricain selon laquel<strong>le</strong>des firmes néerlandaisesavaient ven<strong>du</strong> des armesà l'Afrique <strong>du</strong> Sud, enviolation de l'embargodécrété par l'ONU. LaFrance figure aussiparmi <strong>le</strong>s accusés (12avril).- GREVE DE LA FAIM.A Jouques (Bouches<strong>du</strong>-Rhône),une trentainede jeunes Françaismusulmans, fils deharkis, observent unegrève de la faim pourobtenir un emploi et deslogements décents (13avril).Aussi bizarre qu'il y paraisse,la campagne deJean-Marie Le Pen passepar "Afrique. Côte--d'Ivoire, Gabon, Zaïre,Sénégal ... n s'en va raconteraux hommesd'Etat africains sesthèses racistes et antiimmigréset, parait-t-i1,il recueil<strong>le</strong> <strong>le</strong>ur approbation.Enfm, pas tous. ns'est dégonflé de serendre au Sénégal. L'in-Ouent quotidien dakarois <strong>le</strong> So<strong>le</strong>ilavait, dans son éditorial, recommandé<strong>le</strong> boycottage d'une éventuel<strong>le</strong>visite de cet hôte indésirab<strong>le</strong>.Brave, mais pas téméraire ...En revanche, <strong>le</strong>s présidents ivoirienet gabonais, Houphouët-Boigny etBongo, pas dégoûtés, n'ont pas répugnéà rencontrer <strong>le</strong> chef <strong>du</strong> Frontnational. fis ont eu la faveur <strong>du</strong>discours suivant : « Il y a des gensqui vivent chez nous sans qu'on <strong>le</strong><strong>le</strong>ur demande. 80 % d'entre eux sontentrés de façon illéga<strong>le</strong> et, à partir <strong>du</strong>moment où ils sont chez nous, . ils sedécrètent des droits, des droits qu'ilsexigent de plus en plus fort. Et puis,en plus, ils écrivent à <strong>le</strong>urs parents etamis de venir, parce que <strong>le</strong>s paysaussi couillons que <strong>le</strong> nôtre, il yen a- SPRINGBOKS ENR E VO L TE • D 0 uze« springboks» (joueursde rugby sud-africains)apportent publiquement<strong>le</strong>ur soutien à l'oppositionblanche anti-apartheid,représentée auPar<strong>le</strong>ment, à la veil<strong>le</strong>des é<strong>le</strong>ctions législatives<strong>du</strong> 6 mai prochain.Enoutre, ils se déclarentsolidaires <strong>du</strong> grand'joueur de cricket sudafricain,Graeme Pollock,qui a fait l'objetd'attaques <strong>du</strong> gouvernementaprès avoir déclarépubliquement que, dansson domaine, l'intégrationracia<strong>le</strong> était nécessaire(19 avril).LEPARCOURSDUCOMBAnANT(SUITE)Keita Mamadou, jeuneoriginaire de Côte­-d'Ivoire, qui prépareson bac dans un lycée deSaint-Ouen (24 avril).- MANDELA AU CI­NEMA. Le premier téléfilmau <strong>monde</strong> sur la vie<strong>du</strong> <strong>le</strong>ader noir sud-africainNelson Mandela,vient d'être pro<strong>du</strong>it par<strong>le</strong>s Britanniques et estprésenté aux acheteurs<strong>du</strong> <strong>monde</strong> entier auMIP-TV de Cannes (24avril).- RACISME AU VIL­LAGE. Le' village <strong>du</strong>Club Méditerranée installédans <strong>le</strong>s Antil<strong>le</strong>sbritanniques, aux' Tukset Caïques, est fermé et<strong>le</strong>s « gentils membres »qu'un, au <strong>monde</strong>, ilfauten profiter <strong>pen</strong>dant queça <strong>du</strong>re. »2" épisode : <strong>le</strong> passage deLe Pen sur Antenne 2, <strong>le</strong>6 mai, fait l'objet d'uneformidab<strong>le</strong> campagne de,promotion de la part desmédias «bien,.. LeMonde, Libération, <strong>le</strong>Matin lui consacrent despages et des pages. Surce terrain bien préparé,Jean-Marie peut pontifierà loisir.Les propos de Le Pen ne soulèventque de timides protestations de lapart de la majorité qui, au lieu delutter vigoureusement contre <strong>le</strong>smensonges, semb<strong>le</strong> plutôt soucieusede faire de la surenchère pour seconcilier <strong>le</strong>s é<strong>le</strong>cteurs <strong>le</strong>pénistes.C'est Pasqua qui propose de remplacer<strong>le</strong>s charters par des trains (Ilmai). Puis Chalandon qui annoncequ'il va remettre <strong>le</strong> code de lanationalité sur <strong>le</strong> tapis (7 mai).Les jeunes loups <strong>du</strong> RPR, menéspar Michel Noir, lancent l'offensivecontre <strong>le</strong> FN, mais se font taper sur<strong>le</strong>s doigts par <strong>le</strong> Premier ministre(14 mai).<strong>du</strong> Cap, un responsab<strong>le</strong> François Mitterrand. Ilde la police annonce que déclare:« Qu'uneà la date <strong>du</strong> 15 avril, conférence interna-4 244 personnes étaient tiona<strong>le</strong> sur <strong>le</strong> Prochedétenuesen vertu de Orient ne servirait pas lal'état d'urgence. Parmi cause de la paix dans lael<strong>le</strong>s figurent 1 424 en- région ... » (27 avril).fants âgés de 12 à 18 ans, _ INCENDIE MORTEL.dont 219 fil<strong>le</strong>s; 2d'entre eux sont âgés de Un incendie qui s'estmoi n s d e 1 2 ans déclaré dans des circons-(24 avril). tances qui restent à établirfait deux victimes,_ JAMAIS VU DEPUIS dont un enfant deLE ViEl-NAM. A Was- 10 ans, dans un imhington,75 000 per- meub<strong>le</strong> habité par desonnes marchent de la nombreux immigrés, rueMaison-Blanche au Ca- des Poissonniers, àpito<strong>le</strong> pour condamner Paris, dans <strong>le</strong> 18' arronlapolitique de l'adminis- dissement (27 avril).tration Reagan en Amé- _ RAMBO DANS LErique centra<strong>le</strong> et en MElRO. Le procès deAfrique <strong>du</strong> Sud. Parmi Bernhard Goetz, <strong>le</strong>eux, <strong>le</strong> <strong>le</strong>ader noir Jesse «justicier <strong>du</strong> métroJackson (25 avril). new-yorkais» s'ouvre_ PROTESTATION. devant un tribunal dePlus d'un millier de Ma- Manhattan. Il a tiré, <strong>le</strong>rocains domiciliés aux 22 décembre 1984, dansPays-Bas, en Belgique une rame <strong>du</strong> métro neweten RFA, manifestent yorkais, sur quatreà proximité <strong>du</strong> poste jeunes Noirs qu'il soupfrontièrefranco-belge çonnait de vouloir l'adeRekkem, contre <strong>le</strong> gresser. Une de sesrétablissement des visas victimes est restée paraobii g a toi r e s pou r lysée. Cette affaire, exal'entréeen France (25 cerbée par son aspectavril).raciste - Goetz est Blanc- provoque aux Etats-- L' 1 M PO S SI BLE Unis un débat sur l'insé-OUBLI. Célébration curité et l'autodéfense etdans <strong>tout</strong>e la France de el<strong>le</strong> divise <strong>le</strong>s AmérilaJournée nationa<strong>le</strong> de cains dont une grandela déportation (26 avril). part considère Goetzcomme un véritab<strong>le</strong>- RECONSTITUTION.Reconstitution de l'accidenthéros (27 avril).où Viviane Bor-derie, 42 ans, infirmière- PERSONA NONGRATA. Le présidentantillaise, mère de trois autrichien Kurt Wa<strong>le</strong>nfants,a trouvé la mort dheim, qui est accuséen gare d'Evry-Cour- par <strong>le</strong> Congrès juif moncouronnes(Essonne) en dial d'avoir participé àtombant <strong>du</strong> train après des crimes de guerreune altercation avec <strong>le</strong>s nazis, est placé sur unecontrô<strong>le</strong>urs. El<strong>le</strong> a «liste d'observation»permis de confronter <strong>le</strong>s par <strong>le</strong>s autorités amérideuxversions contradic- caines, ce qui équivaut àtoires de l'accident: lui interdire l'entrée auxcel<strong>le</strong> des contrô<strong>le</strong>urs qui Etats-Unis (27 avril).affirment que Mme Borderieest « tombée acci- - NAUSEABOND. Pludentel<strong>le</strong>menten voulant sieurs avocats lyonnaisdescendre de la rame »; chargés de représenteret cel<strong>le</strong> de la famil<strong>le</strong> de <strong>le</strong>s parties civi<strong>le</strong>s dans <strong>le</strong>_ REQUETE. Rudolf - LIBERATION. L'a- évacués vers New yorkla victime dont <strong>le</strong>s défenseurssoutiennentprocès de Klaus Barbie,reçoivent des tractsHess, <strong>le</strong> dernier diri- gence Tass annonce que et Miami. Un incident qu'« el<strong>le</strong> a été poussée niant l'existence de l'exgeantnazi en prison, <strong>le</strong> dissident soviétique raciste serait à l'origine par la main d'un des termination des juifsécrit une <strong>le</strong>ttre aux diri- Anatoly Koryaguine a de cette décision. Le agents de contrô<strong>le</strong> » (26 dans <strong>le</strong>s camps nazis,geants des quatre pays été libéré et autorisé à barman aurait en effet avril). une reprise des thèsesalliés de la Seconde émigrer (23 avril). refusé de servir deux de 1'« historien» Iyon-Guerre mondia<strong>le</strong>, <strong>le</strong>ur _ MANIF. Plusieurs di- Antillais. Le personnel - SHAMIR A PARIS. nais Robert Faurissondemandant sa libération zaines de personnes pro- s'est alors mis en grève, Le Premier ministre ou de son discip<strong>le</strong> Henride la prison de Spandau, testent à la préfecture de avec <strong>le</strong> soutien des habi- israélien tithak Shamir Rocques dont la thèseà Berlin-Ouest. Il sera Sei n e -Sai n t -Den i s, tants de l'î<strong>le</strong> (24 avril). arrive à Paris. Il s'entre- fut annulée par <strong>le</strong> mi-âgé de 93 ans <strong>le</strong> 23 avril contre <strong>le</strong>s menaces d'es- - EMPRISONEMENTS. tient avec Jacques nistre des universités en(14 avril). pulsion qui pèsent sur Devant la Cour suprême Chirac et rencontre 1986 (27 avril).~--~----------~----~~------------------~------------------------~--~----~13 moi 1987 : Klaus Barbie quitte <strong>le</strong> box des accusés, refusant ainsi d'être confronté à ses anciennes victimes. Ilregagne la prison de Saint-Joseph, en se déclarant « victime d'un enlèvement» de la oort <strong>du</strong> gouvernementfronçais. Il reviendra pourtant quelques jours plus tard, dons la sal<strong>le</strong> <strong>du</strong> tribunal où il sera formel<strong>le</strong>ment reconnupar ceux qu'il a torturés et déportés.- DROITS DEL'HOMME. De nombreuxappels s'élèventen faveur de la libérationde M. KhemaisChamary, secrétaire généraide la Ligue tunisiennedes Droits del'Homme (LTDH) appréhendéà Tunis (29avril).- RENCONTRE. YasserArafat se déclare « prêtà rencontrer n'importequel dirigeant israéliensous l'égide de l'ONU,pour par<strong>le</strong>r de l'établissementen Pa<strong>le</strong>stined'un Etat binational pa<strong>le</strong>stino-israélien.»4mai).- MARIAGES MIXTES.Les mariages entre per­sonnes de cou<strong>le</strong>ur diffédepuis<strong>le</strong> 1" janvier rente ne sont plus inter-1982. Cette mesure dits en Afrique <strong>du</strong> Sud,concerne environ mais l'habitat séparé4 millions de personnes. des Blancs, des Noirs,- LOI SUR L'IMMI­GRATION. Entrée envigueur aux Etats-Unisde la loi sur l'immigrationsignée <strong>le</strong> 6 novembredernier qui vapermettre à tous <strong>le</strong>s immigrantsillégaux de demanderun statut légal, acondition de prouverqu'ils vivent sans interruptionaux Etats-Unis- CONGRES. LeConseils constitutif <strong>du</strong>Congrès des juifs mondial(CJM) se réunit<strong>pen</strong>dant deux jours àBudapest. C'est la premièrefois que cette organisation,qui représente70 communautésisraélites à travers <strong>le</strong><strong>monde</strong>, convoque sonorganisme directeurdans un pays socialiste(6 mai).- MANIF. Quatre centspersonnes défi<strong>le</strong>nt à Angerspour protestercontre <strong>le</strong> refou<strong>le</strong>mentd'immigrés condamnéspour des délits (Il mai).- AmNTAT. Trois personnessont b<strong>le</strong>ssées.dans un attentat à l'explosifcontre la maisonde l'Etranger, à Marseil<strong>le</strong>.Cel<strong>le</strong>-ci a une vocationculturel<strong>le</strong> et socia<strong>le</strong>,notamment favoriser<strong>le</strong>s démarches desimmigrés (Il mai).A peu près autant devraientthéoriquementêtre expulsés (5 mai).Différences - n'" 68/69 - Juin/Juil<strong>le</strong>t 1987des métis et des Indiensdemeure obligatoire!Une cinquantaine decoup<strong>le</strong>s «mixtes» ontété avertis qu'ils nepourront plus conserver<strong>le</strong>ur logement (11 mai).Au cours de l'é- Organisation»mission télévisée prépare un autre« Thalassa» <strong>du</strong> « raid» moto-22 avril sur FR3, nautique à traona appris que, vers la forêtnon contente de guyanaise, surcontinuer à or- <strong>le</strong>s f<strong>le</strong>uves Maganiser<strong>le</strong> rallye roni et Oyapok !Paris-Dakar, Déjà « Survivalavec ses destruc- International» ations, véritab<strong>le</strong> exprimé l'indiins u /te à la gnation que luibeauté et à la inspire ce projet- PROCES. Ouvertureà Lyon <strong>du</strong> procès <strong>du</strong>criminel de guerre naziKlaus Barbie (11 mai).pauvreté <strong>du</strong> dé- monstrueux.sert meurtri et Comment peutsouillépar l'ar- on affirmer queg e nt, 1 a l'installation de« Thierry Sabine terrains d'atterrissagepour <strong>le</strong>shélicoptères, <strong>le</strong>déploiementd'hommes et dematériels, <strong>le</strong>s ravageset la pollutiondes enginsmotorisés nevont pas dégraderla natureet ces f<strong>le</strong>uvesauxquels l'économie,la cultureet la spiritualitédes hommes, <strong>le</strong>sIndiens, sontétroitement attachées? Cela seraitun vio<strong>le</strong>thnocidaire.Heureusement,la « ThierrySabine Organisation» n'a pasobtenu l'autorisationde réaliserson projet.- GUET-APENS. Descentaines d'immigrésmauriciens se pressent àla préfecture des Hautsde-Seineet à la direction<strong>du</strong> travail et de l'emploide Nanterre, attirés parune rumeur qui affirmaitqu'on y régularisait lasituation des sans-papiers.Résultat: 20d'entre eux, en situationirrégulière, sont recon<strong>du</strong>itsà la frontière, <strong>le</strong>sautres sont soigneusementfichés. Qui a lancécette rumeur? (Il et 12mai).- SUSPECTS. Après <strong>le</strong>tollé provoqué en Al<strong>le</strong>magnefédéra<strong>le</strong> par ladécision <strong>du</strong> ministre del'Intérieur d'autoriser lapolice aux frontières àinterdire l'entrée enRFA aux étrangers« soupçonnés» d'êtreatteints <strong>du</strong> SIDA, <strong>le</strong> ministèrea admis que <strong>le</strong>sgardes frontières nepourront décider seulsde l'expulsion d'un« suspect ». Ces derniersdevront en référerà la direction centra<strong>le</strong> dela police des frontières(BGS) à Cob<strong>le</strong>nce (12mai). DROBERT PAC Il


CISJORDANIE, JERUSALEM-EST, BANDE DE GAIAREPORTAGE: VERONIQUE MORTAIGNE - PHOTOS: JOSS DRAYINGT ANS D'OCCUPATIONDifférences - n'" 68/69 - JuinlJuil<strong>le</strong>t 19871917, déclaration Balfour. 1947 : plande l'ONU pour <strong>le</strong> partage de la Pa<strong>le</strong>stine endeux Etats . Juin 1967, guerre des Six JoursIsraël investit la Cisjordanie, Gaza etJérusa<strong>le</strong>m-Est.1987 : vingt ans d'occupation.De la vie quotidienne en Cisjordanie àl'évolution de la gauche israélienne et desPa<strong>le</strong>stiniens, <strong>le</strong> point sur une des situations <strong>le</strong>splus chaudes <strong>du</strong> globe.1987, la paix maintenant?Trop tassée dans ses murail<strong>le</strong>s,Jérusa<strong>le</strong>m la vieil<strong>le</strong> endéborde par d'étroitspassages aux noms de sangsmêlés: porte de Damas, deSion, d'Hérode ou de Jaffa. Cene sont pas des gens ordinairesqui s'en écou<strong>le</strong>nt, maisdes peup<strong>le</strong>s entiers et desreligions constituées: Jérusa<strong>le</strong>mest une vil<strong>le</strong> théorique, <strong>le</strong>s politiques et <strong>le</strong>s c<strong>le</strong>rgéss'y livrent dispute, <strong>le</strong>urs éléments <strong>le</strong>s plus maximalistes yont pris pied. Godefroy de Bouillon a accouché de l'Eglisefondamentaliste américaine, des flancs <strong>du</strong> mont Sion sontsortis <strong>le</strong>s juifs orthodoxes <strong>du</strong> Goush Emounim (Bloc de lafoi), la grande mosquée al Aqsa distil<strong>le</strong> sa quote-part demusulmans intégristes. Mais, quoi, chacun son mur, sondôme, ou son tombeau, <strong>tout</strong> paraît encore pouvoir cohabiter.A priori.Mais voilà, <strong>le</strong>s enjeux politiques - ceux de <strong>tout</strong>e une région<strong>du</strong> <strong>monde</strong> - ont enflammé la vil<strong>le</strong> trois fois sainte, et <strong>le</strong>ssenteurs de f<strong>le</strong>urs d'oranger, de zatar et de cumin, quidonnent à la Pa<strong>le</strong>stine un air si doux, ont prix des aigreursde poudre à canon.Depuis longtemps, Jérusa<strong>le</strong>m a été la proie des maniesconquérantes. Détruite en l'an 70 par Titus, conquise par<strong>le</strong>s Perses en 614, reprise par <strong>le</strong>s croisés en 1099, puis parSahl el Din (Saladin) qui la <strong>le</strong>ur souff<strong>le</strong> en 1187, la vil<strong>le</strong>passe, après maintes péripéties, aux mains des Turcs.L'Empire ottoman l'abandonne fina<strong>le</strong>ment en 1920 au profitd'un statut baroque: capita<strong>le</strong> de la Pa<strong>le</strong>stine sous mandatbritannique.En 1947, l'ONU en décide la partition : l'Est pour la Jordanie,l'Ouest pour l'Etat d'Israël naissant, qui fera de Jérusa<strong>le</strong>mla capita<strong>le</strong> en 1949. Signe obligatoire d'une métropo<strong>le</strong>partagée: <strong>le</strong> Mur, ici percé d'un unique et étroit passage, laporte de Mandelbaurn.Puis vint la guerre des Six Jours, il y a <strong>tout</strong> juste vingt ans.Après <strong>le</strong> Golan, Gaza et la Cisjordanie, Israël « réunifie »Jérusa<strong>le</strong>m dans la foulée, périphrase pour signifier l'annexionde la partie Est. L'ONU condamne, <strong>le</strong> Saint Siègeréclame l'internationalisation de la vil<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s juifs affluent enmasse au Mur des Lamentations resté inaccessib<strong>le</strong>depuis la partition.Aujourd'hui, la vieil<strong>le</strong> vil<strong>le</strong> partage son temps entre ses troisquartiers, arabe, juif et chrétien, où se mê<strong>le</strong>nt moneyIl Il Il III


