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pourquoi le pen arrange tout le monde - Archives du MRAP

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MENACE PARISQu'est-ce qu'un bibliothécaire,pour vous: quelqu'unqui vous attrappe <strong>le</strong> livredans une travée trop haute<strong>du</strong> rayonnage, ou quelqu'unqui vous aide à choisir unouvrage? Si vous <strong>pen</strong>chezpour la première hypothèse,ne lisez pas cet artic<strong>le</strong>, <strong>le</strong>spratiques actuel<strong>le</strong>s de lamairie de Paris dans ses bibliothèquesenfantines nevous scandaliseront pas. Si,en revanche, vous avez plutôttendance à <strong>pen</strong>ser qu'un bibliothécaire,pardon, unconservateur de bibliothèque,c'est quelqu'un de sérieux,qui connaît son travai<strong>le</strong>t est plus uti<strong>le</strong> qu'un simp<strong>le</strong>escabeau, avancez de troiscases et poursuivez votre<strong>le</strong>cture.Ecrits pour nuire : <strong>le</strong> lancementd'une croisade contre« <strong>le</strong>s authentiques horreursdont on nourrit notre jeunesse ».de Montfermeil. Tout histo-rien vous <strong>le</strong> diagnostiquera:quand on commence à dé­truire des livres, c'est que ladémocratie est bien malade.Pour mieux comprendre <strong>le</strong>sravages de cette nouvel<strong>le</strong> ma­ladie, qui, on <strong>le</strong> verra, s'étendde façon inquiétante,revenons à ses sources. MarieClaude Monchaux est auteurde livres pour enfants. El<strong>le</strong> adeux spécialités: <strong>le</strong> tron­quage et <strong>le</strong> prosélytisme.Tronquage pour <strong>le</strong>s besoinsde sa démonstration. Selonel<strong>le</strong>, de nombreux livres pourenfants contiennent des apo­logies de la drogue et <strong>du</strong> vol,authentiques horreurs dont on d'autres mettent en cause <strong>le</strong>L'affaire commence en 1985 nourrit notre jeunesse et qui travail, la famil<strong>le</strong> et la patrie,dans <strong>le</strong>s colones <strong>du</strong> Figaro trouvent une application im- bref, ça subverse. El<strong>le</strong> tireMagazine sous la plume de médiate, mora<strong>le</strong>, je dirai une phrase de l'ouvrage enLouis Pauwels. L'homme <strong>le</strong> même, dans <strong>tout</strong>e cette délin- question et la cite. Exemp<strong>le</strong>:plus contagieux de France quance que nous déplorons.» vous êtes auteur d'ouvragesporte aux nues une étude M. Bernard fait <strong>le</strong> tour des pour ado<strong>le</strong>scents. Votre butd'une de ses amies, Marie- bibliothèques, s'aperçoit où est de montrer que la drogueClaude Monchaux, qui vient mènent« 50 ans de subver- est une mauvaise solutiondestruction de l'Occidentchrétien. Bon.Le deuxième acte se passe àMontfermeil, charmantebourgade de la région parisienne.En 1986, <strong>le</strong> maire faitpar<strong>le</strong>r de lui en refusantd'inscrire <strong>le</strong>s enfants d'immigrésdans <strong>le</strong>s éco<strong>le</strong>s de samairie. Il se fait immédiatementcol<strong>le</strong>r un procès par <strong>le</strong><strong>MRAP</strong>. Ceci pour situer <strong>le</strong>libéralisme <strong>du</strong> personnage.Libéralisme qui va jusqu'à nepas surveil<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s <strong>le</strong>ctures deson épouse, Mme Bernard,qui, hélas, tombe sur l'éditorialde Louis Pauwels, achète<strong>le</strong> livre de Marie ClaudeMonchaux, et devient ainsi lapremière victime d'Ecritspour nuire. Les effets de lacontagion ne se font guèreattendre: Mme Bernardconvainc