<strong>et</strong> 2,9 pour les femmes). La sur-déc<strong>la</strong>ration d’une <strong>santé</strong> altérée se maintient aussi chez lesimmigrés originaires d’Asie du Sud-Est, du Portugal <strong>et</strong> du Maghreb mais elle est n<strong>et</strong>tementmoins forte (les odds ratios sont <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 1,7 pour les hommes <strong>et</strong> <strong>de</strong> 2,2 pour lesfemmes). De même, les hommes nés dans un DOM se déc<strong>la</strong>rent en plus mauvaise <strong>santé</strong> queceux <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion majoritaire, mais ce résultat est moins significatif. Pour les femmesnatives d’un DOM, <strong>la</strong> sur-déc<strong>la</strong>ration d’un état <strong>de</strong> <strong>santé</strong> altéré comparativement aux femmes<strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion majoritaire est presque inexistante. A noter que parmi les immigrés d’Afriquesubsaharienne, seules les femmes se déc<strong>la</strong>rent significativement davantage en mauvaise <strong>santé</strong>que les femmes <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion majoritaire. Mais une fois contrôlés les eff<strong>et</strong>s <strong>de</strong> l’âge sur <strong>la</strong>déc<strong>la</strong>ration d’une <strong>santé</strong> altérée, aucune différence n’est plus observée pour les hommes <strong>et</strong> lesfemmes venus d’Espagne ou d’Italie ni pour ceux <strong>de</strong>s autres pays <strong>de</strong> l’UE27 comparé auxpersonnes <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion majoritaires. Autrement dit, les différences observéesprécé<strong>de</strong>mment dans les statistiques <strong>de</strong>scriptives sont uniquement dues à <strong>la</strong> forte proportion <strong>de</strong>personnes ayant entre 50 <strong>et</strong> 60 ans parmi les immigrés d’Europe du Sud, tandis qu’elles sontimputables à d’autres facteurs pour les migrants venus du Maghreb, <strong>de</strong> l’Asie du Sud-Est <strong>et</strong><strong>de</strong> Turquie.Un <strong>de</strong>uxième modèle (Tableau 2, modèle 2) poursuit c<strong>et</strong>te comparaison en ajoutant diversescaractéristiques potentiellement explicatives d’un mauvais état <strong>de</strong> <strong>santé</strong> déc<strong>la</strong>ré, au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>l’origine. Est ainsi pris en considération le niveau <strong>de</strong> diplôme, dont on sait qu’il est trèsdéterminant pour <strong>de</strong>ux raisons, d’une part parce qu’il est prédictif <strong>de</strong> <strong>la</strong> profession qui ellemêmeexpose à <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> travail plus ou moins délétères pour <strong>la</strong> <strong>santé</strong> <strong>et</strong> d’autre partparce qu’un niveau <strong>de</strong> qualification élevé induit une meilleure capacité à recevoir lesmessages <strong>de</strong> prévention, à comprendre les discours médicaux <strong>et</strong> à utiliser le système <strong>de</strong> soins.Sont aussi examinées les influences respectives <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> vie actuelles <strong>et</strong> passéesapprochées par plusieurs indicateurs :-<strong>la</strong> situation d’activité (emploi, chômage, inactivité) ;-l’opinion sur le revenu du ménage (qui perm<strong>et</strong> d’apprécier les difficultés financières 4 ) ;-l’instabilité dans l’emploi au cours <strong>de</strong> <strong>la</strong> carrière professionnelle (conçue comme le faitd’avoir alterné <strong>de</strong>s contrats courts <strong>et</strong> <strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong> chômage pendant au moins un an) ;-l’expérience <strong>de</strong> discriminations <strong>perçue</strong>s au cours <strong>de</strong>s cinq <strong>de</strong>rnières années (que ce soitdans <strong>la</strong> recherche d’emploi ou le travail, dans <strong>la</strong> recherche <strong>de</strong> logement, dans lesadministrations, <strong>et</strong>c.) <strong>et</strong> quelles que soient les raisons possibles <strong>de</strong> ces discriminations(sexistes, racistes, homophobes, <strong>et</strong>c.) car ces situations sont potentiellement génératrices<strong>de</strong> stress, <strong>de</strong> dépression ou d’isolement ;-<strong>la</strong> précarité dans le logement (le fait d’avoir connu <strong>de</strong>s situations <strong>de</strong> logement difficilesau cours <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie telles que vivre dans un squat, une chambre d’hôtel, un foyerd’hébergement ou dans <strong>la</strong> rue, ou encore en prison, <strong>de</strong>s situations qui peuvent avoir étésubi avant comme après <strong>la</strong> <strong>migration</strong>.En outre, <strong>de</strong>s informations re<strong>la</strong>tives à <strong>la</strong> vie familiale ont aussi été insérées dans le modèle,notamment sur <strong>la</strong> famille d’origine avec pour hypothèse sous-jacente que certains contextesfamiliaux vécus pendant l’enfance peuvent avoir <strong>de</strong>s eff<strong>et</strong>s durables sur <strong>la</strong> <strong>santé</strong> <strong>de</strong>s personnesà l’âge adulte :-<strong>la</strong> taille <strong>de</strong> <strong>la</strong> fratrie ;-les graves problèmes d’argent dans <strong>la</strong> famille ;-l’alcoolisme d’un <strong>de</strong>s parents au moins ;4 L’information recueillie dans l’enquête sur le revenu du ménage comporte <strong>de</strong> nombreuses données manquantes,c’est pourquoi nous avons préféré r<strong>et</strong>enir l’appréciation portée par les enquêtés sur leur revenu après avoirconstaté pour ceux ayant fourni les <strong>de</strong>ux informations que l’une <strong>et</strong> l’autre sont très fortement corrélées.<strong>10</strong>