changers, marchands de Christ en bois d'olivier, detomates et de fallafel, vendeurs de cartes posta<strong>le</strong>s ou dekipas. Cette Jérusa<strong>le</strong>m cosmopolite, purifiée par <strong>le</strong>s vaguesde charters-pè<strong>le</strong>rins et assagie par Tsahal, paraît, aupremier regard, délivrée de ses démons. Hélas! l'histoireressemb<strong>le</strong> ici à un destin d'où <strong>le</strong> partage est banni.En face, <strong>le</strong> mur occidental <strong>du</strong> second Temp<strong>le</strong> de Salomon(dit des Lamentations), à deux pas, la mosquée al Aqsa et sesjardins mirifiques, derrière, tortueuse, la Via Dolorosa:hors des sentiers touristiques, la rue el Khaldiyé, étroitevenel<strong>le</strong> <strong>du</strong> quartier arabe, jouit calmement <strong>du</strong> so<strong>le</strong>il filtréde l'après-midi. Les deux militaires israéliens plantés sur<strong>le</strong>urs chaises, mitrail<strong>le</strong>tte à la main, surveil<strong>le</strong>nt <strong>le</strong>s allées et'Tenues des femmes de retour des courses et <strong>le</strong>s enfants quijouent à la bal<strong>le</strong> sur <strong>le</strong>s terrasses des arrière-cours, saluent<strong>le</strong>s copains qui ar<strong>pen</strong>tent la vieil<strong>le</strong> vil<strong>le</strong> en patrouil<strong>le</strong> dequatre ou de six, en buvant <strong>du</strong> Coca-Cola.}\, quelques mètres, une stè<strong>le</strong> hâtivement coulée dans <strong>le</strong>béton alimente <strong>le</strong> souvenir et la présence des soldats enarmes. Le rideau de fer de l'épicerie arabe, un peu plushaut, a été défmitivement clos, sous la menace: c'est de làqu'auraient surgi <strong>le</strong>s assassins de Noham, jeune étudiant del'éco<strong>le</strong> juive orthodoxe Shavo Banim, poignardé l'annéedernière, pour une histoire de haschisch. Depuis, <strong>le</strong>sadeptes de Shavo Banim, implantée dans <strong>le</strong> quartier el:(haldiyé pour affirmer la présence judaïque sur Jérusa<strong>le</strong>m,d qui compte dans ses rangs un certain nombre de reprisde justice en état de re<strong>pen</strong>tir, mènent la politique de laterre brûlée, jettent des pierres, « à la Pa<strong>le</strong>stinienne »,obligent <strong>le</strong> voisinage à déménager, à poser des gril<strong>le</strong>s auxfenêtres et des portes de fer aux terrasses. Un état de siège;1ew-look, mené de l'intérieur.Une stè<strong>le</strong> coulée dans <strong>le</strong> béton, une épicerie fermée,des fenêtres grillagées:::n p<strong>le</strong>in quartier arabe, <strong>le</strong>s bannières portant l'étoi<strong>le</strong> b<strong>le</strong>ued'Israël flottent au grand vent. Shavo Banim, AteretCoranim: à chaque jour sa nouvel<strong>le</strong> éco<strong>le</strong>, sa maison::achetée, même à prix d'or. La reconquête <strong>du</strong> quartierarabe est à l'ordre <strong>du</strong> jour. Les tenants de la reconstruction<strong>du</strong> Temp<strong>le</strong> de Salomon, donc de la destruction de lamosquée, édifiée sur ses ruines, grignotent <strong>du</strong> terrain, m 2par m 2 . La municipalité travailliste de Jérusa<strong>le</strong>m, si el<strong>le</strong> asouvent réagi aux provocations <strong>du</strong> rabbin Kahana, n'entolère pas moins l'existence d'une officine tenue par la'::<strong>le</strong>l<strong>le</strong>-sœur de ce dernier, Young Israël, dans <strong>le</strong> bureau deposte <strong>du</strong> quartier juif de la vieill<strong>le</strong> vil<strong>le</strong>. Cette agence de::ourisme propose, entre autres, des visites guidées, sur:rendez-vous, Présence juive dans <strong>le</strong> quartier islamique, etdestinées à encourager <strong>le</strong>s juifs américains, de préférenceriches et orthodoxes de Brooklyn Heighs (que Kahana n'aquitté qu'en 1974), à acquérir des demeures autour d'alAqsa. Ainsi, la vitrine de la poste publique s'orne-t-el<strong>le</strong> d'un::lhotomontage où <strong>le</strong> Temp<strong>le</strong> a été reconstitué. Sansmosquée, il va de soi.Les habitants <strong>du</strong> quartier el Khadiyé ne l'entendent pas de:::ette oreil<strong>le</strong>. Plusieurs famil<strong>le</strong>s constituées en comité dequartier fouil<strong>le</strong>nt, avec l'aide de juristes, <strong>le</strong>s archives de lavil<strong>le</strong> pour retrouver titres de propriété et textes de loi.Mais l'argent manque. Or la sauvegarde <strong>du</strong> quartier arabe:(Jasse aussi par sa rénovation. La Jordanie octroie dessubventions pour <strong>le</strong>s seuls lieux « d'intérêts islamiques ». Lamunicipalité de Jérusa<strong>le</strong>m peaufine <strong>le</strong> quartier juif, devenumodè<strong>le</strong> de réussite architectura<strong>le</strong>, de propreté et d'hygiène,<strong>le</strong> <strong>tout</strong> pour plusieurs dizaines de millions de dollarsIl!' et 3 500 habitants, dont 40 % d'ultra-orthodoxes. Sur <strong>le</strong> frontiii chrétien, rien à signa<strong>le</strong>r. 0I ____ ~--~~-----------------------------------------------------A gauche : Jérusa<strong>le</strong>m, dans <strong>le</strong> quartier arabe, <strong>le</strong>s éco<strong>le</strong>s juives orthodoxes plantent\ <strong>le</strong> drapeau d'Israël pour marquer <strong>le</strong>ur présence.Ci-dessus : Damascus Street, passage obligé pour se rendre au Mur des lamentations.Ci-dessous : la vitrine de la poste <strong>du</strong> quartier-juif. Un photomontage <strong>du</strong> Temp<strong>le</strong>reconstitué, sans mosquée. En haut: Des grillagesont été posés, pourprotéger la routed'Hébron, en bor<strong>du</strong>re <strong>du</strong>camp de réfugiés deDeishé, à Bethléem, oùvivent 20 000Pa<strong>le</strong>stiniens, depuis1948 dans <strong>le</strong>ur majorité.En 1967 (photo dedroite), plus de 200 000Arabes de CisjOrdanies'enfuirent---en Jordanie.


DES ARABES SANS TER RES NI MAIRESDu haut de sa terrasse, <strong>le</strong>maire destitué contemp<strong>le</strong>Naplouse, sa vil<strong>le</strong>, ensommeilléepar <strong>le</strong> premier jour<strong>du</strong> Ramadan. Il y a <strong>tout</strong> justevingt ans, Tsahal, l'arméed'Israël rentrait en territoirejordanien et Naplouse devenaitSichem.Bassam Chaka'a n'est pas unhomme diminué. Il pourrait l'être'. Un attentat, <strong>du</strong> mêmeacabit que celui qui tua Faad el Kawasmeh, maired'Hébron, <strong>le</strong> priva de ses deux jambes. Il ne marche plusdepuis six ans, mais son prestige reste intact, et sa mémoiretranchante.Les patrouil<strong>le</strong>s en tenue de camouflage qui sillonnent <strong>le</strong>srues en jeep, <strong>le</strong>s soldats postés sur <strong>le</strong> toit de l'hôtelPa<strong>le</strong>stine, <strong>le</strong> seul de cette vil<strong>le</strong> de 200 000 habitants,capita<strong>le</strong> de la Cisjordanie désertée par <strong>le</strong>s touristes peutéméraires, la prison cernée de barbelés : <strong>le</strong>s signesostentatoires de l'occupation alourdissent l'atmosphère,déjà ten<strong>du</strong>e par la présence des colons juifs, qu'ils soientpartisans de l'Eretz Israël, <strong>le</strong> Grand Israël de la Bib<strong>le</strong>, qui<strong>du</strong> nord <strong>du</strong> Sinaï atteindrait l'Irak jusqu'au Tigre, ou pauvresbougres installés en territoire arabe faute de terres oualléchés par <strong>le</strong>s subventions d'Etat.Il serait inexact de dire que <strong>le</strong>s ennuis de Bassam Chaka'adébutèrent avec eux, mais pas qu'il y laissa ses jambes. Lesauteurs de l'attentat, membres de l'organisation Terreurcontre terreur (TNT) et d'une colonie <strong>du</strong> Goush Emounim,<strong>le</strong> Bloc de la foi, implantée sur une des collines quienserrent Naplouse, ont d'ail<strong>le</strong>urs été arrêtés etcondamnés, à trois ans de prison, ce qui est peu comparéaux peines infligées au commun des Pa<strong>le</strong>stiniens: entre <strong>le</strong>t 10 ans de prison « pour appartenance à une organisationhosti<strong>le</strong> », l an en moyenne pour jet de pierre, <strong>le</strong> doub<strong>le</strong>pour des cocktails molotov, ou encore, au hasard, huit moispour possession de pisto<strong>le</strong>t (alors que <strong>le</strong>s colons juifs sontarmés de mitrail<strong>le</strong>ttes), la palme revenant à un jeunehomme de Naplouse condamné à un an de prison ferme,plus deux ans avec sursis, pour « avoir cherché à acheterun pisto<strong>le</strong>t» (1).Les territoires occupés sont sous contrô<strong>le</strong> militaire, et <strong>le</strong>slois d'exception ne manquent pas : décrets promulgués parIsraël depuis 1967, ordonnances héritées <strong>du</strong> mandatbritannique, législation jordanienne... Quatre mil<strong>le</strong> cinqcents détenus « de sécurité» sont actuel<strong>le</strong>ment incarcérésdans neuf prisons.1517-1917 : La Pa<strong>le</strong>stine est sous domination turque.1922 : La Grande-Bretagne reçoit de la SDN mandat surla Pa<strong>le</strong>stine.1948 : Création de l'Etat d'Israël.1949 : Première guerre israëlo-arabe. L'Egypte gardeGaza, et la Jordanie, la Cisjordanie et Jérusa<strong>le</strong>m Est.1967 : Guerre des Six jours contre l'Egypte et la Jordanie.Israël occupe une partie <strong>du</strong> Golan et <strong>du</strong> Sinai; Gaza,Jérusa<strong>le</strong>m Est et la Cisjordanie. La Résolution 242 desNations-Unies demande <strong>le</strong> retrait immédiat des territoiresoccupés.6 juin 1987 : Vingtième anniversaire de la guerre des Sixjours.Bassam Chaka'a sur sa terrasse, à Naphouse. A droite : lamosquée d'Hébron, gardée par des militaires et des colonsjuifs de Kiriat Arbat.Dans son édition hebdomadaire en langue anglaise publiéeà Jérusa<strong>le</strong>m, Al-Fajr cite <strong>le</strong>s résultats d'un sondage réaliséjuin 1986 à Gaza et en Cisjordanie (2), où 51 % despersonnes interrogées font état de mauvais traitementsinfligés à des membres de <strong>le</strong>ur famil<strong>le</strong>, de tracasseries etd'insultes à des postes de contrô<strong>le</strong> militaires (56 %),d'arrestations politiques (47,5 %), de confiscation de bienset de terres (23 %), d'assignation à résidence, de lourdesamendes. «Nous n'avons pas <strong>le</strong> droit de dormir en dehorsde chez nous, ni de con<strong>du</strong>ire une voiture israélienne ni devendre nos tomates à Tel-Aviv, confie Abd-Latiff Abu ~Middein, directeur d'une coopérative agrico<strong>le</strong> à Gaza. Pas '<strong>le</strong> droit de voter, ni de faire <strong>le</strong> service militaire. Pour nousdéplacer, il nous faut un laisser-passer (3). On nous aconfisqué nos meil<strong>le</strong>ures terres pour raison « de sécuritémilitaire ». On peut nous mettre en prison sous n'importequel prétexte. Et on s'étonne que <strong>le</strong>s gamins lancent deS'pierres! »En 1976, devant une agitation croissante dans <strong>le</strong>s territoiresoccupés, <strong>le</strong> gouvernement israélien décide d'organiserdes é<strong>le</strong>ctions municipa<strong>le</strong>s libres, avec l'espoir que <strong>le</strong>scaciques, ceux-là mêmes qui collaboraient avec <strong>le</strong>s Trucs,puis <strong>le</strong>s Anglais, reviendraient sur <strong>le</strong> devant de la scène.Ces é<strong>le</strong>ctions suscitèrent un immense espoir dans lapopulation arabe, qui vota en masse, mais <strong>le</strong>s élus ne furentpas ceux qu'on attendait.Bassam Chaka'a refuse dès <strong>le</strong>s premiers jours de sonmandat <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> d'homme de pail<strong>le</strong>. Il accompagnera tous <strong>le</strong>smouvements qui secouent Naplouse. Les commerçants quise mettent en grève pour protester contre <strong>le</strong>s taxes etimpôts qu'ils doivent acquitter au fisc, bien qu'ils nepossèdent ni la nationalité israélienne, ni <strong>le</strong> droit d'écou<strong>le</strong>r<strong>le</strong>urs pro<strong>du</strong>its sur <strong>le</strong> marché national, ni celui de toucherdes subventions équiva<strong>le</strong>ntes à cel<strong>le</strong>s de <strong>le</strong>urs confrèresisraéliens. Les étudiants qui organisent des marchespacifiques pour protester contre <strong>le</strong>s fermetures répétéesde l'université Al Najah, en vertu d'énigmatiques « militaryorders », contre l'expulsion à l'étranger <strong>du</strong> président <strong>du</strong>comité étudiant, ou l'incarcération de membres présumés<strong>du</strong> Fatah.cc Bassam, ne VOlIS opposez pas au Goush Emounim ! IlLe maire tombe sous <strong>le</strong> coup d'un arrêté d'expulsion en1979, pour «encouragement au terrorisme, activités illicites». Son fils est arrêté pour «jet de pierres sur desmilitaires israéliens », sa fil<strong>le</strong> de 10 ans est interrogée pouravoir dessiné un drapeau pa<strong>le</strong>stinien, sa femme suivie dansses moindres déplacements, ses amis menacés. MaisBassam Chaka'a est populaire. Les autorités militaires fontmarche arrière.Quelques mois plus tard, <strong>le</strong> Goush Emounim décided'établir une nouvel<strong>le</strong> colonie sur <strong>le</strong>s hauteurs de Naplouse.L'atmosphère se tend, pierres et cocktails molotov reviennenten force. Le cœur de Naplouse bat plus vite.«Weitzman, alors ministre de la Défense me convoqua,Différences - n'" 68/69 - JuinlJuil<strong>le</strong>t 1987GAZA: UN MAUVAIS TRIPFranchir <strong>le</strong> poste militaire de la Bande de Gaza, c'estpasser des plaines irriguées et des kibboutzin bienrangés d 'Ashkel on, à 'univers survolté d 'une terreoubliée.Du mandat égyptien sous <strong>le</strong>quel el<strong>le</strong> était placée avant1961, Gaza a hérité la manie <strong>du</strong> klaxon à outrance et desblagues politiques, et de la création d1sraël en 1948, <strong>le</strong>scamps de réfugiés. El<strong>le</strong> n'en a d'ail<strong>le</strong>urs pas <strong>le</strong>monopo<strong>le</strong> puisqu'il en existe 28 dans <strong>le</strong>s territoiresocèupés par Israël pour un total de 791 000 personnes,dont 535 000 pour la seu<strong>le</strong> bande de Gaza, 45 km de longsur 7 km de large.Les camps de réfugiés sont de véritab<strong>le</strong>s chaudrons aubord de l'explosion. La misère d 'abord, <strong>le</strong>s Arabes descamps qui travail<strong>le</strong>nt pour des salaires très bas en Israëlcomme manœuvres, maçons ou ouvriers agrico<strong>le</strong>s, ontété <strong>le</strong>s premières victimes de la crise économique et <strong>du</strong>chômage, ainsi que ceux qui ont émigré dans <strong>le</strong>s pays<strong>du</strong> Golfe, en récession.L'entassement ensuite. Au Beach Camp de Gaza, chaquekm z abrite 780 personnes. L'ONU, par l 'intermédiaire del'UNWRA essaie de pourvoir aux premières nécessités.La répression enfin. Le nombre d'assignés à résidence,d'interdits de sortie, d'emprisonnés atteint des proportionsalarmantes. Des initiatives malJ<strong>le</strong>ureuses en amplifientla portée, tel ce haut grillage posé <strong>tout</strong> autour <strong>du</strong>camp de Daishé à Béthléem, pour éviter <strong>le</strong>s jets depierre sur la route d'Hébron.Gaza a peu d 'espoir: l'Egypte la boude, la Méditerranéel'étouffe, Israël appuie sur <strong>le</strong> couverc<strong>le</strong>. La société juivevit sur <strong>le</strong> séparatisme : <strong>le</strong>s Arabes, ceux de 1948, ceuxdes territoires occupés et <strong>le</strong>s réfugiés appartiennent àune autre galaxie. A Gaza, on atteint <strong>le</strong>s confins del'univers.-raconte Bassam Chaka'a, et me dit.' "Bassam, je vais vouspar<strong>le</strong>r en hébreu, car je veux choisir mes mots et necommettre aucun contre-sens.' si vous vous opposez auGoush Emounim, vous risquez des représail<strong>le</strong>s physiques".Quelques jours plus tard, <strong>le</strong> commandant militaire de larégion ajouta.' "La force n'est pas de votre côté. Tant quecela <strong>du</strong>rera, vous ne nous expulserez pas. Quand vousl'aurez, vous pourrez nous rejeter à la mer" ». En 1980, lavoiture de Bassam Chaka'a saute.Depuis 1984, tous <strong>le</strong>s maires élus de Cisjordanie et de laBande de Gaza ont été destitués et remplacés par desadministrateurs militaires, et <strong>le</strong>s implantations de coloniesse sont poursuivies selon une stratégie géo-politique trèsdéterminée. « A Raffa, fait remarquer l'avocate juiveisraélienne Felicia Langer, huit colonies iso<strong>le</strong>nt Gaza de lapresqu'ne <strong>du</strong> Sinaï; 1200 famil<strong>le</strong>s bédouines ont étéexpulsés à l'occasion. La Bande de Gaza se retrouvecoincée entre la mer et la ligne de démarcation.» AHébron, où <strong>le</strong> rabbin ultra-orthodoxe Moshé Lewinger aélu domici<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s 6600 colons de Kiriat-Arbat lorgnentdepuis 1972 sur la vieil<strong>le</strong> vil<strong>le</strong> édifiée autour des tombeauxd'Abraham, d'Isaac, Rebecca et Jacob, dans la mosquéeHaran el Khalil. On y prie à heures séparées, sous laprotection musclée des soldats en armes. Les bib<strong>le</strong>s serangent dans <strong>le</strong>s armoires au moment où ressortent <strong>le</strong>scorans.111111


