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FENÊTRE SUR LA CULTURE INDIENNE DROITS DE L'HOMME ...

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Inde Août Septembre 2012 29/08/12 7:33 Page 12<br />

© http://ceyrac.free.fr<br />

HOMMAGE AU PÈRE CEYRAC, HÉRAUT <strong>DE</strong> L’IN<strong>DE</strong> MO<strong>DE</strong>RNE APRÈS GANDHI<br />

bouleversement comparable, à<br />

commencer par celui de l’hôte qui<br />

était ainsi honoré, mais ce bouleversement<br />

contagieux chez cet<br />

homme, dont la seule présence est<br />

indicible, se répandait en vagues<br />

successives sur l’assemblée et à<br />

combien d’entre nous vinrent les<br />

larmes, en l’écoutant répondre à<br />

Jacques Chirac.<br />

Jacques Chirac s’adressa au Père<br />

Ceyrac en ces termes : “Père<br />

Ceyrac, […] en Inde, on dit que<br />

vous êtes une légende. […] C’est<br />

l’Inde, je crois que l’on peut le dire,<br />

qui vous a tout appris, et vous le<br />

dites, et vous parlez alors de ce<br />

pays et de ses pauvres, du<br />

Mahatma Gandhi, que vous avez<br />

personnellement bien connu et<br />

dont l’œuvre et la vie vous inspirèrent<br />

tant. Dès votre arrivée à<br />

Madras, en 1937, vous choisissez<br />

d’être pour les autres. D’être, votre<br />

vie durant, un père pour ces dizaines<br />

de milliers d’orphelins indiens<br />

à qui votre association offre nourriture<br />

et éducation. Et de l’amour<br />

avant toute chose.”<br />

Lutte pour les droits d’être<br />

un homme<br />

Le père Ceyrac fut diplômé de<br />

sanskrit et de tamoul, il étudia<br />

aussi le Védanta et les Upanishad.<br />

En 1953, il fut nommé aumônier<br />

national des étudiants catholiques<br />

(“All India Catholic University<br />

Federation”), fonction qu’il occupa<br />

jusqu’en 1970. Ensemble, ils construisirent<br />

des routes, des maisons,<br />

des villages pour lépreux.<br />

Jacques Chirac, Sœur Emmanuelle, le Père Ceyrac et Mme Chirac<br />

Le père Ceyrac, dans sa lutte quotidienne<br />

pour les “droits d’être un<br />

homme”, et d’abord pour les dalits<br />

(les intouchables), les orphelins, les<br />

veuves, poursuit l’œuvre des prophètes<br />

de l’Inde moderne que furent<br />

Ramakrishna, Vivekananda,<br />

Tagore et le Mahatma Gandhi.<br />

Lorsqu’il affirme qu’”on ne peut<br />

pas philosopher dans les universités<br />

quand les gens meurent de<br />

faim à côté” [1] , il s’inscrit superbement<br />

dans cette révolution spirituelle<br />

qui faisait prononcer à<br />

Ramakrishna ces terribles paroles<br />

: “La religion n’est pas pour les<br />

ventres vides.”<br />

“Nous sommes faits pour<br />

aimer”<br />

Rappelons deux réalisations somptueuses<br />

du père Ceyrac : en 1967,<br />

en pleine famine dans le Bihar, il<br />

fonde à 500 kilomètres au sud de<br />

Madras la ferme coopérative<br />

Manamadurai, qui fait vivre aujourd’hui<br />

plus de 250.000 personnes.<br />

Puis, il y a quelques années,<br />

avec Kalei, il fonda l’énorme réseau<br />

“Anbukarangal” (les mains de<br />

l’amour ou les mains ouvertes), qui<br />

prend en charge l’avenir de plus de<br />

30.000 orphelins de Chennai<br />

(Madras) et d’ailleurs.<br />

Clôturant le 10 décembre 2003<br />

l’émission “Culture et dépendance”<br />

de Franz-Olivier Giesbert, consacrée<br />

aux religions et à l’obscurantisme,<br />

le père Ceyrac eut ces mots<br />

ultimes, pour dire l’infini de<br />

l’amour, qui n’est guère pour lui un<br />

concept, une pensée, même superbe,<br />

mais sa vie-même :<br />

“Nous sommes faits pour aimer.<br />

Nous sommes faits pour la vie.<br />

Nous ne sommes pas faits pour<br />

mourir.”<br />

Le père Ceyrac est devenu l’un des<br />

plus grands hérauts de l’Inde et du<br />

monde moderne avec ses mains<br />

nues et son cœur débordant d’une<br />

bhakti, d’un amour, sans limite. Sa<br />

plus grande parole, qui fut sa viemême,<br />

est celle-ci :<br />

“Tout ce qui n’est pas donné est<br />

perdu. Tout amour qui n’est pas<br />

donné est un amour perdu.” 1 ❑<br />

Michaël de Saint-Cheron<br />

Essayiste et écrivain<br />

« leplus.nouvelobs »<br />

1. “Tout ce qui n’est pas donné est perdu”, père<br />

Ceyrac, éd. Desclée de Brouwer, 2000.<br />

12 Nouvelles de l’Inde n° 408<br />

© http://www.lamontagne.fr

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