Hiver 12-13 - Journal Des Aixois

4 Le journal du Luberonlinge, les enfantsqui jouent dans lacour de l’école. Lespectacle miniatureparaît si réelque l’on s’attendà ce que les santonsbougent.Pourtant, et malgréune oreille bientendue, pas unmot ne sort de labouche de cespersonnages. Onimagine pourtantdes conversationsbien léchées aidéespar le pastis serviau bar du village,des discours enlevéssur la partiede cartes de laveille, des crisd’enfants jouantà chat perché,des femmes commentantle mariagequi a lieu dans la chapelle.Aussi éphémère que créatifla nativité est un hommageà notre Provence d’antan.Mêlant les métiers de la terre,au plus noble, celui d’instituteur.La Provence de Pagnolsi souvent contée dans sesœuvres. On y retrouve des scènesde Jean de Florette, de Césaret Fanny, de la Gloire de monpère. Ils sont l’illustration dela richesse d’un patrimoine.D’une période où la crise secalculait sur la récolte et lemanque d’eau. Le ravi est là,les bohémiens dansent autourd’un camp de fortune. Chaquepersonnage a une place et chacunest à sa place. Un soufflede perfection s’empare de cessaynètes. Preuve d’une vie passéeancrée dans nos mémoires.“Tout l’art consiste à trouverun équilibre entre les élémentsnaturels, les habitations, la dispositiondes personnages”,reprend Emelyne. Certainsutilisent la perspective disposantdes santons plus grandsau premier plan et d’autres pluspetits pour l’arrière plan.“Cela impose une même dispositiond’année en année”,explique Delphine de Mallemort.“Moi j’aime changer d’espace,je ne dispose pas ma crèchetous les ans au même endroit.Une année, j’ai choisi pour décorl’armoire de ma grand-mère,à chaque étage il y avait unthème”.D’APRÈS L’HISTOIREA l’origine de cette traditionun homme. François d'Assise.C’est en 1223 qu’il organiseune des premières crèchesvivantes en utilisant des personnagesréels, à Greccio, enItalie. Les personnages (Joseph,la Vierge Marie, les Roismages, les bergers, les paysans),regroupés dans une grotte dela région, étaient joués par lesgens du village. Petit à petit,la coutume s'est répandue, surtouten Provence et en Italie.Les premières crèches ressemblantà celles que nousconnaissons (modèles réduits)font leur apparition dans leséglises au XVI e siècle. Coutumetrès répandue en Provencedès le début du XIV e siècle lacrèche provençale s'inspire dela vie locale et s’est très viteinstallée non seulement dansl’église mais également dansles maisons individuelles. Lespetits saints connus sous le nomde santon (santoun en provençal),représentent des personnagestypiques de la région ou du village: le meunier, le rémouleur,la lavandière, le pêcheur, la poissonnière,le chasseur, le ramoneur,lou Conse (le Maire), etc.,trouvent ainsi leur place dansla reconstitution de la nativité.Sans oublier l’incontournableange Boufarèu, l'Arlésienne,l'aveugle et son fils, letambourinaire, le boumian etla boumiane (les Bohémiens)et le Ravi. “La crèche provençaleest le fruit d'un itinéraire unique,mêlant au fil du temps, le profaneau religieux”, expliquaitMarcel Carbonel, santonniersde Provence.UNE TRADITIONQUI PERDURELes deux concurrentes s’amusentde leur mise en scène. Latradition s’est transformée enpassion. “Chaque année je parsen famille à la recherche denouveaux personnages. Au débutje me fixais un petit budget etpuis très vite je me suis renduecompte que je n’arrivaispas à le tenir”, sourit Delphine.Originales et créatives lescrèches élaborées par sesdeux passionnées évoluentchaque année. “Il faut bien sûrrespecter quelques règlesmais pour le reste seul mon imaginationpeut me limiter”. Etelles en débordent… “Lemarché de Noël incontournableà mes yeux ? Celui de Tarascon,mi-novembre. On y trouvebeaucoup de santonniers différents”,reprend Emelyne.Mayans, Escoffier, Jouve,Arterra, chaque santon est choisimoins en fonction de la maisondont il provient sinon deson originalité… Si toutes deuxont été initiées par leur mamanet grand-mère respectives,elles ont réussi à recruter denouveaux concurrents. “Ma fillePerrine, participe au concoursdes enfants. J’ai égalementconverti des copines”, ditDelphine. Quant à Emelyne,maman de deux petits graçons,elle fait participer Antoine, 6ans et demi, à la réalisation desa crèche. La nouvelle générationsemble déjà avoir prisle relais.MallemortConcours de CrèchesUn jury au servicedes passionnésMallemort organisedepuis plus d’unedécennie desconcours decrèches dans levillage. Sous l’impulsion del’ancien adjoint à la culture JeanArnaud et de l’actuel 1 eradjoint Paul Bernard, ceconcours, aujourd’hui devenuun véritable rendez-vous, a puvoir le jour. “Ma femme est unepassionnée de crèche”, expliqueJean. “Elle recrée chaqueannée la nativité en faisant preuved’originalité et de créativité.Cela nous a donné l’idéed’organiser dans le village unconcours qui permettrait de partageravec les mallemortais cettepassion”. La première annéeprès de 20 participants se sontinscrits. “En 2011 ils étaientplus de 30”. Les participantspeuvent concourir dans l’unedes trois catégories : Adulte,Enfant, Association. Cinqpersonnes composent le jury,Maryse Arnaud, Nicole Kerbrat,Robert Pascal, Nicole Martinet Paul Bernard. JeanArnaud, quant à lui, s’occupede la partie administrativeet du planning des visites. “Débutjanvier les cinq membres dujury rendent visite aux participantspour “juger” la crèche.Une grille de notation permetd’attribuer des points, seloncertains critères élaborés aupréalable”, explique MaryseArnaud. Des personnagesdoivent obligatoirement composéesla crèche : la Sainte famille,l’ange, le berger et ses moutons,doivent également êtreprésents l’étoile et le blé de l’espérance…“pour le reste,nous jugeons le décor, le respectdes perspectives, la miseen scène, l’originalité…”,reprend Maryse, institutrice enretraite. Ne reste plus au juryqu’à compter les points… “Nousnous disputons pour les deuxprix spéciaux : “Coup de cœur”et “Originalité”. Ces deux prixfont appel à notre sensibilité,nos goûts et nous ne sommespas toujours d’accord”, souritMaryse. La remise des prixse fait ensuite fin janvier à lamairie de Mallemort sous laprésidence du Maire DanielConte. “Il n’y a pas de perdants,tout le monde gagne unpetit quelque chose”, expliqueJean Arnaud. Nadine Bourgesgagnante du concours 2011remettra certainement sontitre en jeu cette année…ASS