Les juifs en kipas et favoris cèdent <strong>le</strong> terrain aux musulmansportant au front la marque de la prière que la montée <strong>du</strong>courant intégriste a hissé au rang d'orgueil national.S'appuyant sur un verset de la Bib<strong>le</strong>, par <strong>le</strong>quel il est écritqu'Abraham pour 400 sic<strong>le</strong>s d'argent acheta ici unepossession en terre de Canaan, Moshé Lewinger revendiquela légitime propriété d'Hébron. En 1979, il occupe unancien dis<strong>pen</strong>saire juif au cœur de la vil<strong>le</strong> arabe avec septfamil<strong>le</strong>s. Depuis, Hébron vit sous pression. En 1980, unattentat fait six morts dans la communauté juive. Les lieux<strong>du</strong> drame, à deux pas <strong>du</strong> souksont érigés en véritab<strong>le</strong> stè<strong>le</strong>mortuaire, cerclé de barbelés et gardés par une armada.Sur <strong>le</strong>s hauteurs, à quelques dizaines de mètres de KyriatArbat, la mosquée de Khald Ibn al Walid attend <strong>le</strong> permisde construire des autorités israéliennes pour achever sonétage. Stricte réplique de l'Alhambra espagno<strong>le</strong>, financéepar la Jordanie, el<strong>le</strong> est devenue symbo<strong>le</strong> de la résistanceaux colons et de la sauvegarde des va<strong>le</strong>urs culturel<strong>le</strong>s etreligieuses musulmanes.En face de Kiriat Arbat, la mosquée Kllald Ibn al Walid,une réplique de l'Alhambra. InachevéeAvant 1967, il Y avait un million et demi de Pa<strong>le</strong>stiniensvivant dans <strong>le</strong>s territoires occupés. Après la guerre des Sixjours, cinq cents mil<strong>le</strong> personnes ont pris <strong>le</strong> chemin descamps de réfugiés ou de l'exil (4). Les partisans del'occupation de la Cisjordanie et de Gaza voudraient arriverà une population juive équiva<strong>le</strong>nte. Pour <strong>le</strong>. moment, <strong>le</strong>sobjectifs officiels, pourtant ramenés à 100000, n'ont pas étéatteints. L'installation d'une famil<strong>le</strong> coûte environ 100 000dollars, et la rigueur budgétaire s'impose actuel<strong>le</strong>ment àl'Etat israélien. Pire, <strong>le</strong>s candidats manquent à une époqueoù <strong>le</strong> solde d'immigration est négatif pour Israël (5).Les déclarations <strong>du</strong> ministre de la Défense travailliste,Itzhak Rabin, après l'attentat qui a coûté la vie à une jeunefemme de la colonie d'Alfei-Menaché, selon <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s <strong>le</strong>simplantations ne sont, somme <strong>tout</strong>e, vita<strong>le</strong>s pour Israël quedans <strong>le</strong>s régions frontalières <strong>du</strong> Golan et de la vallée <strong>du</strong>Jourdain, ont suscité un tollé et ouvert la crise au sein de lacoalition au pouvoir, sans satisfaire pour autant <strong>le</strong>s Pa<strong>le</strong>stiniensqui demandent la restitution des territoires occupés.La mort d'un étudiant à l'université de Bir-zeit en avrildernier, la grève de la faim des prisonniers politiques ontrelancé l'agitation sur <strong>le</strong> terrain. Quarante ans d'existence,dont vingt d'occupation de la Cisjordanie: un mi-cheminlourd à supporter pour Israël. 0(1) D'après <strong>le</strong> journal HtuJTez (Indé<strong>pen</strong>dant) et l'Agence télégraphiquejuive, cité éga<strong>le</strong>ment dans la Revue d'études pa<strong>le</strong>stiniennes.(2) Enquête menée en août 86, sur un échantillon de mil<strong>le</strong> personnes par <strong>le</strong>quotidien arabe Al-Fajr, Newsday et Australian Broadcasting Corporation.(3) En Cisjordanie, <strong>le</strong>s Pa<strong>le</strong>stiniens possèdent un passeport jordanien et unobligatoire laisser-passer israélien. A Gaza, ils sont porteurs <strong>du</strong> mêmelaisser-passer, mais d'un passeport égyptien.Les réfugiés de 1948 dans <strong>le</strong>s camps sont apatrides. Les Arabes d'Israël, dits«Arabes de 48,., ont la nationalité israélienne et approximativement <strong>le</strong>smêmes droits que <strong>le</strong>s juifs israéliens, sauf celui <strong>du</strong> service militaire (excepté<strong>le</strong>s Druzes), ce qui a de lourdes conséquences sur <strong>le</strong>ur vie socia<strong>le</strong>.(4) Outre <strong>le</strong>s problèmes de confiscation des terres (lire à ce sujet, Avocateisraélienne, je témoigne, de Felicia Langer, aux éd. Socia<strong>le</strong>s), celui desfamil<strong>le</strong>s séparées vient au premier rang des préoccupations. En effet, outre<strong>le</strong>s Pa<strong>le</strong>stiniens en exil pour des raisons d'ordre politique, ceux qui étaientabsents des territoires (travail<strong>le</strong>urs émigrés, étudiants, ou voyageurs)<strong>pen</strong>dant la guerre des Six jours n'ont pas été autorisés à rentrer par lasuite.(5) Lire à ce sujet <strong>le</strong>s interviews des yordim, « ceux qui descendent ,., quiquittent Israël, dans <strong>le</strong> livre très documenté de Maurice Rafjus. Retoursd'Israël, éd. de l'Harmattan.DES PACIFISTES EN ETAT DE GUERREA gauche, Latif Dôri. A droite, Michel Wartschawski,tous deux inculpés, pour cc aide à une organisationennemie ~~. En haut, manifestation en 1984 contre laguerre au Liban.La fin d'un consensus: depuisl'engagement de son arméeau Liban en 1982, l'Etat-soldata pris <strong>du</strong> plomb dans l'ai<strong>le</strong>.Les colombes de Chalom Archav(la Paix maintenant) deYesh Gvoul (Il y a une limite)ou de la Formation progressistepour la paix, bien queminoritaires, <strong>tout</strong> comme<strong>le</strong>urs alliés à l'extrême gauche, ont ouvert une brèche dans<strong>le</strong> bloc sioniste. En toi<strong>le</strong> de fond, une interrogationlancinante: une société en état de guerre, de défenseoffensive permanents, jouant la carte de la vio<strong>le</strong>nce contrela vio<strong>le</strong>nce, peut-el<strong>le</strong> survivre sans dommage?La démocratie israélienne est attaquée au flanc parl'idéologie sécuritaire qui permet tous <strong>le</strong>s contrô<strong>le</strong>s, <strong>tout</strong>es<strong>le</strong>s pressions, et par <strong>le</strong> régime d'exception qu'el<strong>le</strong>maintient militairement depuis vingt ans dans des territoiresoccupés par la force. La lutte antiterroriste et ladétection d'éventuel<strong>le</strong>s bombes doit-el<strong>le</strong> justifier <strong>le</strong> trip<strong>le</strong>interrogatoire subi par <strong>tout</strong> un chacun, sur<strong>tout</strong> non-juif, à sasortie d'Israël? Aucune fouil<strong>le</strong> des bagages, mais unquestionnaire très précis sur votre séjour: nom et adressede vos hôtes, dates, factures d'hôtel ou de location devéhicu<strong>le</strong>. Toute fréquentation à consonance arabe fait devous un suspect numéro un. Motifs sécuritaires éga<strong>le</strong>ment,J1l'omniprésence dans la rue de l'armée et des civils quiportent mitrail<strong>le</strong>tte en bandoulière, la censure obligatoirepour la presse, <strong>le</strong>s contrô<strong>le</strong>s d'identité au faciès?Les rares juifs israéliens qui ne souscrivent plus à la thèseselon laquel<strong>le</strong> «Si Israël dépose <strong>le</strong>s armes, il est détruitdans <strong>le</strong>s vingt-quatre heures qui suivent» s'exposent auxfoudres des lois. Michel Wartchawski risque vingt-trois ansde prison, aux termes d'une loi datant de 1948, réactualiséecette année, pour «aide apportée à une organisationennemie JO. Ce militant <strong>du</strong> Matz<strong>pen</strong>, un mouvement d'extrêmegauche créé en 1962, a été arrêté il y a quelquesmois ainsi que tous <strong>le</strong>s membres <strong>du</strong> Centre d'informationcol<strong>le</strong>ctive et de la revue News trom Within, qu'il dirige àJérusa<strong>le</strong>m. Tracts et documents de soutien au Frontétudiant, organisation possédant un statut légal et autorisédans <strong>le</strong>s universités des territoires occupés, mais soudainementrebaptisée pour l'occasion «couvertures <strong>du</strong> FPLP»par la police israélienne, y ont été saisis.Pourtant, la manœuvre risque fort de faire long feu. «Pourla première fois, commente Michel Wartchawski, nousavons assisté à une <strong>le</strong>vée de boucliers en notre faveur,même au centre, chez <strong>le</strong>s travaillistes. Des avocats detendance très sioniste se sont proposés pour assurer notredéfense. C'est un fait nouveau. Depuis sa création, l'Etatd'Israël a tiré sa force de l'unité nationa<strong>le</strong>, des 99 %d'Israéliens qui s'identifiaient aux idées sionistes.Différences - nO' 68/69 - JuinlJuil<strong>le</strong>t 1987LA GUERRE DES SIX JOURS :L'EFFET BOOMERANGLa guerre de 1967 a suscité de nombreuses vaguesantijuives dans <strong>le</strong>s pays arabes. 10 000 juifs ont ainsiquitté la Tunisie.5 juin 1967. A Tunis, un début de pogrom éclate dans <strong>le</strong>squartiers israélites. De nombreuses boutiques sontsaccagées et incendiées. La grande synagogue, aucentre de la vil<strong>le</strong> est profanée, <strong>le</strong> mobilier détruit,ensuite el<strong>le</strong> est brûlée devant des badauds qui hur<strong>le</strong>nt<strong>le</strong>ur joie. Tunis a été <strong>le</strong> théâtre de manifestationsantisémites très vio<strong>le</strong>ntes. Les quartiers juifs ont étélivrés aux mains de jeunes qui brisaient <strong>tout</strong> sur <strong>le</strong>urpassage, aux cris de.' « A mort <strong>le</strong>s juifs! Brû<strong>le</strong>nt <strong>le</strong>sjuifs» Le président Bourguiba condamna sévèrementces vio<strong>le</strong>nces qu'il attribua à «des énergumènesirresponsab<strong>le</strong>s qui méritent la potence» et il rappelaque, si la Tunisie s'était déclarée contre Israël, «cetteprise de position n'a été dictée par aucun fanatisme ».Le <strong>le</strong>ndemain, M. Bahi Ladgham, secrétaire d'Etat à laprésidence, accompagné d'une délégation de hautsdignitaires tunisiens, vint exprimer ses regrets au grandrabbin de Tunisie et promettre que l'Etat dédommagerait<strong>tout</strong>es <strong>le</strong>s victimes. Ces déclarations courageuses neparvinrent pas à apaiser <strong>le</strong>s craintes des juifs tunisiens.fls ont été près de 10 000 à quitter <strong>le</strong> pays entre juin etseptembre 1967. Ces tragiques débordements ne constituentpas la seu<strong>le</strong> cause de <strong>le</strong>ur émigration. Cel<strong>le</strong>-cis'explique aussi par <strong>le</strong>s conséquences des transfonnationsde divers ordres - arabisation, planification,nationalisation.Au <strong>le</strong>ndemain des événements de juin 1967, il n'y eutjamais refus de titres de voyage, ceux-ci furent mêmeétablis et délivrés dans <strong>le</strong>s plus brefs délais. Mais <strong>le</strong>sjuifs quittant la Tunisie devaient pro<strong>du</strong>ire un bil<strong>le</strong>t al<strong>le</strong>ret retour (f) et ne pouvaient emporter avec eux que desobjets d'usage courant et une somme d'argent dérisoire,quelques centaines de francs français par famil<strong>le</strong>. Aussi,tous ceux d'entre eux qui partirent sans espoir de retour- et c'était l'immense majorité - <strong>du</strong>rent-ils abandonner<strong>le</strong>urs biens en <strong>le</strong>s liquidant <strong>le</strong> plus souvent à bas prix.En vingt ans, plus de cent mil<strong>le</strong> juifs ont quitté, parvagues successives, sans espoir de retour, <strong>le</strong>s rives deCarthage et <strong>le</strong> port de La Gou<strong>le</strong>tte.Malgré <strong>le</strong>s efforts <strong>du</strong> président Bourguiba pour maintenirune nette distinction entre sionistes et juifs, un courantd'opinion, entretenu par une propagande qui manquaitde nuances, tendait de plus en plus à nous confondredans la même réprobation. L'attitude <strong>du</strong> présidenttunisien à l'égard des juifs reposait donc sur <strong>le</strong> principemaintes fois affirmé que judaïsme n'est pas sionisme.Bien sûr, cela n'empêcha pas l'antisémitisme latent ouavoué. Les israélites tunisiens quittèrent un pays dont lapolitique de dirigisme et d'austérité se répercuta sur<strong>le</strong>ur activité commercia<strong>le</strong> traditionnel<strong>le</strong>, et où ils n'eurentplus <strong>le</strong>ur place.La doctrine officiel<strong>le</strong> était claire.' on ne connaît ni <strong>le</strong>ssévices ni <strong>le</strong>s persécutions religieuses, encore moins <strong>le</strong>sdiscriminations, mais on ne retient pas, loin de là, ceuxqui veu<strong>le</strong>nt partir.Bourguiba estima donc qu'il n'existait pas une « questionjuive» en Tunisie, ou <strong>du</strong> moins qu'il l'avait réglée dansun esprit de réalisme et d'équité .•NORBERT HADDAD


La guerre <strong>du</strong> Liban, Sabra et Chatila - il Y a eu 400 000manifestants dans <strong>le</strong>s rues de Tel-Aviv juste après <strong>le</strong>smassacres - ont créé un schisme, une rupture.Jusqu'alors, la repression n'a frappé <strong>le</strong>s militants israéliensantisionistes qu'à de rares occasions. Membres desPanthères noires, <strong>du</strong> Matz<strong>pen</strong>, <strong>du</strong> Rakakh ou de l'ai<strong>le</strong>gauche <strong>du</strong> Mapam (1) se sont rarement retrouvés sous <strong>le</strong>sverrous, mais se sont heurtés à un ostracisme sans bornes.« Etre antisioniste, poursuit Michel Wartchawski signifiaitêtre rejeté, dénoncé, isolé. De ce fait, ceux qui ont refuséde faire <strong>le</strong>ur service militaire depuis vingt ans se comptentsur <strong>le</strong>s doigts d'une main. »Uri Avneri, directeur de l'hebdomadaire Haolam Hazeh, undes initiateurs de la Formation progressiste pour la paix, sesouvient <strong>du</strong> si<strong>le</strong>nce de glace qui accompagna chacune deses rencontres avec des dirigeants pa<strong>le</strong>stiniens partisans<strong>du</strong> dialogue. Pas un mot dans la presse, ni à la télévision,aucun commentaire officiel, mais de sourdes accusationsde traîtrise et de collaboration avec l'ennemi (2).« Provisoire, une Mmpation qui <strong>du</strong>re vingt ans 1Diffici<strong>le</strong> à admettre Il« Depuis quatre ans, l'Etat israélien est contraint d'agirdifféremment. La presse, <strong>le</strong>s universités et une bonnepartie de l'intelligentsia ont viré à gauche, commenteMarius Shatner, journaliste. L 'impression que l'occupationde la Cisjor danie et de Gaza pourrit la société israéliennese confirme. C'est une impasse. Par ail<strong>le</strong>urs, la montée del'extrême droite, en particulier dans la jeunesse, effraie <strong>le</strong>slibéraux. La démocratie est confrontée à de cruelsdi<strong>le</strong>mmes: comment peut-on autoriser <strong>le</strong>s manifestations àTel-Aviv et tuer à l'université de Bir-Zeit? »Pour Ruth, ex-militante <strong>du</strong> Mapam, « on a cru en 1967 quel'occupation était provisoire. Donc, il n'y avait pas de raisond 'étudier un statut particulier pour <strong>le</strong>s Pa<strong>le</strong>stiniens. Lagauche s'est contentée d'un discours approximatif, <strong>du</strong> type:"si ça continue ... " Et aujourd'hui, ça continue, mais impossib<strong>le</strong>de persévérer dans la demi-teinte ».Conscients que l'occupation des territoires peut se prolongerencore pour de longues années, juifs israéliens etPa<strong>le</strong>stiniens entrevoient, ensemb<strong>le</strong> ou séparément, unetactique nouvel<strong>le</strong>: une sorte de lutte pour <strong>le</strong>s droitsciviques, cocktail de désobéissance civi<strong>le</strong>, de résistancepassive, et d'activisme têtu, terre à terre, pragmatique etquotidien. « Les Pa<strong>le</strong>stiniens s'aperçoivent bien de <strong>le</strong>ursfaib<strong>le</strong>sses ici, face au comp<strong>le</strong>xe politico-militaire sioniste.Les juifs progressistes n'imaginent pas que creuser <strong>le</strong>sfossés <strong>le</strong>ur permettent un jour de vivre chez eux en paix. Ildevient urgent de se battre pour des droits égaux. »La manifestation <strong>du</strong> 1 er mai à Tel-Aviv a vu apparaître desslogans annonciateurs d'un virage politique: retrait desterritoires occupés, exigence d'un Etat démocratique pourtous. Parallè<strong>le</strong>ment, de nombreuses voix s'élèvent contrel'inculpation de Latif Dori, Eliezer Fei<strong>le</strong>r, Yael Lotan etReuven Kaminer, coupab<strong>le</strong>s d'avoir rencontré une délégationde l'OLP à Constanza dernièrement. Côté arabe, desinitiatives jusqu'alors marginalisées comme la Ligue de lanon-vio<strong>le</strong>nce, de Moubarak Awad, ont <strong>le</strong> vent en poupe. Lalutte pour la réunification des famil<strong>le</strong>s séparées, <strong>le</strong>s droitsdes femmes pa<strong>le</strong>stiniennes, <strong>le</strong>s actions contre <strong>le</strong>s fermeturesdes universités reviennent au premier plan. Avecpour tous, une même exigence: une extrême patience. -V. M.MERMÉOI TERRANfEoo Légitimement, <strong>le</strong>s déléguéset invités à la l8 e session <strong>du</strong>Conseil national pa<strong>le</strong>stinien,réuni à Alger <strong>du</strong> 20 au 25avril, pouvaient exprimer<strong>le</strong>ur joie. Leurs <strong>le</strong>aders venaientenfin de surmonterquatre années de divisions.Yasser Arafat, l'incontestab<strong>le</strong>vainqueur de ces assises,garde <strong>le</strong>s mains libres pour continuer à diriger l'OLP dont i<strong>le</strong>st <strong>le</strong>ader depuis 20 ans.Dans <strong>le</strong> nouveau comité exécutif, composé de 15 membres,<strong>le</strong> président de l'OLP dispose de la majorité absolue. .D'autre part, pour la première fois, un membre <strong>du</strong> particommuniste, Sou<strong>le</strong>iman Nedjab, entre dans cette instance.Le conseil central, composé de 75 membres cesse d'êtreconsultatif pour devenir un organe chargé « de surveil<strong>le</strong>rl'application des décisions <strong>du</strong> CNP et contrô<strong>le</strong>r <strong>le</strong> foncfJ.onnementdes organismes de l'OLP ». Une transformationaccordée aux organisations qui exigeaient un contrô<strong>le</strong> <strong>du</strong>travail de l'OLP et de son président.La résolution politique et organisationnel<strong>le</strong> laisse éga<strong>le</strong>ment<strong>le</strong>s mains libres à Arafat. Bien sûr, <strong>le</strong>s condamnationshabituel<strong>le</strong>s, devenues litanies, persistent: Camp David,projet Reagan, autonomie des territoires occupés.Le rejet de la Résolution 242 de l'ONU s'accompagne d'uneformation suffisamment imprécise, « en tant que base pour lasolution de la cause pa<strong>le</strong>stinienne », pour qu'une évolutiondemeure possib<strong>le</strong>. A la condition que l'OLP reçoive enéchange un début de reconnaissance, soit des Etats-Unissoit, plus improbab<strong>le</strong> pour <strong>le</strong> moment, d'Israël.Près de Bersheva, dans <strong>le</strong> village bédouin de Laguia. La terre pell-el<strong>le</strong> se diviser?UNE OLP, UNE CONFERENCE, PEUT -ETREPlus significatif encore, <strong>le</strong> passage consacré aux relationsavec l'Egypte. En renvoyant <strong>le</strong> dossier au comité exécutifqui compte de nombreux partisans <strong>du</strong> retour de ce paysdans <strong>le</strong> giron arabe, <strong>le</strong> CNP a refusé de suivre <strong>le</strong>s tenantsde la ligne <strong>du</strong>re, l'objectif immédiat étant de réunir au plusvite un sommet arabe, avec deux priorités à l'ordre <strong>du</strong> jour :l'Egypte et la préparation de la Conférence internationa<strong>le</strong>sur la paix au Proche-Orient.A l'exception de Habache, qui demeure sceptique sur <strong>le</strong>schances de réussite d'une tel<strong>le</strong> conférence tant que <strong>le</strong>rapport des forces reste défavorab<strong>le</strong> aux Arabes, <strong>tout</strong>es <strong>le</strong>scomposantes pa<strong>le</strong>stiniennes y sont favorab<strong>le</strong>s. Leur approcheétant par ail<strong>le</strong>urs identique à cel<strong>le</strong> des Européenset de l'URSS: conférence préparatoire réunissant <strong>le</strong>smembres <strong>du</strong> Conseil de sécurité, l'ONU come cadre actifde la réunion, décisions contraingnantes pour chaqueparticipant. Sur la participation de l'OLP, la formulationadoptée « l'OLP comme partie autonome et à part éga<strong>le</strong>avec <strong>le</strong>s autres parties en tant que représentant légitime etunique <strong>du</strong> peup<strong>le</strong> pa<strong>le</strong>stinien» permet d'envisager plusieursformu<strong>le</strong>s (participation de membres de l'OLP à unedélégation arabe unique, ou désignation de négociateursindé<strong>pen</strong>dants ayant l'aval de la centra<strong>le</strong> pa<strong>le</strong>stinienne).L'OLP semb<strong>le</strong> avoir fait son deuil d'un rapprochement avecla Syrie à court terme. El<strong>le</strong> a pris acte publiquement <strong>du</strong>refus <strong>du</strong> président Assad de renouer avec Arafat, malgré<strong>le</strong>s médiations de l'Algérie et de l'Union soviétique.Aujourd'hui, la Syrie apparaît plus isolée que jamais au sein<strong>du</strong> <strong>monde</strong> arabe depuis que la Libye s'est rapprochée del'OLP, en soutenant la réunion d'Alger. Damas demeure <strong>le</strong>seul soutien de l'Iran dans la guerre qui l'oppose à l'Irak,Dernier jour <strong>du</strong> Conseilnational pa<strong>le</strong>stinien :Yasser Arafat, à Alger.Une réussite pour l'OLP.Mais <strong>le</strong>s questionsessentiel<strong>le</strong>s restent enlonguement ovationné. La présence d'opposants au régimede Damas aux travaux <strong>du</strong> CNP scel<strong>le</strong> l'état de guerre quioppose Arafat à Assad.Paradoxa<strong>le</strong>ment, en permettant à ses protégés d'Amald'assiéger <strong>le</strong>s camps de réfugiés de Beyrouth, la Syrie aprécipité l'unification des Pa<strong>le</strong>stiniens. D'autre part, l'extensionde la lutte dans <strong>le</strong>s territoires occupés menée par unegénération de militants née après 1967 a fini par convaincrenombre de dirigeants pa<strong>le</strong>stiniens que <strong>le</strong> temps desquerel<strong>le</strong>s était dépassé. Le danger de voir un jour <strong>le</strong>mouvement pa<strong>le</strong>stinien coupé en deux, ceux de l'intérieurd'un côté et l'extérieur de l'autre, était latent <strong>tout</strong> au longdes travaux <strong>du</strong> Conseil. En rendant hommage à ces deuxcomposantes <strong>du</strong> peup<strong>le</strong> pa<strong>le</strong>stinien et en s'engageantdevant el<strong>le</strong>s à conserver l'unité de l'OLP, <strong>le</strong>s dirigeantspa<strong>le</strong>stiniens mettaient fin à une «guerre» intestine dequatre ans.Après la batail<strong>le</strong> de Tripoli, au Nord Liban, livrée <strong>du</strong> 2novembre au 20 décem1;>re 1982 par l'armée sYrienne et <strong>le</strong>sfractionnistes <strong>du</strong> Fatah aux camps pa<strong>le</strong>stiniens de cettevil<strong>le</strong>, Arafat, expulsé de Damas <strong>le</strong> 20 juin, quitte <strong>le</strong> Liban <strong>le</strong>20 décembre. Le 22, il fait esca<strong>le</strong> en Egypte, où il rencontre<strong>le</strong> président Moubarak, devenant ainsi <strong>le</strong> premier responsab<strong>le</strong>arabe à rencontrer un président égyptien depuis lasignature des accords de Camp David. Les dirigeants desautres fractions voient dans cette rencontre une approbationdes accords. Georges Habache demande la destitutiond'Arafat. Les dirigeants <strong>du</strong> Fatah réaffirment <strong>le</strong>ur oppositionà Camp David, mais soulignent la nécessité de maintenir<strong>le</strong>s contacts avec ce pays, indis<strong>pen</strong>sab<strong>le</strong> à l'unité arabe.Trois mois plus tard, <strong>le</strong> CNP se tient à Amman. Lesorganisations basées à Damas <strong>le</strong> boudent. Un « accord decoordination politique» entre la Jordanie et l'OLP, appeléaccord de Amman, est signé par Arafat et <strong>le</strong> roi Hussein.Cet accord, fondé sur l'esprit <strong>du</strong> plan arabe de Fés, stipu<strong>le</strong><strong>le</strong> principe d'une action commune jordano-pa<strong>le</strong>stienienneen vue <strong>du</strong> règ<strong>le</strong>ment de la question pa<strong>le</strong>stinienne.Parallè<strong>le</strong>ment, <strong>le</strong> président syrien poussait ses protégés àcrééer une OLP bis. Un projet supplanté par la créationsous l'impulsion <strong>du</strong> FPLP et <strong>du</strong> FDLP (1) de l'Alliancedémocratique, susceptib<strong>le</strong> de contrebalancer l'influence<strong>du</strong> Fatah au sein des organisations pa<strong>le</strong>stiniennes. Aprèsplusieurs molS de discussions, et grâce aux médiations del'Algérie et de l'URSS d'abord, de la Libye ensuite, <strong>le</strong> Fatahet l'Alliance démocratique se mettent d'accord pourconvoquer à Alger la l8 e session <strong>du</strong> CNP, la perspectivede la conférence internationa<strong>le</strong>, qui, même si el<strong>le</strong> n'estpas pour demain, se profi<strong>le</strong>.Après l'OLP, c'est au tour d'Israël d'être la proie desdissensions. Le cabinet est écartelé entre <strong>le</strong> Premierministre Shamir, qui privilégie <strong>le</strong>s négociations bilatéra<strong>le</strong>savec <strong>le</strong>s pays arabes pour mieux évacuer la participationpa<strong>le</strong>stinienne, et son ministre des Affaires étrangères,Shimon Pérès plus favorab<strong>le</strong> à la conférence.Quant au Conseil de sécurité, deux de ses pays membresentreront en campagne é<strong>le</strong>ctora<strong>le</strong> dès l'automne prochainpour l'é<strong>le</strong>ction présidentitel<strong>le</strong>. D'abord la France, ensuite<strong>le</strong>s USA. L'é<strong>le</strong>ctoralisme et la démagogie ne font guère bonménage avec une conférence sur la paix. Le dossier <strong>du</strong>(1) Les Panthères noires, groupe d'extrême gauche, fondé par des jui~s Proche-Orient risque donc d'être gelé jusqu'en MOHAMEO 1989. ALKAMA 0sépharades, est aujourd'hui dissous. Le Matz<strong>pen</strong>. rassembl.e u';l ce~IDnombre de militants trotskistes, <strong>le</strong> Rakakh, ou parti commumste Israelien, (1) Front populaire pour la libération de la Pa<strong>le</strong>stine dirigé par G.__ __________________- compte de' nombreux arabes israéliens. Habache. Front démocratique pour la libération de la Pa<strong>le</strong>stine dirigé par1III 1~(2~)~U~r~i~A~vn~e~r~i,~M~o~n~fi~n~r:e:l'~en~n~e~m~i,~é~d~itI~·o~ns~:LI~ · a~na~L~év~i.~ __________ ~ __ ~~~========~========~==========~~========~~~~~~~~~~:;~~~~~~ ~ ~N~a~Q~ef~H~aw~a~t~he~m~o~y~. ________________________________ ~ Il