son mari qu'il fautfaire quelque chose. Celui-ci,touché lui aussi, écrit à sescollègues <strong>du</strong> départementqu'il prend désormais la têted'une croisade contre «<strong>le</strong>sde publier à l'UNI, syndicat sion marxiste» (la mairie pour la jeunesse. Vous al<strong>le</strong>zétudiant proche, et c'est peu était communiste jusqu'en donc, à un moment où undire, de l'extrême droite, un 1984), Mme Bernard fonde autre, décrire un «passagelivre intitulé Ecrits pour une association, «Bibliothè- de joint». Puis votre héros,nuire. Sous ce joli titre, qui que, <strong>le</strong>cture, épanouisse- confronté à cette réalité, s'enne renvoie à ses autres ou- ment» qui luttera contre la détournera. Crac, arrivevrages, Marie Claude Mon- «déstruction systématique Marie Claude Monchaux, etchaux nous dévoi<strong>le</strong> qu'existe de l'âme de nos enfants ». Et ses ciseaux qui extraient <strong>le</strong>sdepuis soixante ans un com- à ce stade de la maladie, deux phrases où vous avezplot international visant à l'irréparab<strong>le</strong> se commet : on décrit la scène, <strong>le</strong>s publiepourrir notre jeunesse, via <strong>le</strong>s commence à retirer des livres sans autre explication, et1II1 ____________ ~I~iv~r~e~s~d~'e=n~f~a~n~t=s,~à~se=u=l=e~f=in~d=e __ ~d~e=s~ra~y~o~n~s~d~e_Ia__b_ib_l_io_t_h_è~q~u_e ___v_o_u_s_a_c_c_u_s_e_d_e __c_o_rr_o_m~p_re__ la ____________-Jjeunesse. Puis arrivent desMme Bernard pour dire«Maire-Claude Monchaux,une spécialiste, a dit que », eton supprime l'ouvrage de labibliothèque. Pour Marie­Claude Monchaux, on nepar<strong>le</strong> pas de la drogue, oualors, avec des métaphoresprogressives. On imagine aisémentcombien nos enfantsseront bien mis en gardecontre <strong>le</strong>s problèmes actuelsde notre société quand ilsauront lu qu'il faut se méfierde la petite abeil<strong>le</strong> qui vientbutiner <strong>le</strong>s jolies f<strong>le</strong>urs <strong>du</strong>cannabis, car el<strong>le</strong> pourraitbien vous piquer, garnements.Ils pourront toujoursraconter ça aux dea<strong>le</strong>rs à lasortie de <strong>le</strong>ur éco<strong>le</strong>.Deuxième spécialité deMarie-Claude Monchaux, <strong>le</strong>prosélytisme. Sur<strong>tout</strong> connuedans <strong>le</strong> milieu pour avoirrédigé d'édifiantes é<strong>du</strong>cationssexuel<strong>le</strong>s à l'usage desenfants, el<strong>le</strong> fait beaucoup deconférences par<strong>tout</strong> enFrance, où el<strong>le</strong> peut à loisirdévelopper ses thèses, àl'aide <strong>du</strong> procédé déjà décrit.Une commission de censure àParis, qui distribue <strong>le</strong>sétiquettes « à éviter » : <strong>le</strong>sbibliothécaires n'apprécient guère.On a remarqué ces dernierstemps que de plus en plus deparents, justement indignés,mais parfaitement trompés,par son arsenal d'extraits,vo<strong>le</strong>nt <strong>le</strong>s ouvrages de la listenoire établie par Marie­Claude Monchaux, pour <strong>le</strong>ssoustraire aux yeux des bambinsqui utilisent <strong>le</strong>s bibliothèquespubliques.Marie-Claude Monchauxécrit beaucoup aux journaux,aussi. El<strong>le</strong> participe à desréunions de professionnels,ou, non sans courage, el<strong>le</strong> sefait tomber dessus par <strong>le</strong>sbibliothécaires qui n'aimentpas trop qu'on <strong>le</strong>ur apprenne<strong>le</strong>ur métier, sur<strong>tout</strong> de cettefaçon.Et ça finit par payer. Troisièmeacte: l'épidémie s'étend.Mme Solange Marchal,élue RPR <strong>du</strong> XVIe arrondissementde Paris, tombe unjour sur <strong>le</strong>s thèses de M.