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pourquoi le pen arrange tout le monde - Archives du MRAP

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Les juifs en kipas et favoris cèdent <strong>le</strong> terrain aux musulmansportant au front la marque de la prière que la montée <strong>du</strong>courant intégriste a hissé au rang d'orgueil national.S'appuyant sur un verset de la Bib<strong>le</strong>, par <strong>le</strong>quel il est écritqu'Abraham pour 400 sic<strong>le</strong>s d'argent acheta ici unepossession en terre de Canaan, Moshé Lewinger revendiquela légitime propriété d'Hébron. En 1979, il occupe unancien dis<strong>pen</strong>saire juif au cœur de la vil<strong>le</strong> arabe avec septfamil<strong>le</strong>s. Depuis, Hébron vit sous pression. En 1980, unattentat fait six morts dans la communauté juive. Les lieux<strong>du</strong> drame, à deux pas <strong>du</strong> souksont érigés en véritab<strong>le</strong> stè<strong>le</strong>mortuaire, cerclé de barbelés et gardés par une armada.Sur <strong>le</strong>s hauteurs, à quelques dizaines de mètres de KyriatArbat, la mosquée de Khald Ibn al Walid attend <strong>le</strong> permisde construire des autorités israéliennes pour achever sonétage. Stricte réplique de l'Alhambra espagno<strong>le</strong>, financéepar la Jordanie, el<strong>le</strong> est devenue symbo<strong>le</strong> de la résistanceaux colons et de la sauvegarde des va<strong>le</strong>urs culturel<strong>le</strong>s etreligieuses musulmanes.En face de Kiriat Arbat, la mosquée Kllald Ibn al Walid,une réplique de l'Alhambra. InachevéeAvant 1967, il Y avait un million et demi de Pa<strong>le</strong>stiniensvivant dans <strong>le</strong>s territoires occupés. Après la guerre des Sixjours, cinq cents mil<strong>le</strong> personnes ont pris <strong>le</strong> chemin descamps de réfugiés ou de l'exil (4). Les partisans del'occupation de la Cisjordanie et de Gaza voudraient arriverà une population juive équiva<strong>le</strong>nte. Pour <strong>le</strong>. moment, <strong>le</strong>sobjectifs officiels, pourtant ramenés à 100000, n'ont pas étéatteints. L'installation d'une famil<strong>le</strong> coûte environ 100 000dollars, et la rigueur budgétaire s'impose actuel<strong>le</strong>ment àl'Etat israélien. Pire, <strong>le</strong>s candidats manquent à une époqueoù <strong>le</strong> solde d'immigration est négatif pour Israël (5).Les déclarations <strong>du</strong> ministre de la Défense travailliste,Itzhak Rabin, après l'attentat qui a coûté la vie à une jeunefemme de la colonie d'Alfei-Menaché, selon <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s <strong>le</strong>simplantations ne sont, somme <strong>tout</strong>e, vita<strong>le</strong>s pour Israël quedans <strong>le</strong>s régions frontalières <strong>du</strong> Golan et de la vallée <strong>du</strong>Jourdain, ont suscité un tollé et ouvert la crise au sein de lacoalition au pouvoir, sans satisfaire pour autant <strong>le</strong>s Pa<strong>le</strong>stiniensqui demandent la restitution des territoires occupés.La mort d'un étudiant à l'université de Bir-zeit en avrildernier, la grève de la faim des prisonniers politiques ontrelancé l'agitation sur <strong>le</strong> terrain. Quarante ans d'existence,dont vingt d'occupation de la Cisjordanie: un mi-cheminlourd à supporter pour Israël. 0(1) D'après <strong>le</strong> journal HtuJTez (Indé<strong>pen</strong>dant) et l'Agence télégraphiquejuive, cité éga<strong>le</strong>ment dans la Revue d'études pa<strong>le</strong>stiniennes.(2) Enquête menée en août 86, sur un échantillon de mil<strong>le</strong> personnes par <strong>le</strong>quotidien arabe Al-Fajr, Newsday et Australian Broadcasting Corporation.(3) En Cisjordanie, <strong>le</strong>s Pa<strong>le</strong>stiniens possèdent un passeport jordanien et unobligatoire laisser-passer israélien. A Gaza, ils sont porteurs <strong>du</strong> mêmelaisser-passer, mais d'un passeport égyptien.Les réfugiés de 1948 dans <strong>le</strong>s camps sont apatrides. Les Arabes d'Israël, dits«Arabes de 48,., ont la nationalité israélienne et approximativement <strong>le</strong>smêmes droits que <strong>le</strong>s juifs israéliens, sauf celui <strong>du</strong> service militaire (excepté<strong>le</strong>s Druzes), ce qui a de lourdes conséquences sur <strong>le</strong>ur vie socia<strong>le</strong>.