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pourquoi le pen arrange tout le monde - Archives du MRAP

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Le 11 juil<strong>le</strong>t, ou àpeu près, naÎtra<strong>le</strong> cinqmilliardièmehomme. Diffici<strong>le</strong>de dire sacou<strong>le</strong>ur, mais il aneuf chances surdix de voir <strong>le</strong> jourdans un pays envoie dedéveloppement.Une occasion deréf<strong>le</strong>chir sur <strong>le</strong>destin del'humanité.Cinq milliards d'hommesCinq milliards d'êtres humainssur la terre en 1987.Personne ne sait où niquand exactement naîtral'enfant qui nous ferafranchir ce cap. Le Fondsdes Nations unies pour <strong>le</strong>sactivités en matière de population(FNUAP) <strong>pen</strong>santque l'événement se situeraau milieu de l'année,propose de fixer <strong>le</strong> 11 juil<strong>le</strong>tcomme Journée des5 milliards. Le bébé naîtraprobab<strong>le</strong>ment dans un paysen voie de développement,comme 9 enfants sur 10 denos jours. Selon qu'il naîtradans une maison sans eaucourante ni é<strong>le</strong>ctricité, dansun abri de boue séchée ou dans un berceau douil<strong>le</strong>t,bardé de couches-culottes, son avenir risque d'être fortdifférent. Surmontera-t-il <strong>le</strong>s dangers des premiers moisde la vie? Apprendra-t-il à lire et écrire et développerat-ilses capacités ou bien sa vie ne sera-t-el<strong>le</strong> qu'une luttepour se nourrir? Le 11 juil<strong>le</strong>t sera un jour deréjouissance, comme pour <strong>tout</strong>e naissance mais il seraaussi l'occasion d'une réf<strong>le</strong>xion sur l'histoire et l'avenirde l'humanité.Comment s'est développée la population sur cette terrebientôt saturée ? Le survol de l'histoire des hommes estvertigineux. Albert Jacquard dans son livre CinqMilliards d'hommes dans un vaisseau (1), un chefd'œuvred'information scientifique pour tous, décritcomme une palpitante histoire de science-fiction l'aventurehumaine depuis <strong>le</strong> big bang jusqu'aux perspectivesd'avenir. L'espèce humaine s'est développéetrès <strong>le</strong>ntement. L'auteur distingue quatre révolutionsdémographiques. Il devait y avoir quelques centaines demilliers d'hommes à l'époque de la découverte <strong>du</strong> feu.Entre 40000 et 30000 ans avant J-C, avec l'intro<strong>du</strong>ctionde l'agriculture, l'effectif passa en quelques milliersd'années à 50 puis 100 millions.L'appropriation des terres entraîna des conflits dévastateurs; la naissance des vil<strong>le</strong>s vit apparaître des épidémies.Pendant <strong>le</strong>s dix-huit premiers sièc<strong>le</strong>s de notre ère, lapopulation est passée de 200 milions d'êtres humains à 800millions. La dernière révolution démographique, présentéecomme cel<strong>le</strong> de l'in<strong>du</strong>strialisation, résulte en fait sur<strong>tout</strong>d'une meil<strong>le</strong>ure connaissance <strong>du</strong> corps humain, ce quientraîne un rapide recul de la mortalité.Comme <strong>le</strong>s précédentes, el<strong>le</strong> comporte plusieurs phases<strong>pen</strong>dant <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s on quitte un équilibre pour aboutir à unautre. Nous avons passé la phase de recul de la mortalité(moins de décès de bébés et de jeunes enfants etallongement de la <strong>du</strong>rée moyenne de vie) entraînant unaccroissement de population et sommes dans cel<strong>le</strong> de reculde la fécondité qui devrait stabiliser l'effectif. Mais cettedernière révolution, contrairement aux précédentes, secaractérise par une extrême brutalité.Il a fallu attendre <strong>le</strong> XVIII· sièc<strong>le</strong> pour que commence uneaugmentation <strong>du</strong> taux de croissance de la population ; ils'est accéléré très fortement après la Seconde Guerremondia<strong>le</strong>. Ce n'est qu'au XIX· sièc<strong>le</strong> qu'on a atteint unmilliard d'hommes, mais <strong>le</strong> deuxième milliard l'a été en unpeu plus de cent ans. A présent la population augmente enmoyenne d'un milliard tous <strong>le</strong>s douze ans, de plus de80 millions par an.Un embal<strong>le</strong>ment numérique sans précédentCet embal<strong>le</strong>ment numérique est pour <strong>le</strong> moins déconcertant.Le progrès médical a bou<strong>le</strong>versé la terre en moinsd'un sièc<strong>le</strong>. L'explosion démographique touche <strong>le</strong>s pays <strong>du</strong>tiers <strong>monde</strong> car la deuxième phase, <strong>le</strong> recul de la fécondité,y est à peine amorcée alors que la première est presqueterminée. L'Asie comptera sans