-avoir subi <strong>de</strong>s violences graves ;Divers recherches ayant montré que l’environnement re<strong>la</strong>tionnel <strong>de</strong>s individus a un impact surleu <strong>santé</strong> (Lert, Melchior, Ville, 2007 ; Berch<strong>et</strong> <strong>et</strong> Jusot, 20<strong>10</strong>), dans <strong>la</strong> mesure où l’isolementfragilise <strong>et</strong> réduit <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s informations, nous avons r<strong>et</strong>enu <strong>de</strong>ux informations :-Une sur <strong>la</strong> famille formée par l’enquêté qui se limite à <strong>la</strong> seule indication du nombred’enfants à l’exclusion du statut matrimonial <strong>et</strong> du nombre <strong>de</strong> ruptures d’union, aprèsavoir constaté qu’aucune <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rnières informations n’avait d’eff<strong>et</strong> direct sur <strong>la</strong>déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> <strong>santé</strong> <strong>perçue</strong> (non significatives dans les régressions). Notons que le faitd’avoir <strong>de</strong>s enfants induit <strong>de</strong> fait <strong>de</strong>s contacts réguliers avec le système sco<strong>la</strong>ire <strong>et</strong> lesystème <strong>de</strong> soins.- Enfin, nous avons appréhendé l’isolement social par le fait <strong>de</strong> ne pas avoir rencontréd’amis dans les 15 <strong>de</strong>rniers jours, avec pour hypothèse que l’isolement est générateur <strong>de</strong>mal-être <strong>et</strong> qu’il contribue à ce que l’enquêté soit moins bien informé sur <strong>la</strong> <strong>santé</strong> d’unepart <strong>et</strong> le système <strong>de</strong> soins d’autre part.L’analyse <strong>de</strong>s résultats souligne que les trois facteurs les plus fortement associés à une <strong>santé</strong>altérée relèvent, pour les hommes comme pour les femmes, <strong>de</strong>s conditions socio-économiquesactuelles : éprouver <strong>de</strong>s difficultés financières, ne pas avoir d’emploi, avoir un faible niveau<strong>de</strong> qualification favorisent <strong>la</strong> dégradation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>santé</strong> (tableau 2, modèle 2). Toutefois, onperçoit <strong>de</strong>s différences selon le sexe. Pour les hommes, être en <strong>de</strong>hors du marché du travai<strong>la</strong>pparaît être <strong>la</strong> première caractéristique associée à une <strong>santé</strong> altérée suivi <strong>de</strong>s difficultésfinancières : les inactifs se déc<strong>la</strong>rent trois fois plus souvent en mauvaise <strong>santé</strong> que ceux enemploi (OR=3,1). En analysant <strong>de</strong> plus près le profil <strong>de</strong> ces inactifs, il apparaît qu’il s’agitd’individus à <strong>la</strong> r<strong>et</strong>raite pour une part, <strong>et</strong> d’individus sortis du marché du travail probablementpour <strong>de</strong>s raisons <strong>de</strong> <strong>santé</strong>, d’autre part puisque dans ce second groupe, ils ne se déc<strong>la</strong>rent nicomme r<strong>et</strong>raités, ni comme étudiants ou en formation, ni comme personne au foyer.Derrière l’inactivité, le <strong>de</strong>uxième facteur qui ressort chez les hommes sont les difficultésfinancières (OR=2,5). Pour les femmes, l’insuffisance <strong>de</strong> revenu accroit très significativement<strong>la</strong> probabilité <strong>de</strong> se déc<strong>la</strong>rer en mauvaise <strong>santé</strong> (OR=2,7). Au <strong>de</strong>uxième rang <strong>de</strong>s facteursdiscriminants figurent l’absence ou un faible niveau <strong>de</strong> diplômes avec une césure marquéeentre les femmes qui ont au moins un CAP ou BEP (OR=1,5) <strong>et</strong> celles qui n’ont pas <strong>de</strong>diplôme ou seulement un CEP ou un BEPC (OR=2,0). Ce <strong>de</strong>rnier conduit les femmes maisaussi les hommes à occuper <strong>de</strong>s emplois associés à <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> travail pénibles <strong>et</strong> à unemoins bonne réception <strong>de</strong>s informations sur <strong>la</strong> <strong>santé</strong>.D’autres expériences dans l’histoire <strong>de</strong> vie dégra<strong>de</strong>nt <strong>la</strong> <strong>santé</strong> mais celles-ci sont moinsrépandues <strong>et</strong> semblent avoir un eff<strong>et</strong> moins prononcé (les odds ratios étant <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 1,5).Les discriminations subies au cours <strong>de</strong>s cinq <strong>de</strong>rnières années <strong>et</strong> l’instabilité dans l’emploifavorisent, toutes choses égales par ailleurs, <strong>la</strong> déc<strong>la</strong>ration d’une dégradation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>santé</strong>.L’insécurité économique <strong>et</strong> le fait <strong>de</strong> se heurter à <strong>de</strong>s formes d’exclusion sociales injustifiéescréent un mal-être perceptible ici dans les déc<strong>la</strong>rations <strong>de</strong> l’état <strong>de</strong> <strong>santé</strong> général.11