lm-M COSMOPOLITESCONCERT. Blaque (black, prononcé àla Brésilienne) et tropical, Gilberto Gilrevient pour quatre jours à l'Olympia,avec ses grandes chemises à f<strong>le</strong>urs, sespail<strong>le</strong>ttes sur peau noire et sa guitare.Auteur compositeur, Gilberto est né àSalvador de Bahia, où il fut à l'origine<strong>du</strong> mouvement Tropicalia, en 1967, auxcôtés d'autres grands de la chansonbrésilienne, Maria Bethania, GalCosta, Caetano Velloso, qui voulaientdonner à <strong>le</strong>ur musique une touche pop,et une forte coloration « nordestine ».Puis, Gilberto Gil découvre ses racinesNADA. D'abord, on a dit « el<strong>le</strong>» enparlant d'eux. Puis, <strong>le</strong>s « Rita » ; On acru qu'el<strong>le</strong> était japonaise, ensuite sudaméricainequand el<strong>le</strong> chantait l'histoire<strong>du</strong> cancer de Marcia enveloppéedans une robe vinyl à f<strong>le</strong>urs, genre toi<strong>le</strong>cirée de cuisine. Lui, à voir comme ça,on jurerait qu'il est né avec un accordéondans <strong>le</strong>s bras. Mais non, c'est uneguitare.Bref, <strong>le</strong>s Rita Mitsouko ont <strong>du</strong> ta<strong>le</strong>nt.Avec No Comprendo, ils intro<strong>du</strong>isent lagouail<strong>le</strong>, la dérision dans la musiqueronron-rock française. Si vous <strong>le</strong>s avezratés sur scène, achetez <strong>le</strong>ur dernieralbum, c'est délicieusement éc<strong>le</strong>ctique.DNo Comprendo, Rita Mitsouko, Virgin.POUF. «Cet enregistrement purementbiologique a été conçu sans addition decolorant musical ». Voici intro<strong>du</strong>it Desproges,Pierre, enregistré en direct authéâtre Grévin, l'année dernière. Desclassiques, avec, pê<strong>le</strong>-mê<strong>le</strong>, des trouvail<strong>le</strong>sacides et des vannes nullardesdébitées sur l'air de « Je suis génial ».De Marguerite Duras« qui n'a pas écritque des conneries - si<strong>le</strong>nce - el<strong>le</strong> en aaussi filmé, aux juifs qui avaient unes--u s Q U EGilberto Gil,un grandde la musiquebrésilienneà l'Olympia.. noires, porte <strong>le</strong>s dreadlocks, retrouve <strong>le</strong>rythme des dia<strong>le</strong>ctes yoruba.En 1985, il passe au français. Impressionnépar la fête de SOS racisme à laConcorde, il compose un Touche pas àmon pote retentissant.Dans son dernier album, Em concerto,Gil dresse en direct, et avec ses chansons<strong>le</strong>s plus connues, un panorama de lamusique populaire brésilienne depuisplus de vingt ans. Le <strong>tout</strong>, seul avec saguitare. DGilberto Gil, à l'Olympia <strong>du</strong> 2 au 6 juinEm concerto, disque Ariola.certaine antipathie à l'égard <strong>du</strong> régimenazi, mais, enfin, ça n'était pas uneraison pour arborer une étoi<strong>le</strong>, pourmontrer qu'on était différent », des supermarchésaux portemanteaux, ascenceurset fêtes des mères qui nousempoisonnent la vie, Desproges joue ladérision. Et voilà un disque, Pouf Pouf,qu'on écoute (ce n'est pas évident pourun comique) en disant «Il est nul »,avec un grand rire de gorge. DPouf Pouf, Pierre Desproges, Polygram.CHAUD. Georges Moustaki a des in- 'vités: Les Etoi<strong>le</strong>s, Astor Piazzola,Maxime <strong>le</strong> Forestier. Cela donne deschansons colorées, bon enfant, espagno<strong>le</strong>s,haïtiennes, mélangées samba,valse, tango. Il a la voix chaude (pourun printemps pourri, ça colore), et lanoncha<strong>le</strong>nce décontractée. S'il l'étaitmoins, disent <strong>le</strong>s mauvaises langues, ilne se contenterait pas de tra<strong>du</strong>ire enfrançais des chants d'ail<strong>le</strong>urs, sansajouter une note. DJuju, Georges Moustaki. Blue Silver,Mélodie.VERONIQUE MORTAIGNEL'Afrique danseL · Afrique, multip<strong>le</strong>, immense parses richesses culturel<strong>le</strong>s jamais complètementdévoilées, ne se laisse pasuniformiser. Pourtant, la Maison descultures <strong>du</strong> <strong>monde</strong> a entrepris <strong>le</strong> pari detenter une définition de ce grand continent,en faisant venir 165 artistes desquatre coins de l'Afrique. L'Extra EuropeanArts Comittee et la Vil<strong>le</strong>tte sesont associés à cette exploration de troiszones de l'Afrique (la zone de languebantoue, la zone occidenta<strong>le</strong> et la zonesahélienne) à travers la musique, ladanse, <strong>le</strong>s masques, <strong>le</strong>s costumes ...• La Tanzanie sera représentée parl'ensemb<strong>le</strong> musical N'goma (1 , 2 et3 juin, 20 h 30) . Les longues trompettesd'ivoire traditionnel<strong>le</strong>s de cetteformation rappel<strong>le</strong>nt que <strong>le</strong> territoirefut une terre de pistage et de commerceintense de la matière précieuse. Chez<strong>le</strong>s Makondé <strong>du</strong> Sud-Est <strong>du</strong> pays, ladanse masquée la plus connue senomme Mapiku et fait intervenir destambours ouverts. Les danseurs suréchasses aux masques en bambou appartiennentéga<strong>le</strong>ment à cette tradition.• Le trait commun à la plupart des tribusde l'Ouganda (Rituels musicaux desBaganda et des Masaba " 5 et 6 juin,20 h 30) résidait dans l'existence demusiciens royaux, liée el<strong>le</strong>-même à lastructure politique, aux activités saisonnièreset aux pratiques rituel<strong>le</strong>s. Musiquevoca<strong>le</strong> , trompettes à embouchurecentra<strong>le</strong> et mouvements chorégraphiquesen cerc<strong>le</strong>s, spira<strong>le</strong>s etlignes caractérisant ces groupes.• Le Mozambique, récepteur d'influencearabe, indigène et portugaise,reste pourtant l'aire privilégiée de 4 sty<strong>le</strong>sd'ensemb<strong>le</strong> de xylophones(Ensemb<strong>le</strong>s musicaux et chœurs,' 12 et13 juin, 20 h 30). Ces ensemb<strong>le</strong>s alternentavec des formations de vio<strong>le</strong>s à unecorde, de Mbira (lamellophones logésdans des ca<strong>le</strong>basses). Les chœurs desfemmes qui <strong>le</strong>s accompagnent en unesorte de Jodel servent à appe<strong>le</strong>r <strong>le</strong>sesprits des ancêtres.• Le Rwanda, qui a connu de lointainesinfluences orienta<strong>le</strong>s, est composé pardes ethnies bantou et nilotique. En1976, des jeunes, éprouvant <strong>le</strong> besoinde perpétuer la tradition, ont fondé <strong>le</strong>groupe Amasimbi N'amakombe(14 juin à 17 heures et 15 juin à20 h 30). La grâce des danseuses n'ad'égal que <strong>le</strong> charme de <strong>le</strong>urs noms: <strong>le</strong>sSouriantes, <strong>le</strong>s Objets de louanges, <strong>le</strong>sInsurpassab<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s Radieuses ...• Le Gabon, avec <strong>le</strong>s danses de la forêtet de la savane (16, 17 et 18 juin,20 h 30) présente <strong>le</strong> Ngontang, ou rituelde jugement par un masque à 4 faces, <strong>le</strong>Mbouanda des Galoa avec <strong>le</strong>s danseurssur échasses à masques blancs, <strong>le</strong>scérémonies de <strong>le</strong>vée des Banzabi et <strong>le</strong>Djobi des guerriers Batéké, à la tête etau corps couverts de plumes éblouissantes.Les tambours à lèvres et <strong>le</strong>spercussions vertica<strong>le</strong>s rythment <strong>le</strong>s voixsuraiguës des femmes.• La Zambie regroupe que lque70 ethnies témoignant de sa richesse. -;~';culturel<strong>le</strong> (danses des Luva<strong>le</strong>, desTonga, des Kaonde, des Lozi et desLupula et rituels masqués des Makishi :19 et 20 juin, 20 h 30) . La musiquevoca<strong>le</strong> et la musique instrumenta<strong>le</strong>fonctionnent sur l'échel<strong>le</strong> heptatonique.Les masques particulièrement impressionnantsdes Makishi sont destinés àterrifier <strong>le</strong>s jeunes néophytes ! .. .• Les griots <strong>du</strong> Mali (21 juin à 17 heureset 22 juin à 20 h 30) représentent, dansune société sans écriture, <strong>le</strong>s dépositairesde l'histoire complète desmembres d'une famil<strong>le</strong>. Cette positionexceptionnel<strong>le</strong> sur <strong>le</strong> plan <strong>du</strong> savoir etde la paro<strong>le</strong> <strong>le</strong>ur confère une place depremier ordre dans la société.• Le Bembeya Jazz National (23 juin,20 h 30) représente un groupe mythiquedans la musique urbaine guinéenne.Le «son » de ce groupe estlargement dominé par <strong>le</strong>s cuivres, dont<strong>le</strong>s sonorités sucrées ne sont pas sansévoquer une lointaine parenté espagno<strong>le</strong>.La voix de Salif Kaba, avec ses tonalitéshaut perchées, fait <strong>pen</strong>ser aux sonoritésgriotiques mandingues. Le groupe deFodé Youla, dit Fodé Marseil<strong>le</strong>, qui sepro<strong>du</strong>it dans la même soirée, est quantà lui constitué de cinq percussionnistes.BERNARD GOLFIERCe festival se terminera avec deux grandsconcerts, <strong>le</strong>s 26 et 27 juin, à la GrandeHal<strong>le</strong> de La Vil<strong>le</strong>ue. Tous <strong>le</strong>s autresspectac<strong>le</strong>s se dérou<strong>le</strong>nt à la Maison descultures <strong>du</strong> <strong>monde</strong> (tél. " 45.44.72.30) .Le groupe tanzanien N'goma-,< '.' '+ .....Différences - nO' 68/69 - JlIinlJlIil<strong>le</strong>t 1987 . .''."':."0)' '


1<strong>le</strong>quarantième1 III 1FestivalWi Kuki Kaa est un acteur maori ;vraisemblab<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> premier acteurmaori venu à Cannes. Le jour de laprésentation de Ngati, dans <strong>le</strong> cadre dela Semaine internationa<strong>le</strong> de la critique,<strong>le</strong> ciel était agité par <strong>le</strong> mistral, <strong>le</strong>spalmiers courbaient <strong>le</strong>ur cimes sur lacroisette. Très sérieusement, Wi Kukiexpliqua qu'il n'était pas étonné derencontrer un ciel si tourmenté sur cetterive de la Méditerranée. Cette côte esthantée par l'esprit de <strong>tout</strong>es <strong>le</strong>s victimesdes innombrab<strong>le</strong>s batail<strong>le</strong>s qui ont marquéson histoire au temps des Romains etdes Carthaginois. Wi Kuki nous donnaitune interprétation maorie d'un universqu'il rencontrait pour la première fois.Cannes, au moment de son Festival <strong>du</strong>film, c'est aussi ce choc positif descultures.Sou<strong>le</strong>ymane Cissé dont on connaissaitdéjà Baara et Finye, a été l'acteurd'un événement. Son film, Yee<strong>le</strong>n(la Lumière) est , à ce jour, <strong>le</strong>premier film d'Afrique noire présentéen compétition à Cannes. C'est dire quenous attendions tous avec grand intérêt,et <strong>le</strong> film, et <strong>le</strong>s réactions qu'il susciterait.Yee<strong>le</strong>n est à la hauteur de l'événement; il marquera de son empreintel'histoire <strong>du</strong> cinéma africain. Yee<strong>le</strong>nretrace un parcours initiatique dansl'univers Bambara. C'est un film intemporelqui nous con<strong>du</strong>it au Mali, un paysgrand comme trois fois la France, unde CannesTombouctou. Yee<strong>le</strong>n c'est la mystiquebambara exprimée dans la confrontationentre un père et son fils, entrel'enfance et l'âge a<strong>du</strong>lte. Le jeuneNianankoro va recevoir <strong>le</strong> savoir magiquequi se transmet dans sa famil<strong>le</strong>depuis la nuit des temps. Son pèresupporte mal de voir son fils devenir sonégal. Pour échapper à la folie meurtrièrede son père, Nianankoro entrepren<strong>du</strong>n long voyage au cours <strong>du</strong>quel ilva acquérir <strong>le</strong>s éléments ultimes de laconnaissance. Au bout <strong>du</strong> voyage est laconfrontation irrémédiab<strong>le</strong> avec <strong>le</strong>père. Le film de Sou<strong>le</strong>ymane Cissé metà mal nos catégories européennes tant i<strong>le</strong>st diffici<strong>le</strong> de <strong>le</strong> comparer à une autreœuvre, de l'intégrer' dans <strong>le</strong> cerc<strong>le</strong>commode de nos critères cinématographiques.Il faudrait regarder <strong>du</strong> coté <strong>du</strong>Japon de Mizoguchi pour retrouver desémotions comparab<strong>le</strong>s à cel<strong>le</strong>s engendréespar Yee<strong>le</strong>n. Nous n'avons pas finide par<strong>le</strong>r de ce film phare.Le Burkina qui fut à l'honneur lors <strong>du</strong>lO e Fespaco à Ouagadougou faisait sonentrée à la Semaine internationa<strong>le</strong> de lacritique avec <strong>le</strong> premier long métraged'Idrissa Oudraogo Yam Daabo(<strong>le</strong> Choix).Yam Daabo c'est d'abord une. camérasolidement plantée sur la terre d'Afriqueet qui regarde en face <strong>le</strong> Sahel et sessécheresses, sa grande soif et ses aidesinternationa<strong>le</strong>s. Ce regard direct et sanscomplaisance donne un caractère hiératiqueet quasi documentaire au premiermouvement <strong>du</strong> film. Le sujet est graveen effet, c'est celui <strong>du</strong> nécessaire départ,de la coupure radica<strong>le</strong> avec laterre des ancêtres, un <strong>monde</strong> empreintde signes et de références fondamenta<strong>le</strong>s.Le choix que doivent opérer<strong>le</strong>s paysans mis en scène par IdrissaOuedraogo est plus émotif et culturelqu'économique ou politique; il estouverture à une nouvel<strong>le</strong> vie et reconstructiondes relations hommes-femmes,parents-enfants, anciens-jeunes. Avecbeaucoup de soup<strong>le</strong>sse et de libertédans l'expression cinématographique,ce jeune réalisateur burkinabé nouscon<strong>du</strong>it d'une zone aride à un territoirequasi édenique où va se définir, symboliquement,une autre approche <strong>du</strong> discoursamoureux: passage des terresocres et caillouteuses à un paysageverdoyant, découverte de l'eau quicou<strong>le</strong> en abondance, renaissance aulangage et au rire, au jeu.Point de discours convenu, donc, dansYam Daabo malgré l'universalité del'histoire d'amour contrarié qui s'ydéveloppe (un père « borné» un amoureuxjaloux et menaçant, un coup<strong>le</strong> àl'amour triomphant).Ngati : la naissance<strong>du</strong> cinéma maoriKapua semb<strong>le</strong> être un village <strong>du</strong> bout<strong>du</strong> <strong>monde</strong>, coincé entre falaise etocéan. Un vieux bus brinqueballant est<strong>le</strong> seul lien régulier avec la vil<strong>le</strong> desPakehas (<strong>le</strong>s blancs) ; <strong>le</strong>s habitants deKapua sont maoris et par<strong>le</strong>nt un anglaisbien à eux, une langue créo<strong>le</strong> née en1870 avec <strong>le</strong>ur défaite face à l'arméebritannique.La caméra pénètre dans un intérieurmaori. Un enfant est malade. Lesa<strong>du</strong>ltes entourent son lit et chantentune mélopée étonnante que l'on devined'inspiration religieuse. Un <strong>monde</strong> différentet mystérieux s'affirme à notreregard étranger. .. Le réalisateur BarryBarclay va nous faire oscil<strong>le</strong>r de manièrepermanente entre <strong>monde</strong> de l'intérieuret <strong>monde</strong> de l'extérieur.Ngati signifie tribu: c'est <strong>le</strong> lieu spiritue<strong>le</strong>t <strong>le</strong> lien à la terre qui dit l'identitémaorie. Ngati est <strong>le</strong> premier long métragede fiction écrit par un MaoriDifférences - nO' 68/69 - JuinlJuil<strong>le</strong>t 1987(Tama Poata) et réalisé par un Maori(Barry Barclay). Ces références donnentd'emblée <strong>le</strong> ton <strong>du</strong> film, sonrythme et son genre. On est loin, eneffet, d'un certain cinéma néo-zélandais(ou australien) qui a bâti sa réputationsur la vio<strong>le</strong>nce - de l'image et <strong>du</strong>montage -. Barry Barclay a décidé deretourner aux sources <strong>du</strong> renouveauculturel maori ; pour cela il situe sonfilm en 1948, une période qui vit naîtreun large mouvement de réaffirmationde l'identité des premiers occupants dela Nouvel<strong>le</strong>-Zélande. Ngati est doncrecherche et questionnement; référenceà l'expression traditionnel<strong>le</strong> desMaoris mais aussi à la nécessaire intégration<strong>du</strong> langage cinématographiquedans <strong>le</strong>ur culture actuel<strong>le</strong>.Une tel<strong>le</strong> démarche n'est pas seu<strong>le</strong>mentesthétique; el<strong>le</strong> s'est tra<strong>du</strong>ite dans <strong>le</strong>smois qui ont précédé <strong>le</strong> tournage deNgati par la formation aux métiers del'image . d'une dizaines de jeunesMaoris. Certains d'entre eux figurentau générique <strong>du</strong> film. Rien d'étonnant àcela puisque <strong>tout</strong>e l'équipe <strong>du</strong> film(scénariste, réalisateur mais aussi pro<strong>du</strong>cteur)est engagée dans la causemaorie.Le rêveaméricainOn par<strong>le</strong> souvent des jeunes auteurs <strong>du</strong>Tiers <strong>monde</strong> qui vivent en Occident ;parfois pourtant des auteurs consacréss'exi<strong>le</strong>nt, par choix, par nécessité économique,par goût de l'errance créatriceaussi. Louis Mal<strong>le</strong> entre peut-êtredans ces trois catégories à la fois. Ilproposait dans <strong>le</strong> cadre de la section Uncertain regard un documentaireconsacré aux immigrants actuels auxEtats-Unis: La poursuite <strong>du</strong> bonheur.Il est loin <strong>le</strong> temps <strong>du</strong> Melting-potfécondant et fondateur de l'Amérique<strong>du</strong> Nord. Aujourd'hui <strong>le</strong>s derniers arrivantsse fixent par communautés dansdes zones urbaines précises : Cubains àMiami, Vietnamiens à Houston, etc.Les rêves des exclus <strong>du</strong> tiers <strong>monde</strong>viennent se cogner contre ceux desexclus de l'American way of life. LouisMal<strong>le</strong> a saisi de l'intérieur et sansvoyeurisme <strong>le</strong>s facettes multip<strong>le</strong>s de cesmigrants assoiffés de réussite socia<strong>le</strong>. Ilbrosse une série de portraits cha<strong>le</strong>ureuxet humains, surprenants souvent, critiquesparfois. Comme il <strong>le</strong> fit brillammentdans God's country (à propos del'univers rural américain) Louis Mal<strong>le</strong>,encore une fois, nous invite à uneplongée en profondeur dans <strong>le</strong>s paradoxescontemporains <strong>du</strong> mythique nouveau<strong>monde</strong>.Pierre et Djamila a provoqué destempêtes dans <strong>le</strong> Bunker cannois, etbien au-delà des terrasses des cafés quepeup<strong>le</strong>nt entre deux séances <strong>le</strong>s festivaliershagards. Ici Mohamed LakhdarHamina apostrophe Gérard Blain, là unjournaliste de Mosaïque polémiquefermement avec un collègue <strong>du</strong> Quotidiende Paris ... Pierre et Djamila est uneversion moderne de Roméo et Juliette.Les Capu<strong>le</strong>t sont algériens, <strong>le</strong>s montaigufrançais, ou vice et versa. L'histoiren'en baigne pas pour autant dansl'innocence des amours ado<strong>le</strong>scentes,encore moins dans la sérénité.Le film par qui<strong>le</strong> scanda<strong>le</strong> arriveLe cinéma d'abord. Le film n'est paspassionnant; il est même, en maintsendroits, ennuyeux et froid. Le discoursensuite. Il émane au départ <strong>du</strong> scénarioet on ne saurait, quel<strong>le</strong> que soit l'estimeque l'on porte pour l'œuvre de GérardBlain, ignorer la personnalité de l'un deses auteurs, à savoir Michel Marmin,fondateur <strong>du</strong> Club de l'horloge etzélateur convaincu de la nouvel<strong>le</strong>droite. Le résultat c'est un film fascinépar l'intégrisme religieux, celui <strong>du</strong> frèreainé de Djamila qui confond à l'évidencesauvegarde de son identité etconservatisme castrateur. Au-delà desdeux jeunes et de <strong>le</strong>ur touchante histoired'amour, s'affirme un discoursmystificateur sur <strong>le</strong>s relations interculturel<strong>le</strong>sdans la France d'aujourd'hui etsur l'avenir des jeunes issus de l'immigration.Pour Gérard Blain dans Pierreet Djamila, deux sociétés existent, quiau fond ne peuvent se mê<strong>le</strong>r.Mieux, ce sont <strong>le</strong>s Algériens qui prônent<strong>le</strong> retour au pays comme seu<strong>le</strong>solution qui semb<strong>le</strong> fasciner <strong>le</strong> réalisateur.De là à dire qu'il n'y a de bonsAlgériens qu'en Algérie, <strong>le</strong> pas peutêtre franchi. On voit poindre <strong>le</strong> discoursd'un ex-lieutenant de l'armée françaiseen Algérie et aujourd'hui candidat auxé<strong>le</strong>ctions présidentiel<strong>le</strong>s.Les propos sur. <strong>le</strong>s mariages mixtes, laplace de la femme dans <strong>le</strong>s sociétésmusulmanes (en immigration ou dans<strong>le</strong>s pays d'origine), la question incontournab<strong>le</strong>des mariages forcés, relèventd'analyses et d'engagement sérieux quine sont pas pris en compte dans <strong>le</strong> filmde Gérard Blain. Cet auteur dontl'œuvre et <strong>le</strong>s engagements antiracistespassés ne sont pas contestab<strong>le</strong>s, s'estpourtant bel et bien trompé ; il apporteaujourd'hui de l'eau au moulin de ceuxqui ont compris qu'un racisme primaireanti-immigrés ne paye plus autantqu'auparavant. C'est navrant et dangereux.DJEAN-PIERRE GARCIA