doute 4 milliards d'habitantsavant 2020 ; quant à l'Afrique, en 1950, sa populationéquivalait à environ la moitié de cel<strong>le</strong> de l'Europe; en 2050el<strong>le</strong> sera sans doute près de trois fois supérieure.Jusqu'au début <strong>du</strong> sièc<strong>le</strong> dernier, une grande partie de lapopulation mondia<strong>le</strong> se concentrait en Europe. Ce n'estdonc pas seu<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> nombre mais aussi la répartition et lastructure de cel<strong>le</strong>-ci qui évoluent. Modification <strong>du</strong> poidsdes divers groupes, qu'ils se définissent par <strong>le</strong>ur originegéographique ou <strong>le</strong>ur âge. On est saisi par <strong>le</strong> contrasteentre deux ensemb<strong>le</strong>s de pays. Dans <strong>le</strong>s régions « développées», la population s'accroît très <strong>le</strong>ntement, avec unvieillissement, l'augmentation <strong>du</strong> nombre des personnes àcharge va al<strong>le</strong>r en s'accentuant. Dans <strong>le</strong>s pays en voie dedéveloppement, l'accroissement est trois fois plus important; la population étant très jeune, <strong>le</strong> taux de dé<strong>pen</strong>danceva al<strong>le</strong>r en diminuant.Jusqu'au milieu <strong>du</strong> XVIII· sièc<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s gens vivaient sur<strong>tout</strong> àla campagne. Aujourd'hui dans <strong>le</strong>s pays in<strong>du</strong>striels, prèsdes trois quarts vivent en vil<strong>le</strong> ; seu<strong>le</strong>ment un tiers dans <strong>le</strong>spays en voie de développement alors qu'ils rassemb<strong>le</strong>nt laplupart des grandes vil<strong>le</strong>s <strong>du</strong> globe.Le paysage de la terre s'est déjà modifié, mais <strong>le</strong>schangements <strong>le</strong>s plus décisifs sont à venir. Les démographesestiment que <strong>le</strong>s 6 milliards seront dépassés en l'an2000. Au cours <strong>du</strong> sièc<strong>le</strong> prochain <strong>le</strong> rythme d'accroissementse ra<strong>le</strong>ntirait peu à peuet l'effectif se stabiliserait à11 milliards avant l'an 2100.Donc la terre portera aumilieu <strong>du</strong> sièc<strong>le</strong> prochaindeux fois plus d'hommesqu'aujourd'hui. Nous pouvonsdiffici<strong>le</strong>ment imaginerquel<strong>le</strong> réalité correspond àces chiffres. L'événement primordialpour A. Jacquard estla saturation progressive denotre planète.Face à cette réalité démographique,comment notreplanète affronte-t-el<strong>le</strong> <strong>le</strong> présentet prépare-t-el<strong>le</strong> l'avenir?Il est évident, malgré<strong>le</strong>s bel<strong>le</strong>s déclarations desdroits de l'homme des paysdéveloppés, que <strong>le</strong>s hommes ~ne vivent pas égaux, <strong>le</strong>s ri- Q:jchesses étant très inéga<strong>le</strong>- t;lment réparties. C'est mêmeune banalité de <strong>le</strong> dire ; ons'est accoutumé à ce scanda<strong>le</strong>: des hommes ont faim; unhomme sur cinq au moins souffre de sous-alimentation. Lesenfants sque<strong>le</strong>ttiques qui demandent la charité sur <strong>le</strong>spanneaux publicitaires côtoient allègrement <strong>le</strong>s pubs del'abondance. Mais est-il tolérab<strong>le</strong>, sur<strong>tout</strong> <strong>le</strong>s victimessupporteront-el<strong>le</strong>s longtemps, qu'une minorité de plus enplus ré<strong>du</strong>ite vive dans <strong>le</strong> confort et <strong>le</strong> gaspillage ? En effet àla fin <strong>du</strong> XXI· sièc<strong>le</strong>, 90 % des . êtres humains appartiendrontau tiers <strong>monde</strong>.Ce<strong>pen</strong>dant <strong>le</strong>s quantités de nourriture disponib<strong>le</strong>s sur laterre sont <strong>tout</strong> à fait suffisantes. Les stocks alimentairesatteignent des niveaux sans précédent; dans <strong>le</strong>s paysriches, de nombreux agriculteurs doivent être payés pourne pas pro<strong>du</strong>ire davantage et on se lamente des supro<strong>du</strong>ctionsinvendab<strong>le</strong>s. Les pays « développés» (Amérique <strong>du</strong>Nord, URSS, Europe, Japon) représentent moins <strong>du</strong> quartde la population mondia<strong>le</strong>, mais <strong>le</strong>ur PNB atteint 80 % <strong>du</strong>total. Ce n'est pas un problème de pro<strong>du</strong>ction mais derépartition. Il faut pro<strong>du</strong>ire au bon endroit et faire parvenirla pro<strong>du</strong>ction à ceux qui en ont besoin. La solution paraîtsimp<strong>le</strong> par sa logique, mais el<strong>le</strong> suppose <strong>tout</strong> simp<strong>le</strong>mentune réorganisation, un nouvel ordre mondial. Les paysprivilégiés ne sont ce<strong>pen</strong>dant pas à l'abri d'une forme depauvreté nouvel<strong>le</strong> : <strong>le</strong> chômage.Quel<strong>le</strong>s solutions aux problèmes démographiques et économiques? En ce qui concerne <strong>le</strong> déséquilibre numérique,<strong>le</strong> rapport <strong>du</strong> FNUAP préconise une politique de planifica-Différences - nO' 68/69 - JuinlJuil<strong>le</strong>t 1987l..