-C.Monchaux. Ça lui va : ayantDifférences - nU' 68/69 - JuinlJuil<strong>le</strong>t 1987travaillé longtemps avec M.La Tournerie, qui vient de sesigna<strong>le</strong>r en voulant faire interdire<strong>le</strong> Gai Pied et autrespublications, el<strong>le</strong> connaît lamusique. Mme Marchal, endécembre 1986, ressort <strong>le</strong>smêmes extraits en séance <strong>du</strong>Conseil de Paris. Ça ne fait niune ni deux, on vote : désormais,on ne laissera pas auxconservateurs des bibliothèquesde la vil<strong>le</strong>, qu.i décidémentont trop de liberté, <strong>le</strong>choix comp<strong>le</strong>t des ouvragesqu'ils achètent sous <strong>le</strong>ur responsabilité.On crée unecommission, sous la présidencede Mme de Panafieu,élue RPR chargée de laculture à la mairie de Paris.Cette commission comprendrades élus, dont SolangeMarchal, des personnalités extérieures, et desconservateurs, pour la moitiérestante, avec, <strong>tout</strong> de même,voix prépondérante à la présidente,qui n'est pas plusbibliothécaire que vous oumoi. Aujourd'hui, à Paris,capita<strong>le</strong> de la culture et de<strong>tout</strong> ce que vous vou<strong>le</strong>z, il y aune commission pour décidersi tel ouvrage est bien, telautre à éviter. Bien enten<strong>du</strong>,il est vivement déconseilléaux bibliothécaires d'oseracheter <strong>le</strong>s ouvrages sataniquespourvus <strong>du</strong> label «àéviter ».Pour l'instant, devant la vigueurdes protestations de laprofession et la campagne depresse qui s'en est suivie, il nes'est pas passé grand chose,la commission éprouvant<strong>tout</strong>es <strong>le</strong>s peines <strong>du</strong> <strong>monde</strong> àse réunir.Mais ça viendra. A partir <strong>du</strong>moment où on met en placeune commission de censure,on ne voit pas <strong>pourquoi</strong> el<strong>le</strong>ne fonctionnerait pas.D'autant plus que <strong>le</strong>s signesavant coureurs d'une mise aupas idéologique des bibliothèquesparisiennes nemanquent pas. Par exemp<strong>le</strong>,quelques mois auparavant,on a imposé aux bibliothécairesde n'abonner <strong>le</strong>ur établissementqu'à un seul quotidien<strong>du</strong> matin « de gauche »,puisqu'hormis Le Figaro,obligatoire au même titre queLe Monde, il n'y a qu'unquotidien de droite, <strong>du</strong>matin, <strong>le</strong> Quotidien de Paris.Suppression aussi d'un certainnombre d'abonnements,<strong>le</strong> journal d'Amnesty International,Alternatives. économiques,Gavroche, etc. Les chèrestêtes blondes ont bon dos :quand Mme Marchal a présentéson projet au Conseilde Paris, el<strong>le</strong> a cité enexemp<strong>le</strong> uri ouvrage de DidierDaennincx à qui el<strong>le</strong>reproche, entre autres, <strong>le</strong> faitd'avoir représenté un braqueurde banque affublé d'unmasque de Chirac. On voitoù est <strong>le</strong> débat.Si on continue à écouterMme Monchaux, on enviendra à interdire Mon amiFréderic, un des plus beauxouvrages pour enfants écritssur <strong>le</strong> nazisme, qu'el<strong>le</strong> citecomme trop cru et trop triste.Sans doute là encore faut-ilrecourir à la métaphore pourraconter <strong>le</strong> génocide aux enfants.Dans une <strong>le</strong>ttre publiéepar l'Enfant d'abord, M.-C.Monchaux se plaint aussi qu'onpublie trop d'auteurs étrangers.Or on l'écoutera: déjà<strong>le</strong> bul<strong>le</strong>tin municipal <strong>du</strong> XII

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