(4) Outre <strong>le</strong>s problèmes de confiscation des terres (lire à ce sujet, Avocateisraélienne, je témoigne, de Felicia Langer, aux éd. Socia<strong>le</strong>s), celui desfamil<strong>le</strong>s séparées vient au premier rang des préoccupations. En effet, outre<strong>le</strong>s Pa<strong>le</strong>stiniens en exil pour des raisons d'ordre politique, ceux qui étaientabsents des territoires (travail<strong>le</strong>urs émigrés, étudiants, ou voyageurs)<strong>pen</strong>dant la guerre des Six jours n'ont pas été autorisés à rentrer par lasuite.(5) Lire à ce sujet <strong>le</strong>s interviews des yordim, « ceux qui descendent ,., quiquittent Israël, dans <strong>le</strong> livre très documenté de Maurice Rafjus. Retoursd'Israël, éd. de l'Harmattan.DES PACIFISTES EN ETAT DE GUERREA gauche, Latif Dôri. A droite, Michel Wartschawski,tous deux inculpés, pour cc aide à une organisationennemie ~~. En haut, manifestation en 1984 contre laguerre au Liban.La fin d'un consensus: depuisl'engagement de son arméeau Liban en 1982, l'Etat-soldata pris <strong>du</strong> plomb dans l'ai<strong>le</strong>.Les colombes de Chalom Archav(la Paix maintenant) deYesh Gvoul (Il y a une limite)ou de la Formation progressistepour la paix, bien queminoritaires, <strong>tout</strong> comme<strong>le</strong>urs alliés à l'extrême gauche, ont ouvert une brèche dans<strong>le</strong> bloc sioniste. En toi<strong>le</strong> de fond, une interrogationlancinante: une société en état de guerre, de défenseoffensive permanents, jouant la carte de la vio<strong>le</strong>nce contrela vio<strong>le</strong>nce, peut-el<strong>le</strong> survivre sans dommage?La démocratie israélienne est attaquée au flanc parl'idéologie sécuritaire qui permet tous <strong>le</strong>s contrô<strong>le</strong>s, <strong>tout</strong>es<strong>le</strong>s pressions, et par <strong>le</strong> régime d'exception qu'el<strong>le</strong>maintient militairement depuis vingt ans dans des territoiresoccupés par la force. La lutte antiterroriste et ladétection d'éventuel<strong>le</strong>s bombes doit-el<strong>le</strong> justifier <strong>le</strong> trip<strong>le</strong>interrogatoire subi par <strong>tout</strong> un chacun, sur<strong>tout</strong> non-juif, à sasortie d'Israël? Aucune fouil<strong>le</strong> des bagages, mais unquestionnaire très précis sur votre séjour: nom et adressede vos hôtes, dates, factures d'hôtel ou de location devéhicu<strong>le</strong>. Toute fréquentation à consonance arabe fait devous un suspect numéro un. Motifs sécuritaires éga<strong>le</strong>ment,J1l'omniprésence dans la rue de l'armée et des civils quiportent mitrail<strong>le</strong>tte en bandoulière, la censure obligatoirepour la presse, <strong>le</strong>s contrô<strong>le</strong>s d'identité au faciès?Les rares juifs israéliens qui ne souscrivent plus à la thèseselon laquel<strong>le</strong> «Si Israël dépose <strong>le</strong>s armes, il est détruitdans <strong>le</strong>s vingt-quatre heures qui suivent» s'exposent auxfoudres des lois. Michel Wartchawski risque vingt-trois ansde prison, aux termes d'une loi datant de 1948, réactualiséecette année, pour «aide apportée à une organisationennemie JO. Ce militant <strong>du</strong> Matz<strong>pen</strong>, un mouvement d'extrêmegauche créé en 1962, a été arrêté il y a quelquesmois ainsi que tous <strong>le</strong>s membres <strong>du</strong> Centre d'informationcol<strong>le</strong>ctive et de la revue News trom Within, qu'il dirige àJérusa<strong>le</strong>m. Tracts et documents de soutien au Frontétudiant, organisation possédant un statut légal et autorisédans <strong>le</strong>s universités des territoires occupés, mais soudainementrebaptisée pour l'occasion «couvertures <strong>du</strong> FPLP»par la police israélienne, y ont été saisis.Pourtant, la manœuvre risque fort de faire long feu. «Pourla première fois, commente Michel Wartchawski, nousavons assisté à une <strong>le</strong>vée de boucliers en notre faveur,même au centre, chez <strong>le</strong>s travaillistes. Des avocats detendance très sioniste se sont proposés pour assurer notredéfense. C'est un fait nouveau. Depuis sa création, l'Etatd'Israël a tiré sa force de l'unité nationa<strong>le</strong>, des 99 %d'Israéliens qui s'identifiaient aux idées sionistes.Différences - nO' 68/69 - JuinlJuil<strong>le</strong>t 1987LA GUERRE DES SIX JOURS :L'EFFET BOOMERANGLa guerre de 1967 a suscité de nombreuses vaguesantijuives dans <strong>le</strong>s pays arabes. 