~":""-______________________ 'tion démographique, affirme que <strong>le</strong>s fortes pressionsdémographiques freinent la progression économique et que<strong>le</strong>s pays qui réussissent sont souvent ceux qui ont adoptéune tel<strong>le</strong> planification. Cette politique démographique estbien sûr nécessaire mais non suffisante pour garantir lasuppression de la pauvreté. Ce rapport déclare aussi que lasurpopulation n'est pas neutre pour l'environnement : dansbeaucoup de régions <strong>du</strong> <strong>monde</strong>, la concentration humainea entraîné un manque de terres et la destruction des forêts.Autre conséquence <strong>du</strong> surpeup<strong>le</strong>ment de certaines régions: l'émigration, qui semb<strong>le</strong> avoir un bel avenir : <strong>le</strong>s paysriches <strong>le</strong>s moins peuplés seront un pô<strong>le</strong> d'attraction.Sur <strong>le</strong> plan culturel, la place occupée par <strong>le</strong>s populationsdont la culture est proche de la nôtre sera beaucoup moinsimportante dans un sicèc<strong>le</strong>. Or parmi <strong>le</strong>s nombreusescultures des hommes aujourd'hui, la nôtre est-el<strong>le</strong> pluscapab<strong>le</strong> de faire de chaque homme un sujet? A. Jacquardrépond par la négative. Sansnier <strong>le</strong>s avantages et réussitesde notre civilisation, il <strong>pen</strong>sequ'il est urgent de prendreconscience d'une caractéristiquequi la mine intérieurementet qui représente undanger pour tous <strong>le</strong>s peup<strong>le</strong>sde la terre : « Sa pro<strong>pen</strong>sionà faire de chacun de nous unobjet et un objet satisfait del'être, un indivi<strong>du</strong> standardisé,classé, prêt àconsommer. »Chaque civilisation a certesses tares; c'est <strong>pourquoi</strong> <strong>le</strong>choc des rencontres donnerala chance d'une remise encause. Les cultures isoléesperdent <strong>tout</strong> dynamismecréateur et finissent par s'effondrerdans l'autosatisfactionet l'intolérance. Une sociétévivante est cel<strong>le</strong> capab<strong>le</strong>de poursuivre son évolutionqui nécessite échanges et confrontations avec d'autres. Il ya encore un sièc<strong>le</strong> <strong>le</strong>s divers groupes d'hommes pouvaients'ignorer, aujourd'hui ils sont tous en contact et <strong>le</strong> serontplus encore à la fin <strong>du</strong> sièc<strong>le</strong> prochain.Le plus grand risque pour beaucoup de scientifiques, dontA . Jacquard, est celui <strong>du</strong> suicide nucléaire. Ils considèrentcomme <strong>tout</strong> à fait envisageab<strong>le</strong> cette fin de l'humanité.« Cel<strong>le</strong>-ci ne sera plus bientôt qu'un cadavre si <strong>le</strong>s chosescontinuent sur <strong>le</strong>ur lancée actuel<strong>le</strong>. ». Urgence de regardercette réalité en face. Les armes nucléaires apportent unepossibilité d'action tota<strong>le</strong>ment nouvel<strong>le</strong>. « La course fol<strong>le</strong>se poursuit. » . « Le peloton de tête des deux grands est suivipar quelques nations, dont la France, qui croiraient perdre<strong>le</strong>ur importance sur la scène mondia<strong>le</strong> si el<strong>le</strong>s ne participaientpas au club nucléaire. » Or 2 % <strong>du</strong> potentiel dedestruction actuel<strong>le</strong>ment existant suffirait à faire disparaîtrela quasi-totalité des êtres vivants. A. Jacquard décritl'apocalypse qui résulterait de l'utilisation de ces armes:l'hiver nucléaire. La possession de l'arme nucléairesupprime la notion <strong>du</strong> plus fort. « Dès que chacun a dépassé<strong>le</strong> seuil de puissance lui permettant de détruire tota<strong>le</strong>mentl'autre, il n'y a plus de hiérarchie entre <strong>le</strong>urs forces »,sur<strong>tout</strong> en raison de l'effet boomerang des explosionsnucléaires. Impossib<strong>le</strong> de détruire l'autre sans se détruiresoi-même. A. Jacquard dénonce en particulier cette guerredes étoi<strong>le</strong>s au nom trompeur car <strong>le</strong>s échanges de coups(Suite p. 42)Il

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