LE TOUR DU MONDE ENQUATRE- VINGTS HEURESEt pour moins de mil<strong>le</strong> francs: c'est l'occasion que nous vous offons avec ces romans <strong>du</strong><strong>monde</strong> entierOù partir en vacances ? ... Voyons,réfléchissons, la question est épineuse.C'est qu'il ne s'agit pas d'al<strong>le</strong>r n'importeoù et de faire profiter n'importequel petit dictateur de ses bel<strong>le</strong>s devises.Allons, allons, il faut un minimumde conscience politique ... Alorsvoilà, Messieurs, Mesdames, moi, pourmoins de mil<strong>le</strong> francs, je vous proposeun superbe voyage autour <strong>du</strong> <strong>monde</strong>, <strong>le</strong><strong>tout</strong> sans quitter votre chambre! Pendantce voyage, vous découvrirezl'Europe, l'Asie, l'Amérique et biend'autres choses encore. Alors, attention,bouc<strong>le</strong>z vos bagages, on part!Première destination : <strong>le</strong> vaste continentafricain. Le choix abonde et beaucoupde pays seront visités. Commençonsavec un voyage dans <strong>le</strong> temps etdans l'espace avec <strong>le</strong> roman de TchicayaU Tam'si, Ces fruits si doux de l'arbre àpain ou <strong>le</strong> Congo dans <strong>le</strong>s annéessoixante, juste après la colonisation.L'Afrique hésite entre tradition et modernisme.Le juge Raymond Poaty estun juge honnête et un père de famil<strong>le</strong>traditionnel. Soudain, il se retrouveconfronté à un crime qui tient <strong>du</strong>sacrifice rituel et de la magie. Quedoit-il faire? N'est-ce pas trahir destraditions et des croyances qui lui sontproches que de s'occuper de cetteaffaire hors <strong>du</strong> commun? Avec unlangage haut en cou<strong>le</strong>ur, trucu<strong>le</strong>nce,humour et poésie, Tchicaya U Tam'sinous brosse <strong>le</strong> portrait de la sociétéafricaine en p<strong>le</strong>ine mutation, au sortirde la décolonisation.Pour ceux qui n'aimént pas voyagersans une sérieuse documentation, Denoëlvient de publier deux essais fortintéressants. Saint-Louis <strong>du</strong> Sénégal deJean-Pierre Bondi fait revivre dans <strong>le</strong>détail cette ancienne capita<strong>le</strong> <strong>du</strong> Sénégal,supplantée aujourd'hui parDakar. Depuis plus de trois sièc<strong>le</strong>s,Saint-Louis a joué un rô<strong>le</strong> des plusimportants dans l'histoire <strong>du</strong> Sénégal.André Picciola, lui, a choisi un autrethème pour nous par<strong>le</strong>r de l'Afrique dela colonisation: Missionnaires en Afrique- 1840-1940. Quel fut <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> exactjoué en ue occidenta<strong>le</strong> par <strong>le</strong>s.. ~Missions de Lyon, <strong>le</strong>s Pères <strong>du</strong> Saint­Esprit et <strong>le</strong>s Pères Blancs ? Commentces missionnaires modifièrent-ils <strong>le</strong>comportement de l'homme africain?Et quel<strong>le</strong>s furent donc <strong>le</strong>s réactions deRome ? André Picciola a <strong>le</strong> mérite derépondre avec clarté à <strong>tout</strong>es ces questionsquelquefois bien embarrassantes.Le continent africain sans Wo<strong>le</strong>Soyinka ne serait probab<strong>le</strong>ment pas<strong>tout</strong> à fait <strong>le</strong> même. Avec <strong>le</strong>s Interprètes,<strong>le</strong> dernier prix Nobel nousemmène à Lagos, grande vil<strong>le</strong> africaine,capita<strong>le</strong> <strong>du</strong> Nigéria, haut-lieu de l'Afriqueen p<strong>le</strong>ine mutation, vil<strong>le</strong> confrontéeau modernisme. Les personnages deWo<strong>le</strong> Soyinka évoluent dans un <strong>monde</strong>qui se modifie à <strong>tout</strong> allure. Mais àforce de se modifier, de « progresser »,ne perd-on pas, peut à peu, la signification<strong>du</strong> <strong>monde</strong> même et <strong>le</strong>s clés quipermettent de décrypter la réalité? Le<strong>monde</strong> ne devient-il pas terrib<strong>le</strong>mentabscons et <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> des interprètes n'est-ilpas d'essayer de donner un sens à cetteréalité qui, tel<strong>le</strong> un puzz<strong>le</strong>, semb<strong>le</strong>éclater dans <strong>tout</strong>es <strong>le</strong>s directions ?Il est des pays qu'il vaut mieux découvrirpar la <strong>le</strong>cture que par <strong>le</strong> voyage.Inuti<strong>le</strong> d'insister, mon charter ne vousemmènera pas en Afrique <strong>du</strong> Sud.L'Afrique Blanche de Pierre Haski nousdonne <strong>le</strong>s moyens de comprendre, et cedepuis <strong>le</strong>s débuts de la colonisation, <strong>le</strong><strong>pourquoi</strong> et <strong>le</strong> 'comment de l'apartheid,la « forteresse blanche » ainsi que « lalongue marche <strong>du</strong> nationalisme noir ».Sept misèresQuittons maintenant l'Afrique pourl'Inde. Oupra de Laxman Mané est <strong>le</strong>premier livre jamais écrit par un Kaikadi,caste proche des Intouchab<strong>le</strong>s.Laxman Mané nous conte l'histoired'un enfant Kaikadi et son combatincessant pour <strong>le</strong> droit aux études puis<strong>le</strong> droit au mariage hors-caste et sonrêve d'accéder enfin à la dignitéd'homme à part entière. Si ce romanpeut paraître quelquefois un peu maladroit,il n'en demeure pas moins untémoignage bou<strong>le</strong>versant sur la viemisérab<strong>le</strong> des Intouchab<strong>le</strong>s en Inde(voir pages suivantes).Les Antil<strong>le</strong>s sont éga<strong>le</strong>ment représentées.N'oublions pas <strong>le</strong> très beau livrede Patrick Chamoise au paru au débutde l'année: Chronique des sept misères.Fort-de-France et ses marchés qui disparaissentaprès avoir connu une périodefaste. Et avec la disparition desmarchés c'est <strong>tout</strong> un petit peup<strong>le</strong> quimeurt peu à peu, ses légendes et sestraditions qui sombrent dans l'oubli. Ledjobeur (portefaix retribué par uneclientè<strong>le</strong> de vendeuses) est <strong>le</strong> personnageindis<strong>pen</strong>sab<strong>le</strong>, l'âme même <strong>du</strong>marché. Pendant que <strong>le</strong> marchésomno<strong>le</strong> dangereusement pour, sansdoute, ne jamais se réveil<strong>le</strong>r, Pipi, <strong>le</strong> roides djobeurs est parti à la recherche -par désespoir d'amour - <strong>du</strong> dangereuxtrésor d'Afoukal.. . Drô<strong>le</strong> et tragique,Chronique des sept misères devrait êtreexigé dans <strong>le</strong>s valises de <strong>tout</strong> voyageurqui met, ne fût-ce que <strong>le</strong> bout <strong>du</strong> pied,en Martinique.Paru fin 1986, <strong>le</strong> livre de Maryse CondéMoi, Tituba, sorcière noire de Sa<strong>le</strong>mdébute éga<strong>le</strong>ment aux Antil<strong>le</strong>s, à laBarbade plus précisément. Tituba ou lasorcière oubliée de Sa<strong>le</strong>m qui, emmenéeen esclavage de la Barbade auvillage de Sa<strong>le</strong>m finira par retournerpour <strong>le</strong> meil<strong>le</strong>ur et pour <strong>le</strong> pire dans son'î<strong>le</strong> nata<strong>le</strong> ...Après ces deux intermèdes, revenons àl'actualité littéraire et <strong>pen</strong>sons à ceuxqui fatigués, éreintés par une année quin'a rien de lumineux aimeraient bien sedistraire. A ceux qui, férus d'aventuresne peuvent concevoir des vacances sansrêver de bandits, de chercheurs d'or, degrands espaces désolés et d'exotisme ...10/18 a eu la bonne idée de rééditerquelques romans <strong>du</strong> mystérieux Travendont <strong>le</strong> célèbre Trésor de la SierraDifférences - n'" 68/69 - Juin/Juil<strong>le</strong>t 1987Madre, roman à lire sans arnere<strong>pen</strong>sée,comme un pur roman d'aventures.Le Mexique et ses chercheursd'or, l'homme et la solitude, un trésorqui existe mais qui n'est que mirageavec, en prime, <strong>le</strong> regard désabuséd'Humphrey Bogart en couverture,dans <strong>le</strong> non moins célèbre film de JohnHuston adapté de ce roman. A dévorerd'une seu<strong>le</strong> traite et avec beaucoup deplaisir.A ceux enfin que la seu<strong>le</strong> idée devoyager et de prendre l'avion rendmalades, nous proposons une promenadeérotique et sensuel<strong>le</strong> dans Pariset plus spécia<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s 18 et 20 earrondissements. Habibi de Gil<strong>le</strong>sLeroy est une histoire d'amour, amourvio<strong>le</strong>nt et tragique entre un jeune juif etun jeune arabe. Ce qui aurait pu êtrescabreux ou banal devient évident etnous par<strong>le</strong> de notre condition à tous.Habibi est <strong>le</strong> premier roman de Gil<strong>le</strong>sLeroy. Un écrivain est né! Tout <strong>le</strong><strong>monde</strong> descend. Nous espérons quevous passerez un agréab<strong>le</strong> séjour !DJOELLE TAVANOCes fruits si doux de l'arbre à pain, deTchicaya U'Tamsi, éd. Seghers.Saint-Louis <strong>du</strong> Sénégal. Mémoires d'unmétisse, de Jean-Pierre Biondi, éd. Destinscroisés/ Denoël.Missionnaires en Afrique 1840/1940, deAndré Picciola. Destins Croisés/ Denoël.Les Interprètes, de Wo<strong>le</strong> Soyinka. Présenceafricaine.L'Afrique Blanche, de Pierre Haski, éd.<strong>du</strong> Seuil.Oupra, de Laxman Mané, éd. MarenSelf et Cie.Chronique des sept misères, de PatrickChamoiseau, éd. Gallimard.Moi, Tituba, sorcière noire de Sa<strong>le</strong>m, deMaryse Condé, éd. Mercure de France.La Révolte des <strong>pen</strong><strong>du</strong>s, Le Trésor de laSierra Madre, Le Vaisseau des morts, LaCharrette, de Traven, 10/18, domaineétranger.Habibi, de Gil<strong>le</strong>s Leroy, éd. Michel deMau<strong>le</strong>.REVISIONS. Petit livre écrit en unlangage très clair, <strong>le</strong> Tiers <strong>monde</strong>,d'Henri Rouilé d'Orfueil rend accessib<strong>le</strong>des notions, des schémas, desrepères historiques dont nous sommesamenés à entendre par<strong>le</strong>r sans pouvoirprécisément <strong>le</strong>s situer.L'auteur explique l'origine <strong>du</strong> concept,la formation <strong>du</strong> tiers <strong>monde</strong>, en fait uneprésentation géographique et économique.Exposant <strong>le</strong> défi démographique qui estposé aujourd'hui, il souligne justementque la progression démographique,dans <strong>le</strong>s années à venir, sera <strong>le</strong> fait despays <strong>du</strong> Sud, <strong>le</strong>s pays européens étantappelés à ne plus représenter que 10 %de la population mondia<strong>le</strong>, même si,aujourd'hui, <strong>le</strong> phénomène d'expansiondémographique dans <strong>le</strong> tiers <strong>monde</strong>tente à se stabiliser.L'équilibre diffici<strong>le</strong> entre la croissanceéconomique et <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> démographiquedans ces pays a une incidencedirecte sur l'exutoire que constituel'immigration internationa<strong>le</strong> ou interne.Il explique éga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> phénomène defaim dans <strong>le</strong> <strong>monde</strong> qu'il décrit et pour<strong>le</strong>quel il envisage un certain nombre desolutions, notamment par la modernisationdes agricultures et la lutte contrel'érosion.Il pose éga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s éléments <strong>du</strong> débatconcernant l'in<strong>du</strong>strialisation <strong>du</strong> tiers<strong>monde</strong> et analyse ces recherches devoies origina<strong>le</strong>s dans la situation diffici<strong>le</strong>que constitue la crise aujourd'hui.Il rappel<strong>le</strong>, en effet, que si, à partir de1945, l'expansion de l'in<strong>du</strong>strie au Norda amené à rechercher à l'extérieur denouveaux travail<strong>le</strong>urs et de nouveauxdébouchés, depuis 1981-1986, la vio<strong>le</strong>nterestructuration de l'économiemondia<strong>le</strong> s'opère par un surcroît deprotectionnisme décidé au Nord, et unsurcroît de libéralisme imposé au Sud,en sorte que <strong>le</strong>s pays <strong>du</strong> tiers <strong>monde</strong> quiavaient tenté l'aventure de l'in<strong>du</strong>strialisationse retrouvent aujourd'hui tota<strong>le</strong>mentendettés et insolvab<strong>le</strong>s. 0GEORGE PAU-LANGEVIN