10 000 juifs ont ainsiquitté la Tunisie.5 juin 1967. A Tunis, un début de pogrom éclate dans <strong>le</strong>squartiers israélites. De nombreuses boutiques sontsaccagées et incendiées. La grande synagogue, aucentre de la vil<strong>le</strong> est profanée, <strong>le</strong> mobilier détruit,ensuite el<strong>le</strong> est brûlée devant des badauds qui hur<strong>le</strong>nt<strong>le</strong>ur joie. Tunis a été <strong>le</strong> théâtre de manifestationsantisémites très vio<strong>le</strong>ntes. Les quartiers juifs ont étélivrés aux mains de jeunes qui brisaient <strong>tout</strong> sur <strong>le</strong>urpassage, aux cris de.' « A mort <strong>le</strong>s juifs! Brû<strong>le</strong>nt <strong>le</strong>sjuifs» Le président Bourguiba condamna sévèrementces vio<strong>le</strong>nces qu'il attribua à «des énergumènesirresponsab<strong>le</strong>s qui méritent la potence» et il rappelaque, si la Tunisie s'était déclarée contre Israël, «cetteprise de position n'a été dictée par aucun fanatisme ».Le <strong>le</strong>ndemain, M. Bahi Ladgham, secrétaire d'Etat à laprésidence, accompagné d'une délégation de hautsdignitaires tunisiens, vint exprimer ses regrets au grandrabbin de Tunisie et promettre que l'Etat dédommagerait<strong>tout</strong>es <strong>le</strong>s victimes. Ces déclarations courageuses neparvinrent pas à apaiser <strong>le</strong>s craintes des juifs tunisiens.fls ont été près de 10 000 à quitter <strong>le</strong> pays entre juin etseptembre 1967. Ces tragiques débordements ne constituentpas la seu<strong>le</strong> cause de <strong>le</strong>ur émigration. Cel<strong>le</strong>-cis'explique aussi par <strong>le</strong>s conséquences des transfonnationsde divers ordres - arabisation, planification,nationalisation.Au <strong>le</strong>ndemain des événements de juin 1967, il n'y eutjamais refus de titres de voyage, ceux-ci furent mêmeétablis et délivrés dans <strong>le</strong>s plus brefs délais. Mais <strong>le</strong>sjuifs quittant la Tunisie devaient pro<strong>du</strong>ire un bil<strong>le</strong>t al<strong>le</strong>ret retour (f) et ne pouvaient emporter avec eux que desobjets d'usage courant et une somme d'argent dérisoire,quelques centaines de francs français par famil<strong>le</strong>. Aussi,tous ceux d'entre eux qui partirent sans espoir de retour- et c'était l'immense majorité - <strong>du</strong>rent-ils abandonner<strong>le</strong>urs biens en <strong>le</strong>s liquidant <strong>le</strong> plus souvent à bas prix.En vingt ans, plus de cent mil<strong>le</strong> juifs ont quitté, parvagues successives, sans espoir de retour, <strong>le</strong>s rives deCarthage et <strong>le</strong> port de La Gou<strong>le</strong>tte.Malgré <strong>le</strong>s efforts <strong>du</strong> président Bourguiba pour maintenirune nette distinction entre sionistes et juifs, un courantd'opinion, entretenu par une propagande qui manquaitde nuances, tendait de plus en plus à nous confondredans la même réprobation. L'attitude <strong>du</strong> présidenttunisien à l'égard des juifs reposait donc sur <strong>le</strong> principemaintes fois affirmé que judaïsme n'est pas sionisme.Bien sûr, cela n'empêcha pas l'antisémitisme latent ouavoué. Les israélites tunisiens quittèrent un pays dont lapolitique de dirigisme et d'austérité se répercuta sur<strong>le</strong>ur activité commercia<strong>le</strong> traditionnel<strong>le</strong>, et où ils n'eurentplus <strong>le</strong>ur place.La doctrine officiel<strong>le</strong> était claire.' on ne connaît ni <strong>le</strong>ssévices ni <strong>le</strong>s persécutions religieuses, encore moins <strong>le</strong>sdiscriminations, mais on ne retient pas, loin de là, ceuxqui veu<strong>le</strong>nt partir.Bourguiba estima donc qu'il n'existait pas une « questionjuive» en Tunisie, ou <strong>du</strong> moins qu'il l'avait réglée dansun esprit de réalisme et d'équité .•NORBERT HADDAD

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