Chapitre 10 : L'expérience de la migration, santé perçue et ... - Ined

pour eux nés français en France. Il faut peut-être davantage chercher du côté du sentimentd’avoir été moins bien traité de la part du personnel médical, un sentiment particulièrementexacerbé chez les natifs d’un DOM, davantage encore que parmi la population immigrée. Lesoriginaires d’Afrique subsaharienne se sont révélés contre toute attente en meilleure santé queles autres, mais ils cumulent déjà tous les facteurs d’une probable dégradation de l’état desanté au regard de leurs conditions de vie sur le territoire métropolitain.Enfin, les résultats mis en lumière à propos du moins bon état de santé des descendantsd’immigrés comparé à la population majoritaire et aux immigrés du même âge sont cohérentsavec ceux d’autres études (Berchet et al., 2010). Les résultats convergent notamment sur lefait que les disparités sont davantage prononcées chez les femmes que chez les hommes etque les différences observées sont d’abord et avant tout à relier aux conditions de vie.L’ensemble de ces constats mettent en lumière les éclairages nécessaires pour mieuxappréhender la santé des migrants et les enjeux qu’elle pose. Parmi ces éclairages, unquestionnaire plus adapté comprenant un relevé des maladies infectieuses parallèlement àl’enregistrement de l’existence d’au moins une maladie chronique ainsi que des indicateurs detraumatismes et de violences subies aurait permis de mieux appréhender les différences desanté perçue restées non expliquées. Directement lié à ce constat, il apparait clairementqu’une autre dimension de la santé est quasi inexistante dans le questionnaire : la santémentale. Or, le cumul des expériences douloureuses vécues pendant l’enfance ainsi que ledéracinement familial et culturel ne peuvent être sans répercussion sur la santé mentale et parconséquent sur la santé perçue des immigrés. Par ailleurs, mieux capter les comportementsalimentaires adoptés sur le territoire métropolitain (consommation de fruits et légumes,grignotage) et les pratiques addictives (consommation à risque d’alcool et de tabac) est unobjectif majeur à fixer pour les prochaines enquêtes sur la santé des migrants, notamment auregard de plusieurs travaux qui ont montré l’influence manifeste de ces déterminants sur l’étatde santé perçue. Autre déterminant qui gagnerait à être exploré : la santé périnatale et lesdisparités de suivi en matière de grossesse. Des études réalisées à partir des enquêtesnationales périnatales 2003 et 2010 mettent en évidence des caractéristiques spécifiques chezles femmes étrangères : une grossesse mise au jour plus tardivement et moins de visitesprénatales que les femmes nées françaises en France. Mais le trop faible échantillon defemmes étrangères dans ces enquêtes et l’absence de distinction possible pour isoler lesimmigrées empêchent toutes analyses approfondies.46