IlNous avons demandé à quelques spécialistes de l'immigration <strong>le</strong>ur choix pours'instruire <strong>pen</strong>dant <strong>le</strong>s vacances.Pierre George, membrede l'Institut, ancien professeurde géographie à laSorbonne, auteur d'unpetit Que sais-je ? sur <strong>le</strong>smi g rat ion sin ter n a­tiona<strong>le</strong>s, paru en 1979,vient de publier unouvrage intitulé L'immigration enFrance, faits et problèmes, dont <strong>le</strong>sprincipaux mérites sont la clarté, laconcision, la qualité de la présentation,notamment <strong>le</strong>s cartes de lapopulation, et <strong>le</strong>s références documentairesbien à jour.Ouvrage de géographie, il souligne<strong>le</strong> fait que derrière <strong>le</strong>s statistiquesnationa<strong>le</strong>s plutôt «rassurantes» (laproportion de population étrangèreen France n'est guère supérieure à cequ'el<strong>le</strong> était il y a cinquante ans)apparaissent de grandes disparitésentre <strong>le</strong>s régions, <strong>le</strong>s vil<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s quartiers,<strong>le</strong>s professions. Au·point qu'onpeut se demander si on ne glisse pasvers la constitution de minoritésallogènes à l'intérieur d'une sociétémultinationa<strong>le</strong>. Un exposé détaillé etbien illustré par des cartes de l'implantationdes populations de différentesorigines dans différentes vil<strong>le</strong>scon<strong>du</strong>it l'auteur à une analyse, troprapide cel<strong>le</strong>-là, des problèmes delogement et de scolarisation.Gérard Fuchs, député socialiste etancien président de l'Office nationalde l'immigration a choisi un titre etun dessin de couverture plus provocants: Ils resteront, <strong>le</strong> défi de l'immigration,avec un dessin de Plantureprésentant un travail<strong>le</strong>ur immigréassis dans <strong>le</strong> vide, <strong>le</strong>s deux piedsécartelés entre deux chaises dont <strong>le</strong>sdossiers représentent la France etl'Afrique. Dès la première page, <strong>le</strong>Camus affirmant qu'il ne croitqu'aux différences, car el<strong>le</strong>s sont« <strong>le</strong>s racines sans <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s l'arbre dela liberté, la sève de la création et dela civilisation se déssèchent ».Réponse aux fantasmes sur <strong>le</strong>squelss'appuie la propagande <strong>du</strong> Frontnational et <strong>le</strong> racisme, l'ouvrages'attaque de front aux problèmes <strong>le</strong>splus actuels : <strong>le</strong>s difficultés de vivreensemb<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s impasses de la politiquegouvernementa<strong>le</strong> actuel<strong>le</strong>.Gérard Fuchs conclut son livre ensoulignant l'importance et <strong>le</strong>s limites<strong>du</strong> rô<strong>le</strong> de l'Etat, des institutionsd'aide et des organisations de solidaritéet en faisant ressortir <strong>le</strong> rô<strong>le</strong>décisif d'une prise en main, par <strong>le</strong>simmigrés eux-mêmes, et <strong>le</strong>urs enfants,de <strong>le</strong>ur destin. Le défi del'immigration appel<strong>le</strong> en réponseune politique d'intégration de l'ensemb<strong>le</strong>des exclus de notre société.Beaucoup des observations et desconclusions de l'auteur rejoignentnotre propre réf<strong>le</strong>xion.Notons enfin, pour terminer cettechronique, <strong>le</strong> manuel intitulé Droitde l'immigration publié par ChristianN'guyen Van Yen, maître de conférenceà l'Institut d'études politiquesde Paris. Un ouvrage de référence, àjour des derniers textes, excel<strong>le</strong>ntinstrument de travail pour ceux quiveu<strong>le</strong>nt défendre <strong>le</strong>s immigrés contre<strong>le</strong>s pratiques souvent arbitraires desadministrations. DDOMINIQUE LAHALLEL'immigration en France, faits etproblèmes, P. George, éd. ArmandColin.Ils resteront, <strong>le</strong> défi de l'immigration,G. Fuchs, éd. Syros.Droit de l'immigration, C. N'guyenMETAPHORE.Ezzedine Mestiripropose une approche de l'autre au sens<strong>le</strong> plus vaste <strong>du</strong> terme; celui qui estdifférent: l'immigré, <strong>le</strong> tiers-<strong>monde</strong>étranger à notre richesse, nous-mêmesétrangers pour l'étranger etc. ; car noussommes tous l'autre de quelqu'un ettous des immigrés; cet ouvrage <strong>le</strong>démontre remarquab<strong>le</strong>ment. Sé<strong>du</strong>isantcroisement de parcours personnel, oùl'auteur nous livre son expérience d'immigrénord-africain en France, avec unessai de démonter la machine inferna<strong>le</strong>aux noms divers - racisme, xénophobie,intolérance - qui tente de nier l'autre.Témoignages personnels, informationscientifique, culturel<strong>le</strong>, socio-économique.. . Ce livre englobe <strong>le</strong> problème,c'est ce qui fait son poids.Les pages s'ouvrent sur l'auteur,jeune Tunisien au regard tourné del'autre côté de la Méditerranée. LaFrance, c'est son Amérique à lui. Il_ part. Rêves et mirages éclatent contrela <strong>du</strong>re réalité. Bou<strong>le</strong>versement ; il estpris à la gorge, pour cib<strong>le</strong>. Il écrit sonquotidien, celui de ses frères immigrés,victimes de l'indifférence, de l'égoïsmeet même d'une haine trop souventmeurtrière. Alors face à cet abîme, <strong>le</strong>vertige et <strong>le</strong> besoin de comprendre etd'expliquer <strong>le</strong> mal.L'auteur apporte <strong>le</strong>s témoignages denombreuses personnalités : généticien,philosophe, juristes, sociologues, économistes,démographes, biologistes,écrivains; des hommes de terrain:médecins, enseignants et politiquesainsi que des hommes d'église. A.Jacquard, P. Tort, Casamayor, D. Langlois,P. Seguin, A. Sauvy, J. Ruffié, R.Escarpit, B. Clavel, H. Bazin, R. Ikor,Mgr Delaporte et beaucoup d'autres.DELISABETH CHIKHAA propos de l'autre. L'Immigré commemétaphore, d'Ezzedine Mestiri. EditionsBayardère.QUESTION BRULANTEDeux ouvrages de référence qui viennentde sortir, à l'usage des militants del'immigration: <strong>le</strong> dossier <strong>du</strong> <strong>MRAP</strong> sur laLoi de 1972, dite loi contre <strong>le</strong> racisme(<strong>MRAP</strong>, 48.06.88.00) et l'ouvrage col<strong>le</strong>ctifsur <strong>le</strong> Code de nationalité paru chezL'Harmattan (43.54.79.10), seul à faire<strong>le</strong> point sur cette question brûlante. D~~~t~o~n~e~s~t~d~o~n~n~é~:~u~n~e~cl~'ta:t~io~n~d~'A~lb~e~rt~~~~a:n~~:en~,~éd:.~P~U~F~. ______________ ~============================~LES DAMNES DE L'/NDETémoignage poignant sur la condition des tribaux en Inde, Oupra, de laxman Mane, estdevenu <strong>le</strong> symbo<strong>le</strong> de cinquante millions d'exclus en lutte pour <strong>le</strong>urs droits civiques. Ilnous en par<strong>le</strong>.Différences: Laxman Mane, Oupra,c'est vous?Laxman Mane: Oui c'est moi, c'est lavie de ma famil<strong>le</strong>, de ma tribu sans fard,ni honte. Il faut que <strong>le</strong> <strong>monde</strong> sache quenous vivons comme des animaux et c'estpour retrouver ma dignité d'hommeque j'ai écrit ce livre.Vous venez d'accomplir une marche deprotestation en Inde.L. M. : Nous sommes partis de l'est <strong>du</strong>Maharashtra jusqu'à Bombay, parcourant1 500 km en 45 jours. Je menais ce ~groupe d'une centaine de marcheurs ~avec différents chefs de tribu. Notre but ~était de faire prendre conscience aux ~membres des tribus de <strong>le</strong>urs droits. Ons'arrêtait dans <strong>le</strong>s villages et on s'adressaità la population.Nos revendications sont: <strong>le</strong> droit devote, <strong>le</strong> droit d'avoir une résidence fixeet <strong>le</strong> droit au travail, nous voulonsbénéficier de la protection que laConstitution nous accorde.A combien s'élève la population triba<strong>le</strong> enInde?L. M. : Environ 45 à 50 millions. AuMaharashtra, il y a 42 tribus quiregrou<strong>pen</strong>t 8 millions de personnes.Ces populations vivent pour la plupartdans <strong>le</strong>s montagnes comme <strong>le</strong>s Bhils,mais certaines tribus descendent àproximité des villages pour survivre.Ma tribu, <strong>le</strong>s Kaikadi, fabrique desobjets de vannerie. Nous jouons ausside la musique <strong>pen</strong>dant <strong>le</strong>s mariages. Cesont <strong>le</strong>s femmes qui se chargent <strong>du</strong> troc.Si cela ne suffit pas, el<strong>le</strong>s mendient.Beaucoup vivent ainsi de mendicité.Ces tribus nomades - il y en a 28 auMaharashtra - ne sont pas intégréesdans <strong>le</strong> système des castes (assimiléesaux intouchab<strong>le</strong>s), mais comme el<strong>le</strong>sont quitté <strong>le</strong>s montagnes, el<strong>le</strong>s sontéga<strong>le</strong>ment sorties <strong>du</strong> système des tribus,sédentaires. .Mendiants-nomades, el<strong>le</strong>s sont complètementen marge et repoussées mêmepar <strong>le</strong>s intouchab<strong>le</strong>s, qui eux font partiede la société villageoise. C'est <strong>pourquoi</strong>el<strong>le</strong>s ne sont répertoriées nul<strong>le</strong> part et<strong>le</strong>urs membres ne sont même pas comptabilisésdans la population indienne.Ces tribus ont <strong>le</strong>ur propre gouvernement: <strong>le</strong> conseil de tribu ...Différences - nO' 68/69 - JuinlJuil<strong>le</strong>t 1987Vous êtes <strong>le</strong> chef de votre tribu ou l'un desmembres de son conseil ?L. M. : Non. Le conseil m'a mêmeexclu deux fois de la tribu. La premièrefois parce que je me suis marié avec unefemme de caste supérieure, une Kshatriya(2). Les règ<strong>le</strong>s de la tribu imposentà ses membres de se marier au sein de lacommunauté. J'ai donc été banni avec<strong>tout</strong>e ma famil<strong>le</strong>. Plus personne nevenait nous rendre visite, ne mangeaitavec nous. Un jour mon onc<strong>le</strong> vint mesupplier d'al<strong>le</strong>r demander pardon auconseil parce que plus une fil<strong>le</strong> dansnotre famil<strong>le</strong> ne pouvait se marier. I<strong>le</strong>xiste une clause d'adoption dans latribu, alors je suis allé trouver <strong>le</strong> consei<strong>le</strong>t j'ai fait adopter ma femme, puis jeme suis remarié avec el<strong>le</strong>, mais cettefois selon <strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>s de la tribu.La seconde fois, c'est à la suite de laparution de Oupra. Il est tabou d'apprendreà lire et à écrire et sur<strong>tout</strong> dedévoi<strong>le</strong>r nos règ<strong>le</strong>s, comment se règ<strong>le</strong>nt<strong>le</strong>s mariages, <strong>le</strong>s divorces ...Le conseil régit la vie de <strong>tout</strong>e la tribu,décide qui va mendier dans tel ou telvillage, combien de temps ils y resteront,qui chantera, qui jouera de lamusique et quand se fera <strong>le</strong> grandrassemb<strong>le</strong>ment annuel. A l'occasion dela grande fête à la Déesse, on égorgedes milliers de chèvres. On peut aussihypothéquer et vendre <strong>le</strong>s femmes auxquel<strong>le</strong>sla vie triba<strong>le</strong> ne concède nihonneur ni respect. Ce<strong>pen</strong>dant, <strong>le</strong>sfemmes ont <strong>le</strong> droit de divorcer si <strong>le</strong>conseil entérine cette décision.La Constitution reconnaît <strong>le</strong>s tribus?L. M. : Oui, comme sche<strong>du</strong><strong>le</strong>d cast(intouchab<strong>le</strong>s et tribaux), mais, dans <strong>le</strong>sfaits, ces lois ne prennent en compteque <strong>le</strong>s intouchab<strong>le</strong>s. Pour nous,nomades, ce sont des mots qu'aucunacte ne suit.Echappant au recensement nous nevotons même pas, c'était une des raisonsde cette marche, inciter <strong>le</strong>s gens àal<strong>le</strong>r s'inscrire sur <strong>le</strong>s listes, qu'ilsconnaissent <strong>le</strong>urs droits.En 1860, après la révolte des Cipayes,<strong>le</strong>s Anglais ont liquidé <strong>le</strong>s dernierspetits royaumes indé<strong>pen</strong>dants et <strong>le</strong>sterritoires contrôlés par <strong>le</strong>s tribus quirestaient autonomes. El<strong>le</strong>s ont résistéaux Britanniques qui, en 1871, votèrentun « criminal act» (loi sur <strong>le</strong>s criminels),jugeant comme criminel<strong>le</strong>s <strong>le</strong>stribus qui <strong>le</strong>ur opposaient une résistance.Tous <strong>le</strong>s gens de la tribu devenaientcriminelsde père en fils. LesKaikadi qui vivaient alors au TamilNa<strong>du</strong> ont été déportés dans des campsau Maharashtra.Une centaine de tribus a été déplacéede cette manière d'un bout à l'autre del'Inde. Nous avons été astreints par lasuite à un contrô<strong>le</strong> policier très serré.Les tribus nomades devaient se déclarerdès <strong>le</strong>ur arrivée dans un village àl'autorité colonia<strong>le</strong>. Il nous fallait l'autorisationde la police pour quitter <strong>le</strong>slieux, el<strong>le</strong> re<strong>le</strong>vait trois fois par jour nosempreintes digita<strong>le</strong>s. Cette loi a étéabrogée en 1951, el<strong>le</strong> nous considéraitcomme des assassins et des mendiants.Faites-vous partie d'une organisation?L. M. : Je dirige une association pour ladéfense des droits des tribaux et je suismembre <strong>du</strong> Cast Seva DaI (mouvementpour l'abolition des castes). Ce mouvementveut é<strong>du</strong>quer <strong>le</strong>s enfants et s'adresseà eux. Nous allons dans <strong>le</strong>svillages, réunissons <strong>le</strong>s enfants et discutonsavec eux. Nous essayons de fairetomber <strong>le</strong>s barrières de castes. DInterview recueillie et tra<strong>du</strong>ite <strong>du</strong> hindi parRICHARD GARCIAOupra, de Laxman Mane, éd. MarenSell & Cie.(1) Deuxième grande caste dans la hiérarchie, <strong>le</strong>s 1Kshatriya sont <strong>du</strong> statut guerrier.


IlAGENDAau 17 juin, Eastern spaghetti,1 présentation de pièces de théâtre,groupe de musiques, troupes de cabarets etde danse venues <strong>du</strong> Japon à la Maison de laculture de Bobigny. Rens. au 48.31.11.45.3Pendant cinq jours, Nîmes se met enmusique. Pour cette Feria 87, unprogramme de choix : <strong>du</strong> flamenco-rock(Ricky Amigos) de la salsa (gagna-Brava),des vedettes: Dédé Saint-Prix, GilbertoGil, et Doudou N'Diaye Rose, une éco<strong>le</strong> desamba, <strong>du</strong> steel-band et des groupesfrançais. A Nîmes, toujours, mais en juil<strong>le</strong>t,<strong>du</strong> 15 au 20, un festival de jazz, avec DexterGordon, Gil<strong>le</strong>s Pie et Lavilliers. Gâtés <strong>le</strong>sNîmois ...3De juin jusqu'au 13 juil<strong>le</strong>t, Sorciers etguerriers <strong>du</strong> Japon antique, <strong>le</strong>s Haniwade Shibayama, au Grand Palais, uneexposition organisée par la Maison descultures <strong>du</strong> <strong>monde</strong> qui montre des figurinesjaponaises de terre cuite datant des débutsde notre ère. L'exposition sera ensuitevisib<strong>le</strong> à Nice. Rens. au 45.44.72.30.7Nuit <strong>du</strong> rock contre <strong>le</strong> racisme àBeauso<strong>le</strong>il. Avec <strong>le</strong>s Fourmis volantes,Passager clandestin, et de très nombreuxgroupes de rock de la région. Rens. auprès<strong>du</strong> <strong>MRAP</strong> de Beauso<strong>le</strong>iUCap-d'Ail.9Le Portugal à l'honneur à l'Olympia,jusqu'au 21 juin, avec <strong>le</strong> Grand musichall<strong>du</strong> Portugal. Rens. 47.42.82.45.1 0A Lil<strong>le</strong>, colloque national organisépar la Fédération nationa<strong>le</strong> travail etculture, sur <strong>le</strong> thème Mutationstechnologiques et enjeux culturels. Rens. au43.55.48.00.13Du jambon-beur au chichkebabblues,cuisine et musique pourMelting-pote au Centre de loisirs de laBarthelasse d'Avignon. Tél. : 90.82.91.82.15Inauguration de la nouvel<strong>le</strong>exposition Chef-d' œuvre <strong>du</strong> musée del'Homme, qui accompagne la restauration<strong>du</strong> hall <strong>du</strong> musée de l'Homme à Paris etprésente <strong>le</strong>s pièces <strong>le</strong>s plus remarquab<strong>le</strong>sjusqu'ici conservées hors de vue <strong>du</strong> public.Rens. au 45.53.70.60.151·Fin de l'Exposition sur la résistanceorganisée par l'ANACR à Lyon<strong>pen</strong>dant <strong>le</strong> procès Barbie. 66 bis, rue Saint­Jean, 69001 Lyon.9 Colloque sur la loi de 1972 contre <strong>le</strong>racisme, à l'occasion <strong>du</strong> vingtcinquièmeanniversaire de sa promulgation,à la cour de Cassation à Paris. Rens. au<strong>MRAP</strong>, 48.06.88.00.19Le Cirque d'hiver se réchauffe avecFranco et ses vingt-cinq musiciens.Le Zaïre, <strong>tout</strong>e une nuit. On mange, onboit, on danse. Cirque d'hiver, tél. :48.06.02.02.19Paco de Lucia et John McLaughlin,au Grand Rex à 20 h 30. Loc. FNACet Clémentine.sPsE C TAC L E'DANSE-THEATRELA NOCE AU CHATEAU. Le château de.Vizil<strong>le</strong>, dans l'Isère, fut <strong>le</strong> berceau de laRévolution française. C'est là que seréunirent <strong>le</strong> 21 juil<strong>le</strong>t 1788, dans la sal<strong>le</strong><strong>du</strong> Jeu de Paume, <strong>le</strong>s représentantsdauphinois <strong>du</strong> tiers état, de la nob<strong>le</strong>sseet <strong>du</strong> c<strong>le</strong>rgé. Après seize heures dedélibération, ils demandèrent so<strong>le</strong>nnel<strong>le</strong>ment<strong>le</strong> rétablissement des par<strong>le</strong>mentset la convocation c,<strong>le</strong>s états généraux.C'était <strong>le</strong> commencement de la Révolutionfrançaise. Voilà <strong>pourquoi</strong>, en 1988,Vizil<strong>le</strong> fêtera avec panache <strong>le</strong> bicentenairede la Révolution, un peu enavance sur <strong>le</strong>s manifestations prévuesau niveau national pour commémorerl'événement.Le château de Vizil<strong>le</strong>, dans l'isère.En prélude, <strong>le</strong> 14 e Festival de théâtre deVizil<strong>le</strong> donne <strong>le</strong> ton. Du 9 au 20 juin1987, il propose une adaptation <strong>du</strong>Mariage de Figaro de Beaumarchais.Renata Scant, <strong>du</strong> théâtre Action deGrenob<strong>le</strong>, signe la mise en scène decette pièce coquine et cocasse.« D'une gaieté irrésistibLe, cette fête del'imbroglio, ingénieuse mécanique théâtraLe,ce grand tourbillon joyeux, estaussi une pièce d'une insoLence formidab<strong>le</strong>». On y met en cause la justice,on dénonce des censures et des privilèges.Le « droit de cuissage », notamment.Ambiance 18 e sièc<strong>le</strong> garantie pour ceFestival 1987. La population costumée(<strong>du</strong> moins une partie !) se rendra auchâteau à cheval, en charrette, encarrio<strong>le</strong> pour assister au mariage deSuzanne et de Figaro. Les enfantspréfèreront grimper sur <strong>le</strong>s chars à foin.Les spectateurs seront eux-mêmes <strong>le</strong>sinvités privilégiés de cette noce joyeuse,de cette fête un peu fol<strong>le</strong> et sensuel<strong>le</strong>.Quinze comédiens et une cinquantainede figurants orchestreront <strong>le</strong>s festivités.Et lorsque après moult rebondissementsla noce aura enfin lieu, <strong>le</strong>sspectateurs, <strong>le</strong>s acteurs, <strong>le</strong>s amateurs,<strong>le</strong>s musiciens se mê<strong>le</strong>ront pour partager<strong>le</strong>s mets <strong>du</strong> banquet (une gratinée, nousdit-on) et danser la gigue et la bourréeau son des violons. Un grand momentde s;onvivialité. 0C. L.Parc <strong>du</strong> château de Vizil<strong>le</strong>. Du 9 au 20juin (relâche Les 14 et 15 juin), à 20 h 30.Réservation: 76.68.27.07.SUPER. Ceux qui me connaissent pasencore la troupe 4 litres 12, ce trio decomédiens infernaux qui voient la viecomme un théâtre délirant, bourréd'imagination, et qui·n'ont pas peur des'exhiber, loufoques, absurdes et impudiques,ont une chance de se rattraperen courant voir <strong>le</strong>ur nouveau spectac<strong>le</strong>,4 litres BLues au théâtre de laTempête. 04 litres Blues, par 4 Litres 12, théâtre de LaTempête, jusqu'au 5 juil<strong>le</strong>t. TéL.:43.74.94.07.DIMANCHE. Jérôme Deschamps a-t-ilquelque chose contre <strong>le</strong>s jours de lasemaine? Ce spectac<strong>le</strong> s'efforcera, en<strong>tout</strong> cas, de montrer tous <strong>le</strong>s avantages<strong>du</strong> dimanche, grâce aux tentatives aussidésespérées que musica<strong>le</strong>s de trois personnagesappliqués à fabriquer un instantde bonheur. Si comme eux, vousn'aspirez qu'à la béatitude <strong>du</strong> jourdominical, rêvez un peu: C'est dimanche.0C'est dimanche, de Jérôme Deschamps,théâtre des Amandiers de Nanterre,jusqu'au 20 juin. TéL. : 42.21.18.81.MATEZ MA METISSE. F. Fengas, àcause d'une enfance et d'une ado<strong>le</strong>scenceafricaines, se définit comme métisseculturel<strong>le</strong>, profondément impliquéedans l'histoire et <strong>le</strong> devenir del'Afrique, haute terre de mémoire etd'exil à la fois. Intérieur, jour, qui est <strong>le</strong>deuxième texte de cet auteur monté parMyriam Boullay, est donné jusqu'au 22juin ... en appartements ! 0Intérieur jour, de F. Fengas, tous renseignementsau 46.27.08.50.DU PREMIER GENRE. Le texte, dû àGil<strong>le</strong>s Aillaud, de Vermeer et Spinoza,pièce superbe sur la tolérance et sur la<strong>pen</strong>sée et l'histoire de Spinoza, philosopherejeté par ses ennemis de tousbords et qui fût donnée au théâtre de laBastil<strong>le</strong> en 1984, est enfin publié. Alire. 0Vermer et Spinoza, de Gil<strong>le</strong>s AiLLaud, éd.Christian Bourgeois.Réalisé parBERNARD GOLFIER8 sLOC-NOTE ,YVES THORAVALGUENIZA. Ce n'est pas <strong>le</strong> nomd'une Orienta<strong>le</strong>, mais un nomcommun de la civilisation juive. Unegueniza, c'est une chambre secrète, undébarras, une pièce murée où, dans <strong>le</strong>passé, <strong>le</strong>s juifs conservaient <strong>le</strong>urspapiers portant <strong>le</strong> nom de Dieu, quel'on ne pouvait donc pas jeter. La pluscélèbre gueniza est cel<strong>le</strong> <strong>du</strong> Caire, deFostat plus exactement, qui précéda laQahira (la victorieuse) d'aujourd'hui.Découverte par un érudit deCambridge, à la fin <strong>du</strong> sièc<strong>le</strong> dernier,cel<strong>le</strong>-ci renfermait près de 200 000feuil<strong>le</strong>ts, de certains écrits de l'immenseMaimonide aux <strong>le</strong>ttres de change,contrats de mariage et autresdocuments quotidiens de lacommunauté d'Egypte et de cel<strong>le</strong>s deMéditerranée, de 960 à la fin <strong>du</strong> Besièc<strong>le</strong>. Il fallait bien qu'un jour cesublime fatras inspirât <strong>le</strong>s romanciers !C'est chose faite avec La Gueniza, deSylvie Crossman et Michel Gabrysiak(éd. <strong>du</strong> Seuil) qui nous livre à la fois unechronique de la décadence fatimide etun entrelac d'intrigues, d'amours, decomplots dont <strong>le</strong>s protagonistes sontdes Juifs, des Chrétiens et desMusulmans, sur un fond de palais, desectes et de caravanes allant, au-delà <strong>du</strong>Sahara, vers <strong>le</strong>s royaumes africains del'or. Un roman pour l'été, mais ... quipassera sûrement la saison. 0OUWERES. C'est pas <strong>du</strong> françaisS ça ! Si, justement, cela veut dire« sur verre» en sénégalais artistique.C'est aussi <strong>le</strong> titre d'une exposition:Souwères : peintures popuLaires <strong>du</strong>SénégaL, présentée par l'ADEIAO aumusée des Arts africains jusqu'à larentrée de septembre. En p<strong>le</strong>in essordepuis <strong>le</strong>s années 30, l'éco<strong>le</strong> sénégalaisede peinture sur verre, illustrée enparticulier par Babacar Lo et GoraM'Bengue puise à une tradition vivantequi essaime au Mali, au Niger et jusqu'àla lointaine Somalie et semb<strong>le</strong> enrapport avec la pénétration de l'Islamen Afrique occidenta<strong>le</strong>.On trouvera donc des thèmesislamiques traités en imageriepopulaire, mais éga<strong>le</strong>ment des thèmestirés de la vie populaire sénégalaise, desportraits, parfois loufoques, souventfins et faisant montre d'un goût très sûrpour <strong>le</strong>s coloris. Cet art jubilant nousfait renouer avec une technique très envogue en Europe aux XVIIe et XVIIesièc<strong>le</strong>s et maintenant bien oubliée ici. 0FIGURINES. Haniwa, hommes etanimaux de terre <strong>du</strong> Japon : Tropcourte, cette exposition présentée par laMaison des cultures <strong>du</strong> <strong>monde</strong> auDifférences - nO< 68/69 - Juin/Juil<strong>le</strong>t 1987Haniwa, hommes de terre <strong>du</strong> Japon.Grand palais jusqu'au 13 juil<strong>le</strong>t, nouspermet une découverte : cel<strong>le</strong> defigurines d'argi<strong>le</strong> rituel<strong>le</strong>s, placées prèsdes tombeaux japonais des VIe et VI<strong>le</strong>sièc<strong>le</strong>s, venues de Shibayama, unelocalité située près <strong>du</strong> gigantesque ethyperpolluant aéroport de Tokyo,comme pour rappe<strong>le</strong>r que sous ladémesure technologique d'aujourd'hui,<strong>le</strong>s témoins de l'histoire, de la viepassée, veil<strong>le</strong>nt ! 0HOMO QUINQUAGENAIRE. Lemusée de l'Homme fête sescinquante ans et s'offre <strong>le</strong> Pérou,jusqu'en janvier 1988 avec uneexposition : « Ancien Pérou: vie,pouvoir et mort », dont <strong>le</strong> noyau est sespropres col<strong>le</strong>ctions péruviennes richeset trop méconnues. Grâce à deprécieuses pièces prêtées par <strong>le</strong> MuseoOro de Lima et à des trésorsarchéologiques (texti<strong>le</strong>s, poteries,objets métallurgiques) d'autres muséespéruviens et sud-américains, à lalumière des résultats fournis par <strong>le</strong>sméthodes archéologiques nouvel<strong>le</strong>s, ondécouvre <strong>le</strong> grand Pérou, éphémère(deux sièc<strong>le</strong>s et demi) berceau de la trèsorigina<strong>le</strong> civilisation Inca, détruite par<strong>le</strong>s « conquistadores» espagnols.Mal connue en France, peu représentéedans nos musées, la culture inca amarqué de sa griffe la civilisationmondia<strong>le</strong>. Voici une occasion de ladécouvrir au Trocadéro ... à moins des'envo<strong>le</strong>r vers l'Altiplano. 0ADE/AD (Association pour LedéveLoppement intercuLtureL au muséedes Arts africains) : on peut y adhérer,vite.Musée des AAD, 293, avenueDaumesnil, 75012 Paris. TéL. :43.43.14.54.Musée de l'Homme, pLace <strong>du</strong> Trocadéro,exposition tous Les jours, sauf mardi, de9 h 45 à 17 h 45. TéL. : 45.53.09.16.La Gueniza, par S; Crossman et M.Gabrysiak, éd. ·<strong>du</strong> Seuil.2 0A partir de 21 h, à la cinémathèquede Chaillot, Nuit d'hommage àSamia Gamal et à la comédiemusïca<strong>le</strong>igyptienne. Attraction et buffet orientauxsur place. Rens. au 45.53.21.86.23Au Centre d'action culturel<strong>le</strong> de. Sceaux, soirée de gala au profit de lafondation Jean-Luc Lahaye pourcommémorer <strong>le</strong> XX' anniversaire de laCréation des orchestres de jeunes AlfredLoewenguth. Au programmé: Mozart,Rossini, Berlioz et Roussel. Rens. au46.60.05.64.2.· 4 Jusqu'au 12 juil<strong>le</strong>t, VU' Festivalinternational de la danse deMontpellier, avec de nombreuses troupes detous <strong>le</strong>s pays, et notamment <strong>du</strong> Bal<strong>le</strong>tnational de Caracas, de celui <strong>du</strong> Mali, deMexico, et une apparition de RudolfNoureev. Rens. au 67.52.97.26.24Jusqu'au 21 septembre, Les I<strong>le</strong>s,exposition réalisée par labibliothèque des enfants de la BPI deBeaubourg en collaboration avec <strong>le</strong> BritishCouncil. Invitation au voyage, el<strong>le</strong> estréalisée à la manière d'un journal de bord.Rens. à Beaubourg au 42.77.12.33.25Début de l'exposition consacrée àVlaminck, <strong>le</strong> peintre et la critique, auMusée de Chartres. Rens. au 37.36.41.39.27A Bobigny, Journée d'étude sur <strong>le</strong>Proche-Orient organisée par <strong>le</strong><strong>MRAP</strong>. Une confrontation des différentspoints de vue sur <strong>le</strong>s conflits actuels <strong>du</strong>Proche-Orient et <strong>le</strong>s moyens d'en sortir.Rens. au 48.06.88.00.28Fin de l'exposition des peintures deOttaviano à la sal<strong>le</strong> d'exposition <strong>du</strong>musée de la Résistance nationa<strong>le</strong> àChampigny-sur-Marne. Rens. au48.81.00.80.29Michel Petrucciani, superbe. pianiste, porte-paro<strong>le</strong> <strong>du</strong> jazzfrançais, pour deux soirées au New-Morning.Rens. : 45.23.56.39.3juil<strong>le</strong>t, Hal<strong>le</strong> That jazz, à la VÜ<strong>le</strong>tte,avec l'Art ensemb<strong>le</strong> de Chicago, RenéUrtreger et Herbie Hancock. Tél. :42.49.30.80.7Deux rois de la musique brésilienne :Antonio Carlos Jobim et AstrudGilberto. Indis<strong>pen</strong>sab<strong>le</strong>. Au Grand Rex à20 h 30. Bil<strong>le</strong>ts FNAC et Clémentine.8et jusqu'au 6 août, création de Le. <strong>monde</strong> est là Mandela, pièce de AndréBenedetto, un texte forttendre ethumoristique, au festival d'Avignon. Rens.au 90.82.20.47.1 0jusqu'au 19, Festival pour la paix deMatha, festival annuel sur <strong>le</strong> thèmeenfance et paix, avec des enfants <strong>du</strong> <strong>monde</strong>entier. Rens. au 46.93.37.78.15et jusqu'à la fin août, l'Afrique et sa<strong>le</strong>ttre à la bibliothèque <strong>du</strong> centreBeaubourg. Première expo <strong>du</strong> geme, el<strong>le</strong>s'attaque au préjugé voulant qu'il n'y ait pasd'écriture en Afrique. El<strong>le</strong> recense 50systèmes utilisés pour certains depuis 5 000ans. Rens. au 42.77.12.33.


