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FENÊTRE SUR LA CULTURE INDIENNE DROITS DE L'HOMME ...

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Inde Août Septembre 2012 29/08/12 7:33 Page 11<br />

HOMMAGE<br />

HOMMAGE AU PÈRE CEYRAC,<br />

HÉRAUT <strong>DE</strong> L’IN<strong>DE</strong> MO<strong>DE</strong>RNE APRÈS GANDHI<br />

« Toutes les femmes et les hommes que j’ai connus<br />

et qui ont réalisé des choses importantes<br />

se reconnaissaient à cela qu’ils étaient conduits<br />

par une vision large du monde et spécialement, de l’homme. »<br />

Le 30 mai, le père Ceyrac, devenu<br />

une icône de l’humanitaire par son<br />

engagement en Inde, est décédé.<br />

Michaël de Saint-Chéron, auteur et<br />

chercheur à Paris 3-Sorbonne<br />

Nouvelle, revient sur la vie de ce<br />

missionnaire jésuite, qui n’a eu de<br />

cesse de lutter contre la misère.<br />

Le jésuite Pierre Ceyrac vient en<br />

aide aux victimes du tsunami,<br />

Paramen Kenni, État de Tamil<br />

Nadu, Inde, le 17 janvier 2005<br />

(SIPA)<br />

Je voudrais simplement rappeler<br />

l’un des rares saints qu’il m’ait été<br />

donné de rencontrer dans ma vie,<br />

le père Pierre Ceyrac, mort le 30<br />

mai à Madras, en Inde, son pays<br />

d’adoption où il était installé depuis<br />

1952. Radio Vatican annonçait<br />

sa mort ainsi : “Ce jésuite missionnaire<br />

français était âgé de 98<br />

ans. Prophète du XX e siècle, connu<br />

pour son immense bonté, il a<br />

consacré sa vie au service des plus<br />

pauvres et à la prière. Il s’est dépensé<br />

pour rendre leur dignité aux<br />

dalits, les intouchables. Infatigable,<br />

il a créé de nombreuses structures,<br />

foyers, écoles, centres médicaux,<br />

visant à soulager les détresses. Son<br />

objectif n’était pas de faire grandir<br />

l’Église mais de sauver l’homme.”<br />

Qui dit mieux ? Dommage que toutes<br />

les radios, que toutes les chaînes<br />

de télévision n’aient pas relayé<br />

cette annonce, car de tous les êtres<br />

qui font l’histoire, qui font l’humanité,<br />

peu arrivent à la cheville de<br />

cet homme exemplaire, qui ne regardait<br />

pas la religion mais la souf-<br />

france et la dignité des êtres humains.<br />

Il ne cherchait à convertir<br />

personne sinon à une seule chose :<br />

à l’amour.<br />

Se pencher humblement<br />

devant l’immense misère<br />

de l’Inde<br />

Un souvenir personnel. À Madras<br />

(Chennaï) en 2003, j’eus l’immense<br />

grâce de passer une heure avec lui<br />

pendant laquelle parlant de ma visite<br />

prochaine à Éléphanta, sur les<br />

pas de Malraux, il me dit :<br />

“Depuis soixante ans que je suis en<br />

Inde, je n’ai jamais eu le temps<br />

d’aller visiter ces lieux, mais vous<br />

avez raison d’y aller. Il faut d’abord<br />

admirer l’immense beauté de<br />

l’Inde, avant de se pencher humblement<br />

devant l’immense misère<br />

de l’Inde.”<br />

Le 25 novembre 2003, grâce à l’initiative<br />

d’Elie Wiesel, président de<br />

l’Académie universelle des cultures,<br />

le père Pierre Ceyrac, âgé alors<br />

de 89 ans, recevait du président<br />

Jacques Chirac, le grand prix de<br />

l’institution créé en 1993 par le<br />

président François Mitterrand.<br />

Cette cérémonie si rare sous les<br />

lambris de l’Élysée en l’honneur<br />

d’un des hommes les plus humbles,<br />

les plus purs que le monde ait<br />

comptés, marquait d’une certaine<br />

manière la fin de l’Académie des<br />

cultures. Ce prix distinguait une<br />

œuvre contribuant “à la lutte<br />

contre l’intolérance, la discrimina-<br />

Le Père Ceyrac, à Loyola College,<br />

la plus grand université jésuite<br />

de Chennai<br />

tion contre les femmes, le racisme,<br />

l’antisémitisme, la misère, l’ignorance,<br />

ainsi que contre la dégradation<br />

délibérée de certaines formes<br />

de vie”.<br />

Un homme qui vit pour<br />

changer le monde<br />

En choisissant d’honorer le père<br />

Ceyrac, ce sannyasin chrétien, véritable<br />

renonçant, les membres de<br />

l’Académie universelle des cultures<br />

avaient tenu pour la dernière fois à<br />

marquer la grandeur d’un homme<br />

qui vit pour changer le monde. De<br />

Pierre Ceyrac, on peut dire qu’il<br />

s’est fait Indien parmi les Hindous.<br />

Jamais peut-être – ou si rarement<br />

– la salle des fêtes du palais<br />

de l’Élysée fut enveloppée d’un<br />

Nouvelles de l’Inde n° 408 11<br />

© www.ceyrac.com

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