Le 11 juil<strong>le</strong>t, ou àpeu près, naÎtra<strong>le</strong> cinqmilliardièmehomme. Diffici<strong>le</strong>de dire sacou<strong>le</strong>ur, mais il aneuf chances surdix de voir <strong>le</strong> jourdans un pays envoie dedéveloppement.Une occasion deréf<strong>le</strong>chir sur <strong>le</strong>destin del'humanité.Cinq milliards d'hommesCinq milliards d'êtres humainssur la terre en 1987.Personne ne sait où niquand exactement naîtral'enfant qui nous ferafranchir ce cap. Le Fondsdes Nations unies pour <strong>le</strong>sactivités en matière de population(FNUAP) <strong>pen</strong>santque l'événement se situeraau milieu de l'année,propose de fixer <strong>le</strong> 11 juil<strong>le</strong>tcomme Journée des5 milliards. Le bébé naîtraprobab<strong>le</strong>ment dans un paysen voie de développement,comme 9 enfants sur 10 denos jours. Selon qu'il naîtradans une maison sans eaucourante ni é<strong>le</strong>ctricité, dansun abri de boue séchée ou dans un berceau douil<strong>le</strong>t,bardé de couches-culottes, son avenir risque d'être fortdifférent. Surmontera-t-il <strong>le</strong>s dangers des premiers moisde la vie? Apprendra-t-il à lire et écrire et développerat-ilses capacités ou bien sa vie ne sera-t-el<strong>le</strong> qu'une luttepour se nourrir? Le 11 juil<strong>le</strong>t sera un jour deréjouissance, comme pour <strong>tout</strong>e naissance mais il seraaussi l'occasion d'une réf<strong>le</strong>xion sur l'histoire et l'avenirde l'humanité.Comment s'est développée la population sur cette terrebientôt saturée ? Le survol de l'histoire des hommes estvertigineux. Albert Jacquard dans son livre CinqMilliards d'hommes dans un vaisseau (1), un chefd'œuvred'information scientifique pour tous, décritcomme une palpitante histoire de science-fiction l'aventurehumaine depuis <strong>le</strong> big bang jusqu'aux perspectivesd'avenir. L'espèce humaine s'est développéetrès <strong>le</strong>ntement. L'auteur distingue quatre révolutionsdémographiques. Il devait y avoir quelques centaines demilliers d'hommes à l'époque de la découverte <strong>du</strong> feu.Entre 40000 et 30000 ans avant J-C, avec l'intro<strong>du</strong>ctionde l'agriculture, l'effectif passa en quelques milliersd'années à 50 puis 100 millions.L'appropriation des terres entraîna des conflits dévastateurs; la naissance des vil<strong>le</strong>s vit apparaître des épidémies.Pendant <strong>le</strong>s dix-huit premiers sièc<strong>le</strong>s de notre ère, lapopulation est passée de 200 milions d'êtres humains à 800millions. La dernière révolution démographique, présentéecomme cel<strong>le</strong> de l'in<strong>du</strong>strialisation, résulte en fait sur<strong>tout</strong>d'une meil<strong>le</strong>ure connaissance <strong>du</strong> corps humain, ce quientraîne un rapide recul de la mortalité.Comme <strong>le</strong>s précédentes, el<strong>le</strong> comporte plusieurs phases<strong>pen</strong>dant <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s on quitte un équilibre pour aboutir à unautre. Nous avons passé la phase de recul de la mortalité(moins de décès de bébés et de jeunes enfants etallongement de la <strong>du</strong>rée moyenne de vie) entraînant unaccroissement de population et sommes dans cel<strong>le</strong> de reculde la fécondité qui devrait stabiliser l'effectif. Mais cettedernière révolution, contrairement aux précédentes, secaractérise par une extrême brutalité.Il a fallu attendre <strong>le</strong> XVIII· sièc<strong>le</strong> pour que commence uneaugmentation <strong>du</strong> taux de croissance de la population ; ils'est accéléré très fortement après la Seconde Guerremondia<strong>le</strong>. Ce n'est qu'au XIX· sièc<strong>le</strong> qu'on a atteint unmilliard d'hommes, mais <strong>le</strong> deuxième milliard l'a été en unpeu plus de cent ans. A présent la population augmente enmoyenne d'un milliard tous <strong>le</strong>s douze ans, de plus de80 millions par an.Un embal<strong>le</strong>ment numérique sans précédentCet embal<strong>le</strong>ment numérique est pour <strong>le</strong> moins déconcertant.Le progrès médical a bou<strong>le</strong>versé la terre en moinsd'un sièc<strong>le</strong>. L'explosion démographique touche <strong>le</strong>s pays <strong>du</strong>tiers <strong>monde</strong> car la deuxième phase, <strong>le</strong> recul de la fécondité,y est à peine amorcée alors que la première est presqueterminée. L'Asie comptera sans doute 4 milliards d'habitantsavant 2020 ; quant à l'Afrique, en 1950, sa populationéquivalait à environ la moitié de cel<strong>le</strong> de l'Europe; en 2050el<strong>le</strong> sera sans doute près de trois fois supérieure.Jusqu'au début <strong>du</strong> sièc<strong>le</strong> dernier, une grande partie de lapopulation mondia<strong>le</strong> se concentrait en Europe. Ce n'estdonc pas seu<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> nombre mais aussi la répartition et lastructure de cel<strong>le</strong>-ci qui évoluent. Modification <strong>du</strong> poidsdes divers groupes, qu'ils se définissent par <strong>le</strong>ur originegéographique ou <strong>le</strong>ur âge. On est saisi par <strong>le</strong> contrasteentre deux ensemb<strong>le</strong>s de pays. Dans <strong>le</strong>s régions « développées», la population s'accroît très <strong>le</strong>ntement, avec unvieillissement, l'augmentation <strong>du</strong> nombre des personnes àcharge va al<strong>le</strong>r en s'accentuant. Dans <strong>le</strong>s pays en voie dedéveloppement, l'accroissement est trois fois plus important; la population étant très jeune, <strong>le</strong> taux de dé<strong>pen</strong>danceva al<strong>le</strong>r en diminuant.Jusqu'au milieu <strong>du</strong> XVIII· sièc<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s gens vivaient sur<strong>tout</strong> àla campagne. Aujourd'hui dans <strong>le</strong>s pays in<strong>du</strong>striels, prèsdes trois quarts vivent en vil<strong>le</strong> ; seu<strong>le</strong>ment un tiers dans <strong>le</strong>spays en voie de développement alors qu'ils rassemb<strong>le</strong>nt laplupart des grandes vil<strong>le</strong>s <strong>du</strong> globe.Le paysage de la terre s'est déjà modifié, mais <strong>le</strong>schangements <strong>le</strong>s plus décisifs sont à venir. Les démographesestiment que <strong>le</strong>s 6 milliards seront dépassés en l'an2000. Au cours <strong>du</strong> sièc<strong>le</strong> prochain <strong>le</strong> rythme d'accroissementse ra<strong>le</strong>ntirait peu à peuet l'effectif se stabiliserait à11 milliards avant l'an 2100.Donc la terre portera aumilieu <strong>du</strong> sièc<strong>le</strong> prochaindeux fois plus d'hommesqu'aujourd'hui. Nous pouvonsdiffici<strong>le</strong>ment imaginerquel<strong>le</strong> réalité correspond àces chiffres. L'événement primordialpour A. Jacquard estla saturation progressive denotre planète.Face à cette réalité démographique,comment notreplanète affronte-t-el<strong>le</strong> <strong>le</strong> présentet prépare-t-el<strong>le</strong> l'avenir?Il est évident, malgré<strong>le</strong>s bel<strong>le</strong>s déclarations desdroits de l'homme des paysdéveloppés, que <strong>le</strong>s hommes ~ne vivent pas égaux, <strong>le</strong>s ri- Q:jchesses étant très inéga<strong>le</strong>- t;lment réparties. C'est mêmeune banalité de <strong>le</strong> dire ; ons'est accoutumé à ce scanda<strong>le</strong>: des hommes ont faim; unhomme sur cinq au moins souffre de sous-alimentation. Lesenfants sque<strong>le</strong>ttiques qui demandent la charité sur <strong>le</strong>spanneaux publicitaires côtoient allègrement <strong>le</strong>s pubs del'abondance. Mais est-il tolérab<strong>le</strong>, sur<strong>tout</strong> <strong>le</strong>s victimessupporteront-el<strong>le</strong>s longtemps, qu'une minorité de plus enplus ré<strong>du</strong>ite vive dans <strong>le</strong> confort et <strong>le</strong> gaspillage ? En effet àla fin <strong>du</strong> XXI· sièc<strong>le</strong>, 90 % des . êtres humains appartiendrontau tiers <strong>monde</strong>.Ce<strong>pen</strong>dant <strong>le</strong>s quantités de nourriture disponib<strong>le</strong>s sur laterre sont <strong>tout</strong> à fait suffisantes. Les stocks alimentairesatteignent des niveaux sans précédent; dans <strong>le</strong>s paysriches, de nombreux agriculteurs doivent être payés pourne pas pro<strong>du</strong>ire davantage et on se lamente des supro<strong>du</strong>ctionsinvendab<strong>le</strong>s. Les pays « développés» (Amérique <strong>du</strong>Nord, URSS, Europe, Japon) représentent moins <strong>du</strong> quartde la population mondia<strong>le</strong>, mais <strong>le</strong>ur PNB atteint 80 % <strong>du</strong>total. Ce n'est pas un problème de pro<strong>du</strong>ction mais derépartition. Il faut pro<strong>du</strong>ire au bon endroit et faire parvenirla pro<strong>du</strong>ction à ceux qui en ont besoin. La solution paraîtsimp<strong>le</strong> par sa logique, mais el<strong>le</strong> suppose <strong>tout</strong> simp<strong>le</strong>mentune réorganisation, un nouvel ordre mondial. Les paysprivilégiés ne sont ce<strong>pen</strong>dant pas à l'abri d'une forme depauvreté nouvel<strong>le</strong> : <strong>le</strong> chômage.Quel<strong>le</strong>s solutions aux problèmes démographiques et économiques? En ce qui concerne <strong>le</strong> déséquilibre numérique,<strong>le</strong> rapport <strong>du</strong> FNUAP préconise une politique de planifica-Différences - nO' 68/69 - JuinlJuil<strong>le</strong>t 1987l..~":""-______________________ 'tion démographique, affirme que <strong>le</strong>s fortes pressionsdémographiques freinent la progression économique et que<strong>le</strong>s pays qui réussissent sont souvent ceux qui ont adoptéune tel<strong>le</strong> planification. Cette politique démographique estbien sûr nécessaire mais non suffisante pour garantir lasuppression de la pauvreté. Ce rapport déclare aussi que lasurpopulation n'est pas neutre pour l'environnement : dansbeaucoup de régions <strong>du</strong> <strong>monde</strong>, la concentration humainea entraîné un manque de terres et la destruction des forêts.Autre conséquence <strong>du</strong> surpeup<strong>le</strong>ment de certaines régions: l'émigration, qui semb<strong>le</strong> avoir un bel avenir : <strong>le</strong>s paysriches <strong>le</strong>s moins peuplés seront un pô<strong>le</strong> d'attraction.Sur <strong>le</strong> plan culturel, la place occupée par <strong>le</strong>s populationsdont la culture est proche de la nôtre sera beaucoup moinsimportante dans un sicèc<strong>le</strong>. Or parmi <strong>le</strong>s nombreusescultures des hommes aujourd'hui, la nôtre est-el<strong>le</strong> pluscapab<strong>le</strong> de faire de chaque homme un sujet? A. Jacquardrépond par la négative. Sansnier <strong>le</strong>s avantages et réussitesde notre civilisation, il <strong>pen</strong>sequ'il est urgent de prendreconscience d'une caractéristiquequi la mine intérieurementet qui représente undanger pour tous <strong>le</strong>s peup<strong>le</strong>sde la terre : « Sa pro<strong>pen</strong>sionà faire de chacun de nous unobjet et un objet satisfait del'être, un indivi<strong>du</strong> standardisé,classé, prêt àconsommer. »Chaque civilisation a certesses tares; c'est <strong>pourquoi</strong> <strong>le</strong>choc des rencontres donnerala chance d'une remise encause. Les cultures isoléesperdent <strong>tout</strong> dynamismecréateur et finissent par s'effondrerdans l'autosatisfactionet l'intolérance. Une sociétévivante est cel<strong>le</strong> capab<strong>le</strong>de poursuivre son évolutionqui nécessite échanges et confrontations avec d'autres. Il ya encore un sièc<strong>le</strong> <strong>le</strong>s divers groupes d'hommes pouvaients'ignorer, aujourd'hui ils sont tous en contact et <strong>le</strong> serontplus encore à la fin <strong>du</strong> sièc<strong>le</strong> prochain.Le plus grand risque pour beaucoup de scientifiques, dontA . Jacquard, est celui <strong>du</strong> suicide nucléaire. Ils considèrentcomme <strong>tout</strong> à fait envisageab<strong>le</strong> cette fin de l'humanité.« Cel<strong>le</strong>-ci ne sera plus bientôt qu'un cadavre si <strong>le</strong>s chosescontinuent sur <strong>le</strong>ur lancée actuel<strong>le</strong>. ». Urgence de regardercette réalité en face. Les armes nucléaires apportent unepossibilité d'action tota<strong>le</strong>ment nouvel<strong>le</strong>. « La course fol<strong>le</strong>se poursuit. » . « Le peloton de tête des deux grands est suivipar quelques nations, dont la France, qui croiraient perdre<strong>le</strong>ur importance sur la scène mondia<strong>le</strong> si el<strong>le</strong>s ne participaientpas au club nucléaire. » Or 2 % <strong>du</strong> potentiel dedestruction actuel<strong>le</strong>ment existant suffirait à faire disparaîtrela quasi-totalité des êtres vivants. A. Jacquard décritl'apocalypse qui résulterait de l'utilisation de ces armes:l'hiver nucléaire. La possession de l'arme nucléairesupprime la notion <strong>du</strong> plus fort. « Dès que chacun a dépassé<strong>le</strong> seuil de puissance lui permettant de détruire tota<strong>le</strong>mentl'autre, il n'y a plus de hiérarchie entre <strong>le</strong>urs forces »,sur<strong>tout</strong> en raison de l'effet boomerang des explosionsnucléaires. Impossib<strong>le</strong> de détruire l'autre sans se détruiresoi-même. A. Jacquard dénonce en particulier cette guerredes étoi<strong>le</strong>s au nom trompeur car <strong>le</strong>s échanges de coups(Suite p. 42)Il


Il .CELUI QUI A INVENTEL'ANTIRACISME MODERNE:L'ABBE GREGOIREOn nous préparede grandes fêtespour commémorerla Révolution,si possib<strong>le</strong> amputéede ses « excès ».Différences a choisison héros:l'abbé Grégoire,certes régicide,mais instigateur<strong>du</strong> décretd'émancipationdes jUifs,et de l'abolitionde l'esclavage.Tout <strong>le</strong> <strong>monde</strong> sait que Victor Schœlcher réussit en 1848 àfaire abolir l'esclavage par la jeune Seconde République.Tout <strong>le</strong> <strong>monde</strong> sait aussi que la Convention l'avait déjàaboli en 1792. Ce dont on ne se souvient jamais, c'est qu'ilfallait bien, entre ces deux dates, que quelqu'un <strong>le</strong>rétablisse. C'est à Napoléon, ou plutôt à Bonaparte, querevient cette honte, en 1802. Contre l'avis de l'abbéGrégoire à qui revient <strong>le</strong> mérite d'avoir, au terme d'unelongue lutte, imposé son abolition à la Convention.Curieux homme que Henri Grégoire. Curé d'Emberménil,il est déjà connu avant la Révolution. Participant à un deces concours comme <strong>le</strong>s aime l'Université au XVIIIe sièc<strong>le</strong>(on se souvient <strong>du</strong> Discours sur l'origine de l'inégalité parmi<strong>le</strong>s hommes, de Jean-Jacques Rousseau), il a gagné celuiorganisé par l'académie de Metz en 1785. La question enétait : « Est-il des moyens de rendre <strong>le</strong>s juifs plus heureux etplus uti<strong>le</strong>s en France? ». L'intitulé même de la questionpermet de se rendre compte de l'éten<strong>du</strong>e des préjugés à<strong>le</strong>ur égard à l'époque, qui n'ont rien à envier au XX e sièc<strong>le</strong>et sont particulièrement répan<strong>du</strong>s. Au sièc<strong>le</strong> précédent,Mme de Sévigné, la bonne marquise, se demande d'oùvient cette puanteur qui <strong>le</strong>s caractérise; quant à Voltaire,<strong>le</strong>. défenseur des opprimés, il par<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> Dictionnairephilosophique de <strong>le</strong>ur sordide avarice, ce qui est amusantquand on connaît cel<strong>le</strong> <strong>du</strong> patriarche de Ferney, qui, pourn'être pas sordide, n'en était pas moins solide. L'abbéGrégoire gagne <strong>le</strong> concours de l'Académie en soutenantcette thèse: « Soyons justes envers eux (<strong>le</strong>s juifs) pour qu'ils<strong>le</strong> deviennent envers nous. »Publié peu après, l'Essai sur la régénération physique,mora<strong>le</strong> et politique des juifs vaut une certaine notoriété aucuré d'Emberménil. Elu député <strong>du</strong> c<strong>le</strong>rgé aux Etatsgénéraux, il sera l'un des trois prêtres à rejoindre <strong>le</strong>sdéputés <strong>du</strong> Tiers Etat dans la sal<strong>le</strong> <strong>du</strong> Jeu de Paume pour<strong>le</strong> Serment que l'on sait. Secrétaire de l'Assembléeconstituante, l'abbé Grégoire emploiera <strong>tout</strong>e sa fouguepour faire voter à cette assemblée <strong>le</strong> décret d'émancipationdes juifs, qui <strong>le</strong>s délivre d'un long ostracisme et <strong>le</strong>s admetau rang de citoyens.Premier « antiraciste polymorphe », l'abbé Grégoire est enmême temps un des animateurs de la Société des amis desNoirs, société fondée en 1788 et qui regroupe des nomsprestigieux comme Brissot, Clavière, Mirabeau,Condorcet, La Fayette, etc. Aux premiers temps de laRévolution, dans la réunionite qui sévit alors, la société seréunit <strong>tout</strong>es <strong>le</strong>s semaines. Objectif: obtenir aux mulâtresdéjà libres <strong>le</strong>s mêmes droits qu'aux ressortissants blancs dela colonie, entendez <strong>le</strong>s Antil<strong>le</strong>s actuel<strong>le</strong>s plus Saint­Domingue, future Haïti.C'est qu'il ne faut pas commettre de contresens historique.Les quelque 500 000 Noirs vivant en esclavage aux Antil<strong>le</strong>ssont encore considérés comme trop primitifs pour qu'il soit,-=====================------------------------------------------~~----~--~--~possib<strong>le</strong> de <strong>le</strong>ur octroyer d'un seul coup l'indé<strong>pen</strong>dance.On sort <strong>du</strong> XVIIIe sièc<strong>le</strong>, on porte aux nues la civilisationde la raison, à laquel<strong>le</strong> il faut amener progressivement <strong>le</strong>spopulations abruties par l'esclavage avant de <strong>le</strong>ur octroyer<strong>le</strong>s droits, mais aussi <strong>le</strong>s devoirs de l'homme libre. Seuls <strong>le</strong>smulâtres déjà libres et propriétaires, c'est-à-dire ayantaccédé au statut d'hommes raisonnab<strong>le</strong>s, doivent, mais là,c'est impérieux, avoir <strong>le</strong>s mêmes droits, et par conséquentla même représentation dans <strong>le</strong>s assemblées, que <strong>le</strong>s colonsblancs.Paradoxa<strong>le</strong>ment, ce combat qui sera extrêmement diffici<strong>le</strong>face au lobby colonial, très puissant en France, dépasserasont but initial puisque cinq ans après, la _ Conventiondécrétera: « L'esclavage est aboli sur <strong>tout</strong> <strong>le</strong> territoire de laRépublique. » Y compris donc <strong>le</strong>s colonies, dont nul ne<strong>pen</strong>se d'ail<strong>le</strong>urs qu'el<strong>le</strong>s doivent, en quoi que ce soit,accéder à l'indé<strong>pen</strong>dance.Combat diffici<strong>le</strong> car l'adversaire est puissant: <strong>le</strong>s Blancsinstallés aux colonies, alors très prospères par la vente <strong>du</strong>sucre, ont de nombreux alliés en France, et dans tous <strong>le</strong>spartis. De plus, négociants et armateurs français fontd'énormes profits non seu<strong>le</strong>ment sur la traite des Noirs,mais aussi grâce au système dit de l'exclusif, qui oblige <strong>tout</strong><strong>le</strong> commerce antillais a se faire par et pour la France.Combat diffici<strong>le</strong> aussi parce que <strong>le</strong>s préjugés sont forts : ilfaudra une lutte par<strong>le</strong>mentaire de tous <strong>le</strong>s instants pour quel'abbé Grégoire, au fil des assemblées qui se succèdent,parvienne à convaincre <strong>le</strong>s par<strong>le</strong>mentaires de la Révolution.Les convaincre non pas de l'égalité théorique desBlancs et des Noirs: paradoxa<strong>le</strong>ment, l'Ancien Régimefinissant n'est pas raciste. Mais <strong>le</strong> règne de la raison a unemanie, la classification : <strong>le</strong>s Noirs ne sont pas assez policéspour mériter d'être citoyens, voilà <strong>tout</strong>.COMMENT ECHAPPER A LA DEFAITE CONTREL'ANGLETERRE ? SIMPLE: MONTERLES ESCLAVES NOIRS CONTRE ELLEAprès de longues manœuvres, qui se doub<strong>le</strong>nt d'unemontée croissante des aspirations à la liberté dans lacolonie, l'abbé Grégoire et ses amis finiront par imposer laparticipation des mulâtres et de partie des Noirs à laConvention. Le 5 février 1794, trois députés de Saint­Domingue, Dufay, un Blanc, Mills, un mulâtre, Bel<strong>le</strong>y, unNoir, parviennent enfin devant la Convention. C'est aprèsun discours mémorab<strong>le</strong> qu'ils feront voter dans la liessel'abolition de l'esclavage sur <strong>le</strong> territoire français.Comment en est-on arrivé là ? C'est que <strong>le</strong>s ténors <strong>du</strong>comité de salut public, dont l'abbé Grégoire est membre,lui qui a présenté deux ans auparavant à l'Assembléelégislative <strong>le</strong> décret d'abolition de la royauté, ces Robespierre,Danton et autres, se sont aperçus que <strong>le</strong> seul moyend'échapper à la défaite contre l'Ang<strong>le</strong>terre, c'est de montercontre el<strong>le</strong> <strong>le</strong>s esclaves noirs en sa possession. Et quelmoyen plus sûr de gagner ces populations à la France qued'abolir l'esclavage? Danton <strong>le</strong> dit à la tribune, ce jour-là:« Lançons la liberté dans <strong>le</strong>s colonies : c'est aujourd'hui quel'Anglais est mort. »Acquis dans la crainte de l'ennemi anglais et la vagueégalitariste <strong>du</strong> moment, <strong>le</strong> décret d'abolition del'esclavage fait même un peu peur à Grégoire, qui pourtanty a consacré sa vie, tant sa brutalité lui fait craindre uneradicalisation et une explosion dans <strong>le</strong>s colonies. Maisimmédiatement, en France, <strong>le</strong> décret est accueilli avec uneénorme sympathie. Par<strong>tout</strong> la loi est fêtée, célébrée. Onorganise des concerts, <strong>le</strong>s chansonniers écrivent des paro<strong>le</strong>sDifférences - n '" 68/69 - JuinlJuil<strong>le</strong>t 1987« négrophi<strong>le</strong>s» sur des airs connus, que l'on reprendpar<strong>tout</strong>. Par<strong>tout</strong> sont imprimés des dessins, des gravures,représentants des images d'Antillaises en madras, légendées: « Moi libre comme toi. »C'est que <strong>le</strong> peup<strong>le</strong> de Parisne s'y trompe pas : la dernière des aristocraties, 1'« aristocratiecutanée », comme on dit alors, vient de perdre sesprivilèges.La suite est moins enthousiaste: l'abolition de l'esclavageest immédiatement suivie de décrets d'application qui enré<strong>du</strong>isent considérab<strong>le</strong>ment la portée, et la Convention nesurvit pas longtemps à ses louab<strong>le</strong>s efforts.Paradoxlliement, la loi sur l'abolition de -l'esclavage vaprendre, et en particulier grâce à Grégoire, qui ne ménagepas ses efforts, une sorte de caractère tabou qui empêchera<strong>le</strong> Directoire, malgré ses tentatives de revenir dessus.Il faudra attendre <strong>le</strong> Consultat, et <strong>le</strong> despotisme napoléonniennepour qu'en 1802, l'esclavage soit rétabli.L' ABBE INVENTE LE SERVICE DE PRESSEEN ENVOYANT SON LIVRE« A TOUT CE QUI COMPTE DANS CE MONDE })Grégoire, inlassab<strong>le</strong>ment, continue son œuvre. Surnommél'ami des hommes de <strong>tout</strong>es <strong>le</strong>s cou<strong>le</strong>urs, trop connu pourêtre inquiété malgré l'animosité de Napoléon, il publie,en1808, <strong>le</strong> premier ouvrage de «Positivisme antiraciste » : il nes'agit plus de demander uniquement l'abolition de l'esclavage, ilsemb<strong>le</strong> que <strong>le</strong> combat soit provisoirement per<strong>du</strong>, maisd'informer <strong>le</strong>s <strong>le</strong>cteurs <strong>du</strong> temps sur ceux qu'ils considèrentà nouveau comme <strong>le</strong>urs inférieurs. Titré De la littératuredes Nègres pour ne pas trop choquer la censure, <strong>le</strong> livreporte en sous-titre : Recherches sur <strong>le</strong>urs facultés intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>s,<strong>le</strong>urs qualités mora<strong>le</strong>s et <strong>le</strong>ur littérature. Rassemblantl'immense documentation qu'il s'est procuré cesdernières années, notamment auprès des puissants abolitionnistesanglais, <strong>le</strong> livre milite pour <strong>le</strong>s capacitésintel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>s des Noirs, montrées au moins aussi grandesque cel<strong>le</strong>s des Blancs. Le <strong>tout</strong> dans une langue merveil<strong>le</strong>use:«L'opinion de l'infériorité des Nègres n'est pasnouvel<strong>le</strong>, la préten<strong>du</strong>e supériorité des Blancs n'a pourdéfenseur que <strong>le</strong>s Blancs juges et parties. C'est <strong>le</strong> cas derappe<strong>le</strong>r l'apologue <strong>du</strong> lion, qui, à l'aspect d'un tab<strong>le</strong>aureprésentant un animal de son espèce terrassé par unhomme, se contenta de faire observer que <strong>le</strong>s lions n'ont pasde peintre. »Propagandiste infatigab<strong>le</strong>, l'abbé Grégoire invente aupassage <strong>le</strong> service de presse : il envoie son livre « à <strong>tout</strong> cequi compte dans <strong>le</strong> <strong>monde</strong> », notamment au présidentaméricain Jefferson, cherchant à l'extérieur des appuis qu'iln'a plus en France.Mis à l'écart, déchu de son archevéché, l'abbé Grégoirecontinuera son combat, mais verra peu à peu s'effondrer<strong>le</strong>s conquêtes de la Révolution. Plus encore que l'esclavage,la traite des Noirs reprendra. Il n'est guère qu'enHaïti, qui a conquis son indé<strong>pen</strong>dance, qu'il sera a<strong>du</strong>lé àl'égal d'un saint.Peu de temps avant de mourir, l'abbé Grégoire lègue unepetite somme pour la création d'un prix littéraire, qui doitrevenir à celui qui répondra <strong>le</strong> mieux à cette question :« Quel serait <strong>le</strong> moyen d'extirper <strong>le</strong> préjugé barbare et injustedes Blancs contre la cou<strong>le</strong>ur des Africains? ». En 1839, <strong>le</strong>prix est attribué à un certain Victor Schœlcher. Mais l'amides hommes de <strong>tout</strong>es <strong>le</strong>s cou<strong>le</strong>urs est mort depuis 1831.0JEAN ROCCIA


~ 12345678910non CRoi5ÉJ__________________________ JL __________ P_é_k_in_,_P_h_il_a_de_l~p_hl_· e_,~ /................ , '•....... ... ............................. .. ..' .'.\ ~~. ..\...... :....•..........::' ....................................... .... .. .~HORIZONTALEMENT:2 3 4 5 6 7 8 9 10 1. Vil<strong>le</strong> therma<strong>le</strong> des Vosges - 2.Les premières arrivées. - 3. Entièrement.- 4. Artic<strong>le</strong> indéfini. Dieumarin. - 5. Versant exposé au so<strong>le</strong>il.Note de musique. - 6. Se rende.Cube. - 7. Pas sain. A <strong>le</strong>s moyens.-8. Préposition. En bon état. Lettregrecque. - 9. Sert à lier. Paradisper<strong>du</strong>. - 10. Col alpin. Habitués.VERTICALEMENT:Î1. Des troupeaux y broutentl'herbe. - 2. Le roi , des animaux.Ignorants entêtés. - 3. Possèdent.D'un auxiliaire. Règ<strong>le</strong> doub<strong>le</strong>. - 4.Nombreux pour la Seine. - 5. Feral'agneau. Recueil plaisant. - 6.Grossit <strong>le</strong> Rhône. Négation. 7. Gazdes marais. - 8. L'or fut la sienne.Tête de liste infinie. A payer. - 9.Unités de capacité. - 10. Position.CHAINE DE MOTSIl s'agit de passer <strong>du</strong> premier mot déjà indiqué au deuxième mot dejàindiqué en changeant une seu<strong>le</strong> <strong>le</strong>ttre à la fois, sans changer l'ordredes <strong>le</strong>ttres dans <strong>le</strong> mot. Les formes variab<strong>le</strong>s et <strong>le</strong>s noms propres usuelssont admis. Les suffues, préfues, symbo<strong>le</strong>s, sig<strong>le</strong>s et abréviations nesont pas admis.PIC LIT ARE NEZ1 1 1 12 1 2 23 2 3 34 3 4 45 SOL GAL COUCULSOLUTIONS DES JEUX PRECEDENTSMots croisés:Horizonta<strong>le</strong>ment: 1. Stérilités. - 2. Aurores. Na ! - 3. Vendeurs. - 4. Orées. Ri. - 5. Niée.Fèves. - 6. Ne . Soulées. - 7. Asa. Ur. Ira. - 8. EteL - 9. Efendi. Lit. - 10. Sire. FéaLVertica<strong>le</strong>ment: 1. Savonnages. - 2. Tueries. Fi ! - 3. Ernée. Amer. - 4. Rodée~. Ne. - 5.Ires. Oued. - 6. Leu. Furtif. - 7. IsraëL - 8. Veilla. - 9. En. Réer. IL - 10. SalIssant.Mots cassés:Les 29 agglomérations urbaines ayant un réseau métropolitain sont :. . .Amsterdam Athènes Bruxel<strong>le</strong>s, Chicago, Glasgow, Hambourg, KIev, Lemngrad, LIl<strong>le</strong>,Lisbonne, Londres, Lyon, Madrid, Marseil<strong>le</strong>, Mexico, Milan, Moscou, Munich, Oslo, Paris,_R_o_m_e_,_R_o_t_te_r_d_am __,_S_to_c_k_ho_l_m_,_T_b_il_is_s_i,_T_o_k_y_o_, _V_ie_n_n_e_, _VV_a_s_h_in_g_to_n_.________ ~Volontaires?Le Front national, re-~ layé par la droite dite~ « classique» répète~ sans arrêt que l'acces-sion à la nationalité~ française est un honneur,qu'el<strong>le</strong> doit semériter et faire l'objetd'une déclaration. Remarquons<strong>tout</strong> d'abord que,contrairement aux affirmationshâtives, <strong>le</strong> jeune né en France deparents étrangers peut refusercette nationalité dans l'année quiprécède sa majorité. Mais <strong>le</strong>s« purs » français, <strong>le</strong>ur a-t-on demandé<strong>le</strong>ur avis à <strong>le</strong>ur naissanceet <strong>le</strong>urs ancêtres avaient-ils faitacte d'allégeance volontaire à lanation française ?Revoyons un peu notre histoirede France. Qu'el<strong>le</strong> était petite laFrance de Philippe Auguste,vers 1180, <strong>du</strong> nord de Paris àNevers, d'Orléans à Troyes.Que de mariages entre princesétrangers, que de guerres, d'héritages,d'achats, de dons, pouragrandir peu à peu ce petitdomaine et rendre françaises despopulations .. . sans <strong>le</strong>sconsulter! Que savaient cespauvres serfs <strong>du</strong> haut MoyenAge, des batail<strong>le</strong>s entre <strong>le</strong> roi etses vassaux ? Ils savaient seu<strong>le</strong>mentqu'ils appartenaient à uneterre, seigneuria<strong>le</strong> ou abbatia<strong>le</strong>et qu'ils seraient ven<strong>du</strong>s avecel<strong>le</strong>.La Bretagne, berceau de M. LePen, n'est devenue françaisequ'en 1532. Il n'y a que quatresièc<strong>le</strong>s et demi, par un <strong>le</strong>gsd'Anne de Bretagne à son beaufilsFrançois, fils de Francois <strong>le</strong>


Cinq milliards d'hommes (suite)auraient lieu dans l'espace terrien et bien loin des étoi<strong>le</strong>s.« Par milliers, des savants de <strong>tout</strong>es nationalités, de tousbords lancent <strong>le</strong> même cri d'alarme et signent l'engagementde ne pas participer à cette entreprise qu'ils estimentdémente ... Malgré cela, <strong>le</strong>s crédits sont distribués et la courseà la mort col<strong>le</strong>ctive s'accélère. Le pas que l'humanités'apprête à franchir est peut-être décisif, moins <strong>du</strong> fait del'accroissement effroyab<strong>le</strong> des moyens de destruction qui vaêtre réalisé dans <strong>le</strong>s années prochaines que <strong>du</strong> fait de ladélégation de la décision fata<strong>le</strong> à une machine », cel<strong>le</strong>-cidéc<strong>le</strong>nchera l'apocalypse. «D'ail<strong>le</strong>urs cette décision desupprimer l'humanité, c'est aujourd'hui que <strong>le</strong>s Etats <strong>du</strong>club nucléaire la prennent en acceptant d'accumu<strong>le</strong>r <strong>le</strong>sarmes qui rendent l'événement possib<strong>le</strong>. »Dans une déclaration so<strong>le</strong>nnel<strong>le</strong> faite en janvier 1985, <strong>le</strong>sdirigeants de l'Inde, de l'Argentine, de la Grèce, <strong>du</strong>Mexique, de la Suède et de la Tanzanie déclaraient« l' humanité entière est enfermée dans la cellu<strong>le</strong> descondamnés à mort, attendant <strong>le</strong> moment incertain del'exécution ». Mais <strong>le</strong>s Etats sont si peu nombreux à s'êtrejoints à cet appel.. . Même actuel<strong>le</strong>ment, <strong>le</strong> surarmemententraîne des conséquences catastrophiques. «D'aprèsl'ONU, deux fois plus d'hommes consacrent <strong>le</strong>ur intelligenceet <strong>le</strong>ur énergie à pro<strong>du</strong>ire des armes, à s'entraîner à <strong>le</strong>uremploi, à surveil<strong>le</strong>r l'ennemi potentiel, qu'à enseigner etsoigner... C'est donc l'organisation actuel<strong>le</strong> <strong>du</strong> <strong>monde</strong> quiest directement responsab<strong>le</strong> de la mort de tant d'enfants fautede nourriture et de soins. »Le diagnostic de la terre est alarmant. Sur <strong>le</strong> planéconomique, culturel et politique, il y a urgence, sous peinede graves conflits, à rechercher un nouvel ordre mondial.Certains spécu<strong>le</strong>nt déjà sur la prochaine révolution démographiquequi pourrait se caractériser par un âge maximalreporté à 140 ans. Qu'importe. L'essentiel est ail<strong>le</strong>urs. I<strong>le</strong>st vital de regarder la réalité en face, d'être conscient et defaire partager cette prise de conscience ; c'est diffici<strong>le</strong>sur<strong>tout</strong> lorsque <strong>tout</strong> évolue si vite. C'est pourtant indis<strong>pen</strong>sab<strong>le</strong>si nous voulons garder la maîtrise de notre aventureindivi<strong>du</strong>el<strong>le</strong> et col<strong>le</strong>ctive.D'abord être conscient que nous sommes tous solidaires,interdé<strong>pen</strong>dants non par choix mais à cause de notrenombre et des bou<strong>le</strong>versements technologiques; l'actualiténous prouve chaque jour que <strong>le</strong>s erreurs commises parquelques-uns sont ressenties par des milliers d'autres. « Or,nos réf<strong>le</strong>xes et ceux des décideurs restent dictés par de vieil<strong>le</strong>srecettes valab<strong>le</strong>s à une époque où cette solidarité n'existaitpas ou ne concernait que quelques groupes d'hommes fortlimités » . Il ne s'agit plus de chercher à préserver sesprivilèges de nantis. Il faudra partager.Nous devons tous être hantés par un danger: la disparitionde tous <strong>le</strong>s hommes. Nous devons aussi nous regarderlucidement <strong>le</strong>s uns <strong>le</strong>s autres, or nous vivons dès maintenantun « hiver affectif» ; prenons garde de « ne pas nousenfermer dans une prison où transis par la peur <strong>le</strong>s uns desautres, animés seu<strong>le</strong>ment par la haine, nous n'aurionsd'autre espoir que de survivre quelques années à nosennemis ». Chacun n'a à craindre que lui-même, sesréactions de rejet, d'égoïsme et de peur.Refusant de nous réfugier dans un abri où <strong>tout</strong>e évolutionserait bloquée, il nous faut affronter <strong>le</strong> <strong>monde</strong>, c'est-à-direêtre front à front, intelligence à intelligence et non forcecontre force, pour tenter de continuer envers et contre <strong>tout</strong>à construire l'humanité. 0ELISABETH CHIKHA(1) Ed. Seuil, coll. Point Virgu<strong>le</strong>. Les phrases entre guil<strong>le</strong>mets sont extraitesiii I!I L 12d~U~~liv~r~e~d~'~A~.~J~a~c~qU~a~r~d~Population mondia<strong>le</strong> aux éditions .~A~S~ign~a~<strong>le</strong>~r~u~n~li~v~re~d:e_J~a_c~qu_e_S_Vde La Découverte.__ al_li __ n:_wPetites annonces (suite)Rencontre chanson en Provence.La Sainte-Baume, <strong>du</strong>2 au 11 août. « De l'écriturejusqu'à la scène » , 15 ateliers,spectac<strong>le</strong>s, tremplin,forum. Rens. : « Crac » , 46,rue Sainte-Victoire, 13006Marseil<strong>le</strong>. Tél. : 91.81.39.87(n° 299).Vacances, séjours, stagesdans une maison d'artistes.«CHPEUNEUNEU », la/Boissière, 19310 Ayen. Tél. :55.25.15.69. (n° 300).Mer, Camping Fior di Macchia,20221 Cervione. Tél. :95.38.06.66. Ouvert de Pâquesà octobre. 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A crédit: en 4 légers versements mensuels de 52,50 F* à partir de la fin demon essai vraiment gratuit.• Si je décide de ne pas <strong>le</strong>s garder, je vous <strong>le</strong>s retournerai avant la fin de monessai gratuit de 15 jours dans <strong>le</strong>ur emballage d'origine et je ne vous devrairien. L'offre de vente jointe au colis sera de ce fait annulée.Nom __________________________________________ __Prenom ________________________________________ __Admsse ________________________________________ ~Appt. Imm. Lieu dit __________ _Bumau Distribué --:--:---:----c--------------------------­Postal . LI -LI -L-L-L